lundi 31 août 2009

Pour se souvenir de Diana


Il y a aujourd'hui douze ans qu'elle nous a quittés. J'ai écrit l'an dernier un long billet pour rappeler ce que Diana représentait pour moi ; on pourra le lire ou le relire ici. Alexander en avait été très touché, m'avait-il dit à quelques reprises. Elle était ma princesse ; elle était la princesse de mon Petit Prince. Quand il avait aimé quelqu'un, il ne l'oubliait jamais, même très longtemps après sa disparition. Diana avait à jamais sa place dans le coeur d'Alexander ; Diana et Alexander auront à jamais leur place dans le mien.

Les princes William et Harry étaient âgés, respectivement, de quinze et treize ans au moment de la disparition de leur mère. On se souvient qu'ils ont longuement marché derrière le cortège funèbre qui avait quitté le palais de Kensington à 9 h 08. Le service funèbre, à l'abbaye de Westminster, a lui-même commencé à onze heures. Le prince Harry, qui pleurait abondamment, a eu un malaise et s'est effondré, d'un seul coup sans que personne puisse le retenir, exactement comme le Petit Prince avec le serpent dans le désert*.

Quand il est revenu à lui, il n'a trouvé un peu de réconfort qu'en entendant les paroles très émouvantes qu'avaient écrites Elton John et Bernie Taupin spécialement pour sa mummy, la princesse Diana, chantées par Elton John, paroles qui exprimaient parfaitement l'émotion ressentie à l'intérieur de Westminster Abbey, à l'extérieur, à Londres, dans toute l'Angleterre, dans le monde entier...

On peut voir et entendre ici (en vidéo sur le YouTube) la chanson Candle in the Wind,

* Par discrétion, la BBC (télévision britannique) n'a pas montré ces images.


P.-S. : Depuis quelques jours, je voyais venir la fin du mois et je ne voulais pas arriver au 31 sans avoir souligné, même modestement, la disparition de Diana ; je planifiais mes activités de façon à garder un peu de temps pour rédiger ce billet (les plus courts ne sont pas forcément les plus faciles à rédiger). Sur un petit secrétaire ancien, dans un coin du salon ou je travaille, avec quelques objets qui me viennent d'Alexander et des photos de lui, j'ai, dans un cadre blanc, cette photo en noir et blanc de Diana accompagnée de William et Harry ; or, ce dimanche matin, j'ai constaté que l'image s'était déplacée dans le cadre et qu'il faudrait ouvrir le cadre et recentrer la photo. Ce petit événement m'a semblé un rappel amical au sujet de ce billet à écrire.

dimanche 30 août 2009

86 400 fois par jour...


Une journée, ce n'est toujours que 86 400 occasions de dire « Je t'aime » à celui qui m'inspire cet amour et qui m'aura aimé plus que tout et mieux que personne.

L'an dernier à cette date, il avait travaillé toute la journée puis il était rentré brièvement à la maison pour m'écrire quelques lignes, pour promener un peu Alexander Bull, manger une banane avec un peu de thé, avant de repartir travailler toute la nuit à l'urgence car l'un des médecins était malade et que, la fin de semaine, l'urgence est toujours très occupée. Il était désolé de devoir repartir car il avait attendu avec tant de joie ce moment de me retrouver. Il savait que je comprendrais et que je ne lui en voudrais pas ; je lui avais dit tant de fois que je ne pourrais jamais lui en vouloir pour quoi que ce soit, surtout pas pour faire ce qu'il aimait : sauver des vies, soulager des souffrances... Il m'envoyait plein de baisers et de câlins et il m'invitait à lui écrire plein de mots d'amour qu'il trouverait en rentrant.

Il faisait très chaud à Londres et, déjà fatigué, il n'avait pas le courage de marcher jusqu'au métro ; il se sentait coupable de prendre un taxi pour retourner au travail. Il allait pourtant travailler encore jusqu'au lendemain matin ; avant de rentrer, il irait rendre visite à sa grand-mère, dans le même hôpital.

Le lendemain matin, vers huit heures et demie, il rentrait à la maison, allait chercher Alexander Bull chez Abigail, il m'écrivait encore quelques lignes pour me dire son amour et me dire que je ne devais pas trop l'admirer, qu'il ne faisait que son travail... Il avait préparé du thé et attendait une voiture qui le conduirait dans sa famille, à la campagne ; il dormirait à l'arrière de la voiture, durant le trajet. Alexander Bull l'accompagnerait. Il voulait rentrer le soir même mais, s'il était trop fatigué, il dormirait là-bas et rentrerait le lendemain. Je lui manquais déjà beaucoup. Toute la journée, comme toujours, je penserais à lui en me demandant à chaque instant ce qu'il était en train de faire, sachant que cette journée serait éprouvante à plus d'un titre. Près de trente-deux millions de secondes plus tard, je revis pleinement les émotions de cette longue journée...

vendredi 28 août 2009

La fête des chauves-souris


J'ai découvert sur Sédiments, le blogue d'Elizabeth, que cette fin de semaine, en Europe, ce sera la Nuit de la Chauve-souris. J'igonorais qu'il existait une telle fête et je suis ravi de l'apprendre. Je ne sais pas si Alexander connaissait l'existence de cette fête mais je suis certain qu'il serait heureux de la souligner.

Cliquez sur les liens qui suivent pour connaître le programme des activités dans le cadre de la Nuit de la Chauve-souris en
France, au Royaume-Uni et en Europe.

J'ai laissé ce qui suit en commentaire sur le blogue d'
Elizabeth, mais comme elle est absente depuis quelques jours, sans accepter les commentaires, je me permets d'en reprendre le texte ici.

Quand j'étais enfant et au début de mon adolescence, à la campagne, il m'était arrivé quelques fois d'apercevoir des chauves-souris. En général nous en avions peur : on disait qu'elles s'agrippaient aux cheveux et qu'on ne pourrait plus les enlever, qu'elles suçaient le sang, etc. Je me souviens de la panique un soir où l'une d'entre elles étaient entrée dans la cuisine.

Je n'avais plus vraiment entendu parler de chauves-souris jusqu'à l'an dernier. Pendant que je parlais à Alexander, à Londres, il m'a plusieurs fois demandé de l'attendre deux ou trois minutes car une chauve-souris venait de tomber dans la cheminée de son salon. Chaque fois, il s'empressait de la recueillir, de la nettoyer avant de la déposer sur son balcon d'où, après avoir retrouvé ses esprits, elle pourrait s'envoler... Deux ou trois fois, il avait été très malheureux en rentrant chez lui car une chauve souris était tombée dans la cendre alors qu'il était absent ; il était arrivé trop tard pour la sauver.

J'avais suggéré à Alexander de faire installer sur le bout de sa cheminée, sur le toit, un grillage qui empêcherait les chauves-souris de tomber à l'intérieur. Il trouvait que c'était une très bonne idée... Malheureusement, pour elles, pour lui, pour moi, Alexander n'a pas eu le temps de faire installer ce grillage... Alexander était donc aussi l'ami des chauves-souris et de tout ce qui vit.

mardi 25 août 2009

Anniversaires

Il me semble que c'était hier... Il y a pourtant un an, le 25 août 2008, je venais à peine de me réveiller, j'étais en train de préparer mon petit déjeuner, quand le téléphone a sonné : c'était un fleuriste qui voulait vérifier s'il y aurait quelqu'un pour recevoir les fleurs qui m'étaient destinées. Après avoir confirmé que j'y serais, j'ai raccroché, en me demandant qui donc pouvait bien m'envoyer des fleurs. À vrai dire, je m'en doutais un peu. Mais quand, dans les minutes qui ont suivi, j'ai vu arriver toutes ces magnifiques roses, j'ai tout de suite su qu'elles étaient de lui.

J'étais si heureux ! Et j'avais si hâte qu'il rentre à la maison, après une longue journée de travail à l'urgence et quelques heures passées au chevet de sa grand-mère qu'il avait fait admettre à son hôpital et qui allait y passer quelques semaines au cours desquelles Alexander serait là, chaque jour avant ou après son travail. J'avais hâte de le remercier et, comme je savais que sa journée aurait été difficile, j'avais hâte de pouvoir lui redire combien je l'aimais et d'essayer de lui faire oublier la fatigue, l'angoisse... Je ne sais pas si j'y parvenais toujours, mais je suis sûr que ces quelques heures de conversation que nous avions pratiquement chaque jour étaient pour lui, comme pour moi, des rendez-vous d'amoureux plus importants encore que l'alimentation et le sommeil. S'il prévoyait être en retard, ne serait-ce que de cinq minutes, il trouvait le moyen de me prévenir.

Cette journée d'anniversaire, l'an dernier, aura donc été faite de joie, de moments de tendresse partagée, mais je ne peux pas m'empêcher de penser aussi combien cette journée avait été difficile pour lui ; même s'il n'en parlait pas, je sentais la fatigue, l'inquiétude, l'angoisse. Je sais qu'il aurait voulu que nous puissions célébrer mon anniversaire dans d'autres conditions. Et moi je n'aurais voulu qu'une chose : pouvoir le serrer dans mes bras et lui faire oublier toute sa peine. Cette année, il n'y aura pas de fleurs, il n'y aura pas d'anniversaire, sinon l'anniversaire de cet anniversaire. Je penserai à tout l'amour que j'ai reçu, à tout l'amour que nous avons partagé, en essayant de ne pas trop penser à tout ce que nous n'avons pas eu le temps de vivre ensemble.

Quelques jours plus tôt, Alexander m'avait envoyé de Bordeaux
une carte postale, la première qui me livrait son écriture. Il avait mis tellement d'attention, tellement d'amour dans le choix de la carte, le choix du timbre... Je savais que rien n'était laissé au hasard : le violet de l'image reprenant la couleur que j'utilisais en lui écrivant, le timbre illustrant la fondation de Québec, son écriture au stylo-plume Montblanc... Je me réjouissais d'avance de ces quelques jours qu'il allait passer à Bordeaux, en pensant au château où il irait rencontrer le châtelain, voir la vigne et acheter du vin ; il m'avait dit vouloir, si c'était possible, assister à un ballet... Mais ce séjour avait été rendu difficile par l'inquiétude que lui avait apportée dès le premier matin un appel téléphonique venu d'Angleterre ; il avait vécu cette journée dans l'attente et l'anxiété. Le soir venu, même s'il ne voulait pas m'en parler, car Alexander essayait toujours de ne pas « embêter » les autres avec ses craintes, ses préoccupations, il m'avait écrit une longue lettre pleine d'amour que j'ai relue ces derniers jours et qui, malgré tout, laissait transparaître sa détresse. La journée avait été difficile, il était inquiet, il se sentait seul dans cette belle et grande ville (où il voulait retourner avec moi) et il aurait tellement voulu que je sois là pour le serrer dans mes bras. Quand il pensait à moi, disait-il, il sentait la force et le courage remonter en lui. Oui, j'aurais voulu être là ce soir-là, et tant d'autres soirs.

De Bordeaux aussi, il avait expédié un colis qu'il avait apporté de Londres et qui m'était destiné. Le colis contenait de nombreux petits objets, absolument charmants, chacun plein de sens et exprimant tout son amour, mais il contenait surtout
un adorable petit lapin à qui Alexander avait expliqué qu'il allait faire un long voyage, traverser l'Atlantique, et qu'il serait reçu par « un gentil monsieur » qui allait l'aimer toujours et lui donner tous les jours plein de câlins. Ce petit lapin a toute une histoire qui mériterait à elle seule un billet, que j'écrirai peut-être un jour. Il évoque notamment cet autre petit lapin. Quand vint le temps de lui trouver un nom, j'ai suggéré à Alexander une liste de prénoms qui, bien entendu, devaient être des prénoms anglais. Parmi eux, il y avait celui de « James » ; immédiatement, Alexander m'a dit que mon lapin ne pouvait pas s'appeler James car c'est ainsi qu'il appelle son aspirateur. Finalement, j'ai retenu le premier prénom auquel j'ai pensé, le plus beau de tous : Alexander. Mon merveilleux amoureux était content de ce choix. J'ai relu il y a deux jours plus de deux cents pages de correspondance (pour le mois d'août 2008 seulement, sans compter les heures de conversation quotidienne) ; dans l'un de ses messages, Alexander disait qu'il était heureux que j'aie donné son prénom à notre petit lapin car ainsi, disait-il, « je serai toujours près de toi, avec toi ». Ces mots prennent aujourd'hui un sens plus dramatique que celui que j'avais voulu comprendre il y a un an. De toute façon, Alexander dort avec moi toutes les nuits et il est avec moi à chaque instant.

lundi 24 août 2009

Une surprise de taille

La nature réserve parfois de ces surprises ! À Pompéi, on était assez familier avec les tremblements de terre mais quand, le 24 août 79, le Vésuve a fait éruption, on ne s'y attendait pas : la précédente éruption remontait à 3 500 ans avant J.-C. (la mémoire étant une faculté qui oublie, il ne faut reprocher à personne de ne pas s'être souvenu...).

J'ai déjà évoqué sur ce blogue l'éruption du Vésuve tel qu'a pu la décrire un témoin privilégié, Pline le Jeune. En réfléchissant aux conséquences de l'éruption du Vésuve, je constate qu'il y a là une analyse sociologique à faire ; peut-être a-t-elle déjà été faite, d'ailleurs ; sinon, j'y renonce : donc si quelqu'un veut s'y attaquer je lui cède mon observation.

Pompéi était une riche cité romaine qui avait été reconstruite après le tremblement de terre de 62. Le port d'Herculanum, qui se trouve à trouve à proximité, est habité, lui, par des classes plus populaires et, par conséquent, moins riches. Lors de l'éruption du Vésuve, Pompéi, la ville riche, a été enfouie sous six mètres de particules de roches volcaniques, alors qu'Herculanum a été ensevelie sous seize mètres de boue. Par conséquent, la nature semble participer parfois à la lutte des classes et choisir son camp.

Au XVIIIe siècle, la charrue d'un paysan a permis de découvrir les vestiges des deux cités romaines ensevelies sous les cendres du Vésuve et les archéologues se sont vite mis à l'ouvrage. Plus tard, les artistes et les décorateurs français du Directoire et de l'Empire se sont grandement inspirés des trésors découverts à Pompéi et à Herculanum.


Les fouilles à Pompéi ont permis de mettre à jour de superbes fresques qui montrent la richesse des villas romaines de la ville. Plusieurs de ces fresques sont assez éloignées de ce que voudrait la morale actuelle, à caractère plutôt érotique. La première illustration ci-dessus en est un exemple. Alors que certains voudraient y voir une scène dramatique, une femme pleurant sur les genoux d'une autre, par exemple, il ne s'agit pas de cela du tout : il suffit de savoir que la personne assise n'est pas une femme, mais un homme et que tout le monde est assez dénudé. De plus, les deux femmes debout n'ont pas une attitude de femmes éplorées.


On s'est peut-être demandé à quel moment, dans ce billet, je parlerais d'Alexander. Le temps est venu. J'aurais pu associer Alexander à tout ce que j'ai écrit ci-desus car, comme le poète latin Térence, il aurait pu dire : « Je suis homme et rien de ce qui est humain, je crois, ne m'est étranger » (je ne sais pas s'il aurait pu le dire en latin « Homo sum ; humani nil a me alienum puto », mais il l'aurait certainement dit en grec classique et en anglais). Toutefois, je pense à Alexander tout particulièrement en voyant certaines fresques de la Maison du Faune ; je sais qu'il aurait aimé aussi cette statue du Faune dansant, « petit chef-d'oeuvre de l'art statuaire antique », peut-on lire sur le site de Wikipédia.

L'image vient d'ici

Et puis, on retrouve Alexandre le Grand : « Il ne faut cependant pas oublier la mosaïque de la « Bataille d'Issos », conservée au musée archéologique de Naples[q 3], exceptionnelle par ses dimensions (elle mesure en effet 3,5 m. sur 6 m.) mais aussi par sa puissance expressive : on y voit une foule de soldats, de lances et de chevaux saisis au moment où Alexandre, désormais vainqueur et fier de ses troupes, s'apprête à infliger le coup de grâce à l'ennemi en fuite. Cette mosaïque constituait le pavage du tablinum », lit-on encore sur Wikipédia.

L'image vient d'ici

mercredi 19 août 2009

Fatigué !

Une courte pause
et je reviens.

lundi 17 août 2009

Un peu d'ombre sur le Soleil

La photo vient d'ici et la visite de ce site
vaut la peine : les photos sont magnifiques

Le 17 août 1661, Nicolas Fouquet, surintendant des finances de Louis XIV, mégalomane qui a peut-être inspiré un autre Nicolas contemporain, organisa à son château de Vaux-le-Vicomte une fête somptueuse qui fit de l'ombre à son patron, le Roi Soleil. Pour avoir fait de l'ombre au Soleil en voulant se mettre en lumière, Fouquet passa le reste de sa vie à l'ombre. Tant de splendeur, tant de richesses semblaient suspectes chez un ministre de Louis XIV qui lui-même n'en possédait pas autant. Le ministre fut accusé de détournement de fonds pubics et de lèse-majesté.

Certains l'aiment chaud

Certainement pas moi !


Température ressentie à Montréal : 41 degrés Celsius

La photo vient d'ici

dimanche 16 août 2009

La vie continue, vraiment ?

Ivan Kramskoy, Chagrin inconsolable, 1884.

Lorsque j'étais encore enfant, déjà, des personnes très proches sont disparues, un frère et une soeur, notamment. Ces dernières années encore, quelques amis sont décédés, ainsi que d'autres membres de ma famille, dont mes parents. Et pourtant, jamais je n'ai été anéanti comme je le suis maintenant par le départ d'Alexander.

Ce que je savais, c'est que le degré d'attachement à la personne qui disparaît détermine en grande partie la profondeur, l'intensité et la durée du bouleversement et de la douleur. J'en conclus que je n'aurai jamais vécu auparavant avec autant d'intensité ce qui me lie à Alexander.

Au chagrin s'ajoute maintenant l'anxiété. Je ne sais pas où j'en suis dans le processus du deuil, selon les cinq étapes (choc ou déni, colère, marchandage, dépression, acceptation) identifiées par Elisabeth Kübler-Ross, mais ce que je sais, c'est que, par moments, c'est invivable !

Si l'on veut vivre seul ce long processus, ce cheminement pénible qui consiste à essayer de survivre à un tel déchirement, le mois d'août favorise grandement cette solitude en limitant les tentations de se laisser distraire puisque tout le monde est absent (ou écrasé par la canicule). Le désert a plusieurs dimensions.

Je demande pardon à mes quelques lecteurs, fidèles et autres, de revenir constamment avec ce sujet ; c'est ma réalité actuelle.

samedi 15 août 2009

La fournaise

La photo vient d'ici

Alexander, pas plus que moi, n'aimait l'été. Lui comme moi avons surtout en horreur le mois d'août. C'est pourtant le mois de mon anniversaire. Mais le mois d'août en ville, c'est insupportable. Les températures sont élevées, l'air est humide et lourd, et, comble de malheur, la pression atmosphérique est souvent à la baisse. Tout ce que je trouve détestable !

Avant d'écrire ce billet, je n'avais pas consulté les nouvelles ni les prévisions de la météo. Or, je constate que l'épisode de temps chaud se prolongera durant quelques jours encore. L'avertissement de smog prolongé incite à la prudence les personnes atteintes de problèmes respiratoires ou cardiaques. À Montréal, samedi après-midi, l'indice de qualité de l'air est « mauvais » ; il n'y a rien d'étonnant car les vents du Sud-Ouest emmènent vers Montréal et le sud du Québec tous les polluants provenant des États-Unis et du bassin des Grands Lacs. Demain, le degré de pollution sera plus élevé encore. La bonne nouvelle (pour ceux qui auront survécu à cet enfer) : le temps pourrait être plus frais dans... quatre ou cinq jours !

Aujourd'hui, la température ressentie est près de 40 degrés Celsius. Et pourtant chaque année, il y a des millions de personnes qui rêvent de ces grandes chaleurs, dont elles souffrent quand elles sont là ! Décidément, les grandes personnes sont bizarres !

mercredi 12 août 2009

Mon esprit me joue des tours

Toute la journée d'hier, je savais que nous étions mardi, mais toute la journée, j'ai cru que nous étions le 10 août (même si je savais que lundi c'était aussi le 10 août). Je crois que mon esprit refusait de voir hier que nous étions le 11 août pour ne pas avoir à penser qu'il y avait un mois, hier, qu'Alexander faisait sa dernière sortie sur Terre...

lundi 10 août 2009

Toujours... jamais...


Pourquoi donc ai-je si mal encore ce soir ?
Quelle est cette peur qui me hante depuis hier ?
D'où vient cette angoisse qui s'installe ?

Il n'y a pourtant plus rien à craindre pour lui.
Quant à moi, il ne peut rien m'arriver de pire.

À bien y penser, il est possible que tout cela soit lié à ces deux mots que se promettent les amoureux : « toujours » et « jamais » ; toujours t'aimer, ne jamais t'oublier.

Toujours l'aimer, oui, je le veux et j'y crois ! Mais j'ai terriblement peur de ce tout ce à quoi il faudra dire « jamais ! » ou « jamais plus ! ».

vendredi 7 août 2009

Il y a un mois...

J'aurais aimé commencer cette histoire à la façon des contes de fées. J'aurais aimé dire :
« Il était une fois un petit prince qui habitait une planète à peine plus grande que lui, et qui avait besoin d'un ami... » Pour ceux qui comprennent la vie, ça aurait eu l'air beaucoup plus vrai.
... J'éprouve tant de chagrin à raconter ces souvenirs. Il y a... un mois...



Il y a un mois qu'Alexander est reparti. C'est comme si c'était hier et c'est comme si cela faisait une éternité. Son absence n'est pas plus facile à vivre aujourd'hui qu'elle l'était hier.


Hier et avant-hier, la pleine lune était magnifique, comme si elle s'était faite belle pour dire à Alexander qu'il est le bienvenu dans le ciel, lui qui depuis un mois s'est installé dans le voisinage de celle qu'il a toujours considérée comme notre amie. J'aurais voulu prendre des photos car le spectacle était impressionnant ; mais mon appareil photo est bloqué depuis mercredi et je n'arrive pas à l'ouvrir. Vous pouvez voir une belle photo chez RPL.

jeudi 6 août 2009

Rallumer les étoiles


« Il est grand temps
de rallumer les étoiles »
Guillaume Apollinaire

mercredi 5 août 2009

La solitude en soi...

Faire sienne cette attitude de M. Godeau ?

« Réaliser la solitude en soi. Être seul partout et avec tout le monde. Ne plus prendre garde à la maison, au cadre, à la table, au siège, être partout nulle part dans l'infini. Ne plus prendre garde à la minute, ni à l'heure, ni au jour, ni à l'année, ni au siècle. Se retirer du temps dans l'éternité, comme dans sa propre demeure. Couper les ponts, établir des barrages, brûler les vaisseaux. Ni amis ni ennemis. Rien. »
Marcel Jouhandeau, Monsieur Godeau marié

lundi 3 août 2009

D'un lac à l'autre

L'image vient d'ici>

Tout me rappelle Alexander. Et c'est normal, car Alexander a été associé à tout ce que je pense, tout ce que je fais depuis près de seize mois. Et avant même que, grâce à ce blogue, Alexander ait pu constater que nous avions en commun tant d'intérêts, tant de lectures faites chacun de notre côté, tant d'écrivains fétiches, nous avions déjà été émus par les mêmes images, les mêmes musiques, les mêmes films... Avant même que j'apprenne l'existence d'Alexander, nous avions pleuré ensemble à certains moments... J'ai vite compris que, sans le savoir, j'avais eu à un moment donné énormément de peine pour Alexander (que je ne connaissais pas encore, mais je me disais qu'il devait exister et, sans pouvoir imaginer exactement à quoi il pouvait ressembler, je m'étais fait tout de même une idée assez ressemblante), sans oser croire qu'un jour j'aurais l'occasion de lui exprimer ma douleur qui n'était, en comparaison avec la sienne, qu'une goutte dans l'océan. Je ne savais pas encore qu'à la suite de cette tragédie, Alexander adolescent avait senti le besoin de partir quelques semaines, sans en avertir sa famille ou ce qui lui en restait (il avait dit aller étudier chez un copain), pour aller seul faire du camping sauvage, en plein mois de novembre, sur les bords du Loch Ness. Sachant cela, il n'est donc pas étonnant qu'Alexander ait pu parler avec familiarité de Nessie, le gentil monstre du lac écossais.

L'image vient d'ici>

Une visite au Loch Ness, ainsi que la tournée des châteaux hantés d'Écosse, faisait évidemment partie des très nombreux projets que nous faisions, projets désormais orphelins. Si je fais un jour cette tournée, ce que j'espère bien, il me manquera les commentaires si fins, si pertinents, de celui dont la sensibilité, la clairvoyance et la culture m'impressionnent toujours.

L'image vient d'ici>

Hier, allant faire ma promenade au mont Royal, je pensais aux dernières volontés d'Alexander au sujet de son écorce terrestre. Si quelques-unes de ses volontés ont jusqu'ici été respectées, il en reste une à exécuter, très importante : celle de répandre ses cendres près du « Round Pond », dans les Jardins de Kensington. Charles, le grand frère d'Alexander (pas si grand que ça : il n'a pas encore trente ans) ne semble pas encore prêt à se séparer des cendres du petit frère adoré ; quand il le sera, il devra aussi être très fort pour résister au clan familial qui insiste pour que les cendres soient déposées dans le caveau familial. Je considère que les dernières volontés sont sacrées et que les héritiers, en particulier l'exécuteur testamentaire, doivent les exécuter. Nous serons quelques-uns à appuyer Charles contre la volonté tyrannique du clan... Il me plaît davantage de penser qu'Alexander appréciera éternellement le grand air, la beauté et la vie des Jardins de Kensington plutôt que d'être éternellement enfermé dans un sombre caveau. Je pourrai un jour aller m'entretenir avec lui près de l'étang rond, ce que je ne pourrais sans doute jamais faire au caveau familial... Je pensais à cela, en remontant l'avenue du Parc et, en me souvenant du regret d'Alexander que les cendres d'Alexandre le Grand et celles de son fidèle Héphaistion n'aient pas été réunies comme le furent celles d'un autre couple célèbre, Achille et Patrocle, je me disais que je devrais dès maintenant, même si j'espère vivre encore un peu, assez pour réaliser quelques projets pour Alexander, rédiger un testament officiel, notarié, spécifiant que je voudrais que mes cendres soient aussi répandues dans les jardins de Kensington...


Je pensais à tout cela lorsque j'ai vu venir vers moi une voiture comme celle-ci : un authentique taxi londonien. Alexander adorait ces taxis, les vrais classiques anciens et, bien entendu, noirs, et non pas multicolores ou transformés en panneaux publicitaires. Le plus possible, Alexander se déplaçait dans Londres à pied ou en métro (il aimait vraiment son Tube) ; mais lorsqu'il devait prendre lui-même une voiture, il prenait toujours un bon vieux taxi noir, confortable, avec de la place pour son fidèle ami... En voyant cette voiture se diriger vers moi, je me suis dit qu'il s'agissait encore d'un signe que me faisait Alexander. J'aurais tellement aimé que la voiture s'arrête à ma hauteur et qu'Alexander me fasse signe d'y monter...


Photo : Alexander

Je lisais ce matin quelques pages du journal en ligne d'une lectrice de ce blogue. Elle y parlait de son chat, vieux compagnon de quinze ans, qu'elle avait dû amener chez le vétérinaire et qu'elle en était revenue avec son panier vide... Je n'ai pu m'empêcher de penser douloureusement à Harry, l'adorable félin qui durant treize ans a tenu compagnie à Alexander. Le pauvre Harry souffrait d'un cancer et, le trois janvier dernier, alors qu'Alexander, Harry et Alexander se trouvaient à la campagne, chez la grand-mère où ils avaient passé la période des fêtes de Noël et du Nouvel an, Alexander avait dû lui-même (il avait promis à Harry qu'il serait là le temps venu et il a tenu sa promesse) lui administrer trois injections avant de s'effondrer lui-même de douleur et de chagrin. Il y a exactement sept mois aujourd'hui que Harry repose au jardin où l'avait recueilli la grand-mère d'Alexander. Celui-ci était si fier de m'envoyer, l'été dernier cette photo qu'il a prise dans les rues de Londres, car il y voyait un hommage à « son » Harry, de son vrai nom Harry Potter mais, comme pour les membres de la famille royale, le prénom suffisait ; on ajoutait Potter s'il fallait préciser.



Le 3 août 1954, disparaissait Colette, écrivain français, qu'Alexander aimait beaucoup, sans doute sous l'influence de sa grand-mère qui lui ressemble pas seulement par l'apparence physique, disait Alexander. Il m'en parlait avec tant d'amour, de vénération, que je ne peux penser à Alexander sans penser à sa grand-mère, que j'aime comme si elle était la mienne. Cet amour entre Alexander et sa grand-mère était bien partagé ; en apprenant le départ d'Alexander, sa grand-mère a dû être hospitalisée. Elle ne s'en remet pas, considérant que ce n'était pas le tour d'Alexander, et elle n'a qu'une idée en tête, celle d'aller le rejoindre.


dimanche 2 août 2009

La prière des roses

« Je vous salue, ô roses, étoiles solennelles.
Roses, roses joyaux vivants de l'infini,
bouches, seins,vagues âmes parfumées, larmes, baisers,
grains et pollen de lune, ô doux lotus sur les étangs de l'âme,
je vous salue, étoiles solennelles. »
La prière des roses, Federico Garcia Lorca

Tous les jours, depuis juin 2008, j'ai envoyé à Alexander au moins une rose (virtuelle) chaque jour. Même quand il était à l'hôpital, Alexander recevait ses roses car Jane lui imprimait tous mes messages, qu'il lisait et relisait, dormant avec eux, ainsi que les images qui accompagnaient les mots. Après son départ, ces fleurs recouvraient son lit, ce lit qui a abrité tant de rêves, tant de poésie, tant de lectures, tant de projets, tant de larmes, mais aussi tant d'amour (au singulier).
C'est peut-être le Petit Prince en lui qui aimait tant la rose, la reine des fleurs.

« Dans le langage des jardiniers, les plantes crèvent,
mais les roses meurent. »
Julien Green

samedi 1 août 2009

La vie continue...

Ces dernières semaines, on m'a souvent dit ou écrit que, malgré la douleur et le chagrin, la vie continue... Je sais bien que ce sont là des paroles très sages, que l'on ne saurait contester. Je le sais bien que la vie continue mais ces mots me blessent car ils semblent vouloir faire taire ma douleur en m'invitant à « passer à autre chose ». Et si ce n'est pas un scandale de voir la vie continuer son cours comme s'il ne s'était rien passé, c'est tout au moins un constat cruel. Comment la vie peut-elle continuer quand celui que l'on aime le plus au monde n'est plus là pour la partager avec nous, pour lui donner un sens ?

L'absence se compte en semaines, bientôt en mois, et pourtant je ne m'y fais toujours pas. J'ai l'impression que notre dernière conversation était hier et que je recevrai au cours des prochaines heures un nouveau message disant : « Hi, Honey ! I am back ! Je viens te dire combien je t'aime. Je vais faire une petite sieste et je viendrai te parler un peu plus tard... Plein de doux baisers et de tendres câlins. N'oublie jamais que je t'aime. Ton Alexander. »

Et pourtant, la vie continue, avec ou sans notre accord. Ma soeur aînée, ma marraine, célèbre aujourd'hui un anniversaire de mariage très important (mon beau-frère aussi, il va sans dire). La grande famille, les amis lointains comme les plus proches se réunissent dans une auberge de campagne où on leur servira des plats qu'ils ne pourraient manger ailleurs. Comme il fallait confirmer notre présence il y a quelques mois déjà, j'avais dit que j'y serais ; mais le coeur n'y est pas. Même si j'y étais, physiquement, je sais que je n'y serais pas vraiment... J'ai donc appelé ma soeur pour la prévenir que je n'y serais pas et lui offrir mes félicitations et mes voeux de bonheur. Elle a bien compris. Je m'organiserai pour aller leur rendre visite au cours des prochaines semaines.

De son côté, malgré son épuisement et sa terrible douleur devant la perte de celui qu'elle considère comme son fils, Jane a assisté au mariage de sa fille, il y a quelques jours, et elle a reçu toute la semaine la famille et les amis dont certains sont venus de loin. Les célébrations se poursuivent quelques jours encore. Le jour du mariage, la mariée a demandé aux invités d'associer Alexander à cette journée. Je sais qu'il n'aurait surtout pas voulu que ce jour heureux soit assombri par son départ ; il ne voulait surtout pas que l'on ait du chagrin, ni à cause de lui, ni à cause de quoi que ce soit. La semaine prochaine, Jane aura un peu de répit ; je lui souhaite, comme elle en a évoqué le projet, de partir en voiture avec Alexander le bouledogue, de rouler loin dans la campagne anglaise et, à la fin de la journée, de s'arrêter dans une charmante auberge, d'y prendre un délicieux repas, arrosé de bon vin, et d'y passer la nuit. J'aimerais faire la même chose, mais il me manque le meilleur ami d'Alexander.

J'ai reçu ce matin un courriel d'une autre lectrice fidèle et discrète qui me dit avoir trouvé hier, dans la vitrine d'un magasin de sa petite ville française, une superbe figurine en résine de Freddy Mer.cury, et qu'elle pensait l'offrir pour son anniversaire à son frère dont Freddy est l'idole depuis longtemps. En commentaire au billet précédent, Béo mentionne avoir regardé ces jours-ci un spectacle de Feddy Mer.cury, spectacle enregistré en 1982, année de naissance d'Alexander.

Je viens de recevoir l'appel d'un ami qui m'invitait à aller les rejoindre, un autre ami et lui, pour aller prendre un verre sur une terrasse. Il est trop tôt pour moi ; je verrai plus tard, vers la fin de l'après-midi, si j'ai envie d'aller « dans le monde ».

D'autre part, un ami parisien devrait arriver à Montréal aujourd'hui. Erwan, n'hésite pas à m'appeler.

Bonne Fête nationale à tous les Suisses !

La photo vient d'ici

Oui, la vie continue, malgré moi, magré tout. C'est ce que voudrait, c'est ce que veut Alexander.