dimanche 27 décembre 2009

La vie est si fragile

La vie n'est pas un Père Noël : même ces jours-ci, elle n'apporte pas que des cadeaux et des bonbons !

samedi 26 décembre 2009

Jared - Héphaistion - 30 seconds to Mars


S'il était là aujourd'hui, Alexander ne manquerait pas de souligner dignement l'anniversaire de naissance de son ami Jared Leto, l'acteur qui a incarné son héros préféré, le premier de tous, Héphaistion, le fidèle ami et amoureux d'Alexandre le Grand.


Jared Leto, c'est aussi le chanteur du groupe 30 Seconds to Mars (j'avais évoqué ce groupe dans cet article, avec commentaire d'Alexander) dont Alexander a attendu impatiemment la sortie du plus récent album, en vain. Alexander ne manquait pratiquement aucun concert de son groupe préféré, dès qu'il se produisait en Angleterre ou en France. Je me souviens de la longue attente pour le concert du 10 mai 2008 : Alexander avait passé vingt-quatre heures dans le froid, sans manger, sans boire, afin d'être parmi les premiers à entrer dans la salle et d'avoir ainsi une bonne place devant la scène, quitte à se faire piétiner. Il aurait très certainement pu avoir accès aux meilleures places sans devoir attendre aussi longtemps dans le froid, mais Alexander avait horreur des privilèges. Sa grand-mère n'aimait pas le savoir ainsi dans la rue, la nuit, entouré de centaines de jeunes qui n'ont pas tous le respect d'Alexander pour les autres ; je n'étais pas rassuré non plus. Mais Alexander n'avait pas attendu en vain ; il avait pu, après le concert qu'il avait adoré, se rendre en coulisses et parler à Jared ; ils avaient ainsi échangé des idées de lecture.

Récemment, 30 Seconds to Mars était en concert à Londres ; comme le disait Jane : « Comment Jared peut-il ainsi chanter alors qu'Alexander n'est pas là pour l'entendre ? »

Combien de fois Alexander a-t-il pu voir et écouter cette vidéo de la chanson From Yesterday ? Il n'aura pas entendu celle-ci ; il n'aura pas vu cette vidéo, ce flix, « Kings and Queens », que l'on peut voir et entendre en haute définition sur le site officiel de 30 Seconds to Mars ou sur YouTioube.

jeudi 24 décembre 2009

Voeux de Noël 2009


Je vous souhaite à tous
un Noël de paix,
de sérénité, d'amour,
sous le signe de
la présence aux autres,
à ceux que vous aimez,
à ceux qui vous aiment.

lundi 14 décembre 2009

Orphelins


En regagnant beaucoup trop tôt son étoile, Alexander a laissé derrière lui pour regretter son absence quelques personnes merveilleuses pour qui il était tout : sa grand-mère, son frère Charles, Jane, la meilleure amie de sa mère, fidèle amie et complice, Abigail, sa voisine et amie, son cousin préféré, des amis, Russell, Alistair, des collègues de travail, quelques autres personnes sûrement dont j'ignore l'existence, sans oublier son meilleur ami, Alexander le bouledogue, complice de tous les instants, le petit Troy, mignon petit chat gris-souris recueilli sous la pluie qu'il aura confié à son amie Abigail...

Je ne nommerai pas quelqu'un qui, s'il prétendait aimer Alexander, devrait ces jours-ci mais pas uniquement, en faire la preuve.

Un adorable poulain nommé Montréal, d'autres chevaux avec qui il aura gagné des parties de polo ou avec qui il aura fait de l'exercice à la campagne ou à Hyde Park, des pigeons d'un petit parc près du British Museum avec qui il allait dialoguer en prenant son thé après avoir passé un bon moment avec Alexandre le Grand et Héphaistion dans la salle 22 du musée, de nombreux chiens que lui aura présentés son bouledogue dans les parcs préférés de Londres, des écureuils qui le remerciaient de faire comprendre à Alexander bull qu'eux aussi aimaient jouer dans le gazon, et tant d'autres animaux à poils ou à plumes, des insectes de toutes sortes, dont les fourmis qui se souviennent, doivent tous se demander où est passé leur ami...

Et combien d'animaux en cage dans les animaleries de Londres seront cette année privés de jouets, de cadeaux, parce qu'Alexander ne sera pas là pour jouer le Père Noël discret ! Depuis plusieurs années, parce qu'il ne pouvait tolérer leur solitude, surtout à Noël, Alexander avait entrepris d'offrir des cadeaux aux animaux qui n'avaient pas de foyer, personne pour les choyer. Puis, parce qu'il trouvait beaucoup trop triste de faire le tour des animaleries et de voir tous ces animaux en cages, et puisqu'il ne pouvait pas tous les adopter, il avait demandé à son vétérinaire de s'occuper de la distribution.

Alexander aimait beaucoup les oiseaux, puis les loups, et les tigres... Il avait d'ailleurs adopté au zoo de Londres un tigre blanc. Il ne s'occupait pas lui-même de nourrir et de soigner le tigre, bien entendu, mais il s'était engagé à défrayer les coûts de son alimentation... Il ne l'a pas dit, mais je suis certain qu'il aurait préféré que son tigre devienne végétarien. Et, avec sa discrétion légendaire, Alexander ne s'est jamais vanté de son grand coeur et de sa générosité ; il m'aura fallu pour écrire cet article recueillir des éléments provenant de nombreuses conversations et de quelques correspondances.

Même les chats de papier sont orphelins. À l'été 2008, je lui avais demandé la permission d'écrire un article sur une association qu'il avait fondée pour défendre les chats qui sont maltraités dans les bandes dessinées. Il avait souhaité que je n'en parle pas encore car il n'avait pas le temps de s'occuper de nouvelles adhésions.

lundi 7 décembre 2009

Terre natale

« Si je devais mourir, pense seulement cela de moi :
il y a là un petit coin de terre étrangère
qui est pour toujours l'Angleterre. »
Rupert Brooke


Quand il fut question pour la première fois - et cela vint très tôt dans nos premières conversations -, qu'Alexander vienne me voir à Montréal (ce fut toujours l'entente entre nous : il viendrait d'abord à Montréal ; j'irais ensuite en Angleterre), il me demanda de lui promettre solennellement que, s'il lui arrivait quelque chose durant son séjour à Montréal, je devrais le faire rapatrier en Angleterre. Si je ne connaissais pas son amour pour sa patrie, je pourrais croire qu'il avait envers elle un engagement officiel qu'il se devait d'honorer...

Nous avions parlé ce soir-là de l'appartenance, de l'amour du pays, de l'amour du sol lui-même... Alexander avait un tel amour pour son pays qu'il n'en sortait jamais sans apporter avec lui un peu de terre provenant du sol. Il avait voulu m'en envoyer par la poste mais nous nous étions inquiété des restrictions douanières... L'amour du pays nous avait amenés à parler de poésie et, tout particulièrement, de Rupert Brooke et de l'un de ses plus célèbres sonnets, The Soldier, dont sont tirées et traduites les premières lignes citées au début de cet article :

If I should die, think only this of me:
That there's some corner of a foreign field
That is for ever England. There shall be
In that rich earth a richer dust concealed;
A dust whom England bore, shaped, made aware,
Gave, once, her flowers to love, her ways to roam,
A body of England's, breathing English air,
Washed by the rivers, blest by suns of home.

And think, this heart, all evil shed away,
A pulse in the eternal mind, no less
Gives somewhere back the thoughts by England given;
Her sights and sounds; dreams happy as her day;
And laughter, learnt of friends; and gentleness,
In hearts at peace, under an English heaven.


Alexander aimait beaucoup ce poète. Je me souviens qu'au cours de l'été 2008, son frère Charles venu lui rendre visite à Londres lui avait apporté un livre tiré de la bibliothèque familiale. Alexander en avait été très ému car il s'agissait d'un recueil de poèmes qui avait appartenu à sa mère, qui aimait beaucoup Rupert Brooke.


Nous le trouvions très beau. Il nous faisait penser à Hugh Grant, que j'avais aimé dans dans le rôle de Clive, dans le film de James Ivory, Maurice. La ressemblance n'était pas que physique car si la postérité a surtout retenu, grâce au zèle de ses héritiers, son amour des jeunes filles, Rupert Brooke n'était absolument pas insensible à la beauté masculine. Un autre point commun qu'il a avec les personnages du film : Rupert Brooke a étudié à Cambridge, alors qu'Alexander (qui le lui a pardonné, j'en suis sûr) a étudié à Oxford.


Paradoxalement, Rupert Brooke qui était si attaché à sa patrie et qui disait que son université, Cambridge, serait pour toujours sa seule adresse, a été enterré en Grèce, sur l'île de Skyros. Il n'avait que 28 ans ; ce très jeune âge n'est que l'un des points qu'il a en commun avec Alexander, qui en avait 27...

Alistair, qui est un digne ami d'Alexander, m'écrivait il y a quelques jours qu'il avait pensé à moi en lisant les récits de voyages de Rupert Brooke, notamment les pages où il raconte son passage à Montréal. Il faudra que je me procure un exemplaire de ces récits de voyage, en attendant de lire ceux d'Alistair. Ceux que j'aimerais pouvoir lire, ce sont les nombreux voyages imaginaires qu'a pu faire Alexander en rêvant de son premier séjour ici.

Toute la soirée, une série de « coïncidences » m'a fait penser à Alexander. Au moment de commencer cet article, un peu avant minuit, j'ai jeté un regard vers l'une des fenêtres du salon, dont les stores sont fermés ; j'ai pourtant aperçu, à travers les lames du store, dans la nuit noire, un point lumineux : c'était la Lune qui venait me faire signe, comme si Alexander voulait me dire que, cinq mois exactement après son départ, il ne m'oubliait pas. Le temps de rédiger cet article, j'ai rouvert le store ; l'article terminé, la Lune a disparu dans les nuages...

vendredi 4 décembre 2009

L'amour des chats

Je n'oublie pas que le 4 janvier dernier, il y a donc onze mois, Harry (Potter) était mis en terre. Je n'oublierai jamais Harry ni l'amour que lui portait celui que j'aime.

Si votre chat est dans l'esprit de Noël, même si vous ne l'êtes pas, il aimera peut-être ce cousin qui chante un air bien connu.

mardi 1 décembre 2009

Étonné...

de constater à quel point, même en plein centre-ville, le ciel est magnifique ce soir ! Une mince couche ouatée flotte au-dessus de la ville mais, au delà, les étoiles, nombreuses, scintillent et la lune renvoie une vive lumière. En sortant du restaurant où je suis allé manger une pizza (oui, encore un pizza ! ces jours-ci, je n'ai pas envie de cuisiner), je me suis presque cassé le cou en regardant la lune juste au-dessus de ma tête.

Cela m'a fait penser à ce qu'Alexander m'avait dit le printemps dernier quand je lui ai raconté que j'avais glissé sur le trottoir mouillé et que j'étais tombé face contre terre ; je lui avais mentionné que je ne m'étais pas vraiment fait mal, que seul mon orgueil était blessé. « C'est ce qui fait le plus mal », avait-il précisé. Puis il avait ajouté que s'il avait été là, il se serait immédiatement jeté par terre à côté de moi en disant aux passants que c'était vraiment la meilleure façon de contempler le ciel...

Ce sont des centaines, des milliers de complicités comme celle-ci qui me permettent de continuer... À Londres, l'espace où Alexander a vécu, où il a tellement lu, joué, rêvé, fait des projets dont j'ai eu le privilège de partager un certain nombre, ne contient plus rien de ce qu'il y avait rassemblé au fil des ans. Mon rêve un peu fou de venir une fois écouter le carillon de Westminster du balcon où Alexander m'a si souvent invité s'effondre.

J'ai le sentiment douloureux que le départ d'Alexander se confirme une fois de plus. Comme le dirait Roland Barthes : je ne suis pas en deuil ; j'ai du chagrin.

Mignon

lundi 30 novembre 2009

Sourire ou pleurer


« You can shed tears because he is gone
or you can smile cause he has lived »

« On peut pleurer son départ ou
on peut sourire parce qu'il a vécu. »

Je crois en effet qu'il faut sourire parce qu'il a vécu, parce que durant son trop court séjour sur Terre, il aura transformé sur son passage quelques êtres, dont je fais partie. Quand on a vraiment connu Alexander, on ne peut plus se contenter d'exister et de mener sa vie sans être profondément engagé, sans être cohérent avec soi-même, avec ses propres valeurs.

Mais comment ne pas pleurer son départ quand on l'a connu et qu'il n'est plus là, que sa présence n'est plus sensible ?
Un jour que je lui disais qu'il était pour moi comme un Petit Prince qui aurait grandi et qui serait resté parmi nous, il me répondit : « Ne me parle pas de cela : j'ai tellement pleuré chaque fois que j'ai lu le passage du départ du Petit Prince ! »

Si on peut pleurer à la lecture du Petit Prince du conte de Saint-Exupéry, on pourra comprendre que l'on puisse pleurer et pleurer encore après le départ d'un Petit Prince que l'on a vraiment connu sur Terre.

dimanche 29 novembre 2009

Salut, Gilles Carle



Le Québec est en deuil. L'un des plus grands cinéastes québécois, Gilles Carle, vient de s'éteindre, à 81 ans. Il était atteint depuis plusieurs années de la maladie de Parkinson.

On peut voir ici une vidéo du Réseau de l'information après l'annonce de la mort de Gilles Carle.

Je n'ai sans doute pas vu tous ses films. Mais il a été depuis depuis si longtemps l'un des piliers de la vie culturelle au Québec. J'ai eu le privilège d'être son voisin durant plusieurs années et de prendre souvent mon petit déjeuner à une table voisine de la sienne, au restaurant. Malgré cela, je ne lui ai pourtant jamais adressé la parole ; ce que j'aurais pu lui dire ne serait sûrement pas passé à l'histoire. L'annonce de sa mort réveille en moi des souvenirs émus d'une partie de ma jeunesse.

jeudi 26 novembre 2009

Le crime organisé au Québec

Le premier ministre du Québec, 51 ans
Les coûts de construction au Québec sont considérablement plus élevés au Québec qu'ailleurs au Canada ? Pourquoi ? Parce que quelques entrepreneurs contrôlent pratiquement tous les appels d'offres. Et on ne sait plus très bien ce qui distingue la mafia de ces grands entrepreneurs.

À Montréal, quelques entrepreneurs seulement reçoivent pratiquement tous les très lucratifs contrats d'infrastrusctures. Quelques bureaux de génie-conseil font la pluie et le beau temps dans plusieurs grandes municipalités du Québec et monopolisent tous les contrats accordés par les administrations municipales.

Le premier ministre du Québec, 51 ans

Au Québec, tout le monde réclame une commission d'enquête publique pour faire la lumière sur tout cela et bien identifier qui exactement contribue à l'enrichissement du crime organisé aux dépens de tous les contribuables. Les partis de l'opposition officielle à l'Assemblée nationale, les aministrations municipales, les syndicats de la construction (sauf un), les policiers, les procureurs de la Couronne, les citoyens, pressent le premier ministre du Québec d'instituer immédiatement une commission d'enquête. Le premier ministre du Québec, l'ineffable Jean Charest, toujours le seul à avoir raison toujours, le seul à marcher au pas, refuse en disant qu'il préfère laisser les policiers faire leurs enquêtes. Sauf que les policiers eux-mêmes disent qu'ils ne pourront pas faire toute la lumière sur ces affaires de collusion, de corruption, de crime organisé, et qu'il faut de plus importants moyens.

Le premier ministre du Québec, 51 ans

Le premier ministre du Québec, 51 ans

Le premier ministre du Québec, 51 ans

Au Québec, il n'y a pour s'opposer à la création d'une commission d'enquête que la Fédération des travailleurs du Québec, qui regroupe divers syndicats, dont des syndicat de la construction, et dont l'ex-président était très ami avec l'un des entrepreneurs importants identifié au crime organisé, et le Parti Libéral du Québec, le parti du premier ministre actuel, Jean Charest, 51 ans mais frileux comme une vieille poule, parti grassement financé par les grands entrepreneurs qui ont tout intérêt à ce que rien ne change (la poule aux oeufs d'or rapporte). Deux raisons empêchent le premier ministre d'agir : son entêtement proverbial (il est toujours seul à avoir raison) et la protection de ses amis politiques qui ne veulent pas que l'on fasse trop de lumière sur leurs activités.

Ses conseillers politiques sauront bien créer une crisette qui fera les manchettes de l'actualité et qui détournera l'attention des citoyens durant un moment. Mais il y a trop gens qui surveillent et qui ne laisseront pas ce parti politique continuer de s'enrichir illégalement aux dépens des citoyens et qui ne laisseront pas le premier ministre faire semblant qu'il n'est au courant de rien et que tout va bien. Un jour il devra entendre raison... Pourquoi est-ce pour lui urgent de ne rien faire ? Pour laisser ses amis politiques détruire toutes les preuves compromettantes ?


Le premier ministre du Québec, 51 ans

Ajout : Même les journalistes qui sont les plus ardents défenseurs du statu quo et, par conséquent, des politiques du Parti Libéral, se demandent ce qu'a à cacher le premier ministre, chef du Parti Libéral, pour s'entêter à ce point et refuser de faire la lumière sur les pratiques criminelles dans l'attribution de contrats gouvernementaux dans l'industrie de la construction et dans ceux qui relèvent du ministère des Transports.

Ai-je besoin d'ajouter que ce genre de personnage, protéiforme, mou et visqueux, par conséquent insaisissable, un nombril sans squelette, que l'on pourrait qualifier d'amibe si ce n'était insulter celle-ci, me répugne au plus haut point ?

mardi 24 novembre 2009

Il y a 18 ans

Le 24 novembre 1991, disparaissait l'un des plus célèbres chanteurs de sa génération, et davantage, l'auteur-compositeur-interprète Freddie Mercury, chanteur du groupe Queen. « The Queen is dead », pouvait-on lire dans les journaux anglais, semant la confusion chez les sujets de Sa Majesté.


Il y a dix-huit ans, un petit garçon avait, encore une fois, le coeur brisé. Son ami Freddie venait de partir. Alexander n'avait que neuf ans, mais il avait déjà tellement appris de son ami Freddie ! La musique, les oiseaux, les poissons, les fleurs, l'alimentation, les livres, la spiritualité, etc., faisaient partie de leurs conversations, de leurs complicités.

En dix-huit ans, Alexander n'a jamais oublié une seconde. Chaque jour, ses pensées, son coeur, ses prières, ses rituels, rendaient hommage à la mémoire de son ami, de son mentor en quelque sorte.



Chez Alexander, Freddie occupait une grande place. Un lierre que lui avait remis Freddie il y a dix-huit ans poussait encore sur la terrasse d'Alexander ; il s'agissait d'une bouture de l'original qu'Alexander avait laissé chez sa grand-mère, à la campagne.


Chaque année, le 24 novembre, Alexander apportait son bouquet de fleurs et ses bougies pour aller encore rendre hommage à celui qui lui avait tellement appris, qui l'avait tant inspiré. Il se rendait au cimetière de Kensal Green. Il ne cherchait pas parmi ces tombes le lieu de sépulture de Freddie Mercury car celui-ci avait demandé qu'on l'incinère et que ses cendres soient répandues dans un lieu inconnu.
Alexander allait se recueuillir à la chapelle du cimetière. Ce 24 novembre, Alexander ne sera pas là. Mais il a demandé à notre amie Jane de se recueillir pour lui à cette chapelle de Kensal Green où il a fait poser une plaque en souvenir de Freddie. Jane y viendra avec des fleurs et des bougies, comme elle l'a promis à Alexander.

Ailleurs à Londres, dans le quartier de Kensington où il habitait, des milliers de fans du chanteur de Queen viendront aussi apporter des fleurs. On y dévoilera une plaque à la mémoire de Freddie Mercury.

Il y a quelques mois, Alexander m'envoyait le lien vers une vidéo où Freddie Mercury chantait « Prince of the Universe » (Prince de l'Univers), en ajoutant : « Voilà ce que tu es pour moi ! » Je me suis senti particulièrement touché d'être ainsi associé dans le coeur et dans les pensées d'Alexander, par le biais d'une chanson, à celui qui n'était pas seulement un grand créateur, un grand interprète, mais aussi un grand ami et un mentor pour ce garçon que j'aime et que j'aimerai troujours.

dimanche 22 novembre 2009

« ... j'ai si peur de te perdre ! »

L'image vient d'ici

En avril 2008, dans les jours qui ont suivi les débuts de notre correspondance qui allait prendre rapidement un rythme et une intensité extraordinaires, Alexander se faisait renverser par une voiture en se rendant au travail... Il avait eu « de la chance » en étant projeté par-dessus la voiture au lieu de passer sous les roues comme il est arrivé à l'un de ses patients quelques jours plus tard... Alors que ses collègues l'attendaient pour prendre la relève à l'urgence, ils ont vu Alexander arriver à l'urgence en ambulance... Il avait des côtes cassées, de grandes lacérations à la tête, de multiples contusions... Je m'étais inquiété de ne pas recevoir de message de sa part durant plus de vingt-quatre heures. Puis je reçus ce message :

« Alcib, je ne sais plus où j'en suis... Pourquoi, ai-je tant besoin que tu me parles ? Au fond de moi, au creux de mon cœur, c'est comme si on se connaissait depuis très longtemps, et j'ai si peur de te perdre !
J'ai froid et il faut que j'attende toutes ces heures de ta longue nuit pour pouvoir lire les mots de toi que tu m'écriras sans doute au matin... Qu'est-ce qui m'arrive ?
Merci, merci tellement de m'avoir écrit même si je n'étais pas là pour te répondre... Je ne veux même pas penser que j'aurais pu ne pas trouver tes mots ce matin...
En sortant de l'hôpital, tout à l'heure, j'ai aperçu une
pâquerette ; c'est la première que je vois ce printemps ; je l'ai cueillie pour toi... Je l'ai mise dans un petit peu d'eau et elle est là, près de moi.

Alcibiade...
Pendant que j'étais allongé sur la civière et que j'attendais à l'urgence les examens médicaux après mon accident, j'aurais aimé que tu sois là, et que tu me prennes dans tes bras, parce que j'avais peur... C'est la première fois que je suis, moi, de l'autre côté du miroir, là où il y a beaucoup de sang qui coule, et la mort qui rôde... Même si je ne suis pas trop blessé, malgré tout, j'ai vraiment eu de la chance, mais quand il y a plein de sang partout... Je pensais à mes bêtes, toutes seules... Et si j'étais vraiment parti sur la Lune, il n'y aurait même eu personne pour te le dire... Voilà, j'ai le cœur très gros. »*


Et le mien, cher Alexander, comment crois-tu qu'il est, mon coeur, en relisant ces mots ? Je te demande pardon : je sais que tu ne voudrais pas que j'aie du chagrin. Mais ces mots qui me déchiraient le coeur lorsque je les ai reçus, me font terriblement mal encore aujourd'hui.

Grâce à ta charmante voisine et amie, Abigail, tes bêtes ne se sont pas rendu compte ce jour-là que ton absence prolongée était anormale. Et Abigail n'a même pas pu leur transmettre son inquiétude car tu l'avais appelée en soirée pour lui demander de s'occuper de Harry et d'Alexander et disant que tu devais « travailler » plus longtemps que prévu, sans mentionner le sérieux accident du matin.

Quand tu as dû retourner à l'hôpital non comme médecin mais comme patient, tu as eu la délicate attention de demander à Jane de me donner régulièrement de tes nouvelles. Depuis lors, avec ta bénédiction, nous sommes devenus amis, et c'est une grande chance de pouvoir partager ainsi l'immense peine que nous cause ton départ et de nous échanger de précieux moments de bonheur.

Par ce blogue, tu avais découvert mon existence et, après avoir lu en une nuit tous les articles et tous les commentaires depuis l'automne 2005, tu avais compris que j'étais celui qui pouvait te comprendre et t'aimer comme tu le voulais et, avant même que j'aie eu le temps de répondre à tes premiers messages, tu m'aimais déjà sans réserve.

Alistair, avec qui tu as partagé tant de confidences depuis le début de l'adolescence, a aussi découvert ce blogue où je te parle et où je parle de toi. Je suis persuadé que tu lui en as discrètement indiqué le chemin afin qu'il soit moins seul avec son chagrin. Je suis heureux que le blogue ait pu ainsi créer un lien entre des personnes qui t'aiment et je suis très ému d'apprendre que, si tout va bien, Jane et Alistair se rencontreront bientôt à Londres pour évoquer les beaux moments que tu as permis à chacun de vivre. Je gage que leur première rencontre aura lieu sous la protection du bon vieux
Churchill, juste à l'ombre du Big Ben. Un jour pas trop lointain, j'espère, ce sera mon tour ; je viendrai marcher dans les lieux que tu as tant aimés et rencontrer en personne ceux et celles qui t'aiment plus que tout au monde.


*Il s'agit bien du texte réel tel qu'écrit par Alexander ; j'ai simplement rectifié l'orthographe. Les mots sont les siens, tout comme la syntaxe. Les points de suspension n'indiquent pas des coupures dans le texte (j'aurais plutôt mis des crochets [...], si ça avait été le cas) ; Alexander utilisait beaucoup les points de suspension dans ses messages.

vendredi 20 novembre 2009

Poussière

« Parfois, des maisons et des choses
sont tellement tristes de sentir que,
par manque d'amour et de fierté, on les néglige.
Elles se recouvrent alors de poussière
pour qu'on ne les voit pas pleurer. »
Alexander

mercredi 18 novembre 2009

Ah ! comme la neige a neigé !

Ah ! comme la neige a neigé !
Ma vitre est un jardin de givre.




Alexander avait découvert l'existence d'Émile Nelligan sur le blogue de Béo, un jour où elle affichait ses lectures du moment.

Immédiatement, il avait commandé tout ce qu'il ait pu trouver de la poésie du poète québécois. Depuis son enfance, Alexander dévorait la poésie (ce qui était tout à fait naturel : il était lui-même la poésie). Il avait tout lu en une nuit et il m'avait envoyé plusieurs poèmes, ceux qu'il préférait. N'ayant pas trouvé dans son riche choix de poèmes celui du « Vaisseau d'or », je lui avais demandé s'il avait oublié ou rejeté celui-là. Non, ce poème n'était pas publié dans les recueils qu'il avait commandés. Il a cherché encore et il a commandé aussitôt d'autres poèmes de Nelligan.

Il aimait cette poésie et je peux comprendre aussi qu'il était très fier de découvrir un grand poète qui était plus près de moi puisqu'il avait grandi et vécu à Montréal. J'avais mentionné à Alexander que je passais assez régulièrement devant une maison de la rue Laval où le poète a vécu plusieurs années avec sa famille, et que je lui en enverrais des photos dès que je le pourrais. Dans ses dernières paroles, Alexander avait fait allusion à mes promenades quotidiennes, aux nombreuses photos que je prenais afin de pouvoir les lui envoyer. Puis il a parlé des images de la maison d'Émile Nelligan... C'est en parlant de ces images qu'il a prononcé ses derniers mots avant de fermer les yeux et de sombrer dans le silence : « ... Je demanderai à Alcib ».

C'est aujourd'hui l'anniversaire du décès d'Émile Nelligan, disparu le 18 novembre 1941. Alexander voudrait que je souligne aussi cette date.

Parmi les poèmes qu'il préférait, assez nombreux, Alexander avait choisi celui-ci :

Vieux piano

L'âme ne frémit plus chez ce vieil instrument ;
Son couvercle baissé lui donne un aspect sombre ;
Relégué du salon, il sommeille dans l'ombre
Ce misanthrope aigri de son isolement.

Je me souviens encor des nocturnes sans nombre
Que me jouait ma mère, et je songe, en pleurant,
À ces soirs d'autrefois - passés dans la pénombre,
Quand Liszt se disait triste et Beethoven mourant.

Ô vieux piano d'ébène, image de ma vie,
Comme toi du bonheur ma pauvre âme est ravie,
Il te manque une artiste, il me faut L'Idéal ;

Et pourtant là tu dors, ma seule joie au monde,
Qui donc fera renaître, ô détresse profonde,
De ton clavier funèbre un concert triomphal ?



Ajout (20 novembre 2009) : En commentaire, Lux évoque un souvenir de jeunesse, de sa première jeunesse, en faisant allusion à ce poème de Claude Léveillé mis en musique par l'auteur-compsiteur-interprète Claude Léveillé qui, soit dit en passant, fut l'un des compositeurs d'Édith Piaf. Pour répondre à sa question, voici, sur YouTube, « Soir d'hiver », poème d'Émile Nelligan, interprété par Claude Léveillé sur sa propre musique.

mercredi 11 novembre 2009

Les joyaux de la couronne

Hier, le 10 novembre, l'un des principaux représentants de la Couronne britannique, celui qui occupe la première place dans l'ordre de succession au trône, le prince Charles, prince de Galles et duc de Cornouailles, entre autres, était de passage à Montéal. C'était un événement assez rare car aucun représentant de la monarchie britannique n'était venu à Montréal depuis 1976. Quelques centaines de personnes s'étaient réunies devant l'immeuble où devait arriver le prince Charles en fin d'après-midi afin de manifester contre l'existence de la monarchie au Québec et au Canada. D'autre part, il devait bien y avoir deux ou trois dizaines de personnes venues voir le prince Charles, certains par loyauté, d'autres par curiosité, quelques autres pour prendre des photos à titre de « Royal watchers ». Tout compte fait, il y avait énormément plus de policiers que d'admirateurs et de protestataires réunis.

Puisque le prince Charles devait arriver en fin d'après-midi à la caserne du régiment Black Watch, à deux pas de chez moi, j'avais décidé de m'y rendre, principalement parce qu'Alexander avait beaucoup de respect et d'admiration pour le prince Charles. Je sais qu'Alexander aurait aimé que je puisse lui dire que j'avais pu apercevoir son futur roi. Je raconterai peut-être dans un autre article ma longue attente pour apercevoir le couple royal (je ne sais pas si cela peut intéresser quelqu'un mais j'aurais plusieurs commentaires à faire au sujet de cet événement). Je suis cependant rentré chez moi en soirée, fatigué, ayant froid et faim, sans avoir pu apercevoir les Wales : le prince Charles est arrivé avec près d'une heure de retard et même après son arrivée, ce n'était pas clair s'il était arrivé ou pas. On a fait entrer le cortège par la ruelle et le prince Charles est entré par une porte de service à l'arrière de l'édifice. Rien de royal dans cette arrivée, si ce n'est l'omniprésence de policiers et la circulation automobile bloquée dans tout le quartier durant des heures.

La couronne qui m'occupe en ce moment, c'est ma couronne d'automne. J'ai été cueillir des feuilles il y a quelques semaines déjà mais je n'ai pas eu le temps encore de trouver ce qui manque pour la confectionner.

Le 11 novembre, c'est, selon les pays, le jour de l'Armistice, Memorial Day, Remembrance Day, le jour du Souvenir, pour rappeler la signature de l'Armistice mettant fin à la Première Guerre mondiale. Je pourrais dire que pour moi, désormais, chaque jour est un jour du souvenir, mais tout ce qui concerne Alexander ne relève pas du souvenir ; tout est tellement vivant, tellement présent à chaque instant.

Je me souviens cependant comme si c'était hier que le 11 novembre dernier, Alexander m'envoyait des photos de sa couronne d'automne. Il avait eu du mal à la confectionner car il ne lui était pas facile, l'automne dernier, d'aller au parc cueillir des feuilles comme il avait l'habitude de le faire. Celles qu'il avait rapportées à la maison lors d'une promenade, il les avait étalées sur le tapis du salon pour les faire sécher. Et Alexander, l'adorable bulldog, avait cru que ces feuilles étaient pour lui ; il s'était fait une vraie fête à jouer dans ces feuilles sans avoir à sortir de la maison. Devant la joie de son ami, comment Alexander aurait-il pu lui en vouloir ? C'est le bouledogue qui avait raison : même s'il a un très grand sens esthétique, il lui est plus naturel de prendre des feuilles mortes pour un terrain de jeu.



Mais Alexander était retourné au parc. Au retour d'un rendez-vous, il avait fait arrêter la voiture à l'entrée d'un parc et il avait ramassé les feuilles qu'il lui fallait. Il disait ne pas avoir réussi à faire la couronne qu'il aurait voulu confectionner. Personnellement, je la trouvais très belle, sa couronne. Et pour moi, les véritables joyaux de la couronne, ce sont ceux que contenaient sa couronne d'automne. Sur les feuilles séchées, entre les rubans choisis, Alexander avait inséré divers petits objets qui devaient évoquer son immense désir de venir à Montréal, au Québec. Il y a un ours, un orignal, un sapin, des feuilles d'érable, une petite « cabane au Canada » ; il y a aussi un rouge-gorge qui évoque son amour des oiseaux et qui est un clin d'oeil à Coco, la petite perruche qu'Alexander aimait aussi. J'aime la couronne pour ce qu'elle est et je l'aime davantage en sachant tout l'amour qu'y a mis Alexander.

Je disais l'automne dernier que je voudrais perpétuer cette tradition de couronnes (printemps, automne, Noël, etc.). Je trouve qu'en soi c'est une belle tradition et je considère que l'expression de mon intention de poursuivre la tradition est aussi une promesse à Alexander.

mardi 10 novembre 2009

10 novembre 324 av. J.-C.

Alexander aimait voyager dans le temps et les personnages du temps d'Alexandre le Grand, par exemple, avaient pour lui une réalité aussi actuelle que les pantins politiques actuels que l'on voit trop souvent dans les médias.

Si Alexander avait pu remonter le temps, il aurait très certainement voulu remonter au moins jusqu'à l'an 356 a. J.-C. Il aurait voulu renaître à Pella avec Héphaistion, fils d'Amyntas (on ne semble pas connaître la date exacte de sa naissance, certains le faisant naître exactement le même jour que son ami le plus cher, son compagnon qui fut sans doute pour lui ce que fut Achille pour Patrocle, un ami, un amant, Alexandre, fils de Philippe II, roi de Macédoine, né le 21 juillet).

Il aurait voulu accompagner Alexandre et Héphaistion lorsqu'ils déposèrent, en 334 av. J.-C., près de Troie, une gerbe de fleurs sur les tombes de deux autres amis-amants célèbres, Achille et Patrocle. Il était si fier que les cendres de ces deux amants soient réunies.

Il aurait surtout voulu être là, en 324 av. J.-C., quand Héphaistion fut pris d'une fièvre violente, qui pouvait être la typhoïde ou bien la malaria. Alexander aurait voulu être médecin à cette époque afin de sauver la vie de celui qui fut toujours son héros le plus cher, un modèle incomparable de dévouement et de fidélité. Avec ses connaissances actuelles il aurait certainement pu empêcher que la fièvre emporte Héphaistion, ce 10 novembre 324 av. J.-C. Il serait triste en ce jour anniversaire. Je le suis pour lui, doublement.

J'aurais tellement voulu, et je ne suis pas le seul, qu'Alexander puisse terminer la rédaction du livre qu'il préparait sur cette époque, sur son ami Héphaistion, surtout. Plusieurs fois, nous avons évoqué ensemble ce livre, ses recherches, sa correspondance avec des universitaires renommés afin de valider des renseignements recueillis. Je n'ai pas vu son manuscrit et nous avons aussi manqué de temps pour parler plus sérieusement de ce projet, mais Jane me disait que le manuscrit était déjà très avancé.

Il déplorait aussi que personne ne semble avoir songé à réunir les cendres d'Alexandre le Grand et de son fidèle Héphaistion.


Les cendres d'Héphaistion furent sans doute déposées dans une urne qui pouvait ressembler à celle-ci.

Maintenant qu'il est dans une dimension où le temps n'existe pas, sans début et sans fin, Alexander a très certainement retrouvé ceux qui, parmi les êtres qu'il aimait, l'ont précédé dans cette dimension. Il aura reconnu celle qui chantait à son petit ange de si douces berceuses, son père qui adorait son petit garçon, sa marraine qui l'encourageait à rester lui-même sans laisser ceux qui prétendent l'aimer essayer de le transformer ; il aura retrouvé Freddy, Tony, ... mais aussi quelques écrivains qu'il aimait tant, tout le cercle autour d'Alexandre le Grand, à qui il pourra reprocher d'avoir trop souvent fait pleurer Héphaistion et, avec celui-ci, il pourra se rassurer : il aura été à la hauteur de ses exigences en matière de dévouement, de loyauté, de fidélité, d'amour sans arrière-pensée.

lundi 9 novembre 2009

Un air de cornemuse



Ce lundi soir, en sortant du métro pour rentrer chez moi, j'ai entendu un air de cornemuse. J'ai d'abord pensé qu'on avait deviné mon arrivée et que l'on voulait saluer mon passage dans cette rue. Puis je me suis souvenu que nous étions le 9 novembre : demain, le 10, on accueillera dans ce lieu aux lourdes portes moyenâgeuses, à deux pas de chez moi, les « Wales », le prince Charles, prince de Galles et duc de Rothesay, et sa femme, Camilla Parker-Bowles, duchesse de Cornouailles.

Aurai-je l'occasion d'aller y agiter mon drapeau britannique, acheté récemment ?

Et si le prince de Galles reconnaissait en moi l'amoureux de l'un de ses plus fidèles admirateurs ?
Et s'il m'invitait à prendre le thé ?

Mythomane, moi ? Qu'est-ce qui vous fait dire cela ?

Ich bin ein Berliner*



Il y a vingt ans aujourd'hui, les Allemands de l'Est se libéraient de l'emprise soviétique et jetaient par terre le symbole du besoin des régimes communistes d'enfermer leurs citoyens afin de les protéger contre la liberté.

Combien y a-t-il en ce moment dans le monde d'autres « Murs de Berlin », d'autres murs de la honte ?

*« Je suis un Berlinois », mots tirés d'un célèbre discours de John F. Kennedy, prononcé à Berlin le 26 juin 1963.

samedi 7 novembre 2009

Où est passé Alex ?

L'ange gardien d'Alexander, comme il se doit, s'appelait Alex. Il avait depuis l'enfance développé avec lui une belle complicité. Malgré les coups durs que la vie lui avait fait connaître, Alexander gardait la foi et la confiance en son ange gardien, son ami Alex.


Il y a déjà plus d'un an, cependant, Alexander se demandait où était passé Alex. Il avait le sentiment que celui-ci l'avait abandonné au moment où il aurait eu justement besoin de lui. Je voulais croire et je m'efforçais de l'encourager à croire que son ami Alex, bien que silencieux, ne l'avait sans doute pas abandonné, mais qu'il travaillait fort pour l'aider à surmonter les épreuves nouvelles.


Un jour, il crut reconnaître Alex dans cet ange aperçu sur des images que je lui envoyais du parc Jeanne-Mance, du mont Royal. Très gentiment comme tout ce que faisait Alexander (sauf lorsqu'on était de mauvaise foi et qu'on abusait de son immense bonté), il l'implora alors de rentrer vite à la maison car il avait vraiment besoin de lui. Alex sut-il l'entendre ? On ne le sait pas. S'il revint vers Alexander, il resta très discret car Alexander ne sentit pas son aide.


Quant à cet ange qu'il crut reconnaître dans ce parc de Montréal, il fut très vite évident qu'il ne s'agissait pas d'Alex ; ce serait plutôt Alexandra.

Il y a aujourd'hui quatre mois qu'Alexander est reparti sur son Étoile, dans le voisinage de notre Lune. Il me manque terriblement ! Son absence n'est pas plus facile à accepter aujourd'hui qu'elle l'était il y a un mois, il y a trois ou quatre mois. La seule consolation que je puisse trouver, c'est que mon ange gardien, j'en suis de plus en plus certain, s'appelle désormais Alexander.

mercredi 4 novembre 2009

mardi 3 novembre 2009

Ciel étoilé

En début de soirée, je suis descendu du métro pour rentrer chez moi et, encore une fois, j'ai aperçu la lune, magnifique, dans le ciel. Depuis quelques jours, je la trouve fascinante, hypnotisante.

J'étais fatigué, il n'y avait rien d'intéressant dans le courrier, l'appartement était sans âme, j'avais faim ; je suis donc ressorti pour aller manger une pizza. Je marchais le nez en l'air car je ne pouvais pas quitter des yeux la lune qui était presque au-dessus de ma tête. Le ciel était aussi d'un bleu rarement vu, du moins quand on est au centre-ville. Je pensais à Alexander, pour qui la lune, notre Lune, était à la fois un personnage, une amie, une confidente, presque une divinité, une messagère précieuse. Un peu plus tôt, dans un message qu'il m'adressait, Alistair disait qu'il aime aussi beaucoup la lune (il est un véritable ami d'Alexander), qu'il est toujours très ému lorsqu'il l'aperçoit dans le ciel ; il aime son mystère...

Et contrairement aux derniers mois où il m'est arrivé souvent d'apercevoir une seule étoile, j'ai vu dans ce ciel de velours d'un bleu que je ne saurais pas nommer précisément (et je refuse de donner un nom à ce bleu seulement pour donner un nom s'il ne correspond pas à la couleur précise), de nombreuses étoiles. Il y avait très longtemps que je n'avais vu à Montréal autant d'étoiles. Ce n'est pas leur nombre qui m'a surpris, mais la pureté du ciel et la luminosité des étoiles. Je me suis dit qu'Alexander était vraiment en bonne compagnie et qu'il tenait à le faire savoir à ceux pour qui c'est important.

Ce n'était pas vraiment une pluie d'étoiles. Mais en matière de pluie, notre préférée à Alexander et moi, restera toujours celle-ci :



lundi 2 novembre 2009

Vous souvenez-vous de nous ?

L'image vient d'ici

...
L'enfant dont la mort cruelle
Vient de vider le berceau,
Qui tomba de la mamelle
Au lit glacé du tombeau ;
Tous ceux enfin dont la vie
Un jour ou l'autre ravie,
Emporte une part de nous,
Murmurent sous la poussière :
Vous qui voyez la lumière,
Vous souvenez-vous de nous ?

Ah! vous pleurer est le bonheur suprême,
Mânes chéris de quiconque a des pleurs !
Vous oublier c'est s'oublier soi-même :
N'êtes-vous pas un débris de nos coeurs ?

Alphonse de Lamartine


Après l'Halloween et la Toussaint vient le jour de la commémoration des défunts.

Nous n'avons pas besoin d'une journée particulière pour se souvenir de ceux que nous aimons mais en ce jour précis, il convient de penser à ceux qui nous ont quittés.

Alexander est toujours, à chaque instant, dans mes pensées, dans mon coeur, dans ma chair, dans mon âme. Où que je sois, quoi que je fasse, il m'accompagne ; mieux : il vit en moi.

Pour souligner cette journée particulière, Jane s'est rendue chez Charles, le frère d'Alexander, où une cérémonie aura lieu pour se souvenir d'Alexander, bien sûr, et de toutes les personnes aimées trop tôt disparues.

J'y serai présent de tout mon coeur, de toute mon âme. J'y serai concrètement puisque Jane a eu la très délicate attention de commander en mon nom, en même temps que les roses qu'elle commandait en son nom, un arrangement de roses roses en forme de coeur. Elle y aura ajouté un petit renard, celui qui s'est fait apprivoiser par le Petit Prince.


En rentrant chez moi, en fin de journée, je passerai aussi chez le fleuriste pour y choisir d'autres roses roses, celles qu'aimait Alexander. Elle viendront accompagner, autour des images de celui que j'aime et de quelques objets auxquels il est intimement associé, les bougies que tous les soirs j'allume parce qu'elles représentent le feu, qui symbolise la lumière, la passion, l'esprit, la connaissance, mais aussi la purification, la régénération.

dimanche 1 novembre 2009

Une confusion toute sainte


Samedi après-midi, je parlais au téléphone avec un ami québécois francophile. Il m'a parlé des fêtes actuelles : Halloween, la Toussaint.

Cet ami sait bien ce qu'est Halloween ; il est l'un des amis qui avaient insisté, il y a plusieurs années, pour que je me costume et que je me joigne à eux comme je l'ai mentionné dans l'article précédent.

Mais au sujet de la Toussaint, je constate qu'il perpétue la confusion bien répandue en France entre la fête de tous les saints et la commémoration des fidèles défunts.

Alors que le premier novembre est la fête « au cours de laquelle sont honorés l'ensemble des saints reconnus par l'Église catholique », la commémoration des fidèles défunts est officiellement célébrée le deux novembre.

Toutefois, puisqu'en France la Toussaint est un jour férié et que la commémoration des défunts ne l'est pas, les Français ont pris l'habitude, le premier novembre, en profitant du jour de congé, de se rendre au cimetière pour fleurir la tombe de leurs chers disparus. Cette habitude a pour effet d'escamoter la fête du deux novembre et d'enlever son sens à la Toussaint.

samedi 31 octobre 2009

Halloween


Qui, parmi vous, aura célébré Halloween ?

Enfant, je ne me souviens pas vraiment m'être costumé pour aller de porte en porte demander des bonbons ; j'ai dû le faire au moins une fois ou deux mais je n'en ai pas gardé le souvenir. Adulte, il m'est arrivé une fois de me costumer et d'accompagner des amis qui insistaient pour que je participe à une grande fête. Je dois dire que je m'étais beaucoup amusé. Mon personnage intriguait : les gens voulaient savoir qui se cachait derrière le masque qui ressemblait à celui de Léo Ferré, avec de longs cheveux blancs. J'avais ajouté une pipe. Sous mon costume de ville noir, un peu trop grand, avec chemise blanche et cravate, je faisais un beau vieux philosophe avec un air coquin... C'était... il y a longtemps. Récemment, je parlais à quelqu'un que je croise dans le quartier depuis des années sans savoir exactement qui il est ; nous nous sommes présentés. Quand il m'a donné le nom de la rue qu'il habite, je lui ai mentionné qu'avec des amis, nous étions allés terminer la fête chez quelqu'un qui habitait cette rue. « Ah, vous étiez là ? », m'a-t-il demandé. C'était donc chez lui que la fête s'était terminée. J'aurais été incapable de le reconnaître.

Depuis deux ou trois jours, on croise dans les rues du quartier, le soir et la nuit surtout, beaucoup de jeunes et de moins jeunes costumés, certains avec beaucoup d'imagination et d'habileté. Je crois que la majorité sont des étudiants pour qui toutes les occasions sont bonnes pour faire la fête.

Alexander a toujours aimé Halloween. Enfant déjà, il aimait préparer les décorations, découper dans du papier les fantômes, les sorcières, les chats noirs, creuser les citrouilles pour y mettre les bougies. Pour les enfants, comme pour les grands, la préparation fait déjà partie de la fête. Il a souvent célébré cette fête avec son frère Charles chez Jane, à la campagne.

L'an dernier, il avait très généreusement décoré son appartement, avec les citrouilles et les bougies, évidemment, les innombrables toiles d'araignées, les nombreuses silhouettes noires, etc. Il avait planifié un repas de circonstance et prévu les costumes, y compris pour Alexander bull. Il devait faire la fête avec Abigail, sa voisine et amie. Hélas, il est entré à l'hôpital la veille. Abigail aura beaucoup pleuré ; elle sera tout de même allée allumer toutes les bougies de l'appartement et de la terrasse. Cette année, pour ne pas sentir trop douloureusement la solitude, l'absence de son merveilleux petit voisin, Abigail est partie chez ses enfants ; elle fêtera Halloween avec eux et ses petits enfants.

Même si le coeur n'y est pas, Jane aura organisé chez elle une fête pour les enfants du village. Plusieurs d'entre eux sont venus quelques jours plus tôt pour aider à décorer la salle. Même Alexander bull aura son costume. Jane lui a fait confectionner une jolie cape noire doublée de rouge, qu'il portera avec des cornes rouges. Ce chien a vraiment le sens de la fête.

Quelqu'un venu pour voir les chevaux a été séduit par Alexander bull et a proposé de l'acheter. En l'absence de Jane, un palefrenier lui a répondu que ce chien n'était pas à vendre ; il a insisté en disant qu'il était prêt à offrir un bon prix. Le palefrenier lui a répété que ce chien ne serait jamais à vendre. Heureusement pour lui, sans doute, le « client » n'a pas eu l'occasion de faire directement à Jane cette proposition car je ne sais pas quelle réponse il aurait reçu. Vouloir acheter Alexander bull, c'est comme si quelqu'un venait chez vous et voulait acheter votre fils préféré. J'ai moi-même été très choqué d'apprendre cette histoire. Heureusement qu'Alexander bull n'a pas entendu cette proposition malhonnête car il aurait été malade... ou très en colère.

Quand il est allé chercher Alexander bull chez son éleveur, Alexander avait créé un blogue pour parler de son ami, pour raconter son évolution. Entre eux, c'était une profonde amitié, mais une amitié passionnée. Un jour, Alexander a découvert que l'on utilisait ses photos sur d'autres sites, sans indiquer la provenance des images. Il a décidé de fermer le blogue quand il a vu que non seulement on utilisait ses photos mais qu'en plus son ami Alexander bull était présenté comme une fille. « Je n'ai pas raconté cette histoire à Alexander bull, disait-il, car vraiment il aurait été malade. »

Quant à moi, je ne me suis pas costumé. J'ai plutôt accepté l'invitation d'un ami, Marcel Pomerlo, qui a signé la mise en scène d'un spectacle écrit et interprété par Catherine Dajczman, « PASSAGES », à l'Espace Go. C'est une production du Théâtre NU.

Voici ce qu'écrit dans le programme Marcel Pomerlo, comédien, auteur, au sujet du récit qu'il a mis en scène :
« Où vas-tu avec ton chagrin, ton passé, tes espoirs, ta violence et tes secrets ?
Où allons-nous ? Qui sommes-nous véritablement ? Que cherchons-nous ?
Et à quoi rêve-t-on ?
PASSAGES de Catherine Dajczman raconte une histoire.
PASSAGES pose toutes ces questions.
Avec ludisme, humour, souffle, folie, gravité, lucidité, audace, fébrilité et sensibilité... PASSAGES nous remet en question. »


Je suis en effet sorti de ce spectacle avec des questions, de bonnes questions, pas forcément des réponses. Dans son ensemble, ce récit de Catherine Dajczman, à caractère autobiographique, m'a rappelé un très beau spectacle écrit et interprété par Marcel Pomerlo, L'Inoublié.

La Lune était magnifique ! Très impressionnante dans le ciel de nuit, elle devait souvent percer de gros nuages. Même derrière les nuages, sa présence était bien sensible. C'est une véritable nuit d'automne et l'on ne serait pas surpris de voir sortir les loups-garous. Alexander serait heureux. J'espère qu'il l'est.

dimanche 25 octobre 2009

Ce kilt arrive


Si je vous disais que j'ai pris moi-même cette photo à Montréal, vous ne me croiriez probablement pas et vous auriez raison. Elle pourrait toutefois avoir été prise à Montréal aussi car si on ne rencontre pas très souvent des hommes, jeunes ou plus âgés, portant le kilt, il y e n a tout de même qui le portent. Il y a eu à Montréal une très grande population d'origine écossaise, et j'imagine qu'à certaines occasions, il doit y en avoir qui voudront porter le costume traditionnel. Il y a près de chez moi une caserne militaire et j'entends souvent, l'été quand les fenêtres sont ouvertes, qu'on y joue de la cornemuse ; il m'arrive, lorsque je passe par là, de croiser des jeunes hommes appartenant au Black Watch, Royal Highland Regiment of Canada et qui portent le kilt.

Alexander aimait la cornemuse et le kilt. Il n'avait pas chez lui l'instrument à vent, mais il possédait quelques kilts qu'il aimait porter quand l'occasion se présentait. Il m'a parlé notamment d'un grand mariage qui a eu lieu à Londres, auquel il était invité et où la plupart des hommes, je crois, portaient le kilt.

Puisque j'aime la cornemuse, il se demandait si j'aimerais le voir porter le kilt. Bien sûr, je lui avais répondu que j'en serais ravi. Il m'avait promis qu'il allait inscrire le kilt sur sa liste de vêtements à mettre dans ses valises lorsqu'il viendrait à Montréal. Cette liste évoluait sans cesse, mais elle existait depuis très longtemps ; pour lui comme pour moi, elle symbolisait son très grand désir de venir à Montréal dès qu'il le pourrait. J'avais très hâte d'aller l'accueillir à l'aéroport.

* * *

Ces derniers jours, j'ai cherché à Montréal de petits objets à l'image de Londres, de l'Angleterre, comme les objets souvenirs que l'on rapporte de voyage (porte-clés ou autres) ; je voulais les utiliser dans un projet que je veux réaliser. J'ai pu trouver un drapeau britannique d'assez bonnes dimensions, mais je veux encore d'autre petits trucs, que ce soit des autocollants, ou de petits objets en métal, en plastique, peu importe... Si quelqu'un connaît des boutiques où l'on peut trouver, à Montréal, des objets du genre, je vous remercie de m'indiquer leur adresse.

Surprise ce soir : en ouvrant la télévision, j'ai entendu l'animateur annoncer que dans les prochaines minutes il recevrait le groupe de musiciens de Berlin, Tokio Hotel. Évidemment, j'étais très curieux de les voir en entrevue, faire la promotion de leur plus récent disque. Alexander aimait beaucoup ce groupe, sa grand-mère également car elle possède tous leurs dvd qu'elle écoute réellement. Souvent nous avons écouté ensemble, Alexander et moi, leur musique sur YouTube (chez lui, il écoutait ses disques ou ses dvd, et ses mp3 la nuit ou à l'extérieur, mais avec YouTube, nous pouvions écouter le même morceau au même moment).

mercredi 21 octobre 2009

Cruauté envers animal


J'ai lu il y a quelques jours une nouvelle très triste qui aurait fait très mal à Alexander. Je sais qu'il y a régulièrement, partout dans le monde, des drames qui causent la mort de dizaines, de centaines de personnes, mais il y a tout de même quelque chose de révoltant là apprendre la mort inutile d'un animal, lorsqu'elle est causée par un être humain. Les animaux ne font pas de mal aux humains, du moins pas inutilement. C'est vrai que les victimes d'actes terroristes n'ont pas forcément fait de mal non plus, mais je suppose que les terroristes se disent : « Si ce n'est pas lui (qui a fait le mal), c'est son frère ». Ce n'est évidemment pas plus acceptable. Mais les humains sont ainsi : ils aiment s'entretuer et ils sont « libres » de le faire. Mais les animaux ne jouent pas selon les mêmes règles et ont doit les protéger contre la bêtise et la cruauté des humains.

La nouvelle qui a retenu mon attention c'est que cinq adolescents ont poursuivi en voiture, sur une distance de sept kilomètres, un orignal (élan d'Amérique), sur un chemin dans une forêt. L'orignal est mort d'épuisement au bout de la poursuite.

L'orignal n'a pas de vision latérale, ce qui explique que l'orignal ait poursuivi sa course droit devant lui, sur le chemin emprunté par la voiture des adolescents, au lieu de quitter le chemin pour se réfugier dans la forêt. De plus, l'animal est très vulnérable à la poursuite car il n'est pas fait pour la course.

Deux des cinq jeunes occupants ont été inculpés : « le conducteur et le passager avant. Le premier pour la conduite du véhicule lors de l’infraction, le second pour complicité et incitation. »

S'ils sont reconnus coupables, ils pourraient écoper d’un minimum de 5000 $ d’amende et d’une suspension de leur permis de chasse pendant deux ans. Alexander dirait que ce n'est pas encore assez et que les permis de chasse ne devraient exister pour personne de toute façon.

L'acte de cruauté perpétré par les adolescents ne relève pas du code criminel mais une loi québécoise interdit de poursuivre un animal avec un véhicule.

On ne dévoile pas l'âge des adolescents mais si on ne les accuse pas d'avoir conduit un véhicule sans permis, c'est qu'ils sont âgés d'au moins seize ans. C'est un âge où, si l'on ignore encore la loi, on devrait au moins faire preuve d'un peu de jugement.

vendredi 16 octobre 2009

Mais lui...

Moi, je sais ce que je sens, ce que je vis, ce que je pense, mais lui, que sait-il, que voit-il, comment perçoit-il ce que je vis, ce que ressentent ceux qui l'aiment ?

Dans un message qu'il m'écrit ce matin (jeudi), Alistair, un ami d'Alexander qu'il a connu à l'école il y a déjà treize ans, m'écrit avoir lu récemment que si le corps s'éteint, l'esprit est éternel, qu'il poursuit son existence sans le poids de son écorce terrestre. Puisque personne n'est jamais venu nous dire que c'est ce qui se passe vraiment, il s'agit là d'une croyance et celle-là vaut bien toutes les autres. Il est doux de croire qu'il en est ainsi, ajoute Alistair. C'est aussi ce que je crois.

mercredi 7 octobre 2009

L'Aiglon et moi

Dès les premières années de son enfance, Alexander était amoureux du duc de Reichstadt ou, plus précisément, de « Napoléon François Charles Joseph Bonaparte, prince impérial de France et prince de Parme, titré roi de Rome puis Napoléon II et duc de Reichstadt », dit l'Aiglon (titre posthume). Cela n'avait rien de politique : Alexander trouvait beau ce jeune homme, mort à 21 ans. Je dois dire que je le trouvais beau aussi. Je ne retrouve plus le portrait que je connaissais de lui qui m'avait séduit, que j'avais dû trouver dans un dictionnaire ou une encyclopédie car les livres étaient très rares chez moi, contrairement à Alexander qui avait accès à la bibliothèque paternelle et qui avait du maître des lieux la permission de lire tout ce qu'il était capable de lire. Je ne retrouve plus ce portrait, mais je me souviens que, très jeune aussi, je m'étais intéressé à ce fils de Napoléon, non pas à cause de son père ou de son histoire mais à cause de la beauté du jeune homme. Je suis toutefois conscient que s'il avait été fils du boulanger ou du cordonnier, je n'aurais jamais vu son portrait et j'ignorerais même son existence.


Je ne sais pas exactement l'âge que devait avoir Alexander, je dirais entre quatre et six ans, lorsqu'il a annoncé à son frère Charles que lorsqu'il serait grand, il se marierait avec l'Aiglon. Charles n'oubliait pas son rôle de frère aîné qui devait contribuer à l'éducation du petit Alexander : « Tu ne peux pas te marier avec l'Aiglon ; c'est un garçon ! » « Et alors ? », demanda Alexander. Très tôt, Alexander savait ce qu'il aimait et ce qu'il voulait.


« Mon coeur, je ne l'ai pas donné souvent, mais quand je le donne, c'est pour toujours », m'écrivait Alexander au printemps 2008. Pas un instant je n'ai douté qu'Alexander était parfaitement sincère et j'étais persuadé déjà qu'il ne revenait jamais sur ses engagements. Une promesse, un engagement, c'était sacré. Les amoureux élus par Alexander n'ont pas été très nombreux. L'Aiglon a été le premier et j'aurai été le dernier. Avant moi, il y a eu Héphaistion, à qui il aura été fidèle jusqu'au dernier instant, comme Héphaistion le fut envers Alexandre, de l'enfance jusqu'aux dernières conquêtes de l'empereur. Il aura aimé d'autres personnes et ces personnes, je les aime aussi, mais jamais, j'en suis persuadé, il n'aura aimé quelqu'un comme il m'a aimé. Et jamais je n'aurai aimé quelqu'un comme je l'ai aimé, comme je l'aime, comme je l'aimerai toujours.


Il y a quelques mois, nous avions longuement parlé de son amour pour l'Aiglon. Il ne s'agissait pas d'un amour comme celui qu'il a toujours eu pour le Petit Prince, mais jamais il n'avait oublié ce premier amour, qui avait sa place d'honneur chez lui comme dans son coeur. Il devait m'envoyer des photos du portrait qu'il possédait chez lui mais un incident l'avait empêché de le faire au moment où il devait le faire ; il en était très malheureux car il n'était pas en mesure de respecter ce qu'il considérait comme une promesse. Il y a un certain nombre de choses qu'il n'a pas eu le temps de m'envoyer ; le seul fait qu'il y ait pensé est pour moi un grand bonheur. Ils ne sont pas très nombreux les portraits de l'Aiglon ; j'imagine qu'Alexander avait chez lui l'un de ceux que l'on peut trouver dans des musées ou dans des livres. Alexander connaissait pratiquement par coeur cette pièce d'Edmond Rostand, qu'il avait vue au théâtre plus d'une fois, notamment à Paris où sa grand-mère, sachant toujours comment lui faire plaisir, l'avait accompagné il y a quelques années. Il aimait particulièrement le poème que l'on retrouve à la fin de l'Aiglon, qu'il récitait par coeur, en mettant l'accent sur les dernières lignes, celles-là mêmes que citait Jane le 7 juillet dernier :

Dans la Crypte des Capucins, à Vienne.

_ Et maintenant il faut que Ton Altesse dorme,
-- Âme pour qui la Mort est une guérison, --
Dorme, au fond du caveau, dans la double prison
De son cercueil de bronze et de cet uniforme.

Qu'un vain paperassier cherche, gratte, et s'informe;
Même quand il a tort, le poète a raison.
Mes vers peuvent périr, mais, sur son horizon,
Wagram verra toujours monter ta blanche forme!

Dors. Ce n'est pas toujours la Légende qui ment.
Un rêve est moins trompeur, parfois, qu'un document.
Dors; tu fus ce Jeune homme et ce Fils, quoi qu'on dise.

Les cercueils sont nombreux, les caveaux sont étroits,
Et cette cave a l'air d'un débarras de rois...
Dors dans le coin, à droite, où la lumière est grise.

Dors dans cet endroit pauvre où les archiducs blonds
Sont vêtus d'un airain que le Temps vert-de-grise.
On dirait qu'un départ dont l'instant s'éternise
Encombre les couloirs de bagages oblongs.

Des touristes anglais traînent là leurs talons,
Puis ils vont voir, plus loin, ton coeur, dans une église.
Dors, tu fus ce Jeune homme et ce Fils, quoi qu'on dise.
Dors, tu fus ce martyr; du moins, nous le voulons.

... Un capucin pressé d'expédier son monde
Frappe avec une clef sur ton cercueil qui gronde,
Dit un nom, une date -- et passe, en abrégeant...

Dors! mais rêve en dormant que l'on t'a fait revivre,
Et que, laissant ton corps dans son cercueil de cuivre,
J'ai pu voler ton coeur dans son urne d'argent.



Dans quelques heures, il y aura trois mois, Alexander, que tu es reparti « sur la Lune » comme tu le disais si tendrement (je sais bien que derrière cette poésie, il y avait une angoisse car tant de personnes aimées ont fait le voyage avant toi). « Si un jour je devais partir sur la Lune, disais-tu, tu n'auras qu'à regarder le ciel, la nuit, et tu me verras en train de t'envoyer des baisers... » Je te répondais toujours que je préférais recevoir et te donner des baisers sur la Terre... Quand je serai parti à mon tour, je ne sais pas s'il restera quelqu'un pour comprendre ce que nous avons vécu, ce que, malgré ton départ, nous continuons de vivre. Si, dans quelques années, quelqu'un tombe sur ces pages, je ne sais pas ce qu'il en pensera... Comme tu me le disais souvent toi-même, « il n'y a que toi à qui je puisse dire certaines choses, que toi qui puisses me comprendre » (je sais bien, et tu le savais aussi, que d'autres personnes, des anges dans ta vie, pouvaient aussi te comprendre mais, dans certains cas, tu ne voulais pas leur faire de peine en leur racontant les tiennes). Je sais bien qu'en regardant vivre l'enfant que, grâce à toi, j'ai retrouvé en moi, « les grandes personnes » me trouveront parfois bien bizarre ; je m'en fiche : je sais maintenant où se trouve l'essentiel... Chaque nuit je regarde le ciel ; j'y cherche la Lune, « notre » Lune, et ses étoiles. Je ne les vois pas toujours, mais je sais que tu es là. Je t'aime et je t'aimerai toujours.

mardi 22 septembre 2009

J'étais si près de toi, Alexander

Dans mon chagrin rien n'est en mouvement
J'attends personne ne viendra
Ni de jour ni de nuit
Ni jamais plus de ce qui fut moi-même
Mes yeux se sont séparés de tes yeux
Ils perdent leur confiance ils perdent leur lumière
Ma bouche s'est séparée de ta bouche
Ma bouche s'est séparée de ton plaisir
Et du sens de l'amour et du sens de la vie
Mes mains se sont séparées de tes mains
Mes mains laissent tout échapper
Mes pieds se sont séparés de tes pieds
Ils n'avanceront plus il n'y a plus de routes
Ils ne connaîtront plus mon poids ni le repos

Il m'est donné de voir ma vie finir
Avec la tienne
Ma vie en ton pouvoir
Que j'ai crue infinie

Et l'avenir mon seul espoir c'est mon tombeau
Pareil au tien cerné d'un monde indifférent

J'étais si près de toi que j'ai froid près des autres.


Paul Éluard, Oeuvres complètes, vol. II, « Bibliothèque de la Pléiade », 1968.

lundi 7 septembre 2009

Qu'allons-nous devenir ?


Dans l'un de ses plus récents messages, Jane me rappelle que lorsqu'elle m'a téléphoné, le 7 juillet dernier, pour m'annoncer que notre adorable Petit Prince venait de s'éteindre en douceur, je lui ai aussitôt répondu : « Mais, Jane, qu'allons-nous devenir ? » Je me souviens très bien avoir prononcé ces mots et je me souviens très bien que Jane m'a répondu, aussi angoissée que moi, qu'elle ne le savait pas. Deux mois plus tard exactement, je ne le sais pas encore, nous ne le savons toujours pas.

Je sais bien que les « grandes personnes », avec leur chirurgicale rationalité, diraient qu'« il faut prendre sur soi et passer à autre chose ». C'est facile à dire pour les grandes personnes à dominante rationnelle ; je sais être rationnel lorsqu'il le faut, mais je ne suis pas certain de vouloir ressembler à ces grandes personnes pour qui tout semble toujours tellement simple du moment qu'on y a pensé froidement. On ne peut pas avoir aimé Alexander et en avoir été aimé sans un important engagement émotionnel, à forte dominante fusionnelle. Dès lors, on ne tourne pas facilement la page pour passer à autre chose. Je n'ai pas encore le goût de la banalité. Je ne sais toujours pas que faire de mon chagrin.

samedi 5 septembre 2009

Il me manque aussi



En relisant les premiers messages que m'envoyait Alexander, en avril 2008, je tombe sur cette image qui n'est pas exactement celle de son ami Alexander mais qui est celle, trouvée sur Internet, qui lui ressemblait le plus. Je sais que pour Alexander son choix était clair depuis le moment où il a souhaité avoir un chien ; il a lu tout ce qu'il pouvait trouver sur les chiens afin de s'assurer qu'il faisait vraiment le bon choix, mais il était si naturel que son chien soit l'un des plus célèbres emblèmes de son pays qu'il aimait tant.

En faisant abstraction de toute considération intellectuelle, comment ne pas fondre devant ce regard tendre ? J'ai fondu aussi et, depuis, je cherche à approcher tous les bouledogues anglais que je rencontre. Il n'y en a pas tellement à Montréal, mais je suis reconnaissant aux amis de ceux que je rencontre de me laisser les approcher. Même adultes, ils conservent ce regard plein de tendresse. La peau de leur tête, lâche et finement ridée, est si agréable à toucher ; le contraste de la peau du visage est si grand avec la force athlétique de sa musculation, sous une robe d'une texture lisse, fine, soyeuse.


Tous ceux que j'ai rencontrés m'ont semblé prêts à m'accepter comme ami. Ils comprennent que je les aime même s'ils sentent que celui que j'aime vraiment est loin de moi, chez Jane, une très bonne amie, heureusement, car je peux avoir de ses nouvelles très souvent. Je me demande comment Abigail, qui le voyait tous les jours, qui s'en occupait très souvent, peut supporter son éloignement. Il est vrai que nous ne supportons pas davantage l'absence de son meilleur ami.

Les mots d'Alexander qui me parlait de lui me manquent tellement aussi !


vendredi 4 septembre 2009

Pour saluer Éric C.

Cette photo d'Éric vient d'ici

Pour un certain nombre de personnes, l'été, si recherché par la plupart des gens, du moins par la plupart des Européens et des Nord-américains, est difficile à vivre. Il l'a souvent été pour moi ; il l'était pour Alexander et pour quelques amis (c'est peut-être quelque chose qui nous réunit : la hantise des grandes chaleurs, de la canicule, mais aussi le temps des grandes dispersions, chacun partant de son côté, du moins ceux qui peuvent se le permettre, alors que les autres restent sur place et se débrouillent avec ce qui reste en ville). Je sais que pour certaines personnes, c'est la saison de la grande solitude... Je ne suis jamais fâché de voir arriver le mois de septembre : on dirait qu'avec un peu de fraîcheur, les gens retrouvent leurs neurones et la vie reprend.

Je m'inquiétais de ne plus avoir, depuis quelques semaines, de nouvelles d'un ami parisien. Notre dernière conversation sur MSN remontait au trois août dernier. Il ne m'avait pourtant pas parlé de vacances en août et je savais qu'il devait aller en Bretagne vers la fin du mois de septembre et il me semblait anticiper avec joie ce séjour chez des amis.

J'ai connu Éric par le biais d'Internet, en même temps que plusieurs autres personnes, à l'été 2000, il y a donc plus de neuf ans. Nous ne nous sommes jamais rencontrés en personne mais nous avons eu quelques conversations téléphoniques et de nombreuses communications sur MSN, surtout depuis janvier 2008. Même si nous étions parfois quelques mois sans communiquer l'un avec l'autre, j'ai toujours eu l'impression qu'Éric faisait partie de ma famille, la famille choisie.

Depuis le printemps dernier, Éric était très heureux de ce nous vivions, Alexander et moi. Il était le seul, depuis l'automne jusqu'en juillet, à me demander tous les jours des nouvelles de « mon Petit Prince ». Certains jours, attendant des nouvelles de Londres ou alors que je venais d'en recevoir, je dois dire que j'étais très heureux de pouvoir parler d'Alexander avec Éric, de pouvoir lui parler surtout de mes inquiétudes parfois. Puisqu'Éric travaillait dans le domaine médical, je me méfiais toutefois de certains commentaires qu'il pouvait me faire ; il y a des choses que je ne voulais pas entendre. Toutefois, il m'a souvent donné de bons conseils et, lorsque je les ai mis en pratique, je m'en suis porté mieux. J'aurais souhaité qu'il se décide à mettre en application certains conseils que je lui ai donnés ; il me disait que je devais avoir raison puisque les professionnels qu'il consultait lui disaient la même chose.

Depuis deux ou trois ans, nous plaisantions, avec un autre Éric, d'Aix-en-Provence ; nous parlions d'ouvrir à trois une auberge, en Provence, justement, pour profiter des talents culinaires de notre ami provençal. Ce n'était qu'un jeu, mais nous nous sommes bien amusés, sur MSN, à parler de ce projet.

Éric était un grand amateur de films ; je crois qu'il n'y en a pas beaucoup qu'il n'ait pas vus, soit au cinéma, soit dans son salon en dvd. Il y a quelques années, il a joué son propre rôle dans un film de Patrice Chéreau, d'après un roman de Philippe Besson ; il m'avait envoyé un exemplaire du film en dvd. Éric aimait la photo ; je me souviens notamment de très belles photos rapportées d'Écosse, puis de Norvège (dont la photo ci-dessus).

Je m'inquiétais donc de ne plus le voir sur MSN depuis quelques semaines ; je me disais qu'il me boudait peut-être parce que depuis qu'Alexander n'y vient plus pour m'envoyer les baisers du petit lapin, j'avais moins envie de me connecter sur MSN. Je me proposais de lui écrire ce matin pour lui demander de ses nouvelles. Avant même que j'aie eu le temps de le faire, alors que j'allais prendre mon petit déjeuner, j'ai reçu un courriel qui m'a inquiété avant même qu'il soit ouvert ; l'objet du message disait simplement : « Éric ». Le message venait de Denis, le voisin et ex-compagnon d'Éric ; il disait simplement qu'Éric était décédé au début du mois d'août.

Je ne connais pas la cause de son décès mais, quelle qu'elle soit, elle est liée dans mon esprit au grand vide causé par le temps des grandes vacances, à la grande solitude des villes désertées et des neurones au repos.

J'espère, cher Éric, que tu es en paix, que tu as trouvé la sérénité de ce grand lac de Norvège et que tu es bien entouré, dans l'amour et la lumière.