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dimanche 21 avril 2019

Mourir d'amour (manquant)

La mort d'un chien
poème de Victor Hugo

Un groupe tout à l'heure était là sur la grève,
Regardant quelque chose à terre. – Un chien qui crève !
M'ont crié des enfants ; voilà tout ce que c'est.
– Et j'ai vu sous leurs pieds un vieux chien qui gisait.
L'océan lui jetait l'écume de ses lames.
– Voilà trois jours qu'il est ainsi, disaient des femmes,
On a beau lui parler, il n'ouvre pas les yeux.
– Son maître est un marin absent, disait un vieux.
Un pilote, passant la tête à sa fenêtre,
A repris : – Ce chien meurt de ne plus voir son maître.
Justement le bateau vient d'entrer dans le port ;
Le maître va venir, mais le chien sera mort.

– Je me suis arrêté près de la triste bête,
Qui, sourde, ne bougeant ni le corps ni la tête,
Les yeux fermés, semblait morte sur le pavé.
Comme le soir tombait, le maître est arrivé,
Vieux lui-même ; et, hâtant son pas que l'âge casse,
A murmuré le nom de son chien à voix basse.
Alors, rouvrant ses yeux pleins d'ombre, exténué,
Le chien a regardé son maître, a remué
Une dernière fois sa pauvre vieille queue,
Puis est mort.

C'était l'heure où, sous la voûte bleue,
Comme un flambeau qui sort d'un gouffre, Vénus luit ;
Et j'ai dit : D'où vient l'astre ? où va le chien ? ô nuit

Rassurez-vous : ce poème n'a aucun lien direct avec ma réalité ni avec celle de Rupert.
Il s'agit simplement d'un beau poème de Victor Hugo que je viens de retrouver (pas Hugo, le poème).
Il illustre bien le fidèle attachement d'un chien à son « maître » ; je dirais plutôt : à son partenaire humain.

mardi 17 juillet 2018

La vie rêvée...

« Rêver, c'est espérer.
Qui ne s'est pas construit un rêve
au-dessus de ses moyens, 
et n'a pas tenté de le vivre,
ne se sera pas montré digne
d'un passage d'humanité. »
Georges Clemenceau

J'ai été tellement absorbé, ces derniers mois - pratiquement depuis un an, en fait -, que je me suis un peu, beaucoup, perdu de vue, négligeant tout ce qui relève de ma vie personnelle, à l'exception de Rupert. Je me suis laissé siphonner, aspirer (même sans inspiration) par des responsabilités qui ne me rapportent rien, personnellement, sinon la satisfaction personnelle de constater une fois de plus que je peux gérer de grands projets et que je peux faire en sorte que les résultats soient à la hauteur de mes attentes, quitte à bousculer plusieurs personnes importantes, des professionnels dans divers domaines, tout en sachant expliquer et convaincre les personnes à qui je dois rendre des comptes.

Il y a quelques jours à peine, je disais à une amie avec qui j'ai eu parfois de très intéressantes conversations, que je n'ai pratiquement plus rien à dire, à l'exception de ce qui remplit ma vie quotidienne, consacrée à la gestion de projets et l'administration de choses concrètes. Heureusement que Rupert est là pour exiger un peu de ma présence et de mon attention ; le temps que je passe avec lui n'est jamais perdu, même si, par moments, je voudrais consacrer un peu plus de temps à d'autres activités. Et, au fond, Rupert constitue l'essentiel du contenu de mes communications avec les autres car, lorsque je suis dehors avec lui, il y a toujours quelqu'un qui veut le voir, jouer avec lui, me dire que c'est le plus beau chien qu'ils aient rencontré, etc.

Constatant le vide actuel de ma vie intérieure, la perte du sens de mon identité et de ma raison d'être, j'essayais ces dernières semaines, sans vraiment y parvenir, de me motiver à reprendre mon récit de vie, le discours intérieur, qu'il soit écrit ou non, qui construit et projette l'image de soi, le sentiment de mon existence et de ma présence au monde.

Il y a plusieurs années déjà, j'avais inscrit en tête de ce blogue cette citation : « Nous ne sommes [...] que nos apprentissages et nos souvenirs, rien d'autre que le récit que nous nous faisons de nos actions et de nos pensées. » Michel del Castillo, Les portes du sang. Cette phrase me semblait si vraie à ma première lecture, et elle continue de l'être. Sans avoir besoin de la relire, je l'ai faite mienne et, même si j'oublie parfois d'agir en conséquence, elle fait partie de mes croyances, des valeurs qui donnent un sens à ma vie et me permettent d'avancer. Aujourd'hui encore, j'ai entendu Boris Cyrulnik prononcer une conférence dont le titre était « Le récit de soi », que j'ai trouvée si intéressante que je vais la réécouter sur YouTube. Chaque fois que j'entends parler Boris Cyrulnik ou que je lis quelque chose à son sujet, je me sens coupable de ne pas encore avoir lu tous ses livres, tant les sujets de ses livres m'interpellent. Récit « de nos actions et de nos pensées » pour Michel del Castillo, « récit de soi » pour Boris Cyrulnik ; est-ce un hasard si ces deux auteurs sont tous deux membres du comité d'honneur de l'Association pour le droit de mourir dans la dignité (ADMD) ?

Ce récit de soi que je sens important de retrouver et de poursuivre, me semble, pour diverses raisons que je n'essaierai pas d'expliquer ici, pour l'instant impossible ; je ne sais plus par quel bout le saisir pour qu'il puisse se dérouler.

Mais aujourd'hui, Dr Caso a écrit sur son blogue un billet intitulé la vie se chante la vie se pleure dans lequel elle fait un bilan sommaire de ses dix dernières années. J'ai d'abord eu envie de répondre à son invitation et de raconter dans un commentaire ce qu'ont été mes dix dernières années. Mais devant le risque que mon commentaire soit trop long, j'ai plutôt choisi de faire ici ce petit bilan de mes dix dernières années, sans savoir d'avance ce que je pourrai bien raconter.

D'abord, en avril 2008, je faisais la connaissance de ce garçon merveilleux que les lecteurs habituels ont surtout appris à connaître un peu plus tard, plus intensément à compter de juillet 2009. Alors que je n'attendais plus personne et que je m'étais résigné à mener une petite vie tranquille après avoir nourri de grands rêves et de nobles ambitions, ce Petit Prince est venu frapper à ma porte et, en peu de temps, a bouleversé ma vie, l'a transformée, magnifiée...

Le 10 juillet 2008, ce garçon extraordinaire m'apprenait qu'il était le jour même officiellement devenu médecin spécialisé en médecine d'urgence. Une semaine plus tard - il y a exactement dix ans aujourd'hui - il m'annonçait qu'il était lui-même atteint de la leucémie... Les douze mois qui ont suivi, nous les avons vécus, lui et moi, sa famille, ses amis, ses collègues, comme sur des montagnes russes.

Il m'aura fallu plusieurs années pour commencer à ne plus faire de cauchemars la nuit, à pouvoir parler un peu de lui sans éclater en larmes... Je ne raconterai pas encore une fois combien la présence d'amis d'Alexander et, par l'intermédiaire d'une amie exceptionnelle, la présence de certains membres de son entourage et de sa famille ont été pour moi un réel soutien moral et affectif.

Dans les semaines, les mois, les années qui ont suivi, j'ai voulu lire tous les livres qui me paraissaient intéressants sur l'attachement, sur la perte, sur le deuil. Près de dix ans plus tard, je continue à en lire de temps à autre lorsque je découvre des livres que je ne connaissais pas.

J'ai voulu apprendre à connaître le milieu de vie d'Alexander, son univers physique, géographique, familial, intellectuel, culturel, affectif... Je me suis intéressé à tout ce que je pouvais trouver sur Londres, sur l'Angleterre, sur la Grande-Bretagne. J'ai voulu voir ou revoir toutes les émissions de télévision et tous les films britanniques auxquels je pouvais avoir accès. J'ai commencé à lire de nombreux auteurs britanniques, à commencer par ceux qu'Alexander aimait... J'ai lu de nombreux livres sur les chevaux, sur les chiens, sur l'éthologie, etc. Cet intérêt n'a pas diminué au fil des ans. Chaque fois qu'un livre, un film, ou autre, évoque un sujet qui pouvait intéresser Alexander, je dois au moins essayer de savoir s'il est vraiment intéressant, si je pourrai y apprendre encore quelque chose qui me permettra de mieux comprendre la curiosité et l'amour d'Alexander pour tant de sujets innombrables.

J'avais été séduit par le chien d'Alexander, ce magnifique bulldog (j'écris « bulldog » et non « bouledogue » car il s'agit d'un chien d'origine anglaise et qui fait référence au « taureau » (bull), plutôt qu'à une « boule »), et je m'étais promis que, le jour où je le pourrais, j'adopterais un bulldog. Rupert ne cesse de me rendre heureux et, tous les jours, plusieurs fois par jour, quelqu'un que je ne connais pas s'arrête et s'émerveille devant Rupert. C'est encore plus vrai lorsque ceux-ci aiment vraiment les bulldogs, reconnaissant en Rupert un spécimen particulièrement beau, avec sa personnalité propre bien affirmée. On me dit souvent : « On voit, on sent que vous l'aimez et qu'il y a entre vous une très belle complicité. Ça se constate dans sa façon d'être, qui est le résultat d'une éducation aimante... » J'en suis heureux. Et, comme bien d'autres choses dans ma vie, Rupert révèle ce que l'amour d'Alexander a fait de moi.

Après le départ d'Alexander, pour des raisons diverses (parfois des bonnes), la plupart de mes amis « réels » (ceux que que je connaissais depuis longtemps, qui vivaient dans mon voisinage, que je pouvais voir, toucher, contrairement aux amis lointains qui étaient pourtant, eux, constamment présents), ont pratiquement disparu d'eux-mêmes de ma vie.  Alexander me demandait parfois s'ils étaient vraiment des amis ; il avait sans doute raison.

Alexander et moi avions de beaux rêves, mille projets excitants à réaliser... Je m'étais promis d'en réaliser quelques-uns. Je constate qu'ils font davantage partie de ma vie rêvée que de ma vie « vécue ». Mais est-on sûr que les rêves que l'on alimente sont moins importants et moins révélateurs de l'être que nous sommes vraiment que la vie machinale que l'on répète jour après jour ?

J'aurai dû faire de nombreux deuils ces dernières années, certains plus douloureux et plus difficiles que d'autres... Je n'en ai pas en ce moment une idée très précise, mais je sens que je devrai faire le point tôt ou tard, et le plus tôt sera le mieux. Les rêves que je continue de nourrir sont moins ambitieux que ceux d'il y a dix ans, mais il en reste un certain nombre qui donnent encore un sens et un but à ma vie, qui constituent en somme des objectifs à atteindre avant de disparaître à mon tour.

mardi 10 mai 2016

Émotions !


Il y a près de deux semaines (le 28 avril, précisément), Rupert avait rendez-vous, tôt le matin, à sa clinique vétérinaire, pour y subir une chirurgie que je n'ai pas voulu nommer devant lui. Comme il devait y passer la journée, j'avais apporté de la nourriture pour deux repas, au cas où il aurait envie de manger après l'anesthésie et la chirurgie. Pour éviter qu'il soit trop dépaysé au réveil, j'avais aussi pris l'une de ses couvertures et le t-shirt avec lequel j'avais dormi la nuit précédente.

Pour être sûr d'arriver à temps à son rendez-vous, j'avais appelé un taxi, en précisant que j'étais accompagné d'un jeune chien qui n'était pas petit mais pas gros non plus. Avant même que nous ayons le temps de nous installer, le chauffeur a commencé à être désagréable, en disant par exemple : « Il n'a pas l'air de prendre souvent des taxis, votre chien. » Je lui ai répondu qu'en effet, il ne prenait pas un taxi chaque matin pour aller au bureau, que ce n'était pas la première fois, mais que ce matin-là, il se sentait un peu bousculé et montrait un peu de résistance à monter dans une voiture... Le chauffeur a continué en disant que, normalement, les gens qui ont des chiens ont un petit tapis pour y asseoir l'animal sur la banquette, alors que j'avais Rupert sur mes genoux... Et il continuait ainsi... Il m'arrive rarement de m'impatienter avec des gens qui me servent, mais ce chauffeur commençait drôlement à m'énerver avec ses leçons et ses commentaires. Je lui ai dit que, malgré son jeune âge, Rupert était monté déjà à quelques reprises dans une voiture et que nous n'avions jamais eu affaire à un chauffeur aussi hautain et désagréable, que j'avais précisé que j'aurais un chien avec moi et que s'il n'avait pas envie d'avoir un chien dans sa voiture, il n'avait qu'à laisser quelqu'un d'autre répondre à l'appel. J'ai ajouté que je n'avais jamais eu affaire à un chauffeur aussi grincheux et que la prochaine fois j'appellerais une autre compagnie...

À la clinique, nous avons été accueillis par une jeune technicienne très sympathique qui nous a ouvert la porte (la clinique n'ouvrait qu'une heure plus tard, mais pour la chirurgie, nous avions rendez-vous plus tôt). Elle a pesé Rupert : 19, 6 kilos. Elle m'a fait remplir un petit questionnaire pré-chirurgie, je lui ai laissé Rupert, qui n'a pas fait d'histoire... Elle m'a dit qu'on m'appellerait en après-midi, quand Rupert serait assez bien réveillé pour pouvoir marcher. Je suis rentré chez moi où, voulant profiter de l'absence de Rupert, je m'étais préparé un programme assez chargé pour la journée.

Arrivé à la maison, j'ai trouvé l'appartement si vide, sans âme ! J'avais l'impression d'être abandonné par quelqu'un que j'aimais... J'ai préparé mon petit déjeuner et, avant même que je l'aie terminé, la clinique m'appelait pour me demander, pendant qu'il était encore endormi, la permission d'enlever à Rupert deux dents de lait qui n'étaient pas encore tombées ; permission accordée. Puis, peu de temps après, autre appel de la vétérinaire : en déplaçant Rupert, elle avait entendu un craquement aux hanches ; elle suggérait de faire des radiographies et, donnant encore une fois mon autorisation, même si à chaque appel je sentais s'allonger le montant de la facture... Elle m'a donné rendez-vous au début de l'après-midi pour regarder avec elle les radiographies. Il n'était donc plus question que j'entreprenne quoi que ce soit chez moi, que je n'aurais pas eu le temps de terminer.

En me montrant les radiographies, elle m'expliquait les problèmes d'articulations constatés chez Rupert, qu'il faudrait prévenir l'éleveur de ce défaut congénital, et annonçait la nécessité de procéder assez rapidement à une intervention délicate, au cours de laquelle il faudrait casser des os de Rupert et les ressouder, opération qui ne pouvait être faite que par un chirurgien spécialisé, et dont le coût représentait une importante partie de mon revenu annuel. Je lui ai dit que je n'avais pas cet argent et que, si cette opération devait se faire, je devrais me séparer de Rupert... Elle m'a alors proposé de se renseigner sur les alternatives, sur les modalités de paiement, etc., et qu'elle me rappellerait.

Rupert n'était pas encore très bien réveillé, mais j'ai pu le voir. Je me suis approché de la cage où il dormait sur mon t-shirt, sa couverture près de lui ; en me sentant arriver, il s'est approché et, entre les barreaux, nous avons pu nous faire un baiser... J'étais encore à la réception de la clinique lorsque sa vétérinaire m'a téléphoné pour me transmettre la bonne nouvelle : le chirurgien spécialisé lui a dit que l'opération n'était pas nécessaire, que les radiographies montraient une conformation tout à fait normale chez un bulldog... Ouf ! Mais la vétérinaire et le chirurgien suggéraient de donner dès maintenant à Rupert des suppléments alimentaires (vendus à la clinique au prix du caviar) pour maintenir en bonne santé ses articulations.

Je suis parti pour rentrer chez moi en disant que je reviendrais chercher Rupert à la fin de la journée, car je voulais réaménager son petit parc pour lui faciliter les déplacements après la chirurgie (il devait éviter durant quelques semaines de grimper, de sauter, de trop courir) car, depuis plusieurs semaines, il dort sur le canapé ; en rendant son parc plus accueillant, je pensais qu'il serait heureux de s'y installer. Mais en sortant de la clinique, j'étais épuisé, lessivé ; je cherchais à éviter tout ce qui ressemblait à un drain, une bouche d'égout, car je sentais qu'en passant trop près, je m'y serais coulé pour y disparaître à jamais... Je suis entré dans une rôtisserie pour y manger un sandwich (et rapporter à la maison un poulet déjà bien rôti). Et, avant d'arriver à la maison, je me suis arrêté dans une pâtisserie sympathique pour y prendre un dessert et un café ; sans cela, je ne sais dans quel état je serais rentré chez moi.

Je me suis empressé de réaménager le parc de Rupert et, voyant l'heure passer et ne me sentant pas très fort pour retourner à la clinique y prendre Rupert, j'ai téléphoné en leur demandant de le garder pour la nuit. On me l'avait offert, tout en ajoutant qu'il est préférable que le chien rentre chez lui le jour même, lui évitant un surplus de stress inutile. J'étais bien conscient de ce stress, mais j'en ressentais moi-même une bonne dose, et je craignais de ne pas savoir quoi faire si Rupert se plaignait durant la nuit ; de toute façon, je me sentais si démuni que je n'aurais pas vraiment été d'un grand soutien pour Rupert.

J'ai passé la soirée à travailler sur quelques documents en cours puis, un peu plus tard que d'habitude, je suis allé me coucher, le cœur gros, les yeux au bord des larmes. Rupert me manquait ! Et je me sentais un peu coupable d'avoir laissé porter atteinte à son intégrité. Je me demandais s'il ne me le reprocherait pas dans les jours, les semaines à venir...

Depuis, je veille à ce qu'il n'ouvre pas la cicatrice... J'ai parfois l'impression, lorsqu'il me regarde droit dans les yeux avec un petit air triste qu'il me demande ce qu'il lui est arrivé... Il est de plus en plus affectueux, reste plus souvent près de moi, comme sur la photo ci-dessus où il regarde ce qui se passe sur l'écran de mon ordinateur, et il dort plus souvent à mes pieds lorsque je travaille, comme s'il ne voulait plus me quitter.

lundi 7 septembre 2009

Qu'allons-nous devenir ?


Dans l'un de ses plus récents messages, Jane me rappelle que lorsqu'elle m'a téléphoné, le 7 juillet dernier, pour m'annoncer que notre adorable Petit Prince venait de s'éteindre en douceur, je lui ai aussitôt répondu : « Mais, Jane, qu'allons-nous devenir ? » Je me souviens très bien avoir prononcé ces mots et je me souviens très bien que Jane m'a répondu, aussi angoissée que moi, qu'elle ne le savait pas. Deux mois plus tard exactement, je ne le sais pas encore, nous ne le savons toujours pas.

Je sais bien que les « grandes personnes », avec leur chirurgicale rationalité, diraient qu'« il faut prendre sur soi et passer à autre chose ». C'est facile à dire pour les grandes personnes à dominante rationnelle ; je sais être rationnel lorsqu'il le faut, mais je ne suis pas certain de vouloir ressembler à ces grandes personnes pour qui tout semble toujours tellement simple du moment qu'on y a pensé froidement. On ne peut pas avoir aimé Alexander et en avoir été aimé sans un important engagement émotionnel, à forte dominante fusionnelle. Dès lors, on ne tourne pas facilement la page pour passer à autre chose. Je n'ai pas encore le goût de la banalité. Je ne sais toujours pas que faire de mon chagrin.

vendredi 10 avril 2009

Jane Birkin



Y a-t-il encore quelqu'un sur terre qui n'ait jamais entendu cette chanson ? Depuis sa sortie, en 1969, elle a fait le tour du monde de très nombreuses fois. Composée par Serge Gainsbourg, qui l'interprète ici avec elle, c'est la chanson qui a fait connaître Jane Birkin et c'est sans doute la plus connue de toutes les chansons qu'elle a interprétées. Depuis 1969, Jane Birkin a enregistré vingt disques (le plus récent, « Enfants d'hiver », est sorti en 2008) et elle a fait bien d'autres choses au cinéma, à la télévision, au théâtre…

Je voulais depuis un moment déjà parler de Jane Birkin et je suis heureux de pouvoir aujourd’hui même exprimer mon affection pour la chanteuse, pour la comédienne, pour la femme et pour la citoyenne Jane Birkin qui prend position et qui s’engage dans des luttes pour la défense des droits. Si je sais que Jane Birkin participera à une émission de télévision, j'essaie de la regarder

Je ne peux pas dire que j’aie suivi fidèlement la carrière de Jane Birkin. Je ne connais pas non plus très bien toutes ses chansons, pour la simple raison que, depuis plusieurs années, je n’ai pas écouté beaucoup de chansons, sauf celles qu’il m’arrive d’entendre lorsque je circule dans des endroits publics, puis quelques autres en vidéo sur Internet, par exemple. Celui que j’aime, lui, les connait toutes et je crois qu’il a tous ses disques.


En consultant son abondante filmographie, je m'aperçois que Jane Birkin a joué dans plusieurs films que j'ai vus il y a plusieurs années (Blow-Up, Les Chemins de Katmandou, Le Mouton enragé, L'Ami de Vincent, Le Neveu de Beethoven, La Belle Noiseuse, On connaît la chanson, ...). Mais c'est vraiment Daddy nostalgie, un film de Bertrand Tavernier de 1990, qui me revient le mieux à la mémoire. Elle y incarne le rôle d’une jeune scénariste d’origine irlandaise vivant en France, qui vient rendre visite à ses parents dans le sud de la France et qui retrouve avec plaisir son père, incarné par Dirk Bogarde, trop souvent absent dans l’enfance et la jeunesse de la jeune femme. J’aime Jane Birkin et j’ai toujours aimé aussi le comédien Dirk Bogarde qui, durant les dernières années de sa vie s’était installé en France où il était devenu écrivain.

Fille de David Birkin, commandant de la Royal Navy, et de l'actrice Judy Campbell (Gamble est son nom véritable), Jane Birkin est établie en France depuis la fin des années 1960. En digne descendante de Charles II, roi d’Angleterre et d’Écosse, décorée Officier de l'Empire britannique par la reine Élizabeth II en 2001, Jane Birkin ne renie pas ses origines ni sa culture. Sa fidèle amie Dora est un bouledogue anglais à qui le compagnon d’Alexander a eu l’occasion de prêter sa balle lorsqu’ils jouaient ensemble à Hyde Park.


Il y a quelques semaines, une amie m’avait annoncé que Jane Birkin donnerait un concert à Londres. J’ai fait une recherche rapide sur Internet et j’avais trouvé la date du concert et le nom de la salle. En pensant qu’Alexander pourrait assister à son concert, j’avais voulu lui faire une surprise en essayant d’organiser une rencontre entre la chanteuse et lui ; j’ai écrit à Jane Birkin. Le lendemain, Jane Birkin écrivait un très gentil message à Alexander et l’invitait à venir la voir dans sa loge après le concert.

Je me suis rendu compte ensuite que Jane Birkin devait donner un concert à Montréal ce vendredi 10 avril. Je m’étais promis d’y aller ; ce serait une excellente façon de souligner un anniversaire important et quelques heureuses coïncidences. Malheureusement, j’ai appris la semaine dernière que le concert de Montréal était reporté à plus tard, en juin, je crois ; je surveillerai et je m’organiserai sûrement pour y aller. En avril ou en juin, il y aura toujours à célébrer. Quand on aime, chaque jour est une fête.


Ajout : En fait, c'est le 7 août prochain que Jane Birkin donnera son prochain concert à Montréal.

mardi 3 mars 2009

Nous ne t'oublions pas

La photo vient d'ici

Il y a déjà deux mois que tu es parti, Harry, au royaume des chats. Nous n'oublierons jamais les treize années de bonheur partagé.

dimanche 4 janvier 2009

Pour saluer Harry (Potter)

Croyez-le ou non, il y a un mois encore, je n'avais jamais vu un seul des films de la série « Harry Potter », sauf des extraits à la télévision. Or, après en avoir parlé récemment avec quelqu'un que j'aime beaucoup, qui a vu tous les films et lu tous les livres de la série, et qui a plusieurs raisons, s'il en faut, d'aimer ces histoires, ces personnages, ces décors, ces paysages, j'ai eu envie de voir d'abord les films. J'ai regardé hier soir le quatrième de la série, « Harry Potter et la coupe de feu ». Je dois dire que j'y prends beaucoup de plaisir. Je ne regrette pas de ne pas les avoir vus avant car je les découvre en ce moment avec un immense plaisir que je n'aurais pas connu si j'avais regardé ces films il y a un an, par exemple. Je pensais regarder ce soir le cinquième film disponible mais ce soir mes pensées sont toutes tournées vers un autre Harry (non pas le jeune prince du même nom mais un chat merveilleux dont le nom complet est Harry Potter), et mon cœur est tout entier avec son fidèle ami et compagnon des treize dernières années.

Il y a quelques semaines, le 18 novembre dernier, plus précisément, j'ai parlé des problèmes de santé que connaissait Harry et qui inquiétaient au plus haut point son ami, avec raison. Puis, le 22 novembre, je remerciais la déesse Bastet car Harry avait pris du mieux et repris des forces. Depuis lors, il semblait aller aussi bien que possible. Il avait retrouvé sa joie de vivre et continuait de faire le bonheur de son maître et de leur ami canin.

Parti à la campagne pour célébrer Noël, Harry y avait trouvé un charmant petit lit joliment aménagé par la grand-mère de son ami, une bouillotte pour le tenir au chaud. Il s'était même permis de manger quelques fleurs du bouquet qui souhaitait la bienvenue à lui et ses amis humain et canin. Un soir, en montant à sa chambre, mon amour avait vu avec émotion Harry dormir dans son propre berceau de bébé...

Or, hier soir, Harry a fait comprendre que ça n'allait plus, qu'il était temps de partir. Peu après être rentré d'une promenade dans la campagne, mon amour a constaté que Harry avait donné tout ce qu'il pouvait, que la prolongation de sa vie terrestre ne pourrait se faire que dans la souffrance. Comme il le lui avait promis, mon amour était là au moment critique ; comme il le lui avait promis, quand il fut clair qu'il n'y avait plus de retour possible, il a fait lui-même l'injection qui mettait fin à une souffrance aussi subite qu'irréversible.

Je ne connais pas beaucoup les chats moi-même mais j'ai lu quelque part, à plus d'un endroit, que les siamois sont parmi les plus fortes personnalités qui existent chez les chats, qu'ils sont joueurs, attachants, qu'ils aiment la vie domestique, la présence des gens autour d'eux, bien qu'ils n'aient en général qu'un seul maître. C'est sans doute le chat le plus attaché à son maître et celui qui exige de celui-ci une une présence attentionnée qu'il lui rend bien. On dit qu'il était aussi apprécié de la famille royale de Siam (l'ancienne Thaïlande) que des moines bouddhistes.

Or Harry n'était pas qu'un chat, pas qu'un siamois. C'était le compagnon depuis treize ans de ce garçon que j'aime. Harry avait été recueilli par la grand-mère de celui que j'aime et elle le lui offert au début de son adolescence ; il avait partagé sa vie durant toutes ses études et le début de sa vie professionnelle. On dit que le siamois développe avec son maître une telle complicité qu'on a l'impression qu'ils entretiennent une conversation intelligente ; c'était véritablement le cas entre Harry et son ami.

Harry devait quitter la campagne ce lundi pour rentrer avec ses deux amis, humain et canin, à l'appartement du centre-ville. Puisqu'il devait partir, abandonner son écorce terrestre, il a choisi le meilleur moment pour le faire. Il aura laissé passer les fêtes de Noël et du nouvel an, il y aura participé à sa façon. En annonçant hier soir qu'il ne pouvait plus retarder son départ pour l'autre dimension, il a permis à son maître et ami de lui donner la sépulture qu'il voulait. Un voisin lui aura fabriqué un petit cercueil et Harry aura été enseveli ce soir même dans le parc de celle qui l'avait recueilli il y a treize ans, comme elle a recueilli et soigné tant d'autres de ses frères du règne animal. S'il avait pu parler, Harry aurait su trouver les mots pour remercier cette femme extraordinaire qui, dans son cas, lui aura permis de vivre tous les bons côtés d'une vie princière, sans les aspects négatifs de la célébrité. Je suis sûr qu'au cours des derniers jours, il aura su dire par le regard ce « merci » qu'il ne pouvait prononcer.

Harry ne souffre plus et il a rejoint le paradis des chats. Sur Terre il ne sera jamais oublié de ceux qui l'ont connu. Pour ma part, jamais auparavant je ne me serai attaché à ce point à un chat. J'ai connu Harry bien tard mais il aura su, autant que son maître et ami, conquérir mon cœur. Ce cœur, il est bien lourd et malheureux ce soir en pensant à la peine de celui à qui Harry manquera le plus. Je lui souhaite beaucoup de force pour traverser cette épreuve et je l'assure de tout mon amour et de ma présence.

samedi 22 novembre 2008

Merci à Bastet


J'ai des nouvelles de Harry. Il va beaucoup mieux. Il a cessé de vomir et il reprend des forces. Merci à Bastet d'écouter nos prières. L'encens et les bougies continuent de brûler devant son image.

Cette photo anonyme provient d'Internet

Quand à l'ami canin, il est comme moi : il n'a pas l'air trop malheureux mais il attend impatiemment le retour de son maître. Il traîne partout un pull que son maître lui a laissé avant de partir ; il retrouve dans ce pull l'odeur de son maître. Moi qui n'ai pas l'odorat si fin, en attendant de respirer son parfum sur lui-même, j'ouvre de temps à autre une jolie petite boîte bleue et j'y respire le parfum de celui que j'aime.

Comme le dit si bien l'amie qui me donne des nouvelles — et elle sait très bien de quoi elle parle car elle en a plusieurs chez elle — les animaux sont plein d'amour et de fidélité envers ceux qui les aiment. Certaines personnes devraient s'en inspirer.

mardi 18 novembre 2008

Prière à Bastet

Nous, les humains, avons nos divinités ; certains ne veulent croire qu'en une seule, d'autres pas du tout. La plupart de ces divinités sont représentées sous forme humaine ; d'autres cependant sont représentées par des animaux ou par des choses. Chez les anciens Égyptiens, par exemple, les divinités peuvent apparaître sous la forme de bélier, de chacal, de chat, de chien et de la famille des canidés, de cobra, de crocodile, de faucon, de gazelle, de grenouille, de hérisson, de lion, d'oiseau, de scarabée, de serpent, de vautour, et de nombreuses autres formes animales.

Parmi ces divinités, il y a la déesse Bastet ou plus vraisemblablement Bast, représentée sous forme de chat, « protectrice des femmes et des enfants, détient le pouvoir magique qui stimule l'amour et l'« énergie charnelle », peut-on lire sur Wikipédia. On y lit également ceci : « Bastet est une déesse aux caractères antagonistes, douce et cruelle, elle est aussi attirante que dangereuse. Bastet est aussi le symbole de la féminité, la protectrice du foyer et la déesse de la maternité. Mais toujours en elle, sommeille le félin... »

S'il existe une divinité qui veille sur les chats, c'est bien Bastet. C'est à titre que je l'invoque aujourd'hui, avec bougie et encens devant son image ; je n'ai pas la statuette, mais une image agrandie de celle ci :




Il y a lieu d'invoquer la déesse Bastet pour veiller sur Harry dont les problèmes d'articulations causés par un cancer ont limité grandement les déplacements et les jeux depuis deux ans, sans affecter son humeur et sa capacité d'exprimer son affection.

Harry habite chez son maître depuis 13 ans, l'âge même qu'avait son maître au moment où ils sont devenus amis. C'est donc dire qu'il aura été pour son maître depuis 13 ans le fidèle ami de tous les instants, le témoin de son adolescence, de sa vie d'étudiant et de jeune adulte, le complice de tant de moments intenses, beaux ou tristes, compagnon de ses nuits de lecture ou de ses rêveries auprès du feu.

Cette photo anonyme provient d'Internet

Depuis deux jours, Harry ne va pas bien. Il est allé trois fois chez le vétérinaire en vingt-quatre heures. Le vétérinaire viendra ce mercredi matin l'examiner et, au besoin, lui faire une injection pour calmer les vomissements. Jamais son maître n'acceptera de voir souffrir son chat ; tant qu'il pourra lui maintenir une qualité de vie, sans douleur qu'il ne pourrait atténuer, il fera tout ce qui est possible. Les deux dernières visites chez le vétérinaire ont fait beaucoup de bien à Harry et, ce mardi soir, il avait pris du mieux. Hélas, son maître doit s'absenter durant une semaine, sans possibilité de reporter à plus tard cette longue absence qui le privera de l'affection de son chat et qui l'empêchera de veiller amoureusement sur lui. Heureusement, une très aimable voisine et amie accueillera Harry durant cette semaine et en donnera quotidiennement, par téléphone , des nouvelles à son maître ; évidemment, elle communiquera immédiatement avec le vétérinaire si l'état de santé devait s'aggraver.

En l'absence de son maître, je prendrai la relève pour demander à la déesse Bastet de veiller sur Harry et de faire en sorte qu'il puisse continuer de faire le bonheur de son maître et de sa petite famille. J'ai devant moi une grande photo en noir et blanc sur laquelle on voit, en gros plan, Harry appuyé sur la poitrine de son maître, la tête posée sur son épaule ; il semble s'abandonner en toute confiance et, dans son regard qui me fixe en douceur, je peux lire : « Je compte sur toi pour m'aider à prolonger ce bonheur ! »



En 1985, Freddie Mercury avait dédié à tous les amis des chats du monde entier son premier album solo, « Mr Bad Guy ». En 1991, ce chanteur du groupe Queen a publié sur son album « Innuendo » une chanson intitulée « Delilah », dédiée à son propre chat ; dans cet enregistrement, son guitariste et lui se transforment en chats pour en imiter les miaulements. Ces chats ont tous un nom ; par exemple, le chat roux, c'est Oscar ; Delilha, c'est la chatte noir et blanc qui dort dans le panier rempli de linge ; le persan que Freddie Mercury embrasse sur le canapé, c'est Tiffany...


lundi 4 août 2008

Mon arbre, ton arbre... notre vie

Je suis né à la campagne et j'y ai grandi jusqu'à l'âge de 15 ans. Autour de la maison, il y avait un jardin, des bâtiments de ferme, des champs et, pas très loin, la forêt. De quelque côté que l'on regarde, on voyait des arbres, des conifères, surtout, des pins, des sapins, des épinettes, mais aussi des érables, des bouleaux, des trembles, des noisetiers... En fait c'est mon père qui, le premier, avait défriché ce coin de forêt pour y construire d'abord une habitation rudimentaire, faite de troncs d'arbres qu'il avait lui-même abattus, cabane dans laquelle sont nés les premiers de mes frères et de mes soeurs. Par la suite, mon père a construit la maison dans laquelle j'ai vécu de ma naissance jusqu'à quinze ans, avec deux parenthèses. Ce n'était pas un château ni un manoir luxueux, mais c'était une jolie maison de campagne avec une grande galerie qui courait sur trois côtés. Je ne me souviens pas moi-même du temps où nous n'avions pas encore de voisins établis sur des terres voisines qu'ils avaient aussi défrichées et ensemencées.

Quand on vit à la campagne, surtout quand on y est né, les arbres, les plantes, ça nous semble tout naturel ; on en jouit sans trop se rendre compte de la chance que l'on a. Puis, quand on doit, pour « gagner sa vie », s'installer dans les grandes villes, vivre entre l'asphalte et le béton, avec quelques arbres qui essaient tant bien que mal d'humaniser tout cela, on se rend compte du privilège que l'on avait de vivre parmi les plantes, de voir grandir les arbres, d'observer les saumons et les truites frétiller dans la transparence des rivières voisines, d'admirer les bêtes, grandes ou petites, qui peuplent les forêts...

À Montréal, il y a longtemps que j'habite au pied du mont Royal. Quand j'ai besoin de respirer, de retrouver la sérénité, j'ai souvent eu le réflexe d'aller marcher sur le mont Royal. La végétation, les oiseaux et petites bêtes qui aiment ce grand parc autant que moi, me font rapidement oublier le rythme trépidant de la ville ou les agitations de l'esprit et du cœur. Après avoir marché un moment dans les sentiers, après avoir bien senti le sol sous mes pieds, j'aime retrouver « mon » arbre, quelque peu à l'écart et m'y appuyer. Bien adossé à son tronc, il me semble sentir monter en moi une énergie nouvelle comme si mes pieds la puisaient dans le sol, près des racines de l'arbre, et comme si cette énergie grimpait dans le tronc de l'arbre et passait directement en moi au contact de ma colonne vertébrale. Je peux rester ainsi très longtemps, adossé à cet arbre, à refaire le plein d'énergie et à refaire le monde de mes rêves.

Je sais que je ne suis pas le seul à sentir le végétal en moi. J'en parlais récemment avec quelqu'un que j'aime beaucoup ; il me disait accorder aussi beaucoup d'importance à ce contact, à ce ressourcement de l'énergie venant du sol, passant par la végétation et par les arbres.

Sur le plan de la symbolique, avec ses racines s'enfonçant dans le sol et ses branches s'élevant vers le ciel, l'arbre est un symbole de vie, comme s'il était un lien entre la Terre et le Ciel, entre l'humain et le divin. Dans La fugue du petit Poucet, Michel Tournier le dit très bien : « Plus vous voulez vous élever, plus il faut avoir les pieds sur terre. Chaque arbre vous le dit. »

Comme la vie de l'arbre est généralement plus longue que celle de l'homme, on en fait aussi un symbole de renaissance, de fertilité et d'éternité. D'ailleurs, de nombreux parents ont la sagesse, à la naissance d'un enfant, de planter un arbre, en espérant les voir grandir ensemble, le plus longtemps possible.

Les arbres sont, pour diverses raisons, importants dans nos vies personnelles, mais leur présence est essentielle à la survie de la planète sur laquelle nos vivons, pour l'air qu'ils contribuent à purifier, pour la lutte contre le réchauffement et contre la désertification, etc.

La plupart des photos proviennent d'ici

S'il m'arrive souvent de me sentir en communion avec les arbres, je crois que je suis aussi comme le renard du Petit Prince. Je m'intéresse aux choses que me font découvrir ceux qui m'ont apprivoisé ou aux choses qui me rappellent ceux que j'aime. Il y a quelque semaines déjà, mon ami Poeri (dont ce sera l'anniversaire ce mardi 5 août) m'a envoyé des liens vers un film d'animation que l'on peut retrouver sur Internet, film qui a obtenu un grand succès au cinéma et que l'on a pu voir aussi à la télévision. Il s'agit du film d'animation qu'a réalisé le dessinateur québécois Frédéric Back sur une nouvelle de l'écrivain provençal Jean Giono, « L'homme qui plantait des arbres ».

Je n'avais encore jamais eu la patience de regarder au complet le film à la télévision mais, puisque Poeri attirait mon attention sur ce film comme résultat d'une superbe collaboration québéco-provençale, je me devais de le regarder au complet. On peut le trouver en deux parties, je crois, sur Dailymotion (la suite sera annoncée sur la page ; je crois même qu'il y a une version anglaise)ou encore en une seule partie sur Sub (le film dure environ 30 minutes). La narration est assurée par l'excellent Philippe Noiret. La combinaison du texte, de Giono son message, les dessins et l'animation de Frédéric Back et la voix de Noiret font de ce film un document très poétique et très touchant. On aurait tout de suite envie de de prendre ce qu'il faut et d'aller planter des arbres parout où l'Homme a détruit la nature, partout où la Terre a besoin de respirer et de boire..

De plus, comme il s'agit d'un très beau texte de Jean Giono et que ce texte est du domaine public, on pourra lire ici le texte intégral, en français, en anglais ou en russe, je crois.

Je ne sais pas pourquoi Peter Doyle, qui a fait la traduction anglaise, a traduit « tendres comme des adolescents et décidés » par « they were as tender as young girls, and very determined. » C'est comme si, dans son esprit, des adolescents tendres étaient forcément des jeunes filles ! On devrait le priver de sa nationalité anglaise... à moins qu'il ne soit aux États-Unis. Traduttore, traditore, disent les Italiens. « Tout décodage est un autre encodage », me disait hier un ami très cher. Traduire, c'est trahir, en voici donc une preuve supplémentaire.

Message personnel : Quelqu'un que j'aime énormément doit subir aujourd'hui des soins médicaux qui ne sont pas agréables mais nécessaires. Il ne rentrera pas dormir chez lui ce soir. S'il lit ces mots, qu'il sache, encore une fois, que si la distance m'empêche d'être là en personne, j'y serai entièrement de cœur et d'esprit.