Il y a un sujet qui est sur toutes les lèvres en ce moment au Royaume-Uni ; on en parle dans la rue, dans les pubs, dans les bureaux, au parlement de Westminster, dans les bureaux de Scotland Yard et, bien entendu, dans les médias. C'est l'arroseur arrosé. Ces dernières décennies, de nombreuses personnalités du monde de la politique, du spectacle, du jet set, de la famille royale, ont vu leur vie privée déballée sur la place publique. On devait, dans la majorité des cas, se demander comment les journalistes avaient été informés de leurs secrets, des détails de leur vie intime, etc. J'imagine que bien des amitiés et autres liens de confiance ont dû être mis à mal parce que l'on pouvait soupçonner un ami, un collègue, un collaborateur d'avoir trahi la confiance qu'on avait avait en eux.
Quand on est une personnalité publique, on sait que certains journalistes et éditeurs sont prêts à tout pour obtenir la nouvelle qui les rendra célèbres et qui enrichira leur éditeur. Dans le cas d'une photo inédite, par exemple, certains paparazzi sont devenus millionnaires du jour au lendemain. Le grand public n'y voit rien de répréhensible aussi longtemps que c'est la vie privée des personnalités publiques qui est dévoilée à la une des tabloïds. Mais on se rend compte en ce moment que les charognards n'ont pas hésité à pirater la boîte vocale des téléphones mobiles de veuves de soldats tués au combat, de jeunes personnes assassinées, etc.
Le premier ministre britannique a dû exiger la démission du responsable de ses communications, ancien journaliste du journal par qui le scandale arrive, qui aurait piraté des dizaines, des centaines, des miliers de boîtes vocales peut-être et qui est présentement interrogé par Scotland Yard.
Que résultera-t-il de tout ce scandale ? Le parlement adoptera sans doute des règles précises ; seront-elles suffisantes ?
Déjà, l'un de ces torchons que sont les tabloïds a été fermé pour tenter d'atténuer le scandale - je dirais plutôt : pour essayer de détourner les projecteurs maintenant tournés vers Rupert Murdoch, le magnat de la presse, propriétaire de plusieurs de ces torchons. L'empire Murdoch sera sous surveillance et subira d'autres conséquences économiques, les seules que ces gens peuvent comprendre.
Alexander n'aimait pas la politique et il n'aimait surtout pas ces torchons que sont les tabloïds en Angleterre. Déjà il avait eu l'occasion d'exprimer en commentaires à la suite de cet article consacré à Lady Di, dans une langue qu'il ne maîtrisait pas très bien encore mais avec la puissance d'une bête profondément blessée, son dégoût pour ces charognards et... son peu de sympathie pour ceux qui les font vivre.
À peu près tout le monde en ce moment semble scandalisé de ce que l'on découvre des décennies de violation systématique de la vie privée de milliers de Britanniques, sauf certains journalistes qui continuent d'affirmer qu'il est de l'intérêt public de pirater la boîte vocale d'un soldat tué à la guerre, par exemple, car il pourrait avoir eu des conversations juteuses avant de mourir pour la patrie. Il ne faut pas se le cacher : il y a de l'hypocrisie à se scandaliser maintenant des crimes de la presse à ragots ; s'il n'y avait pas cette curiosité maladive des lecteurs pour la vie privée des autres, il n'y aurait pas de milliardaires enrichis par cette curiosité.
P. S. : Je soupçonne Rupert Murdoch et ses charognards de pirater mon blogue : juste au moment où j'allais mettre en ligne cet article, tout le texte en a disparu, sans explication rationnelle. J'ai pu récupérer le texte grâce à l'« aperçu » que j'avais eu la sagesse de faire et que je n'avais pas encore fermé.