dimanche 16 juillet 2023

Adieu, Jane Birkin

Très triste nouvelle, ce matin au réveil : j'apprends la mort de Jane Birkin, trouvée sans vie chez elle.

J'ai plus d'une raison d'aimer Jane Birkin.

 

Mon premier jour à Paris, quand j'avais vingt ans, avant même que je réussisse à trouver un hôtel, je marchais au hasard dans la ville qui m'avait un peu fait rêver mais qui m'aura fait rêver énormément plus au cours des semaines, des mois, des années qui suivront. J'étais tombé sur un lieu de tournage dans la cour de l'ambassade des États-Unis, à côté de l'hôtel de Crillon ; j'y ai reconnu Jane Birkin qui montait et descendait d'une ancien Renault. Bien entendu, je connaissais la chanson « Je t'aime, moi non plus », mais je ne pourrais pas dire comment je reconnus la chanteuse lorsque je la vis en personne.

Je ne pourrais pas dire que j'ai suivi sa carrière de chanteuse et d'actrice mais, au fil des ans, sans que je m'en souvienne très bien, j'ai aimé certaines de ses chansons et j'ai vu avec plaisir certains de ses films. Lorsque je tombais sur un article de journal ou de magazine ou sur émission de télévision où elle paraissait, je m'y suis toujours intéressé, comme s'il s'agissait d'un membre de ma famille ou d'une de mes amies lointaines.

Lorsque je fis la connaissance d'Alexander, nous avons plusieurs fois parlé de Jane Birkin : Alexander l'aimait beaucoup ; possédait tous ses disques, tous ses enregistrement vidéo... Puisque nous parlions aussi très souvent, pratiquement tous les jours, de son ami Alexander le bulldog, il m'avait raconté que son chien avait, un jour à Hyde Park, joué avec Dora, le bulldog de Jane Birkin. Si les deux chiens ont fraternisé, Alexander, avec sa légendaire discrétion, ne m'a rien révélé de sa rencontre avec Jane Birkin.

Plusieurs mois plus tard, après un séjour à la campagne chez sa grand-mère pour les fêtes de Noël et du nouvel an, Alexander avait dû se rendre d'urgence à l'hôpital où nous avons cru le perdre, tellement son système immunitaire s'était effondré... Puis notre amie Jane (une autre Jane B.) m'annonça que Jane Birkin donnerait en février un concert au Barbican Center de Londres et que, si son état de santé le lui permettait, il voudrait certainement s'y rendre.

J'écrivis alors à Jane Birkin pour lui parler un peu d'Alexander. Le lendemain, je reçus de Jane Birkin un très gentil message d'encouragement et de prompt rétablissement, avec une invitation à venir la voir en coulisses après le spectacle. Elle avait alors donné le numéro de son téléphone portable afin qu'Alexander puisse la joindre et passer ainsi les obstacles pour se rendre dans sa loge.

Malheureusement, Alexander n'a pas été en mesure d'aller voir ce spectacle et n'a pas revu Jane Birkin.

Peut-être que, maintenant, plus rien ne s'oppose à une nouvelle rencontre dans une autre dimension.

Ajout du lendemain : Dans un extrait d'entretien, quelqu'un demande à Jane Birkin : « La vie ne vaut la peine d'être vécue sans amour ; Jane, qu'est-ce que cela vous inspire, vous qui vivez seule ? » Jane répond : « Je ne vis pas seule ; je vis avec mon bulldog. » J'aurai cela en commun avec Jane Birkin, tout comme Alexander qui vivait avec Alexander Bull et son siamois Harry.

mardi 31 janvier 2023

Still alive...

Aux invités qu'elle accueillait et qui lui demandaient comment elle allait, Elisabeth II, reine du Royaume-Uni et de quatorze pays du Commonwealth, répondait encore aux premiers jours du mois de septembre dernier : « Je suis encore vivante. » Elle ne pouvait sans mentir répondre qu'elle se portait très bien, et elle n'avait pas envie, non plus, d'amorcer pour ses invités et pour le monde entier une conversation sur son état de santé. Compte tenu de son grand âge et avec la connaissance qu'elle devait avoir l'état réel de sa santé, elle ne pouvait que répondre avec le sourire qu'elle était toujours vivante. Et l'on ne pouvait que constater sa longévité, et son sens du devoir lui dictant qu'elle devait jusqu'au bout jouer son rôle et assumer ses responsabilités. Et, le 8 septembre, deux jours seulement après avoir officiellement accueilli la nouvelle première ministre Liz Truss, Elisabeth II s'éteignait, « de mort naturelle » ... 

Ces derniers mois, quand on me demande comment je vais, je réponds souvent : « Comme le disait encore Elisabeth II au début du mois de septembre, je suis encore vivant... » Ce n'est pas que j'entrevoie, de cause naturelle ou non, un départ prochain ; mais depuis près d'un an, mon état de santé s'est dégradé au point où je peux difficilement dire que « je vis » : je peux seulement dire que je respire, que j'existe, que je peux avoir l'air de vivre normalement, que je dois continuer de me lever le matin et m'habiller pour sortir avec Rupert trois fois par jour, m'assurer qu'il va bien, qu'il a toujours quelque chose à manger, etc. Cependant, très rares sont les moments où je peux me dire que je suis bien et heureux de vivre ; je continue simplement, par sens des responsabilités envers Rupert, de « jouer le jeu » et de sauver les apparences.

Le 4 avril dernier - la veille du quarantième anniversaire de naissance d'Alexander -, j'avais exposé ici un bref aperçu du recensement de mes misères... La situation a quelque peu évolué depuis, mais pas forcément dans le bon sens. Si certains désagréments ont pratiquement disparu, d'autres ennuis, plus importants, sont survenus au début de l'été dernier, accaparant presque toute mon attention, tout mon temps et toutes mes énergies, me rendant la vie non pas « insupportable » (ce serait exagéré de le dire, il me semble), mais pour le moins inintéressante. La semaine dernière seulement, en trois jours, j'ai dû me rendre à l'hôpital quatre fois, principalement pour y subir des examens dont je devrais obtenir les résultats la semaine prochaine. On a évoqué des infections, la possibilité d'un cancer, etc.

À la clinique de santé familiale où travaille mon médecin, trois personnes (dont mon médecin) s'occupent de moi et font un suivi régulier de mon état de santé. Il y a quelques mois, il a fallu intervenir rapidement et de façon draconienne pour empêcher une dégradation irréversible de ma santé et, depuis, je dois me soumettre à un protocole rigoureux qui n'est pas sans causer de nombreux autres désagréments. En plus de ne pas pouvoir dormir la nuit, par exemple, je suis presque toute la journée atteint de nausées causées par les médicaments, et je suis toujours si fatigué que, lorsque je dois jouer avec Rupert, je n'ai souvent qu'une envie : celle de m'écraser dans un coin et de m'y oublier.

Je ne suis pas très inquiet ni angoissé ; je suis surtout très ennuyé de ne pas pouvoir vivre normalement, de ne pas pouvoir le matin me réjouir du petit déjeuner à prendre, de la journée qui commence, de ne pas pouvoir lire plus de cinq minutes, de ne plus avoir la concentration nécessaire pour écrire cinq phrases consécutives, d'avoir même perdu depuis trop longtemps le goût de la lecture et de l'écriture... Quant à la vie sociale, oublions cela complètement... 

Cela dit, je ne suis pas un inconditionnel de l'astrologie, mais j'ai entendu récemment sur Internet deux ou trois astrologues différents annoncer pour 2023 un très intéressant alignement des planètes pour les natifs du signe de la Vierge dont je suis. Il faudrait, semble-t-il, s'attendre à d'importants changements positifs dans notre vie au cours des prochains mois. Si l'on veut croire à l'existence d'un paradis à la fin de nos jours, pourquoi ne pas croire en attendant à l'annonce de jours meilleurs sur Terre ?

Je vous souhaite une excellente année 2023.