lundi 30 novembre 2009

Sourire ou pleurer


« You can shed tears because he is gone
or you can smile cause he has lived »

« On peut pleurer son départ ou
on peut sourire parce qu'il a vécu. »

Je crois en effet qu'il faut sourire parce qu'il a vécu, parce que durant son trop court séjour sur Terre, il aura transformé sur son passage quelques êtres, dont je fais partie. Quand on a vraiment connu Alexander, on ne peut plus se contenter d'exister et de mener sa vie sans être profondément engagé, sans être cohérent avec soi-même, avec ses propres valeurs.

Mais comment ne pas pleurer son départ quand on l'a connu et qu'il n'est plus là, que sa présence n'est plus sensible ?
Un jour que je lui disais qu'il était pour moi comme un Petit Prince qui aurait grandi et qui serait resté parmi nous, il me répondit : « Ne me parle pas de cela : j'ai tellement pleuré chaque fois que j'ai lu le passage du départ du Petit Prince ! »

Si on peut pleurer à la lecture du Petit Prince du conte de Saint-Exupéry, on pourra comprendre que l'on puisse pleurer et pleurer encore après le départ d'un Petit Prince que l'on a vraiment connu sur Terre.

dimanche 29 novembre 2009

Salut, Gilles Carle



Le Québec est en deuil. L'un des plus grands cinéastes québécois, Gilles Carle, vient de s'éteindre, à 81 ans. Il était atteint depuis plusieurs années de la maladie de Parkinson.

On peut voir ici une vidéo du Réseau de l'information après l'annonce de la mort de Gilles Carle.

Je n'ai sans doute pas vu tous ses films. Mais il a été depuis depuis si longtemps l'un des piliers de la vie culturelle au Québec. J'ai eu le privilège d'être son voisin durant plusieurs années et de prendre souvent mon petit déjeuner à une table voisine de la sienne, au restaurant. Malgré cela, je ne lui ai pourtant jamais adressé la parole ; ce que j'aurais pu lui dire ne serait sûrement pas passé à l'histoire. L'annonce de sa mort réveille en moi des souvenirs émus d'une partie de ma jeunesse.

jeudi 26 novembre 2009

Le crime organisé au Québec

Le premier ministre du Québec, 51 ans
Les coûts de construction au Québec sont considérablement plus élevés au Québec qu'ailleurs au Canada ? Pourquoi ? Parce que quelques entrepreneurs contrôlent pratiquement tous les appels d'offres. Et on ne sait plus très bien ce qui distingue la mafia de ces grands entrepreneurs.

À Montréal, quelques entrepreneurs seulement reçoivent pratiquement tous les très lucratifs contrats d'infrastrusctures. Quelques bureaux de génie-conseil font la pluie et le beau temps dans plusieurs grandes municipalités du Québec et monopolisent tous les contrats accordés par les administrations municipales.

Le premier ministre du Québec, 51 ans

Au Québec, tout le monde réclame une commission d'enquête publique pour faire la lumière sur tout cela et bien identifier qui exactement contribue à l'enrichissement du crime organisé aux dépens de tous les contribuables. Les partis de l'opposition officielle à l'Assemblée nationale, les aministrations municipales, les syndicats de la construction (sauf un), les policiers, les procureurs de la Couronne, les citoyens, pressent le premier ministre du Québec d'instituer immédiatement une commission d'enquête. Le premier ministre du Québec, l'ineffable Jean Charest, toujours le seul à avoir raison toujours, le seul à marcher au pas, refuse en disant qu'il préfère laisser les policiers faire leurs enquêtes. Sauf que les policiers eux-mêmes disent qu'ils ne pourront pas faire toute la lumière sur ces affaires de collusion, de corruption, de crime organisé, et qu'il faut de plus importants moyens.

Le premier ministre du Québec, 51 ans

Le premier ministre du Québec, 51 ans

Le premier ministre du Québec, 51 ans

Au Québec, il n'y a pour s'opposer à la création d'une commission d'enquête que la Fédération des travailleurs du Québec, qui regroupe divers syndicats, dont des syndicat de la construction, et dont l'ex-président était très ami avec l'un des entrepreneurs importants identifié au crime organisé, et le Parti Libéral du Québec, le parti du premier ministre actuel, Jean Charest, 51 ans mais frileux comme une vieille poule, parti grassement financé par les grands entrepreneurs qui ont tout intérêt à ce que rien ne change (la poule aux oeufs d'or rapporte). Deux raisons empêchent le premier ministre d'agir : son entêtement proverbial (il est toujours seul à avoir raison) et la protection de ses amis politiques qui ne veulent pas que l'on fasse trop de lumière sur leurs activités.

Ses conseillers politiques sauront bien créer une crisette qui fera les manchettes de l'actualité et qui détournera l'attention des citoyens durant un moment. Mais il y a trop gens qui surveillent et qui ne laisseront pas ce parti politique continuer de s'enrichir illégalement aux dépens des citoyens et qui ne laisseront pas le premier ministre faire semblant qu'il n'est au courant de rien et que tout va bien. Un jour il devra entendre raison... Pourquoi est-ce pour lui urgent de ne rien faire ? Pour laisser ses amis politiques détruire toutes les preuves compromettantes ?


Le premier ministre du Québec, 51 ans

Ajout : Même les journalistes qui sont les plus ardents défenseurs du statu quo et, par conséquent, des politiques du Parti Libéral, se demandent ce qu'a à cacher le premier ministre, chef du Parti Libéral, pour s'entêter à ce point et refuser de faire la lumière sur les pratiques criminelles dans l'attribution de contrats gouvernementaux dans l'industrie de la construction et dans ceux qui relèvent du ministère des Transports.

Ai-je besoin d'ajouter que ce genre de personnage, protéiforme, mou et visqueux, par conséquent insaisissable, un nombril sans squelette, que l'on pourrait qualifier d'amibe si ce n'était insulter celle-ci, me répugne au plus haut point ?

mardi 24 novembre 2009

Il y a 18 ans

Le 24 novembre 1991, disparaissait l'un des plus célèbres chanteurs de sa génération, et davantage, l'auteur-compositeur-interprète Freddie Mercury, chanteur du groupe Queen. « The Queen is dead », pouvait-on lire dans les journaux anglais, semant la confusion chez les sujets de Sa Majesté.


Il y a dix-huit ans, un petit garçon avait, encore une fois, le coeur brisé. Son ami Freddie venait de partir. Alexander n'avait que neuf ans, mais il avait déjà tellement appris de son ami Freddie ! La musique, les oiseaux, les poissons, les fleurs, l'alimentation, les livres, la spiritualité, etc., faisaient partie de leurs conversations, de leurs complicités.

En dix-huit ans, Alexander n'a jamais oublié une seconde. Chaque jour, ses pensées, son coeur, ses prières, ses rituels, rendaient hommage à la mémoire de son ami, de son mentor en quelque sorte.



Chez Alexander, Freddie occupait une grande place. Un lierre que lui avait remis Freddie il y a dix-huit ans poussait encore sur la terrasse d'Alexander ; il s'agissait d'une bouture de l'original qu'Alexander avait laissé chez sa grand-mère, à la campagne.


Chaque année, le 24 novembre, Alexander apportait son bouquet de fleurs et ses bougies pour aller encore rendre hommage à celui qui lui avait tellement appris, qui l'avait tant inspiré. Il se rendait au cimetière de Kensal Green. Il ne cherchait pas parmi ces tombes le lieu de sépulture de Freddie Mercury car celui-ci avait demandé qu'on l'incinère et que ses cendres soient répandues dans un lieu inconnu.
Alexander allait se recueuillir à la chapelle du cimetière. Ce 24 novembre, Alexander ne sera pas là. Mais il a demandé à notre amie Jane de se recueillir pour lui à cette chapelle de Kensal Green où il a fait poser une plaque en souvenir de Freddie. Jane y viendra avec des fleurs et des bougies, comme elle l'a promis à Alexander.

Ailleurs à Londres, dans le quartier de Kensington où il habitait, des milliers de fans du chanteur de Queen viendront aussi apporter des fleurs. On y dévoilera une plaque à la mémoire de Freddie Mercury.

Il y a quelques mois, Alexander m'envoyait le lien vers une vidéo où Freddie Mercury chantait « Prince of the Universe » (Prince de l'Univers), en ajoutant : « Voilà ce que tu es pour moi ! » Je me suis senti particulièrement touché d'être ainsi associé dans le coeur et dans les pensées d'Alexander, par le biais d'une chanson, à celui qui n'était pas seulement un grand créateur, un grand interprète, mais aussi un grand ami et un mentor pour ce garçon que j'aime et que j'aimerai troujours.

dimanche 22 novembre 2009

« ... j'ai si peur de te perdre ! »

L'image vient d'ici

En avril 2008, dans les jours qui ont suivi les débuts de notre correspondance qui allait prendre rapidement un rythme et une intensité extraordinaires, Alexander se faisait renverser par une voiture en se rendant au travail... Il avait eu « de la chance » en étant projeté par-dessus la voiture au lieu de passer sous les roues comme il est arrivé à l'un de ses patients quelques jours plus tard... Alors que ses collègues l'attendaient pour prendre la relève à l'urgence, ils ont vu Alexander arriver à l'urgence en ambulance... Il avait des côtes cassées, de grandes lacérations à la tête, de multiples contusions... Je m'étais inquiété de ne pas recevoir de message de sa part durant plus de vingt-quatre heures. Puis je reçus ce message :

« Alcib, je ne sais plus où j'en suis... Pourquoi, ai-je tant besoin que tu me parles ? Au fond de moi, au creux de mon cœur, c'est comme si on se connaissait depuis très longtemps, et j'ai si peur de te perdre !
J'ai froid et il faut que j'attende toutes ces heures de ta longue nuit pour pouvoir lire les mots de toi que tu m'écriras sans doute au matin... Qu'est-ce qui m'arrive ?
Merci, merci tellement de m'avoir écrit même si je n'étais pas là pour te répondre... Je ne veux même pas penser que j'aurais pu ne pas trouver tes mots ce matin...
En sortant de l'hôpital, tout à l'heure, j'ai aperçu une
pâquerette ; c'est la première que je vois ce printemps ; je l'ai cueillie pour toi... Je l'ai mise dans un petit peu d'eau et elle est là, près de moi.

Alcibiade...
Pendant que j'étais allongé sur la civière et que j'attendais à l'urgence les examens médicaux après mon accident, j'aurais aimé que tu sois là, et que tu me prennes dans tes bras, parce que j'avais peur... C'est la première fois que je suis, moi, de l'autre côté du miroir, là où il y a beaucoup de sang qui coule, et la mort qui rôde... Même si je ne suis pas trop blessé, malgré tout, j'ai vraiment eu de la chance, mais quand il y a plein de sang partout... Je pensais à mes bêtes, toutes seules... Et si j'étais vraiment parti sur la Lune, il n'y aurait même eu personne pour te le dire... Voilà, j'ai le cœur très gros. »*


Et le mien, cher Alexander, comment crois-tu qu'il est, mon coeur, en relisant ces mots ? Je te demande pardon : je sais que tu ne voudrais pas que j'aie du chagrin. Mais ces mots qui me déchiraient le coeur lorsque je les ai reçus, me font terriblement mal encore aujourd'hui.

Grâce à ta charmante voisine et amie, Abigail, tes bêtes ne se sont pas rendu compte ce jour-là que ton absence prolongée était anormale. Et Abigail n'a même pas pu leur transmettre son inquiétude car tu l'avais appelée en soirée pour lui demander de s'occuper de Harry et d'Alexander et disant que tu devais « travailler » plus longtemps que prévu, sans mentionner le sérieux accident du matin.

Quand tu as dû retourner à l'hôpital non comme médecin mais comme patient, tu as eu la délicate attention de demander à Jane de me donner régulièrement de tes nouvelles. Depuis lors, avec ta bénédiction, nous sommes devenus amis, et c'est une grande chance de pouvoir partager ainsi l'immense peine que nous cause ton départ et de nous échanger de précieux moments de bonheur.

Par ce blogue, tu avais découvert mon existence et, après avoir lu en une nuit tous les articles et tous les commentaires depuis l'automne 2005, tu avais compris que j'étais celui qui pouvait te comprendre et t'aimer comme tu le voulais et, avant même que j'aie eu le temps de répondre à tes premiers messages, tu m'aimais déjà sans réserve.

Alistair, avec qui tu as partagé tant de confidences depuis le début de l'adolescence, a aussi découvert ce blogue où je te parle et où je parle de toi. Je suis persuadé que tu lui en as discrètement indiqué le chemin afin qu'il soit moins seul avec son chagrin. Je suis heureux que le blogue ait pu ainsi créer un lien entre des personnes qui t'aiment et je suis très ému d'apprendre que, si tout va bien, Jane et Alistair se rencontreront bientôt à Londres pour évoquer les beaux moments que tu as permis à chacun de vivre. Je gage que leur première rencontre aura lieu sous la protection du bon vieux
Churchill, juste à l'ombre du Big Ben. Un jour pas trop lointain, j'espère, ce sera mon tour ; je viendrai marcher dans les lieux que tu as tant aimés et rencontrer en personne ceux et celles qui t'aiment plus que tout au monde.


*Il s'agit bien du texte réel tel qu'écrit par Alexander ; j'ai simplement rectifié l'orthographe. Les mots sont les siens, tout comme la syntaxe. Les points de suspension n'indiquent pas des coupures dans le texte (j'aurais plutôt mis des crochets [...], si ça avait été le cas) ; Alexander utilisait beaucoup les points de suspension dans ses messages.

vendredi 20 novembre 2009

Poussière

« Parfois, des maisons et des choses
sont tellement tristes de sentir que,
par manque d'amour et de fierté, on les néglige.
Elles se recouvrent alors de poussière
pour qu'on ne les voit pas pleurer. »
Alexander

mercredi 18 novembre 2009

Ah ! comme la neige a neigé !

Ah ! comme la neige a neigé !
Ma vitre est un jardin de givre.




Alexander avait découvert l'existence d'Émile Nelligan sur le blogue de Béo, un jour où elle affichait ses lectures du moment.

Immédiatement, il avait commandé tout ce qu'il ait pu trouver de la poésie du poète québécois. Depuis son enfance, Alexander dévorait la poésie (ce qui était tout à fait naturel : il était lui-même la poésie). Il avait tout lu en une nuit et il m'avait envoyé plusieurs poèmes, ceux qu'il préférait. N'ayant pas trouvé dans son riche choix de poèmes celui du « Vaisseau d'or », je lui avais demandé s'il avait oublié ou rejeté celui-là. Non, ce poème n'était pas publié dans les recueils qu'il avait commandés. Il a cherché encore et il a commandé aussitôt d'autres poèmes de Nelligan.

Il aimait cette poésie et je peux comprendre aussi qu'il était très fier de découvrir un grand poète qui était plus près de moi puisqu'il avait grandi et vécu à Montréal. J'avais mentionné à Alexander que je passais assez régulièrement devant une maison de la rue Laval où le poète a vécu plusieurs années avec sa famille, et que je lui en enverrais des photos dès que je le pourrais. Dans ses dernières paroles, Alexander avait fait allusion à mes promenades quotidiennes, aux nombreuses photos que je prenais afin de pouvoir les lui envoyer. Puis il a parlé des images de la maison d'Émile Nelligan... C'est en parlant de ces images qu'il a prononcé ses derniers mots avant de fermer les yeux et de sombrer dans le silence : « ... Je demanderai à Alcib ».

C'est aujourd'hui l'anniversaire du décès d'Émile Nelligan, disparu le 18 novembre 1941. Alexander voudrait que je souligne aussi cette date.

Parmi les poèmes qu'il préférait, assez nombreux, Alexander avait choisi celui-ci :

Vieux piano

L'âme ne frémit plus chez ce vieil instrument ;
Son couvercle baissé lui donne un aspect sombre ;
Relégué du salon, il sommeille dans l'ombre
Ce misanthrope aigri de son isolement.

Je me souviens encor des nocturnes sans nombre
Que me jouait ma mère, et je songe, en pleurant,
À ces soirs d'autrefois - passés dans la pénombre,
Quand Liszt se disait triste et Beethoven mourant.

Ô vieux piano d'ébène, image de ma vie,
Comme toi du bonheur ma pauvre âme est ravie,
Il te manque une artiste, il me faut L'Idéal ;

Et pourtant là tu dors, ma seule joie au monde,
Qui donc fera renaître, ô détresse profonde,
De ton clavier funèbre un concert triomphal ?



Ajout (20 novembre 2009) : En commentaire, Lux évoque un souvenir de jeunesse, de sa première jeunesse, en faisant allusion à ce poème de Claude Léveillé mis en musique par l'auteur-compsiteur-interprète Claude Léveillé qui, soit dit en passant, fut l'un des compositeurs d'Édith Piaf. Pour répondre à sa question, voici, sur YouTube, « Soir d'hiver », poème d'Émile Nelligan, interprété par Claude Léveillé sur sa propre musique.

mercredi 11 novembre 2009

Les joyaux de la couronne

Hier, le 10 novembre, l'un des principaux représentants de la Couronne britannique, celui qui occupe la première place dans l'ordre de succession au trône, le prince Charles, prince de Galles et duc de Cornouailles, entre autres, était de passage à Montéal. C'était un événement assez rare car aucun représentant de la monarchie britannique n'était venu à Montréal depuis 1976. Quelques centaines de personnes s'étaient réunies devant l'immeuble où devait arriver le prince Charles en fin d'après-midi afin de manifester contre l'existence de la monarchie au Québec et au Canada. D'autre part, il devait bien y avoir deux ou trois dizaines de personnes venues voir le prince Charles, certains par loyauté, d'autres par curiosité, quelques autres pour prendre des photos à titre de « Royal watchers ». Tout compte fait, il y avait énormément plus de policiers que d'admirateurs et de protestataires réunis.

Puisque le prince Charles devait arriver en fin d'après-midi à la caserne du régiment Black Watch, à deux pas de chez moi, j'avais décidé de m'y rendre, principalement parce qu'Alexander avait beaucoup de respect et d'admiration pour le prince Charles. Je sais qu'Alexander aurait aimé que je puisse lui dire que j'avais pu apercevoir son futur roi. Je raconterai peut-être dans un autre article ma longue attente pour apercevoir le couple royal (je ne sais pas si cela peut intéresser quelqu'un mais j'aurais plusieurs commentaires à faire au sujet de cet événement). Je suis cependant rentré chez moi en soirée, fatigué, ayant froid et faim, sans avoir pu apercevoir les Wales : le prince Charles est arrivé avec près d'une heure de retard et même après son arrivée, ce n'était pas clair s'il était arrivé ou pas. On a fait entrer le cortège par la ruelle et le prince Charles est entré par une porte de service à l'arrière de l'édifice. Rien de royal dans cette arrivée, si ce n'est l'omniprésence de policiers et la circulation automobile bloquée dans tout le quartier durant des heures.

La couronne qui m'occupe en ce moment, c'est ma couronne d'automne. J'ai été cueillir des feuilles il y a quelques semaines déjà mais je n'ai pas eu le temps encore de trouver ce qui manque pour la confectionner.

Le 11 novembre, c'est, selon les pays, le jour de l'Armistice, Memorial Day, Remembrance Day, le jour du Souvenir, pour rappeler la signature de l'Armistice mettant fin à la Première Guerre mondiale. Je pourrais dire que pour moi, désormais, chaque jour est un jour du souvenir, mais tout ce qui concerne Alexander ne relève pas du souvenir ; tout est tellement vivant, tellement présent à chaque instant.

Je me souviens cependant comme si c'était hier que le 11 novembre dernier, Alexander m'envoyait des photos de sa couronne d'automne. Il avait eu du mal à la confectionner car il ne lui était pas facile, l'automne dernier, d'aller au parc cueillir des feuilles comme il avait l'habitude de le faire. Celles qu'il avait rapportées à la maison lors d'une promenade, il les avait étalées sur le tapis du salon pour les faire sécher. Et Alexander, l'adorable bulldog, avait cru que ces feuilles étaient pour lui ; il s'était fait une vraie fête à jouer dans ces feuilles sans avoir à sortir de la maison. Devant la joie de son ami, comment Alexander aurait-il pu lui en vouloir ? C'est le bouledogue qui avait raison : même s'il a un très grand sens esthétique, il lui est plus naturel de prendre des feuilles mortes pour un terrain de jeu.



Mais Alexander était retourné au parc. Au retour d'un rendez-vous, il avait fait arrêter la voiture à l'entrée d'un parc et il avait ramassé les feuilles qu'il lui fallait. Il disait ne pas avoir réussi à faire la couronne qu'il aurait voulu confectionner. Personnellement, je la trouvais très belle, sa couronne. Et pour moi, les véritables joyaux de la couronne, ce sont ceux que contenaient sa couronne d'automne. Sur les feuilles séchées, entre les rubans choisis, Alexander avait inséré divers petits objets qui devaient évoquer son immense désir de venir à Montréal, au Québec. Il y a un ours, un orignal, un sapin, des feuilles d'érable, une petite « cabane au Canada » ; il y a aussi un rouge-gorge qui évoque son amour des oiseaux et qui est un clin d'oeil à Coco, la petite perruche qu'Alexander aimait aussi. J'aime la couronne pour ce qu'elle est et je l'aime davantage en sachant tout l'amour qu'y a mis Alexander.

Je disais l'automne dernier que je voudrais perpétuer cette tradition de couronnes (printemps, automne, Noël, etc.). Je trouve qu'en soi c'est une belle tradition et je considère que l'expression de mon intention de poursuivre la tradition est aussi une promesse à Alexander.

mardi 10 novembre 2009

10 novembre 324 av. J.-C.

Alexander aimait voyager dans le temps et les personnages du temps d'Alexandre le Grand, par exemple, avaient pour lui une réalité aussi actuelle que les pantins politiques actuels que l'on voit trop souvent dans les médias.

Si Alexander avait pu remonter le temps, il aurait très certainement voulu remonter au moins jusqu'à l'an 356 a. J.-C. Il aurait voulu renaître à Pella avec Héphaistion, fils d'Amyntas (on ne semble pas connaître la date exacte de sa naissance, certains le faisant naître exactement le même jour que son ami le plus cher, son compagnon qui fut sans doute pour lui ce que fut Achille pour Patrocle, un ami, un amant, Alexandre, fils de Philippe II, roi de Macédoine, né le 21 juillet).

Il aurait voulu accompagner Alexandre et Héphaistion lorsqu'ils déposèrent, en 334 av. J.-C., près de Troie, une gerbe de fleurs sur les tombes de deux autres amis-amants célèbres, Achille et Patrocle. Il était si fier que les cendres de ces deux amants soient réunies.

Il aurait surtout voulu être là, en 324 av. J.-C., quand Héphaistion fut pris d'une fièvre violente, qui pouvait être la typhoïde ou bien la malaria. Alexander aurait voulu être médecin à cette époque afin de sauver la vie de celui qui fut toujours son héros le plus cher, un modèle incomparable de dévouement et de fidélité. Avec ses connaissances actuelles il aurait certainement pu empêcher que la fièvre emporte Héphaistion, ce 10 novembre 324 av. J.-C. Il serait triste en ce jour anniversaire. Je le suis pour lui, doublement.

J'aurais tellement voulu, et je ne suis pas le seul, qu'Alexander puisse terminer la rédaction du livre qu'il préparait sur cette époque, sur son ami Héphaistion, surtout. Plusieurs fois, nous avons évoqué ensemble ce livre, ses recherches, sa correspondance avec des universitaires renommés afin de valider des renseignements recueillis. Je n'ai pas vu son manuscrit et nous avons aussi manqué de temps pour parler plus sérieusement de ce projet, mais Jane me disait que le manuscrit était déjà très avancé.

Il déplorait aussi que personne ne semble avoir songé à réunir les cendres d'Alexandre le Grand et de son fidèle Héphaistion.


Les cendres d'Héphaistion furent sans doute déposées dans une urne qui pouvait ressembler à celle-ci.

Maintenant qu'il est dans une dimension où le temps n'existe pas, sans début et sans fin, Alexander a très certainement retrouvé ceux qui, parmi les êtres qu'il aimait, l'ont précédé dans cette dimension. Il aura reconnu celle qui chantait à son petit ange de si douces berceuses, son père qui adorait son petit garçon, sa marraine qui l'encourageait à rester lui-même sans laisser ceux qui prétendent l'aimer essayer de le transformer ; il aura retrouvé Freddy, Tony, ... mais aussi quelques écrivains qu'il aimait tant, tout le cercle autour d'Alexandre le Grand, à qui il pourra reprocher d'avoir trop souvent fait pleurer Héphaistion et, avec celui-ci, il pourra se rassurer : il aura été à la hauteur de ses exigences en matière de dévouement, de loyauté, de fidélité, d'amour sans arrière-pensée.

lundi 9 novembre 2009

Un air de cornemuse



Ce lundi soir, en sortant du métro pour rentrer chez moi, j'ai entendu un air de cornemuse. J'ai d'abord pensé qu'on avait deviné mon arrivée et que l'on voulait saluer mon passage dans cette rue. Puis je me suis souvenu que nous étions le 9 novembre : demain, le 10, on accueillera dans ce lieu aux lourdes portes moyenâgeuses, à deux pas de chez moi, les « Wales », le prince Charles, prince de Galles et duc de Rothesay, et sa femme, Camilla Parker-Bowles, duchesse de Cornouailles.

Aurai-je l'occasion d'aller y agiter mon drapeau britannique, acheté récemment ?

Et si le prince de Galles reconnaissait en moi l'amoureux de l'un de ses plus fidèles admirateurs ?
Et s'il m'invitait à prendre le thé ?

Mythomane, moi ? Qu'est-ce qui vous fait dire cela ?

Ich bin ein Berliner*



Il y a vingt ans aujourd'hui, les Allemands de l'Est se libéraient de l'emprise soviétique et jetaient par terre le symbole du besoin des régimes communistes d'enfermer leurs citoyens afin de les protéger contre la liberté.

Combien y a-t-il en ce moment dans le monde d'autres « Murs de Berlin », d'autres murs de la honte ?

*« Je suis un Berlinois », mots tirés d'un célèbre discours de John F. Kennedy, prononcé à Berlin le 26 juin 1963.

samedi 7 novembre 2009

Où est passé Alex ?

L'ange gardien d'Alexander, comme il se doit, s'appelait Alex. Il avait depuis l'enfance développé avec lui une belle complicité. Malgré les coups durs que la vie lui avait fait connaître, Alexander gardait la foi et la confiance en son ange gardien, son ami Alex.


Il y a déjà plus d'un an, cependant, Alexander se demandait où était passé Alex. Il avait le sentiment que celui-ci l'avait abandonné au moment où il aurait eu justement besoin de lui. Je voulais croire et je m'efforçais de l'encourager à croire que son ami Alex, bien que silencieux, ne l'avait sans doute pas abandonné, mais qu'il travaillait fort pour l'aider à surmonter les épreuves nouvelles.


Un jour, il crut reconnaître Alex dans cet ange aperçu sur des images que je lui envoyais du parc Jeanne-Mance, du mont Royal. Très gentiment comme tout ce que faisait Alexander (sauf lorsqu'on était de mauvaise foi et qu'on abusait de son immense bonté), il l'implora alors de rentrer vite à la maison car il avait vraiment besoin de lui. Alex sut-il l'entendre ? On ne le sait pas. S'il revint vers Alexander, il resta très discret car Alexander ne sentit pas son aide.


Quant à cet ange qu'il crut reconnaître dans ce parc de Montréal, il fut très vite évident qu'il ne s'agissait pas d'Alex ; ce serait plutôt Alexandra.

Il y a aujourd'hui quatre mois qu'Alexander est reparti sur son Étoile, dans le voisinage de notre Lune. Il me manque terriblement ! Son absence n'est pas plus facile à accepter aujourd'hui qu'elle l'était il y a un mois, il y a trois ou quatre mois. La seule consolation que je puisse trouver, c'est que mon ange gardien, j'en suis de plus en plus certain, s'appelle désormais Alexander.

mercredi 4 novembre 2009

mardi 3 novembre 2009

Ciel étoilé

En début de soirée, je suis descendu du métro pour rentrer chez moi et, encore une fois, j'ai aperçu la lune, magnifique, dans le ciel. Depuis quelques jours, je la trouve fascinante, hypnotisante.

J'étais fatigué, il n'y avait rien d'intéressant dans le courrier, l'appartement était sans âme, j'avais faim ; je suis donc ressorti pour aller manger une pizza. Je marchais le nez en l'air car je ne pouvais pas quitter des yeux la lune qui était presque au-dessus de ma tête. Le ciel était aussi d'un bleu rarement vu, du moins quand on est au centre-ville. Je pensais à Alexander, pour qui la lune, notre Lune, était à la fois un personnage, une amie, une confidente, presque une divinité, une messagère précieuse. Un peu plus tôt, dans un message qu'il m'adressait, Alistair disait qu'il aime aussi beaucoup la lune (il est un véritable ami d'Alexander), qu'il est toujours très ému lorsqu'il l'aperçoit dans le ciel ; il aime son mystère...

Et contrairement aux derniers mois où il m'est arrivé souvent d'apercevoir une seule étoile, j'ai vu dans ce ciel de velours d'un bleu que je ne saurais pas nommer précisément (et je refuse de donner un nom à ce bleu seulement pour donner un nom s'il ne correspond pas à la couleur précise), de nombreuses étoiles. Il y avait très longtemps que je n'avais vu à Montréal autant d'étoiles. Ce n'est pas leur nombre qui m'a surpris, mais la pureté du ciel et la luminosité des étoiles. Je me suis dit qu'Alexander était vraiment en bonne compagnie et qu'il tenait à le faire savoir à ceux pour qui c'est important.

Ce n'était pas vraiment une pluie d'étoiles. Mais en matière de pluie, notre préférée à Alexander et moi, restera toujours celle-ci :



lundi 2 novembre 2009

Vous souvenez-vous de nous ?

L'image vient d'ici

...
L'enfant dont la mort cruelle
Vient de vider le berceau,
Qui tomba de la mamelle
Au lit glacé du tombeau ;
Tous ceux enfin dont la vie
Un jour ou l'autre ravie,
Emporte une part de nous,
Murmurent sous la poussière :
Vous qui voyez la lumière,
Vous souvenez-vous de nous ?

Ah! vous pleurer est le bonheur suprême,
Mânes chéris de quiconque a des pleurs !
Vous oublier c'est s'oublier soi-même :
N'êtes-vous pas un débris de nos coeurs ?

Alphonse de Lamartine


Après l'Halloween et la Toussaint vient le jour de la commémoration des défunts.

Nous n'avons pas besoin d'une journée particulière pour se souvenir de ceux que nous aimons mais en ce jour précis, il convient de penser à ceux qui nous ont quittés.

Alexander est toujours, à chaque instant, dans mes pensées, dans mon coeur, dans ma chair, dans mon âme. Où que je sois, quoi que je fasse, il m'accompagne ; mieux : il vit en moi.

Pour souligner cette journée particulière, Jane s'est rendue chez Charles, le frère d'Alexander, où une cérémonie aura lieu pour se souvenir d'Alexander, bien sûr, et de toutes les personnes aimées trop tôt disparues.

J'y serai présent de tout mon coeur, de toute mon âme. J'y serai concrètement puisque Jane a eu la très délicate attention de commander en mon nom, en même temps que les roses qu'elle commandait en son nom, un arrangement de roses roses en forme de coeur. Elle y aura ajouté un petit renard, celui qui s'est fait apprivoiser par le Petit Prince.


En rentrant chez moi, en fin de journée, je passerai aussi chez le fleuriste pour y choisir d'autres roses roses, celles qu'aimait Alexander. Elle viendront accompagner, autour des images de celui que j'aime et de quelques objets auxquels il est intimement associé, les bougies que tous les soirs j'allume parce qu'elles représentent le feu, qui symbolise la lumière, la passion, l'esprit, la connaissance, mais aussi la purification, la régénération.

dimanche 1 novembre 2009

Une confusion toute sainte


Samedi après-midi, je parlais au téléphone avec un ami québécois francophile. Il m'a parlé des fêtes actuelles : Halloween, la Toussaint.

Cet ami sait bien ce qu'est Halloween ; il est l'un des amis qui avaient insisté, il y a plusieurs années, pour que je me costume et que je me joigne à eux comme je l'ai mentionné dans l'article précédent.

Mais au sujet de la Toussaint, je constate qu'il perpétue la confusion bien répandue en France entre la fête de tous les saints et la commémoration des fidèles défunts.

Alors que le premier novembre est la fête « au cours de laquelle sont honorés l'ensemble des saints reconnus par l'Église catholique », la commémoration des fidèles défunts est officiellement célébrée le deux novembre.

Toutefois, puisqu'en France la Toussaint est un jour férié et que la commémoration des défunts ne l'est pas, les Français ont pris l'habitude, le premier novembre, en profitant du jour de congé, de se rendre au cimetière pour fleurir la tombe de leurs chers disparus. Cette habitude a pour effet d'escamoter la fête du deux novembre et d'enlever son sens à la Toussaint.