mardi 24 juin 2008

Clair de lune

La lune a toujours attiré les rêveurs, inspiré les créateurs de toutes disciplines, fasciné les amoureux... Je ne sais trop si j'appartiens à l'une ou l'autre de ces catégories de personnes, mais je peux affirmer que, tout en étant plutôt du type solaire, la lune exerce sur moi un attrait certain.

À quelques reprises durant l'année, les jours de pleine lune, il m'arrive d'avoir le sommeil plus agité ou des comportements qui me semblent légèrement inhabituels. La plupart du temps, je ne sais même pas que c'est la pleine lune et ce n'est que le lendemain ou deux jours plus tard que je me rends compte que l'astre de la nuit a peut-être exercé sur moi une certaine influence.

Toutefois, ce qui m'intrigue le plus, c'est la lumière de la lune, le fait de voir ce disque lumineux changer de forme, de bouger dans le ciel au fil des heures, des jours, des saisons. J'ai toujours aimé, par exemple, ce qu'en disait Chateaubriand dans ses Mémoires d'outre-tombe que, durant une longue période de ma vie, je relisais chaque année à l'automne.

« Mais ce qu'il faut admirer en Bretagne, c'est la lune se levant sur la terre et se couchant sur la mer. Établie par Dieu gouvernante de l'abîme, la lune a ses nuages, ses vapeurs, ses rayons, ses ombres portées comme le soleil ; mais comme lui, elle ne se retire pas solitaire ; un cortège d'étoiles l'accompagne. À mesure que sur mon rivage natal elle descend au bout du ciel, elle accroît son silence qu'elle communique à la mer ; bientôt elle tombe à l'horizon, l'intersecte, ne montre plus que la moitié de son front qui s'assoupit, s'incline et disparaît dans la molle intumescence des vagues. Les astres voisins de leur reine, avant de plonger à sa suite, semblent s'arrêter, suspendus à la cime des flots. La lune n'est pas plus tôt couchée, qu'un souffle venant du large brise l'image des constellations, comme on éteint les flambeaux après une solennité. »
Chateaubriand, Mémoires d'outre-tombe (Livre 1, Chapitre 6)

C'est aussi à l'automne que la lune exerce sur moi un plus grand attrait. Est-ce à cause de la fraîcheur des nuits ou plutôt en raison de sa position dans le ciel, je ne saurais le dire. C'est peut-être aussi qu'à la fin de l'été, je sors d'une espèce de léthargie dans laquelle m'ont plongé les grandes chaleurs. C'est à l'automne que pour moi tout renaît, peut-être pas la végétation, mais ce qui relève de l'Homme. Certaines nuits d'automne, j'ai du mal à cesser de contempler la lune dans le bleu pur et froid du ciel.

Parmi les réflexions que je me fais, il y a celle-ci : je me plais à imaginer que quelqu'un que je connais, de préférence quelqu'un que j'aime, quelque part sur terre regarde la lune au même moment. Que cette personne se trouve dans la même ville ou le même pays que moi ne fait pas trop de différence. Ce que je trouve merveilleux, cependant, c'est de m'imaginer qu'une personne que j'aime, de l'autre côté de l'Atlantique, regarde aussi la même lune au moment précis où je la regarde moi-même. Il me plaît aussi de croire que la lune joue un peu le rôle d'un satellite qui retransmet des messages ; il me suffit par exemple que je dise « Je t'aime » en pensant à quelqu'un pour qu'aussitôt cette personne reçoive mon message. Grâce à la communication instantanée par Internet, j'ai pu vérifier que nous pouvions simultanément voir la même lune d'un côté et de l'autre de l'Atlantique ; je reconnais toutefois que la transmission des messages puisse relever davantage de la communication des esprits que des lois de l'astronomie.

Il y a quelques jours, je cherchais la lune dans le ciel et je ne la trouvais pas. Quelques minutes plus tard, en éteignant la lumière une fois couché, la lune m'est apparue en plein milieu de la fenêtre au pied du lit. Je me suis simplement levé, j'ai saisi mon appareil photo et je l'ai photographiée. L'image n'est pas très nette, mais le souvenir que j'en garde est très clair.



Ajout du 25 juin : Alexander a évoqué en commentaire un poème d'Alfred de Musset appris à l'école ; on peut en trouver ici le texte complet et, mieux encore, un extrait interprété par le magnifique Jean Piat : « Ballade à la lune »

10 commentaires:

Beo a dit…

Quelle jolie surprise que cette lune apparue à ta fenêtre. Je trouve que tu en a fait une très belle photo.

Bonne St-Jean!

Alcib a dit…

Béo : Merci. Dois-je préciser que je n'ai pas moi-même pris la photo du haut (mon appareil n'est pas assez puissant pour cela) ; il s'agit d'une photo trouvée sur Internet, je ne sais plus où.
Ces derniers temps, je cherche la lune tous les soirs ; parfois je la vois arriver dans la fenêtre de mon salon, parfois pas. En ce moment, elle se trouve souvent où je ne l'attendais pas et, par conséquent, ne se trouve pas souvent où je la cherchais.
Il fut un temps où la présence de la lune dans la fenêtre de ma chambre annonçait une nuit où le sommeil serait léger. Depuis que je m'en suis fait une amie en lui parlant le soir, je dors comme un bébé, heureux et confiant ;o)

Bonne Saint-Jean à toi aussi.

Beo a dit…

J'avais oublié de te dire que depuis 3 jours, elle est toute claire dans le ciel matinal, du côté du balcon.

Il fait jour et elle reste là, fièrement, puis elle m'accompagne au dessus de l'autoroute jusqu'à Genève ;)

Les Pitous a dit…

La lune est facétieuse : c'est quand elle a son visage rond et jovial qu'elle a les effets les plus sournois. Et parce qu'elle forme un D en croissant et un C en décroissant, on dit que c'est une fieffée menteuse . Mais moi, je l'aime depuis tout petit : je suis un authentique lunaire.

Anonyme a dit…

La lune est décidément trop impassible. Elle a l'air effronté et vaguement méprisant, preuve qu'elle nous connaît bien. Si on pointe le doigt vers elle, on peut constater distinctement qu'elle se retient de le mordre. Madame est une grande délicate !
Moi je dis : les nuits sans lune, n'hésitez pas à vous consoler avec l'autre.

Anonyme a dit…

C'était, dans la nuit brune,
Sur le clocher jauni,
La lune
Comme un point sur un i.

Lune, quel esprit sombre
Promène au bout d'un fil,
Dans l'ombre,
Ta face et ton profil ?

Je appris ce poesie dans le classe du francais..c'est plus long mais je me rapeler plus le fin vraiment..je crois c'est de Alfred de Musset..
je toujour adorer le lune ..et je aimer tres fort ces mot la..
Si tu fermer les yeux ..tu voit tout le campagne..avec le petit village dans le brume..et le clocher..et si tu ecouter bien le nuit ..tu peux meme entender le vieux chien qui aboyer..(c'est toujour un vieux chien dans les village le nuit tout seul!!)
Je aimer pas le soleil..le lune elle vient le soir pour te veille et pour que le douceur de son rayon il consoler tout ton peine..Elle me jamais decu..
Je suis heureux tu lui parler aussi..
Moi je suis sur je apartiens le categorie tu dit...pas le creation..mais les deux autres...
Je tres emu aussi que je sais que tres loin, le meme moment, qu'elqu'un je aime il le regarder aussi...parce alors le distance il exister plus..le lune elle unit le coeur et fait briller le yeux
I used to live out on the moon, but now I'm back here down on earth..(30STM)
Tu crois c'est mieux je retourner???

Alcib a dit…

Béo : Il m'arrive assez souvent de voir la lune en plein jour, le matin surtout, si je me souviens bien.

Pitou G. : C'est vrai qu'elle est facétieuse et menteuse à ses heures. Mais ce n'est pas une raison pour ne pas l'aimer ; la preuve, c'est que tu l'aimes aussi.

Alcib a dit…

Delest : C'est à Rome qu'il y a la « bocca della verità ». Cette bouche où l'on met sa main mordra celle-ci si l'on a menti.
Quand un doigt pointe la lune, les imbéciles regardent le doigt pendant que les autres contemplent l'astre, dit-on.
À moins que « l'autre » soit masculin, les derniers mots de ton commentaire sont sexistes ;o)

Alcib a dit…

Alexander : Merci de nous offrir ces quelques vers qui sont, effectivement, d'Alfred de Musset.
Quelle prodigieuse mémoire tu as pour te souvenir de poèmes appris dans ton enfance, dans une langue qui n'est pas la tienne !

Ton observation est très fine au sujet du paysage lunaire. C'est vrai que dans tout petit village il y a toujours un vieux chien qui aboie dans la nuit (à Mantes-la-Jolie, en ce moment, il semble que ce soit plutôt un coq qui chante, mais ça c'est une autre histoire).
Pourquoi le chien aboie-t-il ? Serait-ce parce qu'il est vieux et qu'il ne s'en console pas ? Ou serait-ce plutôt pour éloigner le méchant loup qui voudrait dévorer le petit lapin ?

J'aime le soleil et j'aime aussi la lune.
Même si Charles Aznavour chante que « la misère serait moins pénible au soleil », il est bien possible que le soleil mette davantage en évidence les malheurs et la peine.
Un rayon de lune est sans doute, comme tu le dis, plus apaisant qu'un rayon de soleil. Et pour les confidences et les secrets, je ferais aussi plus confiance à la lune.

Je crois que tu es trop modeste en ne revendiquant pas aussi ton appartenance à la catégorie des créateurs. Il n'est pas interdit d'être à la fois rêveur, créateur et amoureux.
J'aime beaucoup ce que tu dis : la lune abolit les distances entre ceux qui s'aiment en unissant les coeurs et en faisant briller les yeux des amoureux.
Quant à ton retour sur Terre après avoir vécu sur la Lune, je ne peux que m'en réjouir. Et à ta question s'il faut y retourner, je répondrai : pas maintenant, attends encore un peu ! Nous avons déjà connu un Petit Prince qui est venu et reparti ; en restant plus longtemps, tu mettras sans doute un peu de baume sur la peine de ceux qui l'ont connu et qui attendaient son retour.

Anonyme a dit…

ça me rappelle une chanson de enzo enzo qui disait, des choses comme ça...je cite, de mémoire (défaillante...)
Ami, ami, ami
toi qui vit loin d'ici
dis-moi si la nuit
tu vois la meme lune que moi
une lumiere dans le noir
comme un signe, un espoir
de se revoir
Au revoir

Souleiman