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vendredi 27 mars 2009

Criminels - 3 : sinistres crapules

« Ce sont tous de sinistres crapules
quand ce ne sont pas tout simplement
de sombres idiots. »
Marcel Proust, Le Côté de Guermantes

Il y a quelques jours, ici et ici, je parlais de colère ; colère contre la déclaration irresponsable (et criminelle) de Benoît XVI, contre les gens qui ne surveillent pas leurs chiens qui risquent de se faire écraser, contre les automobilistes qui ne ralentissent pas lorsqu'il y a un jeune chien fou au milieu de la rue (négligence criminelle dans les deux cas)... Chaque jour, depuis l'été dernier, je vais faire une promenade au parc Jeanne-Mance et, pratiquement tous les jours, je m'arrête un moment le long de l'avenue du Parc, face au monument que l'on voit sur la photo ci-dessous ; il y a là quelques bancs où j'aime me chauffer au soleil en attendant que la neige soit fondue dans le parc et que le sol soit sec. J'aime parfois y prendre des photos, quand la lumière est belle ou quand les nuages changent rapidement. Je disais, samedi dernier, que j'aurais voulu prendre des photos à cet endroit mais que quelque chose m'en empêchait et que je dirais pourquoi. Voilà pourquoi.

Photo : Patrick Sansfaçon, La Presse

Depuis quelques mois, même en plein hiver quand il fait moins 30 degrés Celsius, même quand la tempête est si mauvaise que personne n'ose sortir, il y a à cet endroit une bande de revendeurs de « café », une bande de sombres crapules qui abordent ouvertement à peu près toutes les personnes qui passent par là, qui se rendent au parc ou qui en reviennent, ainsi que toutes les personnes qui descendent de l'autobus à cet arrêt pour traverser le parc du côté Est et rentrer chez eux.

Combien de fois me suis-je fait aborder par l'un d'eux pour savoir si j'allais bien ! Combien de fois les ai-je vus aborder des jeunes de douze ou treize ans ! Il m'est arrivé de voir, justement, certains de ces garçons de douze ou treize ans fumer ces substances tout près de là. En restant assis là, au soleil, j'en vois de toutes les couleurs. Des employés de bureaux, d'honorables maris et pères de famille aussi sans doute, d'autres canailles, sangsues, forbans et autres voyous, qui viennent chercher là leurs doses de « café ». Les transactions se font ouvertement, à la vue de tous, aussi bien des enfants et des adolescents que de leurs parents.

À quelqu'un qui m'approchait, j'ai simplement répondu, l'autre jour : « Comment ? Vous n'êtes pas encore en prison ? » Il a eu la présence d'esprit de me répondre qu'il m'attendait, qu'il voulait y aller avec moi. J'ai eu la présence d'esprit de continuer mon chemin sans m'arrêter, sans me retourner, alors qu'il insistait pour me parler. Je n'ai que mépris pour cette faune parasitaire, où qu'elle soit ; je sais qu'elle existe même si je ne la vois pas.

Qu'ils s'entretuent, au fond, ça ne me dérangerait pas trop si j'étais certain qu'ils ne causeront pas au passage d'innocentes victimes lors de leurs exercices d'extermination mutuelle. Hélas, il y a toujours d'innocentes victimes, à commencer par ceux qu'ils entraînent dans leur déchéance, les jeunes, psrfois des enfants, qu'ils initient à la consommation afin d'augmenter leurs ventes et de recruter des revendeurs. Parmi leurs victimes, il y a les membres de leur famille et de leur entourage. Et il y a la violence. J'ai vu récemmentà la télévision un reportage sur le trafic de la drogue au Mexique, je crois. Ces trafiquants, de grande ou de petite envergure ont déclaré la guerre à la police et, pour qu'on les laisse exercer tranquillement leur commerce, n'hésitent pas à abattre froidement un policier par jour, même si ce policier n'était pas précisément en train de combattre cette misérable vermine. Ces criminels font la loi dans certaines régions du Mexique, et ailleurs bien sûr. Dans pratiquement toutes les grandes villes, et plus particulièrement dans certains quartiers, grouillent ces bandes de puantes vermines.

J'éprouve un souverain mépris pour cette racaille qui menace sans scrupule la santé, la vie, la sécurité des individus et des sociétés où elle s'installe. Je suis en faveur de tous les moyens nécessaires pour éradiquer la vermine. Et je n'ai absolument aucune sympathie pour quiconque participe à leur commerce, pour le consommateur, quel qu'il soit. Car le consommateur de ces substances interdites ne fait pas que jouer un mauvais tour aux policier en achetant et fumant ces substances sans se faire prendre ; bien plus que cela, il se fait le complice de ces trafiquants, de ces sinistres individus qui, un jour peut-être, n'hésiteront pas à tuer son frère, sa soeur, ses parents, pour continuer son commerce lucratif. Au risque de perdre quelques amis (j'ignore lesquels, exactement), je le répète : à mes yeux, aux yeux de la société, tout consommateur se fait le complice de tous les meurtres, de tous les drames qui, au nom de l'une ou l'autre de ces substances, se produisent chaque jour dans le Monde.

Ces dernières semaines, donc, je n'osais plus prendre de photos lorsque j'étais au parc, car cette sombre vermine me tournait autour et je ne voulais pas qu'ils pensent que je les prenais, eux , en photos. Je sais qu'il y a des gens susceptibles (il m'est arrivé de me faire attaquer violemment par quelqu'un qui traversait la rue au moment où j'allais prendre une photo ; il était hors de mon champ de vision et je ne vois pas comment j'aurais pu, même en le voulant, le prendre en photo ; malgré tout, il était persuadé que c'était lui que j'avais photographié). Des détraqués, il y en a partout. Et dans la vingtaine de crapules qui me tournaient autour, la très grande majorité devait avoir un quotient intellectuel de 18, avec deux neurones fonctionnels. L'individu que l'on voit sur la photo ci-dessus, photo prise hier, jeudi, est l'un des moins inquiétants.

Il y a quelques jours, alors que j'étais assis sur l'un des bancs, un individu plus dangereux est arrivé. Crâne râsé, peau olivâtre, lunettes miroirs, élégamment vêtu (comme un truand d'un plus haut niveau), le manteau ouvert flottant au vent comme une grand cape. Il a dû s'inspirer de l'un des personnages les plus inquiétants du film Diva, ou de toute autre série télévisée où la violence est le personnage principal et où le sang coule comme au Québec le sirop d'érable au printemps. Dès qu'il m'a vu, il a enlevé ses lunettes, m'a regardé longuement et, en continuant sa route, s'est retourné deux ou trois fois en me jetant des regards menaçants. Il s'est approché de quelques-uns des parasites qui traînaient là ; ils ont échangé quelque chose, de manière plus discrète que d'habitude. Voyant que je ne me gênais pas pour les regarder, ils se sont éloignés tous ensemble pour aller continuer la conversation à l'écart.

Plusieurs fois j'ai parlé aux policiers qui souvent venaient prendre là leur café. Ils étaient très conscients de ce qui se passait sous leurs yeux. N'ayant aucune confiance en leur intervention, j'avais l'intention d'écrire au maire de Montréal et aux conseillers des quartiers environnants. Je n'ai pas eu le temps de le faire. Or, aujourd'hui, j'apprends que les policiers ont arrêté hier sept individus (hier et avant-hier, je n'ai pas eu le temps d'aller par là faire ma promenade). La photo ci-dessus a été prise hier et montre justement l'une des arrestations. Aujourd'hui, je trouvais que l'endroit était plus tranquille (je ne savais pas encore qu'il y avait eu des arrestations), mais il y avait tout de même une dizaine de ces charognards qui ne semblaient pas du tout intimidés par ce qui s'était passé hier. Je me demande même si, parmi eux, il n'y avait pas l'individu que l'on voit sur la photo. Ils attendent que la neige soit complètement fondue autour du monument ; alors reviendront les joueurs et les amateurs de tams-tams et, avec eux, toute une autre faune de parasites de toutes sortes, y compris les revendeurs qui pourront, fondus dans la foule des honnêtes et des moins honnêtes gens, au nez et sous leur regard protecteur de quelques dizaines de policiers, exercer tranquillement leur petit commerce.



samedi 18 octobre 2008

Où irons-nous ? réponse

Voici donc la question au concours du 11 octobre dernier. J'avais donné, mercredi dernier comme promis, la réponse à la question mais dans les commentaires à la suite de l'article. Je n'avais pas eu le temps de terminer cet article pour afficher clairement la réponse.

Il s'agit d'un ensemble de maisons autour d'un jardin. L'ensemble s'appelle Chelsea Place et on y accède par la rue Simpson, près du musée des beaux-arts de Montréal.

Ces maisons font partie du « Mille carré doré », là où étaient concentrés, entre 1850 et 1930, avant qu'ils décident d'émigrer vers des endroits plus paisibles vers l'ouest de Montréal, tous les millionnaires et les quelques milliardaires s'il y en avait à l'époque. Il fut encore jusqu'à ces dernières années le quartier des consulats. Il reste le quartier chic, des boutiques de luxe, des grands restaurants et des hôtels cinq étoiles, le quartier des musées, etc. Encore aujourd'hui, ce quartier constitue pour une élite qui aime vraiment Montréal un endroit très agréable à vivre. Quelques premiers ministres canadiens y ont habité ou s'y sont souvent retrouvés ; Pierre E. Trudeau y avait sa maison à deux pas d'ici ; Brian Mulroney était souvent au Ritz Carlton ; l'ancienne gouverneure générale Jeanne Sauvé habitait en face du Ritz, je crois. Des personnalités de la radio et de la télévision y habitent encore, parmi les plus discrètes, celles qui ont bon goût. Même moi, j'y ai habité... et j'y habite encore (au fil des ans, je me suis simplement déplacé de la partie Ouest à l'extrémité Est du quartier).

Certains lecteurs se sont laissés distraire par l'idée exprimée que, lorsque l'automne arrive, il me prend l'envie de partir. C'est vrai que j'ai envie de partir, mais cet automne je ne suis pas parti, je ne suis même pas sorti de Montréal depuis... je ne sais plus. L'association que je faisais entre cette rue de Montréal et l'idée de voyage, c'est qu'en passant par là il y a une dizaine de jours, j'ai eu l'impression d'arriver quelque part en Angleterre. Je n'y suis jamais allé encore (ça viendra), mais cet ensemble de maisons, par son architecture, par ses fenêtres, etc., me faisaient penser à certaines images que j'avais pu voir dans des magazines. Je suis parti en voyage, mais en rêve éveillé seulement.

Le Boston Terrier n'était effectivement pas tout à fait un indice, sinon qu'il venait renforcer pour moi l'impression de me trouver en Angleterre. En photographiant l'une de ces maisons, j'ai vu venir vers moi une jeune femme accompagnée d'un chien, un Boston Terrier. Elle me regardait prendre de nombreuses photos en ayant l'air de se demander pourquoi j'en prenais autant ; j'ai compris sa curiosité quand je l'ai vue se diriger vers la porte de la maison que je photographiais. Pour tenter de dissiper son inquiétude, j'ai spontanément demandé, sans préambule, sans formule de politesse, si son chien était un Boston Terrier (depuis quelques semaines, je regarde tous les chiens que je rencontre et j'essaie d'établir une communication avec leur maître... ou leur maîtresse). Comme les gens aiment toujours parler de leur chien, elle s'est arrêtée et nous avons parlé un peu. Pour finir de la rassurer, j'ai dit que j'aimais beaucoup ces maisons, cette rue, et que j'ai moi-même habité, il y a plusieurs années, la maison voisine de la sienne.

J'ajoute plusieurs photos pour que l'on puisse voir, en les agrandissant, que les voitures ont bel et bien des plaques d'immatriculation du Québec.

Je ne sais pas comment je peux démontrer qu'il s'agit d'une rue de Montréal ; il aurait sans doute fallu que je prenne des images de l'état lamentable de la chaussée.

Les participants n'ont pas été très nombreux et il n'y a qu'une seule personne qui a répondu qu'il s'agissait de Chelsea Place, à Montréal. Pour trouver le nom exact de l'endroit, elle a peut-être eu l'idée d'agrandir l'image de la porte à côté de laquelle on pouvait très bien lire « 18 Chelsea Place ». Drine recevra donc deux cartes postales. Félicitations à Drine et merci aux personnes qui ont participé.


Et voici la maison voisine de Chelsea Place, celle que j'ai habitée il y a plusieurs années déjà.


Ajout : Je m'étais demandé quelles étaient ces fleurs qui ornent l'entrée de chacune de ces maisons de Chelsea Place. Alexander est allé plus loin et a soulevé clairement la question en proposant une réponse, que confirme Béo : ce serait des chrysanthèmes. J'avais un doute car les chrysanthèmes que je connais, les fleurs qui pour moi portent ce nom, ne ressemblent pas exactement à celles-ci. Or, il semble qu'Alexander et Béo aient raison. Il y a de nombreuses variétés de chrysanthèmes et ces fleurs mauves en seraient l'une d'elles. On pourra le constater ici.

Il est intéressant de noter que le chrysanthème (qui se dit « kiku » en japonais) est la fleur impériale, symbole de joie. L'Ordre du Chrysanthème est le plus grand honneur qui soit accordé au Japon.

samedi 11 octobre 2008

Où irons-nous ?

Cliquez sur les photos pour les agrandir

Chaque automne, le goût de partir un moment, d'être ailleurs, se fait plus pressant, particulièrement au début du mois d'octobre. Ce n'est pas que j'aie un goût du voyage particulièrement prononcé. Je ne suis pas un nomade ; les perpétuels déplacements ne me conviennent pas. J'ai besoin de m'ancrer quelque part, de m'y faire un nid, même si ce n'est que pour quelques jours, quelques semaines, quelques mois.

Mais l'idée de changer d'air, d'aller passer quelques semaines, quelques mois, dans un endroit que j'aime me séduit toujours, à condition que je puisse m'y recréer un cocon où je pourrai me ressourcer à la fin de la journée. Depuis très longtemps, j'avais ma chambre à Paris. Je pouvais bénéficier du changement d'air, du changement de décor et de milieu culturel tout en me sentant chez moi.

Je n'ai plus cette chambre à Paris et je me demande si j'ai vraiment envie d'y revenir. J'y viendrai avec plaisir si c'est relativement facile à organiser, mais je ne ferai plus d'un séjour à Paris ma raison de vivre. J'ai envie de vivre là où est mon cœur et, ces dernières années, mon cœur a été plutôt orphelin. Il a pourtant recommencé à battre à un rythme plus accéléré et un cœur qui bat plus vite peut faire changer bien des choses...

Rien n'empêche, en attendant les grands changements, de s'offrir de courts dépaysements. C'est d'autant plus tentant qu'un ami très cher m'a fait hier une proposition très attrayante...

« Entrez, je vous en prie. Monsieur vous attend dans la bibliothèque. »

On sait au moins que ce n'est pas le 10, Downing Street,
ni d'ailleurs le 24, Sussex Drive


Reconnaissez-vous cet endroit ? Sauriez-vous dire dans quel pays, dans quelle ville ces photos ont été prises ?

Les deux premières personnes qui identifieront la ville recevront, si elles le désirent, une carte postale de la ville en question. La personne qui, au nom de la ville, ajoutera plus de précision recevra une deuxième carte postale.

Pour les besoins du concours, je ne publierai pas avant quelques jours (mercredi prochain, peut-être) les réponses des participants. Je continuerai toutefois de publier les commentaires qui ne donneront pas de réponse à la question ni d'indices trop révélateurs.

samedi 8 mars 2008

« Ne me libérez pas, je m'en charge ! »

Crachez en l'air...

L'image vient d'ici

« Le féminisme est un beau mouvement pacifique, qui n’a jamais tué personne, alors que le machisme tue tous les jours. » (Benoîte Groulx)

Faut-il souligner la journée internationale des femmes ? Certaines femmes disent qu'une journée annuelle consacrée aux femmes autorise l'oubli durant 364 autres jours.

Alors que de nombreuses féministes militantes déclarent la guerre contre les hommes, je préfère le ton et le discours d'une autre féministe, Élisabeth Badinter, qui met l'accent sur les ressemblances entre la femme et l'homme plutôt que sur leurs différences. Le discours et les revendications au nom de la différence ne peuvent, selon elle, qu'être porteurs de discrimination et d'inégalité.

mercredi 5 mars 2008

Telle mère, telle fille ?

L'ex-mairesse de la ville de Québec, Andrée P. Boucher, décédée le 24 août dernier, n'était pas seulement connue pour le mauvais goût dans le choix de ses robes ; ses adversaires redoutaient ses coups de gueule, non pas pour leur justesse mais en raison de leur éclat exagéré, tout autant que son entêtement. Sa fille, France, présidente-directrice générale de l'OQLF, semble tenir d'elle sa tête de c... (je n'écrirai pas le mot que j'ai en tête, puisque ce billet ne parle pas du Salon de l'agriculture).

L'Office québécois de la langue française(OQLF) est un organisme public créé en 1961, et qui s'est vu confier par l'Assemblée nationale du Québec, en 1977, la responsabilité d'appliquer et de faire respecter la Charte de la langue française.

Selon cette Charte, la mission et le rôle de l'organisme sont :
  • de définir et de conduire la politique québécoise en matière d'officialisation linguistique, de terminologie ainsi que de francisation de l'Administration et des entreprises;
  • de veiller à ce que le français soit la langue habituelle et normale du travail, des communications, du commerce et des affaires dans l'Administration et les entreprises;
  • d'aider à définir et à élaborer les programmes de francisation prévus par la loi et en suivre l'application;
  • de surveiller l'évolution de la situation linguistique au Québec et d'en faire rapport tous les cinq ans au ministre;
  • d'assurer le respect de la Charte de la langue française, agissant d'office ou à la suite de la réception de plaintes;
  • d'établir les programmes de recherche nécessaires à l'application de la loi et d'effectuer ou de faire effectuer les études prévues par ces programmes.
Parmi ses pouvoirs, l'Office peut :
  • prendre les mesures appropriées pour assurer la promotion du français;
  • assister et informer l'Administration, les entreprises, les individus et les groupes en ce qui concerne la correction et l'enrichissement de la langue française;
  • recevoir leurs observations et leurs suggestions sur la qualité de la langue ainsi que sur les difficultés d'application de la présente loi, et en faire rapport au ministre.
Depuis des mois, les Québécois s'inquiètent du recul de la langue française au Québec, inquiétudes alimentées par la publication de rapports de Statistique Canada et par les analyses parfois très fouillées faites par les universitaires et par les médias. Depuis des semaines, les médias dénoncent l'OQLF et le gouvernement qui dissimulent des études alarmantes sur la situation du français au Québec. Durant tout ce battage médiatique, la présidente-directrice de l'Office québécois de la langue française, France Boucher, la fille de l'autre à la tête dure, se réfugiait derrière la publication imminente d'un rapport quinquennal sur la situation du français pour refuser de faire quelque commentaire que se soit, muselant aussi ses principaux collaborateurs, universitaires, chercheurs, qui ont préparé et rédigé depuis cinq ans dix-huit études, plus de mille pages.

Depuis quelques semaines, les membres du comité d'experts chargés de mener des études et de conseiller l'Office québécois de la langue française dénoncent la culture paranoïaque du silence et du secret qu'impose à ses collaborateurs, chercheurs universitaires, la pdg France Boucher. Les membres de ce comité d'experts, qui devaient participer à la rédaction et réviser le rapport à paraître aujourd'hui, se sont vu imposer des conditions inacceptables et tous les membres de ce comité de suivi ont remis leur démission.

Aujourd'hui, l'OQLF dévoilait son rapport tant attendu. Or, ce qui a fait les manchettes, ce n'est pas le contenu du rapport parce que, contrairement à ce qui se fait normalement, les journalistes n'ont pas reçu le document avant la conférence de presse, n'ayant par conséquent pas le temps d'en prendre connaissance et de poser les questions pertinentes. Les journalistes ont exprimé leur insatisfaction au sujet de la façon de faire de la présidente-directrice générale de l'OQLF et ont posé plusieurs questions au sujet de la culture du silence, de la démission du comité d'experts, etc. Quant les journalistes ont demandé à la présidente de donner un avis, une conclusion qu'elle tirait de ce bilan des cinq dernières années, elle a refusé de le faire, renvoyant les journalistes aux 1 000 pages de des études et au 197 pages du rapport.

L'arrogance de la présidente-directrice générale ne s'est pas relâchée une seconde durant la présentation de son rapport et la période de questions qui a suivi. France Boucher, digne fille de sa mère, vient du personnel politique du gouvernement Libéral de Jean Charest, ce parti qui est élu par les puissants anglophones de Montréal, qui ne reçoit pas l'appui de vingt pour cent des francophones québécois. Ce gouvernement n'a aucune crédibilité quand il prétend vouloir assurer la promotion de la langue française puisqu'il est élu par les anglophones. France Boucher, la fille de l'autre, semble avoir été nommée à la présidence de l'OQLF pour y jouer un rôle politique, celui de donner une plus grande satisfaction aux anglophones de Montréal, cacher aux francophones les données qui pourraient les inquiéter et de faire taire les experts qui étudient l'état de la langue française au Québec.

Devant le manque de transparence de l'OQLF et l'arrogance intolérable de sa présidente, j'espère que de nombreuses voix s'élèveront au cours des prochaines semaines pour réclamer la démission immédiate de France Boucher. Toutefois, quand on sait que la ministre de la Culture et des Communications, dont relève l'OQLF, qui a quitté l'an dernier un poste de journaliste à Radio-Canada où elle déprimait pour accepter l'invitation du chef Libéral, est aussi à l'aise en politique et surtout dans tout ce qui relève de la culture, qu'un poisson rouge serait à l'aise dans la cage de ma perruche, on peut tout de suite en conclure que nous aurons droit à la langue de bois, aux messages pré-enregistrés. Celle qui n'était pas une très bonne journaliste à Radio-Canada n'a pas acquis de compétences supplémentaires en devenant ministre; pour défendre au Québec la langue et la culture, il faut un peu plus que d'être une personne gentille et souriante qui ne fait que répéter mot à mot les petites phrases apprises par coeur que lui ont rédigées ses conseillers.

mardi 4 mars 2008

Un président ou un autre


Soirée importante dans le processus électoral des États-Unis. Peut-être saurons-nous ce soir qui a le plus de chance d'obtenir l'investiture de son parti pour les élections présidentielles de novembre prochain.

Du côté des Républicains (le parti de l'actuel président « bouche »), le sénateur John McCain est presque certain de remporter l'investiture.

Du coté des Démocrates, la sénatrice Hillary Clinton et le sénateur Barak Obama sont au coude à coude. Les élections primaires de ce soir, dans quelques États, risquent d'être déterminantes. Hillary Clinton est sans doute celle qui a le plus à perdre : si elle n'obtient pas des résultats marquants, elle risque de ne plus avoir beaucoup de chance de renverser la vapeur et de ralentir la « barakomanie ». Suspense en fin de soirée quand les résultats de ces élections primaires seront annoncés.

En tant que voisins de ce pays, nous ne pouvons rester complètement indifférents au choix de la personne que les États-Uniens choisiront en novembre prochain ni, par conséquent, au choix de candidats que feront les délégués des deux partis. John McCain est sans doute beaucoup plus ouvert que le président actuel, mais deux mandats consécutifs de ces conservateurs, ça suffit. Si je devais voter ce soir, je crois que mon choix irait à Hillary Clinton ; dans la course à l'investiture, elle me semble avoir l'avantage de l'expérience sur son rival Barak Obama. En dépit de l'immense vague de popularité que celui-ci suscite, je n'arrive pas à bien « sentir » ce candidat. Cette vague me fait un peu trop penser à celle que la France a connue aux dernières élections présidentielles, bien que le candidat étatsunien semble mieux maîtriser son image...

Le 22 février dernier, j'écrivais un billet intitulé Un président pour un autre, au sujet des lapsus politiques. Le candidat Obama n'est pas à l'abri de ce genre d'erreur. Ayant déclaré que s'il était président l'un de ses premiers gestes serait de remettre en question l'Accord de libre-échange nord-américain - l'ALENA, pour les intimes (j'en ai parlé le 29 avril 2006) -, le sénateur Obama a dit qu'une fois élu, il ne tarderait pas à appeler « le président du Mexique » et le « président du Canada » (les Canadians sont loin de vouloir renoncer à leur reine Elisabeth II et à proclamer la République). Ce lapsus, s'il en est véritablement un, est tout de même assez révélateur sur la connaissance du candidat sur le régime politique du Canada, son voisin ; cette ignorance m'inquiète. Quant au Québec, si jamais il a déjà entendu ce nom, il doit bien se demander si ce n'est pas une province d'un quelconque pays du Moyen-Orient.

samedi 23 février 2008

Les présidents se suivent...

et ne se ressemblent pas.

L'un aimait les vaches et les bains de foule.


L'autre préfère dire des vacheries et écorcher son troupeau.


« Casse-toi, pauvre con », tel est le langage du président français, digne du geste de Jean Chrétien, alors premier ministre du Canada, qui avait tordu le cou d'un citoyen qui manifestait contre le pillage scandaleux par le gouvernement de la caisse de l'assurance-chômage.

Pour voir comment un seul (triste) individu peut transformer un Salon de l'Agriculture en culture de l'agressivité indigne d'un salon, on peut lire l'article de Libération et voir la vidéo du Parisien en suivant ce lien ; à moins que vous ne préfériez lire cela dans Le Monde.

Un tel langage dans la bouche d'un président français ne ternit pas l'image de l'homme qui incarne la fonction puisque l'homme a déjà eu suffisamment d'occasions de montrer ce qu'il est. Le plus grave, c'est que ce langage de voyou porte atteinte à la dignité de la fonction et à l'honneur de la France.

Un tel langage, une telle agressivité de la part d'un homme public, à plus forte raison quand cet homme occupe la plus haute fonction, démontrent simplement que les chaussures qu'il porte sont beaucoup trop grandes pour lui.

Un proverbe basque dit que « l'étalon ne sent pas les coups de pieds de la jument » ; une variante dit que « les coups de corne de la génisse ne font pas de mal au taureau ». Si celui qui se prend pour un taureau voit rouge à tout moment et fonce, la bave au menton, sur tout ce qui bouge, c'est qu'il est bien mal dans sa peau (et pas si mâle qu'il le voudrait). Le comportement du mâle en question est davantage celui du coq que celui du taureau, plus à l'aise à la basse-cour avec ses poules qu'avec les nobles bêtes du pré. « Le coq est roi sur son fumier », a écrit Sénèque ; certains coqs transportent avec eux leur fumier afin de régner partout où ils sont.

« L'oiseau doit beaucoup à son plumage », dit un autre proverbe français et, pour emprunter au fabuliste, si le plumage de ce drôle de coucou se rapporte à son ramage, je ne voudrais surtout pas lui confier mon fromage.

Le chef d'État en mauvais état devrait méditer cette phrase du poète Phocylide de Milet : « L'oiseau se défend par son vol, le lion par sa force, le taureau par ses cornes, l'abeille par son aiguillon ; la raison est la défense de l'homme. »

vendredi 22 février 2008

Un président pour un autre...

Il arrive à tout le monde d'utiliser un mot pour un autre. Que le lapsus soit linguae (oral), calami (avec la plume) ou clavis (avec le clavier), il peut être amusant ou embarrassant selon les circonstances.

Le cas du député de droite qui, à l'Assemblée nationale, trouve que le texte de loi à l'étude, condamnant la pornographie, n'est pas assez sévère, a fait rire ses collègues en leur demandant de « durcir leur sexe » alors qu'il voulait les exhorter à « durcir leur texte ». S'il a ri lui-même, ce devait être un rire jaune.

Cette semaine, le maire de Québec, recevant le chef de l'opposition de Sa Majesté britannique au parlement canadien, a appelé Stéphane Dion « Monsieur le premier ministre ». Cette erreur, bien involontaire de la part du maire de Québec, a fait plaisir à Stéphane Dion qui pour la première et sans doute la dernière fois de sa vie aura été premier ministre du Canada, durant 15 secondes.


Les hommes politiques font parfois des erreurs qui passent pour de simples lapsus et qui sont en fait des signes de leur profonde ignorance du monde géo-politique. On se souvient de Jean Chrétien, ancien premier ministre du Canada, qui lors d'une visite à Jérusalem, ne savait pas s'il était dans Jérusalem-Ouest ou dans Jérusalem-Est. Quant on sait que l'ONU ne reconnaît pas la réunification unilatérale de Jérusalem décrétée par le gouvernement israélien et que Jérusalem-Est est toujours considérée comme un territoire occupé, on se demande si Jean Chrétien n'aurait pas dû réviser ses leçons avant d'ouvrir la bouche. Le même Jean Chrétien avait un autre jour déclaré que l'arment nucléaire était dangereux et qu'un enfant pourrait se blesser en jouant avec de telles armes.

Au sud de la frontière canadienne, un président encore en poste s'est mis plus d'une fois les pieds dans la bouche, au point que l'on a créé le mot de bushisme pour désigner les nombreuses erreurs verbales de ce digne président de la plus grande puissance mondiale. Le premier ministre australien n'a sans doute pas apprécié, en septembre dernier, lorsque le président « bouche » a remercié « les troupes australiennes » que l'Australie avait envoyées en Irak. Quelques secondes plus tôt, le président « bouche » qui prenait la parole devant les membres de l'APEC (Coopération économique pour l'Asie-Pacifique) se croyait devant les membres de l'OPEC (Organization of Petroleum Exporting Countries ; en français : Organisation des pays exportateurs de pétrole - OPEP). On peut voir ici la vidéo.

On a ressorti ces derniers jours une vidéo du candidat républicain John McCain aux élections présidentielles faisant allusion à Poutine comme président de l'Allemagne (alors que tout le monde sait bien que « poutine », c'est québécois). Voici cette vidéo.

De l'autre côté de l'Atlantique, c'est notre amie Béo qui s'indigne du fait que l'on utilise de manière abusive l'image du Che en lui attribuant la nationalité cubaine.

dimanche 10 février 2008

Montesquieu

« Dans une nation libre, il est très souvent indifférent
que les particuliers raisonnent bien ou mal :
il suffit qu'ils raisonnent ; de là sort la liberté,
qui garantit des effets de ces mêmes raisonnements. »

Montesquieu, De l'esprit des lois

Il y a 253 ans, mourait à Paris Charles-Louis de Secondat, baron de La Brède et de Montesquieu. Né au château de La Brède, près de Bordeaux, le 18 janvier 1689, l'auteur des Lettres persanes (critique spirituelle de la société française, publiée en 1721) et de De l'esprit des lois (ouvrage d'observation et de réflexion publié en 1748 dans lequel il tente d'expliquer par des facteurs objectifs les différences entre les sociétés et les systèmes de gouvernement) est en effet mort à Paris le 10 février 1755.

Moraliste, penseur politique, précurseur de la sociologie, philosophe et écrivain français du siècle des Lumières, Montesquieu est pour ainsi dire le fondateur des sciences politiques modernes. De l'esprit des lois fut notamment à l'origine du principe de distinction des pouvoirs législatif, exécutif et judiciaire, base de toute démocratie, et inspira la rédaction de la Constitution française de 1791 et des suivantes.

Selon Montesquieu, l'idéal démocratique n'était vraiment applicable qu'aux petites communautés ; je sais bien que ce n'est pas la tendance actuelle, mais je continue de croire qu'il a raison. Je crois que les grands ensemble, les organisations fédérales comme celle de l'Europe, n'ont de chance de réussite que dans la mesure où les États qui en font partie, restent des États souverains et conservent sur leur territoire respectif un gouvernement qui prenne en compte les préoccupations de leurs citoyens, leurs valeurs, leur culture, leur langue, leurs traditions...

L'une des conditions du bon fonctionnement de la démocratie était, selon Montesquieu, que le pouvoir supérieur soit équilibré par de puissants corps intermédiaires ; or, de nos jours, les gouvernements ont parfois trop de pouvoirs dans certains domaines mais ceux qui ont désormais les vrais pouvoirs, ce sont les grandes entreprises multinationales, qui échappent pratiquement à tout contrôle et qui décident du sort de l'humanité entière en imposant leur rythme de production des bien de consommation. Nos gouvernants élus (quand on a cette chance) cirent les chaussures des grands patrons et leurs baisent les pieds ; les pauvres citoyens que nous sommes comptons bien peu dans les préoccupations de nos élus. Le pouvoir législatif que prônait Montesquieu est le plus souvent utilisé pour restreindre la liberté des citoyens ; très peu souvent pour limiter les pouvoir des grandes entreprises toutes puissantes.


Je n'ai pas relu depuis longtemps les Lettres persanes. Cependant, je relis assez régulièrement des chapitres De l'esprit des lois ; cet ouvrage reste selon moi très actuel et inspirant. Je me souviens du temps où, premier ministre canadien fraîchement élu, Pierre Elliott Trudeau était encore un intellectuel digne de ce nom ; afin d'inciter les citoyens à participer intelligemment à la vie démocratique, il invitait les Canadiens à lire Aristote, Platon, Montesquieu, à s'inspirer de l'individualisme de Gide et du personnalisme de Mounier. Cet intellectuel n'a pas tardé cependant à se laisser happer par le pouvoir, à imposer la Loi des mesures de guerre qui a permis à sa police d'arrêter sans mandat et d'emprisonner sans accusation plusieurs centaines d'artistes et d'intellectuels québécois sous prétexte qu'ils avaient des convictions souverainistes. Et l'on a pu voir par la suite que l'intellectuel au pouvoir était un plus fidèle lecteur de Machiavel que de Montesquieu puisque toute son action politique fut de « diviser pour régner », faisant des Québécois, peuple fondateur, l'une des minorités ethniques, au même titre que les Ukrainiens de l'Alberta, les Chinois de Vancouver ou les Pakistanais de la région de Toronto, qui composent le grand ensemble qui s'appelle Canada. Montesquieu aurait eu raison d'écrire : « C'est une expérience éternelle que tout homme qui a du pouvoir est porté à en abuser. » J'ose tout de même croire qu'il existe des exceptions...

On peut visiter le château de La Brède ; on se renseigne ici.

vendredi 25 janvier 2008

"Red Bull Crashed Ice"

"Red Bull Crashed Ice", tel est le nom de la compétition de patinage de vitesse qui aura lieu demain à Québec, dans le cadre des festivités du 400e anniversaire de fondation de la très francophone Capitale nationale du seul État francophone d'Amérique du Nord. Cette compétition sera suivie du spectacle du groupe canadien Three Days Grace, qui sera donné au parc de la... Francophonie. Rappelons que la fameuse boisson Red Bull est interdite dans plusieurs pays dont la France, le Danemark et la Norvège pour le risque cardio-vasculaire que sa consommation pourrait induire, alors qu'au Canada, elle est en vente libre puisque le gouvernement canadien l'a classée en 2005 parmi les « produits de santé naturels » (rien de moins !). Dans le même esprit, ça m'étonne qu'un vendeur de cocaïne ne commandite pas l'un des événements. L'entreprise qui diffuse la boisson énergisante Taureau rouge est installée à Fuschl am See, un petit village autrichien situé à vingt kilomètres de Salzbourg et réalise un chiffre d'affaires annuel de plus de 1,5 milliard d'euros. Elle n'a pas jugé utile de trouver un nom français pour cette compétition organisée à Québec dans le cadre des célébrations du 400e anniversaire. Les organisateurs de la fête ont-ils seulement pensé à le demander ? Peut-être se sont-ils dit, même en ignorant le nom de Musset qui a écrit ces mots : « Aimer est le grand point, qu'importe la maîtresse ? Qu'importe le flacon, pourvu qu'on ait l'ivresse ? »

Je n'ai pas vu le programme officiel, mais on a écrit dans les journaux que ce programme officiel ne contient aucune fleur de lys, emblème officiel du Québec. En revanche, les feuilles d'érable du principal commanditaire, le gouvernement du Canada, y foisonnent, semble-t-il. Voilà bien un autre scandale : que le Canada ait la main-mise sur les célébrations du 400e anniversaire de la ville de Québec. Tout ne semble pas baigner dans l'huile dans l'organisation de ces célébrations. Les « démissions » des organisateurs tombent les unes après les autres. Quelqu'un saura-t-il prendre les choses en main pour éviter, maintenant qu'on a commencé à braquer les projecteurs, que la Capitale nationale du Québec ne soit perçue, pour ses capacités d'organisation, pour un un village de province. Il semble loin déjà le temps où Jean-Paul L'Allier savait faire honneur à la Ville et à l'État du Québec ; il n'aurait certes pas accepté le chantage de la jovialiste ministre du Patrimoine canadien et de la Condition féminine et ministre des Langues officielles qui, lorsque l'armée du Canada a décidé de réduire la présence du français dans ses rangs, n'a rien trouvé de mieux à dire qu'elle n'y voyait rien de mal.

La langue française perd du terrain à Montréal et la Ville de Québec, par ailleurs Capitale nationale du Québec, me semble peu consciente du rôle qu'elle devrait jouer dans la défense de la langue, de la culture, de l'identité québécoise.

Dans le même ordre, on a appris aujourd'hui que la très Canadian Société des Postes a fait imprimer des calendriers qui devaient être distribués à tous ses employés. Or, ce calendrier souligne divers événements et fêtes, comme la Journée de la Terre, le Yom Kippour, le Ramadam, mais pas la Saint-Jean, fête officielle des Québécois et des francophones. Maintenant que tout le monde s'est indigné au Québec, les responsables présentent des excuses en disant qu'il s'agit d'un « oubli inacceptable ». On sait à quel point cette fête nationale des Québécois indispose le Canada qui n'arrive pas à obtenir le même succès, une semaine plus tard, pour ses propres célébrations au Québec. Tout le monde sait très bien, cependant (sauf les fédéralistes de mauvaise foi), que lorsqu'il s'agit des Québécois ou des francophones au Canada, les « oublis » viennent souvent. L'esprit de Lord Durham n'est jamais loin...

vendredi 24 août 2007

La Justice dans la rue

J'avais hier rendez-vous avec une femme que j'aime beaucoup, qui a célébré il y a un mois son soixante-quinzième anniversaire et que j'avais évoquée dans mon billet du 15 juillet dernier. Ancienne collègue de travail, elle avait eu la sagesse de quitter le bateau quelques années avant moi, avec une motivation tout à fait louable : pour accepter un poste tout près chez elle, de façon à s'éviter les pénibles embouteillages de l'heure de pointe, l'hiver surtout. À 75 ans, elle travaille encore pour cette organisation. Je l'avais appelée le 25 juillet, jour de son anniversaire, et nous nous étions donné rendez-vous dans un restaurant de la rue Laurier Ouest, restaurant qu'elle fréquente depuis 1954 et où j'ai souvent eu l'occasion d'aller manger aussi, en sa compagnie et, parfois, avec l'équipe de travail. Il m'arrive à l'occasion, depuis un peu plus d'un an, d'y tenir des réunions avec des collègues de l'association que je dirige.

La rue Laurier Ouest est la principale rue commerçante de l'arrondissement d'Outremont. Plus haut, il y a la rue Bernard, rue habitée et fréquentée par la nouvelle élite, la nouvelle génération des vedettes de la chanson et de la télévision ainsi que celle des gens d'affaires francophones qui ont réussi. Si la rue Bernard sent un peu le nouveau riche, la rue Laurier est celle de la vieille bourgeoisie d'Outremont, une valeur sûre en matière de mode, de charcuterie et autres denrées fines, de restaurants où l'on salue sans trop d'obséquiosité, avec une certaine familiarité (comme des gens de la famille) la clientèle aux cheveux blancs ou mauves qui depuis des décennies mange à la même table. Il y a aussi de nouveaux restaurants, de nouveaux cafés, dont certains connaissent beaucoup de succès. Celui-ci, réunit dans la salle et sur la terrasse toujours bondées une clientèle relativement jeune, élégamment vêtue de noir. La cuisine que l'on y sert, avec sa riche carte des vins et ses excellents fromages du Québec s'ajoutent au décor et à l'ambiance et font en sorte que, si l'on n'a pas réservé, il vaut mieux ne pas arriver trop tard si l'on veut y avoir une place.

Hervé Teboul, Lavandes en fleurs

La rue Laurier Ouest est aussi la rue de maisons de production télévisuelle, d'éditeurs, de galeries d'art, dont celle, plus récente, d'un jeune peintre d'origine provençale, établi au Québec depuis 1996, et dont les toiles doivent très bien s'harmoniser avec les murs fraîchement rénovés des vieilles maisons d'Outremont récemment acquises par l'élite nouvelle. C'est dans cette portion de la rue Laurier que Le Nôtre s'était installé il y a quelques années, au moment où l'économie n'était pas très florissante ; Le Nôtre et Hédiard ont fermé leurs portes. On trouve aussi, voisin d'une rôtisserie établie depuis 1936 et toujours tenue par la même famille, à l'adresse d'un fleuriste qui y était depuis 1918 et qui, ces dernières années, a déménagé avenue du Parc, un distributeur de la Rolls des cuisinières (si vous aimez la cuisine, vous pourriez équiper la vôtre pour environ 36 500 $ ou 25 400 euros).


J'avais rendez-vous au restaurant, mais j'ai voulu arriver plus tôt pour avoir le temps d'aller acheter des fleurs chez Mme L'Espérance ; l'employé qui m'a servi est là depuis quarante ans et j'ai pu saluer une dame L'Espérance, petite-fille des fondateurs du commerce bientôt centenaire. La famille du fleuriste et celle du restaurateur sont d'ailleurs liées.

Sur le trottoir d'en face, un jeune homme avait attiré mon attention par sa fraîcheur et sa beauté ; il m'a rappelé un autre jeune homme croisé dans un bar à la mode de la même rue une fin d'après-midi où j'y prenais l'apéritif avec des collègues et qui pourrait à lui seul m'inspirer un roman... En revenant avec mes fleurs, je me suis organisé pour passer près de lui. À la porte du marchand de journaux, il vendait le dernier numéro d'un magazine d'actualité : il aurait vendu n'importe quoi, je crois que je me serais laissé convaincre ou peut-être que j'aurais feint de ne pas être décidé pour le seul plaisir de lui parler un peu plus longtemps et d'évaluer par la même occasion ses chances de réussite dans la vie. À en juger par son physique, par son allure, son attitude et son discours, il m'a semblé jouir déjà d'excellentes bases.

Content de posséder un magazine acheté dans de si agréables conditions, j'ai traversé la rue en me faufilant entre les voitures de luxe, jouant d'adresse pour réussir à traverser car les Outremontais au volant se sentent chez eux partout, à plus forte raison dans leur quartier, et ils considèrent les piétons comme des nuisances publiques. Il m'est arrivé à quelques reprises de donner un coup de poing sur des voitures qui ne s'étaient pas arrêtées pour me laisser passer alors que j'avais la priorité ; il est arrivé plus d'une fois que le conducteur descende de sa voiture immobilisée dans l'intersection, portière laissée ouverte et sortant tout ce qu'il pouvait trouver pour m'insulter en me montrant son poing pendant que je continuais ma route en toute sérénité. Une autre fois, un conducteur a ouvert sa portière alors que j'arrivais à sa hauteur a vélo ; j'ai dû freiner brusquement pour ne pas entrer dans la portière de la Mercedes ; je suis tombé, je me suis écorché les genoux, les jambes, les bras. Si une autre voiture me suivait, elle me passait dessus. Pas un instant cet imbécile de conducteur ne s'est arrêté pour savoir si j'étais blessé, si j'avais besoin d'aide. Il est entré dans une boutique en me laissant dans la rue, sonné ; tels sont les conducteurs à Outremont.

Non loin du restaurant, il y avait un banc. J'y ai déposé mes fleurs et je me suis assis pour parcourir le magazine que j'avais acheté, tout en jetant un coup d'oeil discret sur la faune du quartier qui passait devant moi en me marchant presque sur les pieds. J'y ai reconnu plusieurs personnalités, dont la présidente de l'Ordre des psychologues professionnels du Québec, femme très sympathique avec qui j'avais été invité dans une émission de télévision pour y analyser un film que l'on venait de présenter aux téléspectateurs (nous avions eu, elle et moi, une semaine pour regarder le film chacun chez soi ou à son bureau).

Parmi la faune en tenue d'été, soignée ou décontractée, j'ai vu venir vers moi un homme en short, t-shirt et sandales, au teint cuivré, que j'ai immédiatement reconnu, d'autant plus facilement qu'au moment où il arrivait à ma hauteur, une femme élégante traversait la rue en criant : « Jacques ! Jacques ! » Alors, Jacques s'est arrêté au bout du banc où j'étais assis pour attendre sa « présidente préférée ». La femme en question a été nommée récemment présidente d'un organisme gouvernemental et le ministre de la Justice du Québec (puisque c'était lui) tenait à assurer « Marie-Andrée » de son soutien dans ses nouvelles fonctions. Il n'interviendrait pas trop personnellement, il allait convaincre le premier ministre de ceci ou de cela ; il allait demander à untel et à un autre de se joindre au comité de sélection présidé par Marie-Andrée, etc. Bien sûr, les attachés politiques vont continuer de soumettre des candidatures (partisanes) chaque fois qu'il y aura des postes à combler, mais il appartiendra à la présidente « Marie-Andrée » de choisir...

Cette photo officielle est bien l'une des très
rares images où l'on puisse voir le député sourire


Ce qui était étonnant, c'était de voir en tenue de vacances ce politicien qui, bien que ministre de la Justice de tous les Québécois en principe, est toujours si arrogant, si hargneux envers les membres de l'opposition à l'Assemblée nationale. Peu soucieux de décorum et de respect de sa fonction de ministre, il a toujours l'air du roquet enragé qui n'hésite pas à faire de la basse politique pour tenter de discréditer l'adversaire. Quand, à l'extérieur de l'Assemblée nationale, il doit faire des déclarations publiques, on se demande toujours quel journaliste il va finir par mordre. Et là, tout bronzé, il était tout détendu, mais il n'en continuait pas moins de vouloir mener les affaires du Québec comme si ce Québec qu'il veut mieux fondre dans le Canada (ajouter ici le qualificatif « anglais » serait un pléonasme) appartenait à son parti politique et que tous les postes clés devaient revenir aux amis du parti.

Dans le même ordre d'idée, mais dans un autre pays, je ne sais pas si tous les Français remarquent que l'on ne parle plus en France du Président de la République, mais du « Président Sarkozy », exactement comme au pays de George le Buisson. Il n'y a donc plus en France de république, mais il y a une grande société qui devra marcher selon le bon vouloir de son président-directeur général et de ses actionnaires, ceux-là même qui lui paient de très luxueuses vacances en essayant de faire croire qu'il n'en coûtera rien aux contribuables. Essaie-t-on vraiment de prendre encore les enfants du bon Dieu pour des canards sauvages ?

samedi 14 juillet 2007

Bonne Fête nationale...

... à tous les Français...

... y compris Philippe de Villiers...


... et tous les Vendéens.

dimanche 1 juillet 2007

1er juillet - 1867-2007 : 140 ans d'imposture !


En 1867, les Canadiens-français que nous étions alors et qui occupions le Bas-Canada, avons négocié de bonne foi avec les habitants du Haut-Canada un partenariat politique et économique, donnant naissance à la confédération canadienne.

De bonne foi, les Canadiens-français que nous étions avons cru à la bonne foi de nos partenaires d'origine britannique. De bonne bonne foi, nous avions négocié d'égal à égal un partenriat où les deux parties seraient égales ; il s'agissait d'un partenariat entre deux États, entre deux nations.

La bonne foi n'a pas duré longtemps. Le Canada nouveau, fort de ses nouveaux pouvoirs, a mis en application les recommandations du rapport Durham, celles de noyer les Canadiens-français dans le nombre des Canadiens d'origine britannique. Dès lors, le Canada a favorisé l'immigration massive de personnes d'origine britannique. Il y a près d'un siècle et demi, c'était déjà par dizaines de milliers qu'ils arrivaient chaque année. De majoritaires qu'ils étaient chez eux, les Canadiens-français sont vite devenus minoritaires dans un pays de plus en plus britannique qui ne respectait même plus l'accord négocié et signé entre les deux nations fondatrices. De nation fondatrice, les Canadiens-français sont vite devenus un groupe minoritaire dont l'égalité n'était plus reconnue.

Depuis 1867, la négation de cette égalité et le refus de reconnaître la nation canadienne-française (on ne parlait pas encore de Québécois ; le citoyens du Québec ont commencé dans les années 1960 seulement à se désigner ainsi) se sont perpétués. 1867 a institutionnalisé le statut minoritaire des Canadiens-français d'un Canada britannique où tout se passe en anglais. Encore tout récemment, en 2007, le gouvernement canadien a exempté les hauts gradés de l'armée canadienne de l'obligation de comprendre le français, abolissant des décennies de luttes des francophones pour se faire reconnaître le droit d'exister au sein de l'armée et d'avoir accès aux promotions. Les hauts gradés n'ayant plus l'obligation de connaître le français, toutes les communications se feront donc en anglais ; c'est-à-dire que les francophones devront forcément travailler en anglais. Et la ministre canadienne responsable de la francophonie, une bonne québécoise représentant la région de Québec, ne trouve rien de mal à cette nouvelle politique ! She is so sweet ! Une potiche à un dollar (fabriquée à Taïwan) ferait aussi bien l'affaire et les Canadiens feraient l'économie d'une limousine.

Les Canadiens de souche britannique se sont donnés tous les postes clés, tous les leviers économiques et politiques, marginalisant les Canadiens-français comme s'ils étaient des réfugiés écoomiques ou politiques. De plus en plus, on (les) nous a traités comme une minorité culturelle comme les autres, ces minorités culturelles si chères au premier ministre canadien Pierre Elliott Trudeau (PET) qui, de 1968 à 1984, n'a pas trouvé assez d'occasions de faire comprendre aux Québécois qu'ils avaient autant de chance de s'épanouir dans le Canada que les Ukrainiens ou les Polonais de l'Ouest canadien. Il faisait simplement semblant d'oublier que les Canadiens-français, dont descendait son père, avaient été l'un des peuples fondateurs de ce pays et qu'ils méritaient un peu mieux que l'étiquette de minorité culturelle.

Dès 1871, le Canada abolissait le français langue d'enseignement au Nouveau-Brusnswick (au printemps 2007 encore, le propre fils de ce fameux PET, Justin, nouveau sauveur autoproclamé de l'unité canadienne, n'a rien trouvé de mieux à dire aux francophones du Nouveau-Brunswick qui ont péniblement reconquis au fil des ans une reconnaissance de leur langue, qu'il serait plus économique d'abandonner leur système d'éducation francophone).

En 1837, les représentants de Sa Majesté britannique pendent et fusillent des Patriotes au Québec. En 1885, on pend Louis Riel au Manitoba. En 1890, on abolit le français au Manitoba. En 1912, le Canada abolissait les services français en Ontario... La survie du français et des Canadiens-français eux-mêmes à l'intérieur de ce pays britannique ne se fait, encore et toujours en 2007, qu'au prix d'efforts de tous les instants.

En 1967, un général français a le courage et la générosité de briser les sacro-saintes règles de la diplomatie et, du haut du balcon de l'Hôtel de ville de Montréal où il ne devait même pas s'adresser à la foule massée devant, il lance spontanément ce que les Québécois veulent entendre, ce cri du coeur qui a indigné les représentants de Sa Majesté mais qui a donné déjà une légitimité à la lutte des Québécois pour la défense de leur langue et de leur culture et une certaine reconnaissance avant l'heure de leur pays... en retard sur son horaire. L'un des grands tribuns de la souveraineté du Québec, soldat mal aimé des institutions à cause de son caractère flamboyant capable d'électriser les foules, Pierre Bourgault, commente ainsi le cri du Général.

En 1970, le premier ministre canadien Pierre Elliott Trudeau, le fameux apôtre de la Justice et de la Liberté, suspendra toutes les libertés individuelles et enverra l'armée au Québec sous prétexte de combattre une insurrection armée, alors que tout au plus une dizaine de personnes causent quelques perturbations. Plusieurs centaines de personnes, artistes, écrivains, chanteurs, poètes, seront emprisonnées durant des semaines sans savoir de quoi on les accuse, simplement parce qu'on les soupçonne d'avoir des sympathies souverainistes (c'est alors la moitié du Québec qu'il aurait fallu emprisonner si les agents de Sa Majesté avaient un peu compris le Québec). Comme le disait si bien René Lévesque, le plus grand démocrate que le Québec ait connu : « La loi des mesures de guerre imposée au Québec en 1970, sans doute inspirée d'une grande panique de l'Establishment britannique à Toronto (principal appui au gouvernement canadien), est la pire humiliation qu'ait jamais imposée une démocratie à une population en temps de paix. »

Malgré tout, on en rit. On veut agir comme s'il s'agissait d'une rigolade organisée par des étudiants pour épater leurs amis. Quand les journalistes, tout de même un peu conscients que nous n'étions pas sous la dictature franquiste, demandaient au grand démocrate canadien Pierre Elliott Trudeau comment, en tant que premier ministre du Canada, il pouvait justifier l'abolition de toutes les libertés civiles et justifier la présence de l'armée canadienne à toutes les intersections et devant tous les immeubles à Montréal, celui-ci répondait de son ton habituel si méprisant dès qu'il s'agissait du Québec, que si nous n'avions rien à nous reprocher, nous ne risquions pas de nous faire faire mal par les soldats armés jusqu'aux dents. Belle moralité, chez ce grand homme !

Si vous voulez avoir un aperçu du ton sympathique de ce grand démocrate, flamboyant célibataire milionnaire qui aimait se donner en spectacle, voici un extrait des réponses qu'il donnait à quelques journalistes qui l'attendaient à l'entrée du parlement ; c'était en octobre 1970 (c'était sans doute le 17 octobre).

En 1982, afin de respecter un engagement envers le Québec de rapatrier et d'amender la Constitution canadienne que Sa Majesté conservait sous ses jupes à Londres, le même Pierre Elliott Trudeau modifie bel et bien la Constitution mais... sans l'accord du Québec. Voulant supposément rallier le Québec à une constitution modernisée, le Canada n'a rien trouvé de mieux que d'en exclure le Québec. On pourrait donc dire que, depuis 1982, le Québec ne fait plus partie du Canada, puisqu'il n'a jamais adhéré à la constitution qu'on a voulu lui entrer de force dans la gorge, de façon moins subtile, moins insidieuse, que celle de tous les hommes politiques anglophones avant lui. Le lièvre qu'il était avait un tempérament de coq ; plus Elliott que Trudeau, il lui suffisait de voir un Québécois devant lui pour se hisser sur ses ergots et, la crête rouge et le regard de feu, s'apprêter à lui sauter au visage ou, comme il l'a fait déjà, aux parties sensibles d'un être humain mâle. Son homme de main, qui a vagument tenté de marcher dans ses pas par la suite, le premier ministre Jean Teflon Chrétien, lui ressemblait en cela : il n'a rien trouvé de mieux, pour répondre intelligemment à un chômeur qui protestait contre les politiques de son gouvernement, que de le prendre à la gorge et de tenter de l'étrangler avant de le repousser violemment.

Lors du référendum de 1995 sur l'accession du Québec à la souveraineté, le Parti Libéral canadien de Pierre Elliott Trudeau et de Jean Chrétien, ce dernier ayant été l'homme de main du premier et lui a succédé au poste de premier ministre du Canada, ont illégalement et frauduleusement dépensé des dizaines de millions de dollars pour faire croire aux Québécois que le Canada les aimait. Alors qu'au Québec la loi sur les Consultations populaires réglemente très rigoureusement les dépenses électorales, le gouvernement du Canada a dépensé sans compter et a financé illégalement des organismes illégaux chargés de combattre l'option souverainiste. Le vice-président du comité du Non (à la souveraineté) était l'actuel premier ministre du Québec, Jean Charest, venu finir à l'Assemblée nationale du Québec sa besogne d'étouffement de toute identité et de toute fierté québécoise. L'enquête du Directeur général des élections du Québec sur les dépenses frauduleuses faites par le camp de Jean Charest et de Jean Chrétien, premier ministre canadien d'alors, s'est terminée en queue de poisson, comme toute tentative de véritable négociation avec le gouvernement du Canada et comme toute tentative d'obtenir des explications crédibles en cas d'abus trop flagrants de manipulation et de fraude, parce que ce gouvernement canadien refuse d'y participer, laissant entendre qu'il se situe au-dessus des lois adoptées par l'Assemblée nationale du Québec.

Plus je fouille l'histoire du Québec et de son mauvais mariage avec le Canada, plus je constate que, depuis 1867, le Québec se fait humilier, voler, bafouer, etc., par le gouvernement canadien, à très forte majorité anglophone, à l'image du Canada lui-même. Et l'on voudrait que, moi, Québécois, je célèbre la fête de cette imposture ? Non, merci. Je respecterai le Canada, pays anglais, quand il me respectera, et d'autant plus facilement quand il sera un un pays voisin.

Vive le Québec... libre, si possible !

Pour entendre l'un des meilleurs premiers ministres du Québec parler sommairement de ces questions, et de façon courtoise puisqu'il est invité à la télévision française, je vous invite à regarder cette vidéo de René Lévesque, qui a dû être enregistrée entre 1980 et 1981.

René Lévesque répliquait ici à l'un des nombreux épouvantails que les défenseurs de l'unité canadienne ont toujours invoqué pour convaincre les Québécois de renoncer à la souveraineté : « Si vous votez pour la souveraineté, vous allez perdre votre passeport » (que le premier ministre actuel du Québec continue de prononcer passepart, comme si c'était plus chic de parler de part que de port) ; ou « Si vous votez pour la souveraineté du Québec, vous ne recevrez plus votre pension de vieillesse » (le gouvernement canadien administre ce programme de pensions, mais ce sont les citoyens qui le financent) : ce devait être en mai 1980, mais le même genre d'arguments idiots continuent d'être invoqués en 2007 ; voilà.

Et pour finir en musique, sur un ton pas forcément plus réjouissant mais sur un air plus entraînant, voici une chanson que le groupe Les Cowboys fringants a enregistrée en hommage à cet ancien premier ministre du Québec, décédé le 1er novembre 1987. Le tutoiement, ici, n'est pas du tout irrespectueux, pas plus que le surnom de Ti-Poil que l'on donnait affectueusement à l'homme politique qui a plus fait pour les Québécois en une décennie que des successions entières de premiers ministres. C'est ici.

vendredi 29 juin 2007

Joli coin de mon pays

Cliquez sur les images (qui ne sont pas de moi) pour les agrandir.

Vous aimeriez habiter une maison comme celle-ci, vivre dans un décor comme celui-ci ? Moi, oui. Peut-être pas toute l'année, mais durant l'été, oui. L'hiver doit être assez rude et long à cet endroit. Car cette maison est située au Québec, à l'Est, en Gaspésie, plus précisément, près de Gaspé, tout près de la mer, comme on peut le voir. Cette maison se trouve dans la partie verte, à droite, près de Cap-des-Rosiers...

Cela n'a pas de rapport direct avec le sujet de ce billet, sinon celui de me sentir quelque peu solidaire des Québécois de cette région, mais je suis né et j'ai grandi, jusqu'à l'âge de 15 ans, dans un petit village que l'on ne voit pas sur cette la carte ci-dessus, situé au sud de Causapscal, plus près de Matapédia que l'on peut deviner tout à fait dans le coin inférieur gauche. Je vivais donc assez loin de la mer et quand les copains de Montréal me traitaient de « morue » parce que selon eux je venais d'une région de pêche, je devais les démentir car je n'étais pas gaspésien, mais plutôt du Bas-Saint-Laurent et, quand nous allions à la pêche, nous ne partions pas en mer mais nous allions plutôt vers les rivières, pêcher la truite et le saumon. Sauf que la pêche au saumon était interdite, la plupart des droits de pêche au saumon du Québec étant réservés pour une durée de 99 ans aux États-Uniens !!!

Cette jolie maison, la maison Blanchette, dont on se sert pour mousser l'industrie touristique au Québec, elle existe bel et bien, mais elle est inhabitée depuis 37 ans déjà, ainsi que toutes les maisons voisines et tous les villages qui l'entourent.

Et pourquoi donc ? Parce qu'un jour, un ministre du gouvernement du Canada, anglophone unilingue très certainemenent, s'est rendu jusque-là, on se demande bien pourquoi ; il a aimé le paysage, le point de vue sur la mer et comme il n'avait jamais lu l'André Gide des Nourritures terrestres (« Toute chose appartient à celui qui sait en jouir »), il a jugé que tout que cela était trop beau pour appartenir à des particuliers, québécois de surcroît, il a décidé que toute cette région devait devenir un parc canadien.

Comme le gouvernement du Canada a toujours été riche par rapport aux autres gouvernements qui le composent (il l'est devenu encore plus, de manière indécente, ces 15 dernières années : en rendant plus difficile l'admissibilité aux prestations de l'assurance-chômage et en diminuant fortement le montant de ces prestations, le programme de l'assurance-emploi a accumulé des profits de 45 milliards de dollars et, autre scandale qui ne semble pas empêcher de dormir les ministres canadiens, ce gouvernement pige dans les surplus de l'assurance-chômage - l'argent des chômeurs et de ceux qui pourraient le devenir - pour payer ses dépenses courantes et faire de généreux cadeaux à ses amis. C'est le vol du siècle, et le mot « vol » est tout à fait approprié. J'en reparlerai bientôt - vous n'êtes jamais obligés de lire ; les images sont parfois jolies)...

Comme le gouvernement du Canada s'arroge le droit de taxer ce qu'il veut et d'intervenir partout où il le veut, même dans les champs de compétences réservées aux États membres de la supposée confédération canadienne, il est riche et fait ce qu'il veut. En 1970, donc, le gouvernement canadien a décidé de créer au Québec un parc canadien ; il s'est entendu avec le maire de Gaspé, promettant la richesse et la création d'emplois pour la région, ce qui ne s'est jamais concrétisé. Ensemble, les deux lascars ont décidé d'exproprier plus de deux cents familles qui habitaient ces maisons, ces villages ; plus de 1 000 personnes ont été expulsées de leur maison, avec une bouchée de pain en compensation.

Le gouvernement du Québec a dû céder au gouvernement canadien cette portion de son territoire. « Le gouvernement est autorisé à donner au gouvernement du Canada libre jouissance des terrains compris dans le territoire du parc Forillon décrit à l'annexe A suivant l'entente intervenue le 8 juin 1970 entre le gouvernement du Canada et le gouvernement du Québec », dit l'article 8 de la Loi sur le parc Forillon et ses environs adoptée par l'Assemblée nationale du Québec de l'époque. Quatre mois plus tard, c'était l'armée du Canada qui envahissait le Québec, plus particulièrement la région de Montréal, occasion rêvée par les politiciens au pouvoir à Ottawa, de bons Québécois so proud to be Canadians, de faire peur aux Québécois trop sensibles à l'idée de souveraineté ; excellente occasion pour le gouvernement du Canada et ses services de renseignements de profiter de la suspension de toutes les libertés (proclamation de la Loi des mesures de guerre) pour ficher* des milliers de Québécois dont l'ardeur fédéraliste et l'allégeance inconditionnelle à la couronne britannique n'étaient pas assez convaincantes. Mais ça, c'est une autre histoire.

1970, c'était l'époque du plus arrogant des gouvernements arrogants, un gouvernement du Parti Libéral, évidemment, celui que les Québécois, avec l'appui d'un bon nombre de Canadiens, ont finalement mis à la porte en janvier 2006. Les Québécois sont patients et tolérants, mais ces Libéraux avaient largement dépassé les bornes de l'arrogance et de l'abus de confiance, quand ce n'était pas de la fraude systématisée comme l'a montré récemment l'enquête de la Commission Gomery.

En 1970, on a donc fermé plusieurs villages de la région et on a créé un parc, administré par Parcs Canada. On trouvera sur le site officiel du parc Forillon beaucoup de renseignements intéressants sur la nature de ce parc, sur sa faune ; on y parle de l'histoire des premiers habitants de cette région mais, étrangement, on ne dit pas un mot sur l'expropriation de ces habitants qui n'ont pratiquement pas décoléré depuis. Le site ne dit pas un mot de cette « déportation des Gaspésiens ».

« Forillon est habité depuis longtemps. Il y a quelque 9 000 ans, des gens de la préhistoire campaient sur les caps bordant la pointe, les terrasses marines de la vallée de L'Anse-au-Griffon et la pointe de Penouille.
« Depuis des siècles, les anses et les graves de Petit-Gaspé jusqu’au Cap-Gaspé ont su séduire les Micmacs ou premiers Gaspésiens, les pêcheurs saisonniers puis les pêcheurs sédentaires. Les plus grandes anses telles l'anse aux Amérindiens, l'anse Saint-Georges et la Grande Grave regroupaient près d'elles des villages. Les plus petites anses accueillaient des établissements domestiques. Des traces qui sont toujours bien visibles aujourd’hui. »
« Forillon est habité depuis longtemps... », dit le site officiel, habité, oui, jusqu'au jour où le gouvernement du Canada juge que la vie est toujours plus belle quand les humains en sont absents.

De l'histoire ancienne, ce dossier politique ? Pas du tout. Le 30 novembre 2006, la municipalité de Gaspé présentait à Parcs Canada un mémoire sur l'avenir du parc Forillon. Dans ce mémoire intitulé Forillon : « L'harmonie entre l'homme, la terre et la mer » ou le Gaspésien une espèce en voie de disparition, on parle du drame humain, de la disparition du patrimoine, des engagements non respectés, de l'économie déficiente, de la promesse jamais réalisée de la création de 1 300 emplois, du sentiment d'être abandonnés par ceux qui ont tout promis et qui se désintéressent du sort de ce qu'ils ont créé...

La seule consolation que puissent avoir les Québécois, c'est que ce parc est un malgré tout une réussite touristique. C'est une consolation d'autant plus importante que ce gouvernement du Canada, particulièrement sous le règne de Pierre Elliott Trudeau (1968 à 1984, avec brève interruption), est réputé pour avoir créé d'énormes éléphants blancs (on pensera à l'aéroport de Mirabel, pour lequel on a exproprié les meilleures terres agricoles au Québec, et au moins trois fois plus d'espace qu'il n'en fallait, pour finalement fermer cet aéroport quelques années plus tard, créant encore un désastre humain, écologique, financier dans cette région). Partout où il arrive avec ses gros sabots, ce gouvernement fait le vide, construit de gigantesques structures, froides, sans âme, où personne ne se reconnaît. Ce gouvernement qui dit toujours n'avoir pas d'argent à donner à ceux qui sont chargés d'administrer les soins de santé en a toujours beaucoup à investir dans le béton et dans l'équipement militaire.

Cela dit, si vous passez par le Québec, par la Gaspésie, prévoyez au moins une journée au parc Forillon. Il y a quelques années, avec un ami, nous y avions passé une nuit sous la tente, sans électricité ni autre service à proximité, dans la nuit noire en pleine nature ; nous étions entre la forêt et la mer et je me souviens que nous n'avions pas beaucoup dormi à cause du vent.

Certaines des images proviennent du site officiel du parc Forillon ; d'autres viennent d'ici ; d'autres enfin proviennent de sites touristiques du Québec dont j'ai perdu l'adresse.


* Les politiciens ambitieux (pléonasme ?) adorent faire des fiches. En France, le Fichier national automatisé des empreintes génétiques (FNAEG, pour les intimes), créé en 1998, devait cibler les délinquants sexuels ; à la suite des attentats de septembre 2001, le gouvernement français en a élargi l'application pour tenir compte des crimes graves contre la personne. Sous le règne de Nicolas Sarkozy au ministère de l'Intérieur, le nombre de personnes fichées est passé de 2 807 en 2003 à plus de 400 000, et ce nombre ne cesse d'augmenter. Pour le vol d'une balle de caoutchouc dans un magasin, par exemple, on demandera à un enfant de 8 ans de donner un échantillon d'ADN et, en raison de ce fichage, cet enfant qui, normalement, devrait grandir, sera privé à vie de l'accès à certains emplois.
« Les empreintes génétiques des condamnés sont gardées quarante ans après la date de condamnation définitive. Les empreintes génétiques de personnes simplement mises en cause lors d'une enquête sont conservées vingt-cinq ans après la date de réquisition par un officier de police judiciaire. Chaque nouvelle condamnation ou mise en cause judiciaire repousse encore la date d'effacement définitive du profil génétique.
« Le refus de se soumettre au fichage génétique, dans le cadre de la loi, expose son auteur à une peine d'emprisonnement et à une peine d'amende », peut-on lire sur Wikipédia. Liberté, Égalité, Fraternité !

+ Édition revue et augmentée le dimanche 1er juillet 2007.

Ajout du 2 juillet 2007 : L'émission Tout le monde en parlait, animée par Anne-Marie Dussault, à la télévision de Radio-Canada, traitera de l'expropriation des Gaspésiens en 1970. C'est diffusé le mardi soir à 19 h 30 et rediffusé sur le réseau RDI plusieurs fois durant la semaine (les archives ne sont conservées qu'une seule semaine sur le site). Plus de renseignements sur l'émission.