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vendredi 5 avril 2024

Surnager

Je me dis depuis longtemps que je voudrais écrire ici quelques lignes, ne serait-ce que pou indiquer que je suis encore vivant, mais le temps passe si vite ! Chaque jour, peu importe l'état dans lequel je suis, je consacre beaucoup de temps à Rupert, à l'extérieur mais aussi à l'intérieur, pour ses repas, sa toilette... 
 
Les responsabilités accaparent beaucoup du temps où je suis le moindrement fonctionnel. Et les problèmes de santé prennent tout le reste de mon temps, de mes énergies, de mon attention. En fait, il serait plus exact de dire que les problèmes de santé dominent l'essentiel de ma vie et que j'essaie, à travers leurs manifestations, avec beaucoup d'efforts et d'interruptions, de vivre un peu normalement. Je suis généralement épuisé et, certains jours, à l'exception des sorties avec Rupert, je ne parviens pas à faire grand-chose.
 
Si je pouvais au moins de temps à autre me réfugier dans le sommeil, pour tenter d'oublier tout ce qui me dérange, et surtout la frustration de ne pas pouvoir faire ce que je devrais faire (je n'ose plus parler de « ce que j'aimerais faire », car je me demande parfois si j'aime encore quelque chose et si j'aurais encore l'audace d'élaborer des projets), mais mon sommeil est si souvent interrompu qu'il n'est jamais reposant. À certains moments de la journée, j'aurais envie de m'écraser dans un coin et de m'y oublier.
 
Le 5 avril, je ne l'oublierai jamais, c'est l'anniversaire de naissance d'Alexander et, comme je l'avais souligné le 5 avril 2009, l'anniversaire de naissance d'un peintre allemand Franz Pforr qui, sans le savoir, aura joué un rôle important dans ma vie et celle d'Alexander.

mardi 31 janvier 2023

Still alive...

Aux invités qu'elle accueillait et qui lui demandaient comment elle allait, Elisabeth II, reine du Royaume-Uni et de quatorze pays du Commonwealth, répondait encore aux premiers jours du mois de septembre dernier : « Je suis encore vivante. » Elle ne pouvait sans mentir répondre qu'elle se portait très bien, et elle n'avait pas envie, non plus, d'amorcer pour ses invités et pour le monde entier une conversation sur son état de santé. Compte tenu de son grand âge et avec la connaissance qu'elle devait avoir l'état réel de sa santé, elle ne pouvait que répondre avec le sourire qu'elle était toujours vivante. Et l'on ne pouvait que constater sa longévité, et son sens du devoir lui dictant qu'elle devait jusqu'au bout jouer son rôle et assumer ses responsabilités. Et, le 8 septembre, deux jours seulement après avoir officiellement accueilli la nouvelle première ministre Liz Truss, Elisabeth II s'éteignait, « de mort naturelle » ... 

Ces derniers mois, quand on me demande comment je vais, je réponds souvent : « Comme le disait encore Elisabeth II au début du mois de septembre, je suis encore vivant... » Ce n'est pas que j'entrevoie, de cause naturelle ou non, un départ prochain ; mais depuis près d'un an, mon état de santé s'est dégradé au point où je peux difficilement dire que « je vis » : je peux seulement dire que je respire, que j'existe, que je peux avoir l'air de vivre normalement, que je dois continuer de me lever le matin et m'habiller pour sortir avec Rupert trois fois par jour, m'assurer qu'il va bien, qu'il a toujours quelque chose à manger, etc. Cependant, très rares sont les moments où je peux me dire que je suis bien et heureux de vivre ; je continue simplement, par sens des responsabilités envers Rupert, de « jouer le jeu » et de sauver les apparences.

Le 4 avril dernier - la veille du quarantième anniversaire de naissance d'Alexander -, j'avais exposé ici un bref aperçu du recensement de mes misères... La situation a quelque peu évolué depuis, mais pas forcément dans le bon sens. Si certains désagréments ont pratiquement disparu, d'autres ennuis, plus importants, sont survenus au début de l'été dernier, accaparant presque toute mon attention, tout mon temps et toutes mes énergies, me rendant la vie non pas « insupportable » (ce serait exagéré de le dire, il me semble), mais pour le moins inintéressante. La semaine dernière seulement, en trois jours, j'ai dû me rendre à l'hôpital quatre fois, principalement pour y subir des examens dont je devrais obtenir les résultats la semaine prochaine. On a évoqué des infections, la possibilité d'un cancer, etc.

À la clinique de santé familiale où travaille mon médecin, trois personnes (dont mon médecin) s'occupent de moi et font un suivi régulier de mon état de santé. Il y a quelques mois, il a fallu intervenir rapidement et de façon draconienne pour empêcher une dégradation irréversible de ma santé et, depuis, je dois me soumettre à un protocole rigoureux qui n'est pas sans causer de nombreux autres désagréments. En plus de ne pas pouvoir dormir la nuit, par exemple, je suis presque toute la journée atteint de nausées causées par les médicaments, et je suis toujours si fatigué que, lorsque je dois jouer avec Rupert, je n'ai souvent qu'une envie : celle de m'écraser dans un coin et de m'y oublier.

Je ne suis pas très inquiet ni angoissé ; je suis surtout très ennuyé de ne pas pouvoir vivre normalement, de ne pas pouvoir le matin me réjouir du petit déjeuner à prendre, de la journée qui commence, de ne pas pouvoir lire plus de cinq minutes, de ne plus avoir la concentration nécessaire pour écrire cinq phrases consécutives, d'avoir même perdu depuis trop longtemps le goût de la lecture et de l'écriture... Quant à la vie sociale, oublions cela complètement... 

Cela dit, je ne suis pas un inconditionnel de l'astrologie, mais j'ai entendu récemment sur Internet deux ou trois astrologues différents annoncer pour 2023 un très intéressant alignement des planètes pour les natifs du signe de la Vierge dont je suis. Il faudrait, semble-t-il, s'attendre à d'importants changements positifs dans notre vie au cours des prochains mois. Si l'on veut croire à l'existence d'un paradis à la fin de nos jours, pourquoi ne pas croire en attendant à l'annonce de jours meilleurs sur Terre ?

Je vous souhaite une excellente année 2023.

lundi 4 avril 2022

« ... j’avais fait le recensement de mes misères

et je n’attendais de lueur d’espoir de nul horizon… »
Michel Tournier, Le Roi des Aulnes, les écrits sinistres d'Abel Tiffauges.

En relisant ces derniers jours cette citation du Roi des Aulnes, j'ai pensé qu'elle s'appliquait bien à ce qu'est devenue ma vie depuis un an environ mais, pour qu'elle soit plus juste, je devrais la modifier quelque peu, l'actualiser : « ... je fais le recensement de mes misères et je n'attends de lueur d'espoir de nul horizon. »

Contrairement à Abel Tiffauges, cependant, je n'ai pas envie d'entreprendre la rédaction de mes « écrits sinistres » (écrits de la main gauche), pas plus qu'aucun autre journal écrit de la main droite.

J'ai perdu l'habitude et, par conséquent la manière, de parler de moi, que ce soit pour faire « le recensement de mes misères » ou pour partager mes petits bonheurs, au point où je ne sais même plus à quoi pouvaient ressembler ces petits bonheurs.

Bien sûr, comme celle d'à peu près tout le monde sur la Planète, ma vie a été affectée depuis deux ans par la pandémie de COVID-19 et par les mesures sanitaires qui sont venues compliquer grandement la vie sociale. J'aurai été et je continue d'être un bon citoyen, approuvant les mesures sanitaires, respectueux des consignes. Des gens autour de moi, comme partout ailleurs, ont souffert plus que moi des restrictions.... C'est surtout à travers Rupert que j'ai ressenti les effets du confinement : lui et moi passons dehors plusieurs heures chaque jour ; quand sont tombées les consignes de distanciation physique, Rupert a été le premier à en souffrir. Depuis son arrivée dans cette maison, dans ce quartier, il a tellement été habitué à recevoir l'attention de presque tout le monde : les voisins, les gens du quartier, les passants qui se rendaient au travail ou qui en revenaient, les étudiants toujours très expressifs quand ils voyaient Rupert... 

Et, du jour au lendemain, les gens ont presque cessé de circuler ; les personnes que l'on continuait de rencontrer ou qui passaient devant l'immeuble continuaient de nous saluer... à distance, mais ne s'arrêtaient plus pour le caresser ou pour jouer avec lui. Il ne comprenait pas pourquoi on ne s'arrêtait plus pour lui, ce qu'il interprétait comme : « Pourquoi on ne m'aime plus ? ». Il n'a toujours pas compris mais, comme bien d'autres, il s'est résigné. Le temps passé dehors était moins excitant, pour lui comme pour moi et, pour compenser le manque de stimuli, comme il n'était jamais satisfait, jamais comblé, il voulait rester dehors encore, en espérant sans doute que des amis finiraient par arriver. Puisqu'il ne voulait pas jouer, je ne faisais que lui tenir compagnie, en essayant de lui expliquer sans y croire moi-même que, plus tard peut-être, des amis viendraient ; le temps m'a parfois paru bien long même si, au bout du compte, je trouve toujours les journées trop courtes.

Les jours passaient, à peu près tous semblables ; la principale variation concernait les conditions météorologiques : les journées pluvieuses étaient particulièrement longues car Rupert n'aime pas la pluie et, retardant le plus possible le moment d'aller faire ses besoins, étirait encore le temps qu'il fallait rester dehors à regarder passer les quelques personnes qui avaient l'air de conserver un semblant de vie normale. Les jours de canicule, et ils sont nombreux à Montréal, du mois de mai au mois de septembre, c'est moi qui, ne pouvant supporter le soleil et les grandes chaleurs humides, voulais rester à l'ombre le plus possible.

La lumière du soleil m'est devenue particulièrement insupportable après une chirurgie de la cataracte dans chaque œil, à une semaine d'intervalle entre les deux. La première chirurgie a été un succès ; trois ou quatre jours après, à l'exception de la lumière qui m'aveuglait et de l'obligation d'appliquer des gouttes, j'oubliais pratiquement l'opération. Mais la chirurgie du deuxième œil ne s'est pas aussi bien passée ; il m'aura fallu plusieurs mois, presque un an, pour que je cesse d'éprouver la sensation du grain de sable sous la paupière... Moi qui ne portais plus depuis quelques années de lunettes pour corriger la myopie et qui n'ai jamais eu besoin de lunettes pour lire, voilà que je ne voyais plus rien de près : impossible de lire sans les indispensables et désagréables lunettes de lecture. Et comme j'avais toujours d'abondantes larmes dans les yeux, ma vision était en permanence faussée, avec ou sans lunettes. J'ai donc abandonné la lecture, me privant de ce qui avait toujours été pour moi l'un des plus grands, sinon le plus grand plaisir dans la vie...

Puis vinrent les vaccins contre la COVID-19. Je n'ai éprouvé aucune réaction, pas d'effet secondaire à la suite du premier vaccin (Astra Zeneca). Mais, trois mois plus tard, je recevais le deuxième vaccin (Moderna) ; deux jours après cette injection, sans que je comprenne trop pourquoi ni comment, ma vie devenait un enfer. Il m'aura fallu parler à plusieurs personnes pour apprendre que l'un des effets secondaires du vaccin de Moderna était, chez certains (et il devenait évident que j'étais l'un des élus), une hypersensibilité de la peau. Une recherche sur Internet m'a permis de conclure que ma peau réagissait fortement aux acariens. Jour et nuit, mais surtout la nuit puisque j'étais plus ou moins immobile, j'avais la sensation que des bataillons de ces insectes hideux (en regardant des photos prises au microscope car ces arachnides sont invisibles à l'œil nu) parcouraient la surface de mon corps pour en dévorer les peaux mortes. Je n'en dormais pas des nuits et ne cessais de me gratter. Mon médecin, qui n'y croyait pas trop, m'a prescrit des antihistaminiques ; ces jolies petites capsules atténuaient les démangeaisons et me permettaient de dormir, d'autant mieux que ce médicament provoque la somnolence : mes nuits étaient plus calmes. Mais ce médicament a pour effets secondaires de provoquer de la somnolence (ce qui ne cause pas de problème la nuit mais devient plus embêtant durant le jour aux heures où l'on essaie d'être un peu actif et productif) et, ce qui est moins drôle, affecte semble-t-il la mémoire. Sans pour autant décider de ne plus l'utiliser, j'ai cessé depuis quelques semaines de prendre cet antihistaminique.

Les démangeaisons se sont partiellement atténuées mais n'en continuent pas moins, nuit après nuit, de m'empêcher de dormir. Bataillant toutes les nuit, je suis épuisé quand la journée commence et, dès que je peux, entre les longues sorties de Rupert, m'asseoir un moment, je tombe de sommeil.

Quant à ma vision, elle ne s'améliorera pas avec le temps : il faudra que je me résigne à porter des lunettes chaque fois que je voudrai lire quelques mots ou quelques pages, qu'il s'agisse de livres choisis, de ma correspondance quotidienne ou de la liste des ingrédients d'un produit dont j'ai besoin. Mais je ne me suis pas encore habitué, sauf quand je suis assis à mon bureau, à garder sous la main une paire de lunettes. De plus, éprouvant en permanence un sérieux inconfort aux yeux, quelle qu'en soit la cause, j'ai toujours envie de fermer les yeux et, par conséquent, de ne rien faire du peu de temps libre qui me reste. Je ne rêve plus que d'une chose : aller me coucher et essayer de trouver l'oubli dans le sommeil.

Je n'évoquerai pas ici les nombreux changements survenus autour de moi, sur lesquels je n'ai pas vraiment de contrôle, mais qui, s'ajoutant aux petits problèmes décrits ci-dessus, gâchent considérablement ma qualité de vie. S'ajoutent à cela une série de problèmes que je dois régler, dans ma vie personnelle, dans ma vie sociale, pour ce qui en reste, dans mon appartement, et pour la santé et la joie de vivre de Rupert. Mais la quantité de ces petits problèmes m'accable d'autant plus que, pour en régler un certain nombre, je dois respecter une certaine séquence alors que je n'ai pas encore les ressources pour m'attaquer à certaines situations qui ont préséance sur les autres.

Je n'ai pas vraiment fait « le recensement de mes misères » ; il me suffit de les regrouper dans un collectif singulier que, par respect pour ceux qui l'éprouvent vraiment, j'hésite à appeler « ma misère ». Bref, depuis plus d'un an, ma qualité de vie s'est largement dégradée et, comme Abel Tiffauges, je n'attends « de lueur d'espoir de nul horizon ».

lundi 1 janvier 2018

Bonne année 2018 !





Je vous souhaite, je nous souhaite à tous, pour cette nouvelle année, santé, bonheur et prospérité, quelles que soient les formes que puissent prendre pour chacun d'entre vous la concrétisation de ces vœux.

mercredi 31 mai 2017

Avoir peur et haïr

Je n'avais pas l'intention d'en faire un article, mais après avoir rédigé spontanément ce long commentaire en réponse à d'autres commentaires sur la confusion qui existe entre la « peur » et la « haine » lorsqu'on évoque la « phobie », je me suis dit qu'il pourrait être intéressant de connaître le point de vue de mes lecteurs (il doit bien en rester un ou deux) sur la question. Voici donc mon commentaire :

Je ne suis ni linguiste ni « logue » de quelque sorte que ce soit, mais j’ai toujours cru qu’une « phobie » était une peur maladive de quelque chose ; ce n’est pas une peur «normale », mais une peur excessive, qui n’est pas justifiée, qui n’a pas de « raison d’être ». Je ne tenterai pas de comprendre ou d’expliquer sans comprendre ce qu’est une phobie ; le sujet est beaucoup trop complexe, comme le sont les sujets qui en sont atteints…
Mais la peur vient souvent de l’ignorance ou de la méconnaissance : la peur de l’étranger, la peur des homosexuels, etc., vient de ce qu’on ne les connaît pas, qu’on ne sait pas comment ils vont agir ou réagir dans tel ou tel contexte, etc. Ils constituent des « menaces », tout au moins à notre confort intellectuel… Dans le cas des phobies, la « peur » excessive peut ressembler à de la haine (on ne veut pas se retrouver face à ce dont on a peur, donc on fait tout pour le garder à distance, même par des discours ; et pour se donner raison, on « veut faire peur aux autres en essayant de leur transmettre nos « idées » sur ces choses ou sur ces gens dont il faut se tenir éloigné).
Je crois que la « phobie », c’est la peur excessive elle-même ; la haine vient par après, construite sur la peur injustifiée. La peur vient de l’ignorance, alors que la haine est un choix qui découle de sa peur.
Quand on a quelques neurones fonctionnels, on peut vite apprendre à dépasser sa peur, des homosexuels, par exemple, et apprendre à vivre en sachant qu’il y en aura toujours autour de nous, mais sans forcément éprouver de la haine envers eux (vivre et laisser vivre).
La haine n’est pas une réaction saine, équilibrée ; pour moi, la haine est le signe d’un déséquilibre, entretenu… Toute personne qui éprouve de la haine devrait selon moi être « soignée ». (Nous avons au Québec, par exemple, un premier ministre – Couillard – qui éprouve, et s’en vante, de la haine envers les souverainistes québécois ; ce neurochirurgien qui a un temps vendu ses services au gouvernement de l’Arabie Saoudite, devrait vraiment se faire soigner pour la haine qu’il dit éprouver et qu’il exprime publiquement).
Mon chien aboie parfois devant des objets ou des situations qu’il ne connaît pas ; un colis ou un sac qui ne devrait pas être là est une « menace » potentielle, aussi longtemps qu’il n’a pas été rassuré sur sa dangerosité. Mais jamais mon chien n’entretient de « haine » envers qui ou quoi que ce soit… Alors que les humains aiment « jouer » à se faire peur (et à faire peur aux autres) en se créant toutes sortes de scénarios.
On peut craindre et combattre les fanatiques sans nécessairement les détester.
Je crois donc que la « phobie » est la crainte excessive, alors que la haine peut accompagner la phobie mais la haine n’est pas la phobie elle-même…

Pour lire les commentaires qui m'ont inspiré celui-ci, rendez-vous sur le blogue de Dr CaSo

lundi 6 février 2017

Le pistolet sur la tempe...

Je n'ai jamais eu d'enfant, je n'ai jamais été père, au sens où on l'entend généralement. Pourtant la question de la paternité m'a toujours intéressé, plus ou moins consciemment, plus ou moins ouvertement... Serait-ce à cause de ce questionnement, non résolu, que je n'ai jamais fait moi-même ce qu'il fallait pour mettre au monde un enfant de mon sang ? Ou serait-ce plutôt parce que je n'ai jamais participé à la mise au monde d'un enfant que je me suis toujours senti curieux, sensible et vulnérable face à la question de la paternité ? Il est fort possible que la réponse soit beaucoup plus complexe que cela, qu'elle comporte une part de chacune de ces hypothèses, ainsi que d'autres éléments qui ne me sont pas encore venus très clairement à l'esprit.

Je crois que bon nombre d'études scientifiques ont démontré que la plupart des hommes qui deviennent pères ont tendance à reproduire le modèle qu'ils ont eu : le fils reproduit le père... ou bien il se promet d'être tout à fait différent. En ce qui me concerne, sans vouloir par là critiquer mon père, mes parents, je crois que je me suis toujours efforcé, à défaut d'un modèle proche qui me convienne, d'établir avec les autres des relations qui ne correspondent pas à un type en particulier mais qui s'inventent au fur et à mesure qu'elles progressent.

Je ne me souviens plus très précisément, mais je crois avoir déjà écrit dans les pages de ce blogue que, si je n'ai jamais eu d'enfants qui portent mon nom, il m'est arrivé plusieurs fois d'éprouver, dans telle ou telle relation (pas forcément amoureuse, mais avec un fort engagement affectif), des sentiments qui peuvent s'apparenter à ceux qu'éprouve un père pour ses enfants, et même, compte tenu de ma sensibilité, des sentiments que l'on pourrait qualifier de maternels. « Être homme, c'est précisément être responsable », a écrit Saint-Exupéry. Et c'est probablement cette « responsabilité » qui me paraissait primordiale du moment que j'amorçais une relation privilégiée avec un être qui venait vers moi (généralement des êtres plus jeunes que moi, mais la différence d'âge n'était pas toujours si importante). Le besoin de protéger, donc, contre les autres, contres les intempéries, les accidents, les forces du mal, mais aussi le besoin de partager des émotions, des plaisirs, des moments de tendresse et de complicité...

Je suis tombé par hasard sur une phrase d'un roman de Michael Connelly, au sujet de la paternité : « C'est comme d'avoir un pistolet sur la tempe du matin au soir ! » Et j'ai pu ressentir comment il pouvait dire cela : il y a bien sûr dans une relation privilégiée, comme celle d'un père et de son enfant, mais pas uniquement, la conscience presque constante des plaisirs, des joies, des moments de bonheur partagé, mais aussi les craintes, les inquiétudes, la terreur que quelque chose arrive, que l'être aimé en soit atteint ou, pire, nous soit enlevé...

Quelques mois après avoir fait la connaissance d'Alexander, il m'a annoncé qu'il était reçu médecin spécialisé en médecine d'urgence puis, peu de temps après, que son état de santé et sa vie même étaient menacés. Immédiatement, je lui ai exprimé mon soutien, je l'ai assuré de ma présence, de ma confiance, de ma détermination à l'accompagner dans sa guérison... et bien au delà. Malgré tout, j'en ai perdu le sommeil : la menace était bien là, terrible, et cette seule idée avait envahi mon corps, mon sang, mes tripes, comme un venin... J'en avais toujours mal au ventre. Et s'il m'arrivait de dormir quelques minutes, j'étais vite réveillé par un sentiment d'urgence : comment pouvais-je dormir alors que la vie de celui que j'aimais plus que tout au monde était menacée ? Jour et nuit, j'avais le téléphone et l'ordinateur à mes côtés pour être sûr de ne rien manquer si un message arrivait le concernant... Le « pistolet sur la tempe » ne se laissait pas oublier !

Chaque soir, au moment d'éteindre les lampes du salon avant d'aller dormir, je regarde Rupert étiré sur pratiquement toute la longueur du canapé ou, au contraire, ramassé sur lui-même comme un petit lapin ; je l'écoute ronfler, j'admire son total abandon, sa confiance inébranlable en l'ordre des choses, et je suis ému. Mais en me rendant à ma chambre, je ne peux m'empêcher de penser que je suis responsable de ce petit être : il ne faudrait pas qu'il m'arrive quelque chose qui m'empêche de m'occuper de lui. Et, sans trop vouloir y penser, je sais bien que son espérance de vie est assez limitée et qu'un jour, si tout va bien, la vieillesse et ses maux le rattraperont aussi. Et je me demande pourquoi je me suis engagé dans cette relation qui risque de me faire souffrir un jour, mais je ne m'attarde pas trop à ce questionnement : les bonheurs partagés au jour le jour m'apportent aussitôt la réponse. Et je repense à cette citation d'Edmond Rostand qui m'a si souvent accompagné : « C'est la nuit qu'il est beau de croire à la lumière. »

mercredi 13 juillet 2016

L'enfer n'est pas plus chaud...

... que le fond de ma cour !

Image provenant du site de Météomédia

C'est une façon de parler, bien sûr, car je n'ai pas de cour, ni royale, ni avant, ni arrière. Mais cela n'empêche pas que cette chaleur intense est insupportable !
On devrait l'interdire par une loi. Et punir sévèrement les présentateurs de la météo, dans quelque média que ce soit, qui annoncent avec enthousiasme les chaudes journées d'été.

Ce sont ces chaudes journées, toujours trop nombreuses au cours de l'été montréalais, qui me font de plus en plus détester cette saison !

J'en souffre ! Rupert en souffre !
Les personnes malades en souffrent !
Les enfants et les personnes âgées en souffrent ! Etc.

Selon un rapport récemment publié par l’Institut national de santé publique du Québec (INSPQ), la chaleur est un problème de santé publique important au pays. Et l'on dit de nous que nous habitons un pays froid !

Et pourtant, nos « imbéciles heureux » qui n'ont rien de mieux à faire que de se chauffer au soleil en demandent toujours plus. De moins en moins j'ai envie d'avoir des amis parmi ceux qui souhaitent un été chaud. À défaut de temps frais, Rupert et moi allons finir par aimer la solitude.

mardi 10 mai 2016

Émotions !


Il y a près de deux semaines (le 28 avril, précisément), Rupert avait rendez-vous, tôt le matin, à sa clinique vétérinaire, pour y subir une chirurgie que je n'ai pas voulu nommer devant lui. Comme il devait y passer la journée, j'avais apporté de la nourriture pour deux repas, au cas où il aurait envie de manger après l'anesthésie et la chirurgie. Pour éviter qu'il soit trop dépaysé au réveil, j'avais aussi pris l'une de ses couvertures et le t-shirt avec lequel j'avais dormi la nuit précédente.

Pour être sûr d'arriver à temps à son rendez-vous, j'avais appelé un taxi, en précisant que j'étais accompagné d'un jeune chien qui n'était pas petit mais pas gros non plus. Avant même que nous ayons le temps de nous installer, le chauffeur a commencé à être désagréable, en disant par exemple : « Il n'a pas l'air de prendre souvent des taxis, votre chien. » Je lui ai répondu qu'en effet, il ne prenait pas un taxi chaque matin pour aller au bureau, que ce n'était pas la première fois, mais que ce matin-là, il se sentait un peu bousculé et montrait un peu de résistance à monter dans une voiture... Le chauffeur a continué en disant que, normalement, les gens qui ont des chiens ont un petit tapis pour y asseoir l'animal sur la banquette, alors que j'avais Rupert sur mes genoux... Et il continuait ainsi... Il m'arrive rarement de m'impatienter avec des gens qui me servent, mais ce chauffeur commençait drôlement à m'énerver avec ses leçons et ses commentaires. Je lui ai dit que, malgré son jeune âge, Rupert était monté déjà à quelques reprises dans une voiture et que nous n'avions jamais eu affaire à un chauffeur aussi hautain et désagréable, que j'avais précisé que j'aurais un chien avec moi et que s'il n'avait pas envie d'avoir un chien dans sa voiture, il n'avait qu'à laisser quelqu'un d'autre répondre à l'appel. J'ai ajouté que je n'avais jamais eu affaire à un chauffeur aussi grincheux et que la prochaine fois j'appellerais une autre compagnie...

À la clinique, nous avons été accueillis par une jeune technicienne très sympathique qui nous a ouvert la porte (la clinique n'ouvrait qu'une heure plus tard, mais pour la chirurgie, nous avions rendez-vous plus tôt). Elle a pesé Rupert : 19, 6 kilos. Elle m'a fait remplir un petit questionnaire pré-chirurgie, je lui ai laissé Rupert, qui n'a pas fait d'histoire... Elle m'a dit qu'on m'appellerait en après-midi, quand Rupert serait assez bien réveillé pour pouvoir marcher. Je suis rentré chez moi où, voulant profiter de l'absence de Rupert, je m'étais préparé un programme assez chargé pour la journée.

Arrivé à la maison, j'ai trouvé l'appartement si vide, sans âme ! J'avais l'impression d'être abandonné par quelqu'un que j'aimais... J'ai préparé mon petit déjeuner et, avant même que je l'aie terminé, la clinique m'appelait pour me demander, pendant qu'il était encore endormi, la permission d'enlever à Rupert deux dents de lait qui n'étaient pas encore tombées ; permission accordée. Puis, peu de temps après, autre appel de la vétérinaire : en déplaçant Rupert, elle avait entendu un craquement aux hanches ; elle suggérait de faire des radiographies et, donnant encore une fois mon autorisation, même si à chaque appel je sentais s'allonger le montant de la facture... Elle m'a donné rendez-vous au début de l'après-midi pour regarder avec elle les radiographies. Il n'était donc plus question que j'entreprenne quoi que ce soit chez moi, que je n'aurais pas eu le temps de terminer.

En me montrant les radiographies, elle m'expliquait les problèmes d'articulations constatés chez Rupert, qu'il faudrait prévenir l'éleveur de ce défaut congénital, et annonçait la nécessité de procéder assez rapidement à une intervention délicate, au cours de laquelle il faudrait casser des os de Rupert et les ressouder, opération qui ne pouvait être faite que par un chirurgien spécialisé, et dont le coût représentait une importante partie de mon revenu annuel. Je lui ai dit que je n'avais pas cet argent et que, si cette opération devait se faire, je devrais me séparer de Rupert... Elle m'a alors proposé de se renseigner sur les alternatives, sur les modalités de paiement, etc., et qu'elle me rappellerait.

Rupert n'était pas encore très bien réveillé, mais j'ai pu le voir. Je me suis approché de la cage où il dormait sur mon t-shirt, sa couverture près de lui ; en me sentant arriver, il s'est approché et, entre les barreaux, nous avons pu nous faire un baiser... J'étais encore à la réception de la clinique lorsque sa vétérinaire m'a téléphoné pour me transmettre la bonne nouvelle : le chirurgien spécialisé lui a dit que l'opération n'était pas nécessaire, que les radiographies montraient une conformation tout à fait normale chez un bulldog... Ouf ! Mais la vétérinaire et le chirurgien suggéraient de donner dès maintenant à Rupert des suppléments alimentaires (vendus à la clinique au prix du caviar) pour maintenir en bonne santé ses articulations.

Je suis parti pour rentrer chez moi en disant que je reviendrais chercher Rupert à la fin de la journée, car je voulais réaménager son petit parc pour lui faciliter les déplacements après la chirurgie (il devait éviter durant quelques semaines de grimper, de sauter, de trop courir) car, depuis plusieurs semaines, il dort sur le canapé ; en rendant son parc plus accueillant, je pensais qu'il serait heureux de s'y installer. Mais en sortant de la clinique, j'étais épuisé, lessivé ; je cherchais à éviter tout ce qui ressemblait à un drain, une bouche d'égout, car je sentais qu'en passant trop près, je m'y serais coulé pour y disparaître à jamais... Je suis entré dans une rôtisserie pour y manger un sandwich (et rapporter à la maison un poulet déjà bien rôti). Et, avant d'arriver à la maison, je me suis arrêté dans une pâtisserie sympathique pour y prendre un dessert et un café ; sans cela, je ne sais dans quel état je serais rentré chez moi.

Je me suis empressé de réaménager le parc de Rupert et, voyant l'heure passer et ne me sentant pas très fort pour retourner à la clinique y prendre Rupert, j'ai téléphoné en leur demandant de le garder pour la nuit. On me l'avait offert, tout en ajoutant qu'il est préférable que le chien rentre chez lui le jour même, lui évitant un surplus de stress inutile. J'étais bien conscient de ce stress, mais j'en ressentais moi-même une bonne dose, et je craignais de ne pas savoir quoi faire si Rupert se plaignait durant la nuit ; de toute façon, je me sentais si démuni que je n'aurais pas vraiment été d'un grand soutien pour Rupert.

J'ai passé la soirée à travailler sur quelques documents en cours puis, un peu plus tard que d'habitude, je suis allé me coucher, le cœur gros, les yeux au bord des larmes. Rupert me manquait ! Et je me sentais un peu coupable d'avoir laissé porter atteinte à son intégrité. Je me demandais s'il ne me le reprocherait pas dans les jours, les semaines à venir...

Depuis, je veille à ce qu'il n'ouvre pas la cicatrice... J'ai parfois l'impression, lorsqu'il me regarde droit dans les yeux avec un petit air triste qu'il me demande ce qu'il lui est arrivé... Il est de plus en plus affectueux, reste plus souvent près de moi, comme sur la photo ci-dessus où il regarde ce qui se passe sur l'écran de mon ordinateur, et il dort plus souvent à mes pieds lorsque je travaille, comme s'il ne voulait plus me quitter.

samedi 30 avril 2016

« Bien nourri »


Rupert ne cesse de grandir. En quelques semaines, son poids a pratiquement doublé ; en une semaine, il a pris un kilo... Mais, pas plus que moi à son sujet, il n'aime entendre certaines personnes dire qu'il a « grossi », ajoutant parfois avec un sourire en coin : « Il est bien nourri ! ». Il a un très bon caractère et se fiche pas mal de ce que l'on pense de lui ; pour lui, les gens se divisent en deux catégories : ceux qui sont gentils et veulent jouer avec lui et lui faire des câlins, et ceux qui ne sont pas gentils ou qui l'ignorent. Il pourrait y avoir une troisième catégorie, si nécessaire : celle des agresseurs ; ceux-là ont intérêt à se tenir loin car, sous sa peau de gentil toutou qui aime tout le monde et tous les animaux, sommeille un chien de combat redoutable.

D'abord, il ne « grossit » pas : il grandit ; il commence son adolescence et il poursuit sa croissance normale. Et ce n'est pas un chihuahua, c'est un bulldog ! Il appartient à la race « molosse », qui remonte à l'Antiquité et qui fournit à Alexandre le Grand son célèbre Péritas.

Alexander allait très souvent admirer
ce « Péritas » du British Museum

S'il était trop « gros », sa vétérinaire me l'aurait dit. Il suffit de le toucher pour constater que sous sa peau plissée, ce sont des muscles fermes, sans gras superflu. On ne voit pas ses côtes, mais si on le touche, on peut les sentir, signe que son poids est le bon. De nos jours, le terme « gros » est péjoratif ; si vous voulez faire plaisir à quelqu'un que vous aimez, de grâce, évitez de lui dire qu'il ou qu'elle a grossi. Rupert n'est pas gros : sa morphologie est forte ; il est court, massif, solide.

Quant à être « bien nourri », si l'on entend par là que je lui donne beaucoup à manger, n'importe quoi, n'importe quand, on se trompe carrément, comme la plupart des gens qui disent n'importe quoi, ne répétant que les formules toutes faites, incapables d'émettre une idée qui découle d'une réflexion personnelle.

Rupert ne mange chaque jour, selon un horaire régulier, que ses trois repas, trois tasses de croquettes par jour à son âge (je pourrais lui donner la même quantité de nourriture en deux repas seulement, mais comme il a eu déjà de petits problèmes gastriques, j'ai préféré lui faire prendre, pour un certain temps, trois repas au lieu de deux).

Il est « bien nourri », en effet : sa nourriture est la meilleure que l'on puisse trouver : des croquettes « royales » spécialement préparées pour chiots bulldogs, afin de favoriser le bon développement de son cerveau, de ses os, de ses muscles, de ses articulations, de sa peau... En lui donnant dès son enfance une nourriture de la plus grande qualité, adaptée à sa race, à son âge, à sa morphologie, je jette les bases d'une bonne santé. Quand il aura atteint sa maturité, je lui donnerai la même qualité, la même marque de nourriture, mais pour bulldogs adultes, et les portions seront ajustées à son âge.

Entre les repas, il ne reçoit que deux ou trois croquettes, « gâteries » visant à récompenser une bonne action. Et l'os qu'il ronge est très peu calorique : il sert surtout à l'entretien de sa dentition.

Il est hors de question que je lui donne de la nourriture pour les humains. Ces dernières semaines, il a essayé à quelques reprises de « voir » ce que j'avais dans mon assiette, mais il a vite compris que ce n'était pas pour lui, ou plutôt : qu'il n'était pas question qu'il mange à table ou ce que nous mangeons. Il ne revient plus à table.

Notre ami Alistair cuisinait chaque jour pour son bulldog des repas plein de bonnes choses et d'amour. Plus tard, je préparerai peut-être à l'occasion des petits plats pour faire plaisir à Rupert, mais je ne crois pas que cela deviendra une habitude quotidienne, et je ne suis pas convaincu que ce soit mieux pour le chien. À moins que ce ne soit pour contrôler totalement ce qu'absorbe l'animal, comme font certains puristes, dont je ne suis pas, qui veulent composer l'alimentation de leur animal, aliment par aliment. Je veux donner le meilleur possible à mon chien, mais je n'en ferai pas une religion.

Si vous le croisez, ne lui dites pas qu'il a « grossi » : ni lui ni moi ne le prendrons comme un compliment ; si vous y tenez, vous pouvez, bien entendu, dire qu'il a grandi et, comme disent plusieurs de ses admirateurs et admiratrices, qu'il est de plus en plus beau. C'est aussi ce que je constate.

samedi 27 février 2016

Mon chien se prend pour un chat

Rupert grandit... à vue d'œil. En sagesse et en grâce ? Je crois pouvoir répondre par l'affirmative. Il conserve la grâce de sa jeunesse (il est encore un bébé) et il acquiert chaque jour un peu plus de sagesse. Cela ne signifie pas qu'il faille relâcher la garde car il n'a pas encore commencé son adolescence, et il se pourrait bien alors que les bêtises se suivent et s'accumulent sans forcément se ressembler.

J'ai souvent l'occasion de parler avec une jeune fille qui travaille dans un magasin du quartier ; elle a elle-même plusieurs chiens, dont le plus vieux a cinq ans ; les autres sont ses petits. Elle m'explique parfois le comportement de mon chien et me rassure sur le fait que ce qui peut me déranger ne durera pas toujours. Par exemple, il me mord parfois en jouant ; souvent, je dois vite retirer mes doigts, ma main, mon bras, lorsque nous jouons ensemble. Bien sûr, il ne le fait pas de façon volontaire ou agressive ; mais il ne contrôle pas encore son impétuosité. Et j'imagine que, parfois, la morsure légère est une façon de montrer son appréciation (laissez-moi le croire) ; j'ai beau lui expliquer que je préférerais d'autres moyens de m'exprimer son amour (en fait, il en connaît bien d'autres), mais il ne comprend pas encore. Mais quand je raconte à cette jeune fille certaines anecdotes, elle me fait souvent le même commentaire : c'est un chien intelligent ! Je le crois aussi.

Et, cette semaine encore, la vétérinaire me l'a confirmé. Il n'était pas malade, mais c'était la date limite pour un rappel de vaccin : si j'avais dépassé cette date, il aurait fallu recommencer la série. J'ai reporté cette visite autant que j'ai pu car j'avais remarqué que Rupert toussait, et la vétérinaire m'avait dit au téléphone qu'elle ne pourrait pas lui donner un vaccin si son système immunitaire était déjà occupé à combattre un virus. La vétérinaire a fait un examen sommaire (température, cœur, poumons, etc.) et Rupert est en bonne santé. Finalement, ce que j'avais pris pour un rhume ou une bronchite n'était qu'une simple toux normale ; il a donc pu recevoir son vaccin. J'en ai profité pour lui faire donner immédiatement une puce électronique sous-cutanée qui permettra de l'identifier si jamais il se perdait... Tout cela finit par coûter cher, mais « quand on aime on ne compte pas » ; je sais que pour cette première année, une bonne partie de mon budget sera consacrée à Rupert et que je devrai attendre pour acheter des choses pour moi.

Dans la vie de tous les jours, j'ai parfois du mal à retenir mon rire quand je vois comment Rupert agit... Le canapé est une extension de son parc ; il préfère (et je le comprends) faire la sieste, regarder un film ou des vidéos, allongé ou assis sur le canapé et, même si je m'efforce de l'en empêcher, il grimpe souvent sur le dossier de ce canapé en croyant peut-être que si je suis à la cuisine il pourra me voir s'il est plus haut... Pendant quelque temps, il profitait de cette position pour passer sur une table près du canapé ; heureusement, les bibliothèques sont un peu trop loin pour qu'il décide d'y grimper. Et ce qui me rassure, c'est que l'espace entre le plafond et le haut des bibliothèques est trop minime pour qu'il puisse y circuler ; même un chat devrait y rabaisser sa suspension pour y avoir accès. J'imagine qu'au cours des prochaines semaines Rupert comprendra qu'il n'est pas un chat.

lundi 9 février 2015

Le triomphe de la grossièreté et de l'arrogance

Serait-ce Gaétan Barrette, le ministre de la Santé du Québec, célébrant sa « victoire » facile, son coup de force démocratique, faisant adopter sous le bâillon son projet de loi au mépris de tous les intervenants du milieu de la santé et contre les avis éclairés de ceux qui suivent la gestion des affaires publiques ?

Faut-il s'attendre à la révolte des Québécois et à un printemps chaud sous le signe des mouvements de contestation ? Le mépris n'aura qu'un temps !

mercredi 31 décembre 2014

Bonne année 2015



Tous mes vœux les plus cordiaux
à l'occasion de cette nouvelle année.

Que 2015 se déroule dans la paix
dans l'amour, la joie,
sous le signe de la santé.

Osez les plus beaux rêves !
Réalisez-en au moins un !

Bonne année !
  

lundi 21 juillet 2014

Blessé de guerre...

Il y a six semaines, j'ai fait une chute sur le trottoir, dont je me suis relevé aussitôt, sans autre blessure apparente que celle faite à mon orgueil.

Mais dans les jours suivants, j'ai commencé à sentir des douleurs dans la main et le bras droits. Je n'y ai pas accordé trop d'attention car je me disais qu'il était normal que me je sois étiré un muscle en voulant me retenir, et que tout cela passerait rapidement.

Il m'est devenu de plus en plus difficile d'écrire, autant à la main qu'à l'ordinateur. S'il m'arrivait de poursuivre en dépit de la douleur ressentie, je le payais chèrement dans les jours suivants.

Malgré tout, je devais poursuivre ma vie à peu près normalement, à condition de ne pas trop m'attarder à l'ordinateur. J'en étais venu à ne plus trop y penser... sauf, si j'en avais le temps, quand l'envie me prenait d'écrire, que ce soit des notes pour moi-même ou des messages à envoyer à mes amis.

La douleur devenait de plus en plus insistante ; elle se déplaçait de la main à l'épaule et de l'épaule à la main, enrichie de ce qui me semblait du rhumatisme dans les articulations. Pour calmer cette douleur, j'ai commencé à prendre régulièrement, en respectant la posologie, des comprimés d'acétaminophène, et cela jusqu'à vendredi soir dernier... Je me suis levé samedi matin avec une légère nausée, mais avec une douleur au ventre, au foie surtout. Comme je me sentais de moins en moins bien à mesure que la journée avançait, je suis allé faire une recherche rapide sur Internet avec les mots « Tylénol » (marque d'acétaminophène) et « foie ». Je me suis rendu compte que ce médicament que je croyais sans danger peut effectivement empoisonner le foie et conduire rapidement à la mort. (voir Ajout)

Je n'ai pas dépassé la posologie recommandée et je n'ai pas de pathologie particulière qui puisse me rendre plus vulnérable qu'un autre, mais j'étais persuadé que cette forte et persistante douleur au foie était causée par l'acétaminophène. J'ai appelé la ligne d'Info-santé : on m'a posé une longue série de questions, puis on m'a conseillé de cesser de prendre ces comprimés, de surveiller certains symptômes et, si nécessaire, de me rendre directement à l'hôpital.

Il m'a fallu deux jours de jeûne et de repos pour retrouver mon état à peu près normal. Et j'ai téléphoné ce matin à une clinique de médecine sportive où j'avais reçu des traitements il y a quelques années. Mon jeune et séduisant physiothérapeute (kinésithérapeute pour les Européens, ou, plus familièrement « kiné ») ne travaille plus à cette clinique, mais j'ai vite obtenu, grâce à une annulation, un rendez-vous en fin de journée.

J'y ai rencontré une charmante jeune fille, qui s'est très bien occupée de moi. Avec elle, j'ai beaucoup ri, ce qui est déjà le meilleur remède à bien des maux, et j'ai aussi pleuré, ce qui est souvent la conséquence d'autres mots. Elle m'a ordonné de ne rien faire pour aggraver ma situation (muscle déchiré) et, moi dont le seul sport en ce moment consiste à faire l'aller-retour en ascenseur dans mon immeuble de sept étages et à monter et descendre les sept* marches de mon appartement, j'ai la semaine prochaine un autre rendez-vous à la clinique de médecine sportive.

p. s. : Je pensais n'écrire que quelques lignes pour expliquer mon silence et je me suis laissé emporter. Au moins, j'ai fait plus court cette fois-ci que pour les quelques articles racontant mon court séjour à l'hôpital en juillet 2006.

*J'écrirai dans quelques jours un billet sur la présence du chiffre « 7 » dans ma vie.

Ajout du 31 juillet 2014 :  J'ai raconté mon histoire à l'une de mes voisines qui travaille à l'Hôtel-Dieu. Elle me disait qu'en effet, le nombre de suicides au Tylénol est effarant. Très souvent, les malheureux n'en meurent pas immédiatement mais les dommages au foie sont si importants, et irréversibles, qu'ils en meurent dans les jours suivant leur hospitalisation s'ils ne reçoivent pas rapidement une greffe du foie. La semaine dernière, dans son département, il y avait, parmi de nombreuses autres victimes, une femme de 21 ans qui allait mourir dans les heures suivantes si elle ne recevait pas immédiatement une greffe... Et dire qu'une autre voisine m'avait fortement recommandé de ne pas prendre l'antidouleur qu'on m'avait prescrit puisqu'il était « très mauvais pour le foie », me suggérant de prendre plutôt du Tylénol (acétaminophène).

lundi 21 avril 2014

L'amour conditionnel


L'amour inconditionnel, il semble que ce ne soit pas donné à tout le monde de l'éprouver, de le vivre, de le partager. Bien sûr, si je compare à Alexander, la barre est haute, pratiquement impossible à dépasser, même à atteindre.

Je me sens sacrilège d'associer le nom d'Alexander à ce qui suit mais, quand je vois ce genre de choses, je ne peux pas m'empêcher de penser à lui (et en fait, il n'y a vraiment pas grand-chose dans la vie qui, dans mon esprit, ne soit, d'une manière ou d'une autre, associée à Alexander). C'est que, je crois, je vois toute la vie, celle à laquelle j'ai accès de manière concrète ou abstraite, avec le regard d'Alexander en même temps qu'avec le mien. Peut-être qu'au fond, ils ne sont pas distincts l'un de l'autre.


Il y a quelques jours, un petit sondage du journal La Presse, le journal de la bourgeoisie, de la droite (même si bon nombre de leurs lecteurs refusent de se faire identifier à la droite ; ils peuvent le nier autant qu'ils le voudront, la réalité n'en sera pas changée), un petit sondage, donc, demandait aux lecteurs de La Presse, s'ils seraient prêts « à dépenser plusieurs milliers de dollars pour soigner [leur] animal de compagnie ». J'ai eu un choc en regardant les réponses : 83 % des 11 205 répondants (l'image affiche 5846 répondants, mais au final, leur nombre était beaucoup plus élevé, mais le pourcentage le même) disent « NON » ! 

On a beau se dire qu'il s'agit des réponses de lecteurs de droite, les mêmes qui viennent d'élire au Québec le Parti libéral, le plus corrompu que le Québec ait connu depuis bon nombre de décennies, dont la plupart des députés sont ceux dont tout le Québec voulait absolument se débarrasser il y a moins de deux ans, en raison de la corruption, des scandales, des enquêtes policières sur les membres du gouvernement, pour collusion, favoritisme, fraudes et autres choses aussi aimables.

Mais les réponses à ce sondage font lever le coeur. Comment peut-on adopter un animal, prétendre l'aimer et, au moindre ennui de santé, préférer le faire euthanasier (ou pire : le laisser souffrir) plutôt que de lui offrir les soins appropriés. Je ne dis pas que je n'aurais jamais recours à l'euthanasie dans le cas où il n'y aurait vraiment plus d'autre solution. Alexander, comme il l'avait promis à son siamois Harry, était là pour donner lui-même - il était médecin - l'injection fatale quand il est devenu clair que le pauvre Harry avait atteint la limite de sa vie supportable. J'en ai encore les larmes au yeux, la gorge serrée, en pensant qu'au moment où il posait ce geste d'amour ultime, d'amour certes mais absolument déchirant, envers son chat, son compagnon des treize années précédentes, Alexander ne pouvait pas ne pas penser qu'il le rejoindrait peut-être dans peu de temps. Le crabe maudit ne fait pas de discrimination et, trop souvent, il est sans pitié, d'une volonté implacable... Dans une situation comme celle d'Alexander avec son ami Harry, il est certain que je ferais comme lui ; j'essaierais d'assurer le mieux-être de l'animal, la meilleure qualité de vie, tant que cela serait possible. Mais je n'aurais ni les aptitudes ni le courage qu'a eu Alexander envers son ami ; s'il le fallait, je demanderais au vétérinaire de le faire.
Mais je suis choqué du manque de sensibilité de ces lecteurs pour qui « les vraies affaires » (entendons ici les affaires d'« argin », de confort et de biens matériels), passent bien avant, même en théorie, quand la situation ne se présente pas vraiment, bien avant la vie de leur compagnon animal. Choqué, mais au fond, pas surpris. « Plus je vois les hommes et plus j'aime mon chien. »
Ce chien, cet ami qui n'est pas encore là, fait de plus en plus sa place chez moi, concrètement car j'essaie de lui aménager de l'espace où il sera heureux ; quant à sa place dans mon coeur, elle est acquise depuis bien longtemps et elle y restera toujours, même si les circonstances devaient faire que cet ami ne s'installe jamais chez moi. Chaque jour, je consulte les naissances chez les éleveurs de bulldogs ; je leur écris, j'accumule de grandes quantités de renseignements bien concrets, en plus de lire tous les livres que je peux trouver sur les chiens en général, et sur les bulldogs en particulier. J'ai même commencé à lui acheter des jouets.

vendredi 9 mars 2012

Pour Maurice

Ce n'est pas le vrai Maurice mais une photo trouvée sur Internet

Depuis plus d'une semaine, notre ami Alexander le Gallois et son inséparable Maurice sont malheureux. Maurice souffre d'une infection qui ne semble pas vouloir guérir en dépit des traitements et des soins attentifs que lui prodigue son ami. Le grand chien, qui accompagne habituellement partout son ami, ne l'accompagne plus lorsqu'il va donner ses cours dans une université de Londres. Il avait pris l'habitude d'assister chaque jour aux cours, comme s'il était son meilleur étudiant. Il aimait recevoir l'affection, les câlins, des étudiants, des autres professeurs et du personnel de l'université. Mais ses traitements le fatiguent, et il ne comprend pas que, depuis qu'il est malade, les gens sont moins empressés de lui témoigner de l'affection. Notre ami gallois a donc décidé de laisser Maurice se reposer à l'appartement pendant qu'il va donner ses cours. Mais les amis sont tous deux tristes de cette situation. Et notre ami est anxieux car, ce vendredi, il a rendez-vous chez le vétérinaire et il appréhende les résultats des analyses...
Il y a quelques semaines, notre ami gallois avait été invité par une université parisienne pour discuter de cours qu'il pourrait y donner. Il se demandait s'il avait vraiment envie de quitter Londres pour s'installer à Paris... Mais au cours de l'entretien qu'il a eu avec des responsables de la faculté, il a vite conclu qu'il ne quitterait pas Londres. Lorsqu'il a évoqué son ami Maurice, qui l'accompagnerait, l'un des responsables de la faculté, avec l'amabilité que peuvent avoir certains Parisiens parfois, lui a lancé sur le ton que l'on peut bien deviner (et ce n'est même pas la pire des insultes qu'il a proférées durant cet entretien) : « Si c'est ainsi, allez donc enseigner dans un zoo votre langue de barbare ! »
Inutile de dire que notre ami Gallois a choisi Londres et Maurice... Il ira tout de même deux fois par mois donner un cours à Paris mais, aussitôt son cours terminé, il reprendra l'Eurostar pour rentrer chez lui et retrouver Maurice.
Toute la semaine, j'ai allumé des bougies pour la santé de Maurice et la sérénité de son ami. Je croise les doigts pour que, au cours des prochaines heures, le vétérinaire ait de bonnes nouvelles à leur donner.

Ajout - vendredi midi :  Le rendez-vous chez le vétérinaire s'est très bien passé (on les a même confortablement installés et on leur a servi le thé, le temps de se remettre de leurs émotions) et, au grand soulagement de tout le monde, les nouvelles sont bonnes. Il n'y a pas de cellules cancéreuses. Même si la guérison ne semble pas évidente, les traitements poursuivent leur action et la guérison progresse ; ce n'est qu'une question de temps avant que Maurice soit complètement rétabli.
Ils sont rentrés à la maison beaucoup plus légers et joyeux qu'au départ. Après une sieste méritée et un peu de lecture au lit (notre ami gallois lit un roman de Michel del Castillo, pendant que Maurice lit le dernier catalogue de jouets Kong), ils iront tous deux faire une promenade en ville et s'arrêteront ensuite dans un tout petit nouveau restaurant pour y déguster des sushis.

lundi 20 juin 2011

Rendez-vous manqués

J'avais l'intention d'écrire un billet pour souligner, ce dimanche, la fête des Pères mais, vraiment, je n'étais pas inspiré. Je n'aurais pu que rappeler cette fête du 15 juin 2008, la première que j'aie soulignée avec Alexander, sans savoir qu'elle serait aussi la dernière. Je retiens principalement l'amour d'Alexander pour son père, la fidélité envers ceux qu'il aime. Je suis encore très ému en pensant que, sur la tombe de son père, Alexander lui avait parlé de moi ; il m'avait dit au retour que son père approuvait son choix car il voulait d'abord que son fils soit heureux et qu'il était persuadé qu'il le serait avec moi.

J'ai été tenté de rédiger quelques lignes pour évoquer notre dernière conversation en direct, le 20 juin 2009, sans savoir qu'elle serait la dernière, mais c'est encore trop douloureux. Non que la conversation elle-même ait été difficile ; ce qui fait si mal c'est de penser que nous avions mis fin à cette conversation, persuadés que nous allions la poursuivre le lendemain, le surlendemain, les jours, les semaines, les mois suivants... Le dialogue s'est poursuivi jusqu'au 7 juillet, mais pas directement : Docteur Jane lui imprimait les longs messages que je lui écrivais quelques fois par jour, accompagnés toujours d'une rose virtuelle et, souvent, de photos que je prenais au cours de mes promenades et qui le faisaient rêver à sa venue à Montréal. Chaque jour, plusieurs fois par jour à l'occasion, Docteur Jane me rédigeait ses réponses et me donnait des nouvelles de toute notre petite famille.

Je ne peux pas oublier non plus qu'un autre Alexander, qui connaissait notre Petit Prince, m'écrivait l'année dernière à cette date pour me dire qu'il allait subir une opération et qu'il ne pourrait pas m'écrire durant quelques semaines. Je n'ai pas de nouvelles depuis. Chaque jour, je pense aussi à lui, à son ami Maurice.

Je m'inquiète au sujet de la santé de personnes que j'aime. Je crois que je devrais aussi commence à m'inquiéter au sujet de ma propre situation.

lundi 21 juin 2010

Coeur de Petit Prince, courage de dragon...

Un ami gallois, qui vit à Londres une bonne partie de l'année, doit subir mardi ou mercredi une intervention chirurgicale dont il se passerait volontiers.

Il ne s'agit pas du prince de Galles, mais A. est aussi un Petit Prince, un ami digne d'Alexander - Jane en est aussi persuadée. Ils ont bien des choses en commun, dont la sensibilité, la ferveur, la générosité, la poésie dans tout ce qu'ils font, dans tout ce qu'ils sont.


Comme le souligne l'hymne national gallois, ce territoire est un pays de liberté, terre de poètes, de troubadours et de braves patriotes. « O bydded i'r hen iaith barhau » (vous aurez tous compris : « Que la langue ancienne se perpétue » aussi longtemps que la mer constituera l'un des murs de ce pays magnifique). Grâce à cet ami, la langue du pays de Galles se perpétue ; il y contribue de tout son coeur.

A. ne pourra pas voir en même temps que moi, mercredi, le match de la Coupe du Monde que l'Angleterre remportera, mais je le regarderai pour lui, avec la même attention, avec une ferveur s'approchant de la sienne.

Soyez fort et courageux comme vous avez a su l'être jusqu'à maintenant, cher A. Je suis avec vous de tout mon coeur et j'attendrai votre retour et votre rétablissement avec la même impatience que celle de votre fidèle ami et compagnon canin, Maurice, au regard si doux.

lundi 6 avril 2009

Arrabiata


Je ne suis pas particulièrement amateur de cuisine fortement épicée, qu'elle soit chinoise, mexicaine, thaïlandaise... Quand je vais manger au restaurant, je n'y vais pas forcément en compagnie d'un pompier ; je ne m'attends donc pas à avoir la bouche en feu. Il m'arrive cependant, sans nécessairement rechercher les plats les plus épicés, de manger des plats qui réchauffent ; au restaurant chinois près de chez moi, par exemple (ce sont des Chinois francophones, venus de Paris où les parents s'étaient établis il y a longtemps), j'aime commander une soupe fortement aromatisée au basilic et assaisonnée au gingembre et à je ne sais quelle autre épice. C'est une excellente soupe à commander l'hiver ou l'automne quand il fait froid ; en quelques minutes, elle nous fait transpirer. Je ne la choisis pas nécessairement pour son caractère fortement épicé mais pour le goût de basilic et de gingembre.

Puisque le printemps est dans l'air, j'ai décidé ces jours-ci de stimuler mon organisme avec des jus de légumes que l'on ne boit pas forcément tous les jours, en ajoutant aux légumes divers assaisonnements toniques.

Pauvre en glucides et malgré son goût sucré, la betterave apporte peu de calories ; elle contient, comme la carotte, surtout du potassium et, en quantité moindre, du magnésium ; la carotte fournit en plus la carotène dont nous avons besoin en anti-oxydants. J'ai donc mis dans mon mélangeur trois ou quatre betteraves de grosseur moyenne, une carotte, une pomme, une poire, trois gousses d'ail, une racine de gingembre, un peu d'huile d'olive, un peu d'eau afin d'obtenir un jus que je pourrais boire ; à la toute fin, j'ai voulu ajouter du poivre de cayenne qui, avec la betterave, le gingembre et l'ail, ferait réchauffer le sang et favoriser la circulation tout en éliminant le cholestérol. J'avais acheté le jour même un flacon de poivre de cayenne, que je n'avais pas encore eu le temps d'utiliser. Au moment d'ajouter le poivre de cayenne, le bouchon est tombé et avec lui quelques cuillérées de poivre ; comme tout cela est tombé dans le jus, il n'était pas question de retirer la poudre de cayenne (ça m'apprendra à mesurer les quantités dans des contenants vides avant de les ajouter à mes préparations).

Je savais bien que ce serait pour le moins épicé mais je n'avais pas envie de jeter mon jus de légumes que je m'étais donné tant de mal à préparer. Prenant mon courage d'une main et un morceau de fromage de l'autre, j'ai pris rapidement quelques gorgées de jus épicé, en prenant soin d'éteindre le feu avec une bouchée de fromage (il faut éviter de boire de l'eau quand une épice nous brûle la bouche ; l'eau ne fait que répandre plus encore l'épice dans la bouche).

En comparaison avec mon jus de légumes tonique, les pâtes all'arrabiata (« à l'enragée »), fortement assaisonnée de chili ou de pili-pili, sont comme un dessert à la crème.

jeudi 19 mars 2009

L'infaillibilité en question

Caricature : Serge Chapleau, Cyberpresse

Si l'on observe quelque peu ce qui se passe du côté du Vatican ces derniers mois, on serait porté à croire que le pape est devenu gâteux. L'Église catholique et le pape ont abondamment alimenté la polémique un peu partout dans le monde, grâce à la réintégration controversée d'évêques excommuniés, à l'appui à l'archevêque brésilien qui a excommunié la famille et l'équipe médicale d'une fillette de neuf ans à qui on a fait un avortement, comme le prévoit la loi brésilienne dans des cas semblables, car elle était enceinte des oeuvres de son beau-père qui la violait depuis qu'elle avait six ans.

Plus récemment, à son arrivée au Cameroun où il était attendu par une population catholique, probablement la seule au monde qui a connu une croissance ces dernières années, le pape a déclaré que, loin de protéger contre la propagation du sida, le préservatif aggravait le problème. Quand on connaît le taux de propagation du sida en Afrique (je crois que c'est 8 000 personnes qui chaque jour y meurent du sida), quand on connaît les efforts des équipes médicales et d'autres organisations pour sensibiliser la population aux moyens d'enrayer la propagation du sida, notamment par l'utilisation du préservatif, on se dit d'abord que les propos du pape sont irresponsables et dangereux.

Si le pape était gâteux, on pourrait comprendre et souhaiter que son entourage veille désormais à l'enfermer dans ses appartements en évitant de lui mettre un micro sous le nez afin de réduire les chances qu'il continue de dire des bêtises. Mais, hélas, ces propos ne sont pas nouveaux ; ils reflètent la position de l'Église catholique. Le prédécesseur de Benoît XVI disait la même chose ; Jean-Paul II soulevait peut-être moins de controverses (il en soulevait tout de même) car il était un très grand communicateur et son message, aussi irresponsable quant au contenu, insultait moins l'intelligence par sa forme.

S'il s'agissait d'une étourderie, on se dirait que Benoît XVI est un peu con ! Mais comme il s'agit de la position officielle de l'Église et comme les populations catholiques africaines écouteront sagement leur guide spirituel, on peut dire que les propos de Benoit XVI, comme ceux de Jean-Paul II sur ce point, sont carrément criminels. Ces propos viennent en effet démolir le travail d'éducation qu'ont pu faire les organisations de la santé et de lutte contre le sida. Et si Benoît XVI ne connaît pas les conséquences de ses propos qui, dans un autre contexte, seraient considérés comme une incitation au génocide, il appartient à ses conseillers de l'en informer.

J'entendais hier des évêques parisiens dire qu'on avait mal compris, qu'on n'avait pas bien compris le message du pape. Si Benoît XVI était un petit prêtre de province, je pourrais comprendre que son message soit maladroitement exprimé ; le pape peut être personnellement maladroit, mais lorsqu'il exprime la position de l'Église, il n'a pas le droit à l'erreur.

Comme Benoît XVI était déjà fortement, avant d'être pape, derrière la doctrine que répandait Jean-Paul II, il n'est pas étonnant que ses positions soient aussi peu adaptées au monde moderne dans lequel nous vivons. Si Jésus devait revenir sur Terre, il ne reconnaîtrait certainement pas son Église dans la façon dont une bande de vieillards complètement coupés du monde répand la Bonne Nouvelle. Où est passé l'amour ? où sont passées la charité, la compassion ? Quand le monde entier s'indigne des propos de son chef, l'Église catholique devrait se poser des questions ? Si cela avait un sens, il faudrait faire comme ce prêtre français de 81 ans, dont j'oublie le nom et qui, ayant honte des propos du pape l'a tout simplement « excommunié » en ne prononçant plus son nom dans ses prières.

lundi 9 mars 2009

Pour celui que j'aime...


C'est aujourd'hui une étape importante
pour la santé de celui que j'aime.


On attend énormément d'un traitement
qu'il doit recevoir ce matin.


Toute énergie positive,
toutes les pensées de guériso
n,
toutes les prières sont les bienvenues.