jeudi 14 juillet 2011

Intérêt public


Il y a un sujet qui est sur toutes les lèvres en ce moment au Royaume-Uni ; on en parle dans la rue, dans les pubs, dans les bureaux, au parlement de Westminster, dans les bureaux de Scotland Yard et, bien entendu, dans les médias. C'est l'arroseur arrosé. Ces dernières décennies, de nombreuses personnalités du monde de la politique, du spectacle, du jet set, de la famille royale, ont vu leur vie privée déballée sur la place publique. On devait, dans la majorité des cas, se demander comment les journalistes avaient été informés de leurs secrets, des détails de leur vie intime, etc. J'imagine que bien des amitiés et autres liens de confiance ont dû être mis à mal parce que l'on pouvait soupçonner un ami, un collègue, un collaborateur d'avoir trahi la confiance qu'on avait avait en eux.

Quand on est une personnalité publique, on sait que certains journalistes et éditeurs sont prêts à tout pour obtenir la nouvelle qui les rendra célèbres et qui enrichira leur éditeur. Dans le cas d'une photo inédite, par exemple, certains paparazzi sont devenus millionnaires du jour au lendemain. Le grand public n'y voit rien de répréhensible aussi longtemps que c'est la vie privée des personnalités publiques qui est dévoilée à la une des tabloïds. Mais on se rend compte en ce moment que les charognards n'ont pas hésité à pirater la boîte vocale des téléphones mobiles de veuves de soldats tués au combat, de jeunes personnes assassinées, etc.

Le premier ministre britannique a dû exiger la démission du responsable de ses communications, ancien journaliste du journal par qui le scandale arrive, qui aurait piraté des dizaines, des centaines, des miliers de boîtes vocales peut-être et qui est présentement interrogé par Scotland Yard.

Que résultera-t-il de tout ce scandale ? Le parlement adoptera sans doute des règles précises ; seront-elles suffisantes ?


Déjà, l'un de ces torchons que sont les tabloïds a été fermé pour tenter d'atténuer le scandale - je dirais plutôt : pour essayer de détourner les projecteurs maintenant tournés vers Rupert Murdoch, le magnat de la presse, propriétaire de plusieurs de ces torchons. L'empire Murdoch sera sous surveillance et subira d'autres conséquences économiques, les seules que ces gens peuvent comprendre.

Alexander n'aimait pas la politique et il n'aimait surtout pas ces torchons que sont les tabloïds en Angleterre. Déjà il avait eu l'occasion d'exprimer en commentaires à la suite de cet article consacré à Lady Di, dans une langue qu'il ne maîtrisait pas très bien encore mais avec la puissance d'une bête profondément blessée, son dégoût pour ces charognards et... son peu de sympathie pour ceux qui les font vivre.

À peu près tout le monde en ce moment semble scandalisé de ce que l'on découvre des décennies de violation systématique de la vie privée de milliers de Britanniques, sauf certains journalistes qui continuent d'affirmer qu'il est de l'intérêt public de pirater la boîte vocale d'un soldat tué à la guerre, par exemple, car il pourrait avoir eu des conversations juteuses avant de mourir pour la patrie. Il ne faut pas se le cacher : il y a de l'hypocrisie à se scandaliser maintenant des crimes de la presse à ragots ; s'il n'y avait pas cette curiosité maladive des lecteurs pour la vie privée des autres, il n'y aurait pas de milliardaires enrichis par cette curiosité.


P. S. : Je soupçonne Rupert Murdoch et ses charognards de pirater mon blogue : juste au moment où j'allais mettre en ligne cet article, tout le texte en a disparu, sans explication rationnelle. J'ai pu récupérer le texte grâce à l'« aperçu » que j'avais eu la sagesse de faire et que je n'avais pas encore fermé.

11 commentaires:

Lux a dit…

Je me dépêche d'écrire et de t'envoyer mes commentaires avant d'être piraté et effacé [Ouuuuh!]
Je reprends une partie de ton commentaire:

«Il ne faut pas se le cacher : il y a de l'hypocrisie à se scandaliser maintenant des crimes de la presse à ragots ; s'il n'y avait pas cette curiosité maladive des lecteurs pour la vie privée des autres, il n'y aurait pas de milliardaires enrichis par cette curiosité.»

Yes! Yes! You are totally right my Friend! Quelle vérité en effet!

Sans la soif de sensations fortes ou morbides et les tendances voyeuristes des lecteurs, ces torchons disparaîtraient en quelques semaines. La nature humaine est composée de toute la gamme des tendances, autant les pires que les meilleures et c'est la sensibilité et la prise de conscience de chaque être qui détermine le choix et je crois que ces choix de priorités sont continuellement à faire et à refaire... À chacun de manifester folie ou sagesse. Avouons-le, les tentations sont fortes et l'esprit est faible.

Il ne faut pas oublier non plus qu'il y a de puissants sociopathes et manipulateurs qui perçoivent les faiblesses et les exploitent avec un maximum d'efficacité, uniquement pour leur égoïste profit. À chacun sa responsabilité. Il devrait exister une forme de recyclage pour certains profiteurs.

Alcib a dit…

Lux : Je crois que le « piratage » n'a duré qu'un moment, quand j'essayais de mettre en ligne ce message.
J'imagine que Murdoch et son entourage ont autrechose à faire en ce moment... Même aux États-Unis, où l'argent semble faire la loi, il se pourrait que Rupert Murdoch ait des comptes à rendre. Un sénateur a parlé d'« activités criminelles »
Ces journaux alimentent une curiosité perverse pour les malheurs des autres, autant que l'envie dans certains cas...
Je crois que la plupart des gens qui achètent ces journaux ont une piètre estime de soi et un fort taux de frustration au sujet de leur propre vie. Ils croient sans doute ajouter ainsi un peu de piquant à leur vie.
Nous sommes sans doute nombreux à « vivre par procuration », en cherchant l'aventure (de quelque type que ce soit) à la télévision, au cinéma, dans la littérature et, pour certains, dans ces torchons aussi bien que dans la presse quotidienne.
Mais, comme tu le dis si bien, chacun fait ses choix, en fonction de ses priorités, de ses valeurs...

Merci encore.

RAnnieB a dit…

Ils investiguent maintenant afin de voir s'il n'y aurait pas eu d'écoute faite par les médias américains détenus par Murdoch (Fox, NY Times, etc.)lors du 9 sept.

Alcib a dit…

RAnnieB : Oui, tu as raison.
Le journal qui a été fermé à Londres, ce n'est que la pointe de l'iceberg.
On va sûrement démontrer que c'était un système bien établi dans plusieurs médias si ce ne sont pas tous les médias appartenant au groupe Murdoch.
Des personnalités mises sur écoute vont porter plainte ; Jude Law, par exemple le Sun. D'autres suivront certainement.
Et ce qui était bon à Londres était sûrement bon aux États-Unis aussi.
Ces gens-là ont servi les politiques de Bush. À côté de Rupert Murdoch, de Dick Chainey, Bush n'était sans doute qu'une marionnette.

Bienveillant a dit…

Vous avez un blog bien dense, vous aimez écrire ! Beaucoup de chose à dire et à partager.

Alisandra a dit…

Alcib, je t'ai envoyé un message à l'aide du courrier électronique à l'adresse: mercurejm@yahoo.com J'espère que tu le liras bientôt!:) Merci!

Alcib a dit…

Bienveillant : Merci. Il semble y avoir beaucoup de sagesse dans vos pages.

Rêve blanc : Non, je regrette. Je n'ai rien reçu.
Le dernier message reçu de toi, à l'exception de celui-ci, remonte au premier janvier 2011.

Alisandra a dit…

hmm.. Je ne sais pas ce qu'il s;est passé, J'essaie de nouveau à t'envoyer sur ton adresse de e-mail. Si tu ne le reçoit pas, annonce-moi, s'il te plaît!

Alcib a dit…

Rêve blanc : J'ai reçu ton message. Merci.
Mais je ne peux pas répondre maintenant. J'ai eu un petit accident et il m'est difficile d'écrire en ce moment.
Je répondrai aussitôt que je pourrai écrire.

Alisandra a dit…

Je me réjouis que tu aies reçu mon message. Je te souhaite beaucoup de santé et j'attends ta réponse:)

Alcib a dit…

Merci.