vendredi 31 décembre 2010

London New Year Fireworks

Bonne année !



London Fireworks on New Year's Day 2011

Alexander aurait beaucoup aimé être là, d'autant plus qu'on entend un extrait de chanson du groupe Queen, avec son ami Freddie Mercury.




Londres - Nouvel an 2010




London Fireworks on New Year's Day 2009

Celui-ci, il aurait été possible que j'y sois avec Alexander. Mais j'étais à Montréal et Alexander, comme je lui avais suggéré de le faire, était resté chez sa grand-mère, à la campagne. Nous étions tout de même en communication.

La vieille se meurt...

... et ce n'est pas moi qui vais la regretter.


Fin d'année

Sous des cieux faits de filasse et de suie,
D'où choit morne et longue la pluie,
Voici pourrir
Au vent tenace et monotone,
Les ors d'automne ;
Voici les ors et les pourpres mourir.

O vous qui frémissiez, doucement volontaires,
Là-haut, contre le ciel, tout au long du chemin,
Tristes feuilles comme des mains,
Vous gisez, noires, sur la terre.

L'heure s'épuise à composer les jours ;
L'autan comme un rôdeur, par les plaines circule ;
La vie ample et sacrée, avec des regrets sourds,
Sous un vague tombeau d'ombre et de crépuscule,
Jusques au fond du sol se tasse et se recule.

Dites, l'entendez-vous venir au son des glas,
Venir du fond des infinis là-bas,
La vieille et morne destinée ?
Celle qui jette immensément au tas
Des siècles vieux, des siècles las,
Comme un sac de bois mort, l'année.

Émile Verhaeren, poème tiré du recueil Toute la Flandre.





Une autre année se termine. À la fin de ce chapitre, avant de tourner la page, il conviendrait que je m'attarde un peu sur ce que m'a apporté l'année 2010. Le bilan serait toutefois si négatif que je n’ai pas très envie de m’y arrêter.

Je ne parlerai pas de ma vie professionnelle, ni de ma situation économique ; quelle que soit la situation, on n’en meurt pas.

Je suis plus inquiet au sujet de ma santé mais j’attends d’aller un peu mieux avant d’aller voir mon médecin. J’ai reporté à la fin de janvier 2011 un rendez-vous qui avait été fixé au 29 décembre dernier.

Si l’année 2009 avait été très éprouvante, avec le départ du plus extraordinaire garçon que j’aie pu rencontrer, la disparition d’autres amis, dont certains sont sans doute montés rejoindre le Petit Prince et d’autres sont simplement partis sans laisser d’adresse ou se sont fondus dans le silence. 2010 n’a pas été tellement différente.

Une amie très chère a vu récemment sa maison ancestrale incendiée. Non seulement les pertes matérielles sont inestimables, les précieux souvenirs détruits, irremplaçables, mais le feu et l’eau ont fait disparaître, en plein hiver, peu de temps avant Noël, le lieu où l’on refait ses forces physiques, émotionnelles, morales. Cette nouvelle tragédie est venue anéantir une importante partie de sa vie. Elle a ainsi perdu ses repères, une partie de son identité, une partie de son âme. Je ne saurais dire exactement quoi (il sera bien assez tôt pour le savoir), mais une partie de moi a aussi été emportée dans ces flammes.

Un point positif : des amis précieux sont restés bien présents, attentifs et affectueux. D’autres se sont ajoutés, qui devraient prendre davantage de place dans ma vie en 2011.

Je ne ferai pas ici une liste de résolutions ; je rédigerai sur papier ma courte liste personnelle. La principale, qui englobe toutes les autres, ce sera de vivre davantage encore en conformité avec les valeurs partagées avec Alexander, dans le respect de tout ce qui vit et dans la tendresse pour les êtres et pour les choses.

Je souhaite à tous une joyeuse Saint-Sylvestre, un bon passage de la vieille à la nouvelle année, entourés si possible d’êtres aimés.

J’espère que 2011 vous apportera la santé, la joie de vivre et de partager, la curiosité et la créativité, la capacité d’apprécier ce qui existe et la réalisation de vos rêves les plus chers, et que la tendresse touche ce qui vient vers vous, tout ce qui vous entoure, y compris bien entendu les animaux, quels qu’ils soient.

vendredi 24 décembre 2010

Esprit de Noël

Photo : Alcib

Chaque année, c'est la même chose : je m'aperçois au matin du 24 décembre, que nous sommes à la veille de Noël et que je n'ai pratiquement rien accompli de ce que je me promettais de faire avant d'aller réveillonner en famille. Mon psychanalyste, si j'en avais un, donnerait sûrement une excellente explication à cela...
Je n'ai pourtant pas été inactif : à l'exception des moments de grande fatigue où je me suis contenté de lire ou de regarder quelques films et séries d'émissions britanniques, il me semble avoir été assez occupé ces dernières semaines. Il faut croire que, sur ma liste d'activités, peu d'entre elles concernaient la préparation de Noël. Cela pourrait s'expliquer, je crois, par le fait que je pense davantage aux célébrations de Noël auxquelles je voudrais participer qu'à celles que je connaîtrai vraiment...

Des amis très chers sont encore terriblement éprouvés et pour eux cette fête ne ressemblera en rien aux célébrations qu'ils ont connues dans le passé. « Ne pensez pas à nous, soyez heureux », m'écrivait quelqu'un il y a quelques jours. Je reste sans nouvelles d'autres personnes que j'aime beaucoup. Je penserai aux uns et aux autres en souhaitant à chacun un peu de calme, de réconfort et beaucoup d'amour. Je me réjouirai avec ceux qui sont joyeux et je serai de tout mon cœur avec ceux pour qui ces moments de réjouissances sont plus difficiles et plus douloureux.

J'ai reçu de certains lecteurs et lectrices fidèles de très beaux et très émouvants messages personnels auxquels je répondrai ; en attendant ma réponse personnelle, qu'ils en soient publiquement remerciés. Un ami lointain vient de m'appeler. Je me prépare à aller rejoindre certains membres de ma famille... Peu à peu, j'entre dans l'esprit de Noël.

Ce matin, au moment où j'allais ouvrir les stores du salon, j'ai entendu un bruit à la fenêtre, comme si quelqu'un voulait entrer (j'habite un appartement au sixième étage). Puisque le store de ce côté était à moitié fermé, il m'a fallu un petit moment avant d'apercevoir, perchés sur le bord de la fenêtre, deux oiseaux que je ne connais pas et que je n'ai jamais vus d'aussi près (ce n'étaient ni des mouettes, ni des pigeons, ni des mésanges ou des moineaux). Je suis resté plusieurs minutes à les observer faire leur toilette et se chauffer au soleil. Je veux croire qu'ils étaient porteurs d'un message de paix et de tendresse.

Je souhaite à tous, à chacun de vous, de très joyeuses fêtes, sous le signe de la sérénité, de la joie, de l'amour et du partage. Que la tendresse accompagne chacune de vos pensées, chacune de vos paroles, chacun de vos gestes.


Alexander avait depuis longtemps fait sienne cette règle de vie qui peut englober toutes les dimensions de la vie terrestre ; il en était lui-même une excellente illustration : « Bonne pensée. Bonne parole. Bonne action. »

lundi 20 décembre 2010

Jacqueline de Romilly - 1913-2010

Les amis de la Grèce antique, des lettres classiques, sont en deuil. Je reproduis ici un article de l'Agence France-Presse.


1913-2010 - L'éminente helléniste Jacqueline de Romilly
rejoint ses « chers Grecs »


Photo : Agence France-Presse Bertrand Guay
Jacqueline de Romilly, photographiée en 2008 à l’occasion de l’hommage
qui lui était rendu par le gouvernement grec pour
sa «contribution exceptionnelle» à la littérature grecque


Associated Press 20 décembre 2010 Actualités culturelles

Paris — Elle a rejoint ses «chers Grecs», Thucydide, Hérodote, Eschyle, Euripide ou Sophocle. Première femme professeure au Collège de France, l'académicienne Jacqueline de Romilly avait lié sa vie à la Grèce antique, partageant ses émerveillements pour les trésors de sa littérature et la naissance d'idées majeures.

L'immense helléniste s'est éteinte samedi à l'hôpital Ambroise-Paré, à Boulogne-Billancourt, selon son éditeur, Bernard de Fallois. Elle avait 97 ans.

Toute sa vie, la philologue avait mené un combat en faveur de l'apprentissage des langues anciennes et de la connaissance des mots pour faire barrage à la violence de la société. À ses yeux, l'enseignement des humanités donnait la possibilité de «retrouver l'élan intérieur, la simplicité première et l'éveil».

Sa carrière est jalonnée de nombreux ouvrages sur les auteurs de l'époque classique (comme Thucydide et les tragiques) ou sur l'histoire des idées et leur analyse dans la pensée grecque, particulièrement la loi et la démocratie, la douceur, la psychologie.

En 1995, elle avait reçu la nationalité grecque, avant d'être nommée six ans plus tard ambassadrice de l'hellénisme. «J'ai beaucoup plus rencontré Périclès et Eschyle que mes contemporains, confiait-elle au magazine Lire à 91 ans. Ils peuplent ma vie, de mon réveil à mon coucher.»

Sa carrière

Née à Chartres le 26 mars 1913, la fille de Jeanne Malvoisin, auteure de romans et de contes, et de Maxime David, professeur de philosophie tué pendant la Première Guerre mondiale, se passionne très vite pour les lettres classiques. Alors au lycée Molière, elle obtient des prix de grec et de latin au concours général en 1930, première année où les filles peuvent concourir. «Rien par la suite ne m'a jamais rendue aussi heureuse», dira-t-elle plus tard.

Ses études la conduiront à Louis-le-Grand, à l'École normale supérieure de la rue d'Ulm et à la Sorbonne. Et c'est un «hasard» — une lecture d'été — qui l'a-mènera à travailler sur Thucydide, historien du Ve siècle avant Jésus-Christ. «En phrases denses, chargées de sens, hautaines, subtiles, Thucydide pensait pour moi, en avant de moi», écrira-t-elle dans Pourquoi la Grèce? (1992).

Agrégée de lettres (1936), docteure ès lettres (1947), la jeune femme, qui épousera en 1940 Michel Worms de Romilly — dont elle divorcera — enseigne quelques années durant dans des lycées, puis se voit contrainte d'arrêter, le statut des juifs appliqué en octobre 1940 l'empêchant de dispenser des cours. La guerre finie, elle deviendra professeure de langue et de littérature grecques à l'Université de Lille (1949-1957), avant de rejoindre la Sorbonne de 1957 à 1973, date à laquelle elle sera la première femme nommée professeure au Collège de France, où sa chaire s'intitulera La Grèce et la formation de la pensée morale et politique.

En 1975, Jacqueline de Romilly sera aussi la première femme à devenir membre de l'Académie des inscriptions et belles-lettres, qu'elle présidera en 1987. Et, huit ans après Marguerite Yourcenar, elle sera la deuxième femme à rejoindre, en 1988, l'Académie française.

«C'est incontestable, j'ai été gâtée, avouait-elle en 2007 au Point. J'ai eu la chance d'appartenir à une génération où les femmes accédaient pour la première fois au podium, où les portes s'ouvraient enfin.»

Sa connaissance de la Grèce ancienne lui vaudra des honneurs à l'étranger: elle est membre de nombre d'académies et docteur honoris causa de plusieurs universités en Europe, au Canada et aux États-Unis. Plusieurs distinctions lui seront décernées, dont le Grand Prix de l'Académie française (1984) et le prix Onassis pour la culture (Athènes, 1995).

La cause de l'enseignement

Le grand public la découvrira en 1984 à l'occasion de son passage à l'émission télévisée Apostrophes pour son livre intitulé L'Enseignement en détresse. Un cri d'alarme qu'elle ne cessera de lancer, fondant Sauvegarde des enseignements littéraires et Élan nouveau des citoyens, deux associations pour «réveiller les valeurs de la démocratie» et les «remettre au coeur du débat citoyen».

En 2007, cette femme à la formidable énergie avait signé un appel lancé aux candidats à la présidentielle pour dénoncer la «catastrophe éducative». «Pas très optimiste», elle espérait un sursaut, sinon, prévenait-elle, «nous allons vers une catastrophe et nous entrons dans une ère de barbarie».

Invitée à dévoiler son secret de jouvence, Jacqueline de Romilly se disait habitée par la «conviction» et portée par la «force» que cela procure. Mais la vieillesse est un «terrible combat», «tout se dégrade, se défait, pouah, affreux!», lançait la philologue, pratiquement devenue aveugle.

L'helléniste, qui «n'aimait l'histoire que dans la mesure où elle explique la littérature», se déclarait passionnée, dans les textes grecs, par «la rencontre avec la naissance de la pensée raisonnée» et «l'irruption de la lumière» dans «un monde encore confus et obscur».

En marge de ses ouvrages savants, Jacqueline de Romilly avait écrit des livres grand public, des nouvelles et un roman, Ouverture à coeur, à 75 ans. Dans l'un de ses derniers livres, paru en 2008, Sourire innombrable — des «mémoires pour rire» — elle évoquait sa mère avec tendresse. Un livre loin de la Grèce ancienne mais dont le titre même rappelait la puissance des liens qui l'unissaient à ses auteurs. À sa source, un vers d'Eschyle: «Le sourire innombrable de la vague marine».

Hommages

Le président Nicolas Sarkozy a salué sa mémoire, jugeant qu'avec elle s'éteint «une grande humaniste dont la parole nous manquera».

«Jacqueline de Romilly a contribué autant à l'édification intellectuelle des jeunes générations, à l'instruction du grand public par ses nombreux ouvrages, qu'à la libération de la femme par l'exemple qu'elle a donné de sa propre élévation», indique-t-il dans un communiqué.

Le ministre de la Culture, Frédéric Mitterrand, a rendu hommage à «l'un des très grands esprits de notre temps».

«La Grèce aujourd'hui est en deuil, a indiqué le ministère grec de la Culture dans un communiqué. Dans des moments difficiles pour le pays, dont la réputation est souvent mise à l'épreuve, sa voix et son oeuvre furent déterminants pour mettre en valeur la culture grecque [...], notre pays a rarement eu de tels alliés.»

«C'est une perte pour notre pays», a estimé, sur France Info, l'historienne Hélène Carrère d'Encausse, jugeant que le meilleur hommage à lui rendre «serait d'attacher plus d'importance désormais à la langue grecque, dont elle a été le plus grand défenseur dans notre pays».

«Elle faisait la conquête de beaucoup de gens parce qu'elle était extrêmement simple, mais en même temps elle était assez ferme dans sa manière d'être, a écrit Bernard de Fallois. Elle désarmait par son espèce d'autorité naturelle. Elle avait ce mélange de simplicité, de sérieux et de gaieté des grands professeurs», a-t-il ajouté.

***
Avec l'Agence France-Presse

On peut en savoir davantage sur Jacqueline de Romilly

dimanche 12 décembre 2010

Douglas and Friends...


En rentrant chez lui, après la représentation dont il faisait partie dans un théâtre de Londres, le 12 décembre 2009, Alistair a trouvé son ami Douglas inanimé. Le jeune bulldog venait à peine d'avoir un an !

Alistair adorait son jeune ami, qui était un cousin ou un neveu d'Alexander Bull. En voyant le chien d'Alexander, devant le British Museum où Alexander lui avait donné rendez-vous, Alistair avait immédiatement voulu adopter un bulldog et il était important pour lui que celui-ci provienne du même éleveur que l'ami d'Alexander.

Après avoir découvert par hasard l'existence de ce blogue et avoir reconnu dans les mots qui parlent d'Alexander le merveilleux garçon qu'il a connu à l'adolescence alors que tous deux fréquentaient le même collège, Alistair a écrit un premier commentaire l'automne dernier. Je lui ai demandé de m'écrire en privé et nous avons entretenu durant deux mois une correspondance pratiquement quotidienne. Il pleurait aussi le départ du Petit Prince. Je reconnaissais en Alistair un ami vraiment digne d'Alexander. Je l'ai mis en contact avec la meilleure amie d'Alexander qui s'est rendue à Londres pour rencontrer, à deux reprises, ce charmant jeune homme qui était pratiquement le jeune frère de notre Petit Prince.

Comme lui, il adorait la lecture et à peu près tout ce qu'aimait Alexander. Malgré son air fragile, Alistair aimait partir en excursion dans les pays les plus lointains, dans les régions les moins fréquentées du Monde, d'où il rapportait de magnifiques photos.


L'automne dernier, il m'avait envoyé de nombreuses photos de son ami Douglas dont il était si fier, si heureux. Le chien était superbe, si attendrissant, et les photos, prises à différentes occasions, étaient vraiment magnifiques. J'aime la photo que j'ai mise en tête de ce billet, trouvée sur Internet, mais les photos faites par Alistair, que j'ai imprimées en grand format, sont absolument incomparables.


Le dernier message que j'ai reçu d'Alistair remonte au 10 décembre 2009. Je m'inquiétais de de ne rien recevoir de sa part car il m'écrivait presque tous les jours. Le 27 décembre 2009, j'ai appris que Douglas était décédé le 12 décembre et que peu de temps après Alistair avait eu un terrible accident et que depuis deux semaines Alistair était aux soins intensifs dans un hôpital de Londres. Jane s'est immédiatement rendue à Londres pour voir Alistair mais comme elle n'était pas de sa famille officielle, l'hôpital n'a pas voulu la laisser voir Alistair ni donner de ses nouvelles. Tout ce qu'ils ont accepté de faire, c'est de remettre la lettre qu'a écrite Jane avant de quitter l'hôpital. Quelques jours plus tard, nous avons appris par des collègues de travail que sa famille était venue chercher Alistair. Depuis, nous sommes sans nouvelle et comme nous ne connaissons sa famille que de nom et que nous n'avons pas ses coordonnées, il n'y a pas moyen de communiquer avec elle.


Les bulldogs ont un système respiratoire fragile. S'ils sont à l'aise dans le froid et s'ils aiment jouer dans la neige, ils ne supportent pas du tout la chaleur (l'été dernier, en visite à Paris, Alexander Bull a dû passer trois jours sous observation dans une clinique à cause de la chaleur). Ils peuvent faire de l'apnée du sommeil. C'est probablement ce qui a emporté Douglas : il dormait en attendant son ami et il ne s'est tout simplement pas réveillé...


Chaque jour, je continue de penser à Douglas. Il me serait impossible de l'oublier : de magnifiques photos de lui entourent ma table de travail et je porte toujours l'une d'elles sur moi.

Je pense aussi à Alistair bien sûr. L'image d'un très beau garçon qui lui ressemble accompagne les photos qu'il m'a envoyées de son ami Douglas. Je ne me résigne pas à son silence et à ne pas avoir de ses nouvelles. J'espère qu'il m'écrira lui-même bientôt... Si par hasard quelqu'un le connaissait...

La vie est parfois difficile. Mais ce qui est le plus insupportable, c'est l'absence, le silence et l'inquiétude pour ceux que l'on aime. Je pense à Alexander, je pense à Alistair, je pense à Alexandre le Gallois... Je pense évidemment à Jane à qui il vient d'arriver une épouvantable catastrophe (comme si elle avait besoin d'une nouvelle épreuve !!!) ; les conséquences se feront sentir durant les mois à venir et, de toute façon, les choses ne seront plus comme avant...

mardi 7 décembre 2010

Le cheval du Petit Prince


« Pour l'éducation d'un jeune prince, la fréquentation des chevaux
est ce qu'il y a de mieux, car jamais un cheval ne le flattera. »
Plutarque (v. 50 - v. 125)

« Ne donnez pas d'argent à vos enfants, donnez-leur un cheval. »
Winston Churchill (1874-1965)

Voilà deux citations qu'Alexander n'hésiterait pas à reprendre à son compte. S'il n'avait pas « besoin » d'un cheval pour parfaire son éducation, Alexander ne voulait en être séparé le moins longtemps possible. Les chevaux ont été ses amis dès sa première enfance et il leur est resté fidèle. Quelques mois avant son départ, il jouait au polo (et il voulait que son équipe remporte la partie car il jouait pour son Alcib). Et lorsqu'il gagnait, il en accordait tout le mérite au cheval. Après la partie, disait-il, ce sont les chevaux qui étaient félicités et récompensés.

Parmi les cadeaux de son dernier Noël, il y avait un magnifique poulain d'à peine trois mois, qui avait reçu le nom de « Montréal ». Ce poulain est devenu un magnifique pur-sang qui ne saura jamais quel extraordinaire ami il a eu.

Les images et les citations proviennent de ce très beau livre :

jeudi 2 décembre 2010

L'Amour médecin

En fin d'après-midi je revenais d'une course dans le quartier quand j'ai vu, quelques mètres devant moi, un petit attroupement de personnes qui semblaient bouleversées. En regardant plus attentivement, j'ai vu deux ou trois personnes penchées au-dessus d'un jeune homme couché sur la chaussée. En arrivant à leur hauteur, j'ai vu le visage du jeune homme tout ensanglanté (en fait, on ne voyait que du sang). Je ne me suis pas arrêté. Je me suis dit que parmi la dizaine de personnes qui étaient là, il y avait sûrement quelqu'un qui avait appelé les services d'urgence. J'ai poursuivi ma route, bouleversé, en essayant de comprendre ce qui avait pu se passer. Ce qui me semble le plus probable, c'est que ce jeune homme qui rentrait chez lui avec son sac de provisions avait sans doute fait un faux mouvement, glissé sur la bord du trottoir, et s'était cassé la figure sur le pavé ou sur l'arête du trottoir...

En marchant, je ne pouvais pas m'empêcher de penser qu'Alexander était médecin. S'il était passé par là, il se serait arrêté pour prodiguer les premiers soins à ce jeune homme qui était peut-être attendu pour préparer le repas du soir... Je n'arrivais pas à oublier le visage ensanglanté de ce jeune homme... Je repensais aux longues heures de travail d'Alexander qui, à la salle d'urgence voyait chaque jours arriver tant de personnes qui souffraient ou dont la vie était menacée...

Je me souviens d'une nuit où nous nous parlions sur MSN ; Harry le siamois et Alexander le bulldog dormaient paisiblement près de lui. Dans le silence de la nuit, Alexander avait cru entendre un coup de feu près de chez lui. Même s'il était fatigué, malade même, son premier réflexe a été de penser qu'il était médecin et qu'il y avait peut-être dans la rue quelqu'un de grièvement blessé... J'ai réussi à le dissuader de s'habiller et de sortir dans la nuit froide sans savoir s'il pouvait vraiment être utile.

J'ai déposé mes provisions chez moi et je suis reparti marcher vers le mont Royal. Les images continuaient de tourner dans ma tête, les émotions se bousculaient... Je pensais au plus adorable des jeunes médecins qui s'inquiétait si je ne me sentais pas bien et dont l'amour me faisait oublier tous mes maux. Je sentais monter en moi la même angoisse qui accompagnait mes promenades lorsque Alexander, sur un lit d'hôpital, combattait lui-même une fièvre intense qui durant des jours ne voulait pas diminuer et que, de ce côté de l'Atlantique, j'attendais les nouvelles que me donnerait « Docteur Jane » aussitôt qu'elle pourrait laisser sa main un moment...

lundi 29 novembre 2010

Réjouissances royales


C'est officiel : c'est exactement dans cinq mois, le 29 avril 2011, que le prince William épousera son amie de quelques années déjà, Kate Middleton. La famille royale britannique a confirmé la semaine dernière la date du mariage ainsi que le lieu de la cérémonie.


Alors que ses parents, le prince Charles et Lady Di, s'étaient mariés à la cathédrale Saint-Paul, en 1981, le prince William, deuxième dans l'ordre de succession au trône d'Angleterre, a plutôt choisi l'abbaye de Westminster.

Sachant qu'Alexander était voisin de l'abbaye de Westminster, je me souviens qu'au début de nos conversations, au printemps 2008, j'avais mentionné que je savais que c'était l'église la plus célèbre de Londres et que de très nombreuses cérémonies, souvent grandioses, y avaient été tenues au cours des siècles. Alexander avait précisé que malheureusement il y avait eu là, aussi, les plus tristes, les plus déchirantes cérémonies au monde. Je n'avais pas demandé de précision, mais j'avais deviné ce qu'il avait en tête.

Alexander était fier d'être né en Angleterre : il en aimait sa culture, ses traditions, ses institutions... Je regrette qu'il n'ait pas pu voir l'éventuel couronnement du prince Charles. Il aurait été heureux d'être témoin du mariage du prince William, né à peine deux mois après lui.



Pour ses fiançailles, William a offert à Kate la bague de fiançailles portée par sa mère. C'est une bague magnifique !


En cette période de morosité économique et politique, ce mariage à venir apportera un peu de rêve, viendra nourrir l'imaginaire des Britanniques, cimenter l'affection pour la famille royale, resserrer les liens entre les Britanniques, stimuler une partie de l'économie, etc.


Fervente admiratrice de Lady Di, dont elle s'inspire dans ses tenues vestimentaires, notamment, Kate Middleton inspirera aussi bien des jeunes filles. Déjà, on peut commander une copie de sa robe de fiançailles...



Le zoo de Chester, en Grande-Bretagne, a profité des fiançailles de William et Kate pour présenter son nouveau couple aviaire royal : il s'agit de Spéos royaux ou de Choucadors royaux. Ceux-ci ont été nourris au biberon. Ils sont originaires du Kenya, où le prince William a demandé Kate Middleton en mariage. Si vous pensez que l'on a donné à ce couple d'oiseaux, devenus célèbres, le prénom de Kate et de William... vous aurez raison.

Mariage princier

dimanche 28 novembre 2010

Mon premier prix : le bulldog



Non, il ne s'agit pas d'Alexander Bull lui-même, mais d'un lointain cousin qui vit aux États-Unis.

Je ne serais pas un bon juge dans les concours, mais dans mon coeur, le bulldog gagnera toujours la première place et il aura toujours un gros câlin... au moins.

jeudi 25 novembre 2010

Catherine, Alexandre et les autres


Il y a encore des personnes, parmi les plus jeunes, qui se souviennent que le 25 novembre, bien des gens de la génération de leurs parents célébraient la Sainte-Catherine, dont on disait qu'elle était la patronnes des « vieilles filles ». Les « Catherinettes » étaient les jeunes filles qui avaient atteint l'âge vénérable de... vingt-cinq ans.

En fait, elles sont plusieurs saintes à porter le nom de Catherine. Mais la plus célèbre est Catherine d'Alexandrie, fêtée le 25 novembre, patronne des barbiers, charrons, cordiers, drapiers, écoliers et étudiants, fileuses de laine, généalogistes, meuniers, notaires, nourrices, orateurs, philosophes, plombiers, potiers, prêcheurs, rémouleurs, tailleurs, théologiens, tourneurs et... des filles à marier, selon Wikipédia.

Traditionnellement, au Québec, cette fête était l'une des plus célébrées dans les écoles. On fabriquait pour ce jour-là une friandise à base de mélasse.

Cette fête signifie-t-elle encore quelque chose chez vous ?




Ces derniers jours, j'ai été plus préoccupé qu'occupé vraiment (je me suis mis dans une situation embarrassante et je dois trouver une façon de m'en sortir).

J'ai donc négligé ce blogue. Je veux toutefois m'excuser auprès des trois personnes qui ont envoyé un commentaire que j'ai finalement mis en ligne aujourd'hui.

Il y a celui d'Iskander sous l'article « Alexandre et Héphaistion ».

Puis celui d'Allegria à la suite du billet « J'ai vu chanter un rossignol sous la Lune ».

Et enfin, celui de Michèle, sous le billet précédent, « Le 10 du mois ».

mercredi 10 novembre 2010

Le 10 du mois

Alexander n'aurait pas manqué d'avoir aujourd'hui une pensée spéciale pour son grand ami Héphaistion, décédé il y a mille six cent quatre-vingt-six ans.

Plusieurs événements significatifs pour lui, pour moi, pour nous, sont survenus un 10 du mois (premier courriel envoyé par Alexander, son premier commentaire sur ce blogue, l'annonce de sa promotion comme médecin urgentiste, etc.)


Aujourd'hui, dans un coin superbe de l'Angleterre, un magnifique poulain est né. Whiteoak est tout beau, fringant et il ne se souvient probablement pas à quel point sa naissance a été difficile et que plusieurs personnes ont passé de très nombreuses heures à l'écurie, jour et nuit, pour tenir compagnie à sa mère... Ce fut si difficile, si douloureux qu'Alexander Bull n'a pas voulu rester là... Maintenant que le poulain est là, déjà debout sur ses jambes fragiles, tout le monde peut respirer, prendre un peu de repos... On ne pense pas à quel point un cheval peut être anxieux quand quelque chose ne va pas. Ceux qui aiment les chevaux savent combien il est important de savoir rassurer ces grands inquiets. Combien de nuits notre amie a-t-elle passées ainsi, assise sur la paille dans le box d'un cheval malade, la tête du cheval sur ses cuisses.

Enfant, déjà, Alexander savait comment parler à un animal, comment le réconforter. Lui aussi, il aura passé bien des nuits assis sur la paille, avec la tête d'un cheval sur les cuisses. Il leur faisait des massages en leur chantant des berceuses... Je l'imagine si bien ! Il est souvent arrivé qu'il soit lui-même si fatigué qu'on le retrouve endormi, couché sur la paille à côté du cheval.

Cela me rappelle un autre moment très émouvant. Alors qu'il était hospitalisé avec de très fortes fièvres, son frère était venu et passait ses journées et ses nuits près du lit de son petit frère adoré, notre Petit Prince, en lui tenant la main. Au petit matin, après une nuit pleine d'inquiétudes, Charles s'était endormi, la tête appuyée sur le bord du lit d'Alexander, sa main dans la sienne... Quand « docteur Jane » entra dans la chambre pour venir prendre la relève et permettre à Charles d'aller se reposer un peu, elle le trouva ainsi, endormi, et... Alexander, qui s'était réveillé, était penché vers son grand-frère et lui chantait une jolie berceuse.

dimanche 7 novembre 2010

Les yeux du coeur


Le petit garçon regarda l’étoile
Et se mit à pleurer.
L’étoile lui dit : « Pourquoi pleures-tu ? »
Le garçon lui répondit : « Tu es trop loin,
Je ne pourrai jamais te toucher ! »
Et l’étoile lui répliqua :
« Petit, si je n’étais pas déjà dans ton cœur,
Tu ne serais pas capable de me voir ! »


John Magliola


Ces mots que l'étoile confie au petit garçon, elle n'a peut-être plus besoin de les dire au grand garçon que je suis. Je sais à quel point ceux que j'aime sont dans mon cœur, en permanence.

Ces dernières semaines, le ciel a souvent été couvert et, certaines nuits, lorsqu'il ne pleuvait pas, un épais brouillard flottait sur la ville. Cependant, rares ont été les nuits où je n'ai pas pu apercevoir au moins une étoile. Vendredi soir, par exemple, quand je suis sorti pour aller manger, la pluie s'était arrêtée et, en un endroit précis, les nuages s'étaient dispersés ; dans cette éclaircie très circonscrite, j'ai pu apercevoir l'étoile la plus souriante. Quelques minutes plus tard, le ciel était encore tout couvert...

Plusieurs fois par jour, à des moments précis, j'ai la conviction qu'Alexander me dit, d'une façon ou d'une autre : « Tu vois, ne l'oublie jamais : je suis toujours là, avec toi. »

mardi 2 novembre 2010

Souviens-toi, ô homme, que tu es poussière...

et que tu retourneras en poussière.



Le premier ami d'Alexander, en importance, était certainement le Petit Prince. De sa première enfance jusqu'au moment de son départ, ils ne se sont pas quittés un instant. Et chaque soir, comme l'aviateur, je scrute le ciel à la recherche de l'étoile qui me sourira et à partir duquel un Petit Prince m'enverra ses baisers.

Cet univers poétique était le sien. Cependant, son champ d'intérêts était infiniment plus riche et diversifié. On connaît par exemple son intérêt pour l'univers d'Alexandre le Grand. Il connaissait par cœur les univers de Tolkien, de Harry Potter ; il adorait les histoires d'horreur, particulièrement celles qui l'obligeaient à se relever la nuit pour vérifier si les fenêtres étaient bien fermées. Il tutoyait Nessie, l'ami discret du loch écossais, et s'il n'a jamais pris le thé avec l'un des nombreux fantômes britanniques, ce n'est pas faute d'avoir tout essayé pour avoir ce plaisir (je suis persuadé qu'il a, au fond, souvent pris le thé avec l'un ou l'autre de ces fantômes, mais que ceux-ci étaient, comme Alexander, discrets et courtois).

Un jour, il m'avait envoyé, comme nous le faisions souvent dans les deux sens, plusieurs images qu'il aimait. Parmi celles-ci, il y avait de tendres petits lapins, de délicieuses choses à manger et puis... une image qui m'avait beaucoup angoissé : la grande Faucheuse marchant sur la neige... Cet univers-là l'intéressait aussi et il aimait les belles images qu'avaient su créer de nombreux artistes.



Nous parlions parfois des légendes anciennes. Il connaissait bien, notamment, plusieurs légendes celtiques. Je ne sais plus par quel détour de la conversation nous en sommes arrivés à parler de l'Ankou (certains écrivent « Ankhou », avec un h).

Selon la légende, que l'on retrouve aussi bien en Bretagne qu'en Irlande, en Écosse et au pays de Galles, je crois, l'Ankou personnifie la grande Faucheuse. Généralement représenté sous la forme d'un squelette vêtu de noir, l'Ankou porte un grand chapeau de feutre noir à larges bords, deux chandelles à la place des yeux, et arbore une faux qu'il prend bien soin d'aiguiser à l'aide d'un os humain et qu'il lance devant lui pour atteindre les victimes qu'il a désignées.

Il parcourt les campagnes debout sur sa charrette à deux chevaux ; le grincement des essieux n'est pour personne un bon présage. Si on se trouve sur son passage, si on lui parle, si on entre en contact avec lui, quelle qu'en soit la façon, il est certain que nos heures, nos minutes sont comptées.

L'Ankou ne s'intéresse qu'au corps de ses victimes ; il laisse le diable s'occuper de leur âme. Et il faut redoubler d'efforts pour l'éviter le 31 décembre surtout car la dernière personne à mourir dans chaque paroisse deviendra l'Ankou de l'année suivante.

Je trouve qu'il s'agit d'une légende intéressante, que l'on apprécie davantage quand on se porte bien et que l'on n'est inquiet pour la santé de personne. Elle fait partie des légendes qui donnent un sens aux fêtes d'Halloween et du deux novembre. On peut préférer chercher le sens ailleurs. Les églises chrétiennes, notamment, préfèrent imposer d'autres croyances pour remplacer les célébrations païennes. Il y a en ce moment un mouvement qui veut que l'on affiche des images de saints, particulièrement ces jours-ci, pour essayer de remplacer les images de citrouilles et autres symboles macabres autour d'Halloween. Sans accorder trop d'importance aux croyances elles-mêmes, je commence à comprendre davantage le besoin de narguer la grande Faucheuse et de faire la fête le 31 octobre. Comme je regrette encore de n'avoir jamais pu célébrer cette fête avec Alexander (en 2008, il avait tout préparé comme il le faisait chaque année et, la veille il avait dû s'absenter...)


Ne pouvant, en ce jour consacré aux personnes disparues, me recueillir devant les cendres de mon Petit Prince, je m'associerai en pensée à ceux qui l'aiment et qui seront présents. Des bougies brûleront toute la journée, toute la nuit, comme toutes les nuits. J'irai chercher des roses roses, celles qu'Alexander aimait tant.

samedi 30 octobre 2010

Triptyque d'amitié


Il est toujours agréable de recevoir le message d'un ami.


Il est encore plus agréable lorsque ce message est écrit de la main de cet ami et qu'on le découvre dans sa boîte aux lettres.



Lorsque, quelques jours plus tard, ce message est suivi d'un autre, tout aussi personnel et chaleureux, on se dit qu'il est bon d'avoir un tel ami.



Que dire alors de cet ami en trouvant dans la boîte aux lettres, peu de temps après, une troisième carte sur laquelle on reconnaît l'écriture de cet ami très cher ?

Merci, cher Poeri, ami fidèle et précieux. Chaque jour, depuis plus de huit ans, mes pensées sont tournées vers ta Provence où j'aimerais bien revenir un jour prochain. Le Québec t'attend aussi, quand tu voudras.


vendredi 29 octobre 2010

Abâtardissement

Depuis l'enfance, il m'a toujours semblé important d'avoir de la langue française la meilleure connaissance possible. Dès que j'ai eu accès aux livres, j'ai aimé les mots et j'ai été fasciné par le travail des écrivains qui savaient, grâce à un habile agencement de mots, exprimer des idées avec la plus grande clarté et créer de la beauté. Et cet amour s'est étendu à la langue parlée, que ce soit au théâtre, au cinéma, à la télévision et, lors de mes séjours en France notamment, dans les activités de la vie quotidienne. Je trouvais que la langue parlée en France, par exemple, n'était pas seulement claire, efficace, qu'elle était aussi très esthétique dans sa syntaxe, dans son vocabulaire, mais aussi dans sa prononciation...

Je ne sais pas si c'est la plus belle langue du monde car je ne connais pas les autres (la connaissance que j'ai des langues anglaise, italienne et espagnole, me permet de les comprendre et non de les comparer vraiment), mais j'aime le français parce que c'est la langue dans laquelle j'ai grandi. Je suis né au Québec, mais le « québécois » n'est pas une langue, malgré tout ce que voudront en dire ceux qui ne veulent pas se donner la peine d'apprendre correctement une langue qui leur permettrait d'être compris à l'extérieur de leur cour arrière.

Je comptais sur Alexander pour avoir l'occasion d'améliorer ma connaissance de l'anglais. Mais Alexander, avec l'immense courtoisie qui le caractérise, se faisait une fierté de m'écrire dans ma langue, même si parfois cela exigeait de lui de grands efforts... Ses proches m'ont toujours écrit en français aussi. Puisque je compte bien venir à Londres au moins, pour marcher dans les pas d'Alexander, j'essaierai de m'organiser pour être compris quand je m'exprimerai dans sa langue (sans avoir la prétention d'approcher le moins du monde la qualité de sa langue).

Depuis longtemps, j'aime écouter à la télévision les émissions britanniques, notamment les comédies. Ces derniers temps, j'ai découvert à la bibliothèque des séries télévisées sur DVD : The Forsythe Saga, Brideshead Revisited, ... sans compter les films que j'aime, comme Maurice et quelques autres. Les milieux qu'on y dépeint ne sont pas forcément ceux auxquels j'aurais accès et l'action se déroule souvent au XIXe siècle ou au début du XXe, mais j'éprouve le même bonheur à voir ces images et à entendre les personnages s'exprimer que j'ai eu à voir et à entendre des séries françaises comme Les Rois maudits, Au Plaisir de Dieu, ...

Si dans quelques décennies il y a encore de l'activité humaine sur cette Terre, je me demande ce que, de notre époque actuelle, les « téléspectateurs » voudront voir et entendre pour leur édification et leur plaisir esthétique. Combien de langues et de cultures de cette Planète sauront résister au rouleau compresseur étatsunien ?

Je crois que la richesse est dans la diversité et dans le maintien de cultures et de langues distinctes et fières de l'être.

Puisqu'il s'agit de ma langue maternelle, celle dans laquelle je peux le mieux exprimer vraiment ce que je suis, je suis quelque peu attentif à l'état du français dans la vie pratique.

La photo vient d'ici

Quand je vois ce genre d'affichage, je dois dire que je ne suis pas très optimiste. Il me semble refléter une tendance qui depuis quelques années s'accentue en France, celle de s'exprimer dans une syntaxe française mais avec des mots anglais. Un affichage unilingue anglais serait moins choquant. Ce message, comme tant d'autres, n'est ni français ni anglais : plus que la promotion d'un produit ou d'un service, cette langue bâtarde exprime selon moi une dégénérescence linguistique, qui n'est sans doute que le symptôme inquiétant de je ne sais quoi de plus sérieux.

On dira qu'il n'appartient pas aux Québécois de faire la leçon aux Français en matière de langue. La mauvaise qualité du français au Québec découle de facteurs historiques, d'un contexte socio-économique particulier (ce n'est pas une raison pour ne rien faire, cependant). Alors que l'affichage que montre la photo ci-dessus, prise rue Sainte-Catherine à Bordeaux (France). ne reflète qu'un snobisme ridicule et cheap.

vendredi 8 octobre 2010

John Lennon aurait 70 ans




Google souligne le 70e anniversaire de naissance de Jonh Lennon, le 9 octobre.

jeudi 7 octobre 2010

Une voiture noire

Quinze mois après son départ, je continue de croire que c'est terriblement injuste pour lui, qu'à 27 ans, au moment où il amorçait sa carrière après de longues études, au moment où il était si heureux d'avoir un amoureux, où il pourrait faire des projets et les réaliser, son permis de séjour lui soit retiré. C'est infiniment injuste pour lui et cruel pour ceux qui l'aiment.

Je repense à nos premières conversations sur MSN. Dès le début, j'ai aimé son intelligence, sa sensibilité, son humour, sa discrétion... J'ai deviné assez rapidement qui il était et j'ai compris très vite quelles étaient les questions que je ne devais pas poser car je n'obtiendrais pas de réponse. J'ai compris aussi que s'il ne répondait pas à l'une de mes questions, je pouvais la plupart du temps considérer son silence comme une réponse affirmative....


Un soir, il m'a dit qu'il avait eu parfois l'impression qu'on ne l'avait pas vraiment aimé pour lui-même. Pour le taquiner un peu, j'ai demandé pour quoi on l'aurait aimé, si ce n'était pour lui-même. J'ai aimé sa réponse, après un court silence : « ... pour ma voiture. » Et j'ai immédiatement enchaîné en demandant quelle voiture il avait. J'avais une idée assez précise de la voiture qu'il devait avoir ; sa réponse m'a beaucoup fait rire : « ... une voiture noire. » Je connais des gens qui auraient dit que ce n'était pas une réponse, vous savez, comme les grandes personnes qui ont besoin de chiffres pour se faire une idée de la beauté des choses.

Ai-je besoin d'ajouter que son esprit, sa culture, son humour, son amour, sa tendresse, nos conversations... me manquent terriblement ?

mercredi 6 octobre 2010

Au secours !!!

Ces derniers jours, quelques « faits divers » ont retenu mon attention et, pour tout dire, m'ont passablement troublé.

À Vancouver, il y a trois semaines, au cours d'une fête organisée par des jeunes, une adolescente de 16 ans a été victime d'un viol collectif. Le lendemain de cette fête, cette jeune fille ne se souvenait de rien mais, grâce à l'efficacité des médias sociaux, elle a pu très rapidement savoir ce qui lui était arrivée car un autre adolescent de 16 ans avait assisté, avec une douzaines d'autres personnes, au viol collectif, avait tout enregistré avec son téléphone et... avait eu la bonne idée de diffuser la vidéo sur Fécebouc. Et la vidéo s'est répandue comme une traînée de poudre sur les téléphones d'adolescents et d'autres consommateurs d'images sordides.
La jeune fille a porté plainte à la police. Elle a été victime d'un viol collectif ; elle avait été droguée (l'ingestion de rehypnol, mieux connue sous le nom de « drogue du viol », provoque l'amnésie) et, finalement, les valeureux témoins de ce viol se sont amusés à tout filmer et l'un d'entre eux a trouvé intéressant de diffuser les images sur Fécebouc.
Un premier jeune homme de 18 ans a été interrogé par la police ; il serait l'un des « amants d'un soir » de la jeune fille qui l'ignorait jusque-là. Et l'adolescent de 16 ans qui a diffusé la vidéo fait face à des accusations de possession et de diffusion de pornographie juvénile...
Je ne sais pas ce que peut ressentir la victime de cette agression par sept ou huit garçons, sous les yeux d'une douzaine d'autres qui ont voulu en conserver des images. Mais je ne voudrais surtout pas être un des parents du garçon qui a mis le premier la vidéo en ligne ; je ne serais pas très fier. Mais ils ne sont pas les seuls à se sentir complètement dépassés par le comportement des jeunes et par l'omniprésence dans la vie de leurs enfants des moyens de communication électronique qu'ils ne contrôlent pas.

L'autre événement, plus récent, concerne encore une fois la diffusion d'images obtenues illégalement.
Il y a quelques jours, Tyler Clementi, 18 ans, étudiant à l'Université Rutgers, au New Jersey, s'est suicidé en se jetant du pont George-Washington après avoir découvert que son colocataire avait filmé à son insu et diffusé sur Internet les images d'une relation sexuelle que Tyler avait eu quelques jours plus tôt avec un autre garçon.
Le colocataire, Dharum Ravi, avait laissé à Tyler la chambre « jusqu'à minuit » ; il était allé rejoindre une amie, Molly Wei, camarade de classe et habitant la même résidence. Dharum a allumé à distance sa webcamm qui enregistrait les ébats de Tyler et de son ami ; ces images étaient diffusées en direct sur Internet.
Quelques jours plus tard, Tyler Clementi, un étudiant timide et excellent violoniste, découvrait par hasard le viol de sa vie privée, de son intimité. Il n'a pas pu supporter cette écoeurante agression. Il a écrit sur sa page Fécebouc : « Je vais sauter du pont GW, désolé » Et il s'est dirigé vers le pont, a garé sa voiture, laissé sur le pont son portefeuille et son portable, et il s'est jeté dans l'Hudson...
Les deux étudiants qui ont filmé et diffusé ces images, Dharum Ravi et Molly Wei, 18 ans tous les deux, ont été arrêtés et inculpés de violation de la vie privée... La veille même du suicide de Tyler Clenti, son colocataire avait essayé de diffuser encore sur Internet d'autres images... Les deux étudiants cinéastes pourraient aussi faire face à des accusations de crime haineux si l'on peux prouver qu'ils ont agi ainsi parce qu'ils pensaient que Tyler Clementi était homosexuel.

Ce suicide a mis en lumière d'autres suicides récents chez des jeunes qui se sont sentis harcelés en raison de leur orientation sexuelle présumée. À Houston, un garçon de 13 ans, Asher Brown, s'est tiré une balle dans la tête. Billy Lucas, 15 ans, s'est pendu dans l'Indiana ; Seth Walsh, 13 ans, a fait de même en Californie, ainsi que Raymond Chase, 19 ans, dans le Rhode Island.

Je ne sais plus que penser de tout cela. En voulant parler de cela avec quelqu'un aujourd'hui, je me suis mis à pleurer, sans trop savoir pourquoi. C'était sans doute une réaction de dégoût inspiré par le comportement d'une partie de mes contemporains et aux ravages que peut faire une mauvaise utilisation de la technologie. C'est désolant de voir que la vie privée ne veut rien dire pour une grande partie de la population, que les jeunes en particulier ne semblent plus avoir de respect pour les autres, qu'ils ne semblent plus avoir de baliser pour juger ce qui acceptable et ce qui ne l'est pas. Chez bon nombre d'entre eux, on dirait que la technologie a remplacé chez eux les facultés intellectuelles et la capacité d'exercer un minimum de jugement.

Autre histoire, ces jours-ci à Montréal, montrant bien le manque de jugement dans l'utilisation des médias sociaux. La police a arrêté chez lui un jeune homme de 28 ans qui, sur sa page Fécebouc, écrivait qu'il allait tuer des anciens professeurs. Chez lui, la police a trouvé cinq armes à feu, enregistrée mais non gardées sous clé comme la loi l'exige. Ses parents crient à l'erreur grave de la part des policiers qui prennent tout cela trop au sérieux. Et le jeune homme essaie de se défendre en disant que ce n'était qu'une plaisanterie... Il me semble qu'il doit y avoir des plaisanteries plus amusantes à faire sur Internet.

dimanche 26 septembre 2010

Miroir en deuil


Moins de trois ans après le départ de sa compagne, Coco, la petite perruche, s'est éteinte aujourd'hui. Je m'y attendais un peu car, depuis quelques jours, elle dormait beaucoup. Puis elle se réveillait, me parlait un peu, s'installait à l'entrée de la cage et, attendant mon encouragement, elle faisait le tour du salon, puis elle rentrait chez elle. Elle mangeait un peu et... dormait encore.

Elle partageait ma vie depuis plus de treize ans, comme Harry avait partagé celle d'Alexander durant treize ans... Elle n'était pas malade - le grand âge n'est pas en soi une maladie : au contraire, si on a la santé et des conditions d'existence satisfaisante, je crois que c'est un grand privilège.

Quand la première perruche est partie, il y a trois ans, Coco a commencé à tromper sa solitude avec un petit miroir pendant que je continuais de me pencher vers l'écran de mon ordinateur. Je ne savais pas encore que, quelques mois plus tard, un garçon extraordinaire cherchant des images sur Internet, se pencherait attentivement sur son écran pour lire tous les articles et tous les commentaires de ce blogue, que ce garçon merveilleux transformerait ma vie...

J'ai beau me pencher sur l'écran de mon ordinateur, il ne m'apporte plus les mots les plus délicieux du plus adorable des garçons ; à compter d'aujourd'hui, le petit miroir de la cage n'aura plus d'image à renvoyer. Depuis le milieu de l'après-midi, un autre coeur, tout petit, a cessé de battre dans cette maison et, encore une fois, je me sens désemparé. Un silence nouveau s'est installé, que je n'ose pas rompre, même par une musique en sourdine...

jeudi 23 septembre 2010

Chiens « gays » discriminés


Un « chien gay » n'est pas le bienvenu dans un restaurant asiatique australien.

Un homme de 57 ans, Ian Jolly, et sa compagne, se sont vu refuser l'accès à un restaurant thaïlandais après qu'un serveur du restaurant ait compris que monsieur Jolly et sa compagne voulaient entrer dans la salle à manger avec leur « gay dog ».
Le serveur avait mal compris : la compagne de M. Jolly, madame Chris Lawrence, avait mentionné la présence d'un «chien guide » (guide dog), alors que le restaurant dit souhaiter la bienvenue aux chiens guides. Même après avoir montré au serveur une pièce d'identité spécifiant le caractère particulier de leur chien, M. Jolly et Mme Lawrence se sont vu refuser l'entrée.

Un tribunal australien a demandé aux propriétaires du restaurant de suivre une formation sur le respect de l'égalité des chances, d'adresser une lettre d'excuses aux personnes lésées et de leur verser la somme de 1 500 $.

Voilà pour les faits qui m'ont été signalés par un ami français (merci, Frank), qui avaient été relatés dans un journal australien,
The Sunday Mail.

Mais peut-on me dire pourquoi il faudrait interdire l'accès à un chien « gay » lorsque les autres chiens sont admis ? La « bêtise » n'a pas de continent.

Alexander avait fondé une association pour la défense des chats maltraités dans les dessins animés. Prenant connaissance de cette histoire, il n'hésiterait pas à fonder immédiatement une association pour la défense des chiens « gays ». Et son fidèle bulldog en serait le président d'honneur.

jeudi 16 septembre 2010

Romance (?) sans parole

Le


du


?

mercredi 15 septembre 2010

Joyeux anniversaire, Harry


Ce mercredi 15 septembre 2010, le prince Harry célèbre son vingt-sixième anniversaire. Tous mes meilleurs voeux, Harry.



Alexander aimait beaucoup les deux jeunes princes, qui sont de son âge. Nous parlions assez souvent de Harry, pour qui il avait une affection particulière. Je disais à Alexander que Harry, comme la plupart des personnes nées sous le signe de la Vierge, allait s'épanouir davantage avec l'âge, sur tous les plans. Je crois que, jusqu'à maintenant, il semble vouloir me donner raison et j'en suis heureux pour lui.

vendredi 10 septembre 2010

Ces derniers jours, sans le vouloir, j'ai alerté quelques lecteurs, quelques amis ; j'en suis désolé. En plus des commentaires laissés sous le billet précédent, j'ai reçu des courriels et des appels téléphoniques ; je remercie chacun d'entre vous de cette chaleureuse attention.


Sans lien direct avec le billet précédent, cette carte est arrivée ces derniers jours aussi, envoyée par deux amis qui ne sont pas normalement ensemble mais qui se sont retrouvés en vacances dans cette magnifique région de France. Merci à vous deux (que je n'ai pas besoin de nommer).

Il n'y aura pas de vacances pour moi cet été, mais le mot « vacances » n'a jamais été mon mot préféré - pour Alexander non plus, d'ailleurs. J'aime la liberté de faire ce que j'aime quand j'en ai envie, mais le prix d'un mois de vacances représente souvent onze mois d'esclavage.

mardi 7 septembre 2010


Alexander, je n'ai pas le courage que tu as toujours eu.
Quatorze mois après ton départ, tu me manques autant, si ce n'est davantage.
Je n'ai plus envie de continuer sans toi.

mardi 31 août 2010

Il y a treize ans, Lady Di...


Il y a treize ans disparaissait la princesse Diana, qui fut sans aucun doute la femme la plus populaire et la plus aimée des dernières décennies, si ce n'est davantage.



J'avais écrit, le 31 août 2008, un long billet pour souligner le onzième anniversaire de sa disparition. En rentrant chez lui, Alexander avait lu cet article et avait laissé trois mots en commentaire : « THANK YOU ALCIB ». Connaissant si bien Alexander, je savais toute l'émotion que contenaient ces trois seuls mots. Nous avions, au cours des mois précédents, parlé ensemble plusieurs fois de celle que l'on surnommait « la princesse du peuple » et « la reine des coeurs ». Nous en parlions, Alexander et moi, car j'avais été très consterné par l'annonce de sa disparition, onze ans plus tôt, et je découvrais tout ce qu'elle représentait pour Alexander... Il l'aimait ((il l'adorait serait plus juste), il l'admirait et elle aura été pour lui, à bien des égards, un exemple à suivre, une influence déterminante même après sa disparition...




Je ne sais pas comment j'ai pu, le 31 août 2009, écrire encore cet article. Dans mon coeur et dans mon esprit, mon Petit Prince et la princesse des coeurs sont si intimement liés que cette date du 31 août est aussi douloureuse à évoquer que l'est devenue en 2009 celle du 7 juillet.



En voyant cette photo des deux jeunes princes partant pour l'école, je n'ai pas pu m'empêcher de penser à Alexander dans les mêmes circonstances, dans une tenue qui pouvait ressembler à celle que portent William et Harry (sauf que, déjà à cet âge, Alexander n'avait plus de mère pour l'embrasser au moment de partir).



Chaque année, à la fin du mois d'août, Alexander se rendait à Paris, à l'entrée du pont de l'Alma, pour se recueillir sur les lieux de l'accident qui avait emporté sa princesse. C'était, pour Alexander, un engagement qu'il avait pris et pour lui un engagement était toujours sacré. Même quand, pour une raison sérieuse, il ne pouvait venir à l'un de nos rendez-vous, il avait l'impression de manquer à sa promesse... L'an dernier, c'est son frère Charles qui s'était rendu à Paris pour respecter l'engagement d'Alexander. Au cours des derniers mois, Jane, la meilleure amie d'Alexander s'était aussi rendue à Paris pour déposer des fleurs près de la flamme à l'entrée du tunnel de l'Alma. Puis, notre ami Alexandre le Gallois, y a déposé aussi des fleurs en mon nom, attention qui m'a profondément touché.

En août 2008, en me remerciant en privé pour l'article que j'avais écrit, Alexander m'avait mentionné qu'il était important que l'on n'oublie jamais tout ce que représentait Lady Di. Je ne me souviens plus si j'ai clairement exprimé alors mon intention (je crois que oui, mais je n'ai pas le courage en ce moment de relire notre correspondance) ; j'ai toutefois senti qu'aussi longtemps que je le pourrais, à la mesure de mes moyens, je serais lié par cet engagement envers Lady Di et envers Alexander.

J'espère, cher Alexander, que parmi toutes les étoiles que tu espérais rejoindre un jour, tu as retrouvé celle de notre princesse.


lundi 30 août 2010

D'étoile à étoile...

« J'ai tendu des cordes de clocher à clocher ;
des guirlandes de fenêtre à fenêtre ;
des chaînes d'or d'étoile à étoile,
et je danse. »

Ces mots d'Arthur Rimbaud pourraient avoir été écrits par Alexander. Spontanément c'est à lui que j'ai pensé en les retrouvant. Je ne vois personne qui pourrait, mieux qu'Alexander, tendre ces cordes, ces guirlandes, ces chaînes d'or...

Ils me rappellent ces lignes du Petit chose d'Alphonse Daudet qu'Alexander aimait tant, qu'il avait recopiées dans l'un de ses nombreux carnets et qu'il avait tenu à retranscrire pour me les envoyer, sachant que je les aimerais. J'en étais très ému, et je le suis encore autant, car j'y retrouvais, en quelques lignes seulement, tant d'images importantes à Alexander : des cloches, de la musique, des carillons, des clochers, des fenêtres, des larmes, des anges, des ailes secouées...

Le ménage fini, Jacques s'en allait chez son marquis, et je ne le revoyais plus que dans la soirée. Je passais mes journées tout seul, en tête-à-tête avec la Muse ou ce que j'appelais la Muse. Du matin au soir, la fenêtre restait ouverte avec ma table devant, et sur cet établi, du matin au soir j'enfilais des rimes. De temps en temps un pierrot venait boire à ma gouttière ; il me regardait un moment d'un air effronté, puis il allait dire aux autres ce que je faisais, et j'entendais le bruit sec de leurs petites pattes sur les ardoises... J'avais aussi les cloches de Saint-Germain qui me rendaient visite plusieurs fois dans le jour. J'aimais bien quand elles venaient me voir. Elles entraient bruyamment par la fenêtre et remplissaient la chambre de musique. Tantôt des carillons joyeux et fous précipitaient leurs doubles croches, tantôt des glas noirs, lugubres, dont les notes tombaient une à une comme des larmes. Puis j'avais les angélus : l'angélus de midi, un archange aux habits de soleil qui entrait chez moi tout resplendissant de lumière ; l'angélus du soir, un séraphin mélancolique qui descendait dans un rayon de lune et faisait toute la chambre humide en y secouant ses grandes ailes...

jeudi 26 août 2010

Cachez-moi cette fesse...

... que les puritains ne sauraient voir


Voilà un roman qu'Alexander s'empresserait de commander et de dévorer. Ce roman d'Annabel Lyon raconte l'adolescence d'Alexandre le Grand vue par son précepteur, nul autre que le grand Aristote. Voilà bien un philosophe, un précepteur, que l'on ne peut pas taxer de pédérastie, que l'on ne peut pas accuser de « pervertir la jeunesse », du moins pas de son temps.

Ce premier roman a remporté le prestigieux prix Rogers Writers' Trust et était finaliste pour le prix du Gouverneur général du Canada. Il semble très bien accueilli par la critique. On en parle comme d'un roman riche d'érudition et de sensibilité. Il est favorablement reçu chez les libraires... sauf sur les bateaux de la Colombie-Britannique. En effet, la British Columbia Ferry Services inc. refuse de vendre le livre dans les boutiques de ses traversiers reliant les îles au continent, pour la bonne raison que la couverture montre les fesses d'un jeune homme sur un cheval. « Cela pourrait choquer les enfants ! » J'imagine que ces bons parents de la Colombie-Britannique interdiraient à leurs enfant l'entrée dans les musées européens où la nudité est largement exposée, soit sur les tableaux ou en sculpture. B-C Ferry Service inc. consentirait à vendre le livre si l'éditeur acceptait de recouvrir d'un bandeau pudique ces fesses trop offensantes.

La pudibonderie canadienne fait réagir des journaux du monde, notamment The Guardian de Londres.

L'auteur Annabel Lyon, qui vit en Colombie-Britannique, a un site web.

C'est à ce prix...

L'image vient d'ici

Au XVIIIe siècle, Voltaire a écrit le magnifique conte qu'il faut lire et relire encore, Candide où l'optimisme. Il y a toute une analyse à faire de ce conte, qui a souvent été faite et que je n'aborderai pas ici. Mais il y dénonce, entre autres, l'esclavage et ses conditions :

En approchant de la ville, ils rencontrèrent un nègre étendu par terre, n'ayant plus que la moitié de son habit, c'est-à-dire d'un caleçon de toile bleue ; il manquait à ce pauvre homme la jambe gauche et la main droite. « Eh, mon Dieu ! lui dit Candide en hollandais, que fais-tu là, mon ami, dans l'état horrible où je te vois ? – J'attends mon maître, M. Vanderdendur, le fameux négociant, répondit le nègre. – Est-ce M. Vanderdendur, dit Candide, qui t'a traité ainsi ? – Oui, monsieur, dit le nègre, c'est l'usage. On nous donne un caleçon de toile pour tout vêtement deux fois l'année. Quand nous travaillons aux sucreries, et que la meule nous attrape le doigt, on nous coupe la main ; quand nous voulons nous enfuir, on nous coupe la jambe : je me suis trouvé dans les deux cas. C'est à ce prix que vous mangez du sucre en Europe. Cependant, lorsque ma mère me vendit dix écus patagons sur la côte de Guinée, elle me disait : " Mon cher enfant, bénis nos fétiches, adore-les toujours, ils te feront vivre heureux, tu as l'honneur d'être esclave de nos seigneurs les blancs, et tu fais par là la fortune de ton père et de ta mère. " Hélas ! je ne sais pas si j'ai fait leur fortune, mais ils n'ont pas fait la mienne. Les chiens, les singes et les perroquets sont mille fois moins malheureux que nous. Les fétiches hollandais qui m'ont converti me disent tous les dimanches que nous sommes tous enfants d'Adam, blancs et noirs. Je ne suis pas généalogiste ; mais si ces prêcheurs disent vrai, nous sommes tous cousins issus de germains. Or vous m'avouerez qu'on ne peut pas en user avec ses parents d'une manière plus horrible. »


Trois siècles plus tard, les médias nous rappellent tous les jours qu'en bien des endroits sur la Terre, la seule chose qui ait changé, ce sont les moyens plus sophistiqués d'exercer la torture pour mieux exploiter ses semblables.

Au Mexique, par exemple (mais ce n'est pas le seul endroit sur la Terre où cela se produise), la guerre entre les cartels de la drogue a causé environ 28 000 morts depuis 2007. Le Mexique est devenu le pays le plus dangereux au monde pour les journalistes ; 35 d'entre eux y ont été assassinés. Il s'agit d'un commerce qui rapporte et les criminels n'ont pas l'intention de laisser qui que ce soit ralentir leurs activités. « Le National Drug Intelligence Center – estime que les trafiquants mexicains opérant aux États-Unis génèrent entre 17 et 38 milliards de dollars par an de revenus (entre 13 et 29 milliards d’euros) » révèle Gilles Biassette dans un article très élaboré du journal La Croix (14 avril 2009). Ce sont, pour les États-Unis seulement, des revenus beaucoup plus importants que le budget de leur ministère de la Défense. On se souvient qu'il n'y a pas très longtemps, un groupe de ces criminels a déclaré que si l'État mexicain ne cessait pas ses opérations policières, il abattraient un policier par jour, et ils ont fait la démonstration que ce n'était pas des paroles en l'air. Je ne suis pas un spécialiste de la question et je n'écrirai l'article fouillé qui ferait la lumière sur ce sujet qui ne fera pas couler que de l'encre... L'Europe n'échappera aux tentacules de plus en plus longues et omniprésentes du crime organisé.

Aujourd'hui, nous apprenons la découverte d'un charnier contenant les restes de 72 hommes et femmes victimes de ces activités criminelles. Certains diront que ce sont « juste des immigrants illégaux » (comme on dit que ce sont « juste des chats » pour tenter d'atténuer la gravité des actes de cruauté...) Si la guerre des clans criminels ne se faisait qu'entre eux, je serais peut-être aussi porté à dire que ce sont « juste des criminels » et que s'ils peuvent s'éliminer entre eux, cela fera économiser des milliards de dollars à nos gouvernements. Mais ces gens n'ont aucun scrupule et ne respectent absolument rien, à l'exception de leurs profits faramineux : chaque jour, des innocents sont victimes de leur violence.

Alors, mon voisin, ou le vôtre, votre ami ou votre conjoint, votre collègue ou votre vendeur de fruits et légumes, qui fume son « pétard » chaque soir en rentrant de l'université ou du travail, participe à cette vaste organisation criminelle. C'est à ce prix que que les adeptes de la fumée euphorisante ou de la poudre blanche savourent leur minute d'évasion.

mercredi 25 août 2010

Désespérant !

La cruauté humaine envers les animaux est un gouffre sans fond.



Au réveil, ce matin, je suis tombé sur cette nouvelle : à Coventry, en Angleterre, une femme sera interrogée après avoir jeté dans une poubelle un jeune chat qui n'a été retrouvé que quinze heures plus tard. On trouvera ici des commentaires en anglais et ici un article en français (étrangement, La Presse publie cette nouvelle dans la section « insolite » : si l'on enfermait le chef de pupitre de La Presse dans une cage sans fenêtre durant quinze heures, serait-ce traité uniquement comme une nouvelle insolite ?)

Je voulais écrire ce matin un article à ce sujet. Dr. CaSo m'a devancé et je vous invite à lire chez elle ce qu'elle en dit.


En fin de soirée, hier, je rentrais chez moi à vélo, par une rue passante qui longe le mont Royal, bordée de maisons cossues. Sur la piste cyclable, j'ai vu devant moi deux gros « chats » qui me regardaient venir. J'ai continué ma route en me disant qu'ils ne resteraient pas sur la piste. Quand je suis arrivé près d'eux, ils se sont simplement éloignés sur le gazon à côté de la piste. J'ai pu alors constater que ces deux chats étaient en fait des... ratons-laveurs. J'ai ralenti et je leur ai fait un beau sourire en passant ; une jeune femme qui marchait sur le trottoir a eu le même réflexe : je ne sais pas exactement si son sourire était destiné aux ratons-laveurs ou à moi.

Anniversaire non fleuri

C'est aujourd'hui le deuxième anniversaire de « notre » anniversaire.

Il n'y aura pas de fleurs et sans doute rien d'autre.