vendredi 20 juin 2014


Le chagrin, la douleur de la perte, de l'absence, du manque de la moitié de soi, ... sont toujours là ; mais je n'aurais pas dû relire notre conversation d'il y a cinq ans, qui devait être notre dernière conversation. Bien sûr, je n'en avais rien oublié, mais cette relecture m'a donné durant plusieurs minutes l'impression d'y être encore...

Je sais que deux ou trois lecteurs comprendront très bien, pour le vivre aussi de leur côté...

Il me redisait notamment, dans cette dernière conversation, que son seul désir, c'était d'être dans mon coeur, pour toujours. Et il ajoutait : « Je sais que tu m'aimes aussi et que jamais tu ne diras, même dans plusieurs années : « Ah oui, j'ai connu un jour un garçon qui s'appelait Alexander... » Parfois je me demande comment quelqu'un comme toi peut m'aimer, mais j'ai confiance en toi et j'ai confiance en ton amour. Et tu ne me parles toujours qu'avec ton coeur... »

Oui, Alexander, tu es et tu seras toujours dans mon coeur, comme tu l'as été depuis que tu es entré dans ma vie, « dirigé vers [moi] par quelqu'un qui t'aime et qui veille sur toi », aimait répéter notre meilleure amie. Et tout le temps qu'il me reste à vivre, que ce soit un jour, un mois, des années, je vivrai avec toi, pour nous. Je crois que j'essaie parfois de m'étourdir dans l'action pour ne pas trop me rendre compte de ton absence, comme si à la fin de mes agitations, de mes pérégrinations, j'allais te retrouver pour poursuivre nos échanges quotidiens...

Mais cette nuit, c'est le grand vertige...

Et d'autres douloureux silences sont venus s'ajouter, qui  attristent et inquiètent, et sont par moments difficiles à « gérer »...

Je sais cependant que tu n'as plus peur de me perdre, puisque tu es avec moi pour toujours, que tu comprends et que tu m'encourages à cultiver quelques vraies et précieuses amitiés, sans lesquelles la vie sur terre serait vraiment trop ardue. Je sais qu'avec moi tu les remercies de leur présence chaleureuse, même à distance.

4 commentaires:

Dr. CaSo a dit…

Dans ces moments de grands vertiges, une seule chose me retient de sauter: le fil (même s'il est parfois très fin) qui nous relie tous, la famille, les amis (même ceux qui sont loins, même ceux qui sont partis), les gens qu'on aime, et surtout, les gens qui nous aiment.

Alcib a dit…

Merci, Dr CaSo : Oui, tu as entièrement raison de compter sur ce fil qui relie la famille, les amis, proches ou lointains, présents ou partis...
Alexander et moi, nous appelions ce réseau « notre petite famille », une famille dont les membres étaient non pas imposés par quelque protocole extérieur, mais choisis. Elle était composée de tous ceux que nous aimions et de tous ceux qui nous aimaient. Elle comprenait, bien sûr, des membres de nos familles officielles, mais seulement ceux qui nous avaient aussi choisis, des amis, bien sûr, mais pas forcément tous les amis officiels, déclarés, ceux qui nous comprenaient, qui nous aimaient, qui nous aiment, qu'ils soient physiquement parmi nous sur la terre ou plutôt dans les étoiles...
Mais justement, la douleur, ces derniers temps, est exacerbée par d'autres départs, de nouvelles absences, de nouveaux silences non expliqués...
Ce grand vertige, il est un peu fait du sentiment terrible d'être soudain coupé d'une part essentielle de notre petite famille, ceux qui en constituent le noyau.
Et la douleur est aussi celle de ne pas savoir si ceux que nous aimons sont bien ou non, s'ils sont vivants ou non : tout est possible, et le pire n'est pas exclus.
Ces temps-ci, les « coïncidences » se multiplient ; elles sont trop nombreuses et multicouches pour n'être dues qu'au hasard. C'en est troublant !
Les autres, qui sont là, ne peuvent pas nous apporter les réponses que nous voudrions avoir, mais leur présence, même à distance, réconforte, soutient.
Je regrette notamment qu'Alexander n'ait pas eu le temps de faire la connaissance de ma nouvelle voisine (pas si nouvelle, mais arrivée ici après le départ d'Alexander) ; il l'aurait tellement aimée ! Ils se seraient si bien entendus, ces deux-là, que j'en aurais presque été jaloux !
Merci encore, Dr CaSo ; tu es bien sûr, l'une de ces fidèles qui étaient là même avant l'arrivée d'Alexander dans ma vie. Je suis sûr que là-haut, avec sa mummy, son daddy, sa marraine, ses amis Freddie, Jim, Tony, son Harry le siamois, et tant d'autres, font la fête avec ta Sosso, avec Sean le cheval, et les animaux de ceux que nous aimons et qui nous ont quittés.

Bises à toi. Bonnes vacances ! Et câlin à Calinette.

WILLY a dit…

Je suis toujours réellement désolé pour vous. Vraiment désolé. Je reviens de temps en temps. Votre fidélité totale m'émeut. Cordialement. Willy

Alcib a dit…

Bonjour Willy. Votre commentaire me touche énormément; merci ! Je me souviens que vous aviez écrit, il y a presque cinq ans, que vous aviez aussi perdu l'élu de votre coeur ; vous savez donc ce que c'est puisque vous l'avez vous-même vécu.
Je n'ai pas de mérite à être fidèle à Alexander : la conversation en direct entre nous a été interrompue, malgré nous, mais je n'ai vraiment pas fini de découvrir la richesse de sa personnalité, le caractère unique et merveilleux de ce jeune médecin qui était pourtant resté un petit garçon.
Notre amie Jane qui l'a connu dès les premières heures de sa naissance et qui le connaît mieux encore qu'une mère peut connaître son fils, car elle est à la fois la meilleure amie de sa mère (qu'il a perdue quand il avait quatre ans) et la meilleure amie et complice de ce garçon qui semblait découvrir et réinventer la vie à chaque instant, m'a tellement parlé d'Alexander enfant que c'est la plupart du temps au petit garçon que je pense, c'est le petit garçon que je vois le mieux, le plus spontanément. Et même s'il était un « vrai garçon » qui promettait de n'être pas sage lorsque nous dormirions ensemble, il était heureux et fier de dire à ceux qui l'aiment que je savais reconnaître le petit garçon en lui qui ne demandait qu'à être aimé. Et ce n'était pas quémander que de souhaiter cet amour ; le sien était immense, sincère, profond, inconditionnel.
Il tenait à un certain nombre de choses matérielles, ses livres surtout ; pas pour le besoin de posséder, mais parce qu'il avait tissé des liens affectifs profonds avec ces objets, devenus des amis (on ne se défait pas de ses amis si facilement, n'est-ce pas ?) Mais il disait qu'à moi il pourrait tout donner car j'étais son amour, qu'il savait que j'aimerais comme lui ce qui venait de lui.
Quand un objet venant de lui arrivait chez moi, c'était un peu comme si une partie de lui-même était déjà chez moi, chez nous.

Je vous remercie de votre présence et de votre fidélité au fil des ans. J'y suis d'autant plus sensible qu'après le malheureux malentendu d'il y a près de cinq ans entre vous et les proches d'Alexander, brisés par la perte, la douleur, le chagrin, vous auriez pu choisir d'ignorer cet Exil et de rester silencieux.
J'espère que, de votre côté, vous avez pu retrouver la sérénité, la joie de vivre...

Pour l'instant j'ai du mal à écrire, à me servir de mon bras droit, à la suite d'une chute, mais je compte bien, si on m'en laisse aussi le temps, poursuivre la rédaction de ces pages, comme le voulait Alexander. À certains moments, la combinaison « mystérieuse » de certains événements me fait croire qu'il se manifeste d'une façon ou d'une autre.