dimanche 28 février 2010

Un puits dans le désert

Alexander avait beau répéter qu'il avait bien des défauts, je n'arrivais pas à le croire ; je ne lui en connaissais pas. Pour équilibrer le nombre de ses qualités, je dirais qu'il était seulement vulnérable en quelques points.
Il avait choisi d'être médecin pour sauver des vies et soulager des souffrances ; c'est ce qu'il faisait à l'hôpital tous les jours. Même en dehors du travail, il était toujours attentif à ce qui pouvait réclamer un peu d'attention, un peu de soin, qu'il s'agisse de chauve-souris tombées dans la cendre de la cheminée, d'un petit chat abandonné sous la pluie, d'insectes qui se trouvent aux mauvais endroits, de plantes négligées, etc.
Docteur Jane m'a raconté une anecdote qui représente très bien le garçon qu'était Alexander. Un jour qu'il était allé à sa banque, il a remarqué une plante qui avait vraiment besoin d'être arrosée. Sans rien dire, il est sorti, il est allé acheter quelques bouteilles d'eau et il est revenu arroser la plante. Voyant que son geste n'était pas passé inaperçu, il s'est approché d'un employé de la banque en disant : « Pardonnez-moi, mais je n'aurais vraiment pas pu dormir en sachant que j'avais refusé à boire à quelqu'un qui avait soif. »

dimanche 21 février 2010

Coeur d'artichaut

Alexander disait de lui-même qu'il était « un coeur d'artichaut ». Dans son esprit, surtout s'il l'utilisait pour se décrire lui-même, cette expression ne signifiait pas « tomber facilement amoureux, être volage », mais plutôt : « avoir le coeur tendre, s'émouvoir facilement, avoir rapidement les larmes aux yeux ». L'expression m'est revenue à l'esprit ce dimanche matin après avoir fondu en larmes en entendant par hasard une vieille chanson. Je n'ai pas compris immédiatement ce qui a déclenché ce torrent mais en faisant le lien entre la chanson et ce qui occupait mon esprit depuis mon réveil, j'ai compris. Depuis plusieurs jours, je me remémore des extraits du Petit Prince, sans relire le texte lui-même, en essayant d'en comprendre le sens profond.
Le Petit Prince a toujours été, dès ses premières années, non seulement l'un des livres préférés d'Alexander, mais son personnage principal vivait vraiment avec lui, en lui. « Le Petit Prince est un ami très cher », écrivait-il le printemps dernier. Il n'est pas le seul à aimer ce livre, cette histoire, ce conte, ce traité de philosophie, car Le Petit Prince est, immédiatement après la Bible, le livre le plus vendu au monde. Mais, comme le dit si bien le renard, « on ne connaît que les choses que l'on apprivoise » : nous pourrions être des millions, des milliards à aimer Le Petit Prince, la relation de chacun avec l'esprit du Petit Prince sera toujours unique puisque chacun, s'il veut le connaître, devra l'apprivoiser à sa manière.
Depuis près de deux ans, et plus particulièrement ces jours derniers, j'essaie de distinguer ce qu'il y a du Petit Prince en Alexander et pourquoi ce livre me touche autant moi-même. Il y a dans ces pages beaucoup plus qu'une jolie histoire pour les enfants, beaucoup plus qu'un beau conte pour les adultes : ce livre contient une philosophie de vie, accessible à tous ceux qui voudront se donner la peine de l'apprivoiser.
Ce dimanche matin, je réfléchissais plus précisément à deux qualités essentielles du Petit Prince : l'importance d'être tout entier dans l'instant présent et l'importance de conserver son coeur d'enfant. Alexander possédait au plus haut point ces deux qualités ; grâce à lui, j'ai appris et j'apprends encore à les approfondir.

Je crois que ce qui a déclenché la crise de larmes de ce dimanche matin, c'est le lien qui s'est fait à mon insu entre les paroles de cette chanson et ces qualités du Petit Prince : le moment présent et l'esprit d'enfance. La chanson entendue ce matin est une chanson banale, un succès des années soixante que je connaissais en français, mais interprétée ici, sans doute dans sa version originale, en italien. Elle raconte l'histoire d'un garçon qui a grandi à la campagne, dans une maison tranquille, loin de la ville (déjà, je peux m'y reconnaître) ; il a un jour quitté la maison familiale, les arbres, les champs, ses amis, pour s'en aller vivre à la ville... Un jour il a la nostalgie de son enfance, de la maison familiale... Il pourrait l'acheter mais là où il y avait quelques maisons, des arbres, de l'herbe, une ville a poussé, faite de béton, de goudron...

Questa è la storia
di uno di noi
anche lui nato per caso in via Gluck
in una casa fuori città
gente tranquilla che lavorava.

Là dove c'era l'erba ora c'è
una città
e quella casa in mezzo al verde ormai
dove sarà
questo ragazzo della via Gluck
si divertiva a giocare con me
ma un giorno disse: "vado in città"
e lo diceva mentre piangeva
io gli domando: "amico non sei contento?
vai finalmente a stare in città
là troverai le cose che non hai avuto qui.
Potrai lavarti in casa senza andar
giù nel cortile".
"Mio caro amico" disse "qui sono nato
e in questa strada ora lascio il mio cuore
ma come fai a non capire
che è una fortuna per voi che restate
a piedi nudi a giocare nei prati
mentre là in centro io respiro il cemento
ma verrà un giorno che ritornerò
ancora qui
e sentirò l'amico treno che
fischia così.... ua ua".

passano gli anni ma otto son lunghi
però quel ragazzo ne ha fatta di strada
ma non si scorda la sua prima casa
ora coi soldi lui può comperarla
torna e non trova gli amici che aveva
solo case su case catrame e cemento

là dove c'era l'erba ora c'e
una città
e quella casa in mezzo al verde ormai
dove sarà
non so, non so perché continuano
a costruire le case
e non lasciano l'erba, non lasciano l'erba
non lasciano l'erba, non lasciano l'erba
e non so se andiamo avanti così
chissà come si farà
chissà chissà come si farà.


Si vous avez quelque peu la nostalgie des années soixante, de la télévision en noir et blanc, écoutez et regardez Adriano Celentano interpréter
Il ragazzo della via Gluck (le garçon de la rue Gluck)

Françoise Hardy a repris cette chanson, intitulée
La maison où j'ai grandi.

La chanson elle-même n'a pas vraiment d'importance ; ce qui a déclenché la crise de larmes, c'est l'évocation de l'enfance à la campagne, associée à l'esprit de l'enfance. J'ai vivement ressenti l'absence de mon complice de l'enfance retrouvée, de mon inspiration...


Ce dimanche soir, j'ai croisé l'une de mes voisines qui m'a prêté un exemplaire du Petit Prince en bandes dessinées. J'ai ouvert l'album vers la fin, aux dernières pages, et j'ai dû le refermer aussitôt ; je ne pouvais pas relire ces mots évoquant le serpent, la morsure... « Ça ne fit même pas de bruit... »

Plus tard, en fin de soirée, je suis sorti sur le trottoir, quelques minutes ; j'ai cherché les étoiles, tout particulièrement celles qui rient car un Petit Prince y habite... Il m'a fallu un moment avant d'en trouver une, puis une autre... L'une d'entre elles scintillait vraiment ; sa lumière semblait vaciller comme la flamme d'une bougie dans le vent (« A Candle in the Wind »).
« Quand tu regarderas le ciel, la nuit, puisque j'habiterai l'une d'elles, puisque je rirai dans l'une d'elles, alors ce sera pour toi comme si riaient toutes les étoiles. » (Le Petit Prince)
« La nuit, tu regarderas le ciel, la Lune, les étoiles ; tu verras que je t'envoie des baisers. (Alexander)

dimanche 14 février 2010

Amoureux d'une étoile

Depuis quelques jours, je craignais tout le bruit que l'on ferait autour de la Saint-Valentin. Je craignais que l'on m'oblige à participer à des célébrations alors que je n'avais pas le coeur à la fête. En mettant sans cesse en vedette les amoureux afin de mieux faire vendre des fleurs et du chocolat, on ne pouvait que me rappeler cruellement que mon amoureux n'est plus là. Je m'étais mentalement préparé à protester et à demander qu'on me fiche la paix. Je n'ai pas vraiment eu à le faire et ma tension artérielle n'a pas eu à en souffrir.
Si Alexander était là, nous aurions souligné la fête des amoureux puisque chaque jour était pour nous une fête. Le fait qu'il soit retourné sur son étoile n'empêche pas que je reste son amoureux. Si chaque nuit (et le jour aussi car si elles sont moins visibles les étoiles sont pourtant présentes) je lève les yeux vers le ciel car Alexander aimait la Lune et les étoiles, je fais un acte de foi. Ce qui est bien évident, sensible et vérifiable, c'est qu'Alexander est et qu'il sera toujours au fond de mon coeur ; il y occupe toujours la première place.
Aux bougies qui brûlent dans un coin du salon, parce que leur lumière est visible des étoiles, j'ai ajouté aujourd'hui une magnifique rose rose ; Alexander était sensible à leur beauté, à leur couleur, à leur parfum.

vendredi 12 février 2010

Larmes

« L'âme n'aurait pas d'arcs-en-ciel
si les yeux n'avaient pas de larmes. »

(Dicton anglais)

jeudi 11 février 2010

Contaminé

Ces derniers jours, j'ai été plus silencieux et absent car j'ai été occupé, mais aussi parce que j'ai passé beaucoup de temps à régler des problèmes techniques.
Depuis une semaine, mon ordinateur a été contaminé par un ou plusieurs virus. Alors que je croyais que tout était réglé, je me rendais vite compte que je ne contrôlais plus mon ordinateur. J'ose croire que cette fois, c'est réglé, que les virus ont été éradiqués.
Toutefois, je ne sais pas si ce sont les virus ou les antivirus qui ont effacé ou corrompu des fichiers essentiels, mais j'ai encore du mal à utiliser efficacement cet ordinateur. Je crois que je ne pourrai repousser encore l'achat d'un nouvel ordinateur, même si ce n'était pas prévu au « budget ».

dimanche 7 février 2010

7 fois 7

J'ai toujours aimé le chiffre 7 ; je l'ai toujours considéré comme mon chiffre chanceux. Mais depuis sept mois, le chiffre sept rappelle une très douloureuse journée, une très sombre date.


On voudrait, afin d'apaiser mon chagrin et de commencer à « tourner la page », que je donne un sens au départ de celui que j'aime. Comment le pourrais-je, alors que j'ai à peine eu le temps de comprendre le sens de sa présence merveilleuse dans ma vie ?

mardi 2 février 2010

Au nom de la foi

Les intégristes barbus n'ont pas le monopole de la bêtise !


Encore une fois, le pape Benoît XVI intervient dans le processus législatif d'un pays souverain. Parce qu'il n'aime pas que le parlement de Westminster soit en train d'adopter une loi qui accorderait l'égalité des droits entre toutes les personnes, sans discrimination, le pape demande à l'Angleterre de ne pas adopter cette loi. Car si la loi est adoptée, l'Église catholique elle-même pourrait - et l'occasion ne saurait tarder - devoir cesser de faire de la discrimination contre les femmes, les homosexuels, par exemple, leur reconnaître la même dignité et leur reconnaître les mêmes droits qu'à tous les autres humains. Et cela, c'est contre les croyances officielles de l'Église, qui prétend pourtant parler d'amour et de liberté. Est-ce cela le message du Dieu dont se revendique Benoît XVI et ses acolytes ? « Bandes d'hypocrites ! », dirait Jésus s'il devait revenir. Je l'entends le dire. Se pourrait-il que Benoît XVI soit aussi sourd qu'il est aveugle ?

Ajout : Voici la nouvelle publiée par l'AFP (Angence France Presse) :
Des propos du pape Benoît XVI dénonçant un projet de loi protégeant les homosexuels contre la discrimination suscitaient mardi la controverse au Royaume-Uni, à sept mois environ d'une visite officielle du Saint-Père.
«Votre pays est bien connu pour son engagement résolu en faveur de l'égalité des chances pour tous», a déclaré lundi le pape à Rome lors d'un discours prononcé devant les évêques catholiques anglais et gallois.
«Cependant... certaines lois destinées à réaliser cet objectif imposent des restrictions injustes à la liberté des communautés religieuses d'agir en accord avec leurs croyances... À certains égards, cela enfreint la loi naturelle sur laquelle l'égalité de tous les êtres humains est basée et par laquelle elle est garantie», a ajouté le pape.
Les Églises catholique et protestante britanniques craignent que la «loi sur l'égalité» des chances, actuellement débattue au Parlement, puisse les contraindre à embaucher des homosexuels ou transsexuels parmi leur personnel non clérical comme par exemple des enseignants. Le projet de loi ne concerne pas en revanche les prêtres.
Une campagne, menée par des évêques anglicans et catholiques, est déjà en cours contre le projet de loi.
Le sujet promet de s'inviter lors de la visite du pape au Royaume-Uni, qu'il a confirmée lundi. Le Saint-Père n'a pas donné de date mais un ministre britannique avait récemment évoqué la mi-septembre. Le dernier pape à s'être rendu en Grande-Bretagne est Jean Paul II, en 1982. Il s'agira de la deuxième fois seulement qu'un pape se rend au Royaume-Uni depuis que le roi Henry VIII a rompu avec Rome et le catholicisme il y a près de cinq siècles, établissant l'Eglise anglicane.
La National Secular Society (Société laïque nationale) a déjà annoncé une manifestation. «Le contribuable va payer 20 millions de livres environ pour la visite, durant laquelle il a déjà dit qu'il attaquerait l'égalité des droits et ferait la promotion de la discrimination», a déclaré le président de l'organisation, Terry Sanderson.