dimanche 31 décembre 2017

Pour dire adieu ?

Ayant mal dormi la nuit dernière, et fatigué d’avoir fait un peu de ménage dans l’appartement – la seule idée de ménage m’épuise avant même de commencer –, je suis allé, après le déjeuner, faire une sieste dans un lit dont les draps venaient d’être changés… Juste au moment où j’allais m’éveiller, environ quarante-cinq minutes plus tard, j’ai oublié tout le reste, mais je me souviens vaguement de la fin d’un rêve : j’étais accompagné de quelques personnes – j’ignore qui étaient ces personnes et où nous étions –, mais il y avait là une personne qui avait connu Alexander. Et je me suis dit que cette personne pouvait certainement communiquer avec Alexander et lui demander s’il voulait bien reprendre contact avec moi… Puis, je me suis dit : mais Alexander est mort ! Cette personne ne pourra pas, plus que moi, communiquer avec Alexander ! Et, en pensant à Alexander, dans ce rêve, je me tenais devant un gros meuble de rangement à tiroirs dont je ne voyais ni le début ni la fin, d’un jaune vif – les tiroirs devaient n’avoir que douze ou treize centimètres de hauteur –, sauf que le tiroir du haut, à la hauteur de mes yeux, était entrouvert et j’avais l’impression que c’était là qu’était Alexander… Et je me suis réveillé avec un étrange sentiment et une forme d’angoisse, me disant : mais c’est pour toujours ! Il ne reviendra pas ! Alexander est mort à jamais !

Était-ce ma façon de dire adieu à 2017 ?
Que faisait là ce meuble de rangement ? Voulait-il me rappeler qu'il y a une place pour chaque chose et que chaque chose devrait être à sa place ?
Il y a sans doute un lien entre le ménage et le rangement que je faisais depuis la veille, et ce meuble de rangement ; il y a sans doute aussi un lien à faire avec l'idée que ranger son espace de vie c'est aussi une façon de mettre de l'ordre dans sa vie.
Je pourrais me demander ce qu'Alexander venait faire dans ce rêve, associé au rangement ; mais il n'y a rien d'étonnant car Alexander a changé ma vie à jamais et, quoi que je fasse, sa présence se fait sentir, ne serait-ce que dans la façon dont je pense qu'il ferait les choses.

Je ne ferai pas de bilan de l'année qui se termine mais s'il y a une chose que j'ai bien l'intention de changer, en 2018, c'est de consacrer moins de mon temps et de mes énergies à m'occuper du confort des autres, pour prendre un peu soin de moi et me concentrer sur ce qui compte vraiment pour moi... C'est ce que j'ai essayé de faire ces derniers jours, pendant que tout le reste est au ralenti, et, ma foi, je ne serais pas malheureux de ne plus participer à toute cette agitation qui ne m'apporte rien de bon ; Rupert et moi pouvons être heureux sans toute l'agitation du monde extérieur.

Je vous souhaite une bonne année 2018, sous le signe de la santé et de la réalisation de vos rêves les plus chers.

mardi 5 décembre 2017

Un jour je m'en irai sans en avoir tout dit...


Et ce jour, c'est aujourd'hui : au réveil, ce matin, j'apprends que Jean d'Ormesson est parti... dans mon sommeil.



Né le 16 juin 1925, Jean d'Ormesson est mort à son domicile, d'une crise cardiaque, au cours de la nuit de lundi à mardi, 5 décembre 2017, à l'âge de 92 ans. Nous avions tellement l'habitude de le voir partout que nous avions fini par le croire vraiment immortel. Mais, à 92 ans, il n'était pas si vieux : d'autres écrivains français sont morts à un âge plus avancé encore (Julien Green, à près de 99 ans, par exemple) ; mes parents (qui n'étaient pas écrivains) sont tous deux morts à 94 ans, à quelques années d'intervalle.


Né avec une cuillère d'argent dans la bouche, il aura mis pas mal de temps à savoir ce qu'il voulait faire de sa vie... Il a failli devenir professeur dans un collège de jeunes filles aux États-Unis, mais... il est tombé gravement malade. Rentré en France, il est entré à l'UNESCO puis... il en est devenu le directeur. Il a fait du journalisme, est devenu directeur du journal Le Figaro et, dans ses moments libres, il a... écrit des livres.


Il fut, à 48 ans, le plus jeune membre de l'Académie française. Il n'en fut pas forcément le plus « sage », le plus discret des Immortels. C'est lui qui a, notamment, livré le combat pour faire entrer à l'Académie la première femme ; Marguerite Yourcenar y fut admise le 22 janvier 1981 mais, après son discours de réception, elle n'y a jamais remis les pieds.


On a beaucoup vu et entendu Jean d'Ormesson. Comme son grand maître Chateaubriand, dont il est devenu l'un des spécialistes, il a sans doute « cherché la gloire pour se faire aimer ». Cultivé, merveilleux conteur, on aimait l'inviter à la radio, à la télévision pour parler de tout et de rien. Il fut certainement un excellent ambassadeur de l'« esprit français », du moins de celui que l'on aime mettre de l'avant, celui de la conversation claire, brillante, élégante...


On aimait un peu se moquer de lui, de son omniprésence médiatique. Mais s'il alimentait volontiers, par ses fausses confidences et sa fausse modestie, la conversation ou les discussions à son sujet, il était le premier à en rire.


Je n'ai pas tout lu de Jean d'Ormesson (il a beaucoup écrit), mais j'aime à l'occasion prendre l'un de ses livres et m'y plonger ; je sais que je ne m'ennuierai pas... Toutefois, celui de ses livres que j'ai lu et relu, que j'aime relire un peu comme les Mémoires d'outre-tombe, c'est son roman Au plaisir de Dieu, dans lequel il raconte l'histoire d'une famille (la sienne) de la noblesse française et l'évolution des mentalité et des mœurs sur plusieurs générations. C'est le premier que j'aie lu  des livres de Jean d'Ormesson, dont j'avais aimé la série télévisée tiré de ce roman, sorte de « Downton Abbey » française avant l'heure.


« De génération en génération, nous nous étions méfiés des questions. Et de tout temps, de tout cœur, aux questions sans réponses, nous avions préféré les réponses sans question. » Jean d'Ormesson, Au plaisir de Dieu


Comme Voltaire qui disait avoir choisi le bonheur car c'est meilleur pour la santé, Jean d'Ormesson appartient à la catégorie des écrivains du bonheur. Il a choisi d'être résolument heureux. Agnostique, il disait ne pas savoir si Dieu existe, ajoutant : « Je crois en Dieu car j'espère qu'il existe. » Lorsqu'il apparaîtra devant Lui, Dieu lui accordera peut-être le privilège d'écrire un dernier livre pour nous raconter sa vie au Paradis... à moins qu'il persuade l'écrivain que nous, pauvres mortels, ne méritons pas un tel livre, fût-il celui d'un Immortel.