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dimanche 24 septembre 2017

Les mots pour le dire

Il fut un temps où je lisais assez régulièrement des livres de psychologie. Durant quelques années, les livres de Françoise Dolto, entre autres n'étaient jamais très loin de ma table de travail. Parmi les idées que j'ai retenues de ces lectures, c'est que « tout est langage », que les mots ont le pouvoir, sinon de guérir. du moins de mettre du baume sur des plaies qui, autrement, resteraient vives... Puisqu'elle était psychanalyste pour enfants, elle disait notamment qu'il faut expliquer aux enfants, et même aux bébés naissants, les problèmes, les drames, dont ils sont victimes ou témoins. Je crois aussi que les bébés, même s'ils ne comprennent pas encore les mots précis, comprennent le sens de ce que leur mère, leur père, ou quelqu'autre adulte significatif de leur entourage veut leur communiquer.

Il m'est arrivé plusieurs fois d'essayer de faire comprendre à Rupert quelque chose qu'il n'est pas si facile d'expliquer à un chien. Je ne me souviens plus exactement de situations très précises où j'ai eu à le faire, mais ce soir, j'ai eu l'occasion d'en vivre une nouvelle.

Rupert est malade depuis à peu près vingt-quatre heures. La nuit dernière (de samedi à dimanche), il est venu me réveiller quatre fois parce qu'il avait un urgent besoin de sortir. Je ne sais pas s'il existe de nombreux chiens comme lui mais, lorsqu'il doit me réveiller la nuit, Rupert est assez adorable. Il dort dans le salon, et ma chambre est à l'autre bout de l'appartement ; entre les deux, il y a la cuisine et un couloir...

Je l'entends parfois marcher dans l'appartement, soit parce qu'il a soif et qu'il va boire à la cuisine, soit que son lit est trop chaud et qu'il cherche un coin de fraîcheur pour y dormir un moment. J'ai l'impression aussi qu'il lui arrive de venir voir dans ma chambre pour vérifier si je suis bien là et, parfois, pour dormir plus près de moi, à l'entrée de la chambre où il dort un moment sur un petit lit qu'une voisine lui a confectionné. Habituellement, tout cela se fait sans bruit, même si je l'entends car j'ai le sommeil assez léger.

Or, la nuit dernière, comme il lui est arrivé déjà à quelques reprises, il est venu plusieurs fois dans ma chambre et, comme je faisais semblant de dormir, il repartait dormir au salon ou dans l'entrée, au bas de l'escalier. Puis, après avoir dormi un moment, je ne sais combien de temps, il revenait ; je n'avais pas regardé l'heure et je m'étais moi-même rendormi. Puis, à un moment donné, il émettait un très petit son, à peine audible, mais je savais qu'il avait enfin décidé qu'il devait me réveiller, le plus doucement possible. Je le regardais et lui demandais ce qui n'allait pas (il m'est arrivé à quelques reprises auparavant de lui dire qu'il était temps de dormir ; il repartait et quelques secondes plus tard je l'entendais ronfler). Pour l'aider à mieux se faire comprendre, je lui suggère des réponses possibles ; la nuit dernière, par exemple, je lui ai demandé s'il voulait aller dehors. Sa réponse était évidente : avec un petit air coupable de devoir me réveiller, il se retournait et se dirigeait vers la sortie : je savais alors que c'était urgent, car il avait longtemps repoussé le moment de me réveiller. Je me suis habillé en vitesse et je suis sorti avec lui. Ce petit jeu s'est répété à plusieurs reprises au cours de la nuit... et d'une bonne partie de la journée.

J'aurais voulu passer à la clinique vétérinaire pour lui prendre de la nourriture humide spécialement adaptée aux problèmes gastriques, mais il faisait une chaleur d'enfer ; puis, en vérifiant sur Internet, je me suis rendu compte que les deux ou trois cliniques les plus près étaient fermées (alors que l'une d'entre elles reste habituellement ouverte le dimanche).

Il n'avait absolument rien mangé de la journée et, plus inquiétant encore, surtout avec cette chaleur infernale, il n'avait pratiquement pas bu. En fin d'après-midi, comme il dormait près de la porte d'entrée, je suis allé lui porter un grand bol d'eau fraîche ; à mon grand soulagement, il s'est réveillé et il a bu. Puis il est venu me rejoindre à la cuisine. J'avais fait cuire du riz : je lui en ai servi une bonne portion, parsemée de quelques flocons de thon en boîte, bien rincé pour en enlever le sel. Il a mangé.

Normalement, après chaque repas, deux fois par jour, je lui donne deux ou trois petites gâteries différentes : foie de veau, de boeuf ou poisson déshydraté, petits biscuits aux herbes pour rafraîchir l'haleine, etc. Or, comme il était malade, je ne voulais pas lui donner quoi que ce soit qui irriterait davantage son intestin. Alors, je lui ai expliqué, comme des parents intelligents le feraient à leur enfant digne de leurs gènes, que, puisqu'il était malade, je ne pouvais pas lui donner de gâteries qui risquaient de le rendre plus malade encore, mais que si tout allait bien, je lui en donnerais « demain ». La tête inclinée d'un côté, il me regardait dans les yeux comme si je lui racontais quelque chose de vraiment intéressant. Il a semblé comprendre ou, du moins, me faire confiance ; il n'a pas insisté. Je lui ai proposé d'aller dehors, et il a joyeusement accepté l'invitation.

dimanche 7 mai 2017

Pour être heureux...

Ce qu'il faut pour être heureux

Impromptu
Fait à un souper dans une cour d'Allemagne

Il faut penser, sans quoi l’homme devient,
malgré son âme, un vrai cheval de somme.
Il faut aimer, c’est ce qui nous soutient,
sans rien aimer il est triste d’être homme.

Il faut avoir douce société,
des gens savants, instruits, sans suffisance,
et des plaisirs de grande variété.
Sans quoi les jours sont plus longs qu’on ne pense.

Il faut avoir un ami, qu’en tout temps,
pour son bonheur, on écoute, on consulte,
qui puisse rendre à notre âme en tumulte.
Les maux moins vifs et les plaisirs plus grands.

Il faut, le soir, un souper délectable
où l’on soit libre, où l’on goûte à propos,
les mets exquis, les bons vins, les bons mots.
Et sans être ivre, il faut sortir de table.

Il faut, la nuit, tenir entre deux draps
le tendre objet que notre cœur adore,
le caresser, s’endormir dans ses bras.
Et le matin, recommencer encore.


* * *

Variante

Il faut, la nuit, dire tout ce qu'on sent
Au tendre objet que votre cœur adore ;
Se réveiller pour en redire autant,
Se rendormir pour y penser encore.


Voltaire, Épitres (Œuvres, vol. 13, pp. 311-312)

dimanche 11 octobre 2015

La chute...

« C'est la nuit qu'il est beau de croire à la lumière. »
Edmond Rostand

Au moment d'aller « dormir », je ne me résigne pas à éteindre la lampe de ma table de chevet... Je suis pourtant fatigué et j'ai accompli mes rituels de fin de soirée (qui sont pratiquement les mêmes qui reviennent à quelques reprises durant la journée), j'ai pensé encore à ceux que j'aime... Je sens que dès que j'aurai fermé la lumière, j'aurai l'impression d'étouffer et que je devrai rallumer, me lever et... trouver quelque chose à faire qui ne soit pas « contaminé » par l'angoisse, aucunement associé à ma vie affective et intellectuelle... Dans ce cas, je ne peux saisir aucun des nombreux livres dont j'ai commencé la lecture récemment... J'ouvre donc un tiroir de ma table de chevet pour y prendre un recueil des Fleurs du Mal, de Baudelaire, acheté à Paris quand j'avais 20 ans, et qui n'est pas associé aux bouleversements survenus dans ma vie ces dernières années. J'ouvre ce recueil au hasard, et le premier poème qui me tombe sous les yeux est celui-ci :

Les plaintes d'un Icare

Les amants des prostituées
Sont heureux, dispos et repus;
Quant à moi, mes bras sont rompus
Pour avoir étreint des nuées.

C'est grâce aux astres nonpareils,
Qui tout au fond du ciel flamboient,
Que mes yeux consumés ne voient
Que des souvenirs de soleil.

En vain j'ai voulu de l'espace
Trouver la fin et le milieu;
Sous je ne sais quel œil de feu
Je sens mon aile qui se casse;

Et brûlé par l'amour du beau,
Je n'aurai pas l'honneur sublime
De donner mon nom à l'abîme
Qui me servira de tombeau.


samedi 28 février 2015

Chat noir et nuit blanche

Il m'arrive encore très souvent de ne pas pouvoir dormir la nuit, comme du temps où j'attendais des nouvelles d'Alexander qui était hospitalisé. Son état de santé ne s'améliorait pas, mais certaines nuits étaient plus difficiles et plus inquiétantes que d'autres. Lorsque la fièvre consentait à diminuer et que d'autres symptômes se faisaient plus discrets, c'était en soi une bonne nouvelle. Je restais pratiquement toujours devant ou à côté de mon ordinateur et de mon téléphone, même la nuit. Je n'aurais pas voulu me réveiller un matin et me rendre compte que l'on avait tenté en vain de me joindre ; au moment d'aller dormir, puisqu'il le fallait bien, je conservais l'ordinateur ouvert à côté de moi. Épuisé, je finissais à un moment donné par tomber de sommeil, et je me réveillais souvent en sursaut pour vérifier si j'avais reçu des messages... C'était il y a cinq ans...
Ces derniers mois, au moment d'aller dormir, je sens la même anxiété s'installer lentement en moi, comme si je revivais ces semaines, ces mois d'inquiétude au sujet d'Alexander. Je dois parfois rallumer la lampe, essayer de m'intéresser à quelque chose qui ne soit pas « contaminé » par l'inquiétude, mais ça ne fonctionne pas toujours, comme si le lit lui-même était trop associé à l'inquiétude, à l'anxiété, à l'angoisse, et cela depuis mon enfance. D'ailleurs, quand Alexander était malade, et longtemps après son départ, je dormais par terre dans le couloir, entre ma chambre et le salon ; j'avais ainsi l'impression, en me couchant par terre au lieu de m'installer dans un lit confortable, de tromper la peur de mourir.
Quand je réussis à me laisser tomber dans les bras de Morphée, je dors généralement quelques heures, au moins ; je n'ai plus besoin de rester en alerte : aucune nouvelle, bonne ou mauvaise, ne risque de m'arriver au cours de la nuit. On m'appelle rarement le jour, sauf pour affaires, et on ne m'écrit plus la nuit... À quatre heures et demie ce matin, n'ayant pas fermé l'œil de la nuit, je me suis relevé et je suis revenu au salon avec l'intention de m'occuper plutôt que de m'énerver en essayant de trouver un sommeil qui ne vient pas. Je suis pourtant fatigué...

Je suis allé lire le plus récent billet de Dr CaSo qui, devant bientôt partir en Europe, s'inquiète de devoir laisser son chat noir, sa Câlinette, en pension chez une amie durant tout un mois. Je n'ai pas pu m'empêcher de penser à Alexander, pourtant malade, qui ne voulait pas aller à l'hôpital pour quelques jours en laissant derrière lui son Siamois malade aussi. Fidèle à lui-même, Alexander songeait d'abord à son engagement envers les autres avant de penser à sa santé ; ayant promis que, le jour venu, il serait là pour faire ses adieux à son Harry, il ne voulait surtout pas que Harry parte sans être là pour l'accompagner... J'ai laissé chez Dr CaSo un commentaire rappelant cette fidélité d'Alexander à ses engagements, à ses promesses, aux êtres qu'il aimait... Mais la situation n'est pas la même : Dr CaSo est en santé, tout comme sa Câlinette. Cela n'empêche pas que les séparations, même brèves, peuvent êtres déchirantes.

jeudi 31 juillet 2014

Une étoile qui chante...

À quatre heures, ce matin, je suis descendu sur le trottoir devant mon immeuble... Avant de remonter, j'ai cherché dans le ciel couvert une petite éclaircie qui pourrait laisser apercevoir une étoile. Ce n'est pas facile, car il y a de nombreux lampadaires et il faut faire des acrobaties pour pouvoir scruter le ciel sans être aveuglé par leur lumière. Bien qu'il y ait chez moi de nombreuses étoiles, je ne peux pas dire que j'habite parmi elles (ce serait plutôt elles qui vivent en moi), mais j'habite au-dessus des lampadaires ; il m'est souvent plus facile de voir les étoiles de ma fenêtre que de l'extérieur, à condition que les étoiles, parfois solitaires, soient de mon côté... Je ne sors jamais le soir ou la nuit sans essayer d'en apercevoir au moins une, celle qui compte. 

J'aurais été triste de remonter sans avoir pu saluer cette étoile. Il m'a fallu un peu de temps avant d'apercevoir au loin, vers le Nord-Ouest, une petite éclaircie dans laquelle scintillait faiblement cette étoile à qui j'ai souri et envoyé des baisers. Et, au même moment, j'ai entendu, venant de la même direction, le chant d'un rossignol dont la musique enchantait déjà les Grecs anciens. Comme l'écrivait Alexander dans un commentaire de l'été 2008, le rossignol est un oiseau symbolique car, selon les Grecs, son chant merveilleux inspirait les amoureux. Et, ajoutait Alexander, quand ils parlent d'amour, les Grecs savent de quoi ils parlent...

Le chant discret de ce matin provenait-il de l'étoile qui scintillait pour moi dans ce lagon céleste ? Ou bien le chant amoureux était-il relayé par un rossignol plus près de chez moi, à plusieurs dizaines de mètres tout de même ? Était-ce le même rossignol qui, comme je l'avais constaté en juin 2010, semblait ne chanter que pour moi ? Je suis persuadé que c'est lui, car j'ai reconnu sa musique et ses mots.

Moi aussi, je t'aime, Alexander !

lundi 26 mai 2014

... J'écris ton nom


Sur mes cahiers d'écolier
Sur mon pupitre et les arbres
Sur le sable de neige
J'écris ton nom

Sur les pages lues
Sur toutes les pages blanches
Pierre sang papier ou cendre
J'écris ton nom

Sur les images dorées
Sur les armes des guerriers
Sur la couronne des rois
J'écris ton nom

Sur la jungle et le désert
Sur les nids sur les genêts
Sur l'écho de mon enfance
J'écris ton nom

Sur les merveilles des nuits
Sur le pain blanc des journées
Sur les saisons fiancées
J'écris ton nom

Sur tous mes chiffons d'azur
Sur l'étang soleil moisi
Sur le lac lune vivante
J'écris ton nom

Sur les champs sur l'horizon
Sur les ailes des oiseaux
Et sur le moulin des ombres
J'écris ton nom

Sur chaque bouffée d'aurore
Sur la mer sur les bateaux
Sur la montagne démente
J'écris ton nom

Sur la mousse des nuages
Sur les sueurs de l'orage
Sur la pluie épaisse et fade
J'écris ton nom

Sur les formes scintillantes
Sur les cloches des couleurs
Sur la vérité physique
J'écris ton nom

Sur les sentiers éveillés
Sur les routes déployées
Sur les places qui débordent
J'écris ton nom

Sur la lampe qui s'allume
Sur la lampe qui s'éteint
Sur mes maisons réunies
J'écris ton nom

Sur le fruit coupé en deux
Du miroir et de ma chambre
Sur mon lit coquille vide
J'écris ton nom

Sur mon chien gourmand et tendre
Sur ses oreilles dressées
Sur sa patte maladroite
J'écris ton nom

Sur le tremplin de ma porte
Sur les objets familiers
Sur le flot du feu béni
J'écris ton nom

Sur toute chair accordée
Sur le front de mes amis
Sur chaque main qui se tend
J'écris ton nom

Sur la vitre des surprises
Sur les lèvres attendries
Bien au-dessus du silence
J'écris ton nom

Sur mes refuges détruits
Sur mes phares écroulés
Sur les murs de mon ennui
J'écris ton nom

Sur l'absence sans désir
Sur la solitude nue
Sur les marches de la mort
J'écris ton nom

Sur la santé revenue
Sur le risque disparu
Sur l'espoir sans souvenir
J'écris ton nom

Et par le pouvoir d'un mot
Je recommence ma vie
Je suis né pour te connaître
Pour te nommer Liberté.

Paul Éluard, in Poésies et vérités 1942 Éditions de Minuit, Paris, 1942.
Pour Éluard, ce prénom qu'il écrit partout, est féminin, celui de la Liberté. Je peux aussi l'écrire au masculin, partout : Alexander.

jeudi 3 avril 2014

Notre amie la Lune

Photo : NASA

Vous ne vous en souvenez peut-être pas, mais notre amie la Lune serait née 95 millions d'années après le début du Système solaire. Alors que celui-ci se serait formé il y a 4,56 milliards d'années (ça donne un peu le vertige, non ?).

La Lune serait née d'une collision de la Terre, encore bébé, avec une autre planète ressemblant à Mars. La Lune serait en fait un agrégat des débris de la collision. Maintenant qu'il y est, je demanderai à Alexander d'étudier cette hypothèse ; mais au fond, ce qui l'intéresse, lui, c'est sa douce lumière, son rôle de témoin de la nuit, de complice des amoureux, d'inspiration des poètes...


Pour les indécrottables scientifiques, elle n'a pas fini de dévoiler ses secrets. Une équipe de planétologues français, allemands et états-uniens de l'Observatoire de la Côte d'Azur, à Nice, ont tenté de dater plus précisément l'âge de la Lune en se basant sur des simulations et en étudiant la composition chimique du manteau de la Terre. On viendra dire, après cela, que les manteaux ne servent à rien !

samedi 2 novembre 2013

Pour ceux qui nous ont quittés...

Il n'y a pas besoin d'un jour spécial pour que je pense à Alexander : à chaque instant, il est présent, dans mon cœur, dans mes pensées, dans tout ce qui m'entoure... Je pense à lui, à tous ceux qui sont partis avant lui et qui lui manquaient tellement. Je pense à ceux qui l'ont rejoint depuis, qu'aimait Alexander et qui aimaient Alexander...
Ces photophores ne sont pas les miens,
mais ils ressemblent à certains d'entre eux

Chaque soir, j'allume plusieurs bougies, que je remplace avant qu'elles ne s'éteignent. Leur flamme rappelle que nous n'oublions pas, elle sert peut-être de phare pour ceux qui n'auraient pas encore trouvé la lumière, et elle nous accompagne ainsi jusqu'au lever du jour. Je crois que c'est d'autant plus important que nous entrons dans la saison sombre, que les nuits seront plus longues... Mais en ce 2 novembre, je sais que les proches d'Alexander auront des pensées particulières pour lui et pour tous ceux qui les ont quittés. Je m'associe à eux dans leurs pensées, dans leurs prières et dans leurs diverses commémorations.

samedi 24 décembre 2011

Noël 2011



On ne peut certainement pas l'accuser de ne pas sentir ce qu'elle chante :

samedi 4 juin 2011

Plume d'ange

Je ne me souviens plus de la dernière que j'avais vu les étoiles. Quand il ne pleuvait pas, le ciel était couvert depuis longtemps et les étoiles n'étaient plus visibles. Je me suis senti encore plus séparé de mon Petit Prince. Cette nuit, je suis sorti et j'ai vu quelques étoiles dans le ciel. Tout va bien, alors.


Durant une dizaines de jours, alors que les étoiles n'étaient pas visibles, je voyais des petites plumes blanches partout dans l'appartement. En les voyant flotter dans l'air de ma chambre, j'ai d'abord cru qu'il s'agissait de duvet d'oie provenant de la couette sur mon lit. Mais je les voyais aussi bien dans le cuisine, dans la salle de bain que dans le salon. Puisqu'il y a des moustiquaires aux fenêtres, ces plumes ne venaient pas de l'extérieur. Il est fort possible qu'elles viennent de ma couette de duvet d'oie, mais alors, puisque cette couette se trouve sur mon lit depuis des années, pourquoi n'ai-je pas vu auparavant les plumes dans l'air ? Et si l'usure de la couette permet aux plumes de s'enfuir, pourquoi n'y en a-t-il plus dans l'air depuis quelques jours ?

J'écoutais l'autre soir Lisa Williams, cette Britannique qui vit en Californie, qui parle avec les personnes disparues et qui anime à la télévision une émission hebdomadaire au cours de laquelle elle sert d'interprète entre des personnes disparues et leurs proches curieux d'avoir de leurs nouvelles. Lisa Williams demandait à quelqu'un si elle avait remarqué des plumes autour d'elles, à la maison et même à l'extérieur ; c'était, semble-t-il l'un des moyens utilisés par une personne chère disparue pour exprimer sa présence. J'ai alors pensé que, puisqu'il n'y avait pas d'étoiles depuis quelque temps, Alexander avait aussi adopté ce moyen de manifester sa présence.

dimanche 21 février 2010

Coeur d'artichaut

Alexander disait de lui-même qu'il était « un coeur d'artichaut ». Dans son esprit, surtout s'il l'utilisait pour se décrire lui-même, cette expression ne signifiait pas « tomber facilement amoureux, être volage », mais plutôt : « avoir le coeur tendre, s'émouvoir facilement, avoir rapidement les larmes aux yeux ». L'expression m'est revenue à l'esprit ce dimanche matin après avoir fondu en larmes en entendant par hasard une vieille chanson. Je n'ai pas compris immédiatement ce qui a déclenché ce torrent mais en faisant le lien entre la chanson et ce qui occupait mon esprit depuis mon réveil, j'ai compris. Depuis plusieurs jours, je me remémore des extraits du Petit Prince, sans relire le texte lui-même, en essayant d'en comprendre le sens profond.
Le Petit Prince a toujours été, dès ses premières années, non seulement l'un des livres préférés d'Alexander, mais son personnage principal vivait vraiment avec lui, en lui. « Le Petit Prince est un ami très cher », écrivait-il le printemps dernier. Il n'est pas le seul à aimer ce livre, cette histoire, ce conte, ce traité de philosophie, car Le Petit Prince est, immédiatement après la Bible, le livre le plus vendu au monde. Mais, comme le dit si bien le renard, « on ne connaît que les choses que l'on apprivoise » : nous pourrions être des millions, des milliards à aimer Le Petit Prince, la relation de chacun avec l'esprit du Petit Prince sera toujours unique puisque chacun, s'il veut le connaître, devra l'apprivoiser à sa manière.
Depuis près de deux ans, et plus particulièrement ces jours derniers, j'essaie de distinguer ce qu'il y a du Petit Prince en Alexander et pourquoi ce livre me touche autant moi-même. Il y a dans ces pages beaucoup plus qu'une jolie histoire pour les enfants, beaucoup plus qu'un beau conte pour les adultes : ce livre contient une philosophie de vie, accessible à tous ceux qui voudront se donner la peine de l'apprivoiser.
Ce dimanche matin, je réfléchissais plus précisément à deux qualités essentielles du Petit Prince : l'importance d'être tout entier dans l'instant présent et l'importance de conserver son coeur d'enfant. Alexander possédait au plus haut point ces deux qualités ; grâce à lui, j'ai appris et j'apprends encore à les approfondir.

Je crois que ce qui a déclenché la crise de larmes de ce dimanche matin, c'est le lien qui s'est fait à mon insu entre les paroles de cette chanson et ces qualités du Petit Prince : le moment présent et l'esprit d'enfance. La chanson entendue ce matin est une chanson banale, un succès des années soixante que je connaissais en français, mais interprétée ici, sans doute dans sa version originale, en italien. Elle raconte l'histoire d'un garçon qui a grandi à la campagne, dans une maison tranquille, loin de la ville (déjà, je peux m'y reconnaître) ; il a un jour quitté la maison familiale, les arbres, les champs, ses amis, pour s'en aller vivre à la ville... Un jour il a la nostalgie de son enfance, de la maison familiale... Il pourrait l'acheter mais là où il y avait quelques maisons, des arbres, de l'herbe, une ville a poussé, faite de béton, de goudron...

Questa è la storia
di uno di noi
anche lui nato per caso in via Gluck
in una casa fuori città
gente tranquilla che lavorava.

Là dove c'era l'erba ora c'è
una città
e quella casa in mezzo al verde ormai
dove sarà
questo ragazzo della via Gluck
si divertiva a giocare con me
ma un giorno disse: "vado in città"
e lo diceva mentre piangeva
io gli domando: "amico non sei contento?
vai finalmente a stare in città
là troverai le cose che non hai avuto qui.
Potrai lavarti in casa senza andar
giù nel cortile".
"Mio caro amico" disse "qui sono nato
e in questa strada ora lascio il mio cuore
ma come fai a non capire
che è una fortuna per voi che restate
a piedi nudi a giocare nei prati
mentre là in centro io respiro il cemento
ma verrà un giorno che ritornerò
ancora qui
e sentirò l'amico treno che
fischia così.... ua ua".

passano gli anni ma otto son lunghi
però quel ragazzo ne ha fatta di strada
ma non si scorda la sua prima casa
ora coi soldi lui può comperarla
torna e non trova gli amici che aveva
solo case su case catrame e cemento

là dove c'era l'erba ora c'e
una città
e quella casa in mezzo al verde ormai
dove sarà
non so, non so perché continuano
a costruire le case
e non lasciano l'erba, non lasciano l'erba
non lasciano l'erba, non lasciano l'erba
e non so se andiamo avanti così
chissà come si farà
chissà chissà come si farà.


Si vous avez quelque peu la nostalgie des années soixante, de la télévision en noir et blanc, écoutez et regardez Adriano Celentano interpréter
Il ragazzo della via Gluck (le garçon de la rue Gluck)

Françoise Hardy a repris cette chanson, intitulée
La maison où j'ai grandi.

La chanson elle-même n'a pas vraiment d'importance ; ce qui a déclenché la crise de larmes, c'est l'évocation de l'enfance à la campagne, associée à l'esprit de l'enfance. J'ai vivement ressenti l'absence de mon complice de l'enfance retrouvée, de mon inspiration...


Ce dimanche soir, j'ai croisé l'une de mes voisines qui m'a prêté un exemplaire du Petit Prince en bandes dessinées. J'ai ouvert l'album vers la fin, aux dernières pages, et j'ai dû le refermer aussitôt ; je ne pouvais pas relire ces mots évoquant le serpent, la morsure... « Ça ne fit même pas de bruit... »

Plus tard, en fin de soirée, je suis sorti sur le trottoir, quelques minutes ; j'ai cherché les étoiles, tout particulièrement celles qui rient car un Petit Prince y habite... Il m'a fallu un moment avant d'en trouver une, puis une autre... L'une d'entre elles scintillait vraiment ; sa lumière semblait vaciller comme la flamme d'une bougie dans le vent (« A Candle in the Wind »).
« Quand tu regarderas le ciel, la nuit, puisque j'habiterai l'une d'elles, puisque je rirai dans l'une d'elles, alors ce sera pour toi comme si riaient toutes les étoiles. » (Le Petit Prince)
« La nuit, tu regarderas le ciel, la Lune, les étoiles ; tu verras que je t'envoie des baisers. (Alexander)

jeudi 3 septembre 2009

Septembre, enfin

Cette nuit, la Lune est dangereusement belle ! Je l'ai d'abord aperçue en début de soirée en voulant fermer les stores, au salon ; je l'ai observée plusieurs minutes, jusqu'à ce qu'elle disparaisse derrière l'affreux hôtel d'une rue voisine, construction toute nouvelle et qui s'élève très haut dans le ciel, assez pour me cacher la Lune. Je suis allé la revoir quelques heures plus tard par la fenêtre de ma chambre et, au début de la nuit, je suis sorti devant l'immeuble pour aller m'entretenir face à face avec elle. Sa lumière était si vive que j'avais du mal à la regarder ; la grande beauté produit le même effet.

Je ne vais pas très bien. Cependant, ce début de septembre est magnifique ! L'air est frais et sec, avec une très légère brise. La lumière est si belle que l'on voudrait pouvoir la conserver toujours.

En faisant mes promenades quotidiennes, en septembre de l'année dernière, j'ai souvent fait ce même constat, en regrettant qu'Alexander ne puisse pas encore être là pour en profiter avec moi, comme il le voulait tant lui-même (c'est tout juste si sa valise n'était pas prête). L'an prochain, nous disions-nous. Je prenais des centaines de photos, souvent les mêmes avec des variations de lumière ; Alexander pouvait ainsi faire en pensée la promenade avec moi, en attendant de m'accompagner en personne, sa main dans la mienne... L'an prochain, disions-nous... Maintenant, je ne peux plus dire que ce sera l'an prochain, ni le suivant... C'est ce « jamais » que je trouve insoutenable !

jeudi 15 janvier 2009

C'est la nuit...


« C'est la nuit qu'il est beau
de croire à la lumière »

Edmond Rostand


Même en ce moment où tout espoir semble audacieux, je veux croire au miracle de la vie, au triomphe de la lumière sur la nuit.

mardi 2 décembre 2008

La réponse est « oui » !

J'ai peur dans le noir
J'ai les pieds froids
Je me tourne et me retourne
Je parle dans mon sommeil

(Pourrais-je dormir avec toi ?)
Traduction libre : Alcib

Dans ma boîte aux lettres, hier, il y avait cette carte avec un ourson, dont j'aime beaucoup la question. La réponse est « Oui », bien entendu. Surtout qu'au verso de la carte il a bien ajouté de sa main qu'il « promet de ne pas être sage du tout ».

lundi 14 juillet 2008

J'ai vu chanter un rossignol sous la lune...


Le chant du rossignol


Au cours des dernières années, j'ai souvent passé des soirées à dialoguer sur Internet avec des amis qui, pour la plupart, sont en France. Il n'y a pas si longtemps encore, j'ai eu avec mon ami Poeri, d'Aix-en-Provence, de longues conversations qui, pour lui, se terminaient au petit matin. Plusieurs fois, Poeri m'a dit — spontanément, j'allais écrire que j'avais entendu Poeri me dire ; j'aurais pu l'écrire car j'ai si souvent cru entendre sa voix dans les phrases qu'il écrivait, que ce soit sur MSN ou dans un autre programme de communication —, plusieurs fois, donc, Poeri m'a dit qu'il devait aller se coucher avant que ne se mettent à chanter les oiseaux d'Aix-en-Provence car, alors, il n'était plus question de dormir.
Il m'était rarement arrivé ces dernières années de me coucher moi-même au petit matin et d'entendre le chant des oiseaux qui annoncent le jour. Ces derniers mois, cependant, je me suis plusieurs fois couché très tard la nuit, pour pouvoir écrire. Vous me croyez difficilement, et je vous comprends, car ce blogue ne semble pas refléter une intense activité intellectuelle ou créative ; c'est que ce j'ai écrit et que je continue d'écrire tous les jours n'est pas destiné à un grand public. Je vous entends penser que je pourrais bien les publier ici parce que le nombre de lecteurs n'est pas très grand ; vous auriez raison : vous devez bien être deux ou trois encore et, sans vous nommer, je vous remercie de votre fidélité. Après avoir publié, le 6 mai dernier, l'article intitulé « Sérénade printanière », j'ai appris que l'oiseau que l'on entendait dans l'enregistrement musical était un rossignol ; au cours des nuits suivantes, j'ai souvent entendu chanter dans la nuit ou le petit matin un oiseau que je pouvais maintenant identifier : il ne s'agissait pas d'un coq, ni français ni suisse, mais bien d'un rossignol.
Comme j'ai aussi écrit un article sur la lune, le 24 juin dernier, et que d'autre part j'ai eu l'occasion de parler assez souvent avec quelqu'un que j'aime beaucoup, quelqu'un qui aime Colette pour ses écrits, bien sûr, mais qui a aussi des raisons personnelles de l'aimer et de la faire aimer, il me semblait indispensable d'évoquer ici la grande Colette, surtout que le hasard m'a mis sous les yeux, tout récemment, ce texte que j'avais lu il y a longtemps mais dont je n'avais retenu que le titre, Les vrilles de la vigne, dont voici de larges extraits :



Autrefois, le rossignol ne chantait pas la nuit. Il avait un gentil filet de voix et s'en servait avec adresse du matin au soir, le printemps venu. Il se levait avec les camarades, dans l'aube grise et bleue, et leur éveil effarouché secouait les hannetons endormis à l'envers des feuilles de lilas.
Il se couchait sur le coup de sept heures, sept heures et demie, n'importe où, souvent dans les vignes en fleurs qui sentent le réséda, et ne faisait qu'un somme jusqu'au lendemain.
Une nuit de printemps, le rossignol dormait debout sur un jeune sarment, le jabot en boule et la tête inclinée, comme avec un gracieux torticolis. Pendant son sommeil, les cornes de la vigne, ces vrilles cassantes et tenaces, dont l'acidité d'oseille fraîche irrite et désaltère, les vrilles de la vigne poussèrent si dru, cette nuit-là, que le rossignol se réveilla ligoté, les pattes empêtrées de liens fourchus, les ailes impuissantes...
Il crut mourir, se débattit, ne s'évada qu'au prix de mille peines, et de tout le printemps se jura de ne plus dormir, tant que les vrilles de la vigne pousseraient.
Dès la nuit suivante, il chanta pour se tenir éveillé :

Tant que la vigne pousse, pousse, pousse...
Je ne dormirai plus !

Tant que la vigne pousse, pousse, pousse...


Il varia son thème, l'enguirlanda de vocalises, s'éprit de sa voix, devint ce chanteur éperdu, enivré et haletant, qu'on écoute avec le désir insupportable de le voir chanter.
J'ai vu chanter un rossignol sous la lune, un rossignol libre et qui ne se savait pas épié. Il s'interrompt parfois, le col penché, comme pour écouter en lui le prolongement d'une note éteinte... Puis il reprend de toute sa force, gonflé, la gorge renversée, avec un air d'amoureux désespoir. Il chante pour chanter, il chante de si belles choses qu'il ne sait plus ce qu'elles veulent dire. Mais moi, j'entends encore à travers les notes d'or, les sons de flûte grave, les trilles tremblés et cristallins, les cris purs et vigoureux, j'entends encore le premier chant naïf et effrayé du rossignol pris aux vrilles de la vigne :

Tant que la vigne pousse, pousse, pousse...

Cassantes, tenaces, les vrilles d'une vigne amère m'avait liée, tandis que dans mon printemps je dormais d'un somme heureux et sans défiance. Mais j'ai rompu, d'un sursaut effrayé, tous ces fils tors qui déjà tenaient à ma chair, et j'ai fui... Quand la torpeur d'une nouvelle nuit de miel a pesé sur mes paupières, j'ai craint les vrilles de la vigne et j'ai jeté tout haut une plainte qui m'a révélé ma voix.
Toute seule, éveillée dans la nuit, je regarde à présent monter devant moi l'astre voluptueux et morose. Pour me défendre...

Colette, Les vrilles de la vigne.

mercredi 25 juin 2008

Cocorico, le chant du cygne


À Drocourt, commune de 407 habitants, près de Mantes-la-Jolie dans les Yvelines, un jeune coq a bien failli exécuter ces jours-ci son chant du cygne. Perturbé non pas par les rayons de la lune mais plutôt par l'éclairage public dans la municipalité, le volatile avait pris l'habitude de chanter en pleine nuit. Convaincue que la nuit est faite pour dormir dans le silence, l'une des voisines de l'agriculteur poursuivait celui-ci pour tapage nocturne. Le tribunal de police de Mantes-la-Jolie avait condamné à mort le coq du village et Coco, c'est son nom, devait être exécuté le 24 juin, jour de la Saint-Jean.
L'agriculteur, qui produit du blé à Drocourt, possède douze poules et un coq. Il s'est présenté hier devant le tribunal de police pour expliquer qu'il n'avait pas tué son coq comme le lui ordonnait le tribunal mais qu'il avait installé autour du poulailler des volets qui permettent de réduire l'éclairage public près de la chambre de Coco et de ses compagnes. Ne voyant pas la lumière artificielle, le jeune coq attendra le lever du jour pour lancer son chant triomphal. Le tribunal a estimé cette mesure suffisante, d'autant plus qu'il n'y avait pas eu d'autre plainte au sujet du chant nocturne. Le tribunal a gracié le coq et relaxé son propriétaire. Oubliant le chant du cygne, Coco pourra donc entonner chaque matin son cocorico et continuer d'assurer le bonheur des poules.

Ce n'aurait pas été la première fois qu'un coq aurait été condamné. En 1474, un coq a été condamné à être brûlé, par sentence d'un magistrat de Bâle, pour avoir pondu un œuf. Dans le même ordre, voici quelques autres condamnations recensées par Barnabé Warée, dans son ouvrage Curiosités judiciaires, historiques, anecdotiques, recueillies et mises en ordre par B. Warée, Paris, A. Delahays, 1859) :

- 1488 - Becmares (charançons) : les grands vicaires d'Autun mandent aux curés des paroisses environnantes de leur enjoindre, pendant les offices et processions, de cesser leurs ravages et de les excommunier.
- 1497 - Truie condamnée à être assommée pour avoir mangé le menton d'un enfant du village de Charonne. La sentence ordonna en outre que les chairs seraient coupées et jetées aux chiens, et que le propriétaire et sa femme feraient un pèlerinage à Notre-Dame de Pontoise le jour de la Pentecôte.
- 1499 - Taureau condamné à la potence par jugement du bailliage de Beauprès (Beauvais) pour avoir, en fureur, occis un jeune homme.
- 1500 - Sentence de l'official contre les charançons et les sauterelles qui désolaient le territoire de Millieze.
- 1585 - Le grand vicaire de Valence fait citer les chenilles devant lui, leur donne un procureur pour les défendre, et finalement les condamne à quitter le diocèse.

mardi 6 mai 2008

Sérénade printanière

Ce matin, alors que je lisais un peu avant d'entreprendre sérieusement ma journée, j'écoutais de la musique. Je n'écoute pratiquement plus de musique que sur mon ordinateur, que ce soit la radio sur Internet si elle n'est pas trop bavarde, ou encore des fichiers musicaux sur un lecteur. Les appareils de radio de l'appartement ne servent plus à rien. J'ai copié presque tous mes disques et les ai convertis en fichiers mp3. Les disques sont maintenant dans des boîtes. Les fichiers, les listes sont plus faciles à gérer. Je fais des listes homogènes, de chansons ou de musique instrumentale, classique ou autre, et d'autres listes sur lesquelles je mélange à peu près tous les genres (sauf le jazz que je ne tolère pas). Je fais jouer ces fichiers musicaux dans l'ordre de la liste ou de façon aléatoire. Il m'arrive ainsi d'avoir des surprises, de découvrir une pièce musicale à laquelle je n'avais pas porté attention.

Ce matin, donc, en entendant la musique qui suit, j'ai voulu savoir ce que c'était. Le compositeur en est Enrico Toselli, un nom que je n'ai jamais vu auparavant. Une petite recherche sur Internet n'a pas donné beaucoup de résultats. J'ai pu au moins apprendre qu'il est né à Florence en 1886 et mort en 1926, je ne sais où.

Il s'est surtout fait connaître par cette sérénade. Aujourd'hui, cependant, ce sont généralement ses interprètes qui sont plus connus, notamment celui qui joue sur cet enregistrement. J'aurais voulu faire entendre la version chantée par Tino Rossi, mais je ne l'ai pas trouvée (non, non, je sais que Tino Rossi n'est pas exactement un contemporain de Toselli).



Ma perruche qui est un peu mélomane - elle n'a pas vraiment le choix, la pauvre, puisque nous partageons le même appartement, elle partage aussi ma musique ; parfois c'est elle-même qui en réclame - aime bien cette pièce musicale. Je ne saurais dire si c'est à cause du violon ou du chant d'oiseau qui l'accompagne. Quant à moi, j'ai bien reconnu le violon, mais pas l'oiseau.

Cette musique, ce matin, me rappelle un très agréable repas que j'avais pris dans le jardin d'un restaurant des Laurentides avec une vieille amie. Pendant que nous mangions, des haut-parleurs dissimulés dans les arbres diffusaient ce genre de musique. Elle était présente mais assez discrète pour ne pas attirer l'attention.

Ce genre de musique (les oiseaux en moins) me rappelle surtout de belles scènes de grands films, comme Mort à Venise, le Guépard, deux films de Visconti, pour ne nommer que ceux-là. Je revois l'Hôtel Les Bains de Venise, ou le palais du prince sicilien don Fabrizio Salina...

Ce n'est pas le genre de musique que j'écoute tous les jours, mais ça change de Gustav Mahler, de Dmitri Chostakovitch. Et puisque le printemps est là, qu'il invite à profiter du beau temps, de la nature, des parcs, du jardin ou du balcon, pourquoi ne pas faire de cette sérénade une salutation au printemps ?

dimanche 13 avril 2008

À l'ombre du Big Ben


Alexander entend Big Ben sonner minuit à la Tour de l'Horloge du Palais de Westminster.

Avant d'aller dormir, il ira prendre l'air avec son fidèle compagnon canin. Ils marcheront longtemps sous la pluie et quand ils se seront bien éloignés de la maison et qu'ils seront tous deux bien trempés, ils prendront un taxi pour rentrer.

Après avoir lu le message que je lui ai envoyé pendant son absence, Alexander pourra aller dormir et partager son lit avec le chat aux yeux capteurs de soleil pendant que le chien se fait sécher au pied du lit.

Je ne sais plus où j'ai trouvé celle-ci, mais
en cliquant sur les photos, on peut les voir en plus grand.

mardi 11 septembre 2007

Un puits dans le désert...

... du bruit dans la nuit.

Il est 23 heures et, pour la deuxième nuit consécutive, l'avenue du Parc vient d'être envahie par une machinerie lourde digne de l'artillerie que les États-Unis ont déployée en Irak quand ils décidèrent de renverser Saddam. L'administration municipale a jugé, comme les cyclistes et les automobilistes qui empruntent régulièrement cette voie, qu'il était temps d'en refaire le pavage. Sauf que ça fait des mois que les trottoirs sont en réfection et que maintenant on entreprend le pavage de la chaussée, mais à 23 heures, et l'on travaillera encore toute la nuit. Ça en fait du bruit, ces machines à faire peur, ces pelles mécaniques, ces marteaux-piqueurs ! Il n'est pas important que les résidents du quartier puissent dormir la nuit ; ce qui compte, c'est que la circulation automobile ne soit pas trop perturbée durant la journée. Merci, Monsieur le Maire !


Si l'administration municipale continue de nous mettre des bâtons dans les roues et des camions dans les rues, sans empêcher les cris sauvages des étudiants dans la nuit, je vais donner suite à ce courriel reçu aujourd'hui. On me propose, pour la modique somme d'un million et demi de dollars, d'acheter une ferme... au Maroc. À huit kilomètres de l'aéroport de Marrakech. Il s'agit d'une ferme de cinq hectares entièrement clôturée, située à huit km de Marjane sur la route d’Agadir, en zone irriguée, route goudronnée dont piste praticable, etc. Équipée de l'eau courante et de l'électricité, la ferme comprend 500 oliviers adultes en plein rendement, 100 jeunes citronniers et des abricotiers, etc. Il y a aussi un puits à moteur diésel, mais je préférerais le grincement de la poulie du puits dans le désert du Petit Prince, car je crois que le renard n'aime pas le bruit du moteur diésel...

Ce qui m'étonne de ce courriel reçu du Maroc, c'est qu'on ait deviné là-bas que j'avais justement envie d'y acheter une ferme ou une villa. Je me demande bien qui, parmi tous les riches Français qui y possèdent des villas, a bien pu suggérer mon nom et me donner l'occasion d'investir au Maroc une partie de mon argent de poche. Je sais qu'il s'agit d'un pays à découvrir, mais je n'y ai jamais mis les pieds. Je connais cependant plusieurs personnes qui sont originaires du Maroc ; mardi dernier encore, j'avais une réunion avec une jeune Marocaine à qui j'ai demandé de faire partie d'un comité ; elle arrivait à peine d'un séjour d'un mois dans sa famille.

Acheter une villa ou une ferme, oui, c'est très bien pour ceux qui ont beaucoup d'argent dont ils ne savent que faire. Mais pendant que les riches achètent, la population locale a de plus en plus de mal à se loger et le malaise immobilier fait des mécontents. À bien y penser, je crois que je vais rester chez moi.

Pendant que j'explorais le Maroc à distance, ailleurs sur la Planète, au trentième étage d'une grande ville, Dr CaSo offrait sa recette de carrés aux dattes. Je croyais qu'il y avait un lien évident entre le Maroc et les dattes et je suis étonné d'apprendre que le Maroc ne figure pas parmi les principaux pays producteurs. Je devais confondre des souvenirs de lectures qui évoquaient plutôt l'Algérie et la Tunisie. Ah, ces nourritures terrestres !

mardi 24 octobre 2006

Devant la porte sombre

En donnant ce titre à son Journal 1940-1943, Julien Green avait en tête la période sombre qui s'annonçait avec la Deuxième Guerre mondiale ; il évoquait sans doute aussi la part d'inconnu que représentait, pour lui personnellement, un exil au pays de ses parents, où il avait vécu durant trois ans au moment de la Première Guerre mondiale et dont il était revenu avec beaucoup de nostalgie mais avec une certitude : bien que né de parents « américains », il était vraiment français.

En mettant de côté la situation politique actuelle, on peut dire que nous sommes en ce moment devant une autre porte sombre : l'arrivée de l'automne, la diminution des heures d'ensoleillement, l'augmentation des jours gris et pluvieux. Et pour certains, l'arrivée de l'automne apporte sa dose d'angoisse à cause du froid, de la pluie et de l'hiver qui, tôt ou tard, montrera le bout de son nez.

Personnellement, l'automne ne me déplaît pas et l'hiver non plus, du moins au début. Je suis conscient toutefois que pour bien des gens les changements de saison ne se passent pas toujours en douceur ; et l'automne est particulièrement difficile pour bon nombre de personnes en raison des longues journées sans lumière. Il semble qu'une personne sur cinq souffre de troubles affectifs saisonniers, liés à la baisse d'intensité de la lumière et à la réduction des heures d'ensoleillement.


En recevant moins de lumière du jour, notre cerveau commencerait à fonctionner comme si c'était la nuit et enverrait aux corps des messages de « préparation du mode sommeil ». Cette perturbation serait d'ordre biologique, et non psychologique, et la coupable en serait une hormone, appelée mélatonine, qui joue un rôle important dans le besoin de sommeil ; la mélatonine, pour préparer au sommeil, exerce sur le corps un effet de fatigue. Nous subissons tous, à des degrés divers, les effets de la réduction de la lumière, sauf que certaines personnes en souffrent assez pour voir leur vie perturbée. Les travailleurs de nuit ou ceux qui vivent dans des endroits où il entre peu de lumière peuvent aussi en souffrir, même en été.

Si, avec l'arrivée de l'automne, vous ressentez les symptômes suivants, il y a bien des chances que vous souffriez de dépresssion saisonnière ou de troubles affectifs saisonniers :
  • changement des habitudes alimentaires, avec notamment un désir d'aliments sucrés, de féculents, de chocolat
  • prise de poids
  • baisse de l'énergie
  • plus grande sensation de fatigue
  • mauvaise humeur, irritabilité
  • tendance à dormir plus longtemps que d'habitude
  • difficulté à se concentrer
  • tendance à vouloir éviter les situations sociales
  • sentiments d'angoisse et de désespoir.

Fiat lux !

S'il n'y a pas d'autre cause, psychologique ou autre, à ces symptômes, n'allez pas dépenser une fortune en psychanalyse ou en médicaments. Le traitement pourrait être beaucoup plus simple que vous le croyez. En effet, la luminothérapie est efficace à 80 %.

C'est le Dr Norman E. Rosenthal, psychiatre et chercheur au National Institute of Mental Health, qui a été le premier à démontrer, en 1984, le lien entre lumière et dépression et à définir ce que l'on nomme maintenant la luminothérapie. « C'est en constatant que l'exposition à la lumière artificielle à large spectre pouvait bénéficier aux personnes souffrant de symptômes dépressifs pendant la saison hivernale que Rosenthal a pu démontrer le rôle joué par la luminosité sur les rythmes circadiens et l'humeur, et ainsi définir avec précision cette maladie. Rosenthal a publié de nombreux écrits, études et livres sur le sujet. Il demeure la référence incontournable en la matière. »


Pour bénéficier de la luminothérapie, il suffirait de s'exposer quotidiennement à une lumière à large spectre dont l'intensité varie entre 2 500 et 10 000 lux durant une demi-heure. L'exposition à cette lumière aurait un effet bénéfique sur notre horloge biologique qui régit un certain nombre de nos fonctions, comme la vie sexuelle, le rythme veille/sommeil, l'humeur, la capacité de concentration. Certains s'en servent pour combattre les effets du décalage horaire et l'on dit que la lumière aurait aussi un effet bénéfique sur le traitement de la maladie d'Alzheimer...


Je connais plusieurs personnes (amis, clients, psychologues) qui, souffrant des symptômes associés aux troubles saisonniers, se sont procuré des lampes spécialement conçues pour donner l'intensité lumineuse nécessaire. Il en existe différents modèles ; vous les trouverez sur ce site (français, mais l'équivalent existe au Québec et en Amérique du Nord).

Personnellement, même si je ne souffre pas trop de ces symptômes, j'ai bien l'intention de m'acheter le « simulateur d'aube », qui permet de s'éveiller en douceur, ainsi qu'une lampe de table que j'utiliserai en prenant mon petit déjeuner. Pour être efficace, la lampe doit être placée à la hauteur des yeux, car c'est par les yeux que le cerveau reçoit la lumière ; et même si l'intensité de la lumière est grande, on peut très bien continuer ses activités, que ce soit la lecture, le travail, la télévision... Il existe aussi un modèle de lampe que l'on peut fixer au-dessus de l'écran de l'ordinateur.


Il ne faut évidemment pas confondre ces lampes avec les lampes de bronzages, aux rayons UV ; celles-ci peuvent aussi avoir des effets bénfiques (je connais aussi des personnes qui utilisent les lampes solaires pour maintenir un bronzage et qui disent en tirer aussi un surplus d'énergie et une accélération de leur métabolisme), mais ces effets n'ont rien en commun avec ces lampes recommandées pour la luminothérapie. Et pour ceux qui n'aiment pas l'hiver, dites-vous que l'hiver, surtout lorsqu'il y a de la neige, est généralement plus lumineux que l'automne.

Ajout : À la demande générale, j'ajoute le site d'un distributeur nord-américain. Au Québec (et peut-être au Canada), il semble qu'il n'y ait qu'un distributeur de ces lampes. On peut bien sûr les trouver dans certaines boutiques de matériel orthopédique ; il faudrait vérifier si les prix sont moins élevés dans ces boutiques (je n'en suis pas sûr) : l'avantage, c'est qu'on peut y voir le produit avant de l'acheter. À Montréal, la boutique Medicus, par exemple, boulevard Saint-Laurent, au nord du boulevard Saint-Joseph, offre ces lampes. Autrement, on peut les commander par téléphone (un numéro sans frais) ; on trouvera les renseignements nécessaires et les coordonnées à cette adresse ; on trouvera ici aussi une liste de boutiques qui vendent ces lampes. Vous trouverez ici quelques suggestions de lecture et des liens supplémentaires.