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dimanche 3 août 2025

Rupert Brooke - 3 août 1887 - 23 avril 1915

 

Il y a 138 ans, ce 3 août 2025, que naissait à Rugby, en Angleterre, Rupert Brooke, qui étudia à Cambridge, devint le poète que l'on connaît avant de mourir à 27 ans le 23 avril 1915 sur un navire-ambulance français en allant à la guerre sur la mer Égée.

C'est Alexander qui, la première fois, m'a parlé de ce jeune poète anglais pour qui il avait une affection particulière. Sa mère avait beaucoup aimé les poèmes de Rupert Brooke, et Alexander avait hérité de quelques recueils de ses poésies ayant appartenu à sa mère. Lors de notre première conversation, Alexander avait notamment évoqué le poème sans doute le plus connu de Rupert Brooke, « The Soldier » :

« If I should die, think only this of me:

That there’s some corner of a foreign field

That is for ever England... »

Il y avait une arrière-pensée derrière cette volonté d'Alexander de me parler de Rupert Brooke et, plus précisément, de ce poème, « The Soldier », qui est un poème, comme beaucoup de ceux de Rupert Brooke, idéaliste et patriotique : comme il venait de m'exprimer son ardent désir de venir à Montréal, Alexander, tout aussi patriotique, sinon plus, tenait à me dire que s'il lui arrivait quelque chose à Montréal, il faudrait que je le ramène chez lui. Alexander ne quittait d'ailleurs jamais l'Angleterre sans apporter avec lui un peu de la terre anglaise.

Rupert Brooke a même poussé son patriotisme jusqu'à mourir, indépendamment de sa volonté, un 23 avril, jour de la Saint-Georges, saint patron notamment de la chevalerie chrétienne anglaise. Mais, paradoxalement, lui qui voulait qu'on se souvienne de ce coin d'Angleterre qu'il aimait particulièrement, la région de Cambridge, est enterré sur une île grecque, celle de Skyros. Il n'est toutefois pas dans un pays tout à fait étranger car, lui qui s'est intéressé à la civilisation de la Grèce ancienne, il repose à jamais sur cette île sur laquelle, selon la légende, Thétis aurait caché son fils Achille (autre héros d'Alexander et de tant d'autres) afin d'empêcher qu'il ne parte à la guerre de Troie.

 

Je l'ai souvent dit et écrit, en choisissant le nom de mon bulldog anglais, c'était en pensant à Rupert Brooke, et c'était aussi une façon de rendre hommage à Alexander.

En décembre dernier, quand le périple sur terre de mon ami Rupert s'est terminé, j'ai choisi de donner à des chiens amis ce qui pouvait leur être utile ou agréable : des jouets, des gâteries, divers accessoires... Je ne tenais pas nécessairement à me défaire rapidement de ce qui avait appartenu à Rupert, mais je ne tenais pas non plus à les conserver comme des reliques : je crois que Rupert aurait été le premier à approuver mon choix de faire profiter d'autres chiens amis de ce qui lui avait procuré du confort et du plaisir.

J'ai notamment offert le lit de Rupert, un bon matelas en mousse mémoire, à un grand chien noir qu'une amie promème plusieurs fois par semaine et qui appartient aux proprétaires depuis plus de cinquante ans d'une librairie de livres d'occasion, principalement en anglais, à quelques pas de chez moi. J'avais offert ce lit par l'intermédiaire de cette amie qui promène leur chien ; quelques jours plus tard, cette amie me dit que les « parents » du beau chien noirs étaient heureux d'accepter le lit de Rupert, à condition que je vienne chez eux prendre le thé ou un apéritif. L'après-midi de la Saint-Sylvestre, mon amie et moi avons été reçus dans une très belle maison victorienne, superbement meublée et, comme il fallait s'y attendre, remplie des plus beaux livres anciens. On a débouché pour nous une excellente bouteille de vin rouge, que nous avons dégusté avec de succulentes bouchées faites maison. Et, agréable surprise, le beau chien noir n'a pas attendu très longtemps avant de s'allonger sur le lit de Rupert.

J'avais raconté à nos hôtes l'histoire du nom de Rupert donné à mon bulldog, associé à Rupert Brooke.

Quelques jours plus tard, les propriétaires de la librairie qui venaient de recevoir un lot de livres d'occasion, ont trouvé parmi eux un titre de Rupert Brooke, Letters of America, qu'ils m'ont généreusement offert dans une édition reliée. Il s'agit d'une série de lettres écrites par Rupert Brooke lors d'un long voyage aux États-Unis (New York, Boston), au Canada et au Québec (Montréal, Québec, Saguenay) que m'avait fait découvrir Alistair, un ami d'Alexander, il y aura bientôt seize ans. Était-ce sous l'inspiration des Lettres d'Amérique de Rupert Brooke qu'Alistair avait lui-même fait le voyage de Londres à Montréal et à Québec ? Il me plaît d'y penser et d'y croire.

jeudi 3 août 2017

Rupert Brooke aurait...

... 130 ans aujourd'hui, 3 août 2017.

 
Rupert (à droite), 11 ans, et son frère Alfred, 8 ans

Rupert Brooke est né le 3 août 1887, dans la ville de Rugby (d'où viendrait le sport qui porte ce nom), dans le Warwickshire, en Angleterre. Son père, William, était maître d'école à la Rugby School, l'une des plus prestigieuses « public schools » d'Angleterre où Rupert fit la plus grande partie de ses études. Rappelons que, paradoxalement, en Angleterre, les « public schools » sont des institutions privées où l'élite se doit d'envoyer ses rejetons. L'éducation à la Rugby School prépare les jeunes esprits pour l'entrée dans les plus grandes universités (Oxford, Cambridge, ...), et met aussi beaucoup l'accent sur la pratique des sports.  Parmi les écrivains originaires de la ville de Rugby, citons Lewis Carroll (1832-1898) et Salman Rushdie (1947-)






Grâce à une bourse d'études, il poursuivit  ses études au King's College de Cambridge. Pendant ses études, il se joignit à des groupe d'écrivains, de poètes, d'amateurs de théâtre... Il vécut dans une maison qu'il a rendue célèbre par sa poésie, Old Vicarage, à Grandchester, où il fait toujours bon aller prendre le thé l'après-midi (« And is there honey still for tea ? » - Rupert Brooke).


Bien qu'il ait souvent dit et écrit que son adresse permanente serait toujours à Cambridge, c'est dans la mer Égée qu'il est décédé, le 23 avril 1915, jour de la Saint-Georges, fête nationale de l'Angleterre, à la suite d'une septicémie causée par l'infection d'une piqûre de moustique. Membre de la Royal Navy, il s'était embarqué pour une expédition militaire, mais il mourut à 27 ans (comme Alexander), deux jours avant le débarquement des Dardanelles. Puisqu'il est mort sur un navire-hôpital (français) sur lequel il avait été transféré, son corps aurait dû être jeté à la mer mais, grâce à l'intervention de Churchill à qui il avait été présenté, et bien qu'il ait si bien écrit son amour pour son pays et pour le Cambridshire en particulier, sa dépouille repose plutôt sur l'île de Skyros (ou Scyros), en Grèce.

samedi 23 avril 2016

Rupert, parce que...

Ce matin, alors que je sortais Rupert, deux très jeunes filles et un garçon du même âge, de très beaux jeunes étudiants venus de l'extérieur pour étudier à l'Université McGill, se sont arrêtés et m'ont demandé s'ils pouvaient caresser Rupert. « Si vous ne le faites pas, il sera très déçu », leur ai-je répondu. Lorsque, à leur demande, je leur ai dit le nom du chien, l'une d'entre elle s'est exclamée : « Oh, Rupert ! Quel beau nom ! » Je leur ai raconté pourquoi il s'appelait ainsi. D'abord, parce que c'est un nom anglais, qui n'existe pratiquement pas en Amérique du Nord, et que mon bulldog anglais devait forcément avoir un nom anglais. Et ensuite parce que ce prénom était très associé à Alexander et à mes autres amis anglais. En effet le poète Rupert Brooke était l'un de leurs poètes préférés. Il est décédé à vingt-sept ans, il y a précisément cent un an aujourd'hui même, 23 avril.

3 août 1887 - 23 avril 1915

Alexander aimait particulièrement, quand je l'ai connu, son célèbre poème « The Soldier »... Quelques semaines avant de partir lui-même à vingt-cinq ans, Alistair, un ami d'Alexander, m'écrivait qu'il était en train de lire des lettres de Rupert Brooke qui parlait notamment de son passage à Montréal. Et mon ami Gallois, pour qui « The Old Vicarage, Grandchester » avait un sens particulier, a étudié dans un collège du nord de l'Angleterre, qui est peut-être celui de Rugby où Rupert Brooke a commencé ses études, qu'il a poursuivies à Cambridge.

C'est aussi, aujourd'hui, la Saint-Georges, patron des Anglais.
C'était hier, 22 avril, la Saint-Alexandre, et l'anniversaire de notre Alexander Bull.
Le 20 avril, mon chien et ami Rupert a célébré son sixième mois.

dimanche 3 août 2014

Anniversaires du 3 août

C'est aujourd'hui l'anniversaire de naissance de ce poète anglais, magnifique de bien des façons - et notamment pour sa poésie - et qui de plus a pour moi valeur de symbole, Rupert Chawner (Chaucer) Brooke, né le 3 août 1887, à Rugby (ville du nord de l'Angleterre que les amateurs de cette sorte de football devenu le rugby doivent connaître).
 Avant d'apprendre à le connaître mieux à travers mes conversations avec Alexander, j'avais entendu parler de ce poète, que Yeats considérait comme « le plus beau jeune homme d'Angleterre ». Je me souviens notamment que dans un des premiers films hollywoodiens à traiter sans répugnance l'homosexualité, Making Love, sorti en 1982, l'année de naissance d'Alexander, il était question de ce poète anglais. Alexander et moi avions parlé de lui dès nos premières conversations en direct ; nous avions surtout évoqué, à ce moment-là, l'un de ses poèmes les plus connus, The Soldier.
Trois mois exactement après le départ d'Alexander, un ami avait découvert ce blogue par hasard et, à travers mes mots, il avait reconnu cet ancien camarade d'école devenu un ami. Alistair avait tellement été séduit par Alexander Bull qu'il avait voulu en avoir un semblable ; il était allé chercher Douglas chez le même éleveur. Alistair est immédiatement devenu l'un de mes amis ; il m'a écrit tous les jours, jusqu'au 10 décembre 2009. Alistair était comme un petit frère d'Alexander ; il m'a envoyé de nombreuses photos qu'il faisait, superbes, que je conserve précieusement, notamment les photos de Douglas, le jeune et magnifique bulldog. Deux jours plus tard, il a connu une fin tragique, que je n'arrive pas à oublier non plus. Dans l'un de ses messages, il m'avait écrit avec fierté qu'il était en train de relire les Lettres d'Amérique, de Rupert Brooke.
En janvier 2010, un autre jeune Britannique, né au Pays de Galles mais vivant désormais à Londres la plupart du temps, découvrait aussi par hasard ce blogue et reconnaissait Alexander dans ce que j'écrivais. Lui aussi avait tenu à me dire qu'il connaissait le nom de ce garçon dont je pleurais la perte, qu'il l'avait aperçu à quelques reprises lors de déplacements dans la ville, et reconnu. Alexander le Gallois, de l'âge d'Alexander, est devenu aussi un ami précieux, dont je n'ai plus de nouvelle depuis son départ pour une excursion en Écosse, pour aller voir un petit arbre qu'il y avait planté et qui avait pour lui une signification particulière. Il me manque énormément, mais j'ose espérer qu'il est revenu de cette excursion, avec Maurice son chien fidèle et ami, et que son silence ne concerne que moi. Ensemble, nous avions évoqué un autre poème de Rupert Brooke, The Old Vicarage, Grantchester.
Ce petit village de Grantchester a souvent été un lieu de villégiature pour les étudiants de l'université de Cambridge, à proximité. La poésie anglaise lui doit beaucoup. 



Vous trouverez ici les paroles, en anglais et en français, de cette chanson de Pink Floyd.

* * * * *

Je dois à de nombreux écrivains un très grand nombre de mes découvertes, de mes joies, de mes plaisirs, de mes révélations, de mes prises de conscience, de mes émerveillements, etc. Certains de ces écrivains ont eu sur ma vie, sur ma pensée, sur ma façon de concevoir le monde, une influence considérable. Mais il y a peu de ces écrivains à qui j'aie vraiment eu envie de dire, d'écrire mon admiration, la place qu'ils ont prise dans mon panthéon, dans ma vie. Michel del Castillo est de ceux-ci.


Il m'a fallu de très nombreuses années pour me « résigner » à entreprendre la lecture de l'un de ses livres. Un ami m'avait parlé de lui il y a très longtemps, à un moment où je n'avais pas encore beaucoup lu. Cet ami, qui a échangé une correspondance avec Michel del Castillo, me faisait l'éloge de son premier roman, Tanguy. Ce livre parle de l'enfance de l'auteur, à Madrid pendant la guerre, de sa mère qui sera toujours pour lui un personnage énorme, énigmatique, qu'il n'arrive toujours pas à comprendre. Il parle du rejet par son père français. Puis des camps de prisonniers où sa mère et lui finissent par aboutir. Pour s'en échapper, elle n'hésitera pas à laisser derrière lui son fils de six ans... Un auteur au nom espagnol, qui parle de l'Espagne, de la guerre civile, des camps de prisonniers, tout cela n'avait rien pour me séduire. Combien de fois, dans une librairie ou dans une bibliothèque, j'ai ouvert l'un des nombreux livres de Michel del Castillo sans avoir le goût de poursuivre ma lecture. Il aura fallu attendre de tomber, ces dernières années, sur deux de ses récits, fortement autobiographiques : De père français et Le crime des pères. Ces deux livres m'ont bouleversé et, depuis, je veux lire tout ce qu'a écrit Michel del Castillo ; ils m'ont donné la clé pour comprendre et apprécier tous les romans que je n'avais pas envie de lire, et tous ceux qu'il a publiés par la suite.
Je n'hésite pas à dire qu'il y a trois grandes périodes dans ma vie : une trop longue période d'ignorance, d'inconscience, qui correspond à peu près à mes vingt premières années (ça ne se tranche pas vraiment au couteau, mais c'est assez exact pour l'instant). Puis il y a eu la période d'émerveillement, à partir du roman des Amitiés particulières, la découverte de la Grèce et de la Rome antiques, avec tous leurs grands personnages, et plus particulièrement l'empereur Hadrien et Alexandre le Grand, et leur univers respectif. Puis il y a celle, ces dernières années, peu avant de faire la connaissance d'Alexander, de cette période que, sous l'influence de Michel del Castillo, j'appellerais simplement la période du début de la lucidité. L'univers que décrit Michel del Castillo est loin d'être un univers du merveilleux, de la magie, de la beauté, de l'idéal, ... C'est plutôt celui de la vérité, de la réalité telle qu'elle est, de la méchanceté, de la cruauté. Dostoïevski est son maître.
J'ai hésité à parler à Alexander des livres de Michel del Castillo. Je ne voulais pas assombrir sa vision des choses. Et pourtant, il en a connu de ces réalités dramatiques, douloureuses, dans sa courte vie... Mais je lui ai parlé de Tanguy ; c'est le seul roman de cet auteur qu'il ait eu le temps de lire, mais il l'a trouvé très beau, en dépit de cet univers très sombre. Aussitôt après en avoir fait la lecture, il m'a écrit (je résume tout en conservant ses mots) : « Merci énormément de m'avoir parlé de Tanguy... c'est un livre très bouleversant. Plein de mots si terribles et d'autres si plein d'amour. [...] Le monde terrifiant de la guerre qui a permis de laisser s'épanouir un amitié si belle entre Tanguy et Gunther, dans cet enfer du camp de concentration, qui a permis aussi a un religieux d'ouvrir son cœur pour aider cet enfant très meurtri. Et d'autres merveilleux moments que personne, après les avoir lus, ne pourra oublier. Je crois que Tanguy peut être le petit frère de tous ceux qui souffrent de la guerre en ce moment, partout sur la planète. J'espère qu'il y a encore des Gunther et des Père Pardo pour les aimer et les soutenir. Merci Alcib. »

La vie de Michel del Castillo a commencé sur des bases si peu solides que lui-même n'était plus sûr de la date de sa naissance. Il a longtemps cru être né le 3 août 1933, qui est la date que j'ai conservée en mémoire. Mais il aurait constaté, longtemps après être devenu adulte, qu'il serait plutôt né le 2 août 1933 ; il faudra que je noue une ficelle à ma mémoire afin de ne plus oublier.

J'aimerais avoir un jour le courage de lui écrire pour lui dire un peu ce que je lui dois. 

vendredi 29 mars 2013

Richard Griffiths - 1947-2013


Harry Potter perd son horrible oncle Vernon Dursley, et les garçons d'une grammar school (lycée, collège) de Sheffield viennent de perdre Hector, leur excentrique, amusant et néanmoins très cultivé professeur... J'ai appris avec une immense tristesse, il y a quelques heures, le décès de l'excellent acteur britannique Richard Griffiths, ce jeudi 28 mars, à l'âge de 65 ans, des suites de complications lors d'une chirurgie cardiaque.

  

 Qui ne se souvient pas de cet oncle épouvantable qui enferme à clé sous l'escalier son inquiétant neveu Harry Potter afin qu'il ne devienne pas magicien comme l'étaient ses parents ? (Et qui n'aurait pas eu envie d'étrangler son ignoble rejeton ?)





 

 
C'est toutefois dans The History Boys que j'ai vraiment aimé Richard Griffiths. J'ai découvert ce film un peu par hasard l'automne dernier en faisant des recherches à la bibliothèque. Les romans, les films qui se déroulent dans les collège, les universités, m'intéressent depuis longtemps ; dans ce film, d'après la pièce d'Alan Bennett, l'action se déroule dans une école (grammar school) de Sheffield, une petite ville du nord de l'Angleterre. J'ai été ravi de voir comment cela pouvait se passer en Angleterre au début des années 80. Il s'agit d'une comédie et il ne faut pas prendre ce film pour un documentaire (Hector, le vieux professeur de poésie, notamment, serait en prison depuis longtemps s'il existait vraiment dans la prude et frileuse société actuelle). C'est une comédie, mais une brillante comédie, très bien jouée - Richard Griffiths y est excellent dans le rôle de ce professeur. Dominic Cooper et Samuel Barnett y jouent des élèves brillants (parmi d'autres). Les dialogues sont subtils, plein de l'esprit britannique que j'aime... Et j'adore leur accent !

 

 
 
Samuel Barnett,Richard Griffiths et Dominic Cooper. 

Contrairement à ce qui est écrit sous la photo, le premier acteur à gauche n'est pas James Corden, mais Dominic Cooper, qui a notamment joué dans Raison et sentiment, d'après le roman de Jane Austen. Les trois autres sont, Clive Merrison (le proviseur), Richard Griffiths (le vieux professeur) et Stephen Campbell Moore (un nouveau professeur spécialement engagé pour préparer les élèves aux concours d'admission d'Oxbridge - Oxford et Cambridge).

Je ne recommanderais pas forcément ce film à tous mes amis. Certains n'aiment pas ce genre de film qui se déroule dans un collège de garçons, univers presque exclusivement masculin (il y a deux ou trois femmes)

Parmi les récompenses remportées par Richard Griffiths et les nominations, je soulignerai celles-ci :
     2006 : Tony Award du meilleur acteur dans une pièce - The History Boys
    2006 : Laurence Olivier Awards du meilleur acteur - The History Boys
    2003 : Nommé au Phoenix Film Critics Society Awards de la Meilleure distribution - Harry Potter et la chambre des secrets
    2007 : Nommé au British Academy Film Award du meilleur acteur - The History Boys
    2007 : Nommé au Chlotrudis Award du meilleur acteur dans un second rôle - The History Boys
    2007 : Nommé au London Film Critics Circle d'Acteur de l'année - The History Boys

On peut voir et entendre sur YouTube la bande annonce.

Il faut évidemment regarder ce film en anglais afin d'apprécier toutes les subtilités des dialogues. D'ailleurs, je ne crois pas qu'il existe une version française. J'ai regardé le film plusieurs fois sur DVD et je le regarderai encore. Hélas, j'ai remarqué après le quatrième ou cinquième visionnement que sur la copie que j'avais, il existe une version sous-titrée en... québécois. Tab... ! J'en suis presque tombé en bas de ma chaise. Alors que les dialogues en anglais sont subtils, plein d'esprit, de finesse, de culture, les sous-titres québécois sont d'une vulgarité scandaleuse. Les sacres, les jurons, épais, dignes des pires humoristes les plus dégoûtants... On n'y reconnaît rien de ce qui fait de ce film un ravissement pour les neurones.

La carrière de Richard Griffiths ne se limite pas à ce film, bien entendu, mais c'est ce film qui m'a permis de le découvrir vraiment et d'apprécier son immense talent. Ses collègues du théâtre, du cinéma, de la télévision semblent unanimes : il n'était pas seulement l'un des plus grands acteurs britanniques, mais aussi un être humain, très chaleureux, drôle, près des gens, un modèle pour certains... Il faudra nous consoler avec ses films et ses émissions de télévision.

Rest in peace, Sir !

lundi 7 décembre 2009

Terre natale

« Si je devais mourir, pense seulement cela de moi :
il y a là un petit coin de terre étrangère
qui est pour toujours l'Angleterre. »
Rupert Brooke


Quand il fut question pour la première fois - et cela vint très tôt dans nos premières conversations -, qu'Alexander vienne me voir à Montréal (ce fut toujours l'entente entre nous : il viendrait d'abord à Montréal ; j'irais ensuite en Angleterre), il me demanda de lui promettre solennellement que, s'il lui arrivait quelque chose durant son séjour à Montréal, je devrais le faire rapatrier en Angleterre. Si je ne connaissais pas son amour pour sa patrie, je pourrais croire qu'il avait envers elle un engagement officiel qu'il se devait d'honorer...

Nous avions parlé ce soir-là de l'appartenance, de l'amour du pays, de l'amour du sol lui-même... Alexander avait un tel amour pour son pays qu'il n'en sortait jamais sans apporter avec lui un peu de terre provenant du sol. Il avait voulu m'en envoyer par la poste mais nous nous étions inquiété des restrictions douanières... L'amour du pays nous avait amenés à parler de poésie et, tout particulièrement, de Rupert Brooke et de l'un de ses plus célèbres sonnets, The Soldier, dont sont tirées et traduites les premières lignes citées au début de cet article :

If I should die, think only this of me:
That there's some corner of a foreign field
That is for ever England. There shall be
In that rich earth a richer dust concealed;
A dust whom England bore, shaped, made aware,
Gave, once, her flowers to love, her ways to roam,
A body of England's, breathing English air,
Washed by the rivers, blest by suns of home.

And think, this heart, all evil shed away,
A pulse in the eternal mind, no less
Gives somewhere back the thoughts by England given;
Her sights and sounds; dreams happy as her day;
And laughter, learnt of friends; and gentleness,
In hearts at peace, under an English heaven.


Alexander aimait beaucoup ce poète. Je me souviens qu'au cours de l'été 2008, son frère Charles venu lui rendre visite à Londres lui avait apporté un livre tiré de la bibliothèque familiale. Alexander en avait été très ému car il s'agissait d'un recueil de poèmes qui avait appartenu à sa mère, qui aimait beaucoup Rupert Brooke.


Nous le trouvions très beau. Il nous faisait penser à Hugh Grant, que j'avais aimé dans dans le rôle de Clive, dans le film de James Ivory, Maurice. La ressemblance n'était pas que physique car si la postérité a surtout retenu, grâce au zèle de ses héritiers, son amour des jeunes filles, Rupert Brooke n'était absolument pas insensible à la beauté masculine. Un autre point commun qu'il a avec les personnages du film : Rupert Brooke a étudié à Cambridge, alors qu'Alexander (qui le lui a pardonné, j'en suis sûr) a étudié à Oxford.


Paradoxalement, Rupert Brooke qui était si attaché à sa patrie et qui disait que son université, Cambridge, serait pour toujours sa seule adresse, a été enterré en Grèce, sur l'île de Skyros. Il n'avait que 28 ans ; ce très jeune âge n'est que l'un des points qu'il a en commun avec Alexander, qui en avait 27...

Alistair, qui est un digne ami d'Alexander, m'écrivait il y a quelques jours qu'il avait pensé à moi en lisant les récits de voyages de Rupert Brooke, notamment les pages où il raconte son passage à Montréal. Il faudra que je me procure un exemplaire de ces récits de voyage, en attendant de lire ceux d'Alistair. Ceux que j'aimerais pouvoir lire, ce sont les nombreux voyages imaginaires qu'a pu faire Alexander en rêvant de son premier séjour ici.

Toute la soirée, une série de « coïncidences » m'a fait penser à Alexander. Au moment de commencer cet article, un peu avant minuit, j'ai jeté un regard vers l'une des fenêtres du salon, dont les stores sont fermés ; j'ai pourtant aperçu, à travers les lames du store, dans la nuit noire, un point lumineux : c'était la Lune qui venait me faire signe, comme si Alexander voulait me dire que, cinq mois exactement après son départ, il ne m'oubliait pas. Le temps de rédiger cet article, j'ai rouvert le store ; l'article terminé, la Lune a disparu dans les nuages...