vendredi 29 juin 2007

Joli coin de mon pays

Cliquez sur les images (qui ne sont pas de moi) pour les agrandir.

Vous aimeriez habiter une maison comme celle-ci, vivre dans un décor comme celui-ci ? Moi, oui. Peut-être pas toute l'année, mais durant l'été, oui. L'hiver doit être assez rude et long à cet endroit. Car cette maison est située au Québec, à l'Est, en Gaspésie, plus précisément, près de Gaspé, tout près de la mer, comme on peut le voir. Cette maison se trouve dans la partie verte, à droite, près de Cap-des-Rosiers...

Cela n'a pas de rapport direct avec le sujet de ce billet, sinon celui de me sentir quelque peu solidaire des Québécois de cette région, mais je suis né et j'ai grandi, jusqu'à l'âge de 15 ans, dans un petit village que l'on ne voit pas sur cette la carte ci-dessus, situé au sud de Causapscal, plus près de Matapédia que l'on peut deviner tout à fait dans le coin inférieur gauche. Je vivais donc assez loin de la mer et quand les copains de Montréal me traitaient de « morue » parce que selon eux je venais d'une région de pêche, je devais les démentir car je n'étais pas gaspésien, mais plutôt du Bas-Saint-Laurent et, quand nous allions à la pêche, nous ne partions pas en mer mais nous allions plutôt vers les rivières, pêcher la truite et le saumon. Sauf que la pêche au saumon était interdite, la plupart des droits de pêche au saumon du Québec étant réservés pour une durée de 99 ans aux États-Uniens !!!

Cette jolie maison, la maison Blanchette, dont on se sert pour mousser l'industrie touristique au Québec, elle existe bel et bien, mais elle est inhabitée depuis 37 ans déjà, ainsi que toutes les maisons voisines et tous les villages qui l'entourent.

Et pourquoi donc ? Parce qu'un jour, un ministre du gouvernement du Canada, anglophone unilingue très certainemenent, s'est rendu jusque-là, on se demande bien pourquoi ; il a aimé le paysage, le point de vue sur la mer et comme il n'avait jamais lu l'André Gide des Nourritures terrestres (« Toute chose appartient à celui qui sait en jouir »), il a jugé que tout que cela était trop beau pour appartenir à des particuliers, québécois de surcroît, il a décidé que toute cette région devait devenir un parc canadien.

Comme le gouvernement du Canada a toujours été riche par rapport aux autres gouvernements qui le composent (il l'est devenu encore plus, de manière indécente, ces 15 dernières années : en rendant plus difficile l'admissibilité aux prestations de l'assurance-chômage et en diminuant fortement le montant de ces prestations, le programme de l'assurance-emploi a accumulé des profits de 45 milliards de dollars et, autre scandale qui ne semble pas empêcher de dormir les ministres canadiens, ce gouvernement pige dans les surplus de l'assurance-chômage - l'argent des chômeurs et de ceux qui pourraient le devenir - pour payer ses dépenses courantes et faire de généreux cadeaux à ses amis. C'est le vol du siècle, et le mot « vol » est tout à fait approprié. J'en reparlerai bientôt - vous n'êtes jamais obligés de lire ; les images sont parfois jolies)...

Comme le gouvernement du Canada s'arroge le droit de taxer ce qu'il veut et d'intervenir partout où il le veut, même dans les champs de compétences réservées aux États membres de la supposée confédération canadienne, il est riche et fait ce qu'il veut. En 1970, donc, le gouvernement canadien a décidé de créer au Québec un parc canadien ; il s'est entendu avec le maire de Gaspé, promettant la richesse et la création d'emplois pour la région, ce qui ne s'est jamais concrétisé. Ensemble, les deux lascars ont décidé d'exproprier plus de deux cents familles qui habitaient ces maisons, ces villages ; plus de 1 000 personnes ont été expulsées de leur maison, avec une bouchée de pain en compensation.

Le gouvernement du Québec a dû céder au gouvernement canadien cette portion de son territoire. « Le gouvernement est autorisé à donner au gouvernement du Canada libre jouissance des terrains compris dans le territoire du parc Forillon décrit à l'annexe A suivant l'entente intervenue le 8 juin 1970 entre le gouvernement du Canada et le gouvernement du Québec », dit l'article 8 de la Loi sur le parc Forillon et ses environs adoptée par l'Assemblée nationale du Québec de l'époque. Quatre mois plus tard, c'était l'armée du Canada qui envahissait le Québec, plus particulièrement la région de Montréal, occasion rêvée par les politiciens au pouvoir à Ottawa, de bons Québécois so proud to be Canadians, de faire peur aux Québécois trop sensibles à l'idée de souveraineté ; excellente occasion pour le gouvernement du Canada et ses services de renseignements de profiter de la suspension de toutes les libertés (proclamation de la Loi des mesures de guerre) pour ficher* des milliers de Québécois dont l'ardeur fédéraliste et l'allégeance inconditionnelle à la couronne britannique n'étaient pas assez convaincantes. Mais ça, c'est une autre histoire.

1970, c'était l'époque du plus arrogant des gouvernements arrogants, un gouvernement du Parti Libéral, évidemment, celui que les Québécois, avec l'appui d'un bon nombre de Canadiens, ont finalement mis à la porte en janvier 2006. Les Québécois sont patients et tolérants, mais ces Libéraux avaient largement dépassé les bornes de l'arrogance et de l'abus de confiance, quand ce n'était pas de la fraude systématisée comme l'a montré récemment l'enquête de la Commission Gomery.

En 1970, on a donc fermé plusieurs villages de la région et on a créé un parc, administré par Parcs Canada. On trouvera sur le site officiel du parc Forillon beaucoup de renseignements intéressants sur la nature de ce parc, sur sa faune ; on y parle de l'histoire des premiers habitants de cette région mais, étrangement, on ne dit pas un mot sur l'expropriation de ces habitants qui n'ont pratiquement pas décoléré depuis. Le site ne dit pas un mot de cette « déportation des Gaspésiens ».

« Forillon est habité depuis longtemps. Il y a quelque 9 000 ans, des gens de la préhistoire campaient sur les caps bordant la pointe, les terrasses marines de la vallée de L'Anse-au-Griffon et la pointe de Penouille.
« Depuis des siècles, les anses et les graves de Petit-Gaspé jusqu’au Cap-Gaspé ont su séduire les Micmacs ou premiers Gaspésiens, les pêcheurs saisonniers puis les pêcheurs sédentaires. Les plus grandes anses telles l'anse aux Amérindiens, l'anse Saint-Georges et la Grande Grave regroupaient près d'elles des villages. Les plus petites anses accueillaient des établissements domestiques. Des traces qui sont toujours bien visibles aujourd’hui. »
« Forillon est habité depuis longtemps... », dit le site officiel, habité, oui, jusqu'au jour où le gouvernement du Canada juge que la vie est toujours plus belle quand les humains en sont absents.

De l'histoire ancienne, ce dossier politique ? Pas du tout. Le 30 novembre 2006, la municipalité de Gaspé présentait à Parcs Canada un mémoire sur l'avenir du parc Forillon. Dans ce mémoire intitulé Forillon : « L'harmonie entre l'homme, la terre et la mer » ou le Gaspésien une espèce en voie de disparition, on parle du drame humain, de la disparition du patrimoine, des engagements non respectés, de l'économie déficiente, de la promesse jamais réalisée de la création de 1 300 emplois, du sentiment d'être abandonnés par ceux qui ont tout promis et qui se désintéressent du sort de ce qu'ils ont créé...

La seule consolation que puissent avoir les Québécois, c'est que ce parc est un malgré tout une réussite touristique. C'est une consolation d'autant plus importante que ce gouvernement du Canada, particulièrement sous le règne de Pierre Elliott Trudeau (1968 à 1984, avec brève interruption), est réputé pour avoir créé d'énormes éléphants blancs (on pensera à l'aéroport de Mirabel, pour lequel on a exproprié les meilleures terres agricoles au Québec, et au moins trois fois plus d'espace qu'il n'en fallait, pour finalement fermer cet aéroport quelques années plus tard, créant encore un désastre humain, écologique, financier dans cette région). Partout où il arrive avec ses gros sabots, ce gouvernement fait le vide, construit de gigantesques structures, froides, sans âme, où personne ne se reconnaît. Ce gouvernement qui dit toujours n'avoir pas d'argent à donner à ceux qui sont chargés d'administrer les soins de santé en a toujours beaucoup à investir dans le béton et dans l'équipement militaire.

Cela dit, si vous passez par le Québec, par la Gaspésie, prévoyez au moins une journée au parc Forillon. Il y a quelques années, avec un ami, nous y avions passé une nuit sous la tente, sans électricité ni autre service à proximité, dans la nuit noire en pleine nature ; nous étions entre la forêt et la mer et je me souviens que nous n'avions pas beaucoup dormi à cause du vent.

Certaines des images proviennent du site officiel du parc Forillon ; d'autres viennent d'ici ; d'autres enfin proviennent de sites touristiques du Québec dont j'ai perdu l'adresse.


* Les politiciens ambitieux (pléonasme ?) adorent faire des fiches. En France, le Fichier national automatisé des empreintes génétiques (FNAEG, pour les intimes), créé en 1998, devait cibler les délinquants sexuels ; à la suite des attentats de septembre 2001, le gouvernement français en a élargi l'application pour tenir compte des crimes graves contre la personne. Sous le règne de Nicolas Sarkozy au ministère de l'Intérieur, le nombre de personnes fichées est passé de 2 807 en 2003 à plus de 400 000, et ce nombre ne cesse d'augmenter. Pour le vol d'une balle de caoutchouc dans un magasin, par exemple, on demandera à un enfant de 8 ans de donner un échantillon d'ADN et, en raison de ce fichage, cet enfant qui, normalement, devrait grandir, sera privé à vie de l'accès à certains emplois.
« Les empreintes génétiques des condamnés sont gardées quarante ans après la date de condamnation définitive. Les empreintes génétiques de personnes simplement mises en cause lors d'une enquête sont conservées vingt-cinq ans après la date de réquisition par un officier de police judiciaire. Chaque nouvelle condamnation ou mise en cause judiciaire repousse encore la date d'effacement définitive du profil génétique.
« Le refus de se soumettre au fichage génétique, dans le cadre de la loi, expose son auteur à une peine d'emprisonnement et à une peine d'amende », peut-on lire sur Wikipédia. Liberté, Égalité, Fraternité !

+ Édition revue et augmentée le dimanche 1er juillet 2007.

Ajout du 2 juillet 2007 : L'émission Tout le monde en parlait, animée par Anne-Marie Dussault, à la télévision de Radio-Canada, traitera de l'expropriation des Gaspésiens en 1970. C'est diffusé le mardi soir à 19 h 30 et rediffusé sur le réseau RDI plusieurs fois durant la semaine (les archives ne sont conservées qu'une seule semaine sur le site). Plus de renseignements sur l'émission.

mardi 26 juin 2007

La bonne année

Vous vous souvenez de cet excellent film de Claude Lelouch, « La bonne année » ? Lino Ventura y tient le rôle d'un grand cambrioleur qui, après avoir passé six mois en prison, tente de reconquérir le coeur d'une femme dont il était amoureux, incarnée par Françoise Fabian. L'histoire se déroule pratiquement dans un lieu unique : à gauche de la scène, une boutique d'antiquaire tenue par la femme à conquérir ; à droite, la boutique d'un grand bijoutier, autre sujet d'intérêt pour le personnage incarné par Ventura.

Les images de ce film me sont revenues à la mémoire ce soir au moment où je consultais le site de notre ami Thomas, jeune photographe de Bruxelles. Je parcours les diverses catégories des images qu'a prises Thomas ces dernières années et j'ai le sentiment de me trouver chez Cartier ou chez Van Cleef & Arpels ; j'aurais envie de tout saisir et de partir avec ses images plein les poches et plein la tête. J'ai de grands rêves mais peu d'ambitions : je me contenterai de graver dans ma mémoire quelques belles photos et d'en choisir une parmi toutes pour l'afficher ici. « Choisir, c'est exclure », disait Gide ; c'est donc renoncer, du moins temporairement, à tout ce que l'on n'a pas choisi. J'ai donc volé à Thomas l'image suivante mais, contrairement au personnage de « La bonne année », je joue ici à visage découvert : si Thomas veut m'envoyer la brigade criminelle (des images du Quai des Orfèvres me reviennent, puis de la Meuse, à Liège, le long de laquelle j'ai mis mes pas dans ceux de Simenon), il saura où me trouver.

Je me suis rendu compte ces dernières semaines que le lien du photoblogue de Thomas ne fonctionnait plus ; je lui ai envoyé hier un court message et, dès ce matin, Thomas me donnait l'adresse du tout nouveau site qu'il s'est offert, avec de nouvelles photos, du texte, un livre d'or, etc. Je corrigerai le lien dans ma liste, dans la colonne de droite. À explorer longuement : toutes les photos sont superbes mais, si vous aimez par exemple les images lumineuses, pleines de lumière mordorée, vous aimerez celles de Marrakesh.

On peut aussi aller directement aux photos que Thomas publie sur Flickr, à cette adresse.

Autre sujet : Depuis quelques jours, j'essayais, sans résultat, de joindre au téléphone Hugo, mon ancien voisin et toujours ami, qui m'a beaucoup inspiré avant que je n'entreprenne ce blogue et qui, même à distance, reste très présent ; je l'évoquais, entre autres, à la fin de ce billet. Je pouvais bien avoir du mal à le joindre : il est en Alaska, sur un bateau de croisière. Je viens de lui parler sur MSN ; je croyais pouvoir l'inviter à dîner la semaine prochaine. Il acceptera mon invitation, mais ce ne sera pas avant longtemps car, après l'Alaska, il part pour le Brésil.

lundi 25 juin 2007

Le petit bal perdu

J'ai découvert aujourd'hui une chanson de Bourvil que j'aime beaucoup. Il m'arrive de plus en plus, en découvrant des chansons ou en portant une attention nouvelle à certaines chansons que j'ai déjà entendues, de vouloir chanter moi-même. Je me suis surpris ce dimanche soir à chanter à pleine voix des chansons que je n'ai jamais interprétées auparavant ; je chantais de bon coeur, ce qui ne m'était pas arrivé depuis de nombreuses années (je ne chantais plus même sous la douche). Ces chansons que j'avais envie de chanter ce soir, c'était des chansons de Brassens, d'Aznavour, de Piaf, mais aussi de Bourvil. Parmi celles-ci, j'aurais voulu vous faire entendre « Le petit bal perdu », interprétée par Bourvil ; je ne l'ai pas trouvée sur Radioblog-club, mais je l'ai trouvée sur YouTube. Ce n'est pas la version originale qu'interprète seul Bourvil, normalement, alors que sur cette version il interprète la chanson avec Elsa et je crois que l'on a remplacé l'accordéon par un synthétiseur...



Ce qui me donnait envie de chanter aujourd'hui, ce sont peut-être les voix entendues au téléphone un peu plus tôt. Je parlais l'autre jour de la voix d'Yves Simon, qui me séduisait. Les voix qui m'ont mis la joie au coeur sont celles de Didier « Loupiot », dont c'est l'anniversaire ce 25 juin, de Vincent et de Guillaume dont c'était l'anniversaire le 15.

Breton d'origine, Didier vit à Paris et connaît très bien la Grèce et sa langue ; fidèle du Péloponnèse, il s'embarquera peut-être pour Cythère, cet été. Lors de mon dernier séjour à Paris, on se parlait tous les jours et on a mangé quelques fois ensemble à Montmartre, où il m'a fait découvrir un bon restaurant, rue des Abbesses, où se retrouvent souvent les gens de théâtre dont il fait partie, en plus de me faire asseoir à la place d'Amélie Poulain au Café des 2 moulins, avant même que je n'aie vu le film... Quand je pense à Didier, je pense que je finirai mes jours seul car je ne crois pas rencontrer encore quelqu'un qui rassemble autant de qualités que j'aime...

En appelant Guillaume, je suis tombé sur son homme, Vincent, dont je n'avais pas encore eu le bonheur d'entendre la voix, cette voix qui attire notamment les agents de service à la clientèle des deux sexes, que Vincent s'amuse à faire marcher longuement lorsqu'ils appellent au domicile des Pitous d'Amiens. Je dois dire que je tomberais dans le panneau moi-même. Et la voix de Guillaume, je la connaissais déjà, mais je l'ai entendue encore avec beaucoup de bonheur. J'aime l'énergie de ces garçons qui mènent une vie active, intéressante, qui ont plein de projets, notamment celui d'aménager dans une nouvelle maison, dans une autre ville, déjà connue... à mon avis, leur blogue ne reflète que très partiellement ce qu'ils sont, ce qu'ils font. Peut-être iront-ils aussi en Grèce, après la Sicile, la Turquie... Et si j'ai bien compris, j'aurai bientôt ma chambre en Normandie : j'arrive...

C'est tout de même bizarre qu'en ce jour de fête nationale au Québec, je me sois trouvé à parler à trois personnes seulement, aujourd'hui, et ces trois personnes se trouvent en France et dans les trois cas, nous avons parlé de la France, bien sûr, mais aussi de la Grèce. Je constatais justement hier que, dans l'un de mes carnets d'adresses, j'ai plus de mille noms et, sur ces mille noms, il y en a probablement plus de huit cents qui sont des personnes de l'extérieur du Québec (France, Italie, Mexique, États-Unis, Canada, Inde, ...).

dimanche 24 juin 2007

Bonne Saint-Jean !




Le 24 juin, c'est la fête nationale des Québécois, de tous les Québécois, quelles que soient leur langue et leur origine.

Si le drapeau du Québec arbore la fleur de lys en souvenir des origines françaises des Québécois, l'iris versicolore constitue depuis 1999 l'emblème floral du Québec « en remplacement du lys blanc, qui n'est pas indigène au Québec », peut-on lire sur Wikipédia. « Outre sa ressemblance au fleurdelisé du drapeau québécois, il symbolise, par l'harmonie de ses couleurs, la diversité de la société québécoise et, par son habitat, l'importance des milieux humides dans la province. De plus, sa floraison se produit vers le 24 juin, le jour de la Fête nationale du Québec. »


Source des images deux précédentes : ministère de la Justice

Les origines des célébrations du 24 juin sont très anciennes. Les païens célébraient le solstice d'été, le jour le plus long de l'année. L'Église catholique a ensuite récupéré cette fête, comme bien d'autres, en sustituant la fête de Saint-Jean-Baptiste aux célébrations païennes.


Longtemps fête religieuse au Québec, la Saint-Jean s'est peu à peu laïcisée et, pendant quelques années, politisée. Le 11 mai 1977, le premier gouvernement souverainiste de René Lévesque, par arrêté ministériel, fait du 24 juin le jour de la Fête nationale du Québec.

Il ne s'agit pas de la véritable signature de René Lévesque

Depuis 1984, l'organisation des célébrations de la Fête nationale est confiée à une organisation apolitique, le Mouvement national des Québécoises et des Québécois. La Saint-Jean est ainsi devenue la fête de tous les Québécois, pas seulement celle de ceux d'origine canadienne-française et catholique. La tradition d'allumer des feux durant la Nuit de la Saint-Jean se poursuit.

Cette fête constitue maintenant un grand festival culturel qui permet aux Québécois, partout où ils se trouvent, de manifester « leur existence au monde et leur sentiment d'appartenance au Québec ».

Les célébrations de la Saint-Jean veulent saluer cette année les succès québécois sur la scène internationale. On peut consulter sur le site de la Fête nationale le calendrier des activités qui se déroulent sous le thème : « À nous, le monde ! ».

Bonne fête à tous !

vendredi 22 juin 2007

La muse garçonnière

Je me promenais à midi

Quand survint le bel Alexis.

L'été vibrait dans ses cheveux

Et par deux fois, je m'embrasais !

Ce fut d'abord les feux d'Hélios,

Ensuite, Éros jeta ses traits...

Or, si la nuit calma les uns,

Les autres, jusqu'au clair matin,

Ne cessèrent de s'enflammer.

Aussi pour moi, point de repos,

Car mon sommeil est animé

Par l'obsession d'un flambeau

À l'image de la beauté.

Méléagre, « Les Nuits brûlantes », extrait de l'Anthologie palatine.

jeudi 21 juin 2007

Tendresse partagée

« La tendresse est le seul bien qui nous accompagne,
tendresse reçue et partagée, qui n’affirme rien,
et nous survit. »
Rainer Maria Rilke, Lettres à un jeune peintre.



Je suis littéralement débordé. Je n'ai même pas eu le temps de préciser mon projet d'entreprise, et encore moins d'en faire la promotion, mais voilà qu'on m'appelle pour me confier des mandats importants et urgents qu'il me sera difficile de refuser car ils sont intéressants et... fort bien payés. Je dois toutefois élaborer mon projet, préparer un plan d'affaires, des prévisions budgétaires, un plan de promotion, etc. ; et tout cela demande du temps. Et pourtant, j'ai du travail à temps plein, et même assez pour devoir travailler de longues heures, sans congé... Tout cela crée beaucoup de pression. Et qu'est-ce que j'ai envie de faire quand j'ai trop de pression ? N'importe quoi, sauf ce que j'ai à faire...

Or, ce soir Vincent m'a fait redécouvrir une chanson italienne que j'avais déjà entendue mais oubliée. Je l'ai écoutée à quelques reprises, puis je l'ai ajoutée à une très longue liste de chansons dans plusieurs langues, d'airs d'opéra ou de musique classique instrumentale, que j'écoute de manière aléatoire. Une erreur de manipulation m'a fait effacer une grande partie de cette liste. Pour la recréer, je suis aller explorer mes fichiers musicaux (j'ai converti mes disques en fichiers électroniques et je ne me sers pratiquement plus de mes disques).

En faisant cela, dans mes « fichiers » francophones, j'ai retrouvé quelques chansons d'un garçon que j'aime beaucoup, que je peux écouter en boucle, sans arrêt, parce que j'aime ses chansons, sa musique, bien sûr, mais aussi parce que sa voix me fait littéralement fondre. Cette voix toute simple, naturelle, sensible et vulnérable (pléonasme), pleine de tendresse, c'est celle d'Yves Simon, auteur, poète, chanteur, écrivain, voyageur... Si ce garçon était à mes côtés et qu'il me parlât ou, mieux encore, qu'il me chantât l'une de ses chansons, je ne sais ce que je pourrais faire ; je ne ferais sans doute rien, ayant perdu tous mes moyens, abandonné à son sens de l'honneur et à son esprit chevaleresque.

C'est l'une de mes clientes, devenue amie, qui m'avait parlé de ce garçon. Québécoise, Martine avait fait un doctorat un doctorat en Sciences politiques à la Sorbonne. Elle avait donc habité Paris durant quelques années, entrecoupées de séjours en Chine et à Venise. Yves Simon était l'un de ses voisins, place Dauphine, à Paris, si je me souviens bien. Elle trouvait ce garçon charmant et m'avait recommandé la lecture de ses romans. Je crois en avoir lu au moins deux. J'ai cependant été beaucoup plus séduit par ses chansons et par sa voix parlée lors d'entretiens télévisés, par exemple.

La photo vient d'ici

Martine a été emportée par une saleté de cancer il y a quelques années, avant même que je puisse réaliser mon rêve de découvrir Venise avec elle comme guide. Ensemble, nous avons tellement ri de bon coeur et chacune de nos conversations était un véritable feu d'artifice. Très souvent, son copain devait venir sonner à sa porte pour lui dire que le dîner était prêt car nous étions au téléphone durant des heures à chaque fois. Je regrette ce soir qu'elle ne soit pas là pour que nous puissions parler des chansons, de la voix d'Yves Simon, avant de prendre rendez-vous pour revoir pour la trentième fois notre film culte Mort à Venise.

J'aimerais bien vous faire entendre la voix d'Yves Simon qui me plaît, ce genre de voix que j'aimerais retrouver chez un garçon à qui je pourrais plaire. Sa voix est unique, bien sûr, mais ses intonations, ses inflexions, ses modulations, ne sont pas si rares chez des garçons qui sont à l'aise avec leur sensibilité, avec la part de féminin en eux. Je retrouve parfois ces intonations dans la voix de Québécois, mais plus rarement ; il y a dans l'intonation des Québécois une grande part de fatalisme ; la phrase est parfois charmante mais le ton final est brutal, sans la légèreté qui rend possible tout espoir d'envol. Je crois que les Européens, de manière générale, et les Français en particulier que je connais un peu mieux, sont plus à l'aise avec les fines nuances de l'expression qui s'expriment aussi dans la voix...

Sur Radioblog.club, je n'ai trouvé qu'une chanson d'Yves Simon, « Je pense à elle tout le temps », mais le fichier ne fonctionne pas. L'une des chansons qu'il m'arrive d'écouter en boucle, c'est « Raconte-toi », mais je ne sais pas comment l'afficher sur le blogue. J'ai cependant trouvé sur Dailymotion une interprétation de « Diabolo menthe » qui date de quelques années déjà et qui ne présente pas la même qualité sonore que la version sur disque mais elle a le mérite de nous faire voir l'auteur-compositeur-interprète. Il suffit de cliquer sur ce lien pour le voir et l'entendre. On peut lire le premier chapitre de l'un de ses romans, La voix perdue des hommes, (Paris, 2002) sur le site des éditions Grasset.

dimanche 17 juin 2007

Vienne, la nuit (sans le carillon)


C'est presqu'aussi beau que Paris...


Les images viennent d'ici.

samedi 16 juin 2007

« Vienne la nuit sonne l'heure...

... les jours s'en vont je demeure. »

Si ces deux lignes du poème fameux de Wilhelm Albert Vladimir Popowski de La Selvade Apollinaris de Wąż-Kostrowitcky, mieux connu (heureusement) sous le pseudonyme de Guillaume Apollinaire ont titillé votre âme poétique, et que vous souhaitez voir le pont Mirabeau* sous les mots d'Apolinaire, vous ferez bien de cliquer sur le lien qui précède. Si vous souhaitez entendre Apollinaire lui-même réciter son poème (entre deux autres), c'est plutôt ici.

*Ce sacré Honoré Gabriel Riqueti, comte de Mirabeau qui a donné son nom à un pont aurait bien pu donner ce nom à un tunnel car, s'il était l'ami du peuple dont il défendait la cause à l'Assemblée nationale, il conseillait secrètement Louis XVI sur la stratégie à adopter pour sauver la monarchie. Hélas, Mirabeau a eu la mauvaise idée de mourir le 2 avril 1791, empoisonné ou victime des suites de ses débauches, trop tôt, donc, pour empêcher Louis XVI d'écouter Axel de Fersen, l'amant de Marie-Antoinette, et de prendre la fuite en pleine nuit le 21 juin 1791. Il faut toutefois remercier de façon posthume ce Mirabeau car, s'il avait vécu quelques mois de plus, Ettore Scola n'aurait pas pu nous donner ce chef-d'oeuvre, la Nuit de Varennes, avec une remarquable distribution, dont Jean-Louis Barrault, Marcello Mastroianni, Anna Schygulla, Michel Piccoli, Jean-Claude Brialy, Jean-Louis Trintignant...

Le temps passe, en effet et, à peine a-t-on amorcé un jour nouveau que déjà il s'achève. Et les semaines, et les mois font de même... Et par l'aimable divertissement qui précède, je voulais simplement souligner deux événements survenus un 16 juin :

Le premier intéressera les Français qui voudraient venir s'établir au Québec (je suppose que cela vaut aussi pour le Canada, car à l'étranger on ne fait pas toujours la distinction. Et pourtant !). Le 16 juin 1659, le roi Louis XIV décida d'accorder des subventions aux émigrants qui partaient s'installer au Canada. Coïncidence : c'est précisément ce 16 juin 1659 que débarquera (le terme est juste : on débarque d'une embarcation ; on descend d'une voiture, d'un avion) à Québec François de Montmorency-Laval, qui fut le premier évêque de Québec et, à deux occasions, gouverneur provisoire de la Nouvelle-France ; on soulignera en 2008 le tricentenaire de sa mort en même temps que le quatre centième anniversaire de la ville de Québec (j'aurai certainement l'occasion de reparler de ces célébrations).

Ni moi ni mes ancêtres n'avons bénéficié de cette subvention : mon ancêtre paternel, originaire de la région du Mans, était déjà sur place puisqu'il s'est marié à Sainte-Anne-de-la-Pérade, au Québec, en 1656. En évoquant cette décision royale de 1659, les Français qui souhaitent venir s'installer au Québec ne pourraient-ils pas demander à l'empereur Sarko de se montrer aussi généreux ?

Il ne faut toutefois pas oublier que :
« Le Canada de 1659 était, à vrai dire, bien peu de chose. La population française n’y atteignait pas 2 000 âmes, partagées entre trois centres de peuplement, sur une distance de plus de 60 lieues. La région de Québec, formée de la ville proprement dite et des seigneuries de Beauport, Beaupré, Notre-Dame-des-Anges et Lauson, présentait la plus forte concentration de population, avec près de 1 200 habitants ; quelques centaines de colons étaient établis à Trois-Rivières ou dans les seigneuries voisines du Cap-de-la-Madeleine, de Sainte-Anne et de Champlain, qui commençaient à peine à se développer ; aux avant-postes, l’île de Montréal était le dernier centre habité. »
Extrait du Dictionnaire biographique du Canada en ligne.

Il faut cependant prendre en considération que le faible taux de natalité actuel fait que, alors que le Québec avait jusqu'à maintenant quatre personnes qui payaient des impôts pour une personne retraitée, si j'ai bien compris, il n'aura plus bientôt que deux contribuables par personne à la retraite. Le faible taux de natalité et de l'augmentation des coûts de santé répartis sur de moins en moins de contribuables incitent les gouvernements à miser sur l'accroissement rapide de l'immigration ; attention, disent certains : cette stratégie risque de nuire aux plus jeunes, ceux de la génération dite « écho » ou « génération Y », selon le démographe et économiste David K. Foot.

Si les questions politiques, économiques, démographiques, etc., vous ennuient et que vous préférez l'art et la littérature, ne retenez de ce billet que ce qui suit.

Le 16 juin 1812, mourait un peintre allemand du nom de Franz Pforr. Mes connaissances en histoire de l'art sont vraiment pauvres et fragmentaires. J'ai toutefois retenu le nom de ce peintre dont j'ai découvert l'existence il y a près de vingt ans. Né à Francfort le 5 avril 1788, fils de Johann Georg Pforr, peintre reconnu, Franz perd toutefois ses parents alors qu'il n'a que douze ans, et son frère l'année suivante. Il est recueilli par l'un de ses oncles, galeriste à Cassel ou Kassel, qui encourage ses dons artistiques et favorise son inscription à l'académie de Vienne. Avec des amis étudiants, Johann Friedrich Overbeck, Ludwig Vogel et Johann Konrad Hottinger, ils contestent toutefois la formation trop académique et finissent par se faire évincer de l'institution.

Portrait de Franz Pforr par son ami Friedrich Overbeck

Ses amis et lui quittent Vienne et, en 1810, s'installent à Rome où la lumière italienne correspond davantage à leur conception de l'art que les couleurs sombres de la peinture allemande de l'époque. Ils s'établissent dans un ancien monastère franciscain où ils vivent en communauté. Ils fondent le mouvement nazaréen qui eut une influence sur l'art romantique allemand de la première moitié du XIXe siècle, semble-t-il. Franz Pforr n'avait que 24 ans quand il fut emporté par la tuberculose le 16 juin 1812.

Si cette période de la peinture allemande vous intéresse autant que les comparaisons entre l'art allemand et l'art italien ; si vous voulez revivre cette époque comme si vous y étiez à travers les yeux de ces jeunes peintres allemands (surtout ceux de Friedrich Overbeck) qui découvrent la lumière et la beauté de l'Italie, et si en plus vous aimez les histoires amoureuses qui n'ont rien de simple, je ne saurais trop vous encourager à lire L'Amour, superbe roman de Dominique Fernandez, que j'ai eu le plaisir de rencontrer (nous sommes nés le même jour... à plusieurs années d'intervalle) et qui, je viens de l'apprendre ou peut-être l'avais-je oublié, a été élu à l'Académie française le 8 mars dernier.

Ce tableau de Johann Friedrich Overbeck représente l'amitié entre l'Allemagne et l'Italie, telle que la sentait le jeune peintre allemand. Un détail de ce tableau illustre la couverture de l'édition du « Livre de Poche » du roman de Dominique Fernandez.

Je veux souligner l'arrivée d'un nouveau blogue, celui de Vincent qui laissait parfois une trace dans les commentaires et qui met en ligne aujourd'hui même son propre blogue, Complètement à l'Ouest ; on le retrouvera dans ma liste de liens sous « Vincent à l'Ouest ».

vendredi 15 juin 2007

Brèves


C'était, le 13 juin dernier, l'anniversaire de la mort d'Alexandre III de Macédoine, mieux connu sous le nom d'Alexandre le Grand. Né à Pella le 21 juillet 326 avant JC, fils de Philippe II de Macédoine et d'Olympias, princesse d'Épire, il est devenu roi à 20 ans et il est mort à 33 ans, en 323 avant JC, des suites d'une forte fièvre qui dura deux semaines. Pour souligner l'anniversaire de la mort de cet homme hors du commun, qui fut élève d'Aristote, je voulais écrire un billet mais je n'en ai pas eu le temps ; j'essaierai de me reprendre plus tard. Il y a tellement à dire au sujet d'Alexandre que l'on pourrait écrire des livres entiers sur des éléments précis de sa vie, ne serait-ce, par exemple, que sur l'amitié qu'il portait à son compagnon fidèle, Héphaïstion, né le même jour que lui et ami d'enfance.

Pour rester dans les anniversaires, il faut souligner l'anniversaire de naissance d'un disciple de Platon, notre ami Tramaque, bien vivant, celui-ci, mieux connu sous l'initiale G. du couple Les Pitous et qui, avec son compagnon V., quittera bientôt l'Amiénie.
Mon cher G., je ne serai sans doute pas en mesure de t'appeler en ce jour d'anniversaire ; sache néanmoins que tous mes voeux les meilleurs t'accompagnent. Je souhaite, entre autres, que vos nouvelles affectations professionnelles vous apportent, à V. et à toi, les satisfactions que vous en attendez.

Le 15 de chaque mois, c'est la Rédac du mois sur les blogues de plusieurs collègues. Je ne savais pas si j'aurais le temps de participer cette fois-ci mais, puisque je n'avais pas annoncé que je passerais mon tour, je me suis dit que je m'organiserais pour écrire mon billet et pour le mettre en ligne à l'heure convenue. En consultant la liste des participants ce mois-ci, je constate que mon pseudo n'y est pas : j'en suis donc exempté. Mais si le sujet vous intéresse (« Le voyage de mes rêves »), allez sur le blogue d'Olivier à Montréal ; vous y trouverez son billet sur le sujet ainsi que la liste de tous les participants. Les billets ne seront en ligne qu'à compter de 6 heures, heure de Montréal ou midi, heure de Paris.

jeudi 14 juin 2007

« Je ne peux pas vous répondre en ce moment... »

Je vous ai dit qu'à compter de la semaine prochaine, je serai officiellement mon propre patron. Ce vendredi 15 juin, je signerai quelques documents qui rendront officiel ce nouveau statut.

Le travail n'a toutefois pas attendu. En plus d'avoir de nombreuses décisions à prendre, plusieurs démarches à faire pour mettre sur pied mon projet, d'avoir en plus à gérer plusieurs dossiers au sein de l'organisation que je préside (occupation bénévole), j'ai déjà des clients qui font appel à mes services. Or, pour me libérer un peu de toutes les autres obligations et pour me concentrer sur un mandat qu'un nouveau client me confie, j'ai décidé d'aller travailler dans un endroit tranquille. Voici mon moyen de locomotion. Je n'ai pas eu trop de mal à trouver une place pour me garer.

Voici mon bureau, vu de l'arrière.

L'entrée de mon bureau, à ma gauche.

Le bureau vu de l'entrée de gauche, avec mon porte-document (sac à dos) sur le bureau.

Et finalement, la vue que j'ai de mon bureau quand je regarde devant moi (le dossier en moins).


Vous aurez remarqué que je ne suis pas dérangé très souvent, ni par le téléphone ou par les courriels, pas plus que par les visiteurs. J'ai passé là plusieurs heures, au cours des deux derniers jours, et j'ai pu travailler efficacement. Mon travail, pour l'instant, consistait à prendre connaissance d'environ cinq cents pages de documentation sur un sujet que je ne lis pas très souvent pour le plaisir, mais qui m'intéresse toutefois. En rentrant à la maison, pour compléter la documentation, un livre du même auteur m'attendait. Il faudra maintenant que j'écrive un chapitre d'une quarantaine de pages qui viendra s'insérer dans un autre document d'environ 300 pages. Si je travaille bien, il se pourrait qu'on me demande de rédiger un autre chapitre et, une fois tous les textes écrits, de réviser le tout.

Ne croyez-vous pas que tout cela mérite le nouveau bureau que je me suis offert ?

mercredi 13 juin 2007

Symbole

Dans certains milieux d'affaires, dans certaines professions, il est essentiel de soigner son image, de savoir choisir sa tenue, ses accessoires... C'est ainsi, par exemple, que l'on voit les journalistes, les présentateurs de bulletins de nouvelles, en France plus qu'au Québec, tenir leur stylo de façon que l'on puisse, à l'écran, bien reconnaître la marque du stylo, la plupart du temps un Montblanc.

Depuis plusieurs années, je rêve d'avoir le mien, le gros cigare à la plume en or 18 carats à pointe large. Il y a quelques années, j'ai failli en acheter un, avenue de l'Opéra, à Paris, puis je me suis dit qu'ils ne coûtaient sans doute pas plus cher à Montréal. Je n'en ai jamais acheté un encore...

Tout à l'heure, en cherchant des images, je suis tombé sur celui-ci, que Montblanc a mis en vente en 2005, dans son édition limitée des Grands Écrivains, pour rendre hommage à Miguel de Cervantes.

« L'instrument d'écriture et l'agrafe reprennent le thème des ailes des moulins à vent antiques. La laque brune marbrée du corps, qui porte la signature de Miguel de Cervantes, est pontuée[sic] d'anneaux dorés. Sur le capuchon, on trouve le numéro individuel du stylo à côté de l'étoile Montblanc ivoire. La plume en or 18 carats s'orne d'un moulin à vent ciselé en référence à Don Quichotte. » Voilà ce que l'ont peut lire sur ce site, d'où provient aussi la photo.

Je me suis dit que pour bien asseoir ma réputation de nouvel entrepreneur, il faudrait bien que je choisisse un tel stylo, surtout que le principal service offert est lié à l'écriture... Et cela me rappelle que, depuis la création de ce blogue je n'ai jamais activé encore la liste de cadeaux associée au profil de blogueur ; je devrais y voir.

mardi 12 juin 2007

Bonne nouvelle

L'image vient d'ici

Depuis plusieurs semaines, j'élaborais un projet sur lequel je misais beaucoup. Je devais présenter hier matin mon projet devant un comité composé de cinq personnes dont les décisions sont sans appel. L'acceptation ou le rejet de ce projet devait avoir des conséquences déterminantes sur mon avenir professionnel.

L'image vient d'ici

J'avais précisément dix minutes, pas une seconde de plus, pour présenter mon projet aux membres du comité et les convaincre. Cette présentation était suivie d'une période de questions, de dix minutes également, de la part des membres du comité. J'ai présenté mon projet en neuf minutes et quelques secondes et je me suis tu, attendant les questions. Je peux parler longuement si on m'en donne l'occasion, mais j'ai aussi développé ce réflexe de pouvoir dire ce qu'il faut dans un temps très précis, qu'il soit de dix ou de deux minutes, ou encore de 30 secondes. Je ne sais pas combien de temps a duré exactement cette période de questions, mais j'en suis sorti content de moi. J'avais même réussi à faire rire les membres du comité. En partant, j'ai serré les mains et tout le monde avait le sourire aux lèvres, moi compris.

Ce matin, alors que je digérais mal les émotions des événements d'hier après-midi, le téléphone a sonné, la bonne nouvelle est arrivée. Cela signifie qu'à compter de la semaine prochaine je serai, officiellement, mon propre patron.

Cela dit, je dois m'atteler à la tâche, car j'ai déjà du travail qui m'attend.

La gauche française

On pourra ne pas être d'accord avec l'opinion du chroniqueur (il n'a pas l'habitude de chercher à plaire à tout le monde), mais elle mérite d'être lue : Pierre Foglia, du journal La Presse, commente le « virage à droite » de la France. C'est la deuxième partie de sa chronique dont la première est consacrée aux hôpitaux.

lundi 11 juin 2007

Salut, René !



René Lapalme 1965-2007

Les lecteurs de ce blogue ont sûrement suivi les désopilantes bandes dessinées de notre confrère et ami René Lapalme, comme ils ont sans doute lu et écouté ses chroniques musicales sur son blogue, Une vie en musique.

René, dont j'ai commencé à lire le blogue en novembre 2005 et que, grâce à son « vieil » ami Olivier, j'avais rencontré en personne l'hiver dernier, a perdu le combat qu'il menait ces derniers mois contre un cancer aussi virulent qu'inattendu. Il est parti sans prévenir tout le monde samedi dernier.

On ne peut évidemment pas parler d'injustice de la part du cancer, de la maladie, de la mort ; les personnes « saines », créatives, rayonnantes... devraient toutefois en être exemptées le plus longtemps possible ! C'est révoltant de voir partir des amis à 42 ans !

Bon voyage, René. Tu vas nous manquer.

J'ai emprunté la photo sur le site personnel de René Lapalme.

vendredi 8 juin 2007

8 juin

Le 8 juin est une date que je ne peux oublier. Quand j'avais neuf ans, j'ai eu une nouvelle institutrice (les précédentes étaient ma soeur et ma mère) et, comble de bonheur, celle-ci avait une fille de mon âge. Quand je pense à Odette, aujourd'hui, et que j'essaie de m'imaginer ce qu'elle est devenue, je ne peux m'empêcher de l'associer à Catherine Deneuve : elle était blonde, très belle, avec une peau aussi parfaite qu'une porcelaine de grande qualité, crème rosée, qui sentait bon... Son anniversaire de naissance était le 8 juin.

Cette date, c'est aussi celle qui, il y a... plusieurs années, a fait qu'un garçon que j'apprenais à connaître depuis quelques mois est concrètement devenu le premier Grand Amour de ma vie.

C'est aussi l'anniversaire d'un ami, que je n'ai pourtant pas appelé... Ce 8 juin 2007 restera cependant pour moi un jour triste. J'ai appris ce matin la mort de quelqu'un dont le nom ne dira certes pas grand-chose aux lecteurs habituels de ce blogue, du moins ceux que je reconnais. Il s'agit d'un chanteur québécois qui a eu ses années de gloire du temps du yé-yé, qui est devenu producteur de disques puis de cinéma...

Quand, à seize ans, j'ai voulu devenir chanteur moi-même, je l'avais appelé afin qu'il m'accorde une audition. Je ne sais comment j'avais pu obtenir son numéro de téléphone mais j'avais gagné la confiance de sa mère qui, chaque fois que j'appelais, n'hésitait pas à me le passer. Il m'avait fait venir un soir dans un studio où, à titre de producteur, il dirigeait l'enregistrement d'un disque d'une de ses protégées. Durant une pause, il s'était assis au piano et m'avait demandé de chanter pour lui ; après m'avoir dit que je chantais juste, il m'avait donné quelques conseils et, en disant qu'il n'avait pas le temps de s'occuper de moi, il m'avait suggéré d'aller voir M. Untel, producteur bien connu qui avait lancé la carrière de nombreux chanteurs. J'avais obtenu de sa protégée les coordonnées d'un professeur réputé avec qui je voulais travailler et, peu de temps après, je commençais à prendre des leçons avec lui ; quelques années plus tard, grâce aux conseils de ce professeur, je fis mon premier voyage à Paris et j'entrai en contact avec des artistes français...


À la suite de cette audition, je restai toutefois en contact avec le chanteur-producteur et j'étais admis dans les coulisses des studios de télévision et des salles de spectacle lorsqu'il y était... Il m'est arrivé quelques fois de recevoir un appel de sa part, me demandant de passer à son bureau afin de participer à des campagnes de promotion. Je me souviens d'un jour où, ayant vu une chronique que je signais dans un magazine, il m'exprima sa joie de me voir écrire et m'invita à venir le voir un autre jour pour discuter d'un emploi qu'il m'aiderait à obtenir dans un journal à plus grand tirage. Je n'avais alors que dix-sept ans ; j'étais devenu chroniqueur un peu par hasard et je ne me sentais pas prêt à devenir chroniqueur dans un plus grand journal. Il m'arrive parfois de regretter ces scrupules, mais c'est le passé...

Durant quelques années, j'ai donc traîné dans l'entourage de ce chanteur-producteur et, surtout, dans celui d'une chanteuse qu'il avait ramenée des États-Unis et qui reste l'une des chanteuses québécoises les plus aimées et les plus respectées de tous ceux qui aiment vraiment le rock, le blues... Un jour elle est partie en Angleterre, où elle a fait des disques avec les Beatles, les Rolling Stones, avant d'aller en France où elle faisait partie des spectacles de Johnny H. C'est à ce moment-là que nos routes ont bifurqué. Je suis moi-même parti à Paris peu après et, au retour, j'ai renoncé au monde du spectacle et j'ai pratiquement cessé de fréquenter ceux et celles qui en faisaient partie. Anecdote amusante : quand j'allais quelque part avec cette chanteuse, plusieurs personnes me prenaient pour le chanteur qui s'occupait de sa carrière ; et mon père, regardant une photo de l'une de mes soeurs avec le chanteur populaire trouvait que j'avais un drôle d'air sur cette photo.

Il m'est arrivé plus tard de rencontrer Tony R. par hasard, mais il vivait surtout en Californie et je n'avais pas l'occasion de le revoir. Ma vie a pris un autre tournant, loin des feux de la rampe, mais je n'oublierai jamais qu'à la fin de mon adolescence, un chanteur populaire a bien voulu me laisser entrer dans son univers et m'a permis de connaître les coulisses du monde du spectacle... Je n'oublierai jamais la confiance qu'il m'accordait et l'espèce de fraternelle affection qu'il me témoignait, m'invitant au restaurant avec des chanteurs, des producteurs, des journalistes, me confiant les clés de sa voiture...

dimanche 3 juin 2007

L'École d'Athènes

En cliquant sur l'image, on l'agrandit.

Cette grande fresque de Raphaël se trouve dans la « salle des Signatures », au Vatican ; la « Chambre des Signatures » doit son nom au fait que le pape y faisait des bulles ou, plutôt : il y signait ses bulles et ses brèves. En concevant cette fresque, Raphaël voulait représenter la synthèse de l'idéologie antique et de la pensée chrétienne de la Renaissance.

L'École d'Athènes symbolise la philosophie antique, la puissance de la raison, en opposition à une autre fresque peinte par lui-même, La Dispute du Saint-Sacrement, qui symbolise plutôt la victoire de la théologie sur la philosophie antique. Ces fresques ont été commandées à Raphaël par le pape Jules II, qui prétendait ainsi pouvoir réunir la Foi et la Raison.

En cliquant sur l'image, on l'agrandit.

(Puisque je n'ai jamais visité le Vatican, je ne saurais dire laquelle de ces deux reproductions représente le plus fidèment les véritables couleurs de la fresque. Nous avons le choix. À bien y penser, il y a de fortes chances que la première image représente les couleurs réelles.)

Cette ambitieuse composition relève des défis d'ordre formel (la question des perspectives, des niveaux de lecture, etc.), en plus de rassembler dans un temple idéal les principaux personnages de la pensée antique. De plus, Raphaël donne à certains de ces personnages de la Grèce ancienne les visages de Romains de la Renaissance.

C'est ainsi que l'on trouve, par exemple, au centre de la composition, Platon sous les traits de Léonard de Vinci, désignant le ciel et Aristote désignant la terre, le geste de l'un et de l'autre chacun résumant sa philosophie. Un peu vers la gauche, au même niveau, on reconnaît Socrate discutant avec Alcibiade ou Alexandre Le Grand, qui fut lui-même élève d'Aristote, et avec Xénophon.

Au premier plan on reconnaît Pythagore, tenant un livre ouvert, Héraclite, appuyé sur le coude pour écrire, représenté sous les traits de Michel-Ange dont il aurait eu le caractère ombrageux, semble-t-il ; à droite, Euclide dessine sur une ardoise et Raphaël, l'avant dernier visage en bas à droite.

Au dernier plan, les statues d'Apollon et de Minerve veillent sur les arts et sur la philosophie...

Cette fresque est si riche qu'elle mériterait des heures et des heures de recherche et d'interprétation. Je n'en ai ni le temps ni les compétences. Si la démarche vous intéresse, un bon point de départ, faute de mieux, serait de consulter cette page de Wikipédia ; elle vous mènera à de nombreuses découvertes aussi fascinantes les unes que les autres.

Depuis des années, j'ai dans ma cuisine une grande reproduction de cette fresque ; je ne me lasse pas de la regarder et de me laisser inspirer par cette concentration de grands esprits réunis en un seul lieu.

Ce dimanche trois juin, c'était l'anniversaire d'un garçon parisien que j'aime beaucoup. Steve est parisien parce qu'il vit à Paris, mais Athénien de coeur et d'esprit. Il étudie la philosophie et, parallèlement à ses études, enseigne le grec et le latin au lycée.

Nous avons souvent dialogué dans un salon de conversation et, quelques fois, nous avons eu des conversations privées. J'ai eu le bonheur d'entendre sa voix au téléphone à quelques reprises. Je vois souvent Steve se connecter sur MSN, mais je ne sens pas forcément besoin de l'aborder ; je sais que si je le fais, je serai le bienvenu et je crois qu'il est persuadé de la réciproque. Si je me souviens bien, Steve a été, après moi, le premier lecteur de ce blogue le jour où j'ai décidé de le rendre public ; il avait laissé un commentaire anonyme, mais un commentaire de philosophe. Le commentaire est ici mais, en fait, il aurait dû se trouver sous ce billet. S'il est clairement plus aristotélicien que platonicien, j'ai cru comprendre aujourd'hui que Steve éprouverait de la sympathie pour Héraclite d'Éphèse, dit l'Obscur.

Or, en le saluant aujourd'hui pour lui souhaiter un joyeux anniversaire, je me suis rendu compte que l'image qu'il avait choisie pour le représenter sur MSN est une reproduction de cette fresque de Raphaël, L'École d'Athènes et, en fait, c'est plutôt une partie de la fresque, précisément l'image que j'avais choisie pour illustrer mon billet « Aristote et moi », le 27 novembre 2005.

p. s. : puisque j'ai déjà parlé de synchronicité* dans ce blogue, j'ai reçu hier un courriel d'un psychologue, auteur d'un livre sur Les hasards nécessaires.

*Le Grand dictionnaire terminologique de l'Office québécois de la langue française définit ainsi la « synchronicité » : « Principe selon lequel deux ou plusieurs événements psychiques ou physiques qui surviennent sans entretenir entre eux de relation de causalité peuvent être chargés d'un sens identique, et constituer ainsi une coïncidence significative.
« La synchronicité est notamment utilisée pour expliquer des phénomènes tels que la télépathie, la prémonition et la clairvoyance. »