
En plus des stylos à bille que je collectionne souvent malgré moi (car il faut souvent en remplacer certains, pour une raison ou pour une autre), je possède déjà quelques stylos à réservoir que j'utilise de plus en plus rarement, hélas. Ces dernières années, par souci d'efficacité et par paresse, j'ai négligé l'écriture manuscrite au profit du traitement de texte. Car il faut pour écrire, non seulement du temps et du silence, mais il faut aussi un peu de paix en soi et toute une organisation matérielle. Qu'il s'agisse d'écrire deux lignes à un collègue, une page de nouvelles à un ami lointain ou un chapitre de roman, l'ordinateur n'occupe toujours sur le bureau que le même espace. Alors que si l'on veut écrire à la plume, il faut avoir sous la main le papier adéquat, l'espace devant soi pour l'étendre ; il faut avoir le stylo et la bouteille d'encre qui lui convienne, etc. Écrire à la plume est en soi un bonheur et, comme tout bonheur, il demande du temps, de la présence attentive qui se traduise dans l'organisation de l'espace et des objets autour de soi. Dans ce monde fou qui nous impose un rythme effréné, il faut savoir s'arrêter et prendre le temps... En ce qui me concerne, ce n'est pas encore gagné... Néanmoins, le goût me vient souvent de retrouver ces objets d'écriture, symboles d'un luxe inouï, celui du temps libre et du bonheur de vivre.
Je présente ici quelques objets, qui ne sont pas encore les miens, mais que j'accepterai avec joie si quelqu'un veut me les offrir :
Le Meisterstück, de Montblanc, est une icône ; la reine d'Angleterre, le pape, un très grand nombre d'écrivains, l'utilisent quotidiennement. J'ai même lu quelque part qu'un écrivain français dont j'oublie le nom, n'écrit ses romans qu'avec ce stylo et chaque fois qu'il en commence un nouveau, il prend un stylo neuf ; dès qu'il a terminé un roman, il jette le stylo. J'ai failli m'en acheter un à Paris, il y a quelques années ; puis j'ai décidé d'attendre, me disant qu'il n'était pas plus cher à Montréal qu'à Paris ; j'attends encore. Ce que j'aime de ce stylo, c'est sa taille, celle d'un gros cigare ; évidemment, je veux aussi la plume à pointe large (puisque j'écris gros).
En ce moment, j'ai un Parker, un Pelikan, un Dupont ; je trouve que ce Caran d'Ache est assez beau :
Certains stylos se vendent aussi cher qu'une Ferrari. Je n'en demande pas tant : je me contenterais d'une Porsche... Le Meisterstück que je veux ne coûte qu'environ 700 $, compte tenu de la valeur actuelle du dollar.