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lundi 7 mars 2011

Au souffle de la nuit...

Le cher ange dormait les lèvres demi-closes. -
(Les lèvres des enfants s'ouvrent, comme les roses,
Au souffle de la nuit.) -

Musset, La Coupe et les lèvres, acte III


L'image vient d'ici

Je sais, Alexander, que tu as lu, quand tu étais adolescent, ces vers d'Alfred de Musset. Je suis certain que ces mots sont restés bien ancrés dans ta mémoire, bien présents dans ton coeur... Et ceux qui ont eu le privilège de te côtoyer savent que l'enfant en toi n'était jamais très loin.

J'ai toujours l'impression que le 7 juillet 2009, c'était hier. Le rêve que j'ai fait avant-hier, empreint d'amour et de sérénité, me permet de croire que tu es maintenant en paix, avec ceux qui t'ont précédé dans les étoiles.

mardi 24 juin 2008

Clair de lune

La lune a toujours attiré les rêveurs, inspiré les créateurs de toutes disciplines, fasciné les amoureux... Je ne sais trop si j'appartiens à l'une ou l'autre de ces catégories de personnes, mais je peux affirmer que, tout en étant plutôt du type solaire, la lune exerce sur moi un attrait certain.

À quelques reprises durant l'année, les jours de pleine lune, il m'arrive d'avoir le sommeil plus agité ou des comportements qui me semblent légèrement inhabituels. La plupart du temps, je ne sais même pas que c'est la pleine lune et ce n'est que le lendemain ou deux jours plus tard que je me rends compte que l'astre de la nuit a peut-être exercé sur moi une certaine influence.

Toutefois, ce qui m'intrigue le plus, c'est la lumière de la lune, le fait de voir ce disque lumineux changer de forme, de bouger dans le ciel au fil des heures, des jours, des saisons. J'ai toujours aimé, par exemple, ce qu'en disait Chateaubriand dans ses Mémoires d'outre-tombe que, durant une longue période de ma vie, je relisais chaque année à l'automne.

« Mais ce qu'il faut admirer en Bretagne, c'est la lune se levant sur la terre et se couchant sur la mer. Établie par Dieu gouvernante de l'abîme, la lune a ses nuages, ses vapeurs, ses rayons, ses ombres portées comme le soleil ; mais comme lui, elle ne se retire pas solitaire ; un cortège d'étoiles l'accompagne. À mesure que sur mon rivage natal elle descend au bout du ciel, elle accroît son silence qu'elle communique à la mer ; bientôt elle tombe à l'horizon, l'intersecte, ne montre plus que la moitié de son front qui s'assoupit, s'incline et disparaît dans la molle intumescence des vagues. Les astres voisins de leur reine, avant de plonger à sa suite, semblent s'arrêter, suspendus à la cime des flots. La lune n'est pas plus tôt couchée, qu'un souffle venant du large brise l'image des constellations, comme on éteint les flambeaux après une solennité. »
Chateaubriand, Mémoires d'outre-tombe (Livre 1, Chapitre 6)

C'est aussi à l'automne que la lune exerce sur moi un plus grand attrait. Est-ce à cause de la fraîcheur des nuits ou plutôt en raison de sa position dans le ciel, je ne saurais le dire. C'est peut-être aussi qu'à la fin de l'été, je sors d'une espèce de léthargie dans laquelle m'ont plongé les grandes chaleurs. C'est à l'automne que pour moi tout renaît, peut-être pas la végétation, mais ce qui relève de l'Homme. Certaines nuits d'automne, j'ai du mal à cesser de contempler la lune dans le bleu pur et froid du ciel.

Parmi les réflexions que je me fais, il y a celle-ci : je me plais à imaginer que quelqu'un que je connais, de préférence quelqu'un que j'aime, quelque part sur terre regarde la lune au même moment. Que cette personne se trouve dans la même ville ou le même pays que moi ne fait pas trop de différence. Ce que je trouve merveilleux, cependant, c'est de m'imaginer qu'une personne que j'aime, de l'autre côté de l'Atlantique, regarde aussi la même lune au moment précis où je la regarde moi-même. Il me plaît aussi de croire que la lune joue un peu le rôle d'un satellite qui retransmet des messages ; il me suffit par exemple que je dise « Je t'aime » en pensant à quelqu'un pour qu'aussitôt cette personne reçoive mon message. Grâce à la communication instantanée par Internet, j'ai pu vérifier que nous pouvions simultanément voir la même lune d'un côté et de l'autre de l'Atlantique ; je reconnais toutefois que la transmission des messages puisse relever davantage de la communication des esprits que des lois de l'astronomie.

Il y a quelques jours, je cherchais la lune dans le ciel et je ne la trouvais pas. Quelques minutes plus tard, en éteignant la lumière une fois couché, la lune m'est apparue en plein milieu de la fenêtre au pied du lit. Je me suis simplement levé, j'ai saisi mon appareil photo et je l'ai photographiée. L'image n'est pas très nette, mais le souvenir que j'en garde est très clair.



Ajout du 25 juin : Alexander a évoqué en commentaire un poème d'Alfred de Musset appris à l'école ; on peut en trouver ici le texte complet et, mieux encore, un extrait interprété par le magnifique Jean Piat : « Ballade à la lune »

lundi 17 septembre 2007

En l'absence de...

Pendant que j'étais sorti manger, ce dimanche soir, faisant une pause dans ce travail qui m'épuise, un garçon pour qui j'ai une affection immense, affection que je ne veux pas tenter de nommer ici, maintenant, m'écrivait un long message, comme une déclaration d'amitié ou d'amour (entre nous, la distinction n'est pas facile à faire). Son message est un long poème, non pas à cause de quelque effort de mise en forme, mais simplement parce c'est l'émotion qui s'exprime, débarrassée de la gangue des conventions. Je ne suis pas surpris de ce qu'il y dit ; très touché, très heureux, de lire sous des mots ce que j'ai toujours senti entre les lignes et ce que nous nous sommes dit assez souvent aussi. Il y a entre nous beaucoup de pudeur, mais pas de fausse réserve.

C'est trop beau : je ne m'attendais pas à recevoir ce soir ce poème inspiré, cette déclaration que j'accepte entièrement, en faisant abstraction des compliments à mon endroit... Ces mots d'Éluard qu'il reprend, je ne sais plus où je les avais trouvés (si quelqu'un est familier avec l'oeuvre d'Éluard...), ils s'appliquent d'abord à lui : « le poète n'est pas celui qui écrit mais celui qui inspire ».

J'aime beaucoup aussi ces autres mots d'Éluard : « Je ne sais plus, tellement je t'aime, lequel de nous deux est absent. »

Je voudrais répondre à ce message ; je ne pourrai pas le faire avant vingt-quatre heures au moins. Je veux néanmoins dire à cet ami, au cas où il repasserait par ici au cours des prochaines heures, que, encore balotté par les événements qui se bousculent, j'aurai du mal à retrouver rapidement le fil de ma vie intérieure afin d'apporter à son message la réponse que je voudrais lui apporter. Autrement dit, je conserve encore durant quelques heures mon coeur entre parenthèses.

En lisant sa crainte d'être maladroit, de n'avoir pas les mots voulus pour s'exprimer, je me sens plus maladroit encore car si ses mots sont déficients que devra-t-il penser des miens ?

Mais en me faisant cette réflexion, j'ai repensé à une phrase de Flaubert lue il y a très longtemps et qui me réconforte en me rappelant que je ne suis pas seul à éprouver ce malaise devant la pauvreté des mots quand nous voulons exprimer des émotions, des sentiments :

« ... comme si la plénitude de l'âme ne débordait pas quelquefois par les métaphores les plus vides, puisque personne, jamais, ne peut donner l'exacte mesure de ses besoins, ni de ses conceptions, ni de ses douleurs, et que la parole humaine est comme un chaudron fêlé où nous battons des mélodies à faire danser les ours, quand on voudrait attendrir les étoiles. »