jeudi 3 janvier 2019
Il y a 10 ans, Harry
mercredi 1 avril 2015
L'âme d'une maison
lundi 22 décembre 2014
jeudi 5 avril 2012
Son jumeau a trente ans
vendredi 24 juin 2011
Que s'ouvrent enfin les roses...
Je ne connais de Colin que ce qu'il a écrit en commentaires depuis quelques semaines, rien de plus.
Il est aussi un ami du Petit Prince. Je suis certain qu'Alexander aurait aussi été très ému par l'histoire qu'il raconte ici, après avoir envoyé les paroles d’une chanson que lui chantait une vieille dame chez qui il passait quelques semaines l’été et que l’on peut lire en commentaire à cet article du 7 juin dernier.
mardi 5 avril 2011
Son anniversaire de naissance
Si je ne devais désormais me souvenir que d'un seul anniversaire de naissance, ce serait celui d'un garçon merveilleux, tout à fait exceptionnel, tout aussi important pour moi qu'Héphaistion pour Alexandre, que Patrocle pour Achille, qu'Antinoüs pour Hadrien, .. un garçon anglais qui a bouleversé ma vie et lui a donné tout son sens.

Pas besoin d'un anniversaire pour penser à Alexander. Au réveil, ma première pensée est pour lui ; avant de sombrer dans le sommeil, c'est lui encore qui occupe mes pensées ; entre les deux, il est là, présent dans tout ce que je pense, tout ce que je dis, tout ce que je fais. En plaisantant, Alexander disait que c'était du thé qui circulait dans les veines des Anglais. De la même manière, je peux affirmer que c'est Alexander qui circule dans mes voies respiratoires et dans mes veines...
En ce 5 avril, je veux remercier le Ciel de nous avoir envoyé sur Terre ce Petit Prince merveilleux et de m'avoir permis de me trouver sur sa route. Je pense à ceux et celles qui l'ont connu bien avant moi et qui restent inconsolables : Charles, leur grand-mère, Jane, Abigail, son cousin préféré, des amis, ... et en particulier à ceux et celles qui se souviennent de l'arrivée de ce petit ange, un 5 avril, il y a déjà... 29 ans.
mercredi 7 juillet 2010
Notre Petit Prince
Alexander, notre Petit Prince, a compris, il y a quelques jours, que cette grand-mère qui l'a toujours adoré et qu'il adorait, même si, bien involontairement, il l'a selon lui trop souvent fait pleurer, viendrait à l'église avec les autres pour lui rendre hommage. La semaine dernière, en ouvrant sa porte, la grand-mère qui aime les animaux comme les a toujours aimés Alexander, a découvert un joli renardeau qui dormait en boule. Il savait bien où aller trouver refuge, lui aussi ! Elle lui a donné à boire et à manger et, depuis, le renardeau la suit partout.
Lorsqu'il est minuit, en Angleterre, il est dix-neuf heures à Montréal. Pratiquement tous les soirs à cette heure, Alexander et moi étions en conversation et nous guettions s'écouler les dernières secondes avant que le carillon de Westminster ne sonne minuit. Peu importe le sujet de conversation. nous faisions une pause pour souligner la présence rassurante du carillon et les douze coups du Big Ben. Lui les entendait par ses fenêtres ouvertes, à proximité, et moi je les écoutais sur mon ordinateur grâce un petit logiciel qui reproduit exactement, chaque quinze minutes et en temps réel, le son du carillon et du Big Ben. Après quoi nous poursuivions la conversation exactement là où nous l'avions interrompue. Chaque soir, à dix-neuf-heures, j'ai un fort pincement au coeur (et la plupart du temps bien davantage) ; je ne peux jamais m'empêcher de penser qu'à ce moment précis il est minuit à Londres.

mais dans une église de ce genre, plus ancienne (XIIIe siècle),
que reposent ses cendres, près de ceux qui,
depuis des siècles, l'ont précédé
En début de soirée, avant dix-neuf heures, j'ai abondamment pleuré et je continue en rédigeant ces mots. Je ne me sentais pas prêt, pas encore digne, ce soir, de participer à cette commémoration. J'aurais voulu me faire beau, à l'intérieur comme à l'extérieur, comme Alexander avait l'exquise politesse de soigner sa tenue vestimentaire et de se parfumer pour venir me parler.
Néanmoins, j'ai allumé des bougies blanches devant les plus belles images de lui, près de plusieurs objets rappelant son passage sur Terre. J'ai affiché sur l'un des écrans de l'ordinateur des images de l'église où la famille est réunie et, pour mieux me joindre à eux, j'écoute sans interruption des airs de cornemuse. C'est que Charles, le grand frère adoré, a eu l'excellente idée de retenir les services d'une dizaine de Highlanders, joueurs de cornemuse, en tenue de gala traditionnelle. Durant vingt-quatre heures, ils joueront en continu, d'abord ensemble au début de la nuit, puis encore en fin de soirée de ce 7 juillet, se relayant le reste du temps. Quelle magnifique façon de faire sentir à Alexander qu'il n'est pas seul, que nous l'aimons et que nous ne l'oublions pas ! Alexander a toujours adoré la cornemuse. Souvent nous en avons écouté ensemble. Je dois dire que je suis toujours très ému par son timbre et souvent profondément remué par les airs auxquels elle est associée. J'imagine que ce sont mes origines irlandaises qui, ainsi chatouillées, se réveillent.
J'ai reçu ce matin un long message, vraiment bouleversant, exprimant tant d'amour pour notre Petit Prince et me révélant encore davantage à quel point, durant son court passage sur Terre, il aura été merveilleux. Je constate encore une fois que sa capacité d'émerveillement était pratiquement, à vingt-sept ans, aussi belle et étonnante qu'à cinq ans. Du premier au dernier jour de son existence ici, il aura conservé son innocence, une pureté rare, son authenticité... J'aimerais pouvoir un jour m'approcher de la qualité intrinsèque de ce garçon. Il faudrait plusieurs vies.
Ce n'est pas le texte que j'aurais voulu écrire pour souligner ce douloureux anniversaire du départ de notre Petit Prince. Mais avec le temps, j'ai pris davantage conscience de la complexité, de la richesse de ce garçon, et j'ai du mal à organiser mes idées pour parler de lui dans ces pages. Il y aurait encore tant et tant à dire à son sujet. Je ne renonce pourtant pas à essayer de construire autour de son nom, de son esprit, une cathédrale de mots qui recèleront à jamais les richesses de cet être merveilleux que j'ai eu le privilège d'accompagner un moment.
Pour l'instant, en écoutant la cornemuse, je vais me replonger dans la lecture de notre correspondance, et dans celle d'amis d'Alexander ; la plus grande majorité des pages écrites par les amis, en particulier celles de « Docteur Jane », sont absolument bouleversantes. Qui donc a dit que les Anglais avaient le sang froid ? Ces pages révèlent chaque fois davantage, s'il en était besoin, la mesure de ce que nous avons perdu avec le départ d'Alexander.

Merci, Alexander, d'avoir croisé ma route, d'avoir attiré et retenu mon attention en m'invitant à marcher avec toi. Tu as inspiré et donné tant d'amour, tu as accordé tant d'attention et de réconfort, prodigué tant de joies inattendues, de bonheurs inespérés. Tu as mérité d'être maintenant et pour toujours dans la paix, l'amour et la lumière... jusqu'au jour où tu voudras revenir sur Terre. Ce jour-là, je t'en prie, dis-le moi.
dimanche 14 mars 2010
Amour maternel
Il faut dire que ma mère étant décédée depuis quelques années, à un âge très respectable (ma mère était déjà relativement âgée lorsque je suis né), et que les relations avec ma mère ressemblaient davantage aux relations que j'aurais pu avoir avec une grand-mère distante si j'étais né plusieurs années plus tôt, la fête des Mères a toujours été pour moi une fête assez « conventionnelle », sans grande connotation affective. La fête a parfois pris plus d'importance lorsqu'il s'agissait de souligner la fête des mères de certaines personnes que j'aimais car je pouvais alors y associer des émotions...
Ces deux dernières années, j'ai essayé de ne pas évoquer trop souvent la relation avec la mère car Alexander a eu le malheur de perdre la sienne alors qu'il n'avait que quatre ans. Il conservait de celle-ci de précieux souvenirs de berceuses qu'elle lui chantait, de dentelles et de petits anges voletant au-dessus de son petit lit, souvenirs ravivés bien sûr par les récits émouvants qu'on lui a souvent faits par la suite. Mais ce qu'il ressentait, surtout, c'était l'absence d'une maman. Même s'il y avait un père qui adorait ses enfants, et même s'il y avait plein de monde pour s'occuper d'eux, Charles et Alexander se sentaient souvent très seuls dans cette grande maison. « C'est difficile pour des petits garçons de grandir dans une maison où il n'y a pas de mummy », disait-il. Et je n'oublierai jamais ce récit déchirant, bouleversant, qu'il m'a fait du premier Noël sans sa mère, alors qu'il croyait qu'elle arriverait avec le Père Noël ; même s'il y en avait une tonne, il ne fallait surtout pas ouvrir les cadeaux avant l'arrivée du Père Noël car alors sa maman ne viendrait plus... Chaque Noël, Alexander revivait en silence ce premier Noël où sa mère n'est pas venue... « Il n'y a qu'à toi que je puisse raconter cela », me disait-il. Ce n'était pas parce que personne ne pouvait comprendre mais surtout parce qu'il ne voulait faire de peine à personne en exprimant la sienne. Le petit garçon n'a pourtant pas manqué d'amour : l'amour d'un père occupé mais qui adorait ses deux fils et qui savait vraiment leur faire plaisir ; Alexander n'aura jamais oublié certaines joies immenses qui l'attendaient parfois au réveil, que ce soit à son anniversaire ou en d'autres circonstances. L'amour d'une grand-mère qui n'était pas toujours là car elle vivait un peu loin mais qui aurait tout donné, et qui l'a souvent fait, pour l'amour de ces deux petits anges (les plus précieux souvenirs d'Alexander lui viennent sans doute de tout ce qu'il a pu apprendre, vivre avec sa grand-mère ; l'année dernière encore, elle l'avait invité au théâtre, voir une représentation du Petit Prince : pour l'occasion, il avait apporté avec lui, pour qu'il puisse entendre la pièce, le Petit Prince de chiffon que lui avait offert sa grand-mère alors qu'il avait quatre ans et dont il ne se séparait jamais ; usé, léché, déchiré même, si souvent recousu par ses soins, il adorait son Petit Prince et même à l'hôpital, il était là, le plus rassurant possible). L'amour d'une marraine merveilleuse qui en dépit d'un emploi du temps très chargé tenait à offrir à son filleul et à son frère des moments de vie de famille en les invitant souvent à passer du temps avec ses propres fils, leurs cousins... Puis il y a eu Jane, la meilleure amie de sa mère, qui a vu naître ce petit ange et qui l'a vu grandir ; Jane a toujours aimé Alexander et son frère Charles comme s'ils étaient ses propres fils. Et comme elle a si vite senti qu'Alexander ne serait pas « un garçon comme les autres », qu'il était dès ses premières années un véritable poète, amoureux des chevaux, des plantes, de tout ce qui vit, sachant comme saint François parler aux bêtes et consoler les fleurs, elle a eu pour Alexander une affection particulière qui, au fil des ans, s'est transformée en solide amitié.
Malgré cette rare complicité, cette indéfectible amitié, Jane a tout de même conservé envers Alexander la fibre maternelle. Et en ce dimanche 14 mars, son coeur de mère n'a pu s'empêcher de saigner en raison de l'absence du Petit Prince tant aimé. Si l'amour de ses filles et l'amour de ses gendres peuvent combler son coeur de mère, ils ne peuvent faire oublier qu'il y a quelques mois encore un Petit Prince aux cheveux de jais et aux grands yeux verts la faisait rire ou pleurer en donnant à la vie tout son sens, en faisant prendre conscience de toute sa richesse...

Je n'y avais pas pensé et je n'y aurais pas pensé avant le mois de mai... si Jane ne m'avait exprimé sa douleur en ce jour de la fête des Mères.
Au Royaume Uni et en Irlande, il y a eu, entre le seizième siècle et 1935, une fête qui s'applelait « Mothering Sunday », et qui voulait que les Chrétiens se rendent au moins une fois l'an à l'église que fréquentaient leur mère respective ; ainsi, presque chaque mère se trouvait ce jour-là en présence de ses enfants. Cette fête était célébrée le quatrième dimanche du carême ; en 2010, ce dimanche tombe le 14 mars.

À compter de 1935, Mothering Sunday n'était plus célébrée en Europe. Il aura fallu attendre quelques années pour que la fête des Mères soit remise au goût du jour par les soldats états-uniens venus combattre en Europe au cours de la Seconde Guerre mondiale. Ils célébraient cette fête le deuxième dimanche de mars mais les habitants du Royaume Uni et de l'Irlande ont tenu alors à conserver le même jour qu'ils avaient l'habitude de célébrer le Mothering Sunday, soit le quatrième dimanche du carême.
Voilà pourquoi ce dimanche 14 mars, maintenant que je le sais, j'ai une pensée particulière pour les mamans du Royaume Uni et de l'Irlande, une pensée toute spéciale et les voeux les plus cordiaux pour les mamans que je connais : Jane, Abigail...
Et comme c'était aussi la semaine dernière, dimanche 7 mars, la fête des Grands-mères, j'en profite pour offrir mes voeux à la plus extraordinaire des grands-mères, celle qui a su accompagner un petit garçon merveilleux pour en faire un garçon exceptionnel, un Petit Prince, celle qu'il adorait tant, la grand-maman d'Alexander. Meilleurs voeux aussi à toutes les grands-mères qui aiment leurs petits-enfants.
lundi 8 mars 2010
Femmes de coeur

On pourrait croire parfois que le simple fait d'être une femme dans un monde généralement fait par des hommes pour des hommes est un exploit en soi. Certaines s'en tirent mieux que d'autres. Mais rien n'est jamais vraiment gagné de façon définitive, ne serait-ce que pour les salaires.
J'ai connu plusieurs femmes formidable, des artistes, des femmes d'affaires, des dirigeantes, etc. Mais, comme pour tout le reste dans la vie, on ne connaît bien que ce que l'on apprivoise, que celles et ceux que l'on apprend patiemment à connaître. J'ai eu l'occasion, depuis quelques mois, de vérifier la qualité de la présence de certaines amies ; il y a des jours où, vraiment, je ne sais pas dans quel état j'aurais terminé la journée et commencé la nuit si je n'avais pas eu l'oreille attentive et le coeur ouvert de certaines de ces amies. Je pense notamment à Pierrette qui, à l'âge où la plupart des gens sont à la retraite depuis un bon moment, continue de travailler et de conseiller des gens qui vivent des situations difficiles. Le soir, chez elle, son téléphone ne dérougit pas car la famille et les amis veulent aussi bénéficier de son écoute et de ses conseils. Je pense à une autre amie, à l'une de mes soeurs, ... Je les remercie de leur présence réelle.

Alexander n'a pas eu la chance de bien connaître sa mère car celle-ci est décédée alors qu'il n'avait que quatre ans. Il a pu toutefois compter sur l'amour inconditionnel d'une grand-mère extraordinaire qui lui a appris énormément de choses, dont le nom des oiseaux, des plantes, etc. Il y avait tellement d'amour, d'admiration, dans ses mots lorsqu'il me parlait de sa grand-mère que je rêvais de venir avec Alexander m'asseoir au coin du feu afin qu'elle me parle du petit garçon merveilleux qu'il était. J'ai vécu avec lui, à distance, les inquiétudes que l'on ressent profondément lorsque ceux que l'on aime sont en cause.
Il a eu le malheur de perdre sa marraine alors qu'il n'avait que quinze ans. Elle était une femme remarquable, mais elle était surtout sa marraine qui l'aimait inconditionnellement et qui l'encourageait à rester lui-même, à résister aux pressions familiales qui voulaient faire de lui un garçon plus lisse, plus conventionnel. Et puis elle était la mère de cousins avec qui il aura passé beaucoup de temps pour tenter d'oublier qu'il n'y avait pas de maman à la maison.
Plus tard, à la fin de ses études de médecine, il a pris un appartement près du palais de Westminster. Il a eu la chance d'avoir comme voisine une autre femme formidable qui est vite devenue une amie, une complice... Il aimait beaucoup jouer avec elle au backgammon car, contrairement à Alexander le bouledogue, Abigail ne trichait pas ; celui ou celle qui avait remporté dix parties se faisait organiser par l'autre toute une journée, qui pouvait consister en une sortie au musée, au cinéma, au concert, repas au restaurant, etc. Même Alexander bull adorait recevoir une invitation d'Abigail ; il se faisait beau pour descendre à son appartement. Depuis le départ d'Alexander, Abigail ne pouvait plus tolérer son absence ; elle ne pourrait plus lui apporter de la soupe de légumes, un plat de lentilles, des macarons, etc. ; aller et venir dans cet immeuble en sachant qu'elle n'y retrouverait pas la présence aimante et attentive d'Alexander lui est devenu insupportable : Abigail a quitté son appartement pour aller vivre chez ses enfants à l'extérieur de Londres.
Et enfin, une autre femme a joué un rôle immense dans la vie d'Alexander. Comme elle était la meilleure amie de sa mère, Jane considérait que, d'une certaine façon, son amie lui avait confié son petit ange. Alexander a toujours eu sa chambre chez Jane, à la campagne. Encore maintenant, ses jouets d'enfant sont là, bien présents. Jane a toujours été pour Alexander comme une mère mais aussi une très précieuse amie, une grande complice. Quand Alexander ne pouvait pas communiquer avec moi, soit parce qu'il y avait une panne d'électricité ou d'Internet, soit parce qu'il était à l'hôpital, Jane était là pour me donner des nouvelles d'Alexander et pour lui transmettre mes messages, pour lui imprimer ce que je lui écrivais aussi bien que les images qui accompagnaient mes mots. Jane était là pour le rassurer lorsqu'il était inquiet, pour recevoir ses confidences, pour lui trouver des objets qui lui feraient grandement plaisir. Et surtout, elle aura été présente jour et nuit jusqu'au dernier souffle, tenant avec amour la main de notre petit prince, lui disant les mots qui apaiseraient ses angoisses, écoutant les siens. Depuis le départ d'Alexander, Jane est absolument inconsolable. Sa présence, ses messages presque quotidiens, me sont si précieux, indispensables. Et si elle n'était pas là, Alexander le bouledogue se laisserait sûrement mourir. Si je n'avais qu'une seule médaille à décerner aujourd'hui, c'est à Jane qu'il faudrait la remettre. Je sais que toutes les femmes qui ont tellement compté pour Alexander seraient d'accord avec moi. Bonne fête, Jane.
dimanche 3 janvier 2010
Il y a un an, Harry...

Il y a un an, alors que son ami se préparait à quitter la campagne de sa grand-mère pour rentrer à Londres, Harry (Potter) faisait comprendre qu'il était temps de partir sur son étoile. Il avait donné le meilleur de lui-même et le cancer dont il était atteint ne lui laissait plus le choix. Il était trop fatigué pour faire le voyage de retour à Londres et il voulait éviter à Alexander un autre aller-retour quelques jours plus tard pour venir le mettre en terre dans le jardin où il avait été recueilli treize ans plus tôt.
Il me manque. Tout comme me manquent les mots de celui qui m'en parlait avec tant d'amour.
Jane m'écrivait, il y a quelques jours, que ses quatre chatons nés chez elle cet automne avaient poussé les personnages de la crèche sous l'immense sapin de Noël et s'étaient fait un nid confortable pour dormir. Harry faisait de même. Comme ils ont raison de penser à leur confort, à leur bien-être ! Nous devrions plus souvent faire comme eux.
Alexander bull, lui qui l'an dernier cherchait Harry partout dans la maison, en reniflant un à un les jouets du chat en faisant semblant que Harry voulait jouer à cache-cache, alors qu'il avait bien compris ce qui se passait, cette année, ne voulant pas laisser aux chatons tout le plaisir que procure l'arbre de Noël, il a croqué un ange de bois. Je suis sûr qu'il aurait préféré qu'il soit en pain d'épice, comme ceux qu'il aimait partager avec son ami lors de leurs sorties dans Londres. Mais il n'aura pas eu à se priver longtemps de toutes les gâteries qu'il aime ; en faisant avec Jane la visite chez plusieurs personnes âgées du village, il aura été choyé. Ce chien est un vrai personnage, m'écrivait Alistair il y a quelques semaines. Il est aussi bien élevé que son ami et il adore faire plaisir, saluer, s'asseoir, donner la patte. Il n'est donc pas étonnant que tout le monde l'aime. Abigail, sa voisine et amie à Londres, lorsqu'elle recevait chez elle, aimait adresser à Alexander bull, sur de jolis cartons, des invitations écrites que son ami lui lisaient. Et s'il est aimé, il aime son public : à la portière de la voiture lorsqu'il circule, il se prend pour la reine saluant ses sujets. « He thinks he is royal, but he is not ! » disait Alexander ; je ne suis pas tout à fait d'accord : s'il n'est pas royal, il est au moins princier.
lundi 14 décembre 2009
Orphelins

Je ne nommerai pas quelqu'un qui, s'il prétendait aimer Alexander, devrait ces jours-ci mais pas uniquement, en faire la preuve.
Un adorable poulain nommé Montréal, d'autres chevaux avec qui il aura gagné des parties de polo ou avec qui il aura fait de l'exercice à la campagne ou à Hyde Park, des pigeons d'un petit parc près du British Museum avec qui il allait dialoguer en prenant son thé après avoir passé un bon moment avec Alexandre le Grand et Héphaistion dans la salle 22 du musée, de nombreux chiens que lui aura présentés son bouledogue dans les parcs préférés de Londres, des écureuils qui le remerciaient de faire comprendre à Alexander bull qu'eux aussi aimaient jouer dans le gazon, et tant d'autres animaux à poils ou à plumes, des insectes de toutes sortes, dont les fourmis qui se souviennent, doivent tous se demander où est passé leur ami...
Et combien d'animaux en cage dans les animaleries de Londres seront cette année privés de jouets, de cadeaux, parce qu'Alexander ne sera pas là pour jouer le Père Noël discret ! Depuis plusieurs années, parce qu'il ne pouvait tolérer leur solitude, surtout à Noël, Alexander avait entrepris d'offrir des cadeaux aux animaux qui n'avaient pas de foyer, personne pour les choyer. Puis, parce qu'il trouvait beaucoup trop triste de faire le tour des animaleries et de voir tous ces animaux en cages, et puisqu'il ne pouvait pas tous les adopter, il avait demandé à son vétérinaire de s'occuper de la distribution.
Alexander aimait beaucoup les oiseaux, puis les loups, et les tigres... Il avait d'ailleurs adopté au zoo de Londres un tigre blanc. Il ne s'occupait pas lui-même de nourrir et de soigner le tigre, bien entendu, mais il s'était engagé à défrayer les coûts de son alimentation... Il ne l'a pas dit, mais je suis certain qu'il aurait préféré que son tigre devienne végétarien. Et, avec sa discrétion légendaire, Alexander ne s'est jamais vanté de son grand coeur et de sa générosité ; il m'aura fallu pour écrire cet article recueillir des éléments provenant de nombreuses conversations et de quelques correspondances.
Même les chats de papier sont orphelins. À l'été 2008, je lui avais demandé la permission d'écrire un article sur une association qu'il avait fondée pour défendre les chats qui sont maltraités dans les bandes dessinées. Il avait souhaité que je n'en parle pas encore car il n'avait pas le temps de s'occuper de nouvelles adhésions.
mercredi 7 octobre 2009
L'Aiglon et moi



Dans la Crypte des Capucins, à Vienne.
_ Et maintenant il faut que Ton Altesse dorme,
-- Âme pour qui la Mort est une guérison, --
Dorme, au fond du caveau, dans la double prison
De son cercueil de bronze et de cet uniforme.
Qu'un vain paperassier cherche, gratte, et s'informe;
Même quand il a tort, le poète a raison.
Mes vers peuvent périr, mais, sur son horizon,
Wagram verra toujours monter ta blanche forme!
Dors. Ce n'est pas toujours la Légende qui ment.
Un rêve est moins trompeur, parfois, qu'un document.
Dors; tu fus ce Jeune homme et ce Fils, quoi qu'on dise.
Les cercueils sont nombreux, les caveaux sont étroits,
Et cette cave a l'air d'un débarras de rois...
Dors dans le coin, à droite, où la lumière est grise.
Dors dans cet endroit pauvre où les archiducs blonds
Sont vêtus d'un airain que le Temps vert-de-grise.
On dirait qu'un départ dont l'instant s'éternise
Encombre les couloirs de bagages oblongs.
Des touristes anglais traînent là leurs talons,
Puis ils vont voir, plus loin, ton coeur, dans une église.
Dors, tu fus ce Jeune homme et ce Fils, quoi qu'on dise.
Dors, tu fus ce martyr; du moins, nous le voulons.
... Un capucin pressé d'expédier son monde
Frappe avec une clef sur ton cercueil qui gronde,
Dit un nom, une date -- et passe, en abrégeant...
Dors! mais rêve en dormant que l'on t'a fait revivre,
Et que, laissant ton corps dans son cercueil de cuivre,
J'ai pu voler ton coeur dans son urne d'argent.
dimanche 30 août 2009
86 400 fois par jour...

Une journée, ce n'est toujours que 86 400 occasions de dire « Je t'aime » à celui qui m'inspire cet amour et qui m'aura aimé plus que tout et mieux que personne.
L'an dernier à cette date, il avait travaillé toute la journée puis il était rentré brièvement à la maison pour m'écrire quelques lignes, pour promener un peu Alexander Bull, manger une banane avec un peu de thé, avant de repartir travailler toute la nuit à l'urgence car l'un des médecins était malade et que, la fin de semaine, l'urgence est toujours très occupée. Il était désolé de devoir repartir car il avait attendu avec tant de joie ce moment de me retrouver. Il savait que je comprendrais et que je ne lui en voudrais pas ; je lui avais dit tant de fois que je ne pourrais jamais lui en vouloir pour quoi que ce soit, surtout pas pour faire ce qu'il aimait : sauver des vies, soulager des souffrances... Il m'envoyait plein de baisers et de câlins et il m'invitait à lui écrire plein de mots d'amour qu'il trouverait en rentrant.
Il faisait très chaud à Londres et, déjà fatigué, il n'avait pas le courage de marcher jusqu'au métro ; il se sentait coupable de prendre un taxi pour retourner au travail. Il allait pourtant travailler encore jusqu'au lendemain matin ; avant de rentrer, il irait rendre visite à sa grand-mère, dans le même hôpital.
Le lendemain matin, vers huit heures et demie, il rentrait à la maison, allait chercher Alexander Bull chez Abigail, il m'écrivait encore quelques lignes pour me dire son amour et me dire que je ne devais pas trop l'admirer, qu'il ne faisait que son travail... Il avait préparé du thé et attendait une voiture qui le conduirait dans sa famille, à la campagne ; il dormirait à l'arrière de la voiture, durant le trajet. Alexander Bull l'accompagnerait. Il voulait rentrer le soir même mais, s'il était trop fatigué, il dormirait là-bas et rentrerait le lendemain. Je lui manquais déjà beaucoup. Toute la journée, comme toujours, je penserais à lui en me demandant à chaque instant ce qu'il était en train de faire, sachant que cette journée serait éprouvante à plus d'un titre. Près de trente-deux millions de secondes plus tard, je revis pleinement les émotions de cette longue journée...
mardi 25 août 2009
Anniversaires
J'étais si heureux ! Et j'avais si hâte qu'il rentre à la maison, après une longue journée de travail à l'urgence et quelques heures passées au chevet de sa grand-mère qu'il avait fait admettre à son hôpital et qui allait y passer quelques semaines au cours desquelles Alexander serait là, chaque jour avant ou après son travail. J'avais hâte de le remercier et, comme je savais que sa journée aurait été difficile, j'avais hâte de pouvoir lui redire combien je l'aimais et d'essayer de lui faire oublier la fatigue, l'angoisse... Je ne sais pas si j'y parvenais toujours, mais je suis sûr que ces quelques heures de conversation que nous avions pratiquement chaque jour étaient pour lui, comme pour moi, des rendez-vous d'amoureux plus importants encore que l'alimentation et le sommeil. S'il prévoyait être en retard, ne serait-ce que de cinq minutes, il trouvait le moyen de me prévenir.
Cette journée d'anniversaire, l'an dernier, aura donc été faite de joie, de moments de tendresse partagée, mais je ne peux pas m'empêcher de penser aussi combien cette journée avait été difficile pour lui ; même s'il n'en parlait pas, je sentais la fatigue, l'inquiétude, l'angoisse. Je sais qu'il aurait voulu que nous puissions célébrer mon anniversaire dans d'autres conditions. Et moi je n'aurais voulu qu'une chose : pouvoir le serrer dans mes bras et lui faire oublier toute sa peine. Cette année, il n'y aura pas de fleurs, il n'y aura pas d'anniversaire, sinon l'anniversaire de cet anniversaire. Je penserai à tout l'amour que j'ai reçu, à tout l'amour que nous avons partagé, en essayant de ne pas trop penser à tout ce que nous n'avons pas eu le temps de vivre ensemble.
Quelques jours plus tôt, Alexander m'avait envoyé de Bordeaux une carte postale, la première qui me livrait son écriture. Il avait mis tellement d'attention, tellement d'amour dans le choix de la carte, le choix du timbre... Je savais que rien n'était laissé au hasard : le violet de l'image reprenant la couleur que j'utilisais en lui écrivant, le timbre illustrant la fondation de Québec, son écriture au stylo-plume Montblanc... Je me réjouissais d'avance de ces quelques jours qu'il allait passer à Bordeaux, en pensant au château où il irait rencontrer le châtelain, voir la vigne et acheter du vin ; il m'avait dit vouloir, si c'était possible, assister à un ballet... Mais ce séjour avait été rendu difficile par l'inquiétude que lui avait apportée dès le premier matin un appel téléphonique venu d'Angleterre ; il avait vécu cette journée dans l'attente et l'anxiété. Le soir venu, même s'il ne voulait pas m'en parler, car Alexander essayait toujours de ne pas « embêter » les autres avec ses craintes, ses préoccupations, il m'avait écrit une longue lettre pleine d'amour que j'ai relue ces derniers jours et qui, malgré tout, laissait transparaître sa détresse. La journée avait été difficile, il était inquiet, il se sentait seul dans cette belle et grande ville (où il voulait retourner avec moi) et il aurait tellement voulu que je sois là pour le serrer dans mes bras. Quand il pensait à moi, disait-il, il sentait la force et le courage remonter en lui. Oui, j'aurais voulu être là ce soir-là, et tant d'autres soirs.
De Bordeaux aussi, il avait expédié un colis qu'il avait apporté de Londres et qui m'était destiné. Le colis contenait de nombreux petits objets, absolument charmants, chacun plein de sens et exprimant tout son amour, mais il contenait surtout un adorable petit lapin à qui Alexander avait expliqué qu'il allait faire un long voyage, traverser l'Atlantique, et qu'il serait reçu par « un gentil monsieur » qui allait l'aimer toujours et lui donner tous les jours plein de câlins. Ce petit lapin a toute une histoire qui mériterait à elle seule un billet, que j'écrirai peut-être un jour. Il évoque notamment cet autre petit lapin. Quand vint le temps de lui trouver un nom, j'ai suggéré à Alexander une liste de prénoms qui, bien entendu, devaient être des prénoms anglais. Parmi eux, il y avait celui de « James » ; immédiatement, Alexander m'a dit que mon lapin ne pouvait pas s'appeler James car c'est ainsi qu'il appelle son aspirateur. Finalement, j'ai retenu le premier prénom auquel j'ai pensé, le plus beau de tous : Alexander. Mon merveilleux amoureux était content de ce choix. J'ai relu il y a deux jours plus de deux cents pages de correspondance (pour le mois d'août 2008 seulement, sans compter les heures de conversation quotidienne) ; dans l'un de ses messages, Alexander disait qu'il était heureux que j'aie donné son prénom à notre petit lapin car ainsi, disait-il, « je serai toujours près de toi, avec toi ». Ces mots prennent aujourd'hui un sens plus dramatique que celui que j'avais voulu comprendre il y a un an. De toute façon, Alexander dort avec moi toutes les nuits et il est avec moi à chaque instant.
lundi 3 août 2009
D'un lac à l'autre


vendredi 10 juillet 2009
Médecine d'urgence
