dimanche 16 août 2009

La vie continue, vraiment ?

Ivan Kramskoy, Chagrin inconsolable, 1884.

Lorsque j'étais encore enfant, déjà, des personnes très proches sont disparues, un frère et une soeur, notamment. Ces dernières années encore, quelques amis sont décédés, ainsi que d'autres membres de ma famille, dont mes parents. Et pourtant, jamais je n'ai été anéanti comme je le suis maintenant par le départ d'Alexander.

Ce que je savais, c'est que le degré d'attachement à la personne qui disparaît détermine en grande partie la profondeur, l'intensité et la durée du bouleversement et de la douleur. J'en conclus que je n'aurai jamais vécu auparavant avec autant d'intensité ce qui me lie à Alexander.

Au chagrin s'ajoute maintenant l'anxiété. Je ne sais pas où j'en suis dans le processus du deuil, selon les cinq étapes (choc ou déni, colère, marchandage, dépression, acceptation) identifiées par Elisabeth Kübler-Ross, mais ce que je sais, c'est que, par moments, c'est invivable !

Si l'on veut vivre seul ce long processus, ce cheminement pénible qui consiste à essayer de survivre à un tel déchirement, le mois d'août favorise grandement cette solitude en limitant les tentations de se laisser distraire puisque tout le monde est absent (ou écrasé par la canicule). Le désert a plusieurs dimensions.

Je demande pardon à mes quelques lecteurs, fidèles et autres, de revenir constamment avec ce sujet ; c'est ma réalité actuelle.

16 commentaires:

Dr. CaSo a dit…

Pas de pardon à demander, on est là et on aimerait juste savoir comment t'aider... et on souffrirait pareillement si on était dans la même situation que toi!

Grosses bises de nous trois.

Alcib a dit…

Dr CaSo : C'est déjà un certain réconfort de vous savoir là, toi et quelques autres fidèles. Je vous remercie.
Si seulement je savais ce que l'on peut faire pour moi !
Je peux toujours essayer de faire une petite liste, courte mais lourde de sens ;o)
Grosses bises à vous trois.

Beo a dit…

Ici, c'est ton espace: tu publies ce que tu as envie de publier.

En se fiant à la liste des étapes de deuil et sans aller jusqu'à la dépression... ton utilisation du terme invivable est bien lourde de sens... étape tout à fait normale, hélas!

Alcib a dit…

Béo : Tu as raison : les étiquettes importent peu ; il me suffit de savoir et de dire que c'est invivable.

Je suis peut-être encore dans le déni puisqu'il y a un mot que je refuse de prononcer ou de décrire. Quant au « marchandage », il serait intéressant de voir ce que cela signifie : pourrais-je offrir dix ans de ma vie contre cinq ans de plus avec lui ? Ça me semblerait un bon compromis (pour moi).

WILLY a dit…

Je vous embrasse moi aussi ALCIB.... Je n'ai pas encore les mots, d'où (doux) mon silence. Et ceux qui me viennent sont encore trop tôt... Willy

V à l'Ouest a dit…

Avoir conscience de notre impuissance face à la mort et face à la peine des autres, c'est ça qui me déroute, moi.
Ecris, écris et écris encore, Alcib. Mine de rien, ça libère un peu.

Abigail a dit…

Monsieur Willy, je trouve vos points de suspension tres deplaces. Vos baisers, votre tendresse, vos mots "d'ou" ( quel humour! francais n'est il pas??)et vos sous entendu sur ceux a venir, vous devriez avoir le tact de les garder pour vous. Je pense qu'ils seront toujours trop tot.
Personne n'a donc le courage de vous le dire?
Vous n'avez aucun respect pour Lord Alexander. Ni pour les sentiments de Alcib. Lord Alexander se mefiait de vous, et il avait bien raison.

Alcib a dit…

Béo : Correction. Ici, je voulais écrire : « Je suis peut-être encore dans le déni puisqu'il y a un mot que je refuse de prononcer ou d'ÉCRIRE... »
Je n'essaierai certainement pas de « décrire » ce que je ne veux pas écrire.

Alcib a dit…

Willy : Comme le dit Abigail, Alexander se méfiait des mots doux que je peux recevoir lorsqu'il ne pouvait pas en comprendre la portée. Il est bien possible qu'il ne soit pas en paix en ce moment et, malgré toute ma bonne volonté, j'aurai du mal à le rassurer.

Alcib a dit…

V à l'Ouest : « Impuissance », ça me semble le mot approprié puisqu'il la « compréhension » est impossible.
Il m'arrive souvent d'employer le mot « compréhension », alors que je devrais plutôt parler d'empathie, de sympathie, de compassion...

Même si tu ne disais rien, je sais que tu es là et que tu n'es pas indifférent.

J'essaie en effet d'écrire le plus possible. Il y a des moments où je ne sais plus « où » écrire et, par conséquent, je ne sais plus « comment », mais je persévère, je cherche jusqu'à ce que je retrouve le moyen d'exprimer ce que je ressens.

Je pensais à toi, hier soir, en regardant une émission de télévision qui parlait d'un restaurateur-épicier de Nantes, collectionneur de meubles anciens. Je me demandais si tu étais déjà allé manger chez ce « voisin ».

Alexander connaissait bien une région de la Bretagne ; hélas, nous n'avons pas eu assez de temps pour en parler.

Alcib a dit…

Abigail : Je suis honoré de votre présence ici. J'aurais souhaité que votre premier commentaire soit plus serein, mais Alexander serait fier de votre défense de ses intrêts ; lui dont l'intégrité n'aurait jamais pu être prise en défaut n'aurait jamais, et avec raison, douté de la vôtre.
Puisque c'est la première fois que vous y laissez un commentaire, vous savez que vous pouvez faire un voeu (que vous pouvez garder secret, bien entendu) ?
Moi, j'en fais un, très important pour moi, c'est celui d'aller voir le parapluie que vous auriez pu me casser sur la tête lorsque vous m'avez cru responsable des larmes d'Alexander, en avril 2008.
J'espère que je ne vous réveillais pas trop souvent lorsque j'arrivais chez Alexander par le balcon.
Un câlin à Troy.

WILLY a dit…

Je suis réellement désolé et confus quant à l'interprétation des quelques mots que j'ai laissé en commentaire,il y a quelques heures. Embrasser est chez moi, comme pour beaucoup d'entre nous un geste amical, souvent spontané et dans les circonstances actuelles, un témoignage qui tend à prouver que l'on tient un peu à partager respectueusement et plus étroitement la peine que traverse l'autre... A simplement lui dire, qu'au delà des distances, du temps, en ce si vaste monde, nous entendons et nous accompagnons. Il me semblait qu'on ne peut dés lors prononcer que des mots doux au coeur douloureux, et ceux que j'oserai partager avec Alcib sont des mots exclusivement de reconfort: j'ai moi même perdu mon compagnon, il est un tmps pour pleurer et pour se souvenir,seuls des proches peuvent le partager. Puis vient le temps du dialogue retrouvé avec tous, au delà de la peine,et là j'ai en ma vie et mon expérience des mots que je pensais pouvoir partager avec vous, Alcib, en temps voulu. Je demande pardon à ceux que j'ai pu blesser. Je suis venu sur ce blog parce que sa culture, son humour, une forme de détachement m'invitaient, me semble-t-il, à un partage. J'ai laissé quelques commentaires trés rapides, je ne l'ai pas parcouru depuis trois mois, j'ignore et j'ignorerais toujours qui était Alexander dont j'appréciais la vivacité et la liberté d'esprit, l'écriture pleine d'allan... Je ne comprends rien à rien dans votre commentaire, ABIGAI et encore moins dans les votres, Alcib, au point de parler de défense des interêts de votre ami, de sa méfiance supposée à mon égard... Là, c'est moi qui me sent blessé... Surtout, Je vous prie donc une nouvelle fois d'accepter mes excuses si je ne sais quelle ambiguité est venu souligner mon message. J'aimais retrouver ce RDV avec des textes et des photos qui me parlaient: je préfère m'en retirer, vous remerciant pour tous ces bonheurs d'écriture, et bien que trés loin, trés retiré, témoignant de mon respect quant au départ d'Alexander et de la douleur qu'il a déposé en vous. Willy

Alcib a dit…

Willy : Je publie dès maintenant votre commentaire, même si je n'ai pas le temps de lui apporter la réponse qu'il mérite.
C'est aujourd'hui la journée la plus difficile en raison de toutes les obligations qui découlent du fait que « la vie continue » ; c'est la journée où je suis le plus sollicité par le monde extérieur et celle où j'aurais le plus envie de me trouver dans un jardin zen avec des roses comme interlocutrices.
Je dois aller animer des réunions et je ne serai de retour qu'à la fin de la soirée ; j'essaierai alors de répondre à votre commentaire.

Alcib a dit…

Willy : Je vous demande pardon de ce silence et du retard à apporter ma réponse à votre plus récent commentaire. Je sors enfin d'une avalanche d'obligations qui me sont tombées dessus ces derniers jours ; j'avais perdu l'habitude d'être aussi sollicité et mon esprit n'y était pas prêt du tout. Je ne pouvais plus penser clairement et... je ne suis pas sûr de le pouvoir encore.

En disant qu'Alexander se méfiait des mots doux que je pouvais recevoir lorsqu'il ne connaissait pas la personne qui me les adressait, je pense que je n'ai pas besoin d'apporter de longues explications. Alexander m'aimait plus que tout au monde (et c'est bien partagé) ; j'étais (et je resterai toujours) son amoureux et sa plus grande crainte était celle de me perdre. Il me le disait souvent : il avait toujours peur que je rencontre quelqu'un d'autre, plus près de moi, physiquement. Ces derniers mois, ses forces physiques étaient grandement réduites, son inquiétude était plus grande et ses capacités de déplacement étant limitées, il se sentait encore plus vulnérable.

Alexander a toujours aimé les mots et il savait que j'y étais très sensible aussi. Il trouvait que les vôtres avaient tout pour me plaire et il craignait qu'ils finissent par me séduire tout à fait. J'avais beau essayer de le rassurer en lui disant qu'il n'y avait que ses mots à lui qui pouvaient me séduire au sens où il l'entendait, je ne suis jamais vraiment parvenu à le rassurer tout à fait.

Quand les mots doux venaient de quelqu'un qu'il connaissait, soit par les blogues ou par tout ce que je pouvais lui en dire, son inquiétude pouvait se transformer en fierté à l'idée qu'il n'était pas seul à me vouloir du bien.
Quand je dis que je ne pouvais pas complètement rassurer Alexander quant à la portée de vos mots, c'est que moi-même je ne savais pas trop qui vous étiez, qui vous êtes.

Dès les premiers commentaires, Alexander a tout de suite remarqué votre volonté de vous présenter comme un ami et à exprimer votre affection. Sachant que, comme il l'avait fait lui-même, vous aviez parcouru de nombreuses pages du blogue, sinon toutes, il a pensé que votre curiosité et votre affection n'étaient pas tout à fait désintéressées. Persuadé moi-même de la pureté de vos intentions, j'ai toujours fait tout ce que j'ai pu pour le rassurer, mais comme moi-même je ne savais pas qui vous étiez, d'où vous veniez, j'étais parfois à bout d'arguments pour rassurer mon amoureux inquiet, d'autant plus inquiet que, ces derniers mois, il sentait bien que la médecine ne pourrait pas accomplir de miracle et que, tôt ou tard et bien malgré lui, il devrait me quitter, qu'il ne serait plus là pour « défendre ses intérêts » (ce à quoi je faisais allusion dans ma réponse à premier commentaire ci-dessus).

Qui est exactement Alexander, cela n'a, sauf pour moi, pas beaucoup d'importance ; il était d'abord le garçon que j'aimais, le garçon que j'aime et que la garçon qui m'aura aimé intensément, jusqu'à la fin — et au delà car, il l'a répété si souvent, même s'il devait partir un jour, il m'aimerait toujours, il serait toujours présent...

Pour dire qu'Alexander s'est toujours méfié de vous, c'est qu'Agibail l'a vu pleurer d'inquiétude en lisant vos commentaires si bien écrits et votre affection ouvertement exprimée. J'avais beau lui dire que ce n'était pas le cas, il craignait que vos mots finissent par me séduire et que vos témoignages d'affection et d'amitié finissent par se transformer...

Je savais ce qui pouvait causer de la peine à Alexander mais, comme dans tout ce qui le concerne, Alexander a toujours été très discret et il ne me disait pas toujours la peine qu'il avait. Le seul point sur lequel il n'était pas discret c'était pour dire à quel point il m'aimait. Si Abigail et Jane ont vu ses larmes, elles ont aussi très souvent entendu mon nom. Même Alexander, le bouledogue adorable, semble savoir qui je suis lorsqu'il entend mon nom.

Alcib a dit…

Suite de ma réponse (que j'ai dû scinder pour répondre aux crìtères de Blogger) :


J'ai sans doute eu tort de ne pas demander dès le début à quel titre j'avais droit à votre amitié et je ne saurais dire exactement pourquoi je ne l'ai pas fait. En clarifiant les choses dès le début, j'aurais sans doute évité des malentendus et empêché de douloureuses communications. Je suis vraiment désolé de ne pas avoir su le faire.

La seule excuse que je pourrais avoir, si c'en est une, c'est qu'avec quelques êtres très précieux de l'entourage d'Alexander, nous avons vécu depuis plusieurs mois des moments très intenses, souvent difficiles, où toute notre attention, toutes nos énergies, tout notre amour étaient sollicités. Cette intensité vécue jour après jour m'a sans doute fait perdre un peu d'objectivité dans la perception du monde extérieur, de tout ce qui n'était pas nous, notre petite famille. Par conséquent, elle m'a fait perdre aussi, peut-être, la capacité de réagir adéquatement à certaines situations. J'en suis vraiment désolé. Je suis malheureux que tout cela ait fait mal à plusieurs personnes, à commencer par Alexander, puis à Jane, à Abigail, à vous, Willy.

Mais... si c'était à refaire, j'essaierais simplement, si c'était possible, d'être plus présent encore auprès d'Alexander.

WILLY a dit…

TRES TARDIVEMENT, JE NE PEUX QUE VOUS REMERCIER DE CETTE MISE AU POINT, ALCIB, QUI M'ETONNE ET m'étonnera longtemps encore: quelle étrange toile de fond flotte donc en votre blog pour imaginer qu'à 5000 KM de distance, à 55 ans ( je suis à un age où j'ai réellement d'autres buts manifestes et d'autres aptitudes que celle de faire ma cour "à" et "sur" un blog)..., quarante lignes écrites et jetées à l'inconnu, un inconnu, vous, sans provocation, sans aucune volonté de nuire ou de plaire car je m'exprime toujours ainsi, amicalement (puisque c'est au moins le minimum requis pour partager sur un blog où son auteur nous invite à pénétrer une part de son intimité affective), quarante lignes donc pourraient être suffisamment suggestives pour avoir apportées tant de troubles! Je suis assommé. Je peux comprendre ceux de votre ami Alexander, son hypersensibilité mais non, ne me dites pas que quarante lignes en reaction à quelques uns de vos billets ont suffit à laisser croire que j'étais , hum, demandeur, d'une relation affectivement plus privilégiée avec vous, bref, en quète d'une aventure, tout au moins suffisamment trouble pour que vous regrettiez à postériori de ne pas m'avoir questionné au sujet de mes intentions... J'en suis autant pantelant que consterné! ... Troubles, larmes, inquiétudes: laissons la raison raisonner! De nouveau, je ne peux que vous présenter mes excuses pour avoir apporter ici un brin de ma sensibilité et une des formes de ma communication, celle avant toute chose de traiter l'autre par l'amitié ou pour être plus précis "en sympathie", mais surtout, car là, j'ai vraiment de la peine, d'avoir procuré à votre ami des raisons d'être bouleversé, là, où si j'en avais eu l''occasion, je lui aurais transmis des mots de sollicitude et d'amitié. Je suis désolé d'avoir été la cause de tant de confusions et de dramatiques tensions pour... si peu. Si celà ne l'était, j'avoue que j'oserais évoquer le mot " ridicule"...

Cordialement. Willy