vendredi 8 juin 2007

8 juin

Le 8 juin est une date que je ne peux oublier. Quand j'avais neuf ans, j'ai eu une nouvelle institutrice (les précédentes étaient ma soeur et ma mère) et, comble de bonheur, celle-ci avait une fille de mon âge. Quand je pense à Odette, aujourd'hui, et que j'essaie de m'imaginer ce qu'elle est devenue, je ne peux m'empêcher de l'associer à Catherine Deneuve : elle était blonde, très belle, avec une peau aussi parfaite qu'une porcelaine de grande qualité, crème rosée, qui sentait bon... Son anniversaire de naissance était le 8 juin.

Cette date, c'est aussi celle qui, il y a... plusieurs années, a fait qu'un garçon que j'apprenais à connaître depuis quelques mois est concrètement devenu le premier Grand Amour de ma vie.

C'est aussi l'anniversaire d'un ami, que je n'ai pourtant pas appelé... Ce 8 juin 2007 restera cependant pour moi un jour triste. J'ai appris ce matin la mort de quelqu'un dont le nom ne dira certes pas grand-chose aux lecteurs habituels de ce blogue, du moins ceux que je reconnais. Il s'agit d'un chanteur québécois qui a eu ses années de gloire du temps du yé-yé, qui est devenu producteur de disques puis de cinéma...

Quand, à seize ans, j'ai voulu devenir chanteur moi-même, je l'avais appelé afin qu'il m'accorde une audition. Je ne sais comment j'avais pu obtenir son numéro de téléphone mais j'avais gagné la confiance de sa mère qui, chaque fois que j'appelais, n'hésitait pas à me le passer. Il m'avait fait venir un soir dans un studio où, à titre de producteur, il dirigeait l'enregistrement d'un disque d'une de ses protégées. Durant une pause, il s'était assis au piano et m'avait demandé de chanter pour lui ; après m'avoir dit que je chantais juste, il m'avait donné quelques conseils et, en disant qu'il n'avait pas le temps de s'occuper de moi, il m'avait suggéré d'aller voir M. Untel, producteur bien connu qui avait lancé la carrière de nombreux chanteurs. J'avais obtenu de sa protégée les coordonnées d'un professeur réputé avec qui je voulais travailler et, peu de temps après, je commençais à prendre des leçons avec lui ; quelques années plus tard, grâce aux conseils de ce professeur, je fis mon premier voyage à Paris et j'entrai en contact avec des artistes français...


À la suite de cette audition, je restai toutefois en contact avec le chanteur-producteur et j'étais admis dans les coulisses des studios de télévision et des salles de spectacle lorsqu'il y était... Il m'est arrivé quelques fois de recevoir un appel de sa part, me demandant de passer à son bureau afin de participer à des campagnes de promotion. Je me souviens d'un jour où, ayant vu une chronique que je signais dans un magazine, il m'exprima sa joie de me voir écrire et m'invita à venir le voir un autre jour pour discuter d'un emploi qu'il m'aiderait à obtenir dans un journal à plus grand tirage. Je n'avais alors que dix-sept ans ; j'étais devenu chroniqueur un peu par hasard et je ne me sentais pas prêt à devenir chroniqueur dans un plus grand journal. Il m'arrive parfois de regretter ces scrupules, mais c'est le passé...

Durant quelques années, j'ai donc traîné dans l'entourage de ce chanteur-producteur et, surtout, dans celui d'une chanteuse qu'il avait ramenée des États-Unis et qui reste l'une des chanteuses québécoises les plus aimées et les plus respectées de tous ceux qui aiment vraiment le rock, le blues... Un jour elle est partie en Angleterre, où elle a fait des disques avec les Beatles, les Rolling Stones, avant d'aller en France où elle faisait partie des spectacles de Johnny H. C'est à ce moment-là que nos routes ont bifurqué. Je suis moi-même parti à Paris peu après et, au retour, j'ai renoncé au monde du spectacle et j'ai pratiquement cessé de fréquenter ceux et celles qui en faisaient partie. Anecdote amusante : quand j'allais quelque part avec cette chanteuse, plusieurs personnes me prenaient pour le chanteur qui s'occupait de sa carrière ; et mon père, regardant une photo de l'une de mes soeurs avec le chanteur populaire trouvait que j'avais un drôle d'air sur cette photo.

Il m'est arrivé plus tard de rencontrer Tony R. par hasard, mais il vivait surtout en Californie et je n'avais pas l'occasion de le revoir. Ma vie a pris un autre tournant, loin des feux de la rampe, mais je n'oublierai jamais qu'à la fin de mon adolescence, un chanteur populaire a bien voulu me laisser entrer dans son univers et m'a permis de connaître les coulisses du monde du spectacle... Je n'oublierai jamais la confiance qu'il m'accordait et l'espèce de fraternelle affection qu'il me témoignait, m'invitant au restaurant avec des chanteurs, des producteurs, des journalistes, me confiant les clés de sa voiture...

11 commentaires:

Brigetoun a dit…

et je découvre que vous avez fait partie de ce monde, moins de paillettes que de musique.
J'aime beaucoup votre fidélité.
Quant à l'autre 8 juin, j'ai réalisé le soir que je n'en avais pas entendu parler une seule fois

Alcib a dit…

Merci, Brigetoun. Je dois avoir quelque chose du lierre aussi. « Je vis où je m'attache ». Et pourtant, en matière d'attachement, j'étais bien mal parti. Ce sont les affections authentiques de la fin de mon adolescence et de mon âge adulte qui m'ont permis de reconstruire la confiance et l'ouverture aux autres.

Lancelot a dit…

Reçois mes sympathies pour ce deuil qui t'attriste.

Pour moi l'attachement, ce qui nous retient à travers nos 5 portes sensorielles, n'a pas le même sens que la fidélité, qui représente la loyauté dans les sentiments vis à vis d'une autre personne.

Anonyme a dit…

Ce chanteur a fait partie de ma jeunesse, comme les Baronets, Elvis...
Quant à cette charmante et très belle femme qui est de plus en plus séduisante et comme intemporelle, je viens d'apprendre qu'elle veut produire un CD de jazz en français d'ici un an; à suivre.
Dis donc Alcib, tu as une vie riche et variée; riche dans le sens enrichissante :-)

Alcib a dit…

Lancelot, je te renouvelle mes plus cordiales sympathies pour la perte d'un parent.
Tu as bien raison de faire la distinction entre l'attachement et la fidélité ; j'ai fait un raccourci en associant la fidélité (parfois symbolisée par le lierre) et les attaches du lierre qui s'agrippe à son environnement.

Lux, je vois que tu connais mieux que moi l'actualité musicale. J'éprouve toujours une certaine émotion lorsque je vois à la télévision la chanteuse qui a traversé bien des modes en surfant sur les vagues ; loin de s'appuyer sur ses succès passés, elle continue de créer et de faire en sorte que l'on veuille chanter avec elle.
Une amie qui anime une émission de la radio (mais qui ne connaît pas encore l'existence de ce blogue) et qui connaît bien mon histoire m'a demandé de parler du chanteur à son émission de ce soir. Il se pourrait donc que j'évoque sur les ondes des souvenirs somme toute assez lointains ;o)

Alcib a dit…

Finalement j'aurai évoqué plus que des souvenirs lointains. Cette amie m'a laissé parler durant une demi-heure en direct sur les ondes ;o)

Beo a dit…

Je suis presque jalouse!!! Tony et Nanette! Je les ai toujours aimés, ensembles comme individuellement.

J'ai appris sa mort sur LCN... c'est pratique LCN mais ça apporte aussi les mauvaises nouvelles!

Par contre; j'ai pu voir des bouts de films qui m'ont rappelé bien des souvenirs!

Je ne suis pas étonnée qu'il t'aie pris sous son aile: c'est beau de lire ton témoignage et j'aurais bien voulu t'entendre à la radio aussi!!!

Alcib a dit…

Merci, Béo, c'est très gentil. Au fond, je n'exprime que la vérité. Je me considère très privilégié d'avoir été admis dans leur cercle. Je dois dire cependant que j'étais un très gentil garçon ;o) Et Nanette enviait la couleur de mes cheveux (roux comme les pointeurs irlandais - Irish setters) ; nous avions la même, à l'époque sauf que la mienne était naturelle ;o) Comme en plus j'avais (et j'ai toujours) les yeux verts, je faisais bien des jaloux et des jalouses ;o)

Avec cette amie, hier, nous avons évoqué aussi une émission que Tony et Nanette ont animée à la télévision de Radio-Canada, qui s'appelait « Fleurs d'amour et d'amitié » ; je regrette que l'on ne puisse revoir ces émissions qui, selon moi, étaient supérieures à bien des émissions actuelles dans le domaine des variétés.

Anonyme a dit…

Bonjour Alcib!

Comme cette tranche de vie est intéressante! C'est une grande chance que tu as eue d'avoir cette confiance de Tony Roman. Peu importe ce que tu as décidé plus tard de faire de ta vie. Ce qui me frappe, c'est que tu aies eu l'occasion de te frotter à tes rêves mais, surtout, d'avoir eu l'aval de quelqu'un du milieu, une ouverture.

Et c'est certain que ça sonne "glamour"! :)

Alcib a dit…

Merci, Danaée. Oui, je considère avoir eu de la chance dans la vie, d'avoir pu rencontrer des personnes qui, chacun à leur manière, ont été des lumières dans ma vie, des projecteurs, parfois, des phares dans certains cas, dans d'autres, de simples lampadaires ou des lampes de tables, mais toutes aussi importantes. Je n'ai pas toujours su profiter pleinement de ces présences, des occasions qui se présentaient, de l'aide qu'ils m'offraient ; ça, c'est l'autre côté de la médaille.

J'ai sans doute besoin d'un peu de « glamour » dans la vie. Je crois que c'est une forme de compensation pour les frustrations de mon enfance : ayant été « fils unique » jusqu'à l'âge de trois ans, aimé et choyé, je suis devenu, du jour au lendemain, le onzième enfant de la famille, sans statut particulier. Depuis lors, j'ai sans doute voulu retrouver les privilèges du « statut particulier » ;o)

Beo a dit…

Et les bougies? (en rapport à tes lampadaires, etc... hehe)!

Non mais sérieux; j'ai rencontré plein de gens "célèbres" aussi et j'estime que si ça arrive; c'est qu'on le mérite. Il existe une symbiose dont je crois que tu uses comme je le fais.

Pour les occasions manquées... je ne crois pas qu'elles le soient en fait. C'est juste pas ça qu'il te fallait malgré les opportunités. M'enfin... c'est mon humble avis!