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jeudi 5 avril 2018

Alexander aurait aujourd'hui 36 ans...

... mais il est maintenant hors du temps : les dates du calendrier et les chiffres, quels qu'ils soient, n'ont plus pour lui aucune importance. Seul sur son étoile ou en bonne compagnie sur les nuages, il est sûrement plus heureux qu'il l'aura été sur cette Terre...

Mais pour moi qui suis encore ici et qui, comme il y a dix ans, peste encore contre les températures polaires au mois d'avril, je ne peux oublier un certain nombre de dates, comme des points de repère dans cette forêt obscure : le 5 avril 1982 en est une. Et dans quelques jours, il y aura dix ans que ce garçon exceptionnel atterrissait dans ma vie pour l'illuminer, la transformer et lui donner tout son sens.

« April is the cruelest month... » (« Avril est le plus cruel des mois »), a écrit Thomas S. Eliot ; je suis entièrement d'accord avec ce constat : surtout que cette nuit, la température ressentie est de moins 18 degrés Celsius, avec des vents de 90 kilomètres/heure (le vent est si terrible que, lors de sa dernière sortie de la journée, avant d'aller dormir, Rupert a failli être emporté et il a eu peur du vacarme causé par cet Éole déchaîné). Mais avril, c'est aussi l'anniversaire de naissance d'Alexander, celui de la naissance d'Alexander Bull, et le mois où Alexander a eu la merveilleuse idée de m'écrire pour la première fois.

Et s'il est si touchant d'entendre ronfler Rupert sur le canapé du salon pendant que j'écris ces mots, c'est à cause d'Alexander : Rupert est Rupert, un adorable bulldog anglais qui sait bien se faire aimer pour lui-même, mais il est aussi, pour moi ce qu'est la couleur du blé pour le renard du Petit Prince qu'aura été Alexander, et qu'il sera toujours pour ceux qui ont eu le bonheur de croiser sa route.

jeudi 10 avril 2014

EGO devant Dieu et devant les hommes

En relisant ce soir les commentaires échangés avec Lux, à la suite d’un article précédent, il y a deux mois et demi, je n’ai pu m’empêcher de faire le lien avec un roman que je suis en train de lire, un roman qui dormait sur mes étagères depuis quelques décennies et que je n'avais encore jamais ouvert. Il s'agit d'un roman de Robert Sabatier, « Les années secrètes de la vie d'un homme ». Son personnage principal s'appelle EGO (Emmanuel Gaspard Oth)...


Les premières lignes, les premières pages, me laissaient croire que jamais je ne parviendrais à trouver un intérêt quelconque à ce roman qui raconte l'histoire d'un Français qui, pendant ou après la guerre, je ne sais plus, quitte la France, et se retrouve au Japon dont il ne connaît ni la langue, ni la culture, ni quoi que ce soit.

Robert Sabatier à Montmartre, son « village » natal

Je trouvais fastidieuses ces longues descriptions détaillées, comme observées au microscope et rédigées comme si le sort de la science en dépendait... Puis j'ai voulu faire l'effort d'aller plus loin, de faire preuve d'une plus grande ouverture et, bien que je ne me reconnaisse pas beaucoup d'affinité avec cet aventurier, je suis content de m'être avancé vers lui car, dans sa différence, il me ressemble tout de même un peu, puisqu'il est humain.

Les Allumettes suédoises

Je lis très lentement, d'autant plus lentement que, à l'exception des réactions humaines, je ne reconnais dans ces pages pratiquement rien que je connaisse, qui fasse partie de ma culture, de mes champs d'intérêt. Je n'en suis à peu près qu'à la moitié, et je dois dire que je savoure ces pages qui me font découvrir un art de vivre, des rites, une sagesse, qui ne se déroulent pas dans le renoncement total, dans la nudité et la simplicité tels qu'on veut nous faire croire qu'ils sont essentiels à l'acquisition de la sagesse, au bonheur qui se situe bien au delà de toute sensualité, mais dont les sens ne sont pas absents. La sensualité, la volupté, le plaisir de tous les sens ne sont qu'amplifiés par le degré non pas d'abnégation, de renoncement, mais plutôt de dépassement de tous les sens.
 

Ce tableau de Nicolas Poussin, Et in Arcadia ego
se trouve à Chatsworth House, Derbyshire, Angleterre

Bref, voilà bien un livre que j'avais depuis longtemps renoncé à lire, bien qu'il soit le cadeau d'un ami aujourd'hui disparu. Et la leçon que j'en tire s'apparente à une croyance qu'avait Alexander que dans tout livre, quel qu'il soit, il y a toujours quelque chose de bon ; mais je dois dire que dans celui-ci, il semble que dans chacune des 554 pages il y ait au moins deux ou trois bonnes raisons de continuer à le lire. Il est très rare que je recommande à quelqu'un de lire tel ou tel livre ; nos choix de lectures sont éminemment personnels. Et nos motivations ne sont pas les mêmes. Quelqu'un pourrait très bien passer tout à fait à côté du sens profond d'un livre qui me semble essentiel. Les livres sont comme les renards ou, si vous préférez, comme les amis ; ils exigent qu'on les apprivoise avant de s'ouvrir vraiment à nous.


Et ce n'est pas Alexander qui dirait le contraire ! Lui qui savait, mieux que tous, apprivoiser les êtres, humains et autres et... surtout les autres.

lundi 7 janvier 2013

Année 2013

« Vas-y, toi ; je suis derrière toi ! »
 
Bonne année 2013 !

dimanche 13 mai 2012

Je t'aime, Maman !

Photo de Richard Turmel sur MétéoMédia

Ma mère est décédée depuis quelques années déjà, mais il y a dans mon univers, plusieurs mères, à qui je souhaite, en fin de journée, une excellente fête.

Je suis tombé sur cette photo qui m'a ému. Comme le suggère l'auteur de la photo, le renardeau semble dire « Je t'aime Maman ! »

Je ne peux voir un renard sans penser à celui du Petit Prince. Et je ne peux penser au Petit Prince sans penser au mien. Celui de Saint-Exupéry (oui, je sais, il écrivait lui-même « St-Exupéry ») n'a jamais parlé de sa mère, ni de son père, d'ailleurs. Est-ce cela qui en faisait vraiment un petit garçon solitaire ? Alexander a eu le bonheur d'être accueilli, dorloté, bercé, adoré, par la sienne, mais il a eu aussi le malheur de la perdre trop tôt. Cela en a fait un petit garçon solitaire, silencieux, qui, malgré les soins que lui prodiguaient plusieurs personnes, a toujours trouvé que la grande maison était beaucoup trop grande, car « une maison où il n'y a pas de mummy est toujours top grande ».

dimanche 1 mai 2011

Joyeux premier mai




Je sens que le Petit Prince n'est pas loin.

mercredi 7 juillet 2010

Notre Petit Prince

Ces dernières années, Alexander habitait Londres,
à deux pas de l'abbaye de Westminster

Depuis minuit heure de Greenwich, la famille d'Alexander est rassemblée, avec des amis très chers, autour du caveau où reposent les cendres d'Alexander, pour prier et commémorer le premier anniversaire de son départ. Je voudrais être là, avec eux, dans cette église du XIIIe siècle, dans ce paisible petit village de la campagne anglaise, afin de joindre aux leurs mes hommages et mes prières. Il n'était pas possible que j'y sois moi-même physiquement, mais j'y suis encore très bien représenté par une amie merveilleuse qui a déposé à l'entrée du caveau un important arrangement en forme de coeur, composé de roses roses, avec une carte portant mon nom. Alexander n'avait pas besoin que mon nom y soit écrit mais je suis heureux qu'il le soit : il rappellera ainsi à ceux de la famille qui préféreraient l'oublier qu'Alexander avait un amoureux et que cet amoureux ne l'oubliera jamais.

Enfant, il a cependant grandi
plus près de l'abbaye de Cantorbéry

Je suis heureux que sa grand-mère ait pu se déplacer et se joindre aux autres. Ainsi, il y aura au moins trois personnes pour m'associer en pensée à Alexander. Ce Petit Prince m'avait choisi et, durant quinze mois, même à distance, nous avons appris à nous connaître et nous avons partagé autant d'émotions, de découvertes, d'émerveillement, d'inquiétudes aussi, que peuvent en partager en plusieurs années un couple marié.

Alexander, notre Petit Prince, a compris, il y a quelques jours, que cette grand-mère qui l'a toujours adoré et qu'il adorait, même si, bien involontairement, il l'a selon lui trop souvent fait pleurer, viendrait à l'église avec les autres pour lui rendre hommage. La semaine dernière, en ouvrant sa porte, la grand-mère qui aime les animaux comme les a toujours aimés Alexander, a découvert un joli renardeau qui dormait en boule. Il savait bien où aller trouver refuge, lui aussi ! Elle lui a donné à boire et à manger et, depuis, le renardeau la suit partout.

Lorsqu'il est minuit, en Angleterre, il est dix-neuf heures à Montréal. Pratiquement tous les soirs à cette heure, Alexander et moi étions en conversation et nous guettions s'écouler les dernières secondes avant que le carillon de Westminster ne sonne minuit. Peu importe le sujet de conversation. nous faisions une pause pour souligner la présence rassurante du carillon et les douze coups du Big Ben. Lui les entendait par ses fenêtres ouvertes, à proximité, et moi je les écoutais sur mon ordinateur grâce un petit logiciel qui reproduit exactement, chaque quinze minutes et en temps réel, le son du carillon et du Big Ben. Après quoi nous poursuivions la conversation exactement là où nous l'avions interrompue. Chaque soir, à dix-neuf-heures, j'ai un fort pincement au coeur (et la plupart du temps bien davantage) ; je ne peux jamais m'empêcher de penser qu'à ce moment précis il est minuit à Londres.

Et pourtant c'est dans une plus modeste église, comme celle-ci, pas celle-ci,
mais dans une église de ce genre, plus ancienne (XIIIe siècle),
que reposent ses cendres, près de ceux qui,
depuis des siècles, l'ont précédé

Depuis minuit, donc, la famille et des amis très proches unissent leurs prières pour rappeler à Alexander combien il est aimé, et pour demander que son âme soit maintenant dans la paix, dans l'amour et dans la lumière, entourée de toutes celles qui l'ont précédée, qui aiment Alexander et qu'Alexander a toujours aimées. Je ne suis pas sûr de savoir bien prier , si je l'ai jamais su ; j'ai perdu l'habitude des répétitions de mots quand le coeur n'y était pas vraiment. J'essaie de réapprendre, à ma façon, sans faire semblant ; cela aussi, je le dois en grande partie à Alexander.

En début de soirée, avant dix-neuf heures, j'ai abondamment pleuré et je continue en rédigeant ces mots. Je ne me sentais pas prêt, pas encore digne, ce soir, de participer à cette commémoration. J'aurais voulu me faire beau, à l'intérieur comme à l'extérieur, comme Alexander avait l'exquise politesse de soigner sa tenue vestimentaire et de se parfumer pour venir me parler.

Je ne suis pas sûr d'avoir les bonnes couleurs,
mais cette image donne un aperçu

Néanmoins, j'ai allumé des bougies blanches devant les plus belles images de lui, près de plusieurs objets rappelant son passage sur Terre. J'ai affiché sur l'un des écrans de l'ordinateur des images de l'église où la famille est réunie et, pour mieux me joindre à eux, j'écoute sans interruption des airs de cornemuse. C'est que Charles, le grand frère adoré, a eu l'excellente idée de retenir les services d'une dizaine de Highlanders, joueurs de cornemuse, en tenue de gala traditionnelle. Durant vingt-quatre heures, ils joueront en continu, d'abord ensemble au début de la nuit, puis encore en fin de soirée de ce 7 juillet, se relayant le reste du temps. Quelle magnifique façon de faire sentir à Alexander qu'il n'est pas seul, que nous l'aimons et que nous ne l'oublions pas ! Alexander a toujours adoré la cornemuse. Souvent nous en avons écouté ensemble. Je dois dire que je suis toujours très ému par son timbre et souvent profondément remué par les airs auxquels elle est associée. J'imagine que ce sont mes origines irlandaises qui, ainsi chatouillées, se réveillent.

J'ai reçu ce matin un long message, vraiment bouleversant, exprimant tant d'amour pour notre Petit Prince et me révélant encore davantage à quel point, durant son court passage sur Terre, il aura été merveilleux. Je constate encore une fois que sa capacité d'émerveillement était pratiquement, à vingt-sept ans, aussi belle et étonnante qu'à cinq ans. Du premier au dernier jour de son existence ici, il aura conservé son innocence, une pureté rare, son authenticité... J'aimerais pouvoir un jour m'approcher de la qualité intrinsèque de ce garçon. Il faudrait plusieurs vies.

Ce n'est pas le texte que j'aurais voulu écrire pour souligner ce douloureux anniversaire du départ de notre Petit Prince. Mais avec le temps, j'ai pris davantage conscience de la complexité, de la richesse de ce garçon, et j'ai du mal à organiser mes idées pour parler de lui dans ces pages. Il y aurait encore tant et tant à dire à son sujet. Je ne renonce pourtant pas à essayer de construire autour de son nom, de son esprit, une cathédrale de mots qui recèleront à jamais les richesses de cet être merveilleux que j'ai eu le privilège d'accompagner un moment.

Pour l'instant, en écoutant la cornemuse, je vais me replonger dans la lecture de notre correspondance, et dans celle d'amis d'Alexander ; la plus grande majorité des pages écrites par les amis, en particulier celles de « Docteur Jane », sont absolument bouleversantes. Qui donc a dit que les Anglais avaient le sang froid ? Ces pages révèlent chaque fois davantage, s'il en était besoin, la mesure de ce que nous avons perdu avec le départ d'Alexander.


Merci, Alexander, d'avoir croisé ma route, d'avoir attiré et retenu mon attention en m'invitant à marcher avec toi. Tu as inspiré et donné tant d'amour, tu as accordé tant d'attention et de réconfort, prodigué tant de joies inattendues, de bonheurs inespérés. Tu as mérité d'être maintenant et pour toujours dans la paix, l'amour et la lumière... jusqu'au jour où tu voudras revenir sur Terre. Ce jour-là, je t'en prie, dis-le moi.

dimanche 21 décembre 2008

Chasse à courre

Pratiquée en France, en Australie, en Nouvelle-Zélande, en Irlande, aux États-Unis et au Canada, je ne pense pas que la chasse à courre se pratique au Québec. L'Allemagne l'a interdite en 1933 et l'Angleterre en 2005.

D'abord pratiquée par l'aristocratie et par une petite minorité de personnes, la chasse à courre s'est quelque peu démocratisée au cours du XXe siècle. Et si elle a fait l'objet de nombreux débats et de plusieurs tentatives d'interdiction en Angleterre où elle fut finalement interdite en 2005 (je me souviens des affrontements entre ceux qui réclamaient l'interdiction et ceux qui s'y opposaient ; 76 % des Anglais étaient en faveur de l'interdiction), la chasse à courre ou vénerie semble de plus en plus répandue en France où de nombreuses associations regroupent un nombre croissant de membres.


La chasse à courre se fait avec des meutes de chiens qui se lancent à la poursuite d'un animal sauvage, que ce soit un cerf, un sanglier, un renard, un lièvre ou un lapin. Le chien est un prédateur naturel qui se sert de son odorat pour suivre la trace de l'animal pourchassé. Le chien est dressé pour ne suivre qu'une seule espèce d'animal. Le rôle de l'homme est de contrôler sa meute ; l'usage de l'arme à feu est totalement proscrit. La chasse se termine lorsque les chiens ont traqué l'animal ; celui-ci est tué soit par les chiens soit par l'homme à l'aide d'une dague, selon l'espèce de l'animal.

Si le chien utilise son flair pour suivre la trace de l'animal, celui-ci utilise diverses ruses pour semer la meute. Qu'il traverse un cours d'eau pour effacer sa trace olfactive, ou qu'il revienne sur ses voies pour semer la confusion chez les chiens qui perdent du temps à trouver la bonne piste, l'animal ne se laisse pas prendre si facilement. Si l'on veut en savoir davantage, sur la chasse, son histoire, ses règles, son vocabulaire, etc., on pourra consulter cette page sur Wikipédia.


J'ai raconté le 26 juin dernier que, lorsqu'il était enfant et qu'il voyait les adultes se préparer pour la chasse au renard, Alexander allait persuader les chiens de ne pas attraper le renard. J'imagine que pour un chien de chasse la promesse de ne pas attraper le renard est vite oubliée sinon reniée, d'autant plus que, à la façon des hommes, dès qu'ils sont en meute, les chiens n'ont plus aucune parole, plus aucun sens moral.

Alexander m'a envoyé récemment cette image qui montre bien que le renard roux mérite bien son épithète de rusé et qu'il sait très bien tirer à son avantage les règles du jeu en semant de manière inattendue ses poursuivants.

jeudi 26 juin 2008

L'amour des bêtes

Vous vous souvenez de cette vache prise dans la glace en avril dernier encore ? Alexander avait été très ému de voir cette pauvre vache passer l'hiver dans le froid, la saleté et la glace. Il voulait prendre l'avion et venir la dégager, lui faire un baiser et déposer sa tête sur son front. Le baiser et le câlin seront sans doute bienvenus, mais la pelle ne sera plus nécessaire : la glace a fondu et si, ailleurs, les pâquerettes ont poussé depuis lors, la vache dont j'ignore le nom a au moins trouvé un peu d'herbe à se mettre sous la dent.

Puisqu'Alexander a demandé de ses nouvelles, je suis allé la voir devant le Musée des beaux-arts de Montréal, ce qui m'a permis d'apprendre que cette vache s'appelle Claudia. Et si jamais le musée voulait s'en défaire, Alexander aimerait bien faire un peu de place dans son salon pour cette pauvre bête afin qu'elle ne passe plus l'hiver dehors.


Claudia, scuplture de Jos Fafard

Finalement je me demande qui, d'Alexander et de la vache, a le plus souffert depuis que j'ai affiché cette image, le 2 avril dernier. Alexander est un tendre, un humaniste et un grand ami des animaux. Il voudrait pouvoir alléger autant les peines ou les souffrances des enfants malades, des blessés, des personnes âgées laissées à elles-mêmes que celles des bêtes. Il a plutôt grandi avec des chevaux qu'avec des vaches, jouant aux cowboys avec son frère sur de vrais chevaux, mais quand on aime le noble cheval, que l'on développe avec lui une relation de respect et de complicité, on ne peut faire autrement que d'aimer tous les animaux. Je ne connais pas bien les chevaux moi-même (j'ai grandi avec un cheval à la maison, à la campagne, mais sans développer avec lui de relation particulière) ; j'ai cependant entendu assez de commentaires élogieux et lu suffisamment de pages consacrées à des relations privilégiées entre un cheval et son maître pour savoir que c'est loin d'être banal. Alexandre le Grand, par exemple, alors qu'il était adolescent, a réussi à approcher un cheval que personne d'autre ne pouvait approcher, à le monter et à s'en faire un complice ; Alexandre n'était pas un homme ordinaire, son cheval Bucéphale était un cheval d'une rare qualité et leur entente était remarquable. La complicité de Bucéphale, l'amour et la fidélité d'Héphaistion ont grandement contribué au succès et à la gloire d'Alexandre Le Grand (Alexandre ne survécut que trois mois à Héphaistion). Il y a sans doute une part de légende dans cette belle histoire, entre un homme et son cheval comme celle entre deux hommes, mais s'il n'y avait pas aussi une très grande part de vérité, les historiens n'auraient pas hésité à dénoncer une trop belle histoire.


Claudia, scuplture de Jos Fafard

J'ai souvent rencontré des gens qui aimaient les animaux, mais je n'ai encore jamais connu quelqu'un qui voue à tous les animaux un respect et un amour aussi sincère et profond que celui que leur porte Alexander. Enfant et adolescent, lorsqu'il voyait les adultes se préparer pour la chasse, il allait parler aux chiens, leur demandant de ne pas attraper le renard... S'il n'en tenait qu'à lui, il achèterait des croquettes pour tous les chats du pays afin que les chats n'aient plus besoin de manger les souris et les oiseaux. Les animaux blessés, à poil ou à plumes, feraient bien de se trouver sur son chemin car il les conduirait chez sa grand-mère, à la campagne, qui sait rapidement transformer en hôpital et en maison de convalescence une partie de sa propre maison ; même les oiseaux de proie sont heureux d'y séjourner, le temps de retrouver leurs moyens avant de recouvrer leur liberté.

Faut-il s'étonner qu'il soit végétarien ? Il aime tellement les animaux qu'il fait parfois des détours pour aller en saluer des représentations en pierre ou en bronze dans les jardins de sa ville. Il n'oserait pas sortir en plein hiver le chien de pierre qu'il a acheté pour son balcon. Et je n'ai encore connu personne qui, comme Alexander, prenne la peine de faire graver sur la plaque à côté de la porte de son appartement, à la suite du sien, le nom de son chien et celui de son chat.

lundi 12 mai 2008

Est-ce vraiment un sacrifice ?

On ne se rend peut-être pas compte à quel point l'avènement d'internet a révolutionné nos vies. Il m'arrive assez souvent d'y songer. Quand je pense que durant plus de huit ans, je n'ai pas eu de téléviseur chez moi et, lorsque j'ai décidé d'en acheter un pour suivre un peu plus l'actualité culturelle (l'émission Apostrophes, notamment), j'ai acheté un petit téléviseur noir et blanc. Pendant plus de vingt ans, je n'aurai écouté chez moi que de la musique classique, sur disques ou à la radio.

La modernité est entrée dans ma vie le 5 août 2000 par le biais d'Internet. Je l'ai raconté déjà dans un billet, le jour même où j'ai été connecté, je suis tombé par hasard sur un réseau au sein duquel je me suis fait de nombreux amis dont certains sont restés. La plupart d'entre eux étaient loin de chez moi, en Europe, aux États-Unis, en Amérique du Sud, etc. Puis il y a eu un garçon de Québec qui, je l'ai raconté aussi, est venu poursuivre ses études à Montréal et s'est installé dans l'appartement voisin du mien ; son appartement était sa chambre alors que le mien était pratiquement devenu notre espace commun puisqu'il y était comme chez lui (et j'étais loin de m'en plaindre). Son départ a laissé un vide immense quand, après cinq ans, sa carrière professionnelle débutante l'a conduit au Danemark, puis à Las Vegas et ailleurs... Par l'intermédiaire de ce blogue, j'aurai fait la connaissance de quelques personnes que j'ai rencontrées dans la vie ; il y en a encore quelques-unes, pas si nombreuses, qui vivent à Montréal et que j'aimerais bien rencontrer.

Ces derniers mois, pour diverses raisons dont je parlerai peut-être un jour, je me suis réfugié sur mes terres intérieures. J'ai toutefois rencontré, il y a quelques semaines, un charmant garçon venu de Paris passer une semaine à Montréal ; j'ai fait la connaissance de Nicolas, beaucoup plus sympathique et intéressant que l'idée que j'avais pu m'en faire à la lecture des notes assez laconiques de son blogue. Nicolas aime plutôt les filles, mais je ne suis pas sectaire ; s'il le veut bien, je le reverrai avec grand plaisir, à Montréal ou à Paris...

En plus de la connaissance, virtuelle ou réelle, de plusieurs personnes que je n'aurais jamais connues sans Internet, cette technologie m'a permis de découvrir beaucoup de musique que je ne connaissais pas et de réentendre des airs connus auxquels je n'avais pas accès. J'ai passé quelques nuits à écouter de la musique pendant que quelqu'un d'autre, de l'autre côté de l'Atlantique, écoutait exactement la même chose au même moment. Élise se souviendra certainement des chaudes larmes que nous avons versées certains soirs ; quand je l'ai vue, chez elle près de Liège, il ne restait de ces complicités que des étoiles dans ses yeux, sur ses lèvres que le sourire, dans son cœur que la joie de nous retrouver. J'ai aimé beaucoup de musique qu'écoutait mon jeune voisin. Il en est souvent pour moi, avec la musique ou bien d'autres choses, comme les blés pour le Renard du Petit Prince ; ça ne me dit rien jusqu'au jour où quelqu'un que j'aime les aime. Dès lors, je me laisse très facilement apprivoiser...

Samedi et dimanche, je me suis senti un peu comme un célibataire d'occasion, sentiment que je n'avais pas éprouvé depuis si longtemps. Vous savez, ce sentiment qu'éprouve le jeune marié, par exemple, quand sa femme est absente pour un jour ou deux : il sent sa présence partout dans la maison, mais il est laissé à lui-même, libre et responsable de la gestion de son temps, de ses activités. Ce n'est pas désagréable, juste un peu déroutant. Ne sautez pas tout de suite aux conclusions ; les mots ont encore un sens et je ne suis pas ce jeune marié (si je me marie un jour, je vous en parlerai). Je voulais simplement en venir au fait que, samedi et dimanche, je me suis mis à écouter Elton John comme je ne l'avais écouté auparavant. Il y a du bon à rester décalé dans le temps : je peux me permettre de découvrir et d'aimer des musiques que la plupart des gens ont déjà oublié depuis longtemps.

J'ai donc écouté un grand nombre de chansons d'Elton John, en fichiers mp3 ou en vidéos sur YouTube ou Dailymotion. Deux d'entre elles (« Sacrifice » et « Nikita ») m'ont particulièrement attiré, au point de les écouter en boucle pendant très longtemps, samedi soir, et de recommencer le dimanche après-midi... Pourquoi ces deux-là en particulier ? Je ne sais pas exactement. Pour la mélodie, sûrement ; pour les arrangements musicaux, pour la voix d'Elton John que j'aime beaucoup, que je trouve émouvante (qui d'entre-vous n'a pas pleuré en le voyant à la télévision chanter « Candle in the Wind », devenue pour l'occasion « Goodbye England's Rose », à l'enterrement de la princesse Diana ? On peut revoir ce moment en vidéo sur Dailymotion). J'accorde ici plus d'importance à la mélodie et à l'interprétation qu'aux paroles elles-mêmes. Il y a dans ces deux chansons, il me semble, le sentiment d'une absence, l'appel touchant d'un bonheur espéré, l'imploration d'un absolu à venir. Quelle qu'en soit la forme, la chanson n'est-elle pas toujours une façon de prier ?

Dans ces vidéos, on perd beaucoup de la qualité sonore, il me semble. Chez moi, en écoutant les fichiers mp3, j'aime monter le volume ; les hauts-parleurs branchés sur mon ordinateur sont de très bonne qualité. La perruche ne s'en plaint pas : elle a elle-même abondamment chanté et dansé sur ces deux airs.