samedi 4 juin 2011

Plume d'ange

Je ne me souviens plus de la dernière que j'avais vu les étoiles. Quand il ne pleuvait pas, le ciel était couvert depuis longtemps et les étoiles n'étaient plus visibles. Je me suis senti encore plus séparé de mon Petit Prince. Cette nuit, je suis sorti et j'ai vu quelques étoiles dans le ciel. Tout va bien, alors.


Durant une dizaines de jours, alors que les étoiles n'étaient pas visibles, je voyais des petites plumes blanches partout dans l'appartement. En les voyant flotter dans l'air de ma chambre, j'ai d'abord cru qu'il s'agissait de duvet d'oie provenant de la couette sur mon lit. Mais je les voyais aussi bien dans le cuisine, dans la salle de bain que dans le salon. Puisqu'il y a des moustiquaires aux fenêtres, ces plumes ne venaient pas de l'extérieur. Il est fort possible qu'elles viennent de ma couette de duvet d'oie, mais alors, puisque cette couette se trouve sur mon lit depuis des années, pourquoi n'ai-je pas vu auparavant les plumes dans l'air ? Et si l'usure de la couette permet aux plumes de s'enfuir, pourquoi n'y en a-t-il plus dans l'air depuis quelques jours ?

J'écoutais l'autre soir Lisa Williams, cette Britannique qui vit en Californie, qui parle avec les personnes disparues et qui anime à la télévision une émission hebdomadaire au cours de laquelle elle sert d'interprète entre des personnes disparues et leurs proches curieux d'avoir de leurs nouvelles. Lisa Williams demandait à quelqu'un si elle avait remarqué des plumes autour d'elles, à la maison et même à l'extérieur ; c'était, semble-t-il l'un des moyens utilisés par une personne chère disparue pour exprimer sa présence. J'ai alors pensé que, puisqu'il n'y avait pas d'étoiles depuis quelque temps, Alexander avait aussi adopté ce moyen de manifester sa présence.

10 commentaires:

Colin a dit…

Comme elles doivent vous paraître douces ces jolies plumes. Sont elles blanches?
Le coeur se serre, et on ne sait pas alors s'il faut pleurer ou s'enrouler doucement autour de ce bonheur fugace.
Je crois un peu des deux...

Alcib a dit…

Colin : Merci de ce commentaire vraiment très sensible, ému et touchant.
Oui, ce sont de petites plumes blanches qui, même lorsque je suis en train de manger, de lire ou de travailler à l'ordinateur, viennent me frôler une oreille, me chatouiller le nez ou passer lentement à la hauteur des yeux. Elles sont plus légères que l'air et très douces aussi bien à mon coeur qu'au toucher.

Après en avoir vu deux ou trois, je me suis dit que ce phénomène ne me semblait pas « normal » ; j'ai alors pensé qu'Alexander avait trouvé ce moyen pour me dire qu'il veillait toujours sur moi... Et quand, quelques jours plus tard, j'ai entendu Lisa Williams dire à quelqu'un que les personnes disparues utilisaient parfois ce moyen pour envoyer un signe à des personnes aimées, j'ai été ému encore d'en avoir eu l'intuition.

Cela peut sembler aux personnes rationnelles, les « grandes personnes », une affirmation farfelue et difficile à croire, mais je sais parfois renoncer à être compris de ce genre de personnes.

Merci encore de votre présence, sensible et douce.

Colin a dit…

Vous avez raison, les grandes personnes n'ont aucune idée du Merveilleux. Alors que cette jolie visite ressemble tant à une caresse.
Ne leur en parlez pas.
J'espère ne jamais devenir grand.

Alcib a dit…

Colin : Les grandes personnes ont oublié le Merveilleux ; elles ont oublié qu'elles ont déjà été des enfants et qu'alors ils avaient accès à cet univers.
Je suppose qu'en grandissant, ceux qui étaient des enfants ont besoin de se rassurer eux-mêmes puisqu'ils renoncent à se faire rassurer par leurs parents. Le merveilleux n'est pas rassurant car on ne le contrôle pas ; c'est un privilège d'y avoir accès, privilège auquel renoncent les grandes personnes parce qu'elles veulent contrôler leur univers.

Je parle de moins en moins aux grandes personnes. De toute façon, plusieurs d'entre-elles se sont elles-mêmes exclues puisque je n'ai plus de leurs nouvelles.

Je comprends ce que vous voulez dire, mais je crois que vous pourriez grandir tout en gardant votre esprit d'enfance. Ce serait le moyen d'avoir accès aux deux univers ; le terre-à-terre et le Merveilleux. Et ainsi, vous ne vous vous feriez pas reprocher par les grandes personnes de n'être qu'un rêveur... Quand on a accès à un univers supérieur, je pense qu'il faut savoir « comprendre » que tout le monde n'a pas ce privilège...

Colin a dit…

Je n'ai pas très envie d'avoir accès au terre à terre. Je préfère garder ma tête dans la lune. Alors je m'écris plein d'histoires. Et j'attends sagement qu'elles deviennent vraies..au moins une..vous voyez je ne suis pas très exigeant.
Je ne trouve pas que le Merveilleux n'est pas rassurant. Je crois que je rêverais me trouver face à E.T, ou à Dobby au coin d'une rue la nuit, plutôt que face aux gens que je peux croiser certains soirs. En fait les gens me font peur.

Alcib a dit…

Colin : Je comprends. Je crois que je préfère aussi tendre vers la lune que de m'enfoncer dans la terre...
En vous écrivant des histoires qui vous plaisent, vous entretenez et enrichissez votre créativité et votre sens du merveilleux.
Quand je dis que le Merveilleux n'est pas rassurant, je pense aux grandes personnes qui veulent pouvoir tout comprendre, toucher, compter, accumuler, empiler, rentabiliser, vendre, etc. Pour eux, le Merveilleux n'est pas une valeur fiable ; ils préfèrent s'en passer...

Alexander aussi aurait voulu dialoguer avec les fantômes ou avec les êtres merveilleux venus d'ailleurs... Les gens bizarres, pour lui, c'étaient ceux qu'il devaient côtoyer quotidiennement, sauf à son travail... Heureusement, il y avait autour de lui un certain nombre de personnes qui avaient conservé leur âme d'enfant. Je les aime aussi, ces personnes que je n'ai pas encore rencontrées (j'espère le faire un jour).

J'aimerais que les gens ne vous fassent pas peur ; ils ont pour eux le nombre (ils sont partout), mais vous avez quelque chose de plus qu'eux : le Merveilleux.

Alcib a dit…

Au fond, les gens sont souvent comme des petits chiens agressifs ; ils n'aboient que parce qu'ils ont peur eux-mêmes. Si vous passez à côté d'eux avec assurance, ils s'en vont.

Il ne faut surtout laisser personne porter atteinte à votre valeur, à votre dignité.
La conscience de votre propre valeur devrait faire taire les petits jappeurs.

Chroniqueur a dit…

Cher Alcib,

Tu me connais suffisamment pour savoir que je ne crois en rien. Cela ne me donne pas raison pour autant. J’ai des amis, des collègues, tu sais, des êtres rationnels, intelligents, « scientifiques », qui croient, qui ont vécu des expériences dites para-normales. Pourquoi pas ? L’important, comme dirait ma jeune soeur, c’est d’écouter ton « petit coeur ».

Alcib a dit…

RPL : Dans mon esprit, en écrivant ce billet et les commentaires précédents, je n'associais pas nécessairement les non-croyants et les rationnels. Je connais des « rationnels » qui assistent à la messe et vont communier au moins une fois par semaine... Et pourtant, ces mêmes croyants, quand je leur parlais de ce qui occupe mon coeur depuis plus de trois ans, ne semblaient pas croire un instant à l'authenticité et à l'intensité de nos sentiments, de notre relation...
Les incroyants ne me dérangent pas ; on ne peut forcer tout le monde à croire que le Ciel existe et que les anges y écoutent du Jean-Sébastien Bach toute la journée...
Ce qui m'attriste, ce sont les gens qui ont oublié qu'ils ont déjà été des enfants et, au nom de l'« esprit de sérieux » de la rationalité, empêchent les autres de vivre autrement que dans le concret toute la journée et qui, encore plus grave, tuent chez les enfants, petits et grands, le sens du merveilleux.

Je crois que ta jeune soeur est très sage, la sagesse du coeur.

Alcib a dit…

J'oubliais de mentionner que j'ai été et que je suis sûrement trop souvent encore une « grande personne ». Je ne remercierai jamais assez Alexander d'avoir réveillé en moi l'enfant endormi. J'espère que, pour le reste de ma vie, l'enfant en moi saura prendre la place qui lui revient.