mardi 27 avril 2010

Un 27 avril à Montréal

À mon réveil, ce matin, la neige tombait à plein ciel. Le 2 avril 2008, je me plaignais que l'hiver n'en finissait pas. Et voilà qu'aujourd'hui, mardi 27 avril, il neige encore... C'est tout de même moins déprimant que ce temps froid et sale que nous avions en avril 2008. Aujourd'hui, des fenêtres de mon sixième étage, je peux à peine voir de l'autre côté de la rue, mais demain ce sera tout oublié.


Ces pauvres tulipes qui depuis quelques jours apportaient un peu de vie devant les maisons voisines pourront-elles s'en remettre ? Je l'espère.

Ajout du 29 avril : La neige a vite fondu, même s'il n'a pas fait très chaud encore, et les tulipes ont relevé la tête. Si tout va bien, je pourrai d'ici quelques semaines - ou quelques jours - revenir à mon bureau d'été.


samedi 24 avril 2010

Regard

Je tombe par hasard sur une phrase de Marcel Jouhandeau, tirée de l'un de ses Journaliers. Sans vouloir diminuer en rien la place que j'occupais dans son coeur, je crois qu'Alexander aurait pu écrire cette phrase superbe que d'autres amis des animaux comprendront : « Quand son regard sur moi se lève - celui de mon chien -, tous les amoureux du monde ne me font pas seulement sourire, mais suer. »
Au moment de partir, je crois que sa plus grande douleur était celle de devoir abandonner son chien à qui il avait promis d'être là, son meilleur ami jusqu'à son dernier jour. En allant le chercher, il en avait pris l'engagement et, pour Alexander, un engagement était sacré ; jamais il ne revenait sur la parole donnée. Il disait : « Alcib comprendra, lui, mais Alexander (bull) ne peut pas comprendre. »

Ajout :
Il aurait certainement apprécié cette phrase de Jouhandeau mais, à bien y penser, il aurait plutôt écrit, simplement : « Quand son regard sur moi se lève - celui de mon chien -, tous les amoureux du monde me font sourire. »

jeudi 22 avril 2010

Alexander que j'aime

C'est aujourd'hui la Saint-Alexandre. Je pense évidemment à celui dont j'ai parlé à plusieurs reprises sur ce blogue. Je souhaite aussi un bonne Saint-Alexandre à tous ceux qui, quelle qu'en soit la langue, portent ce prénom, dont un ami que j'aime beaucoup.


Je souhaite aussi un joyeux anniversaire à un adorable bulldog.

vendredi 16 avril 2010

Des lueurs d'espoir ?

Bonne nouvelle ? Vous connaissez le président français actuel, vous savez, le mari de Carla (enfin, celui qui l'a été de façon très ostentatoire et dont on ne sait plus très bien s'il l'est encore vraiment) ; 65 % des Français ne souhaitent pas le voir candidat aux élections présidentielles en 2012.
Mauvaise nouvelle ? 82 % des Français croient qu'il sera tout de même candidat.

Autre bonne nouvelle. Les Québécois semblent vouloir enfin sortir de leur torpeur. Ce n'est pas tout à fait de leur faute s'ils ont dormi depuis 2003 : ils étaient tombés sous le charme d'un séducteur qui, comme tous les séducteurs, finit par être démasqué. Depuis 2003, le premier ministre du Québec, Jean Charest, semble dans le coma et son gouvernement à l'air d'une poule sans tête. Depuis 2003, Jean Charest était Monsieur Prozac, l'antidépresseur : tout était toujours très beau, il n'y avait jamais de problème, tout était « normal ». Voilà tout le projet politique de ce gouvernement : que tout ait l'air normal (être « normal » n'est même pas un objectif ; il suffit d'en avoir l'air). La mafia contrôle l'industrie de la construction, semble financer généreusement le parti du premier ministre et même dicter au ministre de la Justice les candidats qui doivent être nommés juges, etc., mais tout est « normal » : si le premier ministre dit que c'est « normal », il faut le croire car c'est ainsi que cela se passe au Parti Libéral depuis toujours. Que jour après jour, l'un après l'autre, ses ministres viennent contredire le premier ministre ne dérange pas celui-ci ; sa réponse est invariable, celle qui a si bien endormi les Québécois depuis 2003 : « C'est normal ». Ce premier ministre qui ne se satisfait pas de la rémunération « normale » que lui verse l'Assemblée nationale, reçoit un salaire du Parti Libéral, provenant de la caisse électorale très bien garnie grâce aux généreuses contributions d'honnêtes entreprises tout à fait désintéressées (les dons d'entreprises aux partis politiques sont interdits par la loi mais les ministres de ce gouvernement Libéral doivent récolter chacun 100 000 $ auprès de leurs « amis » ; ils iront sans doute les recevoir sur le perron de l'église èa la sortie de la messe du dimanche matin...)

Malgré tous les cadavres que l'on sort de tous les placards de ce gouvernement depuis quelques années, pour Monsieur Charest-Prozac, tout est beau, tout va très bien Madame la Marquise. Lui qui ces deux dernières années se gave d'antidépresseurs et de somnifères, et qui en distribue à son entourage et à tous les Québécois qu'il peut atteindre, se fait réveiller brusquement par des révélations fracassantes de certains de ses collaborateurs, anciens et actuels.

Le grand séducteur aux antidépresseurs a perdu son sourire méprisant (vous savez, le sourire de celui qui vous roule dans la farine, qui vous ment effrontément mais avec le sourire, et qui s'amuse de vous voir si naïf).

La bonne nouvelle : 77 % des Québécois n'ont absolument plus confiance au premier ministre ni à son gouvernement. Le politicien de carrière qui pensait ronfler encore en paix jusqu'à la fin de son mandat en 2012, en attendant un poste sur la scène internationale, se voit forcé de se défendre. Il nomme une commission d'enquête dont il définit lui-même le mandat de façon très étroite, dont il nomme lui-même le président qui devra porter des oeillères pour ne pas voir les actions illégales qui ne sont pas mentionnées dans le mandat, alors qu'il est lui-même en cause dans les allégations qui l'amènent à créer cette commission d'enquête. « C'est normal... » Quelle crédibilité auront les résultats de cette enquête ? L'enquête que les Québécois réclament depuis des mois sur la corruption dans l'industrie de la construction et sur le financement du Parti Libéral (et sur les liens entre les deux) attendra encore longtemps, même si le premier ministre et quelques-uns de ses collaborateurs sont à peu près les seuls à ne pas en vouloir. Le parti du premier ministre aurait-il des choses à cacher ? Tous les jours des révélations viennent embarrasser le gouvernement. L'antidépresseur et les somnifères semblaient fonctionner jusqu'à maintenant.


La bonne nouvelle, c'est que les Québécois semblent vouloir se réveiller et réclamer des actions de ce gouvernement qui ronfle depuis trop longtemps. La mauvaise nouvelle, c'est que ce gouvernement peut rester en poste durant trois longues années encore. « C'est normal. »

dimanche 11 avril 2010

Des nouvelles de Claudia

Le 10 avril 2008, je recevais un courriel d'un garçon inconnu (je supposais du moins qu'il s'agissait d'un garçon, d'un jeune homme). Il disait avoir découvert par hasard ce blogue en cherchant une image, la reproduction du portrait d'un peintre allemand né le même jour que lui, près de deux cents ans plus tôt... Il avait lu quelques messages du blogue, s'apercevant que nous avions en commun des lectures, un intérêt pour certains films, etc. Puis il avait lu tous les articles et tous les commentaires et... il souhaitait que je lui réponde. J'étais curieux de savoir qui était ce garçon, d'autant plus intrigué qu'il n'était ni Français, ni Québécois, qui représentent le plus grand nombre des lecteurs. J'aimais son prénom : « Alexander ». J'étais loin de penser qu'en répondant à ce courriel, j'amorçais une nouvelle relation qui allait transformer ma vie.


Le lendemain, 11 avril, Alexander laissait son premier commentaire sous l'article du 2 avril 2008. Il avait été ému par cette pauvre vache prise dans la glace sale devant le Musée des beaux-arts de Montréal. Dans les échanges avec lui, j'ai su qu'il était choqué comme moi que cette sculpture ne soit pas mieux entretenue, que le musée ne se donne pas la peine de nettoyer un peu cette saleté qui l'entourait. Et comme Alexander aimait tous les animaux, les vaches étant parmi ses préférés, il voulait venir la dégager de cette glace noire et s'il avait pu le faire, il aurait voulu l'adopter. Si l'adoption officielle n'a pas été faite, Claudia faisait toutefois partie de notre petite famille, composée uniquement des êtres que nous aimions et qui, bien entendu, nous aimaient.


Le 10 juillet 2008, quand Alexander a annoncé à sa grand-mère qu'il était maintenant, à compter de cette date, officiellement spécialisé en médecine d'urgence, elle lui a demandé ce qu'il souhaiterait recevoir d'elle comme cadeau... En me racontant leur conversation, Alexander m'a dit : « Devine ce que j'ai demandé. » Sans hésiter une seconde, j'ai répondu : « Une vache ! » Et j''avais raison. Il voulait adopter une vache en fin de carrière afin que, chez sa grand-mère à la campagne, elle ait une fin de vie paisible et agréable. Et, évidemment, elle s'appellerait Claudia.

L'adoption ne s'est pas faite, pour deux raisons indépendantes l'une de l'autre mais du même ordre. Très souvent Alexander me demandait des nouvelles de Claudia. Aussi souvent que je le pouvais, je lui envoyais des photos. Il y a quelques jours, en prévision de cet anniversaire, je suis allé voir Claudia, lui parler d'Alexander et, comme il l'aurait fait lui-même, lui donner un baiser sur le front.

mercredi 7 avril 2010

Tu me manques...

Il y a des nuits sans lune, sans étoiles. Il y a des jours où je n'ai plus de courage, où je n'ai plus envie de faire semblant...

lundi 5 avril 2010

Tout rose et vêtu de blanc, beau comme un ange...

Sa « chute » sur la Terre, le 5 avril 1982, s'est faite dans les meilleures conditions, en douceur, comme son départ. C'est à croire que le mot « discrétion » était inscrit dans les étoiles pour lui.

Alexander était pourtant ardemment désiré et attendu. À la maternité où sa mère est arrivée durant la nuit, tout était prêt pour l'accueillir. La chambre elle-même était très jolie, avec des couleurs très douces.

Sa première valise était ouverte sur un canapé, contenant plein de jolis vêtements de laine blanche ainsi qu'un charmant petit lapin tout aussi blanc.


Il n'est pas étonnant qu'il ait tant aimé ces petites bêtes de poil ou de peluche. Il aimait surtout ceux qui ont les oreilles tombantes, comme celui, rose, qui est arrivé chez moi en août 2008, en provenance de Londres et passant par Bordeaux.

Les fleurs ne tardèrent pas à arriver, que le papa avait demandé au personnel de garder en attendant la venue du Petit Prince tant attendu.

Jane, la meilleure amie de la mère est vite arrivée pour remplacer auprès d'elle le père qui avait besoin de se remettre de ses émotions. Tout vêtu de laine et de dentelle blanche, Alexander avait l'air d'un petit ange. Contrairement à bien des bébés naissants, Alexander n'était pas rouge et froissé comme quelqu'un qui vient de vivre une nuit difficile. Il était très beau, tout rose avec des petits cheveux noirs. De grands yeux verts, ouverts sur ce qui l'entourait, semblaient pressés de découvrir ce monde qui allait l'enchanter durant plusieurs années. Ses petites mains roses serrent déjà les doigts amoureux qu'on leur présente.

Alexander bébé pleurait rarement. La vie lui fournira plus tard plusieurs occasions et plusieurs raisons de pleurer. Moi-même, sans le vouloir évidemment, je l'aurai fait pleurer aussi ; j'aimerais tant pouvoir revenir en arrière pour effacer ces mauvais souvenirs.

Le soir de ce cinq avril 1982, Charles, le grand frère qui n'avait pas encore deux ans arrivait à la maternité, fou de joie de connaître enfin son petit frère. Au fil des ans, cet amour inconditionnel et réciproque n'a jamais fait défaut. Alexander lui-même m'a raconté des moments de complicité et de tendresse dont je préserverai le secret.

Quelques jours plus tard, dans le parc entourant la grande maison, sa mère plantait un marronnier rose (non, s'il avait été blanc plutôt que rose, je ne crois pas que l'orientation sexuelle d'Alexander aurait été différente). Alexander a lui-même très bien parlé de son ami le marronnier en commentaire à ce billet du 4 août 2008.

J'aurais aimé aller un jour avec Alexander embrasser son « jumeau », le grand marronnier de vingt-huit ans...