
On pourrait croire parfois que le simple fait d'être une femme dans un monde généralement fait par des hommes pour des hommes est un exploit en soi. Certaines s'en tirent mieux que d'autres. Mais rien n'est jamais vraiment gagné de façon définitive, ne serait-ce que pour les salaires.
J'ai connu plusieurs femmes formidable, des artistes, des femmes d'affaires, des dirigeantes, etc. Mais, comme pour tout le reste dans la vie, on ne connaît bien que ce que l'on apprivoise, que celles et ceux que l'on apprend patiemment à connaître. J'ai eu l'occasion, depuis quelques mois, de vérifier la qualité de la présence de certaines amies ; il y a des jours où, vraiment, je ne sais pas dans quel état j'aurais terminé la journée et commencé la nuit si je n'avais pas eu l'oreille attentive et le coeur ouvert de certaines de ces amies. Je pense notamment à Pierrette qui, à l'âge où la plupart des gens sont à la retraite depuis un bon moment, continue de travailler et de conseiller des gens qui vivent des situations difficiles. Le soir, chez elle, son téléphone ne dérougit pas car la famille et les amis veulent aussi bénéficier de son écoute et de ses conseils. Je pense à une autre amie, à l'une de mes soeurs, ... Je les remercie de leur présence réelle.

Alexander n'a pas eu la chance de bien connaître sa mère car celle-ci est décédée alors qu'il n'avait que quatre ans. Il a pu toutefois compter sur l'amour inconditionnel d'une grand-mère extraordinaire qui lui a appris énormément de choses, dont le nom des oiseaux, des plantes, etc. Il y avait tellement d'amour, d'admiration, dans ses mots lorsqu'il me parlait de sa grand-mère que je rêvais de venir avec Alexander m'asseoir au coin du feu afin qu'elle me parle du petit garçon merveilleux qu'il était. J'ai vécu avec lui, à distance, les inquiétudes que l'on ressent profondément lorsque ceux que l'on aime sont en cause.
Il a eu le malheur de perdre sa marraine alors qu'il n'avait que quinze ans. Elle était une femme remarquable, mais elle était surtout sa marraine qui l'aimait inconditionnellement et qui l'encourageait à rester lui-même, à résister aux pressions familiales qui voulaient faire de lui un garçon plus lisse, plus conventionnel. Et puis elle était la mère de cousins avec qui il aura passé beaucoup de temps pour tenter d'oublier qu'il n'y avait pas de maman à la maison.
Plus tard, à la fin de ses études de médecine, il a pris un appartement près du palais de Westminster. Il a eu la chance d'avoir comme voisine une autre femme formidable qui est vite devenue une amie, une complice... Il aimait beaucoup jouer avec elle au backgammon car, contrairement à Alexander le bouledogue, Abigail ne trichait pas ; celui ou celle qui avait remporté dix parties se faisait organiser par l'autre toute une journée, qui pouvait consister en une sortie au musée, au cinéma, au concert, repas au restaurant, etc. Même Alexander bull adorait recevoir une invitation d'Abigail ; il se faisait beau pour descendre à son appartement. Depuis le départ d'Alexander, Abigail ne pouvait plus tolérer son absence ; elle ne pourrait plus lui apporter de la soupe de légumes, un plat de lentilles, des macarons, etc. ; aller et venir dans cet immeuble en sachant qu'elle n'y retrouverait pas la présence aimante et attentive d'Alexander lui est devenu insupportable : Abigail a quitté son appartement pour aller vivre chez ses enfants à l'extérieur de Londres.
Et enfin, une autre femme a joué un rôle immense dans la vie d'Alexander. Comme elle était la meilleure amie de sa mère, Jane considérait que, d'une certaine façon, son amie lui avait confié son petit ange. Alexander a toujours eu sa chambre chez Jane, à la campagne. Encore maintenant, ses jouets d'enfant sont là, bien présents. Jane a toujours été pour Alexander comme une mère mais aussi une très précieuse amie, une grande complice. Quand Alexander ne pouvait pas communiquer avec moi, soit parce qu'il y avait une panne d'électricité ou d'Internet, soit parce qu'il était à l'hôpital, Jane était là pour me donner des nouvelles d'Alexander et pour lui transmettre mes messages, pour lui imprimer ce que je lui écrivais aussi bien que les images qui accompagnaient mes mots. Jane était là pour le rassurer lorsqu'il était inquiet, pour recevoir ses confidences, pour lui trouver des objets qui lui feraient grandement plaisir. Et surtout, elle aura été présente jour et nuit jusqu'au dernier souffle, tenant avec amour la main de notre petit prince, lui disant les mots qui apaiseraient ses angoisses, écoutant les siens. Depuis le départ d'Alexander, Jane est absolument inconsolable. Sa présence, ses messages presque quotidiens, me sont si précieux, indispensables. Et si elle n'était pas là, Alexander le bouledogue se laisserait sûrement mourir. Si je n'avais qu'une seule médaille à décerner aujourd'hui, c'est à Jane qu'il faudrait la remettre. Je sais que toutes les femmes qui ont tellement compté pour Alexander seraient d'accord avec moi. Bonne fête, Jane.
Bonne journée internationale des femmes.