mardi 16 septembre 2014

Intro ou extra... ?

Dans un billet intitulé timide intimité, qu'elle publie aujourd'hui sur son blogue, notre collègue et amie, Dr CaSo, se demande si, à partir d'une liste de dix points relevés dans un article sur l'introversion, elle ne serait pas introvertie. Après y avoir laissé un long commentaire, en réponse à chacun des points, je me suis dit qu'il y aurait peut-être sur mon propre blogue un lecteur, curieux ou ayant besoin d'une distraction, qui pourrait vouloir lire ma réaction ce que l'on dit des introvertis. Je me reconnais plus ou moins dans plusieurs des points qu'elle mentionne (je n’ai pas fait le compte : c’est lorsque j’arriverai à la fin de mon commentaire que je saurai), mais je ne crois pas être introverti pour autant. Jugez-en par vous-même et, si le cœur vous en dit, donnez-moi votre opinion. 

1. C’est normal qu’après une dépense (d’énergie, d’argent, etc.), on ait besoin ou simplement envie de refaire le plein. Après une activité d’animation, de formation, de communication, je suis parfois fatigué mais, la plupart du temps, heureux, et stimulé, mais pas déprimé. J’ai plutôt envie de continuer à faire quelque chose d’intéressant, avec ou sans les autres. 

2. Je n’aime pas les foules ou, plus précisément : je n’aime pas être dans la foule. Mais je n’ai pas peur de m’adresser à des foules (si j’ai quelque chose à leur dire) ; 500, 3 000 ou… des millions (à la radio ou à la télévision), je préfère m’adresser à eux que d’être au milieu d’eux. D’une part je suis un peu claustrophobe (et non agoraphobe), mais si on a un message à livrer, c’est moins embarrassant que de devoir parler de la pluie et du beau temps avec des inconnus. 

3 Le silence, la solitude, sont pour moi de vrais amis. Autant j’aime à l’occasion être avec un certain nombre (pas trop grand) de personnes avec qui j’ai des affinités, des intérêts communs, autant je peux rester chez moi plusieurs jours sans sortir, sans utiliser le téléphone. 

4. J’ai été, les 30 premières années de ma vie, assez timide (dans la classe, à l’université, j’essayais de me cacher derrière les autres afin que le professeur ne remarque pas si je ne comprenais pas). Mais j’ai vite constaté que les autres n’étaient pas toujours plus à l’aise que moi ; alors j’ai commencé à aller vers eux. Et, si j’ai quelque chose à lui dire, je peux aussi bien appeler la reine d’Angleterre et du Royaume-Uni que… n’importe qui d’autre. L’ennui, c’est que la plupart d’entre eux ne m’intéressent pas. 

5. J’aime aussi écouter, observer… Mais si je suis dans un petit groupe, je crois que la politesse exige qu’au moins les autres entendent ma voix une ou deux fois, ne serait-ce que pour leur faire comprendre que, sur certains points, je ne suis pas différent d’eux ou… tout le contraire. 

6. C’est vrai que je suis parfois content si un projet est annulé ou reporté, mais c’est surtout parce que ce n’était pas pour moi le moment le mieux choisi ou parce que j’ai déjà pas mal trop d’autres choses à faire. 

7. Les introvertis espèrent secrètement qu'on les invitera au cinéma ou au restaurant (pourquoi pas les deux, l'un après l'autre ?) Pas vraiment en ce qui me concerne. Ma hantise : recevoir une invitation sans avoir eu le temps de trouver une bonne raison de refuser ou de… demander à réfléchir. Spontanément, je dirais plutôt : non. 

8. Tout cela est relatif. Je peux facilement établir une communication avec les autres s’il y a un intérêt commun, connu ou prévisible, ou si on n’a pas le choix : si on doit passer un long moment ensemble sans possibilité de fuite. 

9. J’ai plein de choses à dire, mais je ne suis pas sûr que les autres soient intéressés à ce que je le dise. Et je pense aussi à ce qu’écrivait quelqu’un (je ne sais plus qui) : « Je n’ai rien à dire, mais je tiens à le dire moi-même. » 

10. Que ce soit dans la vie personnelle, professionnelle ou sociale, je crois qu’il nous arrive tous de devoir faire des efforts pour se montrer polis, à défaut de se montrer solidaires ou aimables. Certains sont mieux entraînés que d’autres à ce genre de représentation. J’essaie souvent d’éviter ces occasions mais, si je ne peux y échapper, j’essaie de ne pas faire subir aux autres, amis, proches, collègues… ma frustration ou ma mauvaise humeur… à moins que ce ne soit le message que j’aie envie de faire passer. 

Alors, Docteur, suis-je normal ? Si oui, suis-je intro ou extraverti ?

7 commentaires:

patquebec a dit…

c'est vrai que ce sont peut-être des choses un peu trop communes où tout le monde peut plus ou moins se retrouver ^^

Alcib a dit…

Patquebec : Merci. Que tu sois intro ou extra, ou simplement averti - j'élimine d'office « inverti », je suis heureux de t'y retrouver.

Willy a dit…

Cher Alcib... Votre silence est si profond... Où êtes vous, ami? Si loin?... Si loin...

Dr. CaSo a dit…

Je crois qu'on a tous des moments introvertis ou extravertis mais que chacun se retrouve plus souvent d'un côté ou d'un autre, instinctivement :) Et peut-être qu'on est amis avec des gens qui nous ressemblent un peu aussi :)

Alcib a dit…

Willy : Le silence n'est qu'à la mesure de l'abîme qui est en moi.
Je suis sans doute aussi loin de moi-même que je semble l'être de vous.
Je travaille à réduire l'abîme et à réduire la distance...
Merci de votre présence, malgré le silence.

Alcib a dit…

Dr CaSo : Tu as raison ; on n'est jamais tout à fait extraverti ni tout à fait intro (ou intra) verti.
Par tempérament et par caractère, on est probablement plus porté dans un sens que dans l'autre.
Je ne sais pas si l'équilibre est à un point à peu près stable entre les deux pôles ou plutôt dans le mouvement du balancier.

Il est fort possible, en effet, que les amis choisis nous ressemblent un peu. Mais je connais des cas ou des amis très proches sont si différents l'un de l'autre.
Alexander, par exemple, si réservé, si discret, toujours soucieux de ne pas froisser, de ne pas blesser, de ne pas déranger, ne pas se faire remarquer... avait un ami très exubérant. Alexander me disait que presque chaque sortie avec lui se terminait au commissariat de police ou... en première page des journaux britanniques. Depuis que je sais de qui il s'agit, je le crois facilement : il ne rate jamais une occasion de se faire remarquer.

Alcib a dit…

Selon les jours ou, peut-être selon les cycles du biorythme, je crois être parfois l'un parfois l'autre... Mais au fond, je suis peut-être davantage introverti dans la mesure où je peux contrôler assez bien, je crois, si je me ferai remarquer ou pas, dans quelles circonstances, etc. J'ai l'impression de pouvoir « décider » d'être l'un ou l'autre. Je ne suis ni l'introverti tout coincé, tout empêché d'interagir avec les autres, ni le pitoyable bouffon qui ne sait pas s'arrêter et qui s'épuise en spectacle continuel.