mardi 26 août 2008

Une pensée pour Marc-Aurèle

Buste de Marc-Aurèle, jardins de Versailles

Il y a quelques années, je traînais toujours sur moi un exemplaire des Pensées pour moi-même, de Marc-Aurèle suivies du Manuel d'Épictète, dans la traduction de Mario Meunier aux éditions Garnier-Flammarion. Je les lisais non pas pour étudier une philosophie ou pour en critiquer la valeur ou le style, mais comme l'auteur les a lui-même écrites : des réflexions pour soi-même que je lisais en ouvrant le livre au hasard.

L'une de ces pensées qui a servi bien souvent à me donner du courage au moment de sortir de chez moi le matin, pour me rendre au travail, par exemple :
Dès l'aurore, dis-toi par avance : « Je rencontrerai un indiscret, un ingrat, un insolent, un fourbe, un envieux, un insociable. Tous ces défauts sont arrivés à ces hommes par leur ignorance du bien et des maux. Pour moi, ayant jugé que la nature du bien est le beau, que celle du mal est le laid, et que la nature du coupable lui-même est d'être mon parent, non par la communauté du sang ou d'une même semence, mais par celle de l'intelligence et d'une même parcelle de la divinité, je ne puis éprouver du dommage de la part d'aucun d'eux, car aucun d'eux ne peut me couvrir de laideur... »

Marc-Aurèle est l'un des empereurs romains, qui a régné de 161 à 180 de notre ère, après Hadrien et Antonin. Dans les Mémoires d'Hadrien, de Marguerite Yourcenar, c'est à lui que s'adresse Hadrien dans la longue lettre qu'il entreprend de rédiger et qui se transformera en mémoires, dont voici les premières lignes :
« Mon cher Marc,
Je suis descendu ce matin chez mon médecin Hermogène, qui vient de rentrer à la Villa après un assez long voyage en Asie. L'examen devait se faire à jeun : nous avons pris rendez-vous pour les premières heures de la matinée. Je me suis couché sur un lit après m'être dépouillé de mon manteau et de a tunique. Je t'épargne des détails qui te seraient aussi désagréables qu'à moi-même, et la description du corps d'un homme qui avance en âge. [...] Il est difficile de rester empereur en présence d'un médecin, et difficile aussi de garder sa qualité d'homme*... »
Au moment où Hadrien aurait rédigé ces mémoires, Marc-Aurèle n'était encore qu'un jeune garçon ou, tout au plus, un adolescent.

Ce matin, l'Agence France-Presse annonce la découverte en Turquie d'une statue de l'empereur Mac-Aurèle.

Le mardi 26 août 2008

Une statue géante de l'empereur Marc Aurèle découverte en Turquie
Agence France-Presse - Ankara

Une équipe d'archéologues belges et turcs ont exhumé les restes d'une statue géante représentant l'empereur Marc Aurèle dans les thermes romains de Salagassos, l'actuel Aglasun (province de Burdur) dans l'ouest de la Turquie, a indiqué mardi à l'AFP un responsable local.
La découverte, qui date du mercredi 20 août, a permis de retrouver une tête à l'effigie de Marc Aurèle, haute d'environ 90 cm, de même que le bras droit tenant un globe dans la main, les deux en très bon état, a souligné le conservateur du musée de Burdur, Haciali Ekinci.

Selon les estimations la statue devait être haute de 4,5 mètres, a souligné le responsable.

Les deux jambes de l'empereur, qui a régné de 161 à 180 après Jésus-Christ, ont également été exhumées par l'équipe dirigée par le professeur belge Marc Waelkens de l'Université catholique de Louvain, a-t-il souligné au téléphone.

Sagalassos, habitée jusqu'au septième siècle après Jésus Christ, a été détruite à cette époque-là par des tremblements de terre et s'est enfoncée ensuite dans l'oubli.

Le professeur Waelkens mène depuis 1985 des recherches dans cete ancienne cité riche en découvertes.

La même équipe d'archéologues avait déjà découvert sur ce site une autre statue colossale, celle de la tête, le tibia et un pied d'une statue de l'empereur Hadrien qui régna de 117 à 138 après Jésus-Christ, a ajouté M. Ekinci.

*Note personnelle : Je dirais que ça dépend du médecin et de l'homme lui-même... Je ne peux m'empêcher de penser encore à la citation d'Eleanor Roosevelt : « Nul ne peut vous faire sentir inférieur sans votre consentement. » Je crois qu'il en est de même avec le sentiment de sa dignité.

Ajout du 2 septembre 2008 :
J'emprunte à Fuligineuse les références qui suivent. Merci.
On trouvera ici le texte complet des Pensées de Marc-Aurèle.
La page Wikipédia sur la cité de Sagalassos.
Le site officiel du Sagalassos Archaeological Research Project.
Une présentation générale des diverses fouilles à Salagassos.

7 commentaires:

Brigetoun a dit…

moi il est toujours mon compagnon ce livre, et je devrais y revenir plus souvent - salubre hautement

Anonyme a dit…

Jamais lu ce livre... mais ça donne envie d'y piquer quelques morceaux choisis. Et j'aime beaucoup la citation d'E. Roosevelt qui me donne à réfléchir. Merci

Anonyme a dit…

Il paraît que Marc-aurèle, sitôt que les archéologues lui eurent dévoilé l'ongle du premier orteil, s'est exclamé d'une voix caverneuse :
"voulez vous bien remettre ce sable en place tout de suite !!!"...

Les Pitous a dit…

Tu as raison, c'est en les piochant au hasard qu'il faut les lire, ces pensées!

Alcib a dit…

Brigetoun : J'ai profité de la rédaction de ce billet pour garder sous la main mon exemplaire retrouvé.

Anne fra Sveits : J'aime beaucoup cette citation d'Eleanor Roosevelt. Elle a suscité de nombreux commentaires il y a près de deux ans, je crois. Il faudrait que j'en retrouve la date.

Delest : Marc-Aurèle préfère donc l'ombre à la lumière ? À moins que ce soit le confort du sable fin ?

Les Pitous : Je le crois aussi.

Anonyme a dit…

Marc-Aurèle a entendu parler de la Georgie, de l'Irak, du Sida et du dérèglement climatique. Il a décidé de repousser son réveil de cent mille ans.

Alcib a dit…

Delest : Je le comprends...