samedi 19 août 2006

Abbaye à vendre...

La photo vient de ce site

Bien qu'en matière de vin, je sois plutôt amateur de bordeaux que de bourgogne (« vins de Bordeaux » ou « vins de Bourgogne », corrigerait Louise de Vilmorin si elle le pouvait encore, elle qui aimait surtout le « vin de Champagne », semble-t-il), je suis tout de même touché par cette nouvelle qui concerne un élément du patrimoine de la Bourgogne et qui a longtemps été associé au milieu littéraire français.

Je n'y ai pas participé moi-même, bien entendu, mais j'ai si souvent lu dans l'histoire de la littérature contemporaine, dans les journaux de quelques écrivains que j'ai fréquentés (sur papier imprimé), le nom de Pontigny, associé à une abbaye principalement connue à une certaine époque du début du vingtième siècle pour ses réunions d'écrivains et d'intellectuels, les « décades de Pontigny ». J'apprends que l'abbaye et les terrains qui la bordent, jusqu'à maintenant propriété de l'État français (à moins que ce ne soit de la mairie), seront vendus à des intérêts privés. Et, semble-t-il, comme on le fait souvent dans ce genre de situation, les négociations se feraient dans le plus grand secret, privant de leur droit de parole les citoyens, véritables propriétaires de ce patrimoine...

Cet article était publié dans le journal Le Monde du mardi 15 août :


L'abbaye de Pontigny mise en vente


L'abbaye cistercienne de Pontigny (Yonne) est mise en vente. En 2003, le conseil régional de Bourgogne avait acquis pour 1,46 million d'euros les bâtiments, remaniés ou reconstruits au fil du temps, avec son parc d'une dizaine d'hectares. Il souhaite aujourd'hui s'en séparer. Ce qui suscite l'inquiétude de nombreuses associations, soucieuses de la préservation de ce patrimoine.
L'abbaye de Pontigny, seconde fille de Cîteaux, a été fondée en 1114 par des bénédictins. De nombreuses personnalités de l'époque y ont séjourné, parmi lesquelles Thomas Becket, l'archevêque de Cantorbéry, qui y vint en exil entre 1164 et 1166. A la Révolution, l'abbaye et ses possessions furent vendues comme biens nationaux - et l'abbatiale du XIIe siècle devint l'église paroissiale, propriété de la commune.
Mais
c'est surtout à partir de 1908 que l'abbaye a connu une renommée nationale. Paul Desjardins, le propriétaire du site depuis 1906, y organisait les Décades de Pontigny. Dix jours par an, cette manifestation réunissait des intellectuels plus ou moins célèbres pour discuter de littérature ou de philosophie : André Gide, Roger Martin du Gard, André Maurois ou Jacques Rivière participèrent régulièrement à ces joutes, qui durèrent jusqu'en 1939.

Après la guerre, l'abbaye connut une succession de propriétaires. En 1968, elle est achetée par un centre de Ladapt (Ligue pour l'adaptation des diminués physiques au travail), devenue locataire à partir de 2003 après son rachat par le conseil régional, alors présidé par Jean-Pierre Soissons (UMP), qui désirait redonner à Pontigny une vocation culturelle. Mais le conseil régional bascule à gauche en 2004, et la nouvelle majorité, n'ayant pas "trouvé de partenaires publics souhaitant investir dans le site", décide de mettre en vente l'abbaye.


Claire Frayssinet Le Monde 15.08.06


On pourra en apprendre un peu plus en lisant ce blogue.

8 commentaires:

Brigetoun a dit…

zut alors ! et il faut que ce soit vous qui, de votre outre-Atlantique, relève la nouvelle !

Alcib a dit…

Brigetoun, à l'ére d'Internet, vous le savez, l'information circule aussi rapidement en Chine qu'en Europe ou en Amérique... Mais c'est tout à fait par hasard qu'en cherchant autre chose je suis tombé sur cette nouvelle sur un blogue... italien. En faisant d'autres recherches sur Pontigny, j'ai trouvé le blogue d'une française, que j'ai mis en lien à la fin du billet...

Anonyme a dit…

Oui en plus Pontigny c'est tout proche de ma contrée... Je suis sur le cul ! Je n'en avais jamais entendu parler de cette "revente" !

Sinon Alcib comment peut tu preferer le Bordeaux insipide au Bourgogne !?!?! Ralalala...

Anonyme a dit…

Pontigny... J'ai souvent croisé ce nom, ce lieu, des évocations des réunions de Pontigny - il y en a même peut-être sur Internet... A propos de l'amitié triangulaire "Gide, Roger Martin du Gard, et Dorothy Bussy". Que vient faire là une femme dont vous n'avez sans doute point entendu parler? Dorothy Bussy a rencontré Gide en Angleterre, alors qu'elle visitait sa famille (les Strachey, vous vous souvenez du film, "Carrington", avec Lytton Strachey, écrivain, et son amie peintre, Dora Carrington? Eh bien, ils étaient frère et soeur - Dorothy et lui). Elle devient la correspondante, l'amie, la prof d'anglais de Gide (qui voyage avec Marc Allégret), puis sa traductrice, en anglais.
Trois excellents tomes de leur correspondance sont parus chez Gallimard.

Quelques photos de Dorothy, de son mari, Simon, de Gide... Mais plutôt en Angleterre. (Simon Bussy était peintre, ils vivaient à Roquebrune-Cap-Martin).

http://www.npg.org.uk/live/search/person.asp?LinkID=mp13989

Pontigny... Ce devrait être un lieu culturel. Est-il concevable qu'il existe seulement encore des rencontres comme celles de Pontigny?

Je pense que les photos que j'ai vues sont dans des bouquins sur des peintres et écrivains qui ont entouré Gide et Martin du Gard.

Alcib a dit…

Bonjour et bienvenue, Pivoine Blanche.
Bien sûr que je connais Dorothy Bussy, fidèle correspondante d'André Gide qui la trouvait parfois bien... accaparente ;o) Les sentiments amoureux qu'elle éprouvait pour André Gide forçait parfois celui-ci à des trouver des moyens de la fuir sans la vexer. Je crois que j'ai dans ma bibliothèque la correspondance Dorothy Bussy - André Gide, parue dans les « Cahiers André Gide » publiés chez Gallimard et offerts aux membres de l'Association des Amis d'André Gide, dont j'ai fait partie. Pour savoir ce que Gide pense réellement de telle ou telle persone, il est amusant de lire « Les Cahiers de la Petite Dame », publiés dans la même collection. La Petite Dame, c'était Maria Van Rysselberghe, femme du peintre Théo Van Rysselberghe et amie d'André Gide. Élisabeth Van Rysselberghe, fille de Maria et Théo, est la mère de Catherine Gide, conçue sur la plage de Hyères ;o)

Anonyme a dit…

Bonjour,

Je suis à la recherche de Pivoine Blanche. Je viens de découvrir quelques anciens posts grâce au cache de Google en faisant une recherche sur les relations entre Marie Van Rysselberghe et Verhaeren.
En lisant ses impressions sur l'exposition Van Rysselberghe, je me suis reconnue et j'aurais voulu faire part de mon ressenti, de mes questions, de mes préférences.
C'est à la fois le rayon de soleil d'une nouvelle rencontre d'idées et d'émotions partagées et un nuage qui vient l'occulter car ce blog n'est plus en ligne.

Pivoine blanche, je respecte le droit de chacun d'arrêter son blog et de le retirer du web.
J'aurais néanmoins voulu échanger quelques idées ou réflexions sur cette exposition.
Si tu le souhaites, tu peux me contacter. Je n'ai pas de blog et on peut me joindre par là... egogramme@yahoo.com

Je suis désolée de passer ici ce message personnel mais je n'ai pas trouvé d'autres possibilités.

Alcib, j'aime beaucoup ta citation sur les "fêlures". :o)

Ego

Anonyme a dit…

http://www.romanes.com/Pontigny/

Alcib a dit…

Merci, Anonyme, de ce lien très intéressant. À voir, ne serait-ce que pour les photos.