samedi 9 septembre 2006

Benoit XVI, mêlez-vous de vos affaires !

J'ai été baptisé dans les jours qui ont suivi ma naissance et j'ai été élevé dans la religion catholique. J'aurais même pu devenir prêtre... J'ai depuis longtemps cessé de pratiquer mais je suis toujours resté en bon termes avec les pratiquants et il m'arrive même de participer activement à des cérémonies religieuses (lors de mariages ou de funérailles, par exemple - le mot « funéraille » est toujours au pluriel, n'en déplaise à l'archevêque de Montréal). Je n'ai jamais apprécié que l'on dénigre la foi, la religion, l'Église, préférant m'abstenir plutôt que de dénigrer, pas seulement pour assurer mon salut comme celui qui dit qu'il n'est pas superstitieux mais qui agit comme s'il l'était, mais parce que je considère que l'agressivité est de l'énergie négative et que je préfère me concentrer sur ce qui est plus positif.

Cependant, quand je lis ou que j'entends que l'Église, des évêques ou le pape s'en prennent aux lois, québécoises, canadiennes et autres, lois qui accordent à des minorités les mêmes droits et privilèges des majorités, lois qui empêchent la discrimination et permettent à toutes les personnes de vivre dans la même dignité et la même liberté que s'arrogent toutes les majorités, là mon sang ne fait qu'un tour.

Que cette institution, au nom de la morale, veuille imposer la censure et la répression à la façon du triste régime soviétique, que son Pasteur suprême, du haut de son infaillibilité, joue le jeu politique des régimes totalitaires et répressifs pour tenter d'influer sur les politiques de pays pour qui les droits des uns et des autres sont équivalents, là je m'insurge.

Ce n'est pas moi qui tenterai de monter en épingle la jeunesse nazie de celui qui aujourd'hui se fait appeler chef de l'Église sous le nom de Benoît XVI. Cependant, je n'hésiterai pas à dénoncer le crime contre l'humanité, le génocide dont il est responsable, tout comme son prédécesseur, en interdisant en Afrique l'utilisation du condom pour empêcher la prolifération de l'épidémie du VIH. Et je n'hésiterai pas non plus à dénoncer catégoriquement son intrusion dans la vie démocatique des pays qui croient qu'un citoyen, quelle que soit sa foi ou son orientation sexuelle, reste une personne dont la dignité et les droits méritent le respect.

Que le chef suprême de l'Église répande sa doctrine à ses fidèles, c'est dans l'ordre, mais qu'il joue le jeu politique de tous les groupes conservateurs qui nient aux minorités les droits et libertés qu'ils s'arrogent, c'est tout à fait inacceptable. Cela ne m'inspire qu'une expression bien sentie : « Benoît XVI, mêlez-vous de vos affaires ! » Et j'ajouterais : « Et répandez partout l'amour et l'accueil au lieu de semer toujours l'intolérance et la répression ! Car, vous devriez le savoir, de tels discours donnent des munitions aux tabasseurs de tous ordres qui, au nom de la morale et de l'amour de Dieu, ont le bâton plus meurtrier que celui du pèlerin. Vos idéaux d'amour et de respect de la vie, formulés en termes politiques comme ceux que vous avez prononcés devant des évêques canadiens, justifient aux yeux de tous les voyous intolérants la violence envers tous ceux qui, au nom de l'égalité et de la justice, osent réclamer le droit d'aimer au grand jour qui ils aiment. »

Le pape dénonce le Canada
Mathieu Perreault (Le samedi 9 septembre 2006)
La Presse

Le pape Benoît XVI a dénoncé hier la loi canadienne permettant le mariage homosexuel, dans un discours aux évêques ontariens qui le visitent au Vatican. Il a aussi attaqué la permissivité canadienne à l'égard de l'avortement.
« Au nom de la tolérance, votre pays a fait la sottise (folly) de redéfinir le concept d'époux et, au nom de la liberté de choix, il fait face chaque jour à la destruction d'enfants non nés », a déclaré le pape en anglais.
Il s'agit des propos les plus directs et les plus durs que Benoît XVI ait faits sur cette question depuis son élection. En juillet dernier, au cours d'une visite en Espagne, un pays qui vient de permettre le mariage homosexuel et de bouter la religion hors des écoles, il s'était limité à dénoncer le sécularisme et le relativisme.
Selon plusieurs observateurs, le ton musclé qu'a pris le pape signifie qu'il veut influer sur le vote libre que pourrait tenir le gouvernement Harper sur le mariage homosexuel, cet automne. « C'est sûr que ce n'est pas une coïncidence», explique Donald Tremblay, prêtre dans le diocèse de Saint-Jérôme. « Le secrétariat d'État du Vatican est sûrement au courant du vote libre.»
Ce discours tranche aussi avec ceux que le Saint-Père avait prononcés lors des visites des évêques du Québec et des Maritimes, en mai dernier. Aux Québécois, il avait aussi parlé des méfaits du sécularisme et du relativisme alors que, avec les évêques des Maritimes, il avait déploré le faible taux de natalité du Canada. Cette année, les évêques canadiens se rendent tous au Vatican, en quatre groupes, pour une visite ad limina, une tradition qui a lieu tous les cinq ans.
« Les discours du pape durant les visites ad limina sont souvent influencés par les demandes des évêques», indique Gilles Routhier, théologien à l'Université Laval. « Or, l'Église catholique est assez différente au Québec et en Ontario, où elle a une force croissante et s'appuie beaucoup sur des communautés qui ont connu la vie derrière le rideau de fer, comme les Hongrois, les Polonais et les Ukrainiens. Cela rend l'Église ontarienne plus prompte à affirmer ses valeurs.»
« Il est possible que, dans sa déclaration à Benoît XVI, elle ait fait référence au mariage homosexuel et à l'avortement, poursuit-il. Cela dit, on peut aussi penser que les différents discours du pape aux évêques canadiens constituent plusieurs chapitres de sa réflexion et qu'il est normal qu'il dise des choses différentes chaque fois.»
La référence à l'avortement est issue de l'opposition des catholiques ontariens à Jean Chrétien et à Paul Martin, selon John Henry Weston, éditeur du site Lifesitenews à Toronto.
« Ils avaient déjà déclaré qu'ils étaient catholiques, dit M. Weston. Or, ils ont amené le Parti libéral très à gauche sur les questions sociales. On avait souvent évoqué à ce moment la possibilité de leur refuser la communion. » M. Weston pense lui aussi que la référence au mariage homosexuel est due au vote libre.


8 commentaires:

Les Pitous a dit…

"Il fait face chaque jour à la destruction d'enfants non nés". Argument absurde! Comment un esprit raisonnable peut-il avaler pareille couleuvre? Du reste, le célibat des prêtres n'est-il pas au moins aussi destructeur, à ce compte-là? Et les personnes stériles, faut-il les excommunier, puisque Dieu leur refuse des enfants?
Décidément, sans vouloir offenser personne, le seul bienfait de la religion à mes yeux, c'est l'art qui l'accompagne

Anonyme a dit…

Bravo.
Mais qui l'écoute vraiment aujourd'hui, dans nos sociétés sécularisées? Le pape condamne l'homosexualité (ou alors il faut qu'il soit chaste) et l'avortement, mais aussi la contraception. Et ça fait un moment que les Occidentales ont laissé tomber cet interdit. Quant au poisson le vendredi...

Demande aux Français ce qu'on fête pour la Pentecôte, on va bien rigoler. Pour eux, le lundi de Pentecôte, c'est juste une journée de congé. Comme l'Ascension et l'Assomption (qu'ils confondent).

Au Moyen-Âge, on trouvait normal que le pape se mèle se mèle de la vie quotidienne de ses brebis, mais on supportait mal ses interventions politiques (à part pour les Croisades). Aujourd'hui, c'est le contraire. Si le pape lance un appel pour la paix, très bien, mais on ne supporte pas son intrusion dans notre vie intime.

L'Eglise catholique n'a plus du tout le même poids qu'il y a 40 ans (surtout au Québec), et c'est tant mieux à mon avis.

Brigetoun a dit…

je ne comprenais pas votre colère. mais ce n'est pas l'apanage des catholiques, les protestants aux USA, les musulmans (procès de groupe des homosexuels en Egypte) font pas mal. Et les soviétiques n'étaient pas tendre. C'est le fait de tous les pouvoirs que les hommes reconnaissent sur leur esprit, la contre partie de la tentation d'acheter une morale toute faite au lieu de faire effort sur soi-même

Brigetoun a dit…

ceci dit compte tenu de l'influence que le pape peut avoir en certaines régions du monde, il est criminel. Parce que pour ma famille catholique profondément ce qu'il peut dire sur la pilule, l'avortement et plus récemment l'homosexualité n'a strictement aucune influence

Beo a dit…

Bien dit. Le fait est que de nos jours et avec tout ce qui se passe par pur fanatisme... il me semble que la simple logique humaine demande certaines nuances.

Tout n'est pas blanc, ni noir. Et c'est pas au Québec qu'il va réaliser des records quand on est encore conscients des réformes qui nous ont précisément sortis de ces années de noirceurs.

Anonyme a dit…

le pape est un chef d'etat, comme les autres!!! avec autant de barrieres spirituelles et altruistes qure beaucoup d'autres, à mon avis.
je suis peut etre dure, mais je le pense vraiment,
et ce genre d'interdits est aussi sordide qu'une tuerie guerriere.
feuilllle

http://feuilllle.canalblog.com/

Alcib a dit…

Je le crois aussi, Feuille, dans la mesure où les valeurs, les croyances, la foi, ne sont plus seulement, en ce moment, des questions de choix personnels, mais deviennent des prétextes à l'intolérance, à la violence, même... Au fond, je veux bien partager ces valeurs de respect de la vie et d'essayer, pour le bien de tous, de la femme d'abord, d'éviter l'avortement (par exemple) quand c'est possible, mais de là à l'interdire et à empêcher celles qui doivent y arriver de le subir dans un contexte acceptable... Pour ce qui est de la sexualité, comme l'évoque « Les Pitous », pourquoi cette obsession ? On interdit le sacerdoce aux prêtres qui seraient homosexuels ; la logique (dans cet ordre de valeurs) ne serait-elle pas d'interdire toute forme de sexualité aux prêtres plutôt que de créer une psychose au sujet de l'homosexualité ? Un prêtre qui est l'amant de la femme de l'un de ses paroissiens n'est-il pas aussi condamnable que celui qui serait l'amant du fils homosexuel ?
Que l'on prône un idéal, je veux bien. Mais que le pape veuille se mêler de la vulgaire politique des États l'expose aux commentaires du vulgaire citoyen que je suis. Que le pape rende à Dieu ce qu'il lui doit et qu'il laisse les citoyens s'occuper de César !

Joss a dit…

Je réagis avec beaucoup plus de "violence" que toi quand j'entends (ou que je lis) ce genre de choses. Ça fait quelques années que j'ai renié en vrac mes origines catholiques. Je ne crois plus, mais alors là plus du tout à l'Église et aux doctrines catholiques... J'ai créé toute une discussion lors des dernières cérémonies religieuses dans ma famille. J'ai refusé de communier... Tout le monde trouvait ça très triste. Moi, c'est ceux qui croient encore (donc qui croient encore n'importe quoi!!!)que je trouve profondément triste. Je pense à demandé d'être débaptisé. Vraiment.
Bon, je suis un extrème, vrai. Mais, je ne tolère pas l'intolérence (j'adore dire ça, c'est tellement con! Hi! Hi! Hi!)
Ouf!