jeudi 2 décembre 2010

L'Amour médecin

En fin d'après-midi je revenais d'une course dans le quartier quand j'ai vu, quelques mètres devant moi, un petit attroupement de personnes qui semblaient bouleversées. En regardant plus attentivement, j'ai vu deux ou trois personnes penchées au-dessus d'un jeune homme couché sur la chaussée. En arrivant à leur hauteur, j'ai vu le visage du jeune homme tout ensanglanté (en fait, on ne voyait que du sang). Je ne me suis pas arrêté. Je me suis dit que parmi la dizaine de personnes qui étaient là, il y avait sûrement quelqu'un qui avait appelé les services d'urgence. J'ai poursuivi ma route, bouleversé, en essayant de comprendre ce qui avait pu se passer. Ce qui me semble le plus probable, c'est que ce jeune homme qui rentrait chez lui avec son sac de provisions avait sans doute fait un faux mouvement, glissé sur la bord du trottoir, et s'était cassé la figure sur le pavé ou sur l'arête du trottoir...

En marchant, je ne pouvais pas m'empêcher de penser qu'Alexander était médecin. S'il était passé par là, il se serait arrêté pour prodiguer les premiers soins à ce jeune homme qui était peut-être attendu pour préparer le repas du soir... Je n'arrivais pas à oublier le visage ensanglanté de ce jeune homme... Je repensais aux longues heures de travail d'Alexander qui, à la salle d'urgence voyait chaque jours arriver tant de personnes qui souffraient ou dont la vie était menacée...

Je me souviens d'une nuit où nous nous parlions sur MSN ; Harry le siamois et Alexander le bulldog dormaient paisiblement près de lui. Dans le silence de la nuit, Alexander avait cru entendre un coup de feu près de chez lui. Même s'il était fatigué, malade même, son premier réflexe a été de penser qu'il était médecin et qu'il y avait peut-être dans la rue quelqu'un de grièvement blessé... J'ai réussi à le dissuader de s'habiller et de sortir dans la nuit froide sans savoir s'il pouvait vraiment être utile.

J'ai déposé mes provisions chez moi et je suis reparti marcher vers le mont Royal. Les images continuaient de tourner dans ma tête, les émotions se bousculaient... Je pensais au plus adorable des jeunes médecins qui s'inquiétait si je ne me sentais pas bien et dont l'amour me faisait oublier tous mes maux. Je sentais monter en moi la même angoisse qui accompagnait mes promenades lorsque Alexander, sur un lit d'hôpital, combattait lui-même une fièvre intense qui durant des jours ne voulait pas diminuer et que, de ce côté de l'Atlantique, j'attendais les nouvelles que me donnerait « Docteur Jane » aussitôt qu'elle pourrait laisser sa main un moment...

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