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lundi 31 août 2015

Je me souviendrai toujours... Lady Di



Princesse des coeurs, elle sera toujours dans le mien, comme dans celui de ceux qui l'aiment au-delà du temps et de l'espace.

En ce 31 août 2015, comme au 31 août de chaque année, je pense à elle, à sa famille, à ses proches... Je pense à Alexander, qui avait pour elle une véritable vénération.

I think of her. I think of his family. I think of Alexander.

dimanche 4 mai 2014

Écrire pour quelqu'un

Je viens de refermer ce livre, que j'ai savouré, page par page, phrase par phrase, mot par mot.
Quel émouvant témoignage ! Quelle pudeur et quelle tendresse tout au long de ce récit ! La relation avec le père occupe une grande partie de ces pages ; au delà de l'anecdote, comme le dit lui-même l'auteur dans cette vidéo sur YouTube, il s'agit d'une réflexion sur la paternité, sur la parentalité.
C'est aussi une touchante réflexion sur l'absence, sur ceux qui nous ont quitté, qu'il s'agisse de nos parents ou d'autres êtres que nous avons aimés.
J'ai versé des larmes (et j'en ai retenu bien d'autres) sur à peu près toutes les pages car, comme il est si bien écrit, « l'étrange et douloureuse survie en nous de ce qu'ont souffert les défunts » ne nous quitte pas et « va plus loin, plus profond, que la simple mémoire. »
Merci, Jean-Michel Delacomptée, que je ne connaissais pas avant que « quelqu'un », un ange sans aucun doute, ne mette ce livre sous mes yeux au moment où j'étais prêt à le recevoir.
Désormais, les livres de Jean-Michel Delacomptée seront aussi mes amis.

dimanche 7 août 2011

Sur la Terre comme au Ciel


Tu vois, mon cher Alexander, j'ai trouvé cette plaque qui indique tes deux adresses : celle que tu avais sur Terre, dans la cité de Westminster, à Londres, et ta nouvelle adresse, sur notre amie la Lune.

Il y a vingt-cinq mois, mais il me semble que c'était hier que tu entreprenais ce long voyage dont tu ne reviendras plus. Ce sera donc à moi d'aller te rejoindre, un jour ; d'ici là, tu vivras toujours dans mon coeur et dans mes pensées.

lundi 1 août 2011

Aimer, perdre et... pleurer



Que dire à quelqu'un de très cher qui, en moins d'une semaine, a perdu sa mère et son grand-père ?
Quelqu'un qui, à peine arrivé chez des amis à la campagne, à l'autre bout du pays, pour tenter de refaire un peu ses forces après le départ de sa mère, doit refaire le chemin en sens inverse pour aller aux funérailles de son grand-père ?
Je crois qu'il n'y a rien à dire. Dans ces circonstances, les mots sont bien impuissants. Seules la présence et l'affection des amis, même à distance, peuvent tenter d'apporter un peu de soutien et de réconfort.
Il connaissait déjà l'intensité de la douleur et l'immensité du vide causés par la perte d'un être cher. Avant même de pouvoir se rendre compte de l'ampleur du désastre, on doit se demander, quand deux autres départs consécutifs viennent s'ajouter à celui dont on essayait de se remettre, quand est-ce que cela va s'arrêter.

« Aimer, perdre et grandir » : c'est le titre d'un livre de Jean Monbourquette que l'on m'a, parmi d'autres titres, suggéré de lire pour tenter de donner un sens à la perte de celui qui donnait à ma vie tout son sens. Je n'ai jamais été capable de lire ce livre, ni aucun autre du genre, qui veut nous faire croire que la perte des êtres qui nous sont chers nous fera grandir. Non, merci ! Je ne crois pas qu'il faille perdre ceux que l'on aime pour grandir. Si c'est cela, je préfère rester petit, serais-je porté à dire. Il faut être religieux, profondément croyant, et avoir abandonné pratiquement toute attache terrestre, pour pouvoir accepter la perte comme occasion de grandir. Je sais que le départ d'Alexander me force à trouver en moi des ressources que je ne me connaissais peut-être pas, mais je n'ai pas le choix ; je ne peux toutefois pas envisager sereinement « la chance » que j'ai de pouvoir « grandir ». Le seul point sur lequel j'aurai grandi, c'est sur la capacité de continuer de vivre avec la perte, malgré la perte.  Je reste toutefois convaincu que j'aurais évolué et grandi énormément plus avec la présence d'Alexander.

Cela dit, j'ai plusieurs fois eu recours aux services d'écoute de la Maison Monbourquette, au téléphone ou en personne, face à face, afin d'exprimer les trop fortes angoisses, les douleurs insoutenables, qui ont suivi le départ d'Alexander, et il m'arrive encore d'y faire appel. Il y a là des bénévoles formidables qui savent écouter sans juger, faire exprimer l'angoisse, le chagrin, en posant les bonnes questions sans suggérer eux-mêmes des réponses, et sans tenter même de faire allusion à Dieu ou aux pratiques spirituelles. Leur mission, c'est l'écoute, l'accompagnement des personnes en deuil, pas la foi.

Quand à notre ami si horriblement éprouvé, qu'il sache qu'il sera dans mon coeur et dans mes pensées, et que je serai là pour lui, aujourd'hui, demain, la semaine prochaine, dans les années à venir, aussi longtemps que je pourrai dire toujours.
Et, chez moi, de nouvelles bougies se sont ajoutées pour apporter un peu de lumière sur ces moments très sombres.

dimanche 26 juin 2011

Naufrage

Dans l'un des nombreux livres sur le sujet que j'ai consultés ces derniers mois, j'ai lu que pour certains, la perte d'un être cher est un épisode, alors que pour d'autres, c'est une tragédie qui engendre le naufrage du survivant.

Ai-je besoin d'ajouter que je n'appartiens pas du tout au premier groupe ?
Et que, parmi les proches d'Alexander, je ne suis pas le seul à risquer le naufrage ?

lundi 3 janvier 2011

Il y a deux ans, Harry

La photo vient d'ici

Il y a deux ans déjà, Harry, que tu faisais comprendre à Alexander qu'il était temps de partir. Tu savais que ton ami tiendrait la promesse qu'il t'avait faite d'être avec toi quand ce jour arriverait et qu'il aurait le courage d'accomplir lui-même ce geste d'amour ultime.

Depuis le 4 janvier 2009, ton corps repose dans ce parc où une femme merveilleuse t'avait recueilli treize ans plus tôt pour te confier à Alexander.

Tes amis ne t'oublient pas, Harry. Repose en paix.

lundi 20 décembre 2010

Jacqueline de Romilly - 1913-2010

Les amis de la Grèce antique, des lettres classiques, sont en deuil. Je reproduis ici un article de l'Agence France-Presse.


1913-2010 - L'éminente helléniste Jacqueline de Romilly
rejoint ses « chers Grecs »


Photo : Agence France-Presse Bertrand Guay
Jacqueline de Romilly, photographiée en 2008 à l’occasion de l’hommage
qui lui était rendu par le gouvernement grec pour
sa «contribution exceptionnelle» à la littérature grecque


Associated Press 20 décembre 2010 Actualités culturelles

Paris — Elle a rejoint ses «chers Grecs», Thucydide, Hérodote, Eschyle, Euripide ou Sophocle. Première femme professeure au Collège de France, l'académicienne Jacqueline de Romilly avait lié sa vie à la Grèce antique, partageant ses émerveillements pour les trésors de sa littérature et la naissance d'idées majeures.

L'immense helléniste s'est éteinte samedi à l'hôpital Ambroise-Paré, à Boulogne-Billancourt, selon son éditeur, Bernard de Fallois. Elle avait 97 ans.

Toute sa vie, la philologue avait mené un combat en faveur de l'apprentissage des langues anciennes et de la connaissance des mots pour faire barrage à la violence de la société. À ses yeux, l'enseignement des humanités donnait la possibilité de «retrouver l'élan intérieur, la simplicité première et l'éveil».

Sa carrière est jalonnée de nombreux ouvrages sur les auteurs de l'époque classique (comme Thucydide et les tragiques) ou sur l'histoire des idées et leur analyse dans la pensée grecque, particulièrement la loi et la démocratie, la douceur, la psychologie.

En 1995, elle avait reçu la nationalité grecque, avant d'être nommée six ans plus tard ambassadrice de l'hellénisme. «J'ai beaucoup plus rencontré Périclès et Eschyle que mes contemporains, confiait-elle au magazine Lire à 91 ans. Ils peuplent ma vie, de mon réveil à mon coucher.»

Sa carrière

Née à Chartres le 26 mars 1913, la fille de Jeanne Malvoisin, auteure de romans et de contes, et de Maxime David, professeur de philosophie tué pendant la Première Guerre mondiale, se passionne très vite pour les lettres classiques. Alors au lycée Molière, elle obtient des prix de grec et de latin au concours général en 1930, première année où les filles peuvent concourir. «Rien par la suite ne m'a jamais rendue aussi heureuse», dira-t-elle plus tard.

Ses études la conduiront à Louis-le-Grand, à l'École normale supérieure de la rue d'Ulm et à la Sorbonne. Et c'est un «hasard» — une lecture d'été — qui l'a-mènera à travailler sur Thucydide, historien du Ve siècle avant Jésus-Christ. «En phrases denses, chargées de sens, hautaines, subtiles, Thucydide pensait pour moi, en avant de moi», écrira-t-elle dans Pourquoi la Grèce? (1992).

Agrégée de lettres (1936), docteure ès lettres (1947), la jeune femme, qui épousera en 1940 Michel Worms de Romilly — dont elle divorcera — enseigne quelques années durant dans des lycées, puis se voit contrainte d'arrêter, le statut des juifs appliqué en octobre 1940 l'empêchant de dispenser des cours. La guerre finie, elle deviendra professeure de langue et de littérature grecques à l'Université de Lille (1949-1957), avant de rejoindre la Sorbonne de 1957 à 1973, date à laquelle elle sera la première femme nommée professeure au Collège de France, où sa chaire s'intitulera La Grèce et la formation de la pensée morale et politique.

En 1975, Jacqueline de Romilly sera aussi la première femme à devenir membre de l'Académie des inscriptions et belles-lettres, qu'elle présidera en 1987. Et, huit ans après Marguerite Yourcenar, elle sera la deuxième femme à rejoindre, en 1988, l'Académie française.

«C'est incontestable, j'ai été gâtée, avouait-elle en 2007 au Point. J'ai eu la chance d'appartenir à une génération où les femmes accédaient pour la première fois au podium, où les portes s'ouvraient enfin.»

Sa connaissance de la Grèce ancienne lui vaudra des honneurs à l'étranger: elle est membre de nombre d'académies et docteur honoris causa de plusieurs universités en Europe, au Canada et aux États-Unis. Plusieurs distinctions lui seront décernées, dont le Grand Prix de l'Académie française (1984) et le prix Onassis pour la culture (Athènes, 1995).

La cause de l'enseignement

Le grand public la découvrira en 1984 à l'occasion de son passage à l'émission télévisée Apostrophes pour son livre intitulé L'Enseignement en détresse. Un cri d'alarme qu'elle ne cessera de lancer, fondant Sauvegarde des enseignements littéraires et Élan nouveau des citoyens, deux associations pour «réveiller les valeurs de la démocratie» et les «remettre au coeur du débat citoyen».

En 2007, cette femme à la formidable énergie avait signé un appel lancé aux candidats à la présidentielle pour dénoncer la «catastrophe éducative». «Pas très optimiste», elle espérait un sursaut, sinon, prévenait-elle, «nous allons vers une catastrophe et nous entrons dans une ère de barbarie».

Invitée à dévoiler son secret de jouvence, Jacqueline de Romilly se disait habitée par la «conviction» et portée par la «force» que cela procure. Mais la vieillesse est un «terrible combat», «tout se dégrade, se défait, pouah, affreux!», lançait la philologue, pratiquement devenue aveugle.

L'helléniste, qui «n'aimait l'histoire que dans la mesure où elle explique la littérature», se déclarait passionnée, dans les textes grecs, par «la rencontre avec la naissance de la pensée raisonnée» et «l'irruption de la lumière» dans «un monde encore confus et obscur».

En marge de ses ouvrages savants, Jacqueline de Romilly avait écrit des livres grand public, des nouvelles et un roman, Ouverture à coeur, à 75 ans. Dans l'un de ses derniers livres, paru en 2008, Sourire innombrable — des «mémoires pour rire» — elle évoquait sa mère avec tendresse. Un livre loin de la Grèce ancienne mais dont le titre même rappelait la puissance des liens qui l'unissaient à ses auteurs. À sa source, un vers d'Eschyle: «Le sourire innombrable de la vague marine».

Hommages

Le président Nicolas Sarkozy a salué sa mémoire, jugeant qu'avec elle s'éteint «une grande humaniste dont la parole nous manquera».

«Jacqueline de Romilly a contribué autant à l'édification intellectuelle des jeunes générations, à l'instruction du grand public par ses nombreux ouvrages, qu'à la libération de la femme par l'exemple qu'elle a donné de sa propre élévation», indique-t-il dans un communiqué.

Le ministre de la Culture, Frédéric Mitterrand, a rendu hommage à «l'un des très grands esprits de notre temps».

«La Grèce aujourd'hui est en deuil, a indiqué le ministère grec de la Culture dans un communiqué. Dans des moments difficiles pour le pays, dont la réputation est souvent mise à l'épreuve, sa voix et son oeuvre furent déterminants pour mettre en valeur la culture grecque [...], notre pays a rarement eu de tels alliés.»

«C'est une perte pour notre pays», a estimé, sur France Info, l'historienne Hélène Carrère d'Encausse, jugeant que le meilleur hommage à lui rendre «serait d'attacher plus d'importance désormais à la langue grecque, dont elle a été le plus grand défenseur dans notre pays».

«Elle faisait la conquête de beaucoup de gens parce qu'elle était extrêmement simple, mais en même temps elle était assez ferme dans sa manière d'être, a écrit Bernard de Fallois. Elle désarmait par son espèce d'autorité naturelle. Elle avait ce mélange de simplicité, de sérieux et de gaieté des grands professeurs», a-t-il ajouté.

***
Avec l'Agence France-Presse

On peut en savoir davantage sur Jacqueline de Romilly

dimanche 12 décembre 2010

Douglas and Friends...


En rentrant chez lui, après la représentation dont il faisait partie dans un théâtre de Londres, le 12 décembre 2009, Alistair a trouvé son ami Douglas inanimé. Le jeune bulldog venait à peine d'avoir un an !

Alistair adorait son jeune ami, qui était un cousin ou un neveu d'Alexander Bull. En voyant le chien d'Alexander, devant le British Museum où Alexander lui avait donné rendez-vous, Alistair avait immédiatement voulu adopter un bulldog et il était important pour lui que celui-ci provienne du même éleveur que l'ami d'Alexander.

Après avoir découvert par hasard l'existence de ce blogue et avoir reconnu dans les mots qui parlent d'Alexander le merveilleux garçon qu'il a connu à l'adolescence alors que tous deux fréquentaient le même collège, Alistair a écrit un premier commentaire l'automne dernier. Je lui ai demandé de m'écrire en privé et nous avons entretenu durant deux mois une correspondance pratiquement quotidienne. Il pleurait aussi le départ du Petit Prince. Je reconnaissais en Alistair un ami vraiment digne d'Alexander. Je l'ai mis en contact avec la meilleure amie d'Alexander qui s'est rendue à Londres pour rencontrer, à deux reprises, ce charmant jeune homme qui était pratiquement le jeune frère de notre Petit Prince.

Comme lui, il adorait la lecture et à peu près tout ce qu'aimait Alexander. Malgré son air fragile, Alistair aimait partir en excursion dans les pays les plus lointains, dans les régions les moins fréquentées du Monde, d'où il rapportait de magnifiques photos.


L'automne dernier, il m'avait envoyé de nombreuses photos de son ami Douglas dont il était si fier, si heureux. Le chien était superbe, si attendrissant, et les photos, prises à différentes occasions, étaient vraiment magnifiques. J'aime la photo que j'ai mise en tête de ce billet, trouvée sur Internet, mais les photos faites par Alistair, que j'ai imprimées en grand format, sont absolument incomparables.


Le dernier message que j'ai reçu d'Alistair remonte au 10 décembre 2009. Je m'inquiétais de de ne rien recevoir de sa part car il m'écrivait presque tous les jours. Le 27 décembre 2009, j'ai appris que Douglas était décédé le 12 décembre et que peu de temps après Alistair avait eu un terrible accident et que depuis deux semaines Alistair était aux soins intensifs dans un hôpital de Londres. Jane s'est immédiatement rendue à Londres pour voir Alistair mais comme elle n'était pas de sa famille officielle, l'hôpital n'a pas voulu la laisser voir Alistair ni donner de ses nouvelles. Tout ce qu'ils ont accepté de faire, c'est de remettre la lettre qu'a écrite Jane avant de quitter l'hôpital. Quelques jours plus tard, nous avons appris par des collègues de travail que sa famille était venue chercher Alistair. Depuis, nous sommes sans nouvelle et comme nous ne connaissons sa famille que de nom et que nous n'avons pas ses coordonnées, il n'y a pas moyen de communiquer avec elle.


Les bulldogs ont un système respiratoire fragile. S'ils sont à l'aise dans le froid et s'ils aiment jouer dans la neige, ils ne supportent pas du tout la chaleur (l'été dernier, en visite à Paris, Alexander Bull a dû passer trois jours sous observation dans une clinique à cause de la chaleur). Ils peuvent faire de l'apnée du sommeil. C'est probablement ce qui a emporté Douglas : il dormait en attendant son ami et il ne s'est tout simplement pas réveillé...


Chaque jour, je continue de penser à Douglas. Il me serait impossible de l'oublier : de magnifiques photos de lui entourent ma table de travail et je porte toujours l'une d'elles sur moi.

Je pense aussi à Alistair bien sûr. L'image d'un très beau garçon qui lui ressemble accompagne les photos qu'il m'a envoyées de son ami Douglas. Je ne me résigne pas à son silence et à ne pas avoir de ses nouvelles. J'espère qu'il m'écrira lui-même bientôt... Si par hasard quelqu'un le connaissait...

La vie est parfois difficile. Mais ce qui est le plus insupportable, c'est l'absence, le silence et l'inquiétude pour ceux que l'on aime. Je pense à Alexander, je pense à Alistair, je pense à Alexandre le Gallois... Je pense évidemment à Jane à qui il vient d'arriver une épouvantable catastrophe (comme si elle avait besoin d'une nouvelle épreuve !!!) ; les conséquences se feront sentir durant les mois à venir et, de toute façon, les choses ne seront plus comme avant...

mardi 2 novembre 2010

Souviens-toi, ô homme, que tu es poussière...

et que tu retourneras en poussière.



Le premier ami d'Alexander, en importance, était certainement le Petit Prince. De sa première enfance jusqu'au moment de son départ, ils ne se sont pas quittés un instant. Et chaque soir, comme l'aviateur, je scrute le ciel à la recherche de l'étoile qui me sourira et à partir duquel un Petit Prince m'enverra ses baisers.

Cet univers poétique était le sien. Cependant, son champ d'intérêts était infiniment plus riche et diversifié. On connaît par exemple son intérêt pour l'univers d'Alexandre le Grand. Il connaissait par cœur les univers de Tolkien, de Harry Potter ; il adorait les histoires d'horreur, particulièrement celles qui l'obligeaient à se relever la nuit pour vérifier si les fenêtres étaient bien fermées. Il tutoyait Nessie, l'ami discret du loch écossais, et s'il n'a jamais pris le thé avec l'un des nombreux fantômes britanniques, ce n'est pas faute d'avoir tout essayé pour avoir ce plaisir (je suis persuadé qu'il a, au fond, souvent pris le thé avec l'un ou l'autre de ces fantômes, mais que ceux-ci étaient, comme Alexander, discrets et courtois).

Un jour, il m'avait envoyé, comme nous le faisions souvent dans les deux sens, plusieurs images qu'il aimait. Parmi celles-ci, il y avait de tendres petits lapins, de délicieuses choses à manger et puis... une image qui m'avait beaucoup angoissé : la grande Faucheuse marchant sur la neige... Cet univers-là l'intéressait aussi et il aimait les belles images qu'avaient su créer de nombreux artistes.



Nous parlions parfois des légendes anciennes. Il connaissait bien, notamment, plusieurs légendes celtiques. Je ne sais plus par quel détour de la conversation nous en sommes arrivés à parler de l'Ankou (certains écrivent « Ankhou », avec un h).

Selon la légende, que l'on retrouve aussi bien en Bretagne qu'en Irlande, en Écosse et au pays de Galles, je crois, l'Ankou personnifie la grande Faucheuse. Généralement représenté sous la forme d'un squelette vêtu de noir, l'Ankou porte un grand chapeau de feutre noir à larges bords, deux chandelles à la place des yeux, et arbore une faux qu'il prend bien soin d'aiguiser à l'aide d'un os humain et qu'il lance devant lui pour atteindre les victimes qu'il a désignées.

Il parcourt les campagnes debout sur sa charrette à deux chevaux ; le grincement des essieux n'est pour personne un bon présage. Si on se trouve sur son passage, si on lui parle, si on entre en contact avec lui, quelle qu'en soit la façon, il est certain que nos heures, nos minutes sont comptées.

L'Ankou ne s'intéresse qu'au corps de ses victimes ; il laisse le diable s'occuper de leur âme. Et il faut redoubler d'efforts pour l'éviter le 31 décembre surtout car la dernière personne à mourir dans chaque paroisse deviendra l'Ankou de l'année suivante.

Je trouve qu'il s'agit d'une légende intéressante, que l'on apprécie davantage quand on se porte bien et que l'on n'est inquiet pour la santé de personne. Elle fait partie des légendes qui donnent un sens aux fêtes d'Halloween et du deux novembre. On peut préférer chercher le sens ailleurs. Les églises chrétiennes, notamment, préfèrent imposer d'autres croyances pour remplacer les célébrations païennes. Il y a en ce moment un mouvement qui veut que l'on affiche des images de saints, particulièrement ces jours-ci, pour essayer de remplacer les images de citrouilles et autres symboles macabres autour d'Halloween. Sans accorder trop d'importance aux croyances elles-mêmes, je commence à comprendre davantage le besoin de narguer la grande Faucheuse et de faire la fête le 31 octobre. Comme je regrette encore de n'avoir jamais pu célébrer cette fête avec Alexander (en 2008, il avait tout préparé comme il le faisait chaque année et, la veille il avait dû s'absenter...)


Ne pouvant, en ce jour consacré aux personnes disparues, me recueillir devant les cendres de mon Petit Prince, je m'associerai en pensée à ceux qui l'aiment et qui seront présents. Des bougies brûleront toute la journée, toute la nuit, comme toutes les nuits. J'irai chercher des roses roses, celles qu'Alexander aimait tant.

dimanche 26 septembre 2010

Miroir en deuil


Moins de trois ans après le départ de sa compagne, Coco, la petite perruche, s'est éteinte aujourd'hui. Je m'y attendais un peu car, depuis quelques jours, elle dormait beaucoup. Puis elle se réveillait, me parlait un peu, s'installait à l'entrée de la cage et, attendant mon encouragement, elle faisait le tour du salon, puis elle rentrait chez elle. Elle mangeait un peu et... dormait encore.

Elle partageait ma vie depuis plus de treize ans, comme Harry avait partagé celle d'Alexander durant treize ans... Elle n'était pas malade - le grand âge n'est pas en soi une maladie : au contraire, si on a la santé et des conditions d'existence satisfaisante, je crois que c'est un grand privilège.

Quand la première perruche est partie, il y a trois ans, Coco a commencé à tromper sa solitude avec un petit miroir pendant que je continuais de me pencher vers l'écran de mon ordinateur. Je ne savais pas encore que, quelques mois plus tard, un garçon extraordinaire cherchant des images sur Internet, se pencherait attentivement sur son écran pour lire tous les articles et tous les commentaires de ce blogue, que ce garçon merveilleux transformerait ma vie...

J'ai beau me pencher sur l'écran de mon ordinateur, il ne m'apporte plus les mots les plus délicieux du plus adorable des garçons ; à compter d'aujourd'hui, le petit miroir de la cage n'aura plus d'image à renvoyer. Depuis le milieu de l'après-midi, un autre coeur, tout petit, a cessé de battre dans cette maison et, encore une fois, je me sens désemparé. Un silence nouveau s'est installé, que je n'ose pas rompre, même par une musique en sourdine...

dimanche 7 février 2010

7 fois 7

J'ai toujours aimé le chiffre 7 ; je l'ai toujours considéré comme mon chiffre chanceux. Mais depuis sept mois, le chiffre sept rappelle une très douloureuse journée, une très sombre date.


On voudrait, afin d'apaiser mon chagrin et de commencer à « tourner la page », que je donne un sens au départ de celui que j'aime. Comment le pourrais-je, alors que j'ai à peine eu le temps de comprendre le sens de sa présence merveilleuse dans ma vie ?

lundi 2 novembre 2009

Vous souvenez-vous de nous ?

L'image vient d'ici

...
L'enfant dont la mort cruelle
Vient de vider le berceau,
Qui tomba de la mamelle
Au lit glacé du tombeau ;
Tous ceux enfin dont la vie
Un jour ou l'autre ravie,
Emporte une part de nous,
Murmurent sous la poussière :
Vous qui voyez la lumière,
Vous souvenez-vous de nous ?

Ah! vous pleurer est le bonheur suprême,
Mânes chéris de quiconque a des pleurs !
Vous oublier c'est s'oublier soi-même :
N'êtes-vous pas un débris de nos coeurs ?

Alphonse de Lamartine


Après l'Halloween et la Toussaint vient le jour de la commémoration des défunts.

Nous n'avons pas besoin d'une journée particulière pour se souvenir de ceux que nous aimons mais en ce jour précis, il convient de penser à ceux qui nous ont quittés.

Alexander est toujours, à chaque instant, dans mes pensées, dans mon coeur, dans ma chair, dans mon âme. Où que je sois, quoi que je fasse, il m'accompagne ; mieux : il vit en moi.

Pour souligner cette journée particulière, Jane s'est rendue chez Charles, le frère d'Alexander, où une cérémonie aura lieu pour se souvenir d'Alexander, bien sûr, et de toutes les personnes aimées trop tôt disparues.

J'y serai présent de tout mon coeur, de toute mon âme. J'y serai concrètement puisque Jane a eu la très délicate attention de commander en mon nom, en même temps que les roses qu'elle commandait en son nom, un arrangement de roses roses en forme de coeur. Elle y aura ajouté un petit renard, celui qui s'est fait apprivoiser par le Petit Prince.


En rentrant chez moi, en fin de journée, je passerai aussi chez le fleuriste pour y choisir d'autres roses roses, celles qu'aimait Alexander. Elle viendront accompagner, autour des images de celui que j'aime et de quelques objets auxquels il est intimement associé, les bougies que tous les soirs j'allume parce qu'elles représentent le feu, qui symbolise la lumière, la passion, l'esprit, la connaissance, mais aussi la purification, la régénération.

lundi 7 septembre 2009

Qu'allons-nous devenir ?


Dans l'un de ses plus récents messages, Jane me rappelle que lorsqu'elle m'a téléphoné, le 7 juillet dernier, pour m'annoncer que notre adorable Petit Prince venait de s'éteindre en douceur, je lui ai aussitôt répondu : « Mais, Jane, qu'allons-nous devenir ? » Je me souviens très bien avoir prononcé ces mots et je me souviens très bien que Jane m'a répondu, aussi angoissée que moi, qu'elle ne le savait pas. Deux mois plus tard exactement, je ne le sais pas encore, nous ne le savons toujours pas.

Je sais bien que les « grandes personnes », avec leur chirurgicale rationalité, diraient qu'« il faut prendre sur soi et passer à autre chose ». C'est facile à dire pour les grandes personnes à dominante rationnelle ; je sais être rationnel lorsqu'il le faut, mais je ne suis pas certain de vouloir ressembler à ces grandes personnes pour qui tout semble toujours tellement simple du moment qu'on y a pensé froidement. On ne peut pas avoir aimé Alexander et en avoir été aimé sans un important engagement émotionnel, à forte dominante fusionnelle. Dès lors, on ne tourne pas facilement la page pour passer à autre chose. Je n'ai pas encore le goût de la banalité. Je ne sais toujours pas que faire de mon chagrin.

vendredi 4 septembre 2009

Pour saluer Éric C.

Cette photo d'Éric vient d'ici

Pour un certain nombre de personnes, l'été, si recherché par la plupart des gens, du moins par la plupart des Européens et des Nord-américains, est difficile à vivre. Il l'a souvent été pour moi ; il l'était pour Alexander et pour quelques amis (c'est peut-être quelque chose qui nous réunit : la hantise des grandes chaleurs, de la canicule, mais aussi le temps des grandes dispersions, chacun partant de son côté, du moins ceux qui peuvent se le permettre, alors que les autres restent sur place et se débrouillent avec ce qui reste en ville). Je sais que pour certaines personnes, c'est la saison de la grande solitude... Je ne suis jamais fâché de voir arriver le mois de septembre : on dirait qu'avec un peu de fraîcheur, les gens retrouvent leurs neurones et la vie reprend.

Je m'inquiétais de ne plus avoir, depuis quelques semaines, de nouvelles d'un ami parisien. Notre dernière conversation sur MSN remontait au trois août dernier. Il ne m'avait pourtant pas parlé de vacances en août et je savais qu'il devait aller en Bretagne vers la fin du mois de septembre et il me semblait anticiper avec joie ce séjour chez des amis.

J'ai connu Éric par le biais d'Internet, en même temps que plusieurs autres personnes, à l'été 2000, il y a donc plus de neuf ans. Nous ne nous sommes jamais rencontrés en personne mais nous avons eu quelques conversations téléphoniques et de nombreuses communications sur MSN, surtout depuis janvier 2008. Même si nous étions parfois quelques mois sans communiquer l'un avec l'autre, j'ai toujours eu l'impression qu'Éric faisait partie de ma famille, la famille choisie.

Depuis le printemps dernier, Éric était très heureux de ce nous vivions, Alexander et moi. Il était le seul, depuis l'automne jusqu'en juillet, à me demander tous les jours des nouvelles de « mon Petit Prince ». Certains jours, attendant des nouvelles de Londres ou alors que je venais d'en recevoir, je dois dire que j'étais très heureux de pouvoir parler d'Alexander avec Éric, de pouvoir lui parler surtout de mes inquiétudes parfois. Puisqu'Éric travaillait dans le domaine médical, je me méfiais toutefois de certains commentaires qu'il pouvait me faire ; il y a des choses que je ne voulais pas entendre. Toutefois, il m'a souvent donné de bons conseils et, lorsque je les ai mis en pratique, je m'en suis porté mieux. J'aurais souhaité qu'il se décide à mettre en application certains conseils que je lui ai donnés ; il me disait que je devais avoir raison puisque les professionnels qu'il consultait lui disaient la même chose.

Depuis deux ou trois ans, nous plaisantions, avec un autre Éric, d'Aix-en-Provence ; nous parlions d'ouvrir à trois une auberge, en Provence, justement, pour profiter des talents culinaires de notre ami provençal. Ce n'était qu'un jeu, mais nous nous sommes bien amusés, sur MSN, à parler de ce projet.

Éric était un grand amateur de films ; je crois qu'il n'y en a pas beaucoup qu'il n'ait pas vus, soit au cinéma, soit dans son salon en dvd. Il y a quelques années, il a joué son propre rôle dans un film de Patrice Chéreau, d'après un roman de Philippe Besson ; il m'avait envoyé un exemplaire du film en dvd. Éric aimait la photo ; je me souviens notamment de très belles photos rapportées d'Écosse, puis de Norvège (dont la photo ci-dessus).

Je m'inquiétais donc de ne plus le voir sur MSN depuis quelques semaines ; je me disais qu'il me boudait peut-être parce que depuis qu'Alexander n'y vient plus pour m'envoyer les baisers du petit lapin, j'avais moins envie de me connecter sur MSN. Je me proposais de lui écrire ce matin pour lui demander de ses nouvelles. Avant même que j'aie eu le temps de le faire, alors que j'allais prendre mon petit déjeuner, j'ai reçu un courriel qui m'a inquiété avant même qu'il soit ouvert ; l'objet du message disait simplement : « Éric ». Le message venait de Denis, le voisin et ex-compagnon d'Éric ; il disait simplement qu'Éric était décédé au début du mois d'août.

Je ne connais pas la cause de son décès mais, quelle qu'elle soit, elle est liée dans mon esprit au grand vide causé par le temps des grandes vacances, à la grande solitude des villes désertées et des neurones au repos.

J'espère, cher Éric, que tu es en paix, que tu as trouvé la sérénité de ce grand lac de Norvège et que tu es bien entouré, dans l'amour et la lumière.

dimanche 16 août 2009

La vie continue, vraiment ?

Ivan Kramskoy, Chagrin inconsolable, 1884.

Lorsque j'étais encore enfant, déjà, des personnes très proches sont disparues, un frère et une soeur, notamment. Ces dernières années encore, quelques amis sont décédés, ainsi que d'autres membres de ma famille, dont mes parents. Et pourtant, jamais je n'ai été anéanti comme je le suis maintenant par le départ d'Alexander.

Ce que je savais, c'est que le degré d'attachement à la personne qui disparaît détermine en grande partie la profondeur, l'intensité et la durée du bouleversement et de la douleur. J'en conclus que je n'aurai jamais vécu auparavant avec autant d'intensité ce qui me lie à Alexander.

Au chagrin s'ajoute maintenant l'anxiété. Je ne sais pas où j'en suis dans le processus du deuil, selon les cinq étapes (choc ou déni, colère, marchandage, dépression, acceptation) identifiées par Elisabeth Kübler-Ross, mais ce que je sais, c'est que, par moments, c'est invivable !

Si l'on veut vivre seul ce long processus, ce cheminement pénible qui consiste à essayer de survivre à un tel déchirement, le mois d'août favorise grandement cette solitude en limitant les tentations de se laisser distraire puisque tout le monde est absent (ou écrasé par la canicule). Le désert a plusieurs dimensions.

Je demande pardon à mes quelques lecteurs, fidèles et autres, de revenir constamment avec ce sujet ; c'est ma réalité actuelle.

mercredi 12 août 2009

Mon esprit me joue des tours

Toute la journée d'hier, je savais que nous étions mardi, mais toute la journée, j'ai cru que nous étions le 10 août (même si je savais que lundi c'était aussi le 10 août). Je crois que mon esprit refusait de voir hier que nous étions le 11 août pour ne pas avoir à penser qu'il y avait un mois, hier, qu'Alexander faisait sa dernière sortie sur Terre...

lundi 10 août 2009

Toujours... jamais...


Pourquoi donc ai-je si mal encore ce soir ?
Quelle est cette peur qui me hante depuis hier ?
D'où vient cette angoisse qui s'installe ?

Il n'y a pourtant plus rien à craindre pour lui.
Quant à moi, il ne peut rien m'arriver de pire.

À bien y penser, il est possible que tout cela soit lié à ces deux mots que se promettent les amoureux : « toujours » et « jamais » ; toujours t'aimer, ne jamais t'oublier.

Toujours l'aimer, oui, je le veux et j'y crois ! Mais j'ai terriblement peur de ce tout ce à quoi il faudra dire « jamais ! » ou « jamais plus ! ».

vendredi 7 août 2009

Il y a un mois...

J'aurais aimé commencer cette histoire à la façon des contes de fées. J'aurais aimé dire :
« Il était une fois un petit prince qui habitait une planète à peine plus grande que lui, et qui avait besoin d'un ami... » Pour ceux qui comprennent la vie, ça aurait eu l'air beaucoup plus vrai.
... J'éprouve tant de chagrin à raconter ces souvenirs. Il y a... un mois...



Il y a un mois qu'Alexander est reparti. C'est comme si c'était hier et c'est comme si cela faisait une éternité. Son absence n'est pas plus facile à vivre aujourd'hui qu'elle l'était hier.


Hier et avant-hier, la pleine lune était magnifique, comme si elle s'était faite belle pour dire à Alexander qu'il est le bienvenu dans le ciel, lui qui depuis un mois s'est installé dans le voisinage de celle qu'il a toujours considérée comme notre amie. J'aurais voulu prendre des photos car le spectacle était impressionnant ; mais mon appareil photo est bloqué depuis mercredi et je n'arrive pas à l'ouvrir. Vous pouvez voir une belle photo chez RPL.

lundi 3 août 2009

D'un lac à l'autre

L'image vient d'ici>

Tout me rappelle Alexander. Et c'est normal, car Alexander a été associé à tout ce que je pense, tout ce que je fais depuis près de seize mois. Et avant même que, grâce à ce blogue, Alexander ait pu constater que nous avions en commun tant d'intérêts, tant de lectures faites chacun de notre côté, tant d'écrivains fétiches, nous avions déjà été émus par les mêmes images, les mêmes musiques, les mêmes films... Avant même que j'apprenne l'existence d'Alexander, nous avions pleuré ensemble à certains moments... J'ai vite compris que, sans le savoir, j'avais eu à un moment donné énormément de peine pour Alexander (que je ne connaissais pas encore, mais je me disais qu'il devait exister et, sans pouvoir imaginer exactement à quoi il pouvait ressembler, je m'étais fait tout de même une idée assez ressemblante), sans oser croire qu'un jour j'aurais l'occasion de lui exprimer ma douleur qui n'était, en comparaison avec la sienne, qu'une goutte dans l'océan. Je ne savais pas encore qu'à la suite de cette tragédie, Alexander adolescent avait senti le besoin de partir quelques semaines, sans en avertir sa famille ou ce qui lui en restait (il avait dit aller étudier chez un copain), pour aller seul faire du camping sauvage, en plein mois de novembre, sur les bords du Loch Ness. Sachant cela, il n'est donc pas étonnant qu'Alexander ait pu parler avec familiarité de Nessie, le gentil monstre du lac écossais.

L'image vient d'ici>

Une visite au Loch Ness, ainsi que la tournée des châteaux hantés d'Écosse, faisait évidemment partie des très nombreux projets que nous faisions, projets désormais orphelins. Si je fais un jour cette tournée, ce que j'espère bien, il me manquera les commentaires si fins, si pertinents, de celui dont la sensibilité, la clairvoyance et la culture m'impressionnent toujours.

L'image vient d'ici>

Hier, allant faire ma promenade au mont Royal, je pensais aux dernières volontés d'Alexander au sujet de son écorce terrestre. Si quelques-unes de ses volontés ont jusqu'ici été respectées, il en reste une à exécuter, très importante : celle de répandre ses cendres près du « Round Pond », dans les Jardins de Kensington. Charles, le grand frère d'Alexander (pas si grand que ça : il n'a pas encore trente ans) ne semble pas encore prêt à se séparer des cendres du petit frère adoré ; quand il le sera, il devra aussi être très fort pour résister au clan familial qui insiste pour que les cendres soient déposées dans le caveau familial. Je considère que les dernières volontés sont sacrées et que les héritiers, en particulier l'exécuteur testamentaire, doivent les exécuter. Nous serons quelques-uns à appuyer Charles contre la volonté tyrannique du clan... Il me plaît davantage de penser qu'Alexander appréciera éternellement le grand air, la beauté et la vie des Jardins de Kensington plutôt que d'être éternellement enfermé dans un sombre caveau. Je pourrai un jour aller m'entretenir avec lui près de l'étang rond, ce que je ne pourrais sans doute jamais faire au caveau familial... Je pensais à cela, en remontant l'avenue du Parc et, en me souvenant du regret d'Alexander que les cendres d'Alexandre le Grand et celles de son fidèle Héphaistion n'aient pas été réunies comme le furent celles d'un autre couple célèbre, Achille et Patrocle, je me disais que je devrais dès maintenant, même si j'espère vivre encore un peu, assez pour réaliser quelques projets pour Alexander, rédiger un testament officiel, notarié, spécifiant que je voudrais que mes cendres soient aussi répandues dans les jardins de Kensington...


Je pensais à tout cela lorsque j'ai vu venir vers moi une voiture comme celle-ci : un authentique taxi londonien. Alexander adorait ces taxis, les vrais classiques anciens et, bien entendu, noirs, et non pas multicolores ou transformés en panneaux publicitaires. Le plus possible, Alexander se déplaçait dans Londres à pied ou en métro (il aimait vraiment son Tube) ; mais lorsqu'il devait prendre lui-même une voiture, il prenait toujours un bon vieux taxi noir, confortable, avec de la place pour son fidèle ami... En voyant cette voiture se diriger vers moi, je me suis dit qu'il s'agissait encore d'un signe que me faisait Alexander. J'aurais tellement aimé que la voiture s'arrête à ma hauteur et qu'Alexander me fasse signe d'y monter...


Photo : Alexander

Je lisais ce matin quelques pages du journal en ligne d'une lectrice de ce blogue. Elle y parlait de son chat, vieux compagnon de quinze ans, qu'elle avait dû amener chez le vétérinaire et qu'elle en était revenue avec son panier vide... Je n'ai pu m'empêcher de penser douloureusement à Harry, l'adorable félin qui durant treize ans a tenu compagnie à Alexander. Le pauvre Harry souffrait d'un cancer et, le trois janvier dernier, alors qu'Alexander, Harry et Alexander se trouvaient à la campagne, chez la grand-mère où ils avaient passé la période des fêtes de Noël et du Nouvel an, Alexander avait dû lui-même (il avait promis à Harry qu'il serait là le temps venu et il a tenu sa promesse) lui administrer trois injections avant de s'effondrer lui-même de douleur et de chagrin. Il y a exactement sept mois aujourd'hui que Harry repose au jardin où l'avait recueilli la grand-mère d'Alexander. Celui-ci était si fier de m'envoyer, l'été dernier cette photo qu'il a prise dans les rues de Londres, car il y voyait un hommage à « son » Harry, de son vrai nom Harry Potter mais, comme pour les membres de la famille royale, le prénom suffisait ; on ajoutait Potter s'il fallait préciser.



Le 3 août 1954, disparaissait Colette, écrivain français, qu'Alexander aimait beaucoup, sans doute sous l'influence de sa grand-mère qui lui ressemble pas seulement par l'apparence physique, disait Alexander. Il m'en parlait avec tant d'amour, de vénération, que je ne peux penser à Alexander sans penser à sa grand-mère, que j'aime comme si elle était la mienne. Cet amour entre Alexander et sa grand-mère était bien partagé ; en apprenant le départ d'Alexander, sa grand-mère a dû être hospitalisée. Elle ne s'en remet pas, considérant que ce n'était pas le tour d'Alexander, et elle n'a qu'une idée en tête, celle d'aller le rejoindre.


jeudi 30 juillet 2009

... qu'il reviendra.

Dans mes dernières années d'adolescence et les premières années de ma vie de jeune homme, la chanson était pour moi un moyen d'expression. J'ai même voulu et tenté d'en faire une carrière... Il m'arrivait, j'en ai parlé déjà, d'exprimer en chantant ce que je voulais exprimer ; c'était un jeu et l'on comprendra qu'il aurait été difficile d'avoir ainsi une conversation sérieuse ou profonde avec qui ce soit. Puis, durant de nombreuses années, j'ai cessé d'écouter de la chanson pour n'écouter que de la musique classique. J'avais cessé de vouloir chanter et j'ai commencé à m'exprimer davantage par écrit ; alors que la chanson me dérangeait au moment d'écrire, la musique classique permettait la plupart du temps de me concentrer sans trop ressentir le poids du silence et de la solitude. Mais, ces dernière annnées, avec l'arrivée d'Internet, les amis ont voulu me faire écouter ce qu'ils aimaient et je me suis remis à écouter de la chanson, de toutes sortes, de tous les rythmes, dans toutes les langues... Mon lecteur mp3 (sur mon ordinateur) contient souvent, même si ce ne sont pas toujours les mêmes, des milliers de chansons ; en les faisant jouer de façon aléatoire, je ne sais jamais ce que je vais entendre. Hier soir, en entendant cette chanson pourtant entendue déjà des centaines de fois auparavant, que ce soit à la radio ou dans des endroits publics, il m'a semblé pour la première fois en comprendre les paroles. Je l'ai écouté en boucle depuis hier soir, et j'ai continué ce matin après avoir dormi quelques heures par terre, toutes les lampes allumées...

J'ai repensé à quel point ma vie avait été sans beaucoup d'intérêt, surtout dans les deux années précédant l'arrivée de ce garçon merveilleux qui m'invitait à prendre le thé sur sa terrasse et à découvrir avec lui... tant et tant de choses ! Je n'ai pas réfléchi : j'ai accepté l'invitation, le thé, et tout ce qui venait de lui, tout ce que nous pouvions partager, à commencer par l'amour des mots, des livres et des univers qu'ils contiennent... Les jours, les semaines, les mois ont passé et, comme me le disait quelqu'un encore récemment, le rythme et l'intensité de nos communications font que ces quinze mois vécus ensemble sont l'équivalent de plusieurs années pour d'autres. Un jour, j'aurai peut-être le courage, que je n'ai vraiment pas en ce moment, de relire ces milliers de pages de correspondance et de conversations.

Perry Como ne fait pas partie des chanteurs qui me font courir, ni dans un sens ni dans l'autre, ni pour le fuir ni pour aller l'entendre, et il ne fait pas partie des chanteurs préférés d'Alexander (bien qu'il aime la musique plus rythmée, plus bruyante parfois, on pourrait s'étonner de certains de ses choix) ; depuis hier, j'écoute cette chanson qu'avait déjà enregistrée Elvis Presley avant d'être reprise par bien d'autres interprètes : « And I love you so ».

Je ne sais pas comment j'ai pu vivre sans toi, dit la chanson, avant que tu ne prennes ma main. Je me suis posé la question durant plus d'une année. Depuis plus de trois semaines, la question que je me pose est beaucoup plus cruelle et la réponse me fait beaucoup plus peur : comment pourrai-je vivre sans toi ?

Ces trois dernières semaines, il m'est arrivé plusieurs fois d'écrire ces mots : « Jamais plus » et quelques autres mots aussi terribles. Mais on dirait que, pour la première fois hier soir, j'ai compris ce que ces mots voulaient dire, concrètement, dans ma vie à moi. Et cette perception du néant est vertigineuse !


« And I Love You So »
Paroles et musique : Don McLean

And I love you so,
The people ask me how,
How I've lived till now
I tell them I don't know

I guess they understand
How lonely life has been
But life began again
The day you took my hand

And yes I know how lonely life can be
The shadows follow me
And night won't set me free
But I don't let the evening get me down
Now that you're around me

And you love me too
Your thoughts are just for me
You set my spirit free
I'm happy that you do

The book of life is brief
And once the page is read
All but love is dead
This is my believe

And yes I know how loveless life can be
The shadows follow me
And the night won't set me free
But I don't let the evening get me down
Now that you're around me