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dimanche 3 août 2025

Rupert Brooke - 3 août 1887 - 23 avril 1915

 

Il y a 138 ans, ce 3 août 2025, que naissait à Rugby, en Angleterre, Rupert Brooke, qui étudia à Cambridge, devint le poète que l'on connaît avant de mourir à 27 ans le 23 avril 1915 sur un navire-ambulance français en allant à la guerre sur la mer Égée.

C'est Alexander qui, la première fois, m'a parlé de ce jeune poète anglais pour qui il avait une affection particulière. Sa mère avait beaucoup aimé les poèmes de Rupert Brooke, et Alexander avait hérité de quelques recueils de ses poésies ayant appartenu à sa mère. Lors de notre première conversation, Alexander avait notamment évoqué le poème sans doute le plus connu de Rupert Brooke, « The Soldier » :

« If I should die, think only this of me:

That there’s some corner of a foreign field

That is for ever England... »

Il y avait une arrière-pensée derrière cette volonté d'Alexander de me parler de Rupert Brooke et, plus précisément, de ce poème, « The Soldier », qui est un poème, comme beaucoup de ceux de Rupert Brooke, idéaliste et patriotique : comme il venait de m'exprimer son ardent désir de venir à Montréal, Alexander, tout aussi patriotique, sinon plus, tenait à me dire que s'il lui arrivait quelque chose à Montréal, il faudrait que je le ramène chez lui. Alexander ne quittait d'ailleurs jamais l'Angleterre sans apporter avec lui un peu de la terre anglaise.

Rupert Brooke a même poussé son patriotisme jusqu'à mourir, indépendamment de sa volonté, un 23 avril, jour de la Saint-Georges, saint patron notamment de la chevalerie chrétienne anglaise. Mais, paradoxalement, lui qui voulait qu'on se souvienne de ce coin d'Angleterre qu'il aimait particulièrement, la région de Cambridge, est enterré sur une île grecque, celle de Skyros. Il n'est toutefois pas dans un pays tout à fait étranger car, lui qui s'est intéressé à la civilisation de la Grèce ancienne, il repose à jamais sur cette île sur laquelle, selon la légende, Thétis aurait caché son fils Achille (autre héros d'Alexander et de tant d'autres) afin d'empêcher qu'il ne parte à la guerre de Troie.

 

Je l'ai souvent dit et écrit, en choisissant le nom de mon bulldog anglais, c'était en pensant à Rupert Brooke, et c'était aussi une façon de rendre hommage à Alexander.

En décembre dernier, quand le périple sur terre de mon ami Rupert s'est terminé, j'ai choisi de donner à des chiens amis ce qui pouvait leur être utile ou agréable : des jouets, des gâteries, divers accessoires... Je ne tenais pas nécessairement à me défaire rapidement de ce qui avait appartenu à Rupert, mais je ne tenais pas non plus à les conserver comme des reliques : je crois que Rupert aurait été le premier à approuver mon choix de faire profiter d'autres chiens amis de ce qui lui avait procuré du confort et du plaisir.

J'ai notamment offert le lit de Rupert, un bon matelas en mousse mémoire, à un grand chien noir qu'une amie promème plusieurs fois par semaine et qui appartient aux proprétaires depuis plus de cinquante ans d'une librairie de livres d'occasion, principalement en anglais, à quelques pas de chez moi. J'avais offert ce lit par l'intermédiaire de cette amie qui promène leur chien ; quelques jours plus tard, cette amie me dit que les « parents » du beau chien noirs étaient heureux d'accepter le lit de Rupert, à condition que je vienne chez eux prendre le thé ou un apéritif. L'après-midi de la Saint-Sylvestre, mon amie et moi avons été reçus dans une très belle maison victorienne, superbement meublée et, comme il fallait s'y attendre, remplie des plus beaux livres anciens. On a débouché pour nous une excellente bouteille de vin rouge, que nous avons dégusté avec de succulentes bouchées faites maison. Et, agréable surprise, le beau chien noir n'a pas attendu très longtemps avant de s'allonger sur le lit de Rupert.

J'avais raconté à nos hôtes l'histoire du nom de Rupert donné à mon bulldog, associé à Rupert Brooke.

Quelques jours plus tard, les propriétaires de la librairie qui venaient de recevoir un lot de livres d'occasion, ont trouvé parmi eux un titre de Rupert Brooke, Letters of America, qu'ils m'ont généreusement offert dans une édition reliée. Il s'agit d'une série de lettres écrites par Rupert Brooke lors d'un long voyage aux États-Unis (New York, Boston), au Canada et au Québec (Montréal, Québec, Saguenay) que m'avait fait découvrir Alistair, un ami d'Alexander, il y aura bientôt seize ans. Était-ce sous l'inspiration des Lettres d'Amérique de Rupert Brooke qu'Alistair avait lui-même fait le voyage de Londres à Montréal et à Québec ? Il me plaît d'y penser et d'y croire.

mercredi 19 mars 2025

Rupert et ses amis

Rupert avait tant d'amis et d'admirateurs qu'un grand nombre d'entre eux, pour quelque raison que ce soit, ignorent encore sa disparition.

Nous habitions au centre-ville de Montréal, près de l'université McGill ; des milliers de personnes passent chaque jour devant notre maison. Et comme Rupert voulait toujours être dehors (deux heures ou plus à chaque sortie, trois fois par jour), il y avait pratiquement toujours quelqu'un qui venait le saluer, lui faire un câlin, jouer avec lui. Tous les passants l'appelaient par son nom. Certains faisaient de grands détours pour venir saluer Rupert en se rendant au travail ou en revenant. Un jour une femme s'est arrêtée pour me demander si elle pouvait caresser mon chien ; quand elle s'est penchée pour le caresser, elle m'a demandé ; « C'est Rupert ? » Je lui ai répondu : « Oui, bien sûr, c'est Rupert. » Et j'ai demandé si elle ne l'avait jamais rencontré auparavant ; elle m'a répondu : « Non, mais à McGill, tout le monde connaît Rupert. » C'est arrivé aussi plusieurs fois que quelqu'un descende d'une voiture venant d'une autre province canadienne, ou même des États-Unis et, en voyant le chien, demande si c'était Rupert. Car leurs fils ou leurs filles étudiaient à Montréal et ne cessaient de parler de Rupert à leurs parents...

L'automne dernier, je ne sais pourquoi, (contrairement aux années précédentes, même l'hiver) nous pouvions passer de longs moments dehors sans que personne que nous connaissions vienne nous voir. Rupert était déçu et triste ; il continuait de surveiller l'intersection en espérant voir arriver des amis. Mais, souvent, son attente était déçue. Je lui parlais, disant que je comprenais sa déception, que je ressentais et partageais sa tristesse, que je ne savais pas pourquoi ses amis ne venaient pas, mais que sans doute « demain », ses amis viendraient... C'était important pour lui, comme pour moi, que je lui parle ainsi, et je sais qu'il comprenait et qu'il appréciait que je mette des mots sur ses émotions.

Pour annoncer son départ à ses amis impossibles à joindre, j'ai posé sur le mur devant la maison, à côté de ce banc où il aimait s'asseoir pour surveiller l'arrivée des amis, une photo de Rupert, avec sa date de naissance et la date de sa disparition, avec son adresse électronique :

 Puis j'ai placé dans la fenêtre au-dessus de ce banc un message de Rupert à ses amis :

Et la traduction anglaise du même message :

 Avec l'empreinte véritable de Rupert (en format réduit).

Grâce à l'adresse électronique affichée, nous recevons de temps à autre des messages de condoléances et des témoignages émouvants de personnes que nous ne pourrions pas rejoindre autrement.

Rupert a été incinéré et je conserve ses cendres dans un joli et discret coffret en bois d'acacia, que j'ai posé sur le rebord d'une fenêtre en face du bureau où je travaille ; sur le coffret, j'ai posé une image encadrée de Rupert. devant le coffret et la photo, j'ai posé quelques petits objets objets en cristal, dont une petite pyramide qu'un ami m'a rapportée d'Égypte au moment du départ d'Alexander, puis un petit cube à l'intérieur duquel est gravé un papillon, symbole de la transformation, de l'évolution, du passage à une autre étape de la vie. Et une bougie reste allumée devant ce petit autel, une façon de dire à Rupert qu'il ne sera jamais oublié, en évoquant ces mots que l'on attribue, sans doute faussement, à Victor Hugo :

« Tu n'es plus où tu étais,
tu es partout où je suis. »


samedi 4 janvier 2025

Rupert, être vivant, avec tout ce que cela implique

Une ancienne collègue de travail, que je n'ai pas revue depuis de très nombreuses années, mais avec qui je reste en contact par correspondance, à quelques reprises chaque année, m'écrit presque tous les jours, et parfois plus d'une fois par jour, depuis qu'elle a appris la mort de Rupert. 

Elle-même amie des chats, a toujours vécu avec un chat depuis plusieurs dizaines d'années. Elle m'a écrit il y a quelques jours qu'il est probablement plus difficile de perdre un chien que de perdre un chat. Je peux comprendre ce qui fait dire cela : un chat étant généralement plus indépendant qu'un chien, on passe habituellement plus de temps avec un chien qu'avec un chat, ne serait-ce que parce qu'il faut sortir le chien trois fois par jour. Mais, au fond, je crois que l'intensité de la douleur ressentie lors de la perte dépendra du genre de la relation que l'on avait avec l'animal.

Cette amie avait joint à son message une courte vidéo avec des photos d'un homme avec son chien et, sur chacune des photos, il y avait un message du genre : « Un chien n'est après tout qu'un animal. Lorsqu'un chien meurt, on n'a qu'à en prendre un autre, etc. » J'ai voulu répondre pour moi-même à ce genre de commentaires.

Je pense que si l'on perd un être que l'on aime, avec qui on a partagé des années de sa vie, que ce soit un chat, un chien, un oiseau, un lapin ou un cheval, la douleur doit être immense. Et la douleur sera d'autant plus grande que l'on aura accordé de l'importance à cet autre, du degré d'affection, d'amour que chacun aura investi dans la relation.

Quel que soit l'animal que l'on ait choisi, ou qui nous ait choisi, il vient assez rapidement un moment où le choix est réciproque, mutuel, et irréversible. Nous faisons partie de la vie de cet animal autant qu'il fait partie de la nôtre. Et si l'on vit seul avec cet animal, si l'on est, comme je disais toujours à mes collègues qui pensaient souvent que j'étais libre de faire ce que je veux quand je veux, qui ne comprenaient pas qu'à certains moments de la journée ou de la soirée, je n'étais pas disponible pour des réunions en personnes ou par visioconférences, « n'oubliez pas que je suis chef de famille monoparentale », et que mon chien dépend de moi, de la même façon qu'un enfant dépendrait de moi. Et un chien, c'est comme un enfant qui vieillit mais qui ne grandit pas ; il sera toujours dépendant de moi. Et c'est la même chose pour un chat, un oiseau, un lapin... 

Quand on vit seul avec un animal que l'on a choisi, il y a le risque que cet amour réciproque devienne fusionnel, qu'il devienne difficile d'imaginer la vie sans l'autre. Et lorsque la séparation arrive, quelle que soit la façon dont cette séparation arrive, cette déchirure est absolument douloureuse, comme une amputation d'une partie vitale de soi... Et elle peut être plus douloureuse selon les circonstances qui entraînent cette séparation.

Certains disent qu'un chien (ou un chat, un oiseau, un lapin, ...), ce n'est qu'un animal, pas une personne.

Mais les animaux ont leurs propres émotions, leurs propres sentiments. Et un animal que l'on a choisi, que l'on a apprivoisé, quel qu'il soit, du moment qu'on l'a intégré dans notre vie, il a déjà commencé à nous aimer inconditionnellement ; il nous accorde sa confiance et, assuré que l'on respectera notre engagement, il compte sur nous pour tout ce qui lui sera nécessaire : l'abri, la nourriture, les soins d'hygiène et de santé, les jeux et les loisirs, la vie sociale. Il y a une relation de respect qui s'installe, un attachement émotionnel et, comme le dirait le renard au Petit Prince, « on est responsable pour toujours de ce que l'on apprivoise ».

Il est possible qu'un animal ne sache pas d'avance qu'il doit mourir ; cela ne fait pas partie de ses réflexions habituelles et il ne s'y prépare pas. Mais lorsque vient le moment, je suis sûr qu'il en a conscience ; la preuve, c'est, que dans la nature, et même parfois chez les animaux domestiques, ils vont se cacher, ou s'installer à l'écart, quand ils sentent que le moment est venu. Ou encore, ils vont chercher à se rapprocher de ceux qu'ils aiment et qui, croient-ils, vont les protéger, les rassurer...

Quand Rupert est parti, ce dimanche soir du 8 décembre 2024, il a dû sentir que quelque chose lui arrivait ; peut-être a-t-il pensé que je pourrais le sauver, ou peut-être, sentant la fin approcher, voulait-il que je sois près de lui en cet instant dramatique... La preuve, c'est que dix minutes plus tôt, il mangeait avec beaucoup d'appétit le repas que j'avais mis beaucoup de temps à lui préparer ; ce repas, composé de ses croquettes habituelles sur lesquelles j'avais mis en garniture des patates douces, des carottes, du bœuf effiloché, etc., était pour lui un repas de fête, et il s'est régalé... Comme on venait de rentrer de sa promenade dans le quartier, il n'avait pas besoin de sortir, comme il le faisait souvent après avoir mangé... Normalement, il serait allé se coucher pour faire sa sieste, pour se relever plus tard et faire une dernière sortie avant la nuit. Mais ce dimanche-là, il savait que nous étions invités chez une amie dans l'immeuble ; c'est peut-être pour cela qu'au lieu d'aller faire sa sieste sur le sofa, il est venu se coucher pratiquement à mes pieds, à l'entrée de la cuisine... Ou, comme je le dis précédemment, il a senti la fin arriver et il voulait être près de moi. Le malheur, c'est que je ne m'en suis pas rendu compte ; j'ai cru qu'il était venu m'attendre, puisque j'étais sur le point de lui dire : « Viens, notre amie (qui l'adorait et qu'il adorait) nous attend ». Mais quand je lui ai prononcé ces mots, il n'a pas réagi, alors qu'il aurait dû être content de cette proposition d'aller chez une amie... Avec le recul, je pense qu'il a voulu être près de moi... mais je pense aussi qu'il n'a pas eu le temps de souffrir : il n'a pas eu de mouvement brusque, pas de sursaut, pas un son...

Qu'il ne sache pas d'avance qu'il va mourir un jour, ce n'est pas grave. L'important, c'est que lorsque quelque chose d'important arrive dans sa vie, l'être humain à qui il accorde toute sa confiance, qui croit en son amour inconditionnel et en son dévouement, soit là pour l'aimer, le rassurer, l'accompagner...

Si lui ne sait pas d'avance qu'il doit mourir un jour, nous le savons et l'on voudrait ne pas avoir à y penser. Mais l'être raisonnable que nous sommes en principe, l'être responsable de lui, doit prévoir que ce jour arrivera, le plus tard possible, espérons-nous. Sachant à quel point les séparations sont très douloureuses, surtout quand elles sont définitives, j'ai toujours souhaité qu'il parte avant moi, pour qu'il n'ait pas à vivre le deuil de moi... Puisqu'il n'a jamais été séparé de moi, qu'il n'a jamais été gardé ailleurs, par quelqu'un d'autre, sauf une heure quelques fois par année pour un toilettage, ou une journée quand il avait six mois pour une chirurgie, je n'aurais pas voulu l'« abandonner » en partant avant lui et en l'obligeant à devoir s'adapter à un autre foyer, à d'autres habitudes, etc. Je savais que cela aurait été difficile pour lui, même si cela se faisait dans les meilleures conditions, avec les personnes les plus aimantes qui existent... Avec moi, il n'avait pas besoin de parler, pas même besoin de demander ; la plupart du temps, je devinais ce qu'il voulait, avant même parfois qu'il ait eu le temps d'y penser lui-même... Nous n'avions qu'à nous regarder et nous nous comprenions.

Quand on vient de perdre cet être qui a partagé pratiquement tous les instants de notre vie durant un certain temps, que ce soit quelques mois ou plusieurs années, comment pourrait-on accepter que l'on nous dise que l'on pourra en avoir un autre, comme s'il s'agissait de remplacer une assiette cassée ou une vieille paire de chaussures ?

Certains diront qu'il y a des douleurs plus insupportables que la perte d'un animal ; ceux-là peuvent le penser et le dire aussi longtemps qu'ils ne seront pas passés par là. Leur manque de sensibilité m'empêcherait de les choisir ou de les conserver comme amis.

Et, si empathiques que l'on puisse être, la douleur des autres peut relativiser quelque peu la nôtre, mais ne l'efface pas.

Quelle que soit la vie que l'on mène, active ou solitaire, l'animal avec qui l'on vit est toujours là, fidèle et constant, sa présence se veut rassurante dans les mauvais jours, parfois exubérante dans les bons jours.

Et le chien, peut-être davantage que n'importe animal, favorise les interactions avec d'autres chiens et d'autres personnes, enrichit à sa façon notre vie sociale.

De son poste d'observation devant l'immeuble, Rupert surveillait l'activité à l'intersection des rues près de chez moi. Il savait que, de cette intersection, pouvaient jaillir les amis, les admiratrices et admirateurs, les chiens qu'il aimait ou à qui, au contraire, il voulait dire d'aller voir ailleurs. Il accueillait avec plaisir les câlins des personnes bien intentionnées, ignorait dignement toute personne qui ne lui inspirait pas de sympathie... Il attendait ses préférés, au point de ne pas vouloir bouger parfois, car il était presque assuré que telle ou telle amie allait finir par passer, venir le saluer joyeusement, lui faire quelques câlins, peut-être lui offrir quelques gâteries et, peut-être même jouer à la balle avec lui...

Mais il pouvait aussi ressentir le manque, la solitude... Certains jours, les amis ne passaient pas ; il les attendait et, parfois, il était déçu... Je ressentais sa solitude, je partageais sa déception car je savais à quel point la visite de ses amis, si courte soit-elle, suscitait en lui de la joie, lui donnait du tonus, relevait son moral, lui faisait anticiper d'autres plaisirs, d'autres joies. Il m'arrivait d'essayer de le consoler, de le rassurer, en lui disant que je comprenais sa déception, sa tristesse, mais qu'il était fort possible que « demain » (« demain », cela pouvait vouloir dire : plus tard, dans une ou plusieurs heures, le lendemain, ou un autre jour ; il comprenait), peut-être que ses amis viendraient.

C'était important pour lui que je lui parle, que je tente de lui expliquer la situation ; cela le rassurait. Il ne comprenait peut-être pas toujours les mots que je lui disais, car les phrases étaient parfois inhabituelles pour expliquer des situations complexes, mais il sentait que je comprenais ce qu'il ressentait, et il était sensible au fait que je tentais de lui expliquer ce qui se passait et ce qu'il ressentait. Même si parfois, occupé à ne rien manquer de l'activité au coin de la rue, il me tournait le dos, je voyais, d'après sa façon de tenir la tête, de dresser les oreilles, qu'il était tout à fait attentif à ce que je disais.

Les animaux qui vivent avec nous sont peut-être les seuls à ne pas nous juger, quoi que l'on dise, quoi que l'on fasse. Ils peuvent s'impatienter parfois et nous reprocher de ne pas leur donner assez vite ce qu'il leur faut, ce dont ils ont besoin ou ce dont ils ont envie, mais ils ne nous jugeront pas, ne nous critiqueront pas. À la rigueur, ils pourront nous bouder un moment, mais, à moins que l'on persiste dans notre négligence, la paix sera vite rétablie.

Les chiens, comme les autres animaux, nous accordent le privilège de leur confiance, qu'il ne faut jamais trahir. J'ai toujours appliqué la règle essentielle de ne jamais mentir à Rupert, de ne jamais lui annoncer ou lui promettre quoi que ce soit sans le lui accorder. Les animaux, à des degrés divers, sont intelligents ; s'ils s'aperçoivent que nous leur avons menti, que nous n'avons pas tenu notre promesse, que nous avons trahi leur confiance, leur confiance deviendra alors conditionnelle, à négocier à chaque fois...


Je me suis quelques fois impatienté envers Rupert, et à chaque fois, je l'ai regretté et je m'en suis voulu longuement. Rupert, comme bien des animaux, était très sensible ; lorsque je lui parlais un peu fort, je le blessais profondément : il ne comprenait pas... et moi non plus, par la suite. La plupart du temps, j'allais lui demander pardon et lui répéter que je l'aimais, mais je sais que parfois, il avait été vraiment blessé et qu'il n'était pas prêt à pardonner rapidement... Depuis son départ, c'est ce qui me hante: j'aimerais tellement pouvoir revenir en arrière et tenter d'effacer ces moments d'impatience.

Je crois que dans toute relation, amoureuse ou autre, et surtout dans une relation fusionnelle comme on en vit parfois, avec une personne ou un animal, il peut arriver que ce ne soit pas toujours l'euphorie totale : des circonstances difficiles, un trop grand stress, le manque de sommeil, la maladie, etc., peuvent nous amener à manquer de patience et à faire subir à l'être qui partage notre vie notre mauvaise humeur. Idéalement, il vaudrait mieux prévoir des soupapes pour libérer la pression plutôt que de la faire subir à notre compagnon. Mais, dans une relation fusionnelle, comme souvent dans une famille monoparentale, on est trop près l'un de l'autre, sans assez de distance pour reprendre son souffle et relaxer avant d'amorcer une nouvelle interaction avec l'être cher.

Mais que l'on ne vienne pas nous dire qu'un chien, un chat, peu importe, n'est qu'un animal (« un bien meuble», comme le disait encore la loi il n'y a pas longtemps), et qu'on peut facilement le remplacer par un autre.

Chaque être avec qui l'on a vécu devient une partie de soi, une partie de son esprit, une partie de son âme.

dimanche 8 décembre 2024

Au-revoir, Rupert, et merci !


Rupert
20 octobre 2015 - 8 décembre 2024

Mon ami Rupert nous a quitté ce dimanche soir. Il est parti sur la pointe des pieds, sans prévenir, sans déranger personne.

Il n'a pas eu un sursaut, pas un son, comme s'il s'était endormi...

Tout l'après-midi j'avais cuisiné pour lui, comme il m'arrivait de le faire à l'occasion, mais pas de façon aussi élaborée qu'aujourd'hui...

À peine quelques minutes plus tôt, il avait mangé, avec appétit ; puis il a accepté avec joie les petites gâteries qui lui servaient de dessert.

Je terminais la préparation d'un repas que j'allais partager avec une charmante voisine ; j'avais dit à Rupert qu'il était aussi invité. Curieux, il aimait aller chez les gens et, sans s'imposer, il était heureux quand on l'invitait à entrer.

À peine quelques minutes plus tard, quand j'étais prêt à descendre avec mon plat, j'ai appelé Rupert : il n'a pas réagi. Il était couché devant la porte de la cuisine, comme s'il m'attendait. Je l'ai appelé encore une fois, lui proposant sa gâterie préférée ; il n'a toujours pas réagi. J'ai commencé à m'inquiéter ; j'ai tenté de le réveiller, sans résultat. J'ai appelé ma voisine, qui est montée immédiatement. Il semblait dormir paisiblement mais... même en le secouant un peu il ne réagissait pas.

À l'exception d'une nuit qu'il avait passée chez le vétérinaire après une chirurgie, lorsqu'il avait six mois, ce sera la première nuit que je passerai sans lui depuis bientôt neuf ans. Je me demande comment je pourrai passer cette nuit.

Je me demande aussi comment je pourrai vivre sans lui le temps qu'il me reste à vivre.

Je n'ose envisager l'annonce de son départ et la réaction des centaines de ses admiratrices et admirateurs.

 

mardi 31 janvier 2023

Still alive...

Aux invités qu'elle accueillait et qui lui demandaient comment elle allait, Elisabeth II, reine du Royaume-Uni et de quatorze pays du Commonwealth, répondait encore aux premiers jours du mois de septembre dernier : « Je suis encore vivante. » Elle ne pouvait sans mentir répondre qu'elle se portait très bien, et elle n'avait pas envie, non plus, d'amorcer pour ses invités et pour le monde entier une conversation sur son état de santé. Compte tenu de son grand âge et avec la connaissance qu'elle devait avoir l'état réel de sa santé, elle ne pouvait que répondre avec le sourire qu'elle était toujours vivante. Et l'on ne pouvait que constater sa longévité, et son sens du devoir lui dictant qu'elle devait jusqu'au bout jouer son rôle et assumer ses responsabilités. Et, le 8 septembre, deux jours seulement après avoir officiellement accueilli la nouvelle première ministre Liz Truss, Elisabeth II s'éteignait, « de mort naturelle » ... 

Ces derniers mois, quand on me demande comment je vais, je réponds souvent : « Comme le disait encore Elisabeth II au début du mois de septembre, je suis encore vivant... » Ce n'est pas que j'entrevoie, de cause naturelle ou non, un départ prochain ; mais depuis près d'un an, mon état de santé s'est dégradé au point où je peux difficilement dire que « je vis » : je peux seulement dire que je respire, que j'existe, que je peux avoir l'air de vivre normalement, que je dois continuer de me lever le matin et m'habiller pour sortir avec Rupert trois fois par jour, m'assurer qu'il va bien, qu'il a toujours quelque chose à manger, etc. Cependant, très rares sont les moments où je peux me dire que je suis bien et heureux de vivre ; je continue simplement, par sens des responsabilités envers Rupert, de « jouer le jeu » et de sauver les apparences.

Le 4 avril dernier - la veille du quarantième anniversaire de naissance d'Alexander -, j'avais exposé ici un bref aperçu du recensement de mes misères... La situation a quelque peu évolué depuis, mais pas forcément dans le bon sens. Si certains désagréments ont pratiquement disparu, d'autres ennuis, plus importants, sont survenus au début de l'été dernier, accaparant presque toute mon attention, tout mon temps et toutes mes énergies, me rendant la vie non pas « insupportable » (ce serait exagéré de le dire, il me semble), mais pour le moins inintéressante. La semaine dernière seulement, en trois jours, j'ai dû me rendre à l'hôpital quatre fois, principalement pour y subir des examens dont je devrais obtenir les résultats la semaine prochaine. On a évoqué des infections, la possibilité d'un cancer, etc.

À la clinique de santé familiale où travaille mon médecin, trois personnes (dont mon médecin) s'occupent de moi et font un suivi régulier de mon état de santé. Il y a quelques mois, il a fallu intervenir rapidement et de façon draconienne pour empêcher une dégradation irréversible de ma santé et, depuis, je dois me soumettre à un protocole rigoureux qui n'est pas sans causer de nombreux autres désagréments. En plus de ne pas pouvoir dormir la nuit, par exemple, je suis presque toute la journée atteint de nausées causées par les médicaments, et je suis toujours si fatigué que, lorsque je dois jouer avec Rupert, je n'ai souvent qu'une envie : celle de m'écraser dans un coin et de m'y oublier.

Je ne suis pas très inquiet ni angoissé ; je suis surtout très ennuyé de ne pas pouvoir vivre normalement, de ne pas pouvoir le matin me réjouir du petit déjeuner à prendre, de la journée qui commence, de ne pas pouvoir lire plus de cinq minutes, de ne plus avoir la concentration nécessaire pour écrire cinq phrases consécutives, d'avoir même perdu depuis trop longtemps le goût de la lecture et de l'écriture... Quant à la vie sociale, oublions cela complètement... 

Cela dit, je ne suis pas un inconditionnel de l'astrologie, mais j'ai entendu récemment sur Internet deux ou trois astrologues différents annoncer pour 2023 un très intéressant alignement des planètes pour les natifs du signe de la Vierge dont je suis. Il faudrait, semble-t-il, s'attendre à d'importants changements positifs dans notre vie au cours des prochains mois. Si l'on veut croire à l'existence d'un paradis à la fin de nos jours, pourquoi ne pas croire en attendant à l'annonce de jours meilleurs sur Terre ?

Je vous souhaite une excellente année 2023.

mardi 5 avril 2022

Quarante ans !

Né le 5 avril 1982, Alexander aurait aujourd'hui quarante ans ! 

Il est difficile d'imaginer à quarante ans ce garçon qui, à vingt-cinq ans, en paraissait à peine seize. Bien qu'il se soit généralement senti plus à l'aise avec les personnes plus âgées, il ne pouvait, je crois, s'imaginer lui-même à cet âge.

Comme je le rappelle dans ce billet, « C'est notre histoire », il m'avait dit, dans les premiers mois de nos conversations : « Dans ma famille, on ne vit pas très vieux ; et je ne ferai pas exception. ». Sur le coup, je n'avais pas accordé trop d'importance à cet énoncé en me disant que, puisqu'il n'avait que vingt-cinq ans, nous aurions le temps d'en reparler. Mais les événements des mois qui suivirent m'amenèrent à penser que la deuxième partie de son affirmation pourrait hélas se confirmer.

Bien de l'eau a coulé sous les ponts depuis ce printemps d'avril 2008 où j'ai fait sa connaissance, mais je n'ai absolument rien oublié de ce que nous avons si intensément vécu et partagé. Encore aujourd'hui, je peux reconnaître en moi ce qui me vient de lui.

Sans tomber dans l'anthropomorphisme, je ne peux m'empêcher de penser parfois que même en mon fidèle compagnon de chaque instant, l'adorable bulldog anglais Rupert, survit, sans doute transmis à travers moi, quelque chose de l'esprit d'Alexander.

lundi 4 avril 2022

« ... j’avais fait le recensement de mes misères

et je n’attendais de lueur d’espoir de nul horizon… »
Michel Tournier, Le Roi des Aulnes, les écrits sinistres d'Abel Tiffauges.

En relisant ces derniers jours cette citation du Roi des Aulnes, j'ai pensé qu'elle s'appliquait bien à ce qu'est devenue ma vie depuis un an environ mais, pour qu'elle soit plus juste, je devrais la modifier quelque peu, l'actualiser : « ... je fais le recensement de mes misères et je n'attends de lueur d'espoir de nul horizon. »

Contrairement à Abel Tiffauges, cependant, je n'ai pas envie d'entreprendre la rédaction de mes « écrits sinistres » (écrits de la main gauche), pas plus qu'aucun autre journal écrit de la main droite.

J'ai perdu l'habitude et, par conséquent la manière, de parler de moi, que ce soit pour faire « le recensement de mes misères » ou pour partager mes petits bonheurs, au point où je ne sais même plus à quoi pouvaient ressembler ces petits bonheurs.

Bien sûr, comme celle d'à peu près tout le monde sur la Planète, ma vie a été affectée depuis deux ans par la pandémie de COVID-19 et par les mesures sanitaires qui sont venues compliquer grandement la vie sociale. J'aurai été et je continue d'être un bon citoyen, approuvant les mesures sanitaires, respectueux des consignes. Des gens autour de moi, comme partout ailleurs, ont souffert plus que moi des restrictions.... C'est surtout à travers Rupert que j'ai ressenti les effets du confinement : lui et moi passons dehors plusieurs heures chaque jour ; quand sont tombées les consignes de distanciation physique, Rupert a été le premier à en souffrir. Depuis son arrivée dans cette maison, dans ce quartier, il a tellement été habitué à recevoir l'attention de presque tout le monde : les voisins, les gens du quartier, les passants qui se rendaient au travail ou qui en revenaient, les étudiants toujours très expressifs quand ils voyaient Rupert... 

Et, du jour au lendemain, les gens ont presque cessé de circuler ; les personnes que l'on continuait de rencontrer ou qui passaient devant l'immeuble continuaient de nous saluer... à distance, mais ne s'arrêtaient plus pour le caresser ou pour jouer avec lui. Il ne comprenait pas pourquoi on ne s'arrêtait plus pour lui, ce qu'il interprétait comme : « Pourquoi on ne m'aime plus ? ». Il n'a toujours pas compris mais, comme bien d'autres, il s'est résigné. Le temps passé dehors était moins excitant, pour lui comme pour moi et, pour compenser le manque de stimuli, comme il n'était jamais satisfait, jamais comblé, il voulait rester dehors encore, en espérant sans doute que des amis finiraient par arriver. Puisqu'il ne voulait pas jouer, je ne faisais que lui tenir compagnie, en essayant de lui expliquer sans y croire moi-même que, plus tard peut-être, des amis viendraient ; le temps m'a parfois paru bien long même si, au bout du compte, je trouve toujours les journées trop courtes.

Les jours passaient, à peu près tous semblables ; la principale variation concernait les conditions météorologiques : les journées pluvieuses étaient particulièrement longues car Rupert n'aime pas la pluie et, retardant le plus possible le moment d'aller faire ses besoins, étirait encore le temps qu'il fallait rester dehors à regarder passer les quelques personnes qui avaient l'air de conserver un semblant de vie normale. Les jours de canicule, et ils sont nombreux à Montréal, du mois de mai au mois de septembre, c'est moi qui, ne pouvant supporter le soleil et les grandes chaleurs humides, voulais rester à l'ombre le plus possible.

La lumière du soleil m'est devenue particulièrement insupportable après une chirurgie de la cataracte dans chaque œil, à une semaine d'intervalle entre les deux. La première chirurgie a été un succès ; trois ou quatre jours après, à l'exception de la lumière qui m'aveuglait et de l'obligation d'appliquer des gouttes, j'oubliais pratiquement l'opération. Mais la chirurgie du deuxième œil ne s'est pas aussi bien passée ; il m'aura fallu plusieurs mois, presque un an, pour que je cesse d'éprouver la sensation du grain de sable sous la paupière... Moi qui ne portais plus depuis quelques années de lunettes pour corriger la myopie et qui n'ai jamais eu besoin de lunettes pour lire, voilà que je ne voyais plus rien de près : impossible de lire sans les indispensables et désagréables lunettes de lecture. Et comme j'avais toujours d'abondantes larmes dans les yeux, ma vision était en permanence faussée, avec ou sans lunettes. J'ai donc abandonné la lecture, me privant de ce qui avait toujours été pour moi l'un des plus grands, sinon le plus grand plaisir dans la vie...

Puis vinrent les vaccins contre la COVID-19. Je n'ai éprouvé aucune réaction, pas d'effet secondaire à la suite du premier vaccin (Astra Zeneca). Mais, trois mois plus tard, je recevais le deuxième vaccin (Moderna) ; deux jours après cette injection, sans que je comprenne trop pourquoi ni comment, ma vie devenait un enfer. Il m'aura fallu parler à plusieurs personnes pour apprendre que l'un des effets secondaires du vaccin de Moderna était, chez certains (et il devenait évident que j'étais l'un des élus), une hypersensibilité de la peau. Une recherche sur Internet m'a permis de conclure que ma peau réagissait fortement aux acariens. Jour et nuit, mais surtout la nuit puisque j'étais plus ou moins immobile, j'avais la sensation que des bataillons de ces insectes hideux (en regardant des photos prises au microscope car ces arachnides sont invisibles à l'œil nu) parcouraient la surface de mon corps pour en dévorer les peaux mortes. Je n'en dormais pas des nuits et ne cessais de me gratter. Mon médecin, qui n'y croyait pas trop, m'a prescrit des antihistaminiques ; ces jolies petites capsules atténuaient les démangeaisons et me permettaient de dormir, d'autant mieux que ce médicament provoque la somnolence : mes nuits étaient plus calmes. Mais ce médicament a pour effets secondaires de provoquer de la somnolence (ce qui ne cause pas de problème la nuit mais devient plus embêtant durant le jour aux heures où l'on essaie d'être un peu actif et productif) et, ce qui est moins drôle, affecte semble-t-il la mémoire. Sans pour autant décider de ne plus l'utiliser, j'ai cessé depuis quelques semaines de prendre cet antihistaminique.

Les démangeaisons se sont partiellement atténuées mais n'en continuent pas moins, nuit après nuit, de m'empêcher de dormir. Bataillant toutes les nuit, je suis épuisé quand la journée commence et, dès que je peux, entre les longues sorties de Rupert, m'asseoir un moment, je tombe de sommeil.

Quant à ma vision, elle ne s'améliorera pas avec le temps : il faudra que je me résigne à porter des lunettes chaque fois que je voudrai lire quelques mots ou quelques pages, qu'il s'agisse de livres choisis, de ma correspondance quotidienne ou de la liste des ingrédients d'un produit dont j'ai besoin. Mais je ne me suis pas encore habitué, sauf quand je suis assis à mon bureau, à garder sous la main une paire de lunettes. De plus, éprouvant en permanence un sérieux inconfort aux yeux, quelle qu'en soit la cause, j'ai toujours envie de fermer les yeux et, par conséquent, de ne rien faire du peu de temps libre qui me reste. Je ne rêve plus que d'une chose : aller me coucher et essayer de trouver l'oubli dans le sommeil.

Je n'évoquerai pas ici les nombreux changements survenus autour de moi, sur lesquels je n'ai pas vraiment de contrôle, mais qui, s'ajoutant aux petits problèmes décrits ci-dessus, gâchent considérablement ma qualité de vie. S'ajoutent à cela une série de problèmes que je dois régler, dans ma vie personnelle, dans ma vie sociale, pour ce qui en reste, dans mon appartement, et pour la santé et la joie de vivre de Rupert. Mais la quantité de ces petits problèmes m'accable d'autant plus que, pour en régler un certain nombre, je dois respecter une certaine séquence alors que je n'ai pas encore les ressources pour m'attaquer à certaines situations qui ont préséance sur les autres.

Je n'ai pas vraiment fait « le recensement de mes misères » ; il me suffit de les regrouper dans un collectif singulier que, par respect pour ceux qui l'éprouvent vraiment, j'hésite à appeler « ma misère ». Bref, depuis plus d'un an, ma qualité de vie s'est largement dégradée et, comme Abel Tiffauges, je n'attends « de lueur d'espoir de nul horizon ».

mercredi 1 janvier 2020

Bonne année 2020


Pour finir l'année 2019 et commencer la nouvelle année, Rupert et moi sommes revenus hier à notre appartement habituel. Quand je lui ai proposé de revenir à sa vraie maison, Rupert a eu l'air content ; mais je crois que, sans vraiment comprendre ce que je lui proposais, il était curieux de voir ce à quoi l'invitait le ton enjoué de ma voix. Mais en entrant dans l'appartement, il n'a pas eu l'air enchanté. L'autre appartement était plus spacieux, plus éclairé (de grandes portes-fenêtres donnant sur un balcon au vingt-cinquième étage), plus confortable (il s'était accaparé du grand canapé en cuir - j'y ai mis son matelas en mousse mémoire. ; il aurait pu y dormir des journées entières.  Durant les premières heures, il m'a semblé déçu, comme s'il regrettait d'avoir accepté mon invitation... Mais au réveil, il a retrouvé avec beaucoup de plaisir son espace de jeu extérieur, explorant cette section de la rue qu'il connaissait si bien et qu'il n'avait pas revue depuis plusieurs semaines. Il a vite retrouvé ses habitudes de jeu à l'extérieur. Quant à moi, il me faudra sans doute quelques jours pour me réhabituer à cet espace bien connu, quelque peu réaménagé au cours des dernières semaines. Je voudrais que ce premier janvier 2020 soit le premier jour d'un nouveau départ pour Rupert et moi.

London Eye

Des amis m'ont demandé si je voulais aller célébrer le passage à la nouvelle en assistant à des spectacles et à des feux d'artifice dans le Vieux-Port de Montréal. Je préférais rester à la maison, avec Rupert, et me reposer du déménagement rendu plus difficile par la chute de neige, les trottoirs pas encore dégagés. À dix-neuf heures à Montréal, il était minuit à Londres : j'ai regardé en direct à la BBC les feux d'artifice autour du London Eye. Pour l'occasion, Big Ben (en réparation depuis 2017 jusqu'en 2021), a retrouvé sa voix afin de marquer de ses douze coups le passage à la nouvelle année. J'ai évidemment eu une pensée plus qu'émue pour tous mes amis britanniques, notamment en écoutant chanter le « Auld Lang Syne ».


Je vous souhaite une très belle et heureuse année nouvelle, sous le signe de la santé, de la paix, de la sérénité, de la joie, de l'amour, de la prospérité, des rêves réalisés.


lundi 24 juin 2019

Les anciennes odeurs

À l'invitation de Dr CaSo, voici une autre édition des Ptits souvenirs du dimanche soir, diffusés ici avec un peu de retard.

Est-ce que vous vous êtes déjà battu pour une cause importante ?
Oui, très souvent : pour la défense de la langue française, de la culture québécoise, notamment, mais pour bien d'autres causes plus ou moins semblables ou fort différentes.
À plus petite échelle, il y a quelques années, deux ou  trois jours avant Noël, un ancien patron m'avait remis, comme à six de mes collègues, une lettre annonçant que nous serions mis à pied durant la période des fêtes de fin d'année, avec la possibilité que nous serions réembauchés en janvier... si la situation financière de l'organisme s'améliorait. Comme c'était la responsabilité du directeur de faire en sorte que la situation financière de l'organisme soit bonne, et non celle des employés que nous étions, je trouvais cette mise à pied particulièrement cruelle et même cynique. J'ai immédiatement écrit une lettre au conseil d'administration (les patrons de mon patron) : avant la fin de la journée, la décision du directeur était annulée et nous gardions notre emploi.
Plusieurs fois, il m'est arrivé de me battre, seul ou avec d'autres, pour protester contre des injustices ou pour obtenir des avantages auxquels nous avions droits. J'ai très souvent remporté ces batailles.
Je continue de le faire dans ma vie de tous les jours, selon mes moyens, pour le bien des gens qui m'entourent. Je suis souvent plus motivé quand l'intérêt d'autres personnes est en cause, que lorsqu'il s'agit de mon seul intérêt.

Quelles odeurs aimez-vous particulièrement ?
J'aime le parfum des fleurs dans les jardins de mes voisins ; je ne sais pas toujours le nom de ces fleurs, mais plusieurs d'entre elles me plaisent. J'aime souvent l'odeur des plats que je prépare, à la cuisine. J'aime l'odeur de certaines eau de toilette de bonne qualité, et en particulier celle qu'utilisait Alexander (que l'on ne trouve plus sur le marché, mais que j'ai réussi à trouver il y a quelques mois encore, sans avoir à débourser 500 $ comme on demandait sur Amazon). J'aime l'odeur des gâteaux et des tartes, mais je dois dire que je n'en prépare pas beaucoup moi-même. Cette liste pourrait être beaucoup plus longue.

Qu’est-ce que vous avez admiré cette semaine ?
La réponse la plus facile et la plus spontanée : les fleurs des jardins de ma rue quand je sors avec Rupert (il n'y en a pas chez moi : pas de place pour cela, du moins pas pour l'instant).  La lumière matinale ou de fin d'après-midi dans les feuilles des arbres voisins. Certaines phrases dans mes lectures en cours.

Comment avez-vous obtenu votre premier job ?
Entre dix et treize ans, j'étais, à temps partiel (le soir et les fins de semaine), travailleur autonome itinérant : je faisais le tour de tous nos voisins à la campagne pour leur offrir des cartes de voeux (Noël et autres), de petits objets décoratifs, etc. J'avais commencé cela de ma propre initiative en commandant la marchandise par la poste...
Mon premier emploi à temps plein, durant l'été, c'est à quatorze ans : j'étais venu de la campagne à Montréal dès la fin de l'année scolaire. Quelqu'un que je connaissais avait obtenu que le gérant d'un restaurant accepte de me rencontrer : j'ai été embauché immédiatement pour travailler à la cuisine durant tout l'été. J'habitais seul, en chambre, à Montréal, car ma famille était restée à la campagne.

Quand vous étiez jeune, qu’est-ce que vous aviez vraiment envie de faire mais vos parents vous l’interdisaient ?
Je ne me souviens pas que mes parents m'aient interdit quoi que ce soit... Mon père n'aimait pas vraiment que j'emprunte sa voiture quand j'avais douze ou treize ans, mais il acceptait tout de même de me la prêter quand il fallait aller chercher du beurre ou autre chose à l'épicerie, qui était à une certaine distance de la maison. Et je prenais tout de même la voiture quand il n'était pas là... Si j'avais quelque chose à reprocher à mes parents, ce ne seraient pas les interdits.

Est-ce que vous avez toujours aimé vos noms et prénoms ou est-ce que vous auriez préféré en changer ?
Je ne peux pas dire que j'aime mon prénom (composé), mais il ne me déplaît pas vraiment non plus. Quant à mon nom de famille, il est tout à fait correct. Depuis l'âge de douze ans, j'ai modifié l'orthographe de mon nom de famille : je suis donc le seul de la famille à écrire mon nom de cette façon (tous mes papiers sont faits à ce nom qui, je l'ai appris plus tard, s'écrivait ainsi quand mes ancêtres paternels sont arrivés ici, en Nouvelle-France, vers 1650).
Toutefois, si je devais chercher la célébrité dans un domaine ou dans un autre, je prendrais certainement un pseudonyme, ne serait-ce que pour éviter la confusion avec un Français qui publie des livres et qui porte les mêmes prénom et nom de famille que moi.

lundi 3 juin 2019

Souvenirs du dimanche soirs...réchauffés le lendemain

Plus fidèle que moi aux P'tits souvenirs du dimanche soir, Dr CaSo propose encore ses souvenirs chaque dimanche et nous invite à partager les nôtres. Bien que, la plupart du temps, je ne me reconnaisse pas dans les questions, je tente parfois de proposer des réponses ; en voici quelques-unes :


Quel genre de nourriture « exotique » aimez-vous le plus ?
Je peux manger à peu près de tout (je crois l'avoir déjà écrit quelque part dans ces pages, d'ailleurs). Mais, puisqu'il faut nommer des cuisines « exotiques », en voici quelques-unes que j'aime : les cuisines italienne, chinoise, japonaise, libanaise, portugaise, grecque, française (est-ce exotique ?) ; mais j'aime aussi la mienne, qui n'est pas « exotique » mais d'autant plus inventive qu'elle est pratiquement toujours improvisée et... ne ressemble pas beaucoup à ce que l'on connaît.

Je rêve en fait de plats de poissons et de salades de légumes et de fruits (fruits et légumes dans le même plat, c'est parfait).
Je n'aime pas vraiment la cuisine mexicaine, du moins ce que j'en connais : il m'est arrivé à quelques reprises d'être invité dans des restaurants mexicains, à Paris et à Montréal, et j'en suis sorti quelque peu déçu.

 


Qu’est-ce que vous oubliez souvent ?
Je n'oublie pas grand-chose, hélas ! J'aimerais parfois oublier tout ce que l'on attend de moi...
Ce qu'il m'arrive le plus d'oublier, ces temps-ci, c'est l'heure d'aller dormir (mais je n'oublie jamais de me réveiller très tôt, tous les jours).

Avec quelle personne de votre famille (proche ou moins proche) aimez-vous le plus voyager ? Pourquoi ?
Je n'ai jamais beaucoup voyagé avec qui que ce soit de ma famille (autrement que d'aller chez les uns ou chez les autres, mais ce ne sont pas vraiment des « voyages »). Je suis allé en Virginie avec l'une de me soeurs, une fois, durant une dizaine de jours ; ce ne fut pas si désagréable, mais je dois dire que je ne rêve pas tous les jours de recommencer. Si je devais voyager, je crois que je préférerais le faire seul ou encore avec quelqu'un qui, entre autres qualités, connaîtrait bien la culture actuelle (les bons trucs pour se faciliter la vie) d'un pays que je voudrais connaître.

Qu’est-ce qui vous a fait rire la semaine dernière ?
J'ai probablement ri quelques fois durant une quinzaine de secondes à chaque fois en parlant avec un voisin ou une voisine, mais je ne m'en souviens pas. J'ai probablement ri plus franchement en regardant des vidéos de chiens sur Internet.

Si quelqu’un vous donnais 50 euros, ou 50 dollars, ou 50 francs suisses, là, mais que vous deviez les dépenser aujourd’hui, qu’en feriez-vous ?
Que voulez-vous que je fasse de cinquante dollars ? Il n'y a même pas de quoi s'offrir un bon repas, seul, au restaurant.
J’aurais plutôt besoin de 50 000 $ et, je vous assure, je pourrais les dépenser le jour même, sans faire aucune folie.
Je réfléchissais à cela ce matin et, au moment où je suis sorti avec Rupert, j'ai reçu un court message sur mon téléphone multifonctions ; ce message disait que j'avais gagné 50 000 euros et que je n'avais qu'à suivre le lien pour les réclamer... Je ne sais pas pourquoi, avant même que j'aie eu le temps de réfléchir, j'avais effacé le message.

Racontez-moi un chouette souvenir de vacances à la montagne.
J'ai souvent été à la montagne quand j'étais enfant, adolescent, car le petit village où nous habitions était entouré de montagnes, mais je ne peux pas dire que j'y aie passé des vacances... Est-ce que les Buttes Chaumont, ça compte ? Et, même si j'habite au pied du mont Royal, il y a tout de même longtemps que je n'y suis pas allé.
À trop lire ces questionnaires, je finirai par croire que je ne vis pas dans le même univers que bien des gens : je n'ai rien à répondre à de nombreuses questions, ni rien à ajouter à de nombreux commentaires. Il semble que ma vie soit ailleurs.

dimanche 7 avril 2019

Élégance masculine

Portrait du comte Robert de Montesquiou
par Giovanni Boldini (1897), Musée d'Orsay.

L'élégance d'hier n'est pas celle d'aujourd'hui, et nous serions certainement surpris de voir aujourd'hui ce que demain nous réserve en terme de style et d'élégance. Il y a fort à parier que si nous rencontrions dans la rue aujourd'hui quelqu'un ressemblant à ce portrait du comte Robert de Montesquiou (qui, bien malgré lui, a inspiré à Marcel Proust son personnage de M. de Charlus dans À la recherche du temps perdu), nous ne penserions probablement pas d'abord à son élégance mais plutôt au fait que sa tenue et son style sont ceux d'une autre époque.

L'élégance anglaise de Dowton Abbey

Rassurez-vous, je ne vous ferai pas un cours sur ce qui constitue l'élégance masculine d'aujourd'hui ; d'abord parce que j'en serais bien incapable et que, si mes voisins tombaient par hasard sur ce que je pourrais en dire, ils laisseraient certainement un commentaire me niant toute crédibilité sur le sujet.


En effet, depuis l'arrivée de Rupert, et avec l'obligation de sortir avec lui plusieurs fois par jour et même la nuit, j'ai adopté un style de vêtements décontractés, confortables et facile à entretenir. Rupert est maintenant un grand garçon de plus de trois ans et, sauf de rares exceptions, nous ne sortons plus que trois fois par jour : le matin à son réveil, au milieu de l'après-midi et, finalement, avant d'aller dormir la nuit venue. Mais les deux premières sorties sont assez longues et, lorsque nous rentrons, nous sommes tous les deux fatigués : Rupert va faire une sieste, et, moi, j'ai habituellement trop de choses à faire pour aller dormir, et trop fatigué pour participer à des activités sociales.

Colin Firth

Lors de notre sortie du matin, nous rencontrons ceux et celles qui se rendent au travail, à l'école ou à l'université. Depuis l'été dernier, nous croisons chaque matin une femme noire très élégante ; un matin de l'été dernier, puisqu'elle me saluait, je me suis permis de lui dire que chaque fois qu'elle passait devant nous, nous étions, Rupert et moi (moi, surtout) séduits par le parfum que son passage répandait dans l'air. Depuis, chaque fois que nous la rencontrons, elle nous salue avec un grand sourire en demandant : « Comment allez-vous, les amis ? » Qu'il fasse beau, qu'il pleuve ou qu'il neige, elle est pour nous un rayon de soleil.

Je croise aussi, parfois, des hommes, jeunes ou en pleine maturité, qui sont aussi élégamment vêtus, mais je n'ai pas de souvenir particulier de quelqu'un qui m'aurait frappé par son élégance ; et si ce fut le cas, l'impression ne s'est pas vraiment gravée dans ma mémoire. Je me souviens bien de certains regards, de certains sourires, de brèves complicités qu'il m'aurait parfois plu de pouvoir renouveler ou prolonger, mais pas de tenue vestimentaire particulière.

Ce dimanche matin, alors que je marchais avec Rupert, j'ai vu venir vers nous un jeune homme que nous avions rencontré deux fois auparavant, accompagné d'un très beau caniche royal de couleur blanc-crème. Je me suis immédiatement souvenu de lui car, même si quelques semaines s'étaient écoulées depuis notre rencontre précédente, j'avais été fortement frappé par l'élégance de sa tenue vestimentaire, de sa démarche, de ses gestes et, surtout, de son exquise politesse. Arrivé avec son chien à notre hauteur, à chaque rencontre, il s'est arrêté pour que les deux chiens se saluent et, me regardant droit dans les yeux, m'a dit : « Bonjour, Monsieur ! Comment allez-vous ? »

Comment ne pas être touché quand un jeune homme d'à peine vingt ans vous salue d'un « Bonjour, Monsieur ! » et poursuit son entrée en matière avec le vouvoiement ? Ni la première fois, ni les fois suivantes, la conversation est allée beaucoup plus loin que cet échange de salutations et de quelques remarques sur le chien respectif de l'autre.


Son chien, aux manières aussi impeccables que celles de son maître, est un caniche royal à la fourrure légèrement ondulée de la même longueur partout, et non pas sculptée à la façon des topiaires, symboles des jardins à la française.


Ce matin, le jeune homme, de type eurasien, au visage clair, au teint sans défaut, à la coiffure très soignée, était vêtu de façon particulièrement remarquable pour quelqu'un de son âge et pour promener son chien un dimanche matin (il se rendait probablement à une invitation ou à un événement important). Il portait un costume bleu foncé, parfaitement taillé, avec une chemise bleu clair avec un léger motif à peine perceptible, au col anglais, une cravate d'un autre motif très subtil d'un bleu un peu plus clair que le costume, des chaussures anglaises classiques noires et, par-dessus tout un long manteau de cachemire de couleur marine. Je ne pouvais pas reconnaître son parfum, mais il était le complément parfait de cette tenue. Je n'ai pas pu m'empêcher de lui dire en le quittant, spontanément et sans arrière-pensée, combien il était élégant.


Je n'allais évidemment pas lui demander à quel endroit il achetait ses vêtements... Et je ne crois pas que, à l'exception de nos chiens qui nous amènent à socialiser un peu, nous nous trouvions des affinités électives au cours d'éventuelles prochaines rencontres... Mais je ne serais pas surpris qu'il s'habille à Londres, achète ses costumes rue Saville Row, chez Anderson & Sheppard, par exemple, ses chemises chez Turnbull & Asser, Jermyn Street ou Bury Street, ses chaussures chez John Lobb, St James's Street...Je serais tout de même curieux de savoir pourquoi ce jeune homme de vingt ans à peine, qui habite près de chez moi, aux manières impeccables, sort de chez lui un dimanche matin avec son chien, étant vêtu de façon si élégante et pourtant si formelle...

samedi 19 janvier 2019

Le sujet du jour

Puisque cela semble le sujet de toutes les conversations autour de moi aujourd'hui, et puisqu'il y a déjà très longtemps, il me semble, que je n'ai pas parlé de la météo dans ces pages, voici le temps qu'il fait à Montréal. Moins 24 degrés Celsius et, avec le facteur éolien, une température ressentie de moins 35. On prévoit que, dans certaines régions du Québec, les températures ressenties pourraient atteindre jusqu'à moins 40 et moins 50 degrés Celsius.



Si le concept de refroidissement éolien vous intéresse, vous pouvez en apprendre davantage sur cette page de Wikipédia.

Tel que je l'avais prévu, Rupert n'a pas protesté lorsque je lui ai proposé de rentrer après avoir fait ses besoins et une petite promenade dans le quartier afin de vérifier si ses amis étaient déjà passés par là ce matin. Le froid ne lui fait pas peur, mais il n'aime pas le vent ; et comme il y avait un vent mordant avec ce froid intense, il a jugé qu'il serait mieux à l'intérieur. En quelques secondes, j'ai eu le temps de sentir la morsure du froid sur le bout du nez...


Pour les prochains jours, Météomédia annonce jusqu'à mardi des températures presque aussi froides que celles d'aujourd'hui. Et, semble-t-il, nous aurons une tempête de neige dimanche.

Personnellement, cela ne me dérange pas trop ; je m'en fais surtout pour Rupert qui a besoin de jouer dehors, de dépenser ses surplus d'énergie, de voir ses amis. Les trois hivers précédents, il voulait toujours rester dehors, même lorsqu'il faisait très froid. En vieillissant, peut-être (il a maintenant trois ans, et c'est son quatrième hiver), soit qu'il devienne un peu plus frileux, soit qu'il comprenne mieux la nécessité de rentrer lorsque je le lui demande.

Pour lui faire plaisir, je suis tout de même allé lui acheter un peu de viande, que je ferai cuire et que j'ajouterai à ses croquettes lors de ses prochains repas.

mercredi 2 janvier 2019

Bonne année 2019


L'année 2018 est terminée et je n'en suis pas fâché.

Non, je ne ferai pas de bilan de la dernière année : j'ai été plus occupé que jamais, et si j'avais été payé pour accomplir tout ce que j'ai fait, je serais riche. Mais ce ne fut pas le cas. J'espère simplement qu'on ne me fera pas regretter d'avoir consacré presque tout mon temps à réaliser quelque chose pour des gens qui, pour la plupart, non seulement ne sauront pas l'apprécier, mais qui ne sauront même pas faire attention de ne pas l'endommager.

Toute l'année, la vie de Rupert a été bousculée, bouleversée, parce que j'étais très occupé ailleurs et qu'il y avait autour de nous beaucoup de monde et, souvent, beaucoup de bruit; il en a conservé quelques séquelles : il est plus craintif et perçoit maintenant comme des menaces des choses courantes qui n'étaient auparavant que des objets de curiosité. Je m'efforcerai maintenant, lentement, avec patience, de le rassurer et de restaurer sa confiance lorsqu'il circule à l'extérieur.

Non, je ne ferai pas de liste de résolutions pour cette nouvelle année. J'essaierai simplement de penser un peu plus à moi et de me concentrer sur des objectifs qui me sont chers.

Quoi qu'il en soit, je souhaite à tous une très bonne année nouvelle, sous le signe de la joie, de l'amour, de la santé et de la prospérité.

Bonne année 2019 !


mardi 6 novembre 2018

Sur le divan

Chaque dimanche soir, Dr CaSo énonce quelques questions, auxquelles elle répond elle-même, puis invite ses lecteurs (plus souvent des lectrices - ou du moins des commentatrices); la série s'intitule les ptits souvenirs du dimanche soir. Avec un peu de retard, je réponds ici à ses questions :


1. Quelles sont les choses que je pensais être vraies, quand j'étais enfant, et qui finalement ne l’étaient pas?
Je suppose que, comme la plupart des enfants d'Occident, j'ai cru au Père Noël. Mais je ne me souviens pas avoir été déçu d'apprendre qu'il n'existait... probablement pas.
J'ai toujours été fasciné aussi par la radio : je me demandais comment tout ce monde qu'on y entendait faisait pour tenir dans un si petit boîtier... Plus tard, je m'amusais à faire tourner des disques, en essayant de trouver des enchaînements entre les pièces choisies, comme si j'étais responsable de la programmation et de l'animation... Puis, un peu plus tard, j'ai travaillé moi-même à la radio, et j'ai été plusieurs fois invité à la télévision. Quand on y est, que l'émission soit en direct ou en différé, cela reste un peu impressionnant ; c'est qu'en fait, même si l'on n'est pas tout à fait conscient du nombre d'auditeurs potentiels, on ne voudrait pas y faire ou dire trop de bêtises...


2. Est-ce que j'ai rencontré des gens célèbres ? Si oui, qui était-ce et qu’ai-je dit ou fait ?
Oui, j'ai rencontré un très grand nombre de gens célèbres. Il serait trop long d'en faire la liste (et je suis sûr que j'en oublierais un très grand nombre). J'ai eu l'occasion de saluer, et parfois d'échanger avec eux quelques mots, des chanteurs comme Gilbert Bécaud, Adamo, des actrices et chanteuses comme Liza Minelli, Jane Birkin, et bien d'autres. Il faut peut-être dire que j'ai fréquenté ce milieu, à Montréal, puis à Paris. J'ai été invité à prendre un verre chez des compositeurs et musiciens, avec de grands interprètes de musique classique ; j'ai fréquenté des personnalités du monde du théâtre, du cinéma, de la danse, à Montréal et à Paris ; j'ai rencontré plusieurs écrivains très connus ; j'ai sollicité et obtenu des entretiens avec des personnalités importantes du monde de l'édition, du milieu de la culture (le directeur de l'époque du Centre Beaubourg-Pompidou, par exemple), de grandes bibliothèques françaises (comme François Chapon, conservateur de la Bibliothèque Jacques-Doucet et exécuteur testamentaire de nombreux écrivains)... Dans la rue, j'ai croisé de très nombreuses personnes, comme Charles Aznavour, Léo Ferré, Jean-Paul Sartre, Jeanne Moreau, Jean-Paul Riopelle, Jean-Claude Brialy, Michel Piccoli... Un jour dans une librairie, j'ai pu échanger quelques mots avec Raymond Devos (c'est d'ailleurs lui qui m'a adressé la parole) ; il était avec sa femme.
J'ai eu l'occasion de rencontrer plusieurs personnalités politiques, dont René Lévesque, qui allait devenir l'un des plus grands premiers ministres du Québec ; j'ai côtoyé plusieurs autres ministres ; l'un d'eux est même venu dîner chez moi... Il y a quelques années, j'ai eu l'honneur de remettre un prix à l'ancienne directrice du journal Le Devoir, puis fondatrice et directrice de la Grande Bibliothèque du Québec, qui est aussi écrivain, puis à une femme d'affaires bien connue qui est en ce moment ambassadrice du Canada à Paris.
Il faudrait que j'essaie un jour de faire une liste plus complète : ce pourrait être intéressant pour moi (pas forcément pour les autres), ne serait-ce que pour me rappeler par où je suis passé pour en arriver... nulle part.
Il y en a eu d'autres très importantes cependant, ma rencontre la plus marquante reste toutefois celle d'Alexander et de quelques personnes de son entourage.
J'ai parfois été surpris et très touché par le passage sur ce blogue de personnalités dont je n'oserais pas écrire ici le vrai nom.
Je n'oublie pas, évidemment, que j'ai rencontré un jour, dans un restaurant de Montréal, la très célèbre Dr CaSo.



3. Quelles cinq choses que j'ai en commun avec Rupert ?
a) Nous aimons tous les deux le fromage, les tomates, les pommes, les poires...
b) Nous détestons le bruit et les personnes excitées, exubérantes...
c) Nous aimons les personnes sympathiques qui, lorsqu'elles nous abordent, pensent un peu à nous, et pas seulement à leur envie de toucher un chien.
d) Nous aimons le spectacle de la rue, quand il n'est pas trop bruyant ni trop énervant.
e) Nous aimons parfois regarder un film ensemble - ou du moins des vidéos que je télécharge sur Internet et que, souvent, Rupert me réclame ; nous n'avons pas toujours les mêmes goûts, mais nous essayons de trouver des compromis intéressants.

4. Qui sont mes artistes, compositeurs, ou auteurs préférés ?
Cette question exigerait une réponse très complexe et assez longue, car mes goûts ont évolué avec le temps, spécialement en musique classique ou populaire. J'ai beaucoup aimé Mozart, Beethoven, Schubert, Mahler, puis des compositeurs romantiques et baroques... puis Theodorakis et quelques autres. J'ai aimé les grands de la chanson française (Aznavour, Bécaud, Brel, Félix Leclerc, Gilles Vigneault, Jean-Pierre Ferland, et de nombreux autres), des grandes interprètes comme Melina Mercouri, Amália Rodrigues, etc ; les Beatles, les Rolling Stones, Elton John, Freddie Mercury (avez-vous déjà vu et entendu Freddie Mercury chanter « Barcelona » avec Montserrat Caballé - qui vient de mourir. On trouve cela sur YouTube), 30 Seconds to Mars, The Killers, des groupes de musique celtique, etc.


Je ne connais pas beaucoup les plus jeunes chanteurs et chanteuses, et je dois dire que ce qu'il m'arrive d'entendre par hasard quand je vais dans des endroits publics... ne me donne pas très envie d'y consacrer quelque attention que ce soit.
En littérature, je suis assez fidèle à quelques auteurs français, de diverses époques, dont plusieurs contemporains, que je lis depuis longtemps ou que le hasard me fait découvrir. Je suis heureux d'avoir découvert ces dernières années plusieurs écrivains britanniques que j'aime et il m'arrive d'en découvrir de nouveaux avec beaucoup de plaisir.

5. Quelle sont mes possessions favorites ? Pourquoi ?
Tout d'abord, les nombreux objets qu'Alexander m'a envoyés, que j'ai pour la plupart sous les yeux, sur des meubles, sur les rayons des bibliothèques, sur les murs, sur mon bureau, sur mon lit, sur la porte de mon réfrigérateur, quelques lettres manuscrites (il avait une écriture pas facile à déchiffrer), sa signature sur certains documents, etc.
Une photo dédicacée et des lettres manuscrites d'un écrivain français bien connu.
Quelques livres dédicacés par des auteurs français que j'aime.
Un petit mot gentil de Josette Rey-Debove, « lexicographe et sémiologue française, épouse et collègue d'Alain Rey aux éditions Robert » (Wikipédia)
Une photo originale d'André Gide (vraie photo, et non reproduction), signée par le photographe André Ostier et qui m'a été remise par un autre écrivain qui a bien connu Gide (leur correspondance a été publiée).
Quelques beaux objets anciens achetés chez des antiquaires ou reçus en cadeaux.
Quelques livres, parfois des livres de poche, qui évoquent des moments d'intense émotion ou des étapes importantes de ma vie.
Cette liste pourrait être continuée...

6. Quelle(s) histoire(s) mes parents racontent-ils (ou racontaient-ils) toujours sur moi bébé ?
Je crois que mes parents auraient été bien embêtés de répondre si je leur avais posé la question.
L'un de mes beaux-frères (qui m'a pratiquement toujours considéré comme son premier fils) pourrait en raconter davantage, mais je ne révélerai rien : c'est trop personnel.