samedi 31 décembre 2016

Bonne année 2017




Tous mes voeux les meilleurs
pour la nouvelle année.

Que 2017 vous apporte et vous conserve
Santé
Amour
Bonheur
Joie
Prospérité

samedi 24 décembre 2016

Joyeux Noël 2016


Au réveil, ce matin, Rupert était content : la neige tombait dru et le sol en était déjà tout recouvert. Nous aurions donc un Noël tout blanc.

Lorsque Rupert est heureux, je le suis davantage. Et si jamais nous n'étions pas dehors ou à la fenêtre lorsque passerait le Père Noël avec son traîneau et son attelage, nous aurions au moins le plaisir de suivre les traces de rennes dans la neige.

Et puis, si le Père Noël ne passait pas, comme il a tendance à oublier cette adresse depuis plusieurs années, il resterait tout de même des heures de bonheur à jouer dans la neige fraîche. Quand Rupert est dehors, la neige au sol ne reste pas fraîche très longtemps car il en explore le moindre centimètre carré. Lorsque le ciel est généreux et que la neige continue de tomber, il a toujours, à chaque sortie, la joie de découvrir son terrain de jeu aussi frais, propre et moelleux, bref : invitant.

Mais ce bonheur en perspective, ce matin, n'a pas duré longtemps : les gros flocons mouillés ont commencé à ressembler de plus en plus à de la pluie, et le tapis blanc à se transformer en une pâte grisâtre et liquide.


J'avais acheté quelques accessoires de Noël : un bonnet rouge avec fourrure (fausse) blanche et pompon blanc, comme celui du Père Noël, des rubans rouges, des rubans verts, et même de très jolis rubans à carreaux écossais dans les tons de vert avec de minces filets rouge et jaune. Puis, ce panache de renne avec de petites ampoules lumineuses au cas où Rupert préférerait jouer dans l'attelage plutôt que dans le traîneau... 

Mais au moment de prendre les photos que j'avais l'intention de transformer en cartes de vœux, Rupert n'avait pas très envie de jouer le jeu. Je ne crois pas que ce soit pour des raisons idéologiques ou religieuses. Je ne pense pas qu'il eût été plus à l'aise de jouer dans la crèche : le transformer en âne pour réchauffer le petit Jésus aurait pourtant créé un effet bœuf ! Il y a quelques années, le chien d'un ami avait joué un chien de berger dans une crèche vivante, durant la messe de minuit dans une église du nord de l'Irlande (cet ami raconterait mieux que moi cette touchante histoire de Noël). 

Rupert et moi passerons seuls cette veille de Noël. Nous avons reçu quelques invitations, mais c'est déjà assez compliqué de se rendre seul chez les uns et chez les autres ; ce l'est davantage avec un chien, si adorable soit-il, lorsqu'on n'a pas de voiture et que l'on doit dépendre des autres pour se déplacer. Il est finalement toujours plus simple de rester chez soi.

Où que vous soyez, seul, en amoureux, en famille ou avec des amis, je vous souhaite un très joyeux Noël et un temps des fêtes plein de joie et de bonheur.

mercredi 7 décembre 2016

Paris à 20 ans...

Quand je suis venu à Paris pour la première fois, j'avais vingt ans. Je ne me souviens plus vraiment si les quelques lectures que j'avais faites auparavant m'avaient donné envie d'aller voir sur place les lieux dont on aurait parlé dans les livres lus ; à vrai dire, je ne crois pas : je ne vois pas quel est ce livre qui aurait éveillé ma curiosité au sujet de la ville lumière, car les histoires de ces premières lectures ne se déroulaient pas forcément à Paris. Ce sont plutôt les conseils et les commentaires de mon professeur de chant, lui-même français, qui m'ont incité et fortement encouragé à acheter un billet d'avion et à partir passer trois semaines à Paris.


J'y suis arrivé tôt un mercredi matin d'octobre. Un car m'avait conduit de l'aéroport (je crois que c'était Orly, dont je connaissais d'abord l'existence par la chanson du dimanche, de Gilbert Bécaud) à la gare des Invalides. C'était une superbe journée ensoleillée et relativement chaude pour ce début d'automne. Dès mon arrivée, je me suis mis à la recherche d'un hôtel, car je n'avais fait aucune réservation. J'y aurai mis toute la journée : c'était en plein Salon international de l'auto, et les hôtels étaient remplis. Partout, on me demandait si j'étais journaliste...


À l'heure du déjeuner, ne sachant trop où m'arrêter pour manger, et pourtant affamé d'avoir tant marché dans les rues, je m'étais posé un instant à la Tour Eiffel pour y prendre un sandwich avant de reprendre ma course à travers les rues de Paris. J'entrais pratiquement dans tous les hôtels que je rencontrais... Finalement, en fin de journée, un appel téléphonique fait au hasard parmi les hôtels inscrits dans un répertoire que m'avaient donné avant mon départ les Services officiels du tourisme français a été plus heureux : on avait une chambre... pour une nuit seulement. Je n'étais pas journaliste, comme on me l'a souvent demandé ce jour-là, mais, étrangement, l'hôtel qui voulait bien m'accueillir n'était pas très loin de la Maison de la Radio. C'était aussi, près du métro Ranelagh, de la rue Mozart, de la rue de la Pompe, où vivait François Mauriac, où se trouve le lycée Janson-de-Sailly, fréquenté par une élite sociale et intellectuelle ; c'était aussi le quartier de Julien Green, de Maria Callas (avenue Georges-Mandel)... Le lendemain, j'ai trouvé un autre hôtel, rue de Bougainvilliers, pour deux nuits.


Puis je suis allé à Montparnasse, voir un ami de mon professeur de chant, rencontré à Montréal et qui m'avait invité à lui rendre visite lorsque je viendrais à Paris. Après avoir passé l'après-midi et la soirée avec lui et quelques-uns de ses amis, j'ai décidé de m'installer dans un hôtel tout près, boulevard Raspail, au 207, plus précisément, tout près du boulevard du Montparnasse. 




Vue actuelle de ce que je pouvais alors voir de la fenêtre
ma chambre en regardant vers le boulevard Montparnasse

J'ai vécu environ quatre mois dans cet Hôtel Carlton, du 207, boulevard Raspail (j'ai ensuite habité un studio d'artiste, rue Campagne-Première). Dans ses Mémoires d'Hadrien, Marguerite Yourcenar écrit : « Le véritable lieu de naissance est celui où l'on a porté pour la première fois un coup d’œil intelligent sur soi-même : mes premières patries ont été les livres. » Si la lecture de quelques livres m'avait un peu ouvert les yeux sur moi-même et sur le monde, c'est pour moi ce premier séjour à Paris qui m'a  vraiment révélé à moi-même et qui, pour la première fois, m'a fait sentir à quel point, dans un environnement inspirant et stimulant, il pouvait être merveilleux d'être et de vivre.




Montparnasse, fut, à une certaine époque, le quartier des peintres, des artistes, et de tout ce qui gravite autour des grands créateurs... C'est le quartier des grandes brasseries, des fameux grands cafés : La Coupole, Le Dôme, La Rotonde, La Closerie des Lilas, etc. Je ne fréquentais pas vraiment moi-même ces endroits fameux, mais, avec de nombreux autres établissements, dont Bobino et autres théâtres de la rue de la Gaîté, ils attiraient des gens de partout, des créateurs comme de simples vedettes... J'ai croisé dans la rue de très nombreuses personnalités... Chateaubriand avait planté un cèdre, boulevard Raspail, cèdre qui y vit encore... Helena Rubinstein a fait construire un superbe immeuble, pas très loin de l'hôtel où j'habitais, etc. Et les personnes que je fréquentais tous les jours n'étaient pas non plus inintéressantes...
 
J'ai mis des années à essayer, sans vraiment y parvenir avant de rencontrer Alexander, de faire mon deuil de tout ce que Paris m'avait permis de découvrir et d'entrevoir comme possible, tout ce qu'un climat adéquat pouvait favoriser en moi... Je ne reviendrai pas maintenant sur ce qui allait devenir mon exil intérieur... avant d'en vivre un autre.

C'est après plusieurs années que, au gré de mes lectures, j'ai appris que dans cet hôtel du boulevard Raspail, avaient vécu notamment Léon Trotski, que je ne regrette absolument pas de n'avoir pas connu, puis l'écrivain académicien Pierre Benoît, que je n'aurais pas vraiment voulu fréquenter non plus.

Un autre écrivain français n'y a passé qu'une nuit, en 1953, sa première nuit à Paris où il est venu rejoindre son père après avoir vécu dès l'âge de six ans, durant la guerre, dans des camps de prisonniers et autres institutions semblables d'où il a réussi à s'évader à vingt ans ; vous avez peut-être déjà lu son histoire romancée dans Tanguy, son premier livre, publié en 1957. Il s'agit bien sûr de Michel del Castillo, que j'ai durant si longtemps refusé de lire : je n'arrivais pas à m'intéresser à ses livres, jusqu'au jour où je suis tombé sur un roman, le Crime des pères, et un récit, De père français. Dès lors, j'ai voulu tout lire de cet auteur ; je n'y suis pas encore parvenu, mais la lecture de cet écrivain fut pour moi et continue d'être un excellent exercice d'intelligence et de lucidité.

dimanche 4 décembre 2016

Petite énigme

L'automne est là depuis quelques semaines, et bientôt ce sera l'hiver. Ce qu'il y a de rassurant, c'est que dans un peu plus de deux semaines, ... les jours commenceront à rallonger où, si vous préférez, la tombée de la nuit se fera de plus en plus tard... Mais, question de s'activer les neurones avant les grands froids, je vous propose une petite énigme :

Que puis-je donc avoir en commun avec le révolutionnaire russe Lev Davidovitch Bronstein, mieux connu sous le nom de Léon Trotski, le compositeur, pianiste et chef d'orchestre Aaron Copland, l'écrivain français et académicien Pierre Benoît et l'écrivain français Michel del Castillo ?

Pour vous donner quelques indices, j'ajouterai d'autres noms avec lesquels je n'ai pas exactement le même lien qu'avec les personnes mentionnées ci-dessus, mais qui toutes ont quelque chose en commun : François-René de Chateaubriand, Helena Rubinstein, Amadeo Modigliani, Pablo Picasso, Jean-Paul Sartre...

Dissipons dès maintenant cette question : bien qu'il me soit arrivé à quelques reprises de croiser l'une de ces personnes, je ne suis pas le contemporain de toutes ; en fait, excepté moi, il y en a une seule autre qui soit encore vivante.

Les personnes qui trouveront la bonne réponse pourront recevoir une carte postale de Montréal (je vous demanderai alors de me donner votre adresse).

J'ai bien hâte de voir si notre amie Dr CaSo, qui propose régulièrement à son lectorat fidèle les devinettes les plus impossibles, osera tenter de trouver la réponse à celle-ci.

Je ne crois pas qu'il soit nécessaire d'avoir lu tous les articles de cet Exil intérieur et de les savoir par coeur, ainsi que tous les commentaires publiés à ce jour, pour réussir à trouver la réponse à cette énigme.

S'il y en avait, je ne publierai pas immédiatement les bonnes réponses, pour laisser aux braves le temps de faire travailler leurs neurones. La solution dans quelques jours.

Ajout du 7 décembre 2016 : Vous trouverez ici la réponse à cette énigme.

mercredi 30 novembre 2016

Chien à vendre ?

L'été a été assez difficile pour Rupert et pour moi, en raison surtout des longues périodes de grande chaleur aggravée par un fort taux d'humidité. Montréal est une île : le fleuve et les rivières qui l'entourent ne bénéficient pas de l'air marin qui fait le bonheur des amateurs de bords de mer.

Ni Rupert ni moi ne supportons bien la chaleur, et cet été a été particulièrement chaud. J'ai appris, au fil des ans, à limiter les occasions de m'exposer à la chaleur extérieure, sur les trottoirs chauffés à bloc sous un soleil brûlant. Mais, pour Rupert, c'était son premier été : il voulait être dehors car c'était l'occasion de voir beaucoup d'activité, de rencontrer beaucoup de piétons dont plusieurs s'arrêtaient pour le caresser, de faire la connaissance de nombreux chiens ou de retrouver ses amis. Mais après quelques minutes, il avait du mal à respirer, à se rafraîchir. J'avais beau lui sortir une bouteille d'eau glacée et son bol, cela ne suffisait pas. Il finissait par accepter de rentrer à l'appartement climatisé, où je devais tout de même lui donner des glaçons à croquer... Et, après quelques minutes, quand il commençait à se sentir mieux, il voulait ressortir pour ne rien manquer du spectacle de la rue, pour sentir les fleurs des jardins voisins, pour se vautrer dans l'herbe...

Durant plusieurs jours, j'essayais d'éviter d'aller au petit parc qui a été son premier terrain de jeu, l'endroit où il a rencontré ses premiers amis. Il s'y amusait bien, seul ou avec d'autres. Mais, au moment où je voulais rentrer car j'en avais assez de cuire sous le soleil brûlant, un autre chien arrivait et il n'était pas question que Rupert le laisse seul (l'accompagnateur du chien ne compte pas beaucoup dans ces rencontres canines ; il est plutôt un censeur, un empêcheur de s'amuser en toute liberté)... Et quand, enfin, il n'y avait pas d'autre chien en vue, que j'essayais de ramener Rupert à la maison, il refusait, il me mordillait les talons... Je devinais bien qu'il voulait me signifier sa volonté de rester là, de continuer à jouer, mais je n'aimais pas qu'il me saute sur les jambes ou sur les pieds. J'essayais de lui faire comprendre qu'il ne devait pas faire cela, mais il n'y avait rien à faire. Si j'essayais de l'en empêcher, il insistait, comme s'il croyait que c'était un jeu. Constatant que les paroles et la douceur ne fonctionnaient pas, je devais l'éloigner physiquement de moi, et ce qui devait être une agréable sortie au parc finissait pratiquement toujours par une épreuve de force. J'étais déçu à chaque fois, et lui de même. J'étais mécontent de lui, mécontent de moi. Nous rentrions à la maison en silence. Il allait dormir et, moi, ronger mon frein en attendant de pouvoir me concentrer sur autre chose. Mais, le temps de me calmer, il était déjà prêt à ressortir...

Je sais bien qu'il doit savoir et accepter qu'il n'est pas le maître. Et si je ne l'avais pas su, je l'aurais vite appris, car chacun pense savoir comment éduquer... le chien des autres. Mais je n'aime pas non plus l'idée des rapports d'autorité et d'obéissance. Je suis conscient de n'avoir pas la patience qu'avait Alexander, mais je voulais développer avec Rupert une relation heureuse, harmonieuse, plutôt que basée sur le refus, la privation... Je me rendais compte que Rupert était en pleine adolescence et qu'il me faudrait, en attendant d'avoir recours à un expert en éducation canine, faire preuve de beaucoup de patience... Je dois dire aussi que, passant tout mon temps au service de Monsieur, j'étais de plus en plus frustré de ne pas pouvoir lire ni écrire, d'autant plus qu'à cause de lui, je restais beaucoup plus chez moi qu'auparavant...

Pendant tout ce temps, les admirateurs et admiratrices de Rupert le trouvaient merveilleux - et j'étais tout à fait d'accord avec eux (je n'étais pas obligé de toujours leur confier nos petits problèmes de couple). À plusieurs reprises, des personnes du quartier m'ont fait comprendre que si je voulais un jour me défaire de Rupert, elles seraient très intéressées à l'« adopter ». Puis, un soir, un automobiliste s'est arrêté au milieu de la rue pour contempler Rupert et me poser de nombreuses questions à son sujet ; puis il m'a fait une offre monétaire, très précise, en me laissant sa carte de visite. Je l'ai remercié de son appréciation, mais je lui ai fait comprendre que Rupert n'était pas à vendre... Cet automobiliste, qui habitait la banlieue, passait devant chez moi au moins deux fois par semaine : à chaque fois, il me renouvelait son offre.

Pour être tout à fait honnête, je dois dire que, durant cette période, je me suis demandé si je n'avais pas fait une erreur en adoptant un jeune chien, si je n'avais pas négligé de réfléchir à certaines conséquences, certaines obligations... Je me disais que je n'avais pas de voiture pour conduire Rupert à un cours d'éducation canine, par exemple, ou lui faire faire des promenades, lui faire découvrir de nouveaux lieux, le faire participer à de nouvelles activités... Bref, je me demandais parfois s'il ne serait pas plus heureux ailleurs, dans une famille, par exemple, où il pourrait y avoir d'autres chiens, ou non. Je sais que la séparation aurait été très difficile pour lui et insupportable pour moi ; je m'en serais voulu jusqu'à ma mort... et peut-être au-delà.

Puis, à la fin de l'été, quand les températures ont commencé à devenir plus « civilisées », on dirait que tout est devenu plus facile entre nous, les relations plus harmonieuses, les occasions d'impatience de ma part, plus rares... Rupert a continué de mûrir, et moi à mieux décoder ses envies, ses besoins, à mieux le comprendre... Tout n'est pas parfait : j'ai moi-même à régler un certain nombre de problèmes plutôt agaçants dans ma vie personnelle (il se pourrait, par exemple, que je doive déménager), et le fait de ne pas avoir de voiture limite les occasions de sortir du quartier avec Rupert (cette année encore, je n'irai pas dans ma famille à Noël, pour ne pas laisser Rupert seul trop longtemps, et parce que ce serait vraiment trop compliqué de l'emmener avec moi ; entre eux et Rupert, je choisis Rupert sans hésiter. Ma famille, désormais, c'est d'abord Rupert). Mais Rupert et moi nous comprenons de mieux en mieux. Il sait maintenant, par exemple, qu'après lui avoir donné à manger, je dois prendre le temps de me préparer quelque chose et de le manger ; même s'il aurait très envie d'aller jouer au parc, il sait qu'il doit attendre un peu et il s'occupe. Le matin, et souvent aussi après la sieste de l'après-midi, il adore que je vienne m'asseoir près de lui, que je lui fasse des massages en douceur : nous apprécions tous les deux, parmi d'autres, ces moments de complicité.

À la question posée en titre « Chien à vendre ? », quelqu'un pourrait répondre : « Oui, il y a sûrement, quelque part, un ou des chiens à vendre », mais certainement pas Rupert. D'abord Rupert ne m'appartient pas, il n'est pas « ma propriété », « mon bien » ; il est un être qui partage ma vie ; je l'ai adopté, on me l'a confié. J'en suis responsable et heureux.

mercredi 23 novembre 2016

Rupert pompier ?

Quelqu'un me demandait récemment quelle serait la « profession » de Rupert ou, si l'on préfère, quelle serait sa spécialité. Je ne savais trop quoi répondre, sauf que les bulldogs, en général, en plus d'être de merveilleux compagnons, aussi bien à l'intérieur qu'à l'extérieur, sont d'excellents chiens de famille et peuvent très bien veiller sur des enfants, et même sur des bébés.

Ce qui me semble certain, c'est qu'il ne sera pas pompier. Jane me disait que, lors de l'incendie de sa maison, peu avant Noël, quelques mois après le départ d'Alexander, Alexander Bull s'était enfui, ayant eu peur du feu et de toute l'agitation causée par l'incendie ; il avait disparu toute la journée... (ce qu'il y avait de rassurant, dans ce cas, c'est que le domaine était immense et que le plus proche voisin était loin : tôt où tard, Alexander Bull reviendrait, se rapprocherait tout au moins des écuries où il comptait de nombreux amis).


Il y avait ce matin, près de chez moi, un incendie important. J'aurais pu prendre moi-même des fenêtres de mon salon ces photos du journal La Presse, mais je ne voulais pas ouvrir les fenêtres tellement la fumée était dense.


 Photos : Patrick Sanfaçon, La Presse

Je n'ai pas voulu aller voir de plus près, sachant que toute cette agitation rendrait Rupert nerveux et, surtout, je ne voulais pas qu'il respire cette fumée. Mais, quelques heures plus tard, Rupert voulait sortir ; je lui ai proposé d'aller au coin de la rue où un grand nombre de curieux, journalistes, pompiers, policiers, etc., jouaient leur rôle respectif.

Rupert a bien consenti à me suivre, mais il était quelque peu craintif... Aussitôt que nous sommes arrivés au coin de la rue, où tout ce monde s'agitait, j'ai vu un policier se diriger vers nous. J'ai d'abord cru qu'il venait me dire que je ne devais pas rester là avec mon chien puis, voyant son expression, j'ai deviné ce qu'il voulait. Il a demandé la permission de prendre quelques photos de Rupert. Celui-ci s'y prêtre parfois de bonne grâce, mais il n'est pas vraiment cabotin : il ne prend pas la pose. Que le photographe se débrouille comme il peut ! Avant qu'il soit aperçu par les nombreuses caméras de télévision, Rupert a insisté pour revenir vers la maison.

Les incendies qui ne le menacent pas directement semblent le laisser froid. Et ces rassemblements de personnes ne l'intéressent pas davantage. Il a préféré retrouver des carrés de neige encore blanche où il pourrait jouer. 

P. S. : Après avoir rédigé et publié ce billet, je me suis souvenu d'un autre billet que j'avais rédigé au sujet d'un incendie dans mon immeuble, en août 2007, intitulé Tout feu tout flamme. Rupert n'était même pas encore un rêve, et Alexander Bull avait pourtant deux ans déjà.

lundi 21 novembre 2016

Première neige...

Hier soir, en sortant Rupert avant qu'il n'aille s'installer pour la nuit, j'ai constaté que la première neige annoncée cet automne tombait sur Montréal. J'ai immédiatement fait un voeu (qui n'a pas vraiment de lien avec la neige elle-même). Rupert a eu l'air un peu surpris, mais il préfère la neige à la pluie : alors qu'il n'a pas envie de sortir sous la pluie, il n'a pas hésité en voyant tomber la neige. Sa première réaction a été d'essayer d'en attraper les flocons...

Ce matin, tout était blanc. J'ai essayé de prendre quelques photos, mais Rupert était trop excité, il n'arrêtait pas de sauter et de courir sur ce nouveau tapis blanc ; je ne sais pas s'il se souvenait de l'hiver dernier... L'appareil n'était pas assez rapide pour capter sa joie. Voici tout de même les deux seules photos qui sont un peu claires, lors de brefs moments de calme :



Quand il est arrivé, il y aura bientôt un an, il découvrait vraiment sa première neige. Je ne dirais pas qu'il en était très excité, mais sa curiosité était visible et amusante.


Rupert est arrivé chez moi le 11 décembre, et je vous l'avais présenté ici, le 18 décembre 2015.

lundi 31 octobre 2016

Abonnés absents

Dans les mois qui ont précédé et ceux qui ont suivi le départ d'Alexander, certains de mes amis, parmi les plus anciens et les plus intimes, sont « disparus » en douce, sans rien dire, ou sous des prétextes pas très clairs. Je n'ai pas voulu en parler vraiment ici pour ne pas faire de peine à l'entourage d'Alexander, car l'idée que la présence d'Alexander dans ma vie ait pu avoir une influence négative sur mes amitiés aurait vraiment chagriné et blessé sa famille et ses amis. Alexander, lui, sentait bien quels étaient, parmi mes amis, ceux qui méritaient vraiment le titre d'amis. J'ai assuré Alexander que, si je devais choisir entre lui et mes amis, je n'hésiterais pas du tout : je n'aurais pas pu continuer d'appeler « amis » ceux qui auraient refusé de croire à l'authenticité de mon amour pour Alexander et de celui, absolu, d'Alexander pour moi... Au cours de nos conversations ou dans ma correspondance avec Alexander, j'ai plusieurs fois défendu ces amis mais, au bout du compte, il semble que c'est lui qui avait raison...

Je ne m'étendrai pas sur l'une ou l'autre de ces tristes histoires en particulier. Chacun a le droit, s'il le peut, de choisir sa vie, ses croyances, ses valeurs, ses attaches, ses relations... Et cela vaut pour moi aussi. Il m'est arrivé plusieurs fois de vouloir parler d'Alexander à l'un ou l'autre de mes proches et, plusieurs fois, après avoir prononcé son nom, c'est exactement comme si je n'avais rien dit. C'est comme si pour eux, ne pouvant le toucher, il n'existait pas, n'avait jamais existé... Et pourtant, je sais, moi, qu'en quinze mois de conversations et de correspondance entre lui et moi, Alexander a été vraiment présent, à chaque instant, et que j'ai plus appris et mieux vécu qu'en quinze ans avec ceux qui sont physiquement plus près de moi, mais qui, au fond, ne m'ont jamais connu comme Alexander a su me connaître, me reconnaître.

Il y a un mois, j'ai envoyé un courrier électronique à l'un de ces amis qui habite tout près de chez moi, mais que je n'ai pas revu depuis quelques années. Comme il m'envoie de temps à autre un message disant qu'il aimerait me voir, me parler de vive voix, je lui proposais que nous fassions, pendant qu'il faisait encore beau, une promenade le long de l'avenue du Parc, comme nous avons si souvent fait dans le passé. Je trouvais cela plus facile, pour reprendre contact, que d'aller m'asseoir chez lui et sa femme. Je lui proposais de nombreuses plages horaires où je me serais rendu disponible. Non seulement je n'ai pas reçu, un mois plus tard, de réponse à ma proposition, je n'ai même pas reçu d'accusé de réception.

Le même jour, j'ai envoyé à un autre ami quelques mots à l'occasion de sa fête. Il m'a vite répondu pour m'en remercier, ajoutant toutefois qu'il avait été déçu de ne pas recevoir une nouvelle photo de Rupert et que, devant la brièveté de mon message, il se demandait si j'allais bien. J'ai aussitôt envoyé une nouvelle photo de Rupert, en précisant qu'en effet je n'allais pas très bien, en lui donnant un très bref aperçu de quelques-unes de mes inquiétudes... J'ai dû attendre trois semaines pour qu'il réagisse. Il m'a téléphoné un soir de la semaine dernière, mais il s'était « bien » préparé, s'était armé de phrases toutes faites, de « pensées positives » qui peuvent servir en toute occasion et, bien qu'il m'ait posé la question sur ce qui n'allait pas, il ne m'a jamais laissé finir une phrase. Puis il a mis fin à la conversation, car il était fatigué...

mardi 25 octobre 2016

En attente de modération...

Lorsque j'accède à la page « commentaires en attente de modération » de ce blogue, je ne peux m'empêcher de voir et de relire à chaque fois deux commentaires bouleversants qui ne seront jamais publiés.

Le premier date du 7 octobre 2009, et vient d'Alistair, un ami d'Alexander qui, tombé par hasard sur ce blogue, a reconnu dans les textes que je publiais alors l'ami avec qui il a fait une partie de ses études. Je ne pouvais pas publier ce commentaire, et je l'avais expliqué à Alistair, car il donnait le nom complet d'Alexander. Alistair avait adopté un bulldog provenant du même éleveur que celui d'Alexander Bull, qu'il avait appelé Douglas... Hélas pour moi, Douglas et Alistair sont allés, quelques mois plus tard, rejoindre Alexander sur son étoile, ou sur une étoile voisine.

L'autre vient de Colin, daté du 17 mai 2011, tout aussi bouleversant. Il ne parle pas ouvertement d'Alexander, mais il est clair que Colin a été touché par ce que j'ai écrit au sujet d'Alexander, et peut-être aussi par ce qu'Alexander avait lui-même écrit. Colin m'avait demandé lui-même de ne pas publier ce commentaire. Je n'ai malheureusement plus de nouvelles de ce garçon, dont je ne connais pas grand-chose, mais qui m'avait fortement ému par le peu qu'il a dévoilé à son sujet. J'aimerais savoir qu'il va bien.

D'autres m'ont aussi écrit, ces dernières années, parfois directement, sans laisser de commentaire sur le blogue. Je ne les oublie pas et ne les oublierai jamais non plus ; ils font partie des amis absents...

jeudi 20 octobre 2016

Joyeux anniversaire, Rupert

On peut agrandir l'image en cliquant dessus

Rupert a un an aujourd'hui. Après son petit déjeuner, il a voulu aller au parc, où j'ai pris cette photo, avant l'arrivée de la pluie.

J'attends la livraison de son premier sac de nourriture pour bulldog « adulte ». Et il y aura pour lui un petit cadeau d'anniversaire.

Cet après-midi, je lui préparerai un gâteau aux pommes de terres, pommes et fromage ; j'ajouterai quelques autres ingrédients qu'il devrait avoir plaisir à découvrir.

Je crois qu'Alexander serait heureux de voir que Rupert est une vedette dans le quartier et auprès de plusieurs dizaines de personnes qui fréquentent, à titre d'employés ou d'étudiants, l'université McGill.



mercredi 19 octobre 2016

Qu'on ne se Trump pas !


Illustration : Ygreck, Journal de Montréal

Cette caricature du Journal de Montréal représente assez bien la façon dont je vois ce candidat à l'élection présidentielle du 8 novembre prochain aux États-Unis.
Malgré tout, il y aura environ un tiers des électeurs à voter pour lui. Qui se rassemble se ressemble?

lundi 10 octobre 2016

Sérénité (absence de)

Ces dernières semaines, j'avais en tête quelques sujets d'articles à écrire pour ce blogue ; ils étaient pratiquement « écrits » en pensée. Il me manquait le temps ou la disponibilité pour les rédiger et les publier...

Mais, en ce moment (et je ne vois pas encore comment la situation pourra s'améliorer à court ou à moyen terme), je n'ai pas la sérénité nécessaire pour écrire quoi que ce soit. Cela ne servira sans doute pas à grand chose que je le dise ici, mais il me fallait le dire, quelque part.

mercredi 31 août 2016

In loving memory...


Tout comme Alexander, elle sera toujours dans mon coeur.
Je pense à ses enfants, à ses petits-enfants qui ne l'ont pas connue, à sa famille, à ses proches...

Je pense à cette date du 31 août 1997, mais aussi au 31 août 2008, et à bien d'autres moments, aussi tristes ou plus heureux...

lundi 8 août 2016

Journée du chat

MiaaaWouf !

Le 8 août, c'est la Journée internationale du chat.

Rupert attend patiemment la journée des chiens ; on ne semble pas s'entendre sur une date précise. On dirait que plusieurs organisations veuillent célébrer cette journée à la date qui leur est la plus profitable, la plus rentable, oubliant que cette journée, comme la journée internationale des chats, a été créée à l'origine, non pour favoriser certains commerces, mais pour rappeler l'importance de prendre bien soins de nos animaux de compagnie. Mais, selon le Fonds international pour la protection des animaux (IFAW), la Journée du chien serait soulignée le 26 août de chaque année.

Alors, aujourd'hui, ayons une petite pensée pour les chats... et pour tous les animaux qui nous font apprécier davantage la vie de tous les jours.

Certains évoqueront la déesse Bastet. Personnellement, j'aurai aussi une pensée pour tous les amis des chats, et une pensée particulière pour dieudeschats, qui aime les chats, bien entendu, mais pas seulement...

samedi 16 juillet 2016

Panne sèche

« On ne peut plus écrire
quand on ne s'estime plus. »
Flaubert

jeudi 14 juillet 2016

Je suis... avec les Niçois

Je suis Charlie.
Je suis Paris.
Je suis Orlando.
Je suis Bruxelles.
Je suis Istanbul.
Je suis Nice.

Je suis bouleversé.
Je suis dégoûté.

Je suis surtout, après cette inqualifiable acte de barbarie, de tout cœur avec les Niçois.

mercredi 13 juillet 2016

L'enfer n'est pas plus chaud...

... que le fond de ma cour !

Image provenant du site de Météomédia

C'est une façon de parler, bien sûr, car je n'ai pas de cour, ni royale, ni avant, ni arrière. Mais cela n'empêche pas que cette chaleur intense est insupportable !
On devrait l'interdire par une loi. Et punir sévèrement les présentateurs de la météo, dans quelque média que ce soit, qui annoncent avec enthousiasme les chaudes journées d'été.

Ce sont ces chaudes journées, toujours trop nombreuses au cours de l'été montréalais, qui me font de plus en plus détester cette saison !

J'en souffre ! Rupert en souffre !
Les personnes malades en souffrent !
Les enfants et les personnes âgées en souffrent ! Etc.

Selon un rapport récemment publié par l’Institut national de santé publique du Québec (INSPQ), la chaleur est un problème de santé publique important au pays. Et l'on dit de nous que nous habitons un pays froid !

Et pourtant, nos « imbéciles heureux » qui n'ont rien de mieux à faire que de se chauffer au soleil en demandent toujours plus. De moins en moins j'ai envie d'avoir des amis parmi ceux qui souhaitent un été chaud. À défaut de temps frais, Rupert et moi allons finir par aimer la solitude.

jeudi 7 juillet 2016

Il y a sept ans, Alexander...

Dans quelques heures, soit vers 14 heures, heure de Londres, il y aura sept ans, ce septième jour du septième mois, qu'Alexander a rendu son dernier souffle et qu'il a regagné son étoile...

Je ne sais pas comment la famille soulignera ce septième anniversaire de son départ, puisque je n'ai plus de nouvelles de qui que ce soit de l'entourage d'Alexander. Je peux toutefois m'imaginer la famille rassemblée dans cette petite église, autour du caveau familial, près de tant d'autres membres de la grande famille dont le nom est gravé dans la pierre avec la date de leur arrivée et celle de leur départ.

Pour m'associer en pensée et de tout mon coeur à leurs prières, je me rappellerai la commémoration du premier anniversaire de son départ.


J'ai confiance qu'Alexander aura enfin trouvé la paix, la sérénité, l'amour et la joie. J'aimerais pouvoir penser que ses proches, n'oubliant pas son amour, ont pu trouver un peu de paix, de sérénité et de joie de vivre.

vendredi 1 juillet 2016

Une respectueuse et tendre pensée...

Lady Di -  1er juillet 1961 - 31 août 1997

Je m'associe à sa famille, à ses proches, à tous ceux qui l'aiment et qui auront pour elle aujourd'hui une tendre pensée...
Merci de tout ce que vous avez fait, Lady Di, et pour tout ce que, personnellement, bien qu'à distance, vous m'avez apporté !

lundi 20 juin 2016

Adolescence

S'il y a une chose que l'on ne puisse pas dire de Rupert, c'est qu'il n'ait pas de caractère ! Je l'ai su dès les premières heures, dès les premiers jours. Plusieurs voisins qui ont ou qui ont eu des chiens mes disaient, ces derniers mois, que je n'avais encore rien vu, qu'à l'adolescence, Rupert risquait de m'en faire voir de toutes les couleurs. Je dois dire que, jusqu'à maintenant, il ne m'en a pas trop fait voir. Il sait ce qu'il veut et ce qu'il ne veut pas, mais lorsque je décide que nous allons faire une promenade qui sera bonne pour lui et pour moi, alors qu'il n'aurait envie que de s'assoir sur le bord du trottoir à regarder passer les gens ou à sentir les fleurs des jardins voisins, il finit par céder et, une fois en route, il marche comme un grand garçon, la tête penchée comme s'il voulait se concentrer tout à fait sur la marche elle-même. Bien sûr, il y a des distractions en cours de route : un objet qui n'était pas là la veille, une odeur nouvelle, une admiratrice qui veut le caresser, une autre chien qu'il a reconnu ou qu'il voudrait connaître... Mais cela n'arrive pas tous les jours car il y a déjà pas mal de monde en vacances, ne seraient-ce que les étudiantes universitaires.

Je ne sais pas s'il faut mettre sur le compte de l'adolescence ou de la chaleur, mais au cours de la dernière semaine du mois de mai et la première de juin, il y a eu des moments où je ne savais plus que faire de lui : il exigeait, d'une façon ou d'une autre, toute mon attention. Je n'avais pas le temps de manger ou de commencer quoi que ce soit : alors que nous venions de rentrer, il avait encore besoin de sortir et, puisqu'il ne supporte pas la chaleur (quand il fait trop chaud, il n'arrive plus à se rafraîchir et il a du mal à respirer), on aurait dit qu'il faisait exprès pour aller se coucher sur le trottoir en plein soleil. Je n'avais pas trop de mal à faire rentrer car il se rendait compte, malgré tout, que c'était plus frais à l'intérieur qu'à l'extérieur, mais, dès qu'il s'était rafraîchi, à l'aide de glaçons qu'il croquait notamment, il voulait ressortir... Ou bien il se mettait à courir comme un fou d'un bout à l'autre de l'appartement, sautant sur le canapé pour mieux repartir à l'autre bout du couloir ; résultat de tout cela, il s'essoufflait, avait du mal à respirer et, en conséquence, semblait pris de panique et... recommençait, comme s'il avait eu des tendances suicidaires.

Dans ses moments de calme, il venait s'asseoir sous mon bureau, commençait à grignoter les fils de l'ordinateur et du téléphone, les meubles, les documents ; si je tentais de l'en arrêter, il se fâchait et faisait semblant de vouloir me mordre... Un jour, je n'ai pas eu le temps de voir le chèque que je venais de recevoir, que je venais de déposer sur mon bureau et que le vent a dû faire tomber ; j'ai à peine eu le temps de prendre un verre d'eau à la cuisine : lorsque je suis retourné au salon, le chèque était en miettes (le montant n'était pas assez important pour que je demande à ce qu'on le remplace ; n'empêche, j'aurais pu offrir avec ce montant un nouveau jouet à Rupert). J'avoue que, par moments, j'étais sur le point de perdre patience (ce qu'il ne faut évidemment pas faire, car ce sera pire) ; je pensais à Alexander qui était d'une patience d'ange avec son bulldog : si celui-ci avait voulu faire quelque chose qu'il ne devait pas faire, j'imaginais très bien la voix d'Alexander lui faisant comprendre que ce n'était pas ce qu'il fallait faire, et lui suggérant une activité plus intéressante. J'avais beau essayer de distraire Rupert, il semblait prendre un malin plaisir à faire en sorte que cette nouvelle activité soit aussi contrariante que la précédente. Il sentait que j'étais de mauvaise humeur et y prenait un malin plaisir...

Après quelques jours, n'ayant plus le temps de lire, d'écrire, de penser, je sentais que je n'étais plus que le majordome de Monsieur ou le chef de famille monoparentale sur le bord de la crise de nerfs. J'avoue que, le soir sur mon oreiller, je me suis demandé parfois si je ne serais pas mieux d'offrir Rupert à quelqu'un qui pourrait le rendre plus heureux : quelqu'un qui aurait une cour où il pourrait jouer, un autre chien comme compagnon, une voiture pour l'amener à la campagne... Mais il suffisait que je l'entende ronfler sur le canapé à l'autre bout de l'appartement ou par terre dans la porte de ma chambre, selon les soirs, pour me rappeler à quel point j'étais heureux qu'il soit là.

Depuis une dizaine de jours, il est redevenu le bon garçon qu'il était. À l'extérieur comme à l'intérieur, il souffre de la chaleur (je n'avais pas encore mis en marche mon climatiseur), mais à force de glaçons à croquer et de longues siestes sur le plancher, aux endroits les plus frais, il parvient à trouver la vie supportable. Avec sept ventilateurs bien placés dans l'appartement, j'arrive moi-même à supporter la canicule, mais je persiste à dire que l'été n'est vraiment pas ma saison préférée, du moins à Montréal où l'humidité rend vite la chaleur pénible. Alexander n'aimait pas davantage l'été.

Avec Rupert, nous continuons de faire des rencontres intéressantes. Une dame du quartier me disait l'autre jour : « Il est tellement beau ! Si un jour vous ne savez pas qu'en faire, ou si voulez le faire garder, vous savez où j'habite. » Quelques jours plus tard, son fils adolescent promenait leur chien (un dogue allemand ou Grand Danois) et m'a rappelé à quel point sa mère aimait Rupert... Le père de deux jeunes enfants, qui habitent la rue voisine, m'a dit l'autre jour que ses enfants voulaient un chien comme Rupert, et qu'ils l'appelleraient... Rupert. Il doit rapporter de la campagne, m'a-t-il dit, deux ballons de soccer, pour que Rupert puisse apprendre à jouer au ballon (il essaie encore de les mordre lorsqu'on tente de lui envoyer le ballon). Une autre voisine, qui a elle-même un petit Yorkshire, ne cesse de vouloir me donner pour Rupert des sacs de gâteries ou de friandises à croquer...

Ce 20 juin, Rupert a huit mois. En équivalence humaine, cela doit donner environ treize ans... Et pour moi, ce 20 juin, c'est aussi le septième anniversaire de ma dernière conversation en direct avec Alexander.

vendredi 17 juin 2016

« Trou à rats »

Montréal ne serait, ne le saviez-vous pas déjà, qu'un « trou à rats ».
C'est du moins ce qu'en pense Bernie Ecclestone, le grand patron de la Formule 1.

Photo de Ryan Bayona sur Wikipédia

Sept jours après la tenue du Grand Prix de la Formule 1 à Montréal, le grand patron de la course automobile, Bernie Ecclestone, sans doute le patron le plus désagréable au monde, le plus arrogant, négociant toujours à coup de menaces et de chantage, était de passage à Bakou, en Azerbaïdjan, pour assister au premier Grand Prix d'Europe qui y était présenté. 

Questionné par des représentants d'Amnistie internationale au sujet du respect des droits de l'homme en Azerbaïdjan, qui n'est certes pas le plus respectueux des droits de la personne, Bernie Ecclestone a répondu que si quelqu'un pouvait lui définir ce qu'étaient les droits de l'homme, il pourrait en discuter. Ce n'est là qu'une des pirouettes de cet homme d'affaires vorace qui, même s'il est sûrement le détenteur de la sixième plus grande fortune de Grande-Bretagne, n'en a jamais assez. « L'argent n'a pas d'odeur », dit-on ; mais cela n'empêche pas certains carnassiers de puer la charogne !

À Bakou, Bernie Ecclestone a aussi déclaré : « Nous venons tout juste de quitter le plus bel endroit au monde, l'Amérique du Nord. Si on compare cet endroit à ici, c'est un "trou à rats", n'est-ce pas ? » Il ne l'a pas nommé, mais ce « trou à rats » qu'il venait de quitter, c'était bien Montréal.

Bernie Ecclestone a commencé sa carrière en essayant de devenir pilote de course automobile, mais il n'a jamais été assez compétent pour se qualifier. Ce n'est qu'après avoir fait fortune dans l'immobilier qu'il a commencé à tout acheter du monde de la course automobile. Il a fait en sorte que la course automobile n'ait plus grand chose d'un sport ; elle est devenue une grosse machine à faire de l'argent, beaucoup, beaucoup d'argent en ce qui concerne cet homme d'affaires.

Cher Bernie, les rats sont plus ou moins gras selon les endroits où ils vivent. Il semble qu'en Grande-Bretagne, il y en ait quelques-uns qui soient obèses, du moins d'une obésité mentale.

Alexander m'avait dit un jour (je suis désolé, Alexander, d'associer ton nom à ce sujet répugnant, mais tu n'y es pour rien) au sujet d'un chanteur populaire, vivant en Angleterre, mais d'origine grecque : « Je ne pensais pas qu'un jour j'en viendrais à détester un Grec ! » Je pourrais dire la même chose de ce citoyen anglais, pourtant né dans une si belle région de l'Angleterre, le Suffolk : « Je ne pensais pas qu'un jour j'en viendrais à détester autant un citoyen britannique... autant que je déteste un citoyen australien, le magnat de la presse Rupert Murdoch, autre charognard sans scrupule. »

Pour finir, rappelons une autre célèbre déclaration de Bernie Ecclestone : « C'est terrible à dire je suppose, mais à part le fait qu'Hitler s'est laissé emporter et persuader de faire des choses dont j'ignore s'il voulait les faire ou pas, il était en position de commander beaucoup de gens et d'être efficace […] Si vous observez la démocratie, elle n'a pas fait beaucoup de bien à beaucoup de pays, dont celui-ci [la Grande-Bretagne] » (Times, 4 juillet 2009). On voit quels sont les modèles du grand « sportif ».

samedi 4 juin 2016

Félicitations, Xavier Dolan ! (bis)


Après le Grand Prix du Festival de Cannes, Xavier Dolan a reçu aujourd'hui un doctorat honorifique de l'université Bishop's, une université québécoise anglophone. Encore une fois, je suis fier et heureux pour lui !

Voici le texte de la Presse Canadienne, Sherbrooke :
Quelques jours après avoir remporté le Grand prix du Festival de Cannes, le jeune cinéaste Xavier Dolan a reçu samedi un doctorat honorifique en droit civil de l'université Bishop's.

Xavier Dolan a été applaudi chaleureusement lors de la cérémonie qui se tenait en matinée, à Sherbrooke.

La direction de l'université a reconnu le « rare talent et les réalisations exceptionnelles de ce jeune québécois », qui fait partie de « l'élite cinématographique », a-t-on dit en le présentant.

« La vie a trouvé un moyen de me la faire porter ! », a blagué l'artiste de 27 ans en faisant référence à la toge qu'il avait enfilé quelques minutes plus tôt.

En tant que « décrocheur », il s'est dit surpris, mais reconnaissant de recevoir ce doctorat honorifique. « J'ai imaginé bien des choses improbables ces dernières années, mais pas ça », a reconnu le jeune cinéaste.

Xavier Dolan avait quitté le cégep parce qu'il « ne se sentait pas à sa place » à l'époque. Il a raconté à la foule de diplômés rassemblés comment, dès l'âge d'environ 12 ans, il était peu studieux puisque bien trop occupé à assouvir sa passion d'écrire des scénarios de films qui demeuraient toujours, à l'époque, incomplets.

« Je me rappelle de ma mère comme si je l'entendais à l'instant qui me crie du bas de l'escalier de venir souper et de mettre mon foutu ordinateur de côté », a-t-il dit.

Le prolifique réalisateur aura vécu une année riche en honneurs. À la fin du mois de mai, son film Juste la fin du monde a reçu le deuxième plus grand prix du Festival de Cannes. Il travaille actuellement sur son premier long métrage en anglais, The Death and Life of John F. Donovan, mettant en vedette les actrices américaines Susan Sarandon et Natalie Portman, entre autres.

Xavier Dolan a dit se sentir « très intimidé » par les académiques comme ceux qui se trouvaient devant lui. Il a avoué qu'il évitait parfois d'intervenir dans des discussions par crainte de ne pas être « suffisamment cultivé ou pertinent ».

À sa propre question sur ce qu'il serait devenu s'il avait eu un parcours plus classique, il a répondu en français par les mots de la chanson interprétée par Céline Dion : « Tel est mon destin, je vais mon chemin ».

« Encore aujourd'hui, quels que soient les honneurs, Cannes ou ici, une partie de moi craint encore le rire d'un producteur ou le regard hautain d'une réceptionniste, les moqueries paternalistes de détracteurs et le rejet des autres », a-t-il confié en français.

« Mais la vérité, et c'est la seule chose que je puisse vous dire aujourd'hui, c'est que je mesure à travers les témoignages, les échanges, les lettres que je reçois ce que le geste simple, mais déterminant, de prendre sa place peut inspirer chez les autres », a-t-il ajouté.

mercredi 1 juin 2016

Amour de poisson

Les Anglais sont reconnus pour leur amour, leur respect et leur défense des animaux. Un couple d'Aylesbury, dans le Buckinghamshire, au nord de Londres vient d'en donner une démonstration supplémentaire.


Nemo, leur poisson rouge âgé de cinq ans, était atteint d'une tumeur presque aussi grande que lui, semble-t-il. Le couple n'a pas hésité à parcourir plus de deux cents kilomètres et à débourser 200 livres (ou 375 dollars canadiens) pour faire opérer leur poisson à l'hôpital vétérinaire de Bristol.

Le poisson a été endormi et retiré de l'eau ; l'opération a duré 45 minutes. Le couple a eu peur de le perdre car le cœur du poisson s'est arrêté de battre un moment mais l'anesthésiste a réussi à le ranimer.

À la grande joie de leurs « propriétaires », Roy et Caroline, qui, en plus de Nemo le poisson rouge, vivent avec trois chats, deux chiens, un hérisson et un perroquet, la chirurgie a donné les résultats escomptés et, remis à l'eau, Nemo a vite récupéré et s'est mis à nager normalement.

Alexander, qui était médecin-urgentiste, vouait aux vétérinaires une grande admiration car, disait-il, ils doivent souvent pratiquer des interventions sur de minuscules êtres vivants. Cette chirurgie sur un poisson rouge a dû exiger une grande dextérité de la part du médecin-vétérinaire. 

Ces histoires d'amour et de respect des animaux redonnent espoir si on l'avait perdu à trop voir vivre les Hommes. Et cela ne m'empêche pas d'aimer mon chien...

dimanche 22 mai 2016

Félicitations, Xavier Dolan !


Je veux offrir toutes mes félicitations au jeune cinéaste québécois Xavier Dolan qui vient de remporter le Grand Prix du Festival de Cannes 2016, le 2e prix en importance de ce festival. Il aurait sans doute préféré la Palme d'Or, qui a été attribuée cette année au réalisateur britannique Ken Loach, mais le Grand Prix est tout de même prestigieux et jamais auparavant un film québécois n'avait remporté un prix de cette importance.

« J'ai toujours préféré la folie des passions à la sagesse de l'indifférence. »
Anatole France, cité par Xavier Dolan dans son discours de remerciement.

Je ne suis pas particulièrement un mordu de cinéma et je n'ai pas, non plus, vu tous les films d'Xavier Dolan. Mais j'ai lu et écouté plusieurs des entrevues qu'il a accordées à des journalistes ou à des animateurs de télévision, et ce jeune homme me fascine par son intelligence, son talent (certains n'hésitent pas à parler de « génie »), et il m'impressionne aussi par l'aisance, l'élégance de son expression verbale. Je souhaiterais que nos jeunes Québécois s'inspirent de la rigueur et de la richesse d'expression de ce jeune homme, né au Québec de parents québécois, de la précision de son articulation, de la clarté de son élocution, de la richesse de son vocabulaire, de la rigueur de sa pensée... Mais, non, ce serait selon eux avoir l'air « tapette » de s'exprimer si bien ! La mollesse et la médiocrité passent mieux la rampe, selon les « élites culturelles » que sont nos acteurs, comédiens, humoristes, animateurs, journalistes, etc.

Il peut y avoir dans l'expression verbale, orale ou écrite, une dimension esthétique qui n'enlève rien à l'efficacité, à la rigueur de la pensée. On dirait que cette dimension esthétique, la plupart des Québécois (comme probablement la plupart des Nord-Américains) la refusent ou tout au moins n'y accordent aucune importance, du moins dans leurs propres communications. Pour moi, au contraire, la dimension esthétique (la beauté d'une voix, la netteté de la diction, la clarté de la prononciation, la créativité, l'élégance de l'expression) sont des critères très importants de la qualité d'une communication. Ceux qui rejettent ou négligent ces critères ont déjà perdu à mes yeux un certain nombre de points s'ils veulent me rendre attentif à leur message ou encore me convaincre.

Évidemment, sa jeunesse et son allure ne sont pas à négliger dans l'attention que je porte à Olivier Dolan, et je ne suis pas le seul à être ainsi influencé. C'est une évidence que la réussite ajoute quelques points aux atouts d'une personne, quels que soient par ailleurs ses talents. Le succès donne des ailes à ceux qui sont capables de les porter. Et, pour contredire nos médiocratistes (les défenseurs acharnés de la médiocrité autant que les partisans du moindre effort, beaucoup plus nombreux qu'il n'est permis dans une société moderne), Xavier Dolan est aussi la preuve qu'il n'y a pas que la vulgarité et la médiocrité qui remportent la faveur du public.

Enfin, deux petits détails qui me rendent encore plus sympathique ce jeune homme : c'est lui qui, dans l'adaptation québécoise de plusieurs films de Harry Potter, prête sa voix à l'ami roux Ron Weasley, interprété par Rupert Grint ; et c'est aussi lui qui prête sa voix à Alexandre le Grand adolescent dans le film d'Oliver Stone. Et puis... il a maintenant 27 ans, l'âge qu'avait Alexander quand il est parti.

vendredi 20 mai 2016

C'est du sport !

Je pensais hier à ce que m'écrivait Jane, il y a un peu plus de cinq ans, au sujet de l'inquiétude qu'entretenait Alexander de ne pas me plaire lorsque nous pourrions enfin nous rencontrer. Jane essayait bien entendu de le rassurer en lui répétant que c'est lui que j'aimais (et que j'aime toujours), que je n'étais pas spécialement attiré par les sportifs musclés (Alexander avait plutôt l'air d'un adolescent androgyne), mais que, dès que je pourrais le voir jouer au polo, je serais définitivement séduit. Elle précisait à mon intention que le polo est un sport d'équipe, rude, qui exige de la force, de l'endurance, de l'habileté, de la souplesse, etc., et qu'il fallait voir à quel point Alexander était magnifique en selle, établissant une excellente complicité avec son cheval qu'il contrôlait de ses genoux en ne perdant pas de vue la petite boule blanche... Alexander n'avait pas eu besoin de m'en parler longtemps pour me dire à quel point il était fier et heureux de pouvoir jouer à dos de cheval et d'aider son équipe à compter des points. Au retour d'une partie que son équipe avait remportée, alors que je l'en félicitais, Alexander m'avait répondu qu'après une partie, ce sont les chevaux qui méritent tous les éloges, et je sais qu'il était sincère...


Aux gens qui s'arrêtent pour regarder et caresser Rupert, je mentionne parfois, et ce n'est presque pas de l'humour, que le sport préféré de Rupert, c'est de dormir ou, quand il est à l'extérieur, de s'assoir et de regarder passer les gens (avec le secret espoir que certains viendront lui faire un câlin ou, mieux encore, jouer avec lui). Ces derniers jours, j'ai toutefois décidé qu'il était temps qu'il bouge davantage et, pour le motiver un peu, je l'ai fait sortir de sa « zone de confort », c'est-à-dire : le segment de rue qu'il connaît si bien depuis son arrivée et que, pourtant, il inspecte minutieusement à chaque sortie, sentant pratiquement chaque brin d'herbe, saluant personnellement chacune des fourmis qu'il rencontre... Dès qu'il a dépassé la limite du territoire qu'il connaît si bien, il commence à marcher sérieusement, la tête bien droite, le nez vers l'avant, bien concentré sur le trottoir ou sur le terrain devant lui. Il marche alors à mes côtés (il change parfois de côté plutôt que de rester à ma gauche ou à ma droite, mais je lui apprendrai plus tard à marcher au pied ; pour l'instant, je suis déjà heureux qu'il marche bien). Hier, je l'ai amené deux fois au grand parc près de chez moi ; une première fois le matin et, plus tard, au milieu de l'après-midi. Et puisque nous étions en chemin, j'ai décidé que nous passerions à la clinique vétérinaire prendre des objets que nous y avions laissés lors de son opération.

En route, nous avons croisé plusieurs chiens que Rupert voulait saluer, dont un magnifique dogue de Bordeaux (de la famille des molosses aussi), appelé Cousteau (je n'ai pas demandé pourquoi), qui accompagnait un charmant jeune couple séduit aussi par la beauté de Rupert, et un sympathique bouledogue français nommé Achille en compagnie d'une charmante jeune fille française, Marie-Charlotte, avec qui j'ai eu une longue conversation pendant qu'Achille et Rupert faisaient connaissance. Alexander aurait été curieux de faire connaissance avec cet Achille, lui qui aimait tant l'autre Achille et son compagnon Patrocle...  À la clinique, plusieurs membres du personnel sont venus saluer Rupert (il en est toujours heureux) ; l'une des secrétaires me disait que la clinique reçoit toujours de nombreux commentaires positifs au sujet de la photo de Rupert sur leur page Facebook... Au retour, nous (Rupert et moi) avons longuement parlé avec deux jeunes anglophones magnifiques : Samantha et Derrick, qui, en jouant abondamment avec lui (Rupert se roulait littéralement sur le sol sous leurs caresses : je l'avais rarement vu si heureux), ne tarissaient pas d'éloges au sujet de Rupert. Ils ont réussi à me faire verser des larmes en leur disant pourquoi j'avais un bulldog et pourquoi il s'appelait Rupert...

Il y a presque six ans, j'avais écrit un article intitulé Dépendance affective, exprimant mon amour des bulldogs et ma joie d'en rencontrer quelques-uns dans le quartier : Owen, Buster, Olive... Il y a quelques jours, j'ai croisé Owen pour la première fois depuis longtemps ; il n'est plus l'adolescent que j'ai connu, mais un adulte sérieux. Et hier après-midi, j'ai reconnu Olive qui faisait sa promenade au parc ; elle a maintenant... six ans de plus. Son maître ne voulait pas laisser Rupert s'approcher, disant qu'Olive n'était pas très gentille avec les autres bulldogs. Pourtant Rupert s'est approché, l'a sentie, et il n'y a pas eu d'histoire. Et le compagnon d'Olive ne cessait de me dire à quel point Rupert était magnifique... Nous avons évoqué la Dora de Jane Birkin qui, selon ce qu'elle m'avait écrit il y a sept ans, avait mordu le mollet d'une jeune fille dans la rue... la coquine. J'espère bien que Rupert ne me causera jamais d'ennui de ce genre.


Rupert a sept mois aujourd'hui...


samedi 14 mai 2016

Questionnement existentiel

Je n'ai pas posé la question à Rupert : il est encore trop jeune pour que je lui fasse partager mes lourdes réflexions et mes sérieux questionnements, mais... parmi les nombreuses interrogations qui me taraudent, il y a celle-ci : je me demande vraiment s'il vaut la peine que je poursuive la rédaction de ce blogue.

Je sais que, chaque jour, un certain nombre de « visiteurs » passent par ici, mais je ne sais pas si ces visiteurs sont vraiment des lecteurs.

mardi 10 mai 2016

Émotions !


Il y a près de deux semaines (le 28 avril, précisément), Rupert avait rendez-vous, tôt le matin, à sa clinique vétérinaire, pour y subir une chirurgie que je n'ai pas voulu nommer devant lui. Comme il devait y passer la journée, j'avais apporté de la nourriture pour deux repas, au cas où il aurait envie de manger après l'anesthésie et la chirurgie. Pour éviter qu'il soit trop dépaysé au réveil, j'avais aussi pris l'une de ses couvertures et le t-shirt avec lequel j'avais dormi la nuit précédente.

Pour être sûr d'arriver à temps à son rendez-vous, j'avais appelé un taxi, en précisant que j'étais accompagné d'un jeune chien qui n'était pas petit mais pas gros non plus. Avant même que nous ayons le temps de nous installer, le chauffeur a commencé à être désagréable, en disant par exemple : « Il n'a pas l'air de prendre souvent des taxis, votre chien. » Je lui ai répondu qu'en effet, il ne prenait pas un taxi chaque matin pour aller au bureau, que ce n'était pas la première fois, mais que ce matin-là, il se sentait un peu bousculé et montrait un peu de résistance à monter dans une voiture... Le chauffeur a continué en disant que, normalement, les gens qui ont des chiens ont un petit tapis pour y asseoir l'animal sur la banquette, alors que j'avais Rupert sur mes genoux... Et il continuait ainsi... Il m'arrive rarement de m'impatienter avec des gens qui me servent, mais ce chauffeur commençait drôlement à m'énerver avec ses leçons et ses commentaires. Je lui ai dit que, malgré son jeune âge, Rupert était monté déjà à quelques reprises dans une voiture et que nous n'avions jamais eu affaire à un chauffeur aussi hautain et désagréable, que j'avais précisé que j'aurais un chien avec moi et que s'il n'avait pas envie d'avoir un chien dans sa voiture, il n'avait qu'à laisser quelqu'un d'autre répondre à l'appel. J'ai ajouté que je n'avais jamais eu affaire à un chauffeur aussi grincheux et que la prochaine fois j'appellerais une autre compagnie...

À la clinique, nous avons été accueillis par une jeune technicienne très sympathique qui nous a ouvert la porte (la clinique n'ouvrait qu'une heure plus tard, mais pour la chirurgie, nous avions rendez-vous plus tôt). Elle a pesé Rupert : 19, 6 kilos. Elle m'a fait remplir un petit questionnaire pré-chirurgie, je lui ai laissé Rupert, qui n'a pas fait d'histoire... Elle m'a dit qu'on m'appellerait en après-midi, quand Rupert serait assez bien réveillé pour pouvoir marcher. Je suis rentré chez moi où, voulant profiter de l'absence de Rupert, je m'étais préparé un programme assez chargé pour la journée.

Arrivé à la maison, j'ai trouvé l'appartement si vide, sans âme ! J'avais l'impression d'être abandonné par quelqu'un que j'aimais... J'ai préparé mon petit déjeuner et, avant même que je l'aie terminé, la clinique m'appelait pour me demander, pendant qu'il était encore endormi, la permission d'enlever à Rupert deux dents de lait qui n'étaient pas encore tombées ; permission accordée. Puis, peu de temps après, autre appel de la vétérinaire : en déplaçant Rupert, elle avait entendu un craquement aux hanches ; elle suggérait de faire des radiographies et, donnant encore une fois mon autorisation, même si à chaque appel je sentais s'allonger le montant de la facture... Elle m'a donné rendez-vous au début de l'après-midi pour regarder avec elle les radiographies. Il n'était donc plus question que j'entreprenne quoi que ce soit chez moi, que je n'aurais pas eu le temps de terminer.

En me montrant les radiographies, elle m'expliquait les problèmes d'articulations constatés chez Rupert, qu'il faudrait prévenir l'éleveur de ce défaut congénital, et annonçait la nécessité de procéder assez rapidement à une intervention délicate, au cours de laquelle il faudrait casser des os de Rupert et les ressouder, opération qui ne pouvait être faite que par un chirurgien spécialisé, et dont le coût représentait une importante partie de mon revenu annuel. Je lui ai dit que je n'avais pas cet argent et que, si cette opération devait se faire, je devrais me séparer de Rupert... Elle m'a alors proposé de se renseigner sur les alternatives, sur les modalités de paiement, etc., et qu'elle me rappellerait.

Rupert n'était pas encore très bien réveillé, mais j'ai pu le voir. Je me suis approché de la cage où il dormait sur mon t-shirt, sa couverture près de lui ; en me sentant arriver, il s'est approché et, entre les barreaux, nous avons pu nous faire un baiser... J'étais encore à la réception de la clinique lorsque sa vétérinaire m'a téléphoné pour me transmettre la bonne nouvelle : le chirurgien spécialisé lui a dit que l'opération n'était pas nécessaire, que les radiographies montraient une conformation tout à fait normale chez un bulldog... Ouf ! Mais la vétérinaire et le chirurgien suggéraient de donner dès maintenant à Rupert des suppléments alimentaires (vendus à la clinique au prix du caviar) pour maintenir en bonne santé ses articulations.

Je suis parti pour rentrer chez moi en disant que je reviendrais chercher Rupert à la fin de la journée, car je voulais réaménager son petit parc pour lui faciliter les déplacements après la chirurgie (il devait éviter durant quelques semaines de grimper, de sauter, de trop courir) car, depuis plusieurs semaines, il dort sur le canapé ; en rendant son parc plus accueillant, je pensais qu'il serait heureux de s'y installer. Mais en sortant de la clinique, j'étais épuisé, lessivé ; je cherchais à éviter tout ce qui ressemblait à un drain, une bouche d'égout, car je sentais qu'en passant trop près, je m'y serais coulé pour y disparaître à jamais... Je suis entré dans une rôtisserie pour y manger un sandwich (et rapporter à la maison un poulet déjà bien rôti). Et, avant d'arriver à la maison, je me suis arrêté dans une pâtisserie sympathique pour y prendre un dessert et un café ; sans cela, je ne sais dans quel état je serais rentré chez moi.

Je me suis empressé de réaménager le parc de Rupert et, voyant l'heure passer et ne me sentant pas très fort pour retourner à la clinique y prendre Rupert, j'ai téléphoné en leur demandant de le garder pour la nuit. On me l'avait offert, tout en ajoutant qu'il est préférable que le chien rentre chez lui le jour même, lui évitant un surplus de stress inutile. J'étais bien conscient de ce stress, mais j'en ressentais moi-même une bonne dose, et je craignais de ne pas savoir quoi faire si Rupert se plaignait durant la nuit ; de toute façon, je me sentais si démuni que je n'aurais pas vraiment été d'un grand soutien pour Rupert.

J'ai passé la soirée à travailler sur quelques documents en cours puis, un peu plus tard que d'habitude, je suis allé me coucher, le cœur gros, les yeux au bord des larmes. Rupert me manquait ! Et je me sentais un peu coupable d'avoir laissé porter atteinte à son intégrité. Je me demandais s'il ne me le reprocherait pas dans les jours, les semaines à venir...

Depuis, je veille à ce qu'il n'ouvre pas la cicatrice... J'ai parfois l'impression, lorsqu'il me regarde droit dans les yeux avec un petit air triste qu'il me demande ce qu'il lui est arrivé... Il est de plus en plus affectueux, reste plus souvent près de moi, comme sur la photo ci-dessus où il regarde ce qui se passe sur l'écran de mon ordinateur, et il dort plus souvent à mes pieds lorsque je travaille, comme s'il ne voulait plus me quitter.

dimanche 1 mai 2016

Premier mai 2016

Joyeux Premier mai !

Qu'on en fasse remonter l'origine à Platon, à la Renaissance ou aux traditions celtiques, le muguet est associé à l'arrivée du printemps, au passage de l'obscurité à la lumière, aux amoureux et au porte-bonheur.

Qu'il vous apporte chance, bonheur et joie !

samedi 30 avril 2016

« Bien nourri »


Rupert ne cesse de grandir. En quelques semaines, son poids a pratiquement doublé ; en une semaine, il a pris un kilo... Mais, pas plus que moi à son sujet, il n'aime entendre certaines personnes dire qu'il a « grossi », ajoutant parfois avec un sourire en coin : « Il est bien nourri ! ». Il a un très bon caractère et se fiche pas mal de ce que l'on pense de lui ; pour lui, les gens se divisent en deux catégories : ceux qui sont gentils et veulent jouer avec lui et lui faire des câlins, et ceux qui ne sont pas gentils ou qui l'ignorent. Il pourrait y avoir une troisième catégorie, si nécessaire : celle des agresseurs ; ceux-là ont intérêt à se tenir loin car, sous sa peau de gentil toutou qui aime tout le monde et tous les animaux, sommeille un chien de combat redoutable.

D'abord, il ne « grossit » pas : il grandit ; il commence son adolescence et il poursuit sa croissance normale. Et ce n'est pas un chihuahua, c'est un bulldog ! Il appartient à la race « molosse », qui remonte à l'Antiquité et qui fournit à Alexandre le Grand son célèbre Péritas.

Alexander allait très souvent admirer
ce « Péritas » du British Museum

S'il était trop « gros », sa vétérinaire me l'aurait dit. Il suffit de le toucher pour constater que sous sa peau plissée, ce sont des muscles fermes, sans gras superflu. On ne voit pas ses côtes, mais si on le touche, on peut les sentir, signe que son poids est le bon. De nos jours, le terme « gros » est péjoratif ; si vous voulez faire plaisir à quelqu'un que vous aimez, de grâce, évitez de lui dire qu'il ou qu'elle a grossi. Rupert n'est pas gros : sa morphologie est forte ; il est court, massif, solide.

Quant à être « bien nourri », si l'on entend par là que je lui donne beaucoup à manger, n'importe quoi, n'importe quand, on se trompe carrément, comme la plupart des gens qui disent n'importe quoi, ne répétant que les formules toutes faites, incapables d'émettre une idée qui découle d'une réflexion personnelle.

Rupert ne mange chaque jour, selon un horaire régulier, que ses trois repas, trois tasses de croquettes par jour à son âge (je pourrais lui donner la même quantité de nourriture en deux repas seulement, mais comme il a eu déjà de petits problèmes gastriques, j'ai préféré lui faire prendre, pour un certain temps, trois repas au lieu de deux).

Il est « bien nourri », en effet : sa nourriture est la meilleure que l'on puisse trouver : des croquettes « royales » spécialement préparées pour chiots bulldogs, afin de favoriser le bon développement de son cerveau, de ses os, de ses muscles, de ses articulations, de sa peau... En lui donnant dès son enfance une nourriture de la plus grande qualité, adaptée à sa race, à son âge, à sa morphologie, je jette les bases d'une bonne santé. Quand il aura atteint sa maturité, je lui donnerai la même qualité, la même marque de nourriture, mais pour bulldogs adultes, et les portions seront ajustées à son âge.

Entre les repas, il ne reçoit que deux ou trois croquettes, « gâteries » visant à récompenser une bonne action. Et l'os qu'il ronge est très peu calorique : il sert surtout à l'entretien de sa dentition.

Il est hors de question que je lui donne de la nourriture pour les humains. Ces dernières semaines, il a essayé à quelques reprises de « voir » ce que j'avais dans mon assiette, mais il a vite compris que ce n'était pas pour lui, ou plutôt : qu'il n'était pas question qu'il mange à table ou ce que nous mangeons. Il ne revient plus à table.

Notre ami Alistair cuisinait chaque jour pour son bulldog des repas plein de bonnes choses et d'amour. Plus tard, je préparerai peut-être à l'occasion des petits plats pour faire plaisir à Rupert, mais je ne crois pas que cela deviendra une habitude quotidienne, et je ne suis pas convaincu que ce soit mieux pour le chien. À moins que ce ne soit pour contrôler totalement ce qu'absorbe l'animal, comme font certains puristes, dont je ne suis pas, qui veulent composer l'alimentation de leur animal, aliment par aliment. Je veux donner le meilleur possible à mon chien, mais je n'en ferai pas une religion.

Si vous le croisez, ne lui dites pas qu'il a « grossi » : ni lui ni moi ne le prendrons comme un compliment ; si vous y tenez, vous pouvez, bien entendu, dire qu'il a grandi et, comme disent plusieurs de ses admirateurs et admiratrices, qu'il est de plus en plus beau. C'est aussi ce que je constate.