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mercredi 1 avril 2015

L'âme d'une maison

« Petit à petit les chats deviennent l'âme de la maison », a écrit Jean Cocteau.

Ce n'est certes pas Alexander qui le démentirait. S'il a découvert Cocteau un peu trop tard pour le connaître vraiment, il a toutefois, pendant treize ans, partagé sa vie avec le siamois que sa grand-mère avait recueilli tout petit, perdu dans le grand parc autour de la maison. Si Alexander Bull était son ami le plus cher, le complice de ses jeux, de ses sorties, de ses promenades, etc., Harry le siamois était vraiment le maître et l'âme de sa maison. Notre amie Jane m'écrivait : « Je ne sais pas ce qu'ils se disent, ces deux-là, mais, quand ils se regardent, c'est évident qu'ils se comprennent. » Il avait très confiance en la sagesse de son chat, et il partageait l'avis de Colette que « ce que chatte ne sait pas ne vaut pas qu'on le sache » (je cite de mémoire ce commentaire qu'Alexander avait écrit en juillet 2008 au sujet du chant du rossignol sous la lune).

Jacques Laurent a écrit ceci, que tous les amis des chats approuveront certainement : « Il suffit de croiser son regard avec celui d'un chat pour mesurer la profondeur des énigmes que chaque paillette de ses yeux pose aux braves humains que nous sommes. »

Il n'y a rien d'étonnant, dirait le prêtre, le pasteur, le rabbin, etc., à ce que certains d'entre nous puissent, volontairement ou non, s'éloigner de Dieu, puisque Dieu des chats a perdu le sien. Déjà que, la plupart du temps, c'est avec le cœur dans la gorge et les larmes aux yeux que j'écris dans ces pages, je n'ose essayer de m'imaginer ce que l'on peut ressentir dans un cas semblable. J'espère simplement que Roro retrouvera, sinon celui de la raison, le chemin de sa maison.

Cela me rappelle la belle histoire d'amour qu'a vécu un ami avec... une belle chatte blanche.


Un ami, qui avait une très jolie maison à la campagne, a trouvé un soir, en rentrant chez lui, une très belle chatte angora, toute blanche, bien installée au salon (elle était entrée par une fenêtre ouverte). Il a consulté les « avis de recherche », a trouvé la maîtresse inconsolable et il lui a ramené la belle blanche qui, l'a-t-il appris, s'appelait Hortense.

Le lendemain, Hortense était encore installée au salon. Après cinq ou six raccompagnements au domicile de sa maîtresse, celle-ci a dit : « Elle préfère votre maison à la mienne ; ne la contrarions pas ! » Et Hortense a vécu ainsi de longues années dans cette superbe maison, avant de déménager avec cet ami dans une nouvelle maison que tous les deux ont aimé longtemps, jusqu'au dernier soupir d'Hortense...

lundi 26 mai 2014

... J'écris ton nom


Sur mes cahiers d'écolier
Sur mon pupitre et les arbres
Sur le sable de neige
J'écris ton nom

Sur les pages lues
Sur toutes les pages blanches
Pierre sang papier ou cendre
J'écris ton nom

Sur les images dorées
Sur les armes des guerriers
Sur la couronne des rois
J'écris ton nom

Sur la jungle et le désert
Sur les nids sur les genêts
Sur l'écho de mon enfance
J'écris ton nom

Sur les merveilles des nuits
Sur le pain blanc des journées
Sur les saisons fiancées
J'écris ton nom

Sur tous mes chiffons d'azur
Sur l'étang soleil moisi
Sur le lac lune vivante
J'écris ton nom

Sur les champs sur l'horizon
Sur les ailes des oiseaux
Et sur le moulin des ombres
J'écris ton nom

Sur chaque bouffée d'aurore
Sur la mer sur les bateaux
Sur la montagne démente
J'écris ton nom

Sur la mousse des nuages
Sur les sueurs de l'orage
Sur la pluie épaisse et fade
J'écris ton nom

Sur les formes scintillantes
Sur les cloches des couleurs
Sur la vérité physique
J'écris ton nom

Sur les sentiers éveillés
Sur les routes déployées
Sur les places qui débordent
J'écris ton nom

Sur la lampe qui s'allume
Sur la lampe qui s'éteint
Sur mes maisons réunies
J'écris ton nom

Sur le fruit coupé en deux
Du miroir et de ma chambre
Sur mon lit coquille vide
J'écris ton nom

Sur mon chien gourmand et tendre
Sur ses oreilles dressées
Sur sa patte maladroite
J'écris ton nom

Sur le tremplin de ma porte
Sur les objets familiers
Sur le flot du feu béni
J'écris ton nom

Sur toute chair accordée
Sur le front de mes amis
Sur chaque main qui se tend
J'écris ton nom

Sur la vitre des surprises
Sur les lèvres attendries
Bien au-dessus du silence
J'écris ton nom

Sur mes refuges détruits
Sur mes phares écroulés
Sur les murs de mon ennui
J'écris ton nom

Sur l'absence sans désir
Sur la solitude nue
Sur les marches de la mort
J'écris ton nom

Sur la santé revenue
Sur le risque disparu
Sur l'espoir sans souvenir
J'écris ton nom

Et par le pouvoir d'un mot
Je recommence ma vie
Je suis né pour te connaître
Pour te nommer Liberté.

Paul Éluard, in Poésies et vérités 1942 Éditions de Minuit, Paris, 1942.
Pour Éluard, ce prénom qu'il écrit partout, est féminin, celui de la Liberté. Je peux aussi l'écrire au masculin, partout : Alexander.

jeudi 3 avril 2014

Notre amie la Lune

Photo : NASA

Vous ne vous en souvenez peut-être pas, mais notre amie la Lune serait née 95 millions d'années après le début du Système solaire. Alors que celui-ci se serait formé il y a 4,56 milliards d'années (ça donne un peu le vertige, non ?).

La Lune serait née d'une collision de la Terre, encore bébé, avec une autre planète ressemblant à Mars. La Lune serait en fait un agrégat des débris de la collision. Maintenant qu'il y est, je demanderai à Alexander d'étudier cette hypothèse ; mais au fond, ce qui l'intéresse, lui, c'est sa douce lumière, son rôle de témoin de la nuit, de complice des amoureux, d'inspiration des poètes...


Pour les indécrottables scientifiques, elle n'a pas fini de dévoiler ses secrets. Une équipe de planétologues français, allemands et états-uniens de l'Observatoire de la Côte d'Azur, à Nice, ont tenté de dater plus précisément l'âge de la Lune en se basant sur des simulations et en étudiant la composition chimique du manteau de la Terre. On viendra dire, après cela, que les manteaux ne servent à rien !

mercredi 12 octobre 2011

Pierrot lunaire



Pierrot Lunaire

Je m'en vais sur la lune
Prenez grand soin de mes oiseaux
Je m'en vais sur la lune
Prenez grand soin du souvenir

Du garçon tout petit
Seul au monde sur la terre
Ses cheveux plein de blé
Ses souliers délacés
Ses cheveux pleins de sable
Et ses yeux plein d'étoiles
Et son coeur plein de peine
Et son pas plein d'échos
De son âme qui s'enfuit

Je m'en vais sur la lune
Prenez grand soin de mes oiseaux
Je m'en vais sur la lune
Prenez grand soin de cette pierre

Qui s'effrite, qui nous quitte
De cet arbre invalide
De ce mot inaudible
De ce chien sans défense
De ce noir en hiver
De ce blanc en enfer
Du roman sans histoire
De ce rêve évanoui

Je m'en vais sur la lune
Prenez grand soin de mes oiseaux
Je m'en vais sur la lune
Prenez grand soin... de vous.

Alexander n'a pas eu le temps de connaître cette chanson de Claude Léveillée, « Pierrot lunaire », mais il l'aurait aimée, j'en suis sûr. D'abord parce qu'il aimait, notamment, la musique et la poésie, et que celle-ci parle de notre amie la Lune, et des oiseaux... Puis il aurait voulu connaître mieux Claude Léveillée et ses chansons. En écoutant « Frédéric », il aurait reconnu un autre amoureux de Chopin qu'Alexander jouait merveilleusement bien.

Claude Léveillée a écrit « Pierrot lunaire » pour son fils, Pascal, qui a décidé, lui, de retourner sur la lune ; il n'avait que vingt ans.

On peut écouter ici quelques autres chansons de Claude Léveillée.

dimanche 7 août 2011

Sur la Terre comme au Ciel


Tu vois, mon cher Alexander, j'ai trouvé cette plaque qui indique tes deux adresses : celle que tu avais sur Terre, dans la cité de Westminster, à Londres, et ta nouvelle adresse, sur notre amie la Lune.

Il y a vingt-cinq mois, mais il me semble que c'était hier que tu entreprenais ce long voyage dont tu ne reviendras plus. Ce sera donc à moi d'aller te rejoindre, un jour ; d'ici là, tu vivras toujours dans mon coeur et dans mes pensées.

samedi 19 mars 2011

Notre « Super-Lune »


Éblouissante, magnifique !
Depuis la fin de la journée, je surveillais son arrivée.
La Lune arrivait ce soir dans la forme la plus aplatie de la forme elliptique de son orbite. Pour la première fois depuis dix-huit ans, elle était ce soir plus près de la Terre. Elle paraissait plus grande et plus lumineuse.
Vers 20 h 15, je l'ai vu surgir derrière un immeuble. J'ai éteint les lumières du salon et je me suis installé pour l'admirer, fasciné par sa taille, par l'intensité de sa lumière et par... je ne sais quoi.
Après quelques minutes, j'ai cru y apercevoir un petit garçon, un Petit Prince en fait, un arrosoir à la main et qui m'envoyait des baisers.

J'ai hésité à parler d'elle car j'étais persuadé que RPL écrirait ce soir quelque chose à son sujet.

lundi 29 mars 2010

Émotions anticipées

Il pleuvait ce matin et je crois que la pluie a continué toute la journée (je n'ai pas mis le nez dehors depuis le matin et je n'ai pas eu le temps de regarder par la fenêtre). Quand je suis sorti, en fin d'après-midi, pour aller à un rendez-vous, la pluie était arrêtée, mais le ciel encore couvert...

En sortant de mon rendez-vous pour aller faire deux courses tout près de là, j'ai regardé le ciel et je n'ai aperçu aucune étoile. Je n'ai pas besoin des étoiles pour penser à Alexander puisqu'il est en permanence en moi, dans mes pensées, quoi que je fasse, même si je suis avec des clients.

Je ne sais pas ce qu'il en penserait, mais les médias parlaient aujourd'hui d'une décision prise par sa famille, qui suscitera encore l'intérêt au cours des prochains mois. Avant même d'avoir eu le temps de penser à quoi que ce soit, mon coeur s'est mis à battre plus vite en voyant son nom. Cela ne changera surtout rien à ma vie et Alexander me dirait, s'il était là, qu'il se sent lui-même détaché de tout cela. Il me dirait surtout que pour moi il ne voulait être qu'Alexander, un prénom, un coeur, un corps, un esprit, sans nom de famille.

À la Grande Bibliothèque où je me suis arrêté pour y prendre un livre que j'avais réservé il y a deux semaines, j'ai jeté un rapide coup d'oeil sur des rayons de livres. J'ai vu des titres, de nouveaux livres d'auteurs que nous aimions, Alexander et moi... Chaque fois que je vois, que j'entends, que je sens quelque chose que nous avons aimé ou que je sais qu'Alexander aimerait, mon coeur bondit et j'ai vite envie de rentrer chez moi pour venir partager ces découvertes avec lui, comme j'ai tellement partagé depuis avril 2008... Puis je me souviens qu'Internet ne se rend pas sur la Lune, ni sur les étoiles. Je n'ai donc pas besoin de rentrer chez moi en courant : là où je suis, Alexander sait ce qui se passe, ce que je sens...

Je suis sorti de la bibliothèque, persuadé que le ciel était toujours couvert. Puis je suis passé par le parc adjacent à la bibliothèque : sur mon circuit, c'est le meilleur endroit à Montréal, avec les environs de la rue Basset, parce qu'il n'y a pas trop de lampadaires aveuglants, pour scruter le ciel et y chercher le sourire des étoiles. À ma grande joie, elles sont là, au rendez-vous, nombreuses et enjouées. Je me suis arrêté longuement. Poursuivant ma route, je me suis senti guidé par une étoile, comme l'un des rois mages. C'est alors que j'ai vu notre Lune, ronde et dorée. Quand elle est là, entourée d'étoiles, j'ai le sentiment de mieux recevoir les sourires et les baisers d'Alexander.

J'appréhende l'arrivée du mois d'avril, avec toutes les dates significatives. Dès le premier, il y a des anniversaires à souligner. Le 5 avril, Alexander n'aura pas 28 ans ; il aura toujours 27 ans, ou quatre, ou sept, ou quinze... mais il n'aura jamais 28 ans... Puis ce sera le deuxième anniversaire de sa découverte du blogue, de ses premiers messages... Puis ce sera la Saint-Alexandre et l'anniversaire de l'ami Alexander bull... Plus encore que le printemps, il y aura de l'émotion dans l'air.

dimanche 21 février 2010

Coeur d'artichaut

Alexander disait de lui-même qu'il était « un coeur d'artichaut ». Dans son esprit, surtout s'il l'utilisait pour se décrire lui-même, cette expression ne signifiait pas « tomber facilement amoureux, être volage », mais plutôt : « avoir le coeur tendre, s'émouvoir facilement, avoir rapidement les larmes aux yeux ». L'expression m'est revenue à l'esprit ce dimanche matin après avoir fondu en larmes en entendant par hasard une vieille chanson. Je n'ai pas compris immédiatement ce qui a déclenché ce torrent mais en faisant le lien entre la chanson et ce qui occupait mon esprit depuis mon réveil, j'ai compris. Depuis plusieurs jours, je me remémore des extraits du Petit Prince, sans relire le texte lui-même, en essayant d'en comprendre le sens profond.
Le Petit Prince a toujours été, dès ses premières années, non seulement l'un des livres préférés d'Alexander, mais son personnage principal vivait vraiment avec lui, en lui. « Le Petit Prince est un ami très cher », écrivait-il le printemps dernier. Il n'est pas le seul à aimer ce livre, cette histoire, ce conte, ce traité de philosophie, car Le Petit Prince est, immédiatement après la Bible, le livre le plus vendu au monde. Mais, comme le dit si bien le renard, « on ne connaît que les choses que l'on apprivoise » : nous pourrions être des millions, des milliards à aimer Le Petit Prince, la relation de chacun avec l'esprit du Petit Prince sera toujours unique puisque chacun, s'il veut le connaître, devra l'apprivoiser à sa manière.
Depuis près de deux ans, et plus particulièrement ces jours derniers, j'essaie de distinguer ce qu'il y a du Petit Prince en Alexander et pourquoi ce livre me touche autant moi-même. Il y a dans ces pages beaucoup plus qu'une jolie histoire pour les enfants, beaucoup plus qu'un beau conte pour les adultes : ce livre contient une philosophie de vie, accessible à tous ceux qui voudront se donner la peine de l'apprivoiser.
Ce dimanche matin, je réfléchissais plus précisément à deux qualités essentielles du Petit Prince : l'importance d'être tout entier dans l'instant présent et l'importance de conserver son coeur d'enfant. Alexander possédait au plus haut point ces deux qualités ; grâce à lui, j'ai appris et j'apprends encore à les approfondir.

Je crois que ce qui a déclenché la crise de larmes de ce dimanche matin, c'est le lien qui s'est fait à mon insu entre les paroles de cette chanson et ces qualités du Petit Prince : le moment présent et l'esprit d'enfance. La chanson entendue ce matin est une chanson banale, un succès des années soixante que je connaissais en français, mais interprétée ici, sans doute dans sa version originale, en italien. Elle raconte l'histoire d'un garçon qui a grandi à la campagne, dans une maison tranquille, loin de la ville (déjà, je peux m'y reconnaître) ; il a un jour quitté la maison familiale, les arbres, les champs, ses amis, pour s'en aller vivre à la ville... Un jour il a la nostalgie de son enfance, de la maison familiale... Il pourrait l'acheter mais là où il y avait quelques maisons, des arbres, de l'herbe, une ville a poussé, faite de béton, de goudron...

Questa è la storia
di uno di noi
anche lui nato per caso in via Gluck
in una casa fuori città
gente tranquilla che lavorava.

Là dove c'era l'erba ora c'è
una città
e quella casa in mezzo al verde ormai
dove sarà
questo ragazzo della via Gluck
si divertiva a giocare con me
ma un giorno disse: "vado in città"
e lo diceva mentre piangeva
io gli domando: "amico non sei contento?
vai finalmente a stare in città
là troverai le cose che non hai avuto qui.
Potrai lavarti in casa senza andar
giù nel cortile".
"Mio caro amico" disse "qui sono nato
e in questa strada ora lascio il mio cuore
ma come fai a non capire
che è una fortuna per voi che restate
a piedi nudi a giocare nei prati
mentre là in centro io respiro il cemento
ma verrà un giorno che ritornerò
ancora qui
e sentirò l'amico treno che
fischia così.... ua ua".

passano gli anni ma otto son lunghi
però quel ragazzo ne ha fatta di strada
ma non si scorda la sua prima casa
ora coi soldi lui può comperarla
torna e non trova gli amici che aveva
solo case su case catrame e cemento

là dove c'era l'erba ora c'e
una città
e quella casa in mezzo al verde ormai
dove sarà
non so, non so perché continuano
a costruire le case
e non lasciano l'erba, non lasciano l'erba
non lasciano l'erba, non lasciano l'erba
e non so se andiamo avanti così
chissà come si farà
chissà chissà come si farà.


Si vous avez quelque peu la nostalgie des années soixante, de la télévision en noir et blanc, écoutez et regardez Adriano Celentano interpréter
Il ragazzo della via Gluck (le garçon de la rue Gluck)

Françoise Hardy a repris cette chanson, intitulée
La maison où j'ai grandi.

La chanson elle-même n'a pas vraiment d'importance ; ce qui a déclenché la crise de larmes, c'est l'évocation de l'enfance à la campagne, associée à l'esprit de l'enfance. J'ai vivement ressenti l'absence de mon complice de l'enfance retrouvée, de mon inspiration...


Ce dimanche soir, j'ai croisé l'une de mes voisines qui m'a prêté un exemplaire du Petit Prince en bandes dessinées. J'ai ouvert l'album vers la fin, aux dernières pages, et j'ai dû le refermer aussitôt ; je ne pouvais pas relire ces mots évoquant le serpent, la morsure... « Ça ne fit même pas de bruit... »

Plus tard, en fin de soirée, je suis sorti sur le trottoir, quelques minutes ; j'ai cherché les étoiles, tout particulièrement celles qui rient car un Petit Prince y habite... Il m'a fallu un moment avant d'en trouver une, puis une autre... L'une d'entre elles scintillait vraiment ; sa lumière semblait vaciller comme la flamme d'une bougie dans le vent (« A Candle in the Wind »).
« Quand tu regarderas le ciel, la nuit, puisque j'habiterai l'une d'elles, puisque je rirai dans l'une d'elles, alors ce sera pour toi comme si riaient toutes les étoiles. » (Le Petit Prince)
« La nuit, tu regarderas le ciel, la Lune, les étoiles ; tu verras que je t'envoie des baisers. (Alexander)

lundi 7 décembre 2009

Terre natale

« Si je devais mourir, pense seulement cela de moi :
il y a là un petit coin de terre étrangère
qui est pour toujours l'Angleterre. »
Rupert Brooke


Quand il fut question pour la première fois - et cela vint très tôt dans nos premières conversations -, qu'Alexander vienne me voir à Montréal (ce fut toujours l'entente entre nous : il viendrait d'abord à Montréal ; j'irais ensuite en Angleterre), il me demanda de lui promettre solennellement que, s'il lui arrivait quelque chose durant son séjour à Montréal, je devrais le faire rapatrier en Angleterre. Si je ne connaissais pas son amour pour sa patrie, je pourrais croire qu'il avait envers elle un engagement officiel qu'il se devait d'honorer...

Nous avions parlé ce soir-là de l'appartenance, de l'amour du pays, de l'amour du sol lui-même... Alexander avait un tel amour pour son pays qu'il n'en sortait jamais sans apporter avec lui un peu de terre provenant du sol. Il avait voulu m'en envoyer par la poste mais nous nous étions inquiété des restrictions douanières... L'amour du pays nous avait amenés à parler de poésie et, tout particulièrement, de Rupert Brooke et de l'un de ses plus célèbres sonnets, The Soldier, dont sont tirées et traduites les premières lignes citées au début de cet article :

If I should die, think only this of me:
That there's some corner of a foreign field
That is for ever England. There shall be
In that rich earth a richer dust concealed;
A dust whom England bore, shaped, made aware,
Gave, once, her flowers to love, her ways to roam,
A body of England's, breathing English air,
Washed by the rivers, blest by suns of home.

And think, this heart, all evil shed away,
A pulse in the eternal mind, no less
Gives somewhere back the thoughts by England given;
Her sights and sounds; dreams happy as her day;
And laughter, learnt of friends; and gentleness,
In hearts at peace, under an English heaven.


Alexander aimait beaucoup ce poète. Je me souviens qu'au cours de l'été 2008, son frère Charles venu lui rendre visite à Londres lui avait apporté un livre tiré de la bibliothèque familiale. Alexander en avait été très ému car il s'agissait d'un recueil de poèmes qui avait appartenu à sa mère, qui aimait beaucoup Rupert Brooke.


Nous le trouvions très beau. Il nous faisait penser à Hugh Grant, que j'avais aimé dans dans le rôle de Clive, dans le film de James Ivory, Maurice. La ressemblance n'était pas que physique car si la postérité a surtout retenu, grâce au zèle de ses héritiers, son amour des jeunes filles, Rupert Brooke n'était absolument pas insensible à la beauté masculine. Un autre point commun qu'il a avec les personnages du film : Rupert Brooke a étudié à Cambridge, alors qu'Alexander (qui le lui a pardonné, j'en suis sûr) a étudié à Oxford.


Paradoxalement, Rupert Brooke qui était si attaché à sa patrie et qui disait que son université, Cambridge, serait pour toujours sa seule adresse, a été enterré en Grèce, sur l'île de Skyros. Il n'avait que 28 ans ; ce très jeune âge n'est que l'un des points qu'il a en commun avec Alexander, qui en avait 27...

Alistair, qui est un digne ami d'Alexander, m'écrivait il y a quelques jours qu'il avait pensé à moi en lisant les récits de voyages de Rupert Brooke, notamment les pages où il raconte son passage à Montréal. Il faudra que je me procure un exemplaire de ces récits de voyage, en attendant de lire ceux d'Alistair. Ceux que j'aimerais pouvoir lire, ce sont les nombreux voyages imaginaires qu'a pu faire Alexander en rêvant de son premier séjour ici.

Toute la soirée, une série de « coïncidences » m'a fait penser à Alexander. Au moment de commencer cet article, un peu avant minuit, j'ai jeté un regard vers l'une des fenêtres du salon, dont les stores sont fermés ; j'ai pourtant aperçu, à travers les lames du store, dans la nuit noire, un point lumineux : c'était la Lune qui venait me faire signe, comme si Alexander voulait me dire que, cinq mois exactement après son départ, il ne m'oubliait pas. Le temps de rédiger cet article, j'ai rouvert le store ; l'article terminé, la Lune a disparu dans les nuages...

mardi 1 décembre 2009

Étonné...

de constater à quel point, même en plein centre-ville, le ciel est magnifique ce soir ! Une mince couche ouatée flotte au-dessus de la ville mais, au delà, les étoiles, nombreuses, scintillent et la lune renvoie une vive lumière. En sortant du restaurant où je suis allé manger une pizza (oui, encore un pizza ! ces jours-ci, je n'ai pas envie de cuisiner), je me suis presque cassé le cou en regardant la lune juste au-dessus de ma tête.

Cela m'a fait penser à ce qu'Alexander m'avait dit le printemps dernier quand je lui ai raconté que j'avais glissé sur le trottoir mouillé et que j'étais tombé face contre terre ; je lui avais mentionné que je ne m'étais pas vraiment fait mal, que seul mon orgueil était blessé. « C'est ce qui fait le plus mal », avait-il précisé. Puis il avait ajouté que s'il avait été là, il se serait immédiatement jeté par terre à côté de moi en disant aux passants que c'était vraiment la meilleure façon de contempler le ciel...

Ce sont des centaines, des milliers de complicités comme celle-ci qui me permettent de continuer... À Londres, l'espace où Alexander a vécu, où il a tellement lu, joué, rêvé, fait des projets dont j'ai eu le privilège de partager un certain nombre, ne contient plus rien de ce qu'il y avait rassemblé au fil des ans. Mon rêve un peu fou de venir une fois écouter le carillon de Westminster du balcon où Alexander m'a si souvent invité s'effondre.

J'ai le sentiment douloureux que le départ d'Alexander se confirme une fois de plus. Comme le dirait Roland Barthes : je ne suis pas en deuil ; j'ai du chagrin.

dimanche 22 novembre 2009

« ... j'ai si peur de te perdre ! »

L'image vient d'ici

En avril 2008, dans les jours qui ont suivi les débuts de notre correspondance qui allait prendre rapidement un rythme et une intensité extraordinaires, Alexander se faisait renverser par une voiture en se rendant au travail... Il avait eu « de la chance » en étant projeté par-dessus la voiture au lieu de passer sous les roues comme il est arrivé à l'un de ses patients quelques jours plus tard... Alors que ses collègues l'attendaient pour prendre la relève à l'urgence, ils ont vu Alexander arriver à l'urgence en ambulance... Il avait des côtes cassées, de grandes lacérations à la tête, de multiples contusions... Je m'étais inquiété de ne pas recevoir de message de sa part durant plus de vingt-quatre heures. Puis je reçus ce message :

« Alcib, je ne sais plus où j'en suis... Pourquoi, ai-je tant besoin que tu me parles ? Au fond de moi, au creux de mon cœur, c'est comme si on se connaissait depuis très longtemps, et j'ai si peur de te perdre !
J'ai froid et il faut que j'attende toutes ces heures de ta longue nuit pour pouvoir lire les mots de toi que tu m'écriras sans doute au matin... Qu'est-ce qui m'arrive ?
Merci, merci tellement de m'avoir écrit même si je n'étais pas là pour te répondre... Je ne veux même pas penser que j'aurais pu ne pas trouver tes mots ce matin...
En sortant de l'hôpital, tout à l'heure, j'ai aperçu une
pâquerette ; c'est la première que je vois ce printemps ; je l'ai cueillie pour toi... Je l'ai mise dans un petit peu d'eau et elle est là, près de moi.

Alcibiade...
Pendant que j'étais allongé sur la civière et que j'attendais à l'urgence les examens médicaux après mon accident, j'aurais aimé que tu sois là, et que tu me prennes dans tes bras, parce que j'avais peur... C'est la première fois que je suis, moi, de l'autre côté du miroir, là où il y a beaucoup de sang qui coule, et la mort qui rôde... Même si je ne suis pas trop blessé, malgré tout, j'ai vraiment eu de la chance, mais quand il y a plein de sang partout... Je pensais à mes bêtes, toutes seules... Et si j'étais vraiment parti sur la Lune, il n'y aurait même eu personne pour te le dire... Voilà, j'ai le cœur très gros. »*


Et le mien, cher Alexander, comment crois-tu qu'il est, mon coeur, en relisant ces mots ? Je te demande pardon : je sais que tu ne voudrais pas que j'aie du chagrin. Mais ces mots qui me déchiraient le coeur lorsque je les ai reçus, me font terriblement mal encore aujourd'hui.

Grâce à ta charmante voisine et amie, Abigail, tes bêtes ne se sont pas rendu compte ce jour-là que ton absence prolongée était anormale. Et Abigail n'a même pas pu leur transmettre son inquiétude car tu l'avais appelée en soirée pour lui demander de s'occuper de Harry et d'Alexander et disant que tu devais « travailler » plus longtemps que prévu, sans mentionner le sérieux accident du matin.

Quand tu as dû retourner à l'hôpital non comme médecin mais comme patient, tu as eu la délicate attention de demander à Jane de me donner régulièrement de tes nouvelles. Depuis lors, avec ta bénédiction, nous sommes devenus amis, et c'est une grande chance de pouvoir partager ainsi l'immense peine que nous cause ton départ et de nous échanger de précieux moments de bonheur.

Par ce blogue, tu avais découvert mon existence et, après avoir lu en une nuit tous les articles et tous les commentaires depuis l'automne 2005, tu avais compris que j'étais celui qui pouvait te comprendre et t'aimer comme tu le voulais et, avant même que j'aie eu le temps de répondre à tes premiers messages, tu m'aimais déjà sans réserve.

Alistair, avec qui tu as partagé tant de confidences depuis le début de l'adolescence, a aussi découvert ce blogue où je te parle et où je parle de toi. Je suis persuadé que tu lui en as discrètement indiqué le chemin afin qu'il soit moins seul avec son chagrin. Je suis heureux que le blogue ait pu ainsi créer un lien entre des personnes qui t'aiment et je suis très ému d'apprendre que, si tout va bien, Jane et Alistair se rencontreront bientôt à Londres pour évoquer les beaux moments que tu as permis à chacun de vivre. Je gage que leur première rencontre aura lieu sous la protection du bon vieux
Churchill, juste à l'ombre du Big Ben. Un jour pas trop lointain, j'espère, ce sera mon tour ; je viendrai marcher dans les lieux que tu as tant aimés et rencontrer en personne ceux et celles qui t'aiment plus que tout au monde.


*Il s'agit bien du texte réel tel qu'écrit par Alexander ; j'ai simplement rectifié l'orthographe. Les mots sont les siens, tout comme la syntaxe. Les points de suspension n'indiquent pas des coupures dans le texte (j'aurais plutôt mis des crochets [...], si ça avait été le cas) ; Alexander utilisait beaucoup les points de suspension dans ses messages.

samedi 7 novembre 2009

Où est passé Alex ?

L'ange gardien d'Alexander, comme il se doit, s'appelait Alex. Il avait depuis l'enfance développé avec lui une belle complicité. Malgré les coups durs que la vie lui avait fait connaître, Alexander gardait la foi et la confiance en son ange gardien, son ami Alex.


Il y a déjà plus d'un an, cependant, Alexander se demandait où était passé Alex. Il avait le sentiment que celui-ci l'avait abandonné au moment où il aurait eu justement besoin de lui. Je voulais croire et je m'efforçais de l'encourager à croire que son ami Alex, bien que silencieux, ne l'avait sans doute pas abandonné, mais qu'il travaillait fort pour l'aider à surmonter les épreuves nouvelles.


Un jour, il crut reconnaître Alex dans cet ange aperçu sur des images que je lui envoyais du parc Jeanne-Mance, du mont Royal. Très gentiment comme tout ce que faisait Alexander (sauf lorsqu'on était de mauvaise foi et qu'on abusait de son immense bonté), il l'implora alors de rentrer vite à la maison car il avait vraiment besoin de lui. Alex sut-il l'entendre ? On ne le sait pas. S'il revint vers Alexander, il resta très discret car Alexander ne sentit pas son aide.


Quant à cet ange qu'il crut reconnaître dans ce parc de Montréal, il fut très vite évident qu'il ne s'agissait pas d'Alex ; ce serait plutôt Alexandra.

Il y a aujourd'hui quatre mois qu'Alexander est reparti sur son Étoile, dans le voisinage de notre Lune. Il me manque terriblement ! Son absence n'est pas plus facile à accepter aujourd'hui qu'elle l'était il y a un mois, il y a trois ou quatre mois. La seule consolation que je puisse trouver, c'est que mon ange gardien, j'en suis de plus en plus certain, s'appelle désormais Alexander.

mardi 3 novembre 2009

Ciel étoilé

En début de soirée, je suis descendu du métro pour rentrer chez moi et, encore une fois, j'ai aperçu la lune, magnifique, dans le ciel. Depuis quelques jours, je la trouve fascinante, hypnotisante.

J'étais fatigué, il n'y avait rien d'intéressant dans le courrier, l'appartement était sans âme, j'avais faim ; je suis donc ressorti pour aller manger une pizza. Je marchais le nez en l'air car je ne pouvais pas quitter des yeux la lune qui était presque au-dessus de ma tête. Le ciel était aussi d'un bleu rarement vu, du moins quand on est au centre-ville. Je pensais à Alexander, pour qui la lune, notre Lune, était à la fois un personnage, une amie, une confidente, presque une divinité, une messagère précieuse. Un peu plus tôt, dans un message qu'il m'adressait, Alistair disait qu'il aime aussi beaucoup la lune (il est un véritable ami d'Alexander), qu'il est toujours très ému lorsqu'il l'aperçoit dans le ciel ; il aime son mystère...

Et contrairement aux derniers mois où il m'est arrivé souvent d'apercevoir une seule étoile, j'ai vu dans ce ciel de velours d'un bleu que je ne saurais pas nommer précisément (et je refuse de donner un nom à ce bleu seulement pour donner un nom s'il ne correspond pas à la couleur précise), de nombreuses étoiles. Il y avait très longtemps que je n'avais vu à Montréal autant d'étoiles. Ce n'est pas leur nombre qui m'a surpris, mais la pureté du ciel et la luminosité des étoiles. Je me suis dit qu'Alexander était vraiment en bonne compagnie et qu'il tenait à le faire savoir à ceux pour qui c'est important.

Ce n'était pas vraiment une pluie d'étoiles. Mais en matière de pluie, notre préférée à Alexander et moi, restera toujours celle-ci :



mercredi 7 octobre 2009

L'Aiglon et moi

Dès les premières années de son enfance, Alexander était amoureux du duc de Reichstadt ou, plus précisément, de « Napoléon François Charles Joseph Bonaparte, prince impérial de France et prince de Parme, titré roi de Rome puis Napoléon II et duc de Reichstadt », dit l'Aiglon (titre posthume). Cela n'avait rien de politique : Alexander trouvait beau ce jeune homme, mort à 21 ans. Je dois dire que je le trouvais beau aussi. Je ne retrouve plus le portrait que je connaissais de lui qui m'avait séduit, que j'avais dû trouver dans un dictionnaire ou une encyclopédie car les livres étaient très rares chez moi, contrairement à Alexander qui avait accès à la bibliothèque paternelle et qui avait du maître des lieux la permission de lire tout ce qu'il était capable de lire. Je ne retrouve plus ce portrait, mais je me souviens que, très jeune aussi, je m'étais intéressé à ce fils de Napoléon, non pas à cause de son père ou de son histoire mais à cause de la beauté du jeune homme. Je suis toutefois conscient que s'il avait été fils du boulanger ou du cordonnier, je n'aurais jamais vu son portrait et j'ignorerais même son existence.


Je ne sais pas exactement l'âge que devait avoir Alexander, je dirais entre quatre et six ans, lorsqu'il a annoncé à son frère Charles que lorsqu'il serait grand, il se marierait avec l'Aiglon. Charles n'oubliait pas son rôle de frère aîné qui devait contribuer à l'éducation du petit Alexander : « Tu ne peux pas te marier avec l'Aiglon ; c'est un garçon ! » « Et alors ? », demanda Alexander. Très tôt, Alexander savait ce qu'il aimait et ce qu'il voulait.


« Mon coeur, je ne l'ai pas donné souvent, mais quand je le donne, c'est pour toujours », m'écrivait Alexander au printemps 2008. Pas un instant je n'ai douté qu'Alexander était parfaitement sincère et j'étais persuadé déjà qu'il ne revenait jamais sur ses engagements. Une promesse, un engagement, c'était sacré. Les amoureux élus par Alexander n'ont pas été très nombreux. L'Aiglon a été le premier et j'aurai été le dernier. Avant moi, il y a eu Héphaistion, à qui il aura été fidèle jusqu'au dernier instant, comme Héphaistion le fut envers Alexandre, de l'enfance jusqu'aux dernières conquêtes de l'empereur. Il aura aimé d'autres personnes et ces personnes, je les aime aussi, mais jamais, j'en suis persuadé, il n'aura aimé quelqu'un comme il m'a aimé. Et jamais je n'aurai aimé quelqu'un comme je l'ai aimé, comme je l'aime, comme je l'aimerai toujours.


Il y a quelques mois, nous avions longuement parlé de son amour pour l'Aiglon. Il ne s'agissait pas d'un amour comme celui qu'il a toujours eu pour le Petit Prince, mais jamais il n'avait oublié ce premier amour, qui avait sa place d'honneur chez lui comme dans son coeur. Il devait m'envoyer des photos du portrait qu'il possédait chez lui mais un incident l'avait empêché de le faire au moment où il devait le faire ; il en était très malheureux car il n'était pas en mesure de respecter ce qu'il considérait comme une promesse. Il y a un certain nombre de choses qu'il n'a pas eu le temps de m'envoyer ; le seul fait qu'il y ait pensé est pour moi un grand bonheur. Ils ne sont pas très nombreux les portraits de l'Aiglon ; j'imagine qu'Alexander avait chez lui l'un de ceux que l'on peut trouver dans des musées ou dans des livres. Alexander connaissait pratiquement par coeur cette pièce d'Edmond Rostand, qu'il avait vue au théâtre plus d'une fois, notamment à Paris où sa grand-mère, sachant toujours comment lui faire plaisir, l'avait accompagné il y a quelques années. Il aimait particulièrement le poème que l'on retrouve à la fin de l'Aiglon, qu'il récitait par coeur, en mettant l'accent sur les dernières lignes, celles-là mêmes que citait Jane le 7 juillet dernier :

Dans la Crypte des Capucins, à Vienne.

_ Et maintenant il faut que Ton Altesse dorme,
-- Âme pour qui la Mort est une guérison, --
Dorme, au fond du caveau, dans la double prison
De son cercueil de bronze et de cet uniforme.

Qu'un vain paperassier cherche, gratte, et s'informe;
Même quand il a tort, le poète a raison.
Mes vers peuvent périr, mais, sur son horizon,
Wagram verra toujours monter ta blanche forme!

Dors. Ce n'est pas toujours la Légende qui ment.
Un rêve est moins trompeur, parfois, qu'un document.
Dors; tu fus ce Jeune homme et ce Fils, quoi qu'on dise.

Les cercueils sont nombreux, les caveaux sont étroits,
Et cette cave a l'air d'un débarras de rois...
Dors dans le coin, à droite, où la lumière est grise.

Dors dans cet endroit pauvre où les archiducs blonds
Sont vêtus d'un airain que le Temps vert-de-grise.
On dirait qu'un départ dont l'instant s'éternise
Encombre les couloirs de bagages oblongs.

Des touristes anglais traînent là leurs talons,
Puis ils vont voir, plus loin, ton coeur, dans une église.
Dors, tu fus ce Jeune homme et ce Fils, quoi qu'on dise.
Dors, tu fus ce martyr; du moins, nous le voulons.

... Un capucin pressé d'expédier son monde
Frappe avec une clef sur ton cercueil qui gronde,
Dit un nom, une date -- et passe, en abrégeant...

Dors! mais rêve en dormant que l'on t'a fait revivre,
Et que, laissant ton corps dans son cercueil de cuivre,
J'ai pu voler ton coeur dans son urne d'argent.



Dans quelques heures, il y aura trois mois, Alexander, que tu es reparti « sur la Lune » comme tu le disais si tendrement (je sais bien que derrière cette poésie, il y avait une angoisse car tant de personnes aimées ont fait le voyage avant toi). « Si un jour je devais partir sur la Lune, disais-tu, tu n'auras qu'à regarder le ciel, la nuit, et tu me verras en train de t'envoyer des baisers... » Je te répondais toujours que je préférais recevoir et te donner des baisers sur la Terre... Quand je serai parti à mon tour, je ne sais pas s'il restera quelqu'un pour comprendre ce que nous avons vécu, ce que, malgré ton départ, nous continuons de vivre. Si, dans quelques années, quelqu'un tombe sur ces pages, je ne sais pas ce qu'il en pensera... Comme tu me le disais souvent toi-même, « il n'y a que toi à qui je puisse dire certaines choses, que toi qui puisses me comprendre » (je sais bien, et tu le savais aussi, que d'autres personnes, des anges dans ta vie, pouvaient aussi te comprendre mais, dans certains cas, tu ne voulais pas leur faire de peine en leur racontant les tiennes). Je sais bien qu'en regardant vivre l'enfant que, grâce à toi, j'ai retrouvé en moi, « les grandes personnes » me trouveront parfois bien bizarre ; je m'en fiche : je sais maintenant où se trouve l'essentiel... Chaque nuit je regarde le ciel ; j'y cherche la Lune, « notre » Lune, et ses étoiles. Je ne les vois pas toujours, mais je sais que tu es là. Je t'aime et je t'aimerai toujours.

jeudi 3 septembre 2009

Septembre, enfin

Cette nuit, la Lune est dangereusement belle ! Je l'ai d'abord aperçue en début de soirée en voulant fermer les stores, au salon ; je l'ai observée plusieurs minutes, jusqu'à ce qu'elle disparaisse derrière l'affreux hôtel d'une rue voisine, construction toute nouvelle et qui s'élève très haut dans le ciel, assez pour me cacher la Lune. Je suis allé la revoir quelques heures plus tard par la fenêtre de ma chambre et, au début de la nuit, je suis sorti devant l'immeuble pour aller m'entretenir face à face avec elle. Sa lumière était si vive que j'avais du mal à la regarder ; la grande beauté produit le même effet.

Je ne vais pas très bien. Cependant, ce début de septembre est magnifique ! L'air est frais et sec, avec une très légère brise. La lumière est si belle que l'on voudrait pouvoir la conserver toujours.

En faisant mes promenades quotidiennes, en septembre de l'année dernière, j'ai souvent fait ce même constat, en regrettant qu'Alexander ne puisse pas encore être là pour en profiter avec moi, comme il le voulait tant lui-même (c'est tout juste si sa valise n'était pas prête). L'an prochain, nous disions-nous. Je prenais des centaines de photos, souvent les mêmes avec des variations de lumière ; Alexander pouvait ainsi faire en pensée la promenade avec moi, en attendant de m'accompagner en personne, sa main dans la mienne... L'an prochain, disions-nous... Maintenant, je ne peux plus dire que ce sera l'an prochain, ni le suivant... C'est ce « jamais » que je trouve insoutenable !

vendredi 7 août 2009

Il y a un mois...

J'aurais aimé commencer cette histoire à la façon des contes de fées. J'aurais aimé dire :
« Il était une fois un petit prince qui habitait une planète à peine plus grande que lui, et qui avait besoin d'un ami... » Pour ceux qui comprennent la vie, ça aurait eu l'air beaucoup plus vrai.
... J'éprouve tant de chagrin à raconter ces souvenirs. Il y a... un mois...



Il y a un mois qu'Alexander est reparti. C'est comme si c'était hier et c'est comme si cela faisait une éternité. Son absence n'est pas plus facile à vivre aujourd'hui qu'elle l'était hier.


Hier et avant-hier, la pleine lune était magnifique, comme si elle s'était faite belle pour dire à Alexander qu'il est le bienvenu dans le ciel, lui qui depuis un mois s'est installé dans le voisinage de celle qu'il a toujours considérée comme notre amie. J'aurais voulu prendre des photos car le spectacle était impressionnant ; mais mon appareil photo est bloqué depuis mercredi et je n'arrive pas à l'ouvrir. Vous pouvez voir une belle photo chez RPL.

vendredi 31 juillet 2009

Fais-moi signe....

Il nous est arrivé quelques fois de parler, Alexander et moi, des signes que pourraient nous envoyer des personnes décédées afin de nous transmettre un message ou de nous faire comprendre quelque chose. Je n'ai pas très bonne mémoire pour ce genre d'anecdotes mais je sais qu'il m'est arrivé déjà de me demander si tel ou tel événement survenu près de moi n'avait pas été provoqué par quelqu'un qui voulait me dire quelque chose. Je suis plutôt du type rationnel, en général, mais je ne suis pas non plus trop incrédule ; j'ai tendance à accorder le bénéfice du doute ; l'existence de certains phénomènes est difficile à prouver ; la non-existence de ces mêmes phénomènes l'est tout autant. Alexander m'a raconté, sans affirmer avec force que c'était la seule explication, quelques anecdotes qui permettent de croire que certains disparus peuvent vouloir communiquer avec nous. En écoutant ces anecdotes et l'interprétation qu'en faisait Alexander, j'avais vraiment envie de croire que c'était possible. J'en parlais récemment avec une amie, une autre personne très rationnelle, très pratique, qui a les deux pieds sur Terre ; elle est elle-même persuadée de la présence autour d'elle de sa mère décédée il y a plusieurs années. Dans les moments difficiles de sa vie, elle a cru bénéficier de l'aide de sa mère, car elle ne voyait pas d'autre explication aux dénouements heureux qui se présentaient.

Alexander a toujours aimé la Lune, au point de passer parfois la nuit sur son balcon afin de mieux contempler le ciel, la Lune et les étoiles. Nous avons fait de la Lune une amie qui nous aidait à transmettre nos messages de part et d'autre de l'Atlantique. Certains soirs, quand je sortais pour regarder la Lune dans le ciel, je suis tombé quelques fois sur l'un de mes voisins, Juif orthodoxe, qui me disait que dans leur religion, il y a quelques jours durant le mois où il faut prier en regardant la lune (on ne prie pas la lune, mais on prie en regardant la Lune).

À cause de la pluie, des nuages, de l'humidité de l'air, la Lune n'était pas visible à Montréal depuis plusieurs jours. Or, en rentant d'une course, jeudi soir, j'ai vu que la Lune aperçue dans l'après-midi, pâle et translucide, avait pris une belle couleur dorée lorsque la nuit est tombée. Marchant dans sa direction, je ne pouvais m'empêcher de la regarder, fasciné. J'éprouvais ce sentiment très fort qu'elle avait un message à me transmettre et qu'elle se chargerait du mien pour Alexander. Arrivé devant chez moi, je me suis arrêté durant de très longues minutes pour la contempler, pour lui parler d'Alexander, de nous. J'avais envie de demander à Alexander, s'il m'entendait, de me faire un signe quelconque, mais je n'ai pas osé, sans doute parce que je craignais d'être déçu. Je suis monté chez moi et je me suis tout de suite dirigé vers ma chambre ; la Lune, notre Lune, y était bien visible, de chacune des trois fenêtres. Puis je me suis dirigé vers le salon, j'ai allumé le téléviseur afin de vérifier s'il y aurait une émission susceptible de m'intéresser et, là, j'ai eu le signe que je n'avais pas osé demander.

J'ai immédiatement reconnu Freddie Mercury et le groupe Queen et je ne pouvais plus m'en détacher. J'ai vite compris qu'il s'agissait de la rediffusion d'un concert intitulé « Queen : rock Montréal », enregistré à Montréal en novembre 1981. Alexander n'était pas encore né mais sa marraine s'était mariée quelques mois plus tôt... En quoi la présence de Freddie Mercury était-elle un signe de la part d'Alexander ? C'est une longue histoire, complexe, mais en gros, je dirai que Freddie Mercury a joué un rôle déterminant dans la vie d'Alexander. Le chanteur était un ami de la famille et Alexander a passé énormément de temps chez lui : ensemble, ils faisaient de la musique, ils lisaient de la poésie, ils étudiaient les plantes, les fleurs, les poissons. Alexander n'avait que neuf ans lorsque le chanteur est décédé. Et jamais, jamais, pas une seconde, Alexander n'a oublié tout ce qu'il devait à Freddie ; il en parlait toujours avec tellement de respect et d'admiration ! Régulièrement, Alexander allait se recueillir, non pas sur la tombe car il n'y en a pas, mais dans une chapelle où avait eu lieu le service religieux en 1991. Bref, je pourrais vous en parler longuement mais l'important c'est de savoir que Freddie était l'une des personnes très significatives dans la vie d'Alexander et que, dix-huit ans plus tard, Alexander conservait pour lui un immense respect, beaucoup d'admiration... Freddie Mercury avait énormément de talent, et pas seulement pour la musique ; derrière l'artiste exubérant, il y avait un homme profondément humain et croyant... Alexander a toujours défendu les plus hautes valeurs que Freddie lui avait transmises... Plusieurs fois nous avons écouté ensemble certaines de ses chansons.

« Je suis [...] persuadée qu'Alexander sera toujours là pour vous. Soyez attentif aux détails, je pense qu'il vous fera parfois signe. N'avez-vous pas écrit, aujourd'hui, que le hasard n'existe pas... ? », écrivait l'autre jour ma lectrice discrète.

Or, la présence jeudi soir dans le ciel de notre Lune et la présence au même moment de Freddie Mercury à la télévision alors que j'attendais un signe d'Alexander m'a semblé une éloquente coïncidence.

vendredi 5 juin 2009

Attraction lunaire


En entrant dans ma chambre en toute fin de soirée, mon regard a été attiré par la fenêtre. Il n'y avait encore aucune lampe d'allumée dans la chambre et pourtant il y régnait une lumière blafarde. J'ai vite compris que la lumière venait de la lune et, au lieu d'allumer les lampes, je me suis avancé vers l'une des fenêtres, la plus près. Ce n'est pas la pleine lune, mais presque. Elle régnait dans le ciel et ne semblait vouloir céder sa place personne. Je suis resté un très long moment à la regarder, fasciné. J'aurais voulu , une fois de plus, avoir un balcon où j'aurais pu m'asseoir ; j'y serais sans doute resté le reste de la nuit à regarder cette lumière dans le ciel. J'étais bien conscient que je n'étais pas seul à tomber sous son charme. Ailleurs à Montréal, au Québec, en Amérique du Nord, aussi bien que de l'autre côté de l'Atlantique, d'autres personnes, d'autres êtres étaient fascinés par cette forte présence dans le ciel. Je lui ai longuement parlé en mon nom et au nom de celui que j'aime et, si je n'avais pas eu du travail à terminer, je serais encore, au petit matin, installé à ma fenêtre à contempler la lune.

lundi 18 mai 2009

Continuité et fidélité


L’article qui précède est le 700e publié ici. Je voulais le mentionner à la fin de l’article et, au moment de le mettre en ligne, j’ai oublié. 700 articles depuis octobre 2006, ce n’est pas beaucoup ; ce n’est donc pas pour tenter de vous impressionner que je souligne. Si j’avais publié un article par jour comme j’en avais l’intention au départ, j’aurais pu souligner il y a un moment déjà non pas le sept centième mais bien le neuf centième billet publié. Pour diverses raisons que vous devez comprendre sans que j’aie besoin de les énumérer, je n’ai pas écrit un article tous les jours. J’en ai commencé un très grand nombre que, pour toutes sortes de raisons aussi, je n’ai pas publiés, mais des brouillons, des ébauches, ça n’a d’importance, s’il y a lieu, que pour leur auteur ; un de mes professeurs d’université avait écrit un jour ce commentaire dans la marge d’un travail que je lui avais remis : « Que m’importe de savoir que vous avez des idées que vous ne partagerez pas avec moi, que vous avez écrit des textes que je ne lirai pas ? »

Sept cents, c’est tout de même un beau chiffre – j’ai toujours aimé le chiffre sept – qui mérite d’être mentionné. Il indique une certaine persévérance de ma part dans un projet amorcé. Je voudrais parfois qu’il y ait entre les articles publiés une plus grande cohésion, que ces articles aient un lien, un fil conducteur, peu importe lequel. Ce fil conducteur, si on veut en trouver un, c’est sans doute mon humeur du jour, mon besoin de confidence ou la simple envie de partager une information ou une indignation.

André Gide, Julien Green, et c’est vrai de très nombreux diaristes, ont souvent écrit que leur journal ne reflète pas exactement leur réalité car, la plupart du temps, il n’exprime pas les moments de bonheur. Certaines personnes n’écrivent que lorsque ça va mal ; d’autres, au contraire, ont besoin d’aller bien pour écrire. Chez certains, le silence est éloquent, parfois inquiétant. En ce qui concerne ce blogue, je n’aime pas trop les longs silences, car si ce blogue n’est pas un journal, et qu’il ne prétend pas refléter ma réalité, un silence de plusieurs jours indique que je suis trop occupé ailleurs, à vivre ou à travailler, ou préoccupé d’une façon ou d’une autre ; il peut indiquer aussi que j’ai du mal à exprimer ce qui se passe, que les idées ne sont pas forcément absentes mais parfois trop nombreuses, qu’elles veulent toutes s’exprimer en même temps ; en se dirigeant toutes ensemble vers la sortie elles en bloquent le passage et plus rien ne s’exprime…

Sept cents articles publiés, c’est aussi l’expression de la fidélité des lecteurs, que ceux-ci laissent ou non des traces de leur passage. Je sais que certains ont suivi ce blogue dès le début ; d’autres ont pris le train en marche et continuent de faire la route avec moi. Certains, moins nombreux, ont pris le train en marche et ont voulu remonter à la source, lire tous les articles et tous les commentaires ; je pense en particulier à l’un d’eux, infiniment cher à mon cœur : il se reconnaîtra. Je dois dire aussi que, très souvent, j’ai pris la plume pour écrire, au clair de la lune, à cet être plus cher que tout.

Ce n’est pas une raison pour négliger ce blogue car, comme me l’écrit cet amour, « il est triste de voir des lieux ou des choses qui ne sont plus assez aimés de ceux qui devraient en prendre soin ; les objets sentent cet abandon et alors ils se couvrent de poussière pour qu’on ne les voit pas pleurer. »

Un autre lecteur, ami fidèle et sage, m’envoie ce matin cette citation qui est plus généreuse que ce nous a toujours inculqué notre éducation judéo-chrétienne, qu’il faut souffrir pour payer nos moments de bonheur ; elle est du dalaï-lama, à qui je ferais davantage confiance qu’au chef de l’Église catholique pour assurer mon bonheur terrestre et céleste :

« ... L'autre ne va pas sans "moi", et selon le point de vue conventionnel, ce moi est indéniable. Nous en avons une authentique sensation, ancrée au plus profond de nous, qui se traduit par : "Je veux ceci", "Je ne veux pas cela". Ce sentiment d'être soi se manifeste très naturellement à nous et s'accompagne tout aussi spontanément d'un désir de bonheur et d'une répulsion pour la souffrance ; ce qui est non seulement naturel mais juste. Nous désirons être heureux, nous ne voulons pas souffrir : c'est parfaitement légitime. Nous n'avons même pas à nous en justifier. À ce titre, nous avons droit au bonheur et à ne pas souffrir. »
Dalaï-lama, Cent éléphants sur un brin d’herbe, traduction française par Lise Médini, collection « Point », Éditions du Seuil.

samedi 7 mars 2009

La tête dans les nuages

« Temps couvert », Jean-Pierre Desclozeaux

« Il faut savoir tremper sa plume dans le bleu du ciel. »
Félix Leclerc

Je ne sais peut-être pas toujours tremper ma plume dans le bleu du ciel, mais chaque jour j'y plonge mon nez, mon regard. Dès que je mets le pieds dehors, je lève les yeux au ciel. Parfois, c'est pour vérifier s'il fait beau ou s'il y aura de la pluie ; la plupart du temps, c'est pour y observer la couleur, si nuancée d'un moment à l'autre, d'un endroit à l'autre. Quand il y a des nuages, c'est souvent merveilleux. Les nuages sont la plupart du temps si beaux ! Blancs, gris, roses, mauves, violet, orangés, ... leurs couleurs sont douces et nuancées ou, au contraire, très contrastées, mais c'est toujours si beaux à contempler. Je pourrais m'asseoir sur un banc ou, encore mieux, m'allonger dans l'herbe (quand il y en a) et observer le jeu des nuages. Chaque fois que je lève les yeux au ciel, je voudrais pouvoir en parler immédiatement avec mon amoureux car il adore aussi les nuages et son sens poétique est plus développé que le mien, du moins sa capacité à l'exprimer. À Montréal, la lumière est toujours si belle ! En observant les nuages vers la fin de l'après-midi, j'ai parfois l'agréable surprise d'y voir aussi notre amie la Lune.