jeudi 30 juillet 2009

... qu'il reviendra.

Dans mes dernières années d'adolescence et les premières années de ma vie de jeune homme, la chanson était pour moi un moyen d'expression. J'ai même voulu et tenté d'en faire une carrière... Il m'arrivait, j'en ai parlé déjà, d'exprimer en chantant ce que je voulais exprimer ; c'était un jeu et l'on comprendra qu'il aurait été difficile d'avoir ainsi une conversation sérieuse ou profonde avec qui ce soit. Puis, durant de nombreuses années, j'ai cessé d'écouter de la chanson pour n'écouter que de la musique classique. J'avais cessé de vouloir chanter et j'ai commencé à m'exprimer davantage par écrit ; alors que la chanson me dérangeait au moment d'écrire, la musique classique permettait la plupart du temps de me concentrer sans trop ressentir le poids du silence et de la solitude. Mais, ces dernière annnées, avec l'arrivée d'Internet, les amis ont voulu me faire écouter ce qu'ils aimaient et je me suis remis à écouter de la chanson, de toutes sortes, de tous les rythmes, dans toutes les langues... Mon lecteur mp3 (sur mon ordinateur) contient souvent, même si ce ne sont pas toujours les mêmes, des milliers de chansons ; en les faisant jouer de façon aléatoire, je ne sais jamais ce que je vais entendre. Hier soir, en entendant cette chanson pourtant entendue déjà des centaines de fois auparavant, que ce soit à la radio ou dans des endroits publics, il m'a semblé pour la première fois en comprendre les paroles. Je l'ai écouté en boucle depuis hier soir, et j'ai continué ce matin après avoir dormi quelques heures par terre, toutes les lampes allumées...

J'ai repensé à quel point ma vie avait été sans beaucoup d'intérêt, surtout dans les deux années précédant l'arrivée de ce garçon merveilleux qui m'invitait à prendre le thé sur sa terrasse et à découvrir avec lui... tant et tant de choses ! Je n'ai pas réfléchi : j'ai accepté l'invitation, le thé, et tout ce qui venait de lui, tout ce que nous pouvions partager, à commencer par l'amour des mots, des livres et des univers qu'ils contiennent... Les jours, les semaines, les mois ont passé et, comme me le disait quelqu'un encore récemment, le rythme et l'intensité de nos communications font que ces quinze mois vécus ensemble sont l'équivalent de plusieurs années pour d'autres. Un jour, j'aurai peut-être le courage, que je n'ai vraiment pas en ce moment, de relire ces milliers de pages de correspondance et de conversations.

Perry Como ne fait pas partie des chanteurs qui me font courir, ni dans un sens ni dans l'autre, ni pour le fuir ni pour aller l'entendre, et il ne fait pas partie des chanteurs préférés d'Alexander (bien qu'il aime la musique plus rythmée, plus bruyante parfois, on pourrait s'étonner de certains de ses choix) ; depuis hier, j'écoute cette chanson qu'avait déjà enregistrée Elvis Presley avant d'être reprise par bien d'autres interprètes : « And I love you so ».

Je ne sais pas comment j'ai pu vivre sans toi, dit la chanson, avant que tu ne prennes ma main. Je me suis posé la question durant plus d'une année. Depuis plus de trois semaines, la question que je me pose est beaucoup plus cruelle et la réponse me fait beaucoup plus peur : comment pourrai-je vivre sans toi ?

Ces trois dernières semaines, il m'est arrivé plusieurs fois d'écrire ces mots : « Jamais plus » et quelques autres mots aussi terribles. Mais on dirait que, pour la première fois hier soir, j'ai compris ce que ces mots voulaient dire, concrètement, dans ma vie à moi. Et cette perception du néant est vertigineuse !


« And I Love You So »
Paroles et musique : Don McLean

And I love you so,
The people ask me how,
How I've lived till now
I tell them I don't know

I guess they understand
How lonely life has been
But life began again
The day you took my hand

And yes I know how lonely life can be
The shadows follow me
And night won't set me free
But I don't let the evening get me down
Now that you're around me

And you love me too
Your thoughts are just for me
You set my spirit free
I'm happy that you do

The book of life is brief
And once the page is read
All but love is dead
This is my believe

And yes I know how loveless life can be
The shadows follow me
And the night won't set me free
But I don't let the evening get me down
Now that you're around me

2 commentaires:

Chroniqueur a dit…

Alcib, j'ai lu tous tes billets, depuis celui du 22 juillet jusqu'au plus récent, du 30.

Que te dire ? Je me sens proche de toi; j'envie l'élégance de ton style; et je m'étonne que tu te dises pudique, alors que ton écriture est celle d'un écrivain qui se livre tout entier. En es-tu conscient ?

Je t'ai déjà dit que je souffrais de ce que tu dois souffrir. J'ai sincèrement de la peine pour toi. Je ne peux hélas pas la partager avec toi, mais laisse-toi la vivre pleinement, aussi pleinement que tu as vécu ta relation amoureuse. Et ne détruis rien, absolument rien, de ce qui te rappelle Alexander vivant. Vos conversations écrites sont à cet égard un bien particulièrement précieux.

Je m'étonne que tes «vrais» amis soient si absents en ce moment. Savent-ils au moins ce que tu vis ? Comprennent-ils le besoin que tu as d'eux ? Leur as-tu dit ta souffrance ?

Cher Alcib, accepte, s'il-te-plait, l'expression de ma solidarité.

Alcib a dit…

RPL : Je te remercie, non des compliments car je ne crois pas vraiment les mériter, mais de ta présence attentive et affectueuse. Ce qui me touche le plus, c'est l'authenticité et l'empathie que je trouve en toi.

Oh non, ne t'inquiète pas : non seulement je ne détruirai rien de ce qui rappelle Alexander, mais je construirai encore avec Alexander, avec son amour, avec l'amour partagé.

Certains de mes « vrais » amis, ceux qui trouvent important de répéter deux ou trois fois par année que je suis leur meilleur ami, ne savent pas ce que je vis en ce moment parce que mes dernières tentatives pour communiquer avec eux par téléphone et par écrit, n'ont rien donné. Cela fait déjà plus de quatre mois et, depuis, aucun de ceux-là n'ont jugé utile de vérifier si je suis encore vivant. Et s'ils me le demandaient maintenant, je ne suis pas sûr que j'aurais envie de leur répondre ; en fait, je suis plutôt sûr du contraire.

Merci encore RPL. Compte tenu de ce que tu as vécu toi-même, je sais que ton empathie et ta solidarité ne sont pas des mots vains.