Affichage des articles dont le libellé est intime. Afficher tous les articles
Affichage des articles dont le libellé est intime. Afficher tous les articles

jeudi 3 septembre 2015

Rituel

Dans mon quotidien, il y a deux moments qui me sont particulièrement agréables et précieux, pour ne pas dire indispensables. Ces moments sont étroitement associés à un lieu précis de l'espace où je vis : un coin de ma chambre où j'ai installé un bureau, près de la fenêtre ouverte sur le centre-ville de Montréal. Je suis dans cet appartement depuis... de nombreuses années, et ce bureau est là depuis mon arrivée ; mais j'ai décidé, ces derniers mois, de l'aménager un peu mieux. J'ai refait la peinture dans toute la pièce, j'ai acheté du tissu pour faire de nouveaux rideaux (pas encore confectionnés), j'ai fabriqué une nouvelle tête de lit, acheté de nouveaux luminaires, décapé et verni des meubles récupérés, repeint des bibliothèques... Il me reste encore du travail à faire, notamment l'assemblage d'une étagère au-dessus du bureau pour rassembler des livres et des objets que j'aime, plus particulièrement identifiés à ma vie intime, à mes rêves, à mes espoirs...



C'est un lieu où j'ai besoin de passer du temps chaque jour, sinon j'ai le sentiment qu'il me manque quelque chose, comme si ce jour-là je n'avais pas eu le temps de prendre mon petit déjeuner, de lire, de rêver... Et c'est précisément au début de ma journée que s'impose ce rituel, avec le thé noir, élément essentiel de mon petit déjeuner, la lecture qui l'accompagne, parfois en musique mais pas toujours, la prise de notes et l'écriture qui suivent...

L'essentiel de mon travail, des activités que l'on exerce normalement à un bureau, je les pratique dans une autre pièce de l'appartement, à ce que j'appelle vraiment ma « table de travail » et qui regroupe tout ce qu'il me faut pour être efficace et productif : ordinateurs, imprimantes, numériseur, téléphone, ouvrages de référence, etc.

Et il y a un autre moment de la journée aussi agréable que celui du petit déjeuner, celui du thé de l'après-midi, qui me permet de retrouver ce coin de ma chambre où je prends mes distances du rythme effréné de la vie quotidienne.

J'ai pris cette photo pour répondre à l'invitation de Dr CaSo, qui m'avait offert de proposer un thème pour la catégorie « photo de truc » qu'elle publie régulièrement sur son blogue. J'ai proposé le thème le truc le plus agréable de votre quotidien. Je vous invite à aller voir ce que proposent les autres participants. Et si vous ne participez pas vous-même à ce jeu amusant, peut-être aurez-vous envie de joindre les fidèles de Dr Caso ; je suis sûr qu'elle sera ravie de vous y accueillir.

lundi 9 février 2009

Les mots dits


Faut-il toujours tout dire sur tout ? Faut-il tout écrire, publier tout ce que l'on écrit ?

Dans sa préface au lettres de Cocteau, publiées sous le titre Lettres à Jean Marais, le destinataire de ces lettres, pour en justifier la publication, cite Jean Cocteau lui-même : « Mettre sa nuit en plein jour, le mystère en pleine lumière. L'impudeur est notre héroïsme à nous et l'œuvre d'un homme doit être assez forte pour qu'on puisse lever le rideau sur ses coulisses. » Jean Marais ajoute ceci : « Le courage n'est pas seulement une affaire physique. Le courage moral est à mon avis le plus difficile, plus important, plus nécessaire. »

« Mettre sa nuit en plein jour », je veux bien, mais pas n'importe quand ni à n'importe quelle condition.

Marguerite Yourcenar a dit cette phrase que j'ai toujours aimée : « Les confidences qui n'ont pas pour but de vous rendre la vie plus facile ou plus agréable sont inutiles. » Il y a tout de même un très grand nombre de nos confidences à venir qui pourraient répondre à l'un ou l'autre de ces objectifs : rendre la vie plus facile ou plus agréable.

Une autre amie, très sage, beaucoup plus près de moi, dit toujours : « On peut tout dire, à n'importe qui, n'importe quand, mais jamais n'importe comment. » Elle est elle-même en cette matière un exemple inspirant de tact et de discrétion. On a l'impression qu'avant de parler, elle a réfléchi à la manière dont ses paroles seront perçues, aux conséquences qu'elles pourront avoir sur l'interlocuteur ou sur son entourage.

lundi 18 août 2008

Une virgule de trop

Maison de Marguerite Yourcenar dans l'île des Monts-Déserts

Il y a déjà longtemps que j'ai l'intention d'écrire un long article pour parler de moi, question de faire le point sur les douze derniers mois et plus particulièrement sur la façon dont j'ai vécu l'automne et l'hiver derniers. Le printemps est au fond plus intéressant, mais je n'ai pas vraiment envie d'en parler maintenant, car ce que je pourrais en dire relève de l'intime et du personnel et, si je n'ai pas trop de pudeur lorsqu'il s'agit de dévoiler l'intime, j'en ai un peu plus lorsque vient le temps d'aborder la sphère personnelle. Le mois d'août serait le meilleur moment pour parler de moi car c'est le mois où les lecteurs sont moins nombreux ; la plupart des gens sont absents, physiquement ou intellectuellement et parfois les deux à la fois. Je n'ai jamais aimé le mois d'août et je ne saurais dire pourquoi au juste. Outre l'absence de corps ou d'esprit de bien des personnes que je connais, je trouve que le mot le plus juste, et pas très joli, pour désigner le mois d'août serait celui de vacuité. C'est pourtant celui de mon anniversaire et c'est peut-être aussi pour cela que je l'aime moins, non que je n'aime pas mon anniversaire, mais peut-être qu'à la fin d'un cycle de douze mois, j'ai hâte d'en commencer un nouveau. Dans les jours qui suivent celui de mon anniversaire, on dirait que l'énergie revient, que la vie reprend... Nous avons d'ailleurs décidé, quelqu'un que j'aime et moi, de célébrer ensemble l'arrivée du mois de septembre ; patience, mon coeur, il reste encore près de deux semaines au mois d'août... J'aurai peut-être le temps, d'ici la fin du mois, de rédiger cet article...

Puisque l'article précédent évoquait Hadrien et Antinoüs et, par ricochet, Marguerite Yourcenar, j'enchaînerai avec ce commentaire que je voulais faire depuis longtemps sur une émission de radio consacrée à la première femme reçue à l'Académie française.

Le 20 janvier 2006 j'ai évoqué la maison où vivait Marguerite Yourcenar dans l'île des Monts-Déserts. Ce même 20 janvier, j'évoquais l'épitaphe de l'écrivain dans le petit cimetière de Somesville.

Il y a deux ou trois ans, j'ai découvert l'existence de Canal Académie où l'on peut écouter des émissions très intéressantes sur des écrivains que nous aimons et en lire le texte dans certains cas. J'ai écouté des émissions sur Chateaubriand, Dominique Fernandez, Marguerite Yourcenar, et plusieurs autres.

J'ai beaucoup aimé chacune des émissions écoutées. Toutefois, vers la fin de l'émission consacrée à Marguerite Yourcenar, j'ai été quelque peu choqué par la lecture faite du texte de l'épitaphe :

«Plaise à Celui qui est peut-être
de dilater le coeur de l'homme
à la mesure de toute la vie

En faisant une pause après les mots « plaise à celui qui est », la lectrice fausse complètement le sens de la citation. Le texte fait allusion à « Celui qui est peut-être », alors que la lecture faite à Radio Académie, avec une virgule mal placée, virgule d'ailleurs inexistante dans le texte laisse entendre que « Celui qui est » pourrait « peut-être dilater le coeur de l'homme », alors que c'est l'existence même de Celui qui aurait ce pouvoir qui est mise en doute et non pas son action, s'Il existe...

Voici l'extrait audio de la citation faussée (il faut augmenter le volume car le son du fichier est faible) :