lundi 2 octobre 2017

Démocratie selon l'Espagne


Cette femme catalane voulait exercer son droit de vote !


Caricature, journal Le Devoir, Montréal, 2 octobre 2017

Mais le chef du gouvernement conservateur espagnol, Mariano Rajoy, disciple des dictateurs Franco (Espagne) et Pinochet (Chili) a voulu, avec une rare violence, l'en empêcher.

Honte au gouvernement espagnol !
Honte aux gouvernements dits démocratiques qui refusent de dénoncer la violence du pouvoir espagnol et le refus de laisser les Catalans voter démocratiquement !

Vive la Catalogne... libre !


11 commentaires:

dieudeschats a dit…

Ils auraient très bien pu laisser tout le monde voter dans le calme et ensuite s'asseoir sur le résultat en disant que le scrutin n'était pas légal. Ca aurait été odieux et violent, mais au moins ils auraient assumé clairement leur position, sans brutaliser des gens.

Ici on dirait vraiment que leur but était de générer un climat de terreur pour que les gens n'osent plus sortir du rang. Moutons vous êtes et moutons vous devez rester, si vous ne voulez pas connaître l'abattoir avant l'heure ! Et pour les médias, ils peuvent toujours dire que c'est la police qui a dérapé, ou qu'il y a eu "provocation" par des fauteurs de trouble...

A quand l'appel aux armées des pays voisins pour réprimer la révolte de la population catalane ? (merveilleuse idée rendue possible par l'union européenne...) C'est une situation très préoccupante !

Alcib a dit…

Je pense que pour le toréador madrilène Mariano Rajoy, l'idée était de faire en sorte, à n'importe quel prix, que ce référendum n'existe pas. C'est d'ailleurs ce qu'il a déclaré à la fin de la journée : « Il n'y a pas eu de référendum en Catalogne ». Quand on est aveugle à ce point, surtout si cet aveuglement est volontaire, on ne s'embarrasse pas trop des nuances et de la subtilité.
Comme je ne regarde pas la télévision, je n'ai pas vu toutes les horreurs perpétrées par la police de Rajoy (portes d'écoles défoncées, personnes âgées et autres tabassées sans distinction et sans ménagement, urnes arrachées, etc.), mais si j'étais catalan et même espagnol, je serais très inquiet pour l'avenir. De savoir que ce gouvernement madrilène est prêt à exercer toute cette force, avec une telle violence, simplement pour empêcher sept millions de personnes de donner leur avis, ce n'est pas rassurant.

Je pense en effet que ce gouvernement à tendance dictatoriale et fasciste a voulu montrer qu'il ne fallait pas sortir du rang, il a voulu radicaliser les positions pour que les Espagnols qui s'opposent aux prétentions catalanes manifestent plus ouvertement leur appui à la méthode forte. Et pour cela, il faut diaboliser davantage les Catalans en les provoquant, en les forçant à « désobéir » pour mieux les tabasser ensuite.

Je ne crois pas que ce soit une stratégie très intelligente. Je pense que ce Rajoy ne fait que creuser le fossé entre l'Espagne et la Catalogne et, d'une fa^con ou d'une autre, il devra en assumer les conséquences.

Tu as raison : je ne fais pas trop confiance non plus aux autres gouvernements européens. Ils n'ont d'ailleurs pas dénoncé l'utilisation d'une telle violence par un État à l'égard d'une partie de ses prétendus citoyens.

En 1970, pour pouvoir maîtriser un petit groupe de quatre ou cinq contestataires québécois, le gouvernement canadien, sous la gouverne du premier ministre Trudeau (père du pantin premier ministre actuel), n'a pas hésité à invoquer la « loi des mesures de guerre » pour envoyer l'armée au Québec. Ce qui avait fait dire à Jean-Paul Sartre, à l'époque que puisqu'un État ne déclare la guerre qu'à un autre État, l'envoi de l'armée au Québec constituait déjà la reconnaissance d'un Québec souverain (on souhaiterait parfois que la philosophie soit applicable dans la réalité).
Cette loi des mesures de guerre invoquée par le premier ministre canadien avait permis d'arrêter en pleine nuit et de jeter en prison sans motif, sans raison, sans explication, plus de cinq cents intellectuels, artistes et autres poètes... La plupart d'entre eux avaient passé des semaines en prison, au seul motif qu'ils avaient peut-être des sympathies pour la souveraineté du Québec.
Le pâle rejeton de l'ancien premier ministre Trudeau n'hésiterait pas à agir de la même façon si l'occasion lui en était donnée, non parce qu'il a une telle force de caractère (il préfère le « flower power » saupoudré de substances hallucinogènes), mais il a tout de même la tête de c... de son père.
L'argument de la force ne prévaudra jamais sur la force de l'argument.

patquébec a dit…

C'est une des premières fois où je ne partage pas ce que tu dis
Etre outré du comportement du gouvernement c'est une chose, mais faire une comparaison avec Franco ou Pinochet, je ne peux pas être d'accord :(

Alcib a dit…

Patquébec : Il est sûrement très sain que tu ne sois pas toujours d'accord avec moi ; le contraire serait inquiétant.
Mais je ne compare la politique quotidienne pratiquée en Espagne à celle de Franco et de Pinochet. Je le dis peut-être trop directement, mais la décision de Mariano Rajoy d'envoyer à Barcelone les forces policières et militaires pour empêcher coûte que coûte les Catalans de voter est tout à fait digne du général Franco et d'Augusto Pinochet.
Certains médias européens francophones, et peut-être ceux d'ici aussi, je ne me souviens plus, ont d'ailleurs après moi fait le rapprochement avec les méthodes de Franco.
Rien ne justifiait une pareille violence, une pareille brutalité, sur des personnes civiles, souvent âgées.
Je suis outré, en effet, et pourtant je n'ai pas vu toutes les images de cette brutalité.
Et je maintiens que, pour moi, cette violence gratuite est digne de Franco et de Pinochet.

dieudeschats a dit…

Je n'ai pas vu les images car je n'ai pas la télévision (et pas envie de chercher à voir cela), mais c'était également le commentaire d'une vieille femme espagnole interrogée par un journaliste : qu'elle n'avait pas vu une telle violence depuis Franco...

Je ne connais pas bien l'Espagne, son histoire, son actualité, ni la "question catalane" mais j'ai l'impression que, dans les raisons majeures de ces comportements, la guerre d'égo entre Rajoy et Puigdemont est en bonne place ! Et je soupçonne que ça fasse les affaires *de tous les deux* que les résultats de ce référendum ne puissent pas être considérés comme valides au niveau international (vu les troubles et la désorganisation).

Certains Espagnols dénoncent le fait que Puigdemont lui-même ne croit pas à la concrétisation de cette indépendance et n'a fait ce référendum qu'avec un but électoraliste. Ce ne serait guère honorable de jouer ainsi avec les espérances de sa population, mais guère étonnant non plus hélas.

Es-tu surpris que les autres Etats n'aient pas dénoncé la réaction du gouvernement espagnol ? Pour eux, l'économie et la politique priment. Déjà quand c'est à l'autre bout de la planète ils réagissent très mollement aux plus graves violations des droits de l'homme. Alors si cela concerne leur voisin direct et un thème aussi délicat... sachant que la plupart des pays connaissent ce genre de revendications chez eux aussi... ils doivent craindre la contagion.

Aucun Etat se sentant en danger ne regarde à brutaliser sa propre population, quelles que soient ses prétendues valeurs affichées et quel que soit le pacifisme de la manifestation d'opposition de la population. Une population non-passive est en soi un danger inacceptable pour eux. La démocratie (telle qu'elle est conçue et appliquée de nos jours) ressemble beaucoup à un leurre, même si on a envie d'y croire.

Je crois que je suis trop cynique et déprimée aujourd'hui, excuse-moi.

Alcib a dit…

Je ne crois pas que Puigdemont puisse être aussi cynique. Organiser un référendum qu'il aurait su perdu d'avance ne serait pas du cynisme, mais un comportement suicidaire ; ses concitoyens ne le lui pardonneraient jamais.
Je crois plutôt qu'il fallait démontrer au gouvernement de Rajoy, de Madrid, que la Catalogne ne se laisserait pas intimider, ne renoncerait pas à une consultation démocratique, même si, aux yeux du gouvernement conservateur de Madrid et de sa monarchie qui n'est pas de gauche, elle était inadmissible.
Qui donc a dit que si la démocratie pouvait changer quelque chose, elle serait illégale ? Ce cynisme est plus poussé que le tien, mais je ne partage pas cette vision. Bien sûr qu'une fois élus, bien des gouvernements font un peu ce qu'ils veulent et, surtout ce que veulent les immenses intérêts financiers qui les font élire. Mais lorsqu'un peuple se tient debout, les gouvernements doivent parfois reculer.
Que la Catalogne crie haut et fort pour dénoncer la violence et la brutalité du pouvoir espagnol contre la démocratie catalane, c'est tout à fait compréhensible.
Une victime de viol ou de discrimination raciale ne chercherait-elle pas à publiciser la violence de son agresseur ?
Et nous devons dénoncer cette violence, cette brutalité policière au service du pouvoir centralisateur. « Une injustice faite à un seul est une menace faite à tous », a écrit Montesquieu. Nous avons donc le devoir de la dénoncer.
Il est dans l'ordre des choses que les Espagnols essaient de discréditer Puigdemont ; le contraire serait étonnant. Mais j'y accorderais peut-être une once de crédibilité si les mêmes Espagnols, avant d'essayer de discréditer Puigdemont condamnaient l'abus de la force - et même la seule utilisation de la force - pour empêcher un peuple de voter.
Il faudrait donc être tout à fait stupide pour le dirigeant catalan de laisser croire à la population que la souveraineté était possible, de la faire rêver sur un victoire possible tout en sachant que la cause est perdue d'avance. Je ne suis pas naïf au point de croire à la perfection des hommes politiques, à la pureté absolue de leurs intentions, mais je ne crois pas non plus qu'ils soient tous corrompus et capables des plus sombres actions.
Mais la politique n'est pas faite pour les anges, ni pour les purs esprits ; elle est l'art de composer avec le réel, en vue parfois d'atteindre de nobles idéaux. Mais ne soyons pas trop angéliques : ce serait suicidaire de ne pas tenir compte des moyens qu'emploieront les adversaires.
Au Québec, un commentateur politique a déclaré avant hier à la télévision qu'il était déçu de ne pas pouvoir faire la chasse (avec des fusils) aux souverainistes (qu'il appelle évidemment des « séparatistes » pour mieux les discréditer) ; devrais-je me réjouir de devenir ainsi une proie que l'on peut abattre n'importe quand ?
Le premier ministre actuel du Québec, Philippe Couillard, a déjà déclaré qu'il « détestait » les souverainistes ; de là à vouloir les abattre, il n'y a qu'un pas... que certains seraient prêts à franchir.
Ce premier ministre incapable de défendre les intérêts des Québécois, qui n'a été élu que pour défendre la vision centralisatrice du Canada anglais (pléonasme : le Canada est anglais), bien entendu qu'il est du côté de l'Espagne de Rajoy ; la moindre sympathie pour les Catalans lui serait reprochée par les groupes financiers qui l'ont placé là où il est pour faire en sorte que jamais le Québec ne puisse revendiquer sa souveraineté.

Alcib a dit…

Le commentateur politique qui rêvait de voir s'ouvrir bientôt la saison de la chasse aux souverainistes (à la manière dont aux États-Unis on règle souvent les différents : avec les armes, que l'on apprend à manipuler dès l'âge de trois ans) a été suspendu... après qu'une plainte ait été déposée à la Sûreté du Québec pour de tels propos.

patquébec a dit…

Ha, merci pour la précision. Ca me rassure de savoir qu'il a été suspendu :)

Alcib a dit…

Patquébec : Le commentateur politique a été suspendu, ce qui est dans l'ordre des choses. Même s'il a voulu en faire une blague, c'est une blague de très mauvais goût dans un mode où de plus les gens règlent leurs frustrations avec des bombes ou des armes à feu.
Certains journalistes commencent à vouloir atténuer la gravité de cette « blague », alors que la police enquête. Mais je ne suis pas prêt à donner l'absolution sans condition à ce commentateur politique qui, même s'il parlait des mouches ou de la pluie, le fait toujours avec beaucoup de force et, parfois, de violence. Il n'est pas un commentateur objectif, mais un ancien journaliste passé au service d'un parti politique, d'un gouvernement conservateur... Quand il parle son regard ressemble à deux bouts de canons de carabines et sa voix sonne comme une série de détonations. Jamais un moment de douceur, de tendresse, dans l'expression de son visage. On le verrait très bien devenir porte-parole des défenseurs du droit de porter une arme à feu... et de s'en servir.

Même au Québec, nous ne sommes pas à l'abri de ce fanatisme : le 4 septembre 2012, le soir de l'élection du Parti Québécois, un anglophone enragé s'est présenté avec des armes à feu et des bisons d'essence au lieu de rassemblement de la première ministre élue, Pauline Marois, avec l'intention de la tuer... en compagnie de quelques autres, très certainement. Le hasard a voulu que des personnes, à l'extérieur, tentent de l'empêcher d'entrer pendant que Pauline Marois s'adressait à ses partisans.Une technicien a été tué et un autre gravement blessé par ce fanatique qui criait « les Anglais se réveillent » (depuis les années 1960, il n'ont jamais dormi très solidement, nos Anglos, même s'ils composent, à 8 % de la population, la minorité la plus choyée au monde).

Ce commentateur politique, maintenant conseiller d'une boite de communications qui travaille avec certains partis politiques, devait savoir que le contexte exige un peu de prudence dans les commentaires ; ce n'est pas le moment de suggérer que l'on pourrait ouvrir la chasse aux canards indépendantistes, car il y a suffisamment de connards dépendantistes qui n'attendent que le signal.

patquébec a dit…

oui, je me souviens de cet évènement de 2012
connards dépendantistes, hahaha, je vais retenir cette expression :)

Alcib a dit…

Patquebec : Félicitations ! Ici, il y a de nombreux citoyens, principalement les « dépendantistes » (s'ils ne sont pas indépendantistes, ils sont forcément dépendantistes, n'est-ce pas ?) qui font semblant de l'avoir oublié.
Pourtant, ce 4 septembre 2012, un technicien a été tué par l'arme à feu de cet anglo qui se « réveille », et un autre a été blessé très gravement. Si ce n'avait pas été du courage de ces deux techniciens, le carnage aurait été digne de ce que l'on voit pratiquement toutes les semaines, si ce n'est tous les jours, dans les médias... et parfois autour de nous.