mardi 22 septembre 2009

J'étais si près de toi, Alexander

Dans mon chagrin rien n'est en mouvement
J'attends personne ne viendra
Ni de jour ni de nuit
Ni jamais plus de ce qui fut moi-même
Mes yeux se sont séparés de tes yeux
Ils perdent leur confiance ils perdent leur lumière
Ma bouche s'est séparée de ta bouche
Ma bouche s'est séparée de ton plaisir
Et du sens de l'amour et du sens de la vie
Mes mains se sont séparées de tes mains
Mes mains laissent tout échapper
Mes pieds se sont séparés de tes pieds
Ils n'avanceront plus il n'y a plus de routes
Ils ne connaîtront plus mon poids ni le repos

Il m'est donné de voir ma vie finir
Avec la tienne
Ma vie en ton pouvoir
Que j'ai crue infinie

Et l'avenir mon seul espoir c'est mon tombeau
Pareil au tien cerné d'un monde indifférent

J'étais si près de toi que j'ai froid près des autres.


Paul Éluard, Oeuvres complètes, vol. II, « Bibliothèque de la Pléiade », 1968.

9 commentaires:

Beo a dit…

Tout d'abord je te dis: hello!!!

Il me semble que ça fait bien longtemps que je ne suis pas venue par ici.

En parcourant ce poème qui je sais, décrit "trop" bien ce que tu vis présentement: j'étais persuadé que tu l'avais composé.

Honte à moi: je ne connaissais pas ce poème d'Eluard.

Je t'embrasse.

Alcib a dit…

Béo : Merci de ce passage et du commentaire. Moi non plus, je n'étais pas venu ici depuis un bon moment.

C'est très flatteur de penser que j'aurais pu composer ce poème ; j'en serais tout à fait incapable. Je ne le connaissais pas non plus ; je l'ai trouvé par hasard.
Je t'embrasse aussi. Un câlin à Loukoum, pour nous deux.

Dr. CaSo a dit…

Très beau poème! Et même si tu es triste, je suis contente que tu sois triste en notre compagnie, tu me manquais, et je me faisais du soucis. Grosses bises de notre part à toutes les trois :)

Alcib a dit…

Dr CaSo : Merci. C'est un cercle vicieux, on dirait : Il me manque, je me manque ; il est absent ; je m'absente... Je suis absent à moi-même et, forcément, je suis absent aux autres.
Groses bises à vous trois, de la part de ma perruche et de moi (si, si, elle donne de très doux baisers : Alexander en redemandait toujours).

Kty a dit…

Alcib, je suis contente de te savoir de retour...
Tu as une perruche ? Oh, j'aimerais tant la voir en photo !
bises chaleureuses
Kty

Alcib a dit…

Kty : Merci. Je suis content d'être de retour ; je ne sais pas si je serai toujours là, mais pour l'instant j'y suis.
Je suis désolé de ne pas avoir répondu aux commentaires précédents : j'avais besoin d'un peu de silence ou, plus précisément, je ne pouvais plus rien dire.
Je n'ai pas de photos de ma perruche ; je n'arrive pas à en faire une photo convenable (elle est comme moi : elle n'aime pas être prise en photo). J'ai essayé plusieurs fois pour en envoyer des photos à Alexander qui l'aimait beaucoup. Chaque jour il demandait de ses nouvelles et attendait ses baisers.
Mais tu pourras voir une photo d'une perruche qui lui ressemble sur un billet du mois de décembre 2007 :
http://exilinterieur.blogspot.com/2007_12_01_archive.html
Merci de ta présence et de ta fidélité. Bises à toi aussi.

Sylvia a dit…

Et si vous écriviez tout juste quelques mots ici, peut-être que cela vous ferait du bien...

Alcib a dit…

Sylvia : Merci. Il y aura en ligne quelques lignes nouvelles au cours des prochaines minutes. Il ne semble pas toujours facile de se faire du bien.

Anonyme a dit…

Merci pour cette information interessante