dimanche 11 juin 2017

Rule Britania*

Quand il a su que j'étais d'abord et surtout « Québécois », et non pas « Canadien » (sinon par la force politique, surtout pas de cœur ni d'esprit), Alexander a immédiatement posé sur son sac à doc le drapeau du Québec. De même que, peu de temps après notre première conversation, il est allé jouer au polo dans le comté de sa grande famille ; pour cette occasion, il avait accroché à la bride de son cheval un ruban bleu et un ruban blanc, « les couleurs de [son] cœur ».

Si je n'avais pas connu Alexander et son amour pour son chien, je n'aurais fort probablement pas de chien, pas de bulldog. Puisque Rupert est un bulldog anglais (et que je suis parfois agacé d'entendre les gens dire n'importe quoi qui insulte Rupert au sujet de sa race), je voulais depuis longtemps lui acheter une médaille qui permette de l'identifier, de l'associer davantage à ses origines. Je n'avais pas l'occasion de le faire. Or, il y a quelques jours, j'ai décidé de prendre le bus et d'aller lui acheter une médaille qui me fait plaisir, qui aurait beaucoup plu à Alexander, et qui suscite parfois des conversations avec les gens que l'on rencontre. À l'endos de ce drapeau britannique en forme d'os, j'ai fait graver le nom de mon compagnon et son numéro de téléphone ; j'avais l'intention de faire graver aussi son adresse de courrier électronique, mais je ne l'ai pas fait car l'espace disponible étant limité, il aurait fallu opter pour des caractères plus petits. Si nous partageons le même numéro de téléphone, Rupert a cependant sa propre adresse de courrier électronique (que je ne dévoilerai qu'aux personnes bien intentionnées).


*Rule Britania

7 commentaires:

Dr. CaSo a dit…

Adorable, il en a de la chance Rupert :) J'ai laissé tomber l'idée du collier ou de la laisse avec Calinette, je ne veux pas l'embêter ou lui faire de la peine!

Alcib a dit…

Oui, il en a de la chance, Rupert, mais je crois en avoir encore davantage d'être tombé sur un chien si adorable. Il est adorable avec moi, à la maison et à l'extérieur, et il est vraiment très gentil avec les gens que nous rencontrons. Il est sûrement le chien le plus photographié au monde et celui qui, où que nous allions, s'attire le plus de sourires et de câlins.
Normalement, il ne voit pas pourquoi il marcherait, sauf pour explorer autour de la maison ou encore si je lui demande s'il veut « aller au parc ». Cependant, lorsqu'il y a un autre chien, ou même seulement une autre personne, il nous accompagne sagement.
Depuis quelques semaines, avec un autre chien, nous allons marcher, courir,jouer sur le campus de l'université McGill. Pour qu'il associe le nom avec le lieu de la promenade, je lui ai répété quelques fois, le long du parcours, le nom de « McGill »,
Aujourd'hui son compagnon de promenade n'était pas au rendez-vous. J,ai tout de même demandé à Rupert s'il voulait aller à McGill ; il a levé les oreilles et ouvert de grands yeux... Nous sommes partis, lui et moi, et nous avons eu beaucoup de plaisir, rencontré des gens très sympathiques, découverts de nouveaux coins du campus et, au moment du retour, il a retrouvé à l'entrée du campus, couché su le gazon, son compagnon de promenade, un caniche de couleur café au lait.

Dans ma rue, il y a une dame vraiment très aimable, une Anglaise (britannique) qui parle un français admirable et qui adore Rupert. Cette dame a un chat assez âgé, qui était passé sous les roues d'une voiture quand il appartenait à une dame très âgée qui n'avait que son chat dans la vie. Cette femme a dépensé une fortune (environ 10 000 $) pour faire soigner son chat puis, peu de temps après, la dame est décédée. Ma voisine a alors adopté le chat... qui est un peu sauvage. Il a peur des gens qu'il ne connaît pas.
Mais, pour lui faire prendre l'air, elle le sort dans la ruelle, derrière chez elle, avec un petit collier et une laisse. Le chat explore la ruelle, à condition qu'il n'y ait pas de chien en vue et que les humains ne s'approchent pas trop...
Calinette s'habituerait peut-être à un petit collier et une laisse.
Rupert n'aurait pas besoin de laisse s'il n'y avait pas des règlements sévères sur le port de la laisse, et des amendes salées aux délinquants (un voisin a reçu une amende de 641 $ parce qu'il avait laissé tomber la laisse par terre 30 secondes à l'entrée d'un parc).

Unknown a dit…

C'est Dr CaSo, ou plutôt votre commentaire sous son article relatif à sa phobie des parapluies, qui m'a conduite ici. Un beau commentaire, résultante des précédentes réflexions, qui justifiait une reprise dans votre blogue personnel.
J'ai toujours trouvé vos passages sur le blogue de Dr CaSo tellement réfléchis, discrets comme le seraient de petits pas, mais tellement empreints d'humanité que je me suis surprise, et de plus en plus, à chercher vos réactions, à regretter parfois de ne pas voir Alcib.
MAG

J'ai fini par cliquer, tout en ayant l'impression de soulever un voile qui ne devait peut-être point l'être.
Exil intérieur, j'ai laissé la page ouverte sans oser lire, ou plutôt une force intérieure l'avertissait que je devais être très disponible et concentrée pour pouvoir accéder à l'envers du voile. Ce moment est arrivé, et je suis bouleversée.

C'est ce texte un peu frivole, une parenté de préoccupations, qui m'a conduite à écrire ces pensées. Je possède un scottish-terrier froment, alors que mes deux précédents étaient noirs. Il est l'objet de moqueries en raison de son allure pourtant distinguée. Les origines outre-Manche de Lord ne sont pas décelables pour qui ne connaît pas cette race attachante. Il a été un ado bien plus pénible que Rupert, il a détruit tous les fils électriques de mes installations informatiques et autres, les barreaux de chaises, et le tout dans un silence parfait. Le grand jardin ne l'intéressait pas. Je l'adore, autant que vous Rupert. Il me faut trouver un os anglais à faire graver...!

(Je ne serai pas offensée de la non publication de mon texte).

Alcib a dit…

MAG. Je vous remercie de cet émouvant commentaire et témoignage, et je vous souhaite la bienvenue. Autrefois (quand j'étais plus présent, plus assidu), j'avais l'habitude d'inviter les personnes qui commentaient pour la première fois à faire un voeu ; cela vaut pour vous aussi, bien entendu.
J'espère que vous n'aviez pas eu le temps de vous faire une trop belle idée de l'auteur de ce blogue, idée qui ne pourrait que vous décevoir après avoir « osé » soulever le voile du pseudonyme visiteur pour vous retrouver face au pseudonyme chez lui.

Je ne connais pas vraiment les scottish-terriers, sauf en images. Mais un rapide coup d'oeil sur Internet me fait prendre conscience qu'ils ont des points communs avec le bulldog anglais (l'entêtement, par exemple).
Si j'avais eu à réfléchir à la race de chien que je voudrais, j'aurais examiné la possibilité d'adopter, parmi une sélection limitée, un scottish-terrier. J'aime leur allure distinguée...
Je crois comprendre que votre scottish-terrier se nomme « Lord » ; il me semble que c'est un nom tout à fait approprié pour ce type de chien. C'est amusant, car une femme que je rencontre pratiquement tous les jours, me disait récemment que je devrais, pour y parler de Rupert, créer un site Web qui porterait le titre de « Lord Rupert » (il y a derrière cette suggestion deux motifs, dont l'un est l'allure de Rupert, l'autre étant plus... personnel).
Je croise parfois dans la rue un homme d'environ trente-cinq ans qui promène ses deux scottish-terriers (mais il ne nous laisse jamais nous approcher, ni Rupert et moi, ni qui que ce soit d'autre). On dit parfois que les chiens finissent par ressembler à leur maître ; dans son cas, j'ai plutôt l'impression que c'est lui qui a fini par ressemble à ses scottish-terriers noirs. On le dirait sorti d'un film britannique dont l'action se déroulerait au XIXe siècle.
Si vous êtes à Montréal, vous pourriez téléphoner dans les magasins Mondou, pour vérifier s'ils ont encore cette médaille britannique. La gravure est gratuite avec l'achat de la médaille...

Unknown a dit…

MAG

Je vous remercie pour cet accueil chaleureux. Vous m'avez invitée à faire un vœux, j'en ai fait deux, un pour moi, un pour vous.
Je m'étais fait une belle idée d'Alcib, présent chez Dr CaSo, intelligent, humain, cultivé, et au fait de la vraie vie. Votre attachement à Rupert cachait pour moi une grande souffrance. J'ai lu beaucoup de textes du blogue, qui ont confirmé tout ce que je pressentais. Je finirai de tout lire, comme toujours lorsque je sens qu'il émane toutes les qualités humaines pour moi indispensables.

Rupert est aimé, Lord est aimé de même. Il a 2 ans 1/2, autant dire une vie déjà entamée. Il n'est pas mon premier chien, ni mon premier animal. J'ai toujours eu des chats, des chats recueillis, dont toujours un siamois. Ils ne meurent jamais dans notre cœur ; ma seule inquiétude est que je pourrais disparaître avant eux.

J'habite en France. Les scottish-terriers sont rares. Nous n'avons pas eu la Fala de Roosvelt (ni le Kenzie de Bush). C'est aussi un chien aussi britannique que le Bulldog anglais : têtus, intelligents, dignes et indifférents envers ce qui n'est pas digne d'intérêt. En France, les chiens de race ont un nom qui commence par une lettre affectée à leur année de naissance. Le nom est choisi par l'éleveur qui fait la déclaration de naissance des chiots pour qu'ils soient correctement rattachés à leur arbre généalogique. Le maître à le choix du nom courant s'il le désire. Avant d'aller chercher Lord (et faire 700 km, il y a très peu de scottish), j'ai passé un week-end à lui choisir un nom, un nom en L, à consonance anglaise bien entendu. Ce fut Lord. Chose étrange, il s'appelle sur ses papiers d'origine, Kinlosh Landlord.
Lord est mon troisième scottish, ce sont des chiens plein d'humour, qui font rire, de vrais remèdes contre la déprime.
Ce personnage triste et bougon doit être atroce pour que ses chiens se sentent obligés de lui ressembler.

Un blog pour Rupert ? Lord Rupert ? Je saisi sans peine l'attachement personnel au mot. C'est très personnel, mais je ne pense pas que l'on puisse détacher de soi-même les êtres que l'on aime, dès lors que, vivants ou disparus, on les accompagne, et ils nous accompagnent, au quotidien. Être plus présent sur le blogue et consacrer à Rupert la place qu'il mérite à travers billets ou textes, ce serait mélanger les temps, passé-présent, mieux vivre et revivre le bonheur d'aimer.

Une famille américaine, deux garçons, deux scottish frères, un noir et un froment (Kenzie et Bones) avec lesquels ils ont beaucoup voyagé aux US et en Europe, ont ouvert une page Facebook, visible par tout un chacun. Il faut sauter les derniers messages pour remonter l'histoire. Les chiens sont amusants, le froment un vrai clown. Peut-être que cette famille, 100% américaine, n'avait que les chiens pour se différencier.

Ici, il est 23 h 35, les chats baguenaudent à l'extérieur. Ils ont la permission de minuit. Les princes sont libres, et Lord est heureux d'être contre moi.

Alcib a dit…

MAG : Je vous remercie de ces éloges qui ne sont peut-être pas mérités. Ils me rappellent une fois de plus ce qu'Alexander voulait voir en moi. Je me demande parfois si je suis à la hauteur de sa perception.
Vous aurez certainement l'occasion, si ce n'est pas encore fait, de vous rendre compte en lisant certains billets que je ne suis qu'un pauvre être humain dont la relative sérénité est parfois troublée par la bêtise de quelques-uns quand ce n'est pas par la politique...

Rupert est mon premier chien et il sera très certainement le seul... Comme vous, je crains énormément de devoir partir avant lui ; je sais que son départ serait terrible pour moi, mais je préfère pour lui qu'il n'ait pas à recommencer sa vie chez quelqu'un d'autre. Cela dit, j'espère bien que nous aurons encore quelques belles années à vivre ensemble. Et je vous en souhaite autant.
Déjà, Rupert aura bientôt 22 mois, nous avons passé ensemble plus de temps que je 'ai pu en passer avec Alexander... Mais, comme vous le dites si bien, qu'il s'agisse d'animaux ou d'humains, du moment que nous les avons aimés, « ils ne meurent jamais dans notre coeur ».

En Angleterre aussi, le nom des chiens de race doit commencer par la lettre de l'année. Le chien d'Alexander s'appelait... « Alexander », parce qu'il était né en 2005 (l'année des « A »), le 22 avril, jour de la Saint-Alexandre. Quand il a choisi son chien, il avait déjà son nom ; c'était amusant de choisir celui qui s'appelait comme lui.
Quand le temps est venu de choisir un nom pour mon chien, j'aurais voulu, même si cela ne s'applique pas en Amérique du Nord, respecter cette règle de la lettre de l'année. Rupert étant né en 2015, il aurait dû aussi avoir un nom commençant par « L », mais je n'en trouvais pas qui réponde à tous mes critères : ce devait être un nom anglais, qui aurait une signification pour Alexander autant que pour moi... « Lord » m'était venu à l'esprit mais je ne pouvais pas lui donner ce nom, justement à cause d'Alexander et de ses proches.

Oui, j'imagine qu'en France, les scottish-terriers sont assez rares. Il fut un temps où à Montréal, les bulldogs étaient assez rares aussi ; mais il semble y en avoir de plus en plus (à moins que je ne les remarque davantage à cause de Rupert ; quand il en rencontre un, on dirait qu'ils se reconnaissent de la même famille). Peut-être que le vôtre pourrait revendiquer ses droits sur le château de Kinloch, dans les Highlands, en Écosse ;o)

Oui, je vois bien quelques points communs entre le scottish-terrier et le bulldog. En effet, Rupert est (un peu) têtu, mais j'arrive assez facilement à le faire céder ; il n'est pas un « chien savant » qui démontre ce qu'on lui a appris, mais il est très intelligent. Digne et indifférent envers ce qui n'a pas d'intérêt, c'est tout à fait lui aussi. Et, comme les scottish-terriers sans doute, il ne faut pas trop gronder un bulldog ; ils sont sensibles et il ne faut surtout pas les punir, surtout pas injustement.
Rupert fait rire parfois car on a l'impression, quand il est en liberté et qu'il y a des spectateurs à proximité, qu'il s'amuse « pour la galerie ». Il joue à se faire peur en voyant des objets qui ne devraient pas être là, et c'est surtout plus amusant quand il y a des spectateurs...
Mais, la plupart du temps, quand ce ne sont pas des commentaires très élogieux qui sont exprimés, ce sont des sourires que je vois sur le visage des plus discrets.

Alcib a dit…

suite du commentaire précédent :

J'accorde à Rupert beaucoup de temps ; il adore être dehors et, malheureusement, je n'ai pas de cour, pas de jardin, ni même de balcon. Pour lui permettre de regarder ce qui se passe dans la rue, je reste avec lui devant l'immeuble où nous habitons. Il s'asseoit ou s'allonge à un bout du banc de façon ;a ne rien manquer de ce qui pourrait l'intéresser. Chaque sortie dure au moins deux heures. En fin d'après-midi, la promenade est plus longue et il peut jouer davantage... Quand il revient à la maison, il est crevé, mais il veut encore rester dehors ; je lui laisse le temps de faire baisser sa température et retrouver sa respiration normale. Les gens qui passent sont parfois surpris de l'entendre ronfler...
Quand je rentre, il ne me reste plus beaucoup de temps pour faire ce que je dois faire, et pratiquement pas le temps de faire ce que « je voudrais faire », comme d'écrire davantage, mais les périodes de concentration sont brèves et souvent interrompues.

Il m'arrive parfois d'appeler Rupert « Alexander », surtout au moment d'aller dormir moi-même, de souhaiter bonne nuit à Alexander (alors que je veux dire « Rupert »). Je ne sais pas si c'est en lien avec le jeune homme Alexander ou le bulldog Alexander, mais au fond, ils sont indissociables.

Les personnes qui autour de moi aiment vraiment Rupert (et pas seulement pour avoir un peu d'attention) me répètent que Rupert est vraiment choyé, que peu de gens consacrent autant d'attention à leur chien. Et pourtant je ne fais rien qui ne serait pas bon pour lui, et je ne veux surtout pas qu'il devienne une poupée ou un jouet avec lequel je pourrais jouer au « papa » ou au maître gâteau (ou gâteux). Pour moi, Rupert est un être vivant et, en cela, il mérite mon respect, mon attention et, puisqu'il est mon compagnon, toute mon affection et tous les soins dont il a besoin.

J'imagine que lorsque vous circulez avec Lord, près de chez vous ou ailleurs, vous ne passez pas inaperçus non plus.

Je vous remercie encore de ces touchants commentaires. J'ai voulu répondre le plus rapidement possible. Comme l'écrivait André Gide au sujet de l'un de ses « romans », je pourrais écrire au sujet de ce commentaire : « pourrait être continué ». Il est presque 22 heures, à Montréal, donc près de 4 heures en France (et 3 heures en Angleterre).