lundi 21 avril 2014

L'amour conditionnel


L'amour inconditionnel, il semble que ce ne soit pas donné à tout le monde de l'éprouver, de le vivre, de le partager. Bien sûr, si je compare à Alexander, la barre est haute, pratiquement impossible à dépasser, même à atteindre.

Je me sens sacrilège d'associer le nom d'Alexander à ce qui suit mais, quand je vois ce genre de choses, je ne peux pas m'empêcher de penser à lui (et en fait, il n'y a vraiment pas grand-chose dans la vie qui, dans mon esprit, ne soit, d'une manière ou d'une autre, associée à Alexander). C'est que, je crois, je vois toute la vie, celle à laquelle j'ai accès de manière concrète ou abstraite, avec le regard d'Alexander en même temps qu'avec le mien. Peut-être qu'au fond, ils ne sont pas distincts l'un de l'autre.


Il y a quelques jours, un petit sondage du journal La Presse, le journal de la bourgeoisie, de la droite (même si bon nombre de leurs lecteurs refusent de se faire identifier à la droite ; ils peuvent le nier autant qu'ils le voudront, la réalité n'en sera pas changée), un petit sondage, donc, demandait aux lecteurs de La Presse, s'ils seraient prêts « à dépenser plusieurs milliers de dollars pour soigner [leur] animal de compagnie ». J'ai eu un choc en regardant les réponses : 83 % des 11 205 répondants (l'image affiche 5846 répondants, mais au final, leur nombre était beaucoup plus élevé, mais le pourcentage le même) disent « NON » ! 

On a beau se dire qu'il s'agit des réponses de lecteurs de droite, les mêmes qui viennent d'élire au Québec le Parti libéral, le plus corrompu que le Québec ait connu depuis bon nombre de décennies, dont la plupart des députés sont ceux dont tout le Québec voulait absolument se débarrasser il y a moins de deux ans, en raison de la corruption, des scandales, des enquêtes policières sur les membres du gouvernement, pour collusion, favoritisme, fraudes et autres choses aussi aimables.

Mais les réponses à ce sondage font lever le coeur. Comment peut-on adopter un animal, prétendre l'aimer et, au moindre ennui de santé, préférer le faire euthanasier (ou pire : le laisser souffrir) plutôt que de lui offrir les soins appropriés. Je ne dis pas que je n'aurais jamais recours à l'euthanasie dans le cas où il n'y aurait vraiment plus d'autre solution. Alexander, comme il l'avait promis à son siamois Harry, était là pour donner lui-même - il était médecin - l'injection fatale quand il est devenu clair que le pauvre Harry avait atteint la limite de sa vie supportable. J'en ai encore les larmes au yeux, la gorge serrée, en pensant qu'au moment où il posait ce geste d'amour ultime, d'amour certes mais absolument déchirant, envers son chat, son compagnon des treize années précédentes, Alexander ne pouvait pas ne pas penser qu'il le rejoindrait peut-être dans peu de temps. Le crabe maudit ne fait pas de discrimination et, trop souvent, il est sans pitié, d'une volonté implacable... Dans une situation comme celle d'Alexander avec son ami Harry, il est certain que je ferais comme lui ; j'essaierais d'assurer le mieux-être de l'animal, la meilleure qualité de vie, tant que cela serait possible. Mais je n'aurais ni les aptitudes ni le courage qu'a eu Alexander envers son ami ; s'il le fallait, je demanderais au vétérinaire de le faire.
Mais je suis choqué du manque de sensibilité de ces lecteurs pour qui « les vraies affaires » (entendons ici les affaires d'« argin », de confort et de biens matériels), passent bien avant, même en théorie, quand la situation ne se présente pas vraiment, bien avant la vie de leur compagnon animal. Choqué, mais au fond, pas surpris. « Plus je vois les hommes et plus j'aime mon chien. »
Ce chien, cet ami qui n'est pas encore là, fait de plus en plus sa place chez moi, concrètement car j'essaie de lui aménager de l'espace où il sera heureux ; quant à sa place dans mon coeur, elle est acquise depuis bien longtemps et elle y restera toujours, même si les circonstances devaient faire que cet ami ne s'installe jamais chez moi. Chaque jour, je consulte les naissances chez les éleveurs de bulldogs ; je leur écris, j'accumule de grandes quantités de renseignements bien concrets, en plus de lire tous les livres que je peux trouver sur les chiens en général, et sur les bulldogs en particulier. J'ai même commencé à lui acheter des jouets.

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