vendredi 5 avril 2024
Surnager
mardi 31 janvier 2023
Still alive...
Aux invités qu'elle accueillait et qui lui demandaient comment elle allait, Elisabeth II, reine du Royaume-Uni et de quatorze pays du Commonwealth, répondait encore aux premiers jours du mois de septembre dernier : « Je suis encore vivante. » Elle ne pouvait sans mentir répondre qu'elle se portait très bien, et elle n'avait pas envie, non plus, d'amorcer pour ses invités et pour le monde entier une conversation sur son état de santé. Compte tenu de son grand âge et avec la connaissance qu'elle devait avoir l'état réel de sa santé, elle ne pouvait que répondre avec le sourire qu'elle était toujours vivante. Et l'on ne pouvait que constater sa longévité, et son sens du devoir lui dictant qu'elle devait jusqu'au bout jouer son rôle et assumer ses responsabilités. Et, le 8 septembre, deux jours seulement après avoir officiellement accueilli la nouvelle première ministre Liz Truss, Elisabeth II s'éteignait, « de mort naturelle » ...
Ces derniers mois, quand on me demande comment je vais, je réponds souvent : « Comme le disait encore Elisabeth II au début du mois de septembre, je suis encore vivant... » Ce n'est pas que j'entrevoie, de cause naturelle ou non, un départ prochain ; mais depuis près d'un an, mon état de santé s'est dégradé au point où je peux difficilement dire que « je vis » : je peux seulement dire que je respire, que j'existe, que je peux avoir l'air de vivre normalement, que je dois continuer de me lever le matin et m'habiller pour sortir avec Rupert trois fois par jour, m'assurer qu'il va bien, qu'il a toujours quelque chose à manger, etc. Cependant, très rares sont les moments où je peux me dire que je suis bien et heureux de vivre ; je continue simplement, par sens des responsabilités envers Rupert, de « jouer le jeu » et de sauver les apparences.
Le 4 avril dernier - la veille du quarantième anniversaire de naissance d'Alexander -, j'avais exposé ici un bref aperçu du recensement de mes misères... La situation a quelque peu évolué depuis, mais pas forcément dans le bon sens. Si certains désagréments ont pratiquement disparu, d'autres ennuis, plus importants, sont survenus au début de l'été dernier, accaparant presque toute mon attention, tout mon temps et toutes mes énergies, me rendant la vie non pas « insupportable » (ce serait exagéré de le dire, il me semble), mais pour le moins inintéressante. La semaine dernière seulement, en trois jours, j'ai dû me rendre à l'hôpital quatre fois, principalement pour y subir des examens dont je devrais obtenir les résultats la semaine prochaine. On a évoqué des infections, la possibilité d'un cancer, etc.
À la clinique de santé familiale où travaille mon médecin, trois personnes (dont mon médecin) s'occupent de moi et font un suivi régulier de mon état de santé. Il y a quelques mois, il a fallu intervenir rapidement et de façon draconienne pour empêcher une dégradation irréversible de ma santé et, depuis, je dois me soumettre à un protocole rigoureux qui n'est pas sans causer de nombreux autres désagréments. En plus de ne pas pouvoir dormir la nuit, par exemple, je suis presque toute la journée atteint de nausées causées par les médicaments, et je suis toujours si fatigué que, lorsque je dois jouer avec Rupert, je n'ai souvent qu'une envie : celle de m'écraser dans un coin et de m'y oublier.
Je ne suis pas très inquiet ni angoissé ; je suis surtout très ennuyé de ne pas pouvoir vivre normalement, de ne pas pouvoir le matin me réjouir du petit déjeuner à prendre, de la journée qui commence, de ne pas pouvoir lire plus de cinq minutes, de ne plus avoir la concentration nécessaire pour écrire cinq phrases consécutives, d'avoir même perdu depuis trop longtemps le goût de la lecture et de l'écriture... Quant à la vie sociale, oublions cela complètement...
Cela dit, je ne suis pas un inconditionnel de l'astrologie, mais j'ai entendu récemment sur Internet deux ou trois astrologues différents annoncer pour 2023 un très intéressant alignement des planètes pour les natifs du signe de la Vierge dont je suis. Il faudrait, semble-t-il, s'attendre à d'importants changements positifs dans notre vie au cours des prochains mois. Si l'on veut croire à l'existence d'un paradis à la fin de nos jours, pourquoi ne pas croire en attendant à l'annonce de jours meilleurs sur Terre ?
Je vous souhaite une excellente année 2023.
lundi 4 avril 2022
« ... j’avais fait le recensement de mes misères
et je n’attendais de lueur d’espoir de nul horizon… »
Michel Tournier, Le Roi des Aulnes, les écrits sinistres d'Abel Tiffauges.
En relisant ces derniers jours cette citation du Roi des Aulnes, j'ai pensé qu'elle s'appliquait bien à ce qu'est devenue ma vie depuis un an environ mais, pour qu'elle soit plus juste, je devrais la modifier quelque peu, l'actualiser : « ... je fais le recensement de mes misères et je n'attends de lueur d'espoir de nul horizon. »
Contrairement à Abel Tiffauges, cependant, je n'ai pas envie d'entreprendre la rédaction de mes « écrits sinistres » (écrits de la main gauche), pas plus qu'aucun autre journal écrit de la main droite.
J'ai perdu l'habitude et, par conséquent la manière, de parler de moi, que ce soit pour faire « le recensement de mes misères » ou pour partager mes petits bonheurs, au point où je ne sais même plus à quoi pouvaient ressembler ces petits bonheurs.
Bien sûr, comme celle d'à peu près tout le monde sur la Planète, ma vie a été affectée depuis deux ans par la pandémie de COVID-19 et par les mesures sanitaires qui sont venues compliquer grandement la vie sociale. J'aurai été et je continue d'être un bon citoyen, approuvant les mesures sanitaires, respectueux des consignes. Des gens autour de moi, comme partout ailleurs, ont souffert plus que moi des restrictions.... C'est surtout à travers Rupert que j'ai ressenti les effets du confinement : lui et moi passons dehors plusieurs heures chaque jour ; quand sont tombées les consignes de distanciation physique, Rupert a été le premier à en souffrir. Depuis son arrivée dans cette maison, dans ce quartier, il a tellement été habitué à recevoir l'attention de presque tout le monde : les voisins, les gens du quartier, les passants qui se rendaient au travail ou qui en revenaient, les étudiants toujours très expressifs quand ils voyaient Rupert...
Et, du jour au lendemain, les gens ont presque cessé de circuler ; les personnes que l'on continuait de rencontrer ou qui passaient devant l'immeuble continuaient de nous saluer... à distance, mais ne s'arrêtaient plus pour le caresser ou pour jouer avec lui. Il ne comprenait pas pourquoi on ne s'arrêtait plus pour lui, ce qu'il interprétait comme : « Pourquoi on ne m'aime plus ? ». Il n'a toujours pas compris mais, comme bien d'autres, il s'est résigné. Le temps passé dehors était moins excitant, pour lui comme pour moi et, pour compenser le manque de stimuli, comme il n'était jamais satisfait, jamais comblé, il voulait rester dehors encore, en espérant sans doute que des amis finiraient par arriver. Puisqu'il ne voulait pas jouer, je ne faisais que lui tenir compagnie, en essayant de lui expliquer sans y croire moi-même que, plus tard peut-être, des amis viendraient ; le temps m'a parfois paru bien long même si, au bout du compte, je trouve toujours les journées trop courtes.
Les jours passaient, à peu près tous semblables ; la principale variation concernait les conditions météorologiques : les journées pluvieuses étaient particulièrement longues car Rupert n'aime pas la pluie et, retardant le plus possible le moment d'aller faire ses besoins, étirait encore le temps qu'il fallait rester dehors à regarder passer les quelques personnes qui avaient l'air de conserver un semblant de vie normale. Les jours de canicule, et ils sont nombreux à Montréal, du mois de mai au mois de septembre, c'est moi qui, ne pouvant supporter le soleil et les grandes chaleurs humides, voulais rester à l'ombre le plus possible.
La lumière du soleil m'est devenue particulièrement insupportable après une chirurgie de la cataracte dans chaque œil, à une semaine d'intervalle entre les deux. La première chirurgie a été un succès ; trois ou quatre jours après, à l'exception de la lumière qui m'aveuglait et de l'obligation d'appliquer des gouttes, j'oubliais pratiquement l'opération. Mais la chirurgie du deuxième œil ne s'est pas aussi bien passée ; il m'aura fallu plusieurs mois, presque un an, pour que je cesse d'éprouver la sensation du grain de sable sous la paupière... Moi qui ne portais plus depuis quelques années de lunettes pour corriger la myopie et qui n'ai jamais eu besoin de lunettes pour lire, voilà que je ne voyais plus rien de près : impossible de lire sans les indispensables et désagréables lunettes de lecture. Et comme j'avais toujours d'abondantes larmes dans les yeux, ma vision était en permanence faussée, avec ou sans lunettes. J'ai donc abandonné la lecture, me privant de ce qui avait toujours été pour moi l'un des plus grands, sinon le plus grand plaisir dans la vie...
Puis vinrent les vaccins contre la COVID-19. Je n'ai éprouvé aucune réaction, pas d'effet secondaire à la suite du premier vaccin (Astra Zeneca). Mais, trois mois plus tard, je recevais le deuxième vaccin (Moderna) ; deux jours après cette injection, sans que je comprenne trop pourquoi ni comment, ma vie devenait un enfer. Il m'aura fallu parler à plusieurs personnes pour apprendre que l'un des effets secondaires du vaccin de Moderna était, chez certains (et il devenait évident que j'étais l'un des élus), une hypersensibilité de la peau. Une recherche sur Internet m'a permis de conclure que ma peau réagissait fortement aux acariens. Jour et nuit, mais surtout la nuit puisque j'étais plus ou moins immobile, j'avais la sensation que des bataillons de ces insectes hideux (en regardant des photos prises au microscope car ces arachnides sont invisibles à l'œil nu) parcouraient la surface de mon corps pour en dévorer les peaux mortes. Je n'en dormais pas des nuits et ne cessais de me gratter. Mon médecin, qui n'y croyait pas trop, m'a prescrit des antihistaminiques ; ces jolies petites capsules atténuaient les démangeaisons et me permettaient de dormir, d'autant mieux que ce médicament provoque la somnolence : mes nuits étaient plus calmes. Mais ce médicament a pour effets secondaires de provoquer de la somnolence (ce qui ne cause pas de problème la nuit mais devient plus embêtant durant le jour aux heures où l'on essaie d'être un peu actif et productif) et, ce qui est moins drôle, affecte semble-t-il la mémoire. Sans pour autant décider de ne plus l'utiliser, j'ai cessé depuis quelques semaines de prendre cet antihistaminique.
Les démangeaisons se sont partiellement atténuées mais n'en continuent pas moins, nuit après nuit, de m'empêcher de dormir. Bataillant toutes les nuit, je suis épuisé quand la journée commence et, dès que je peux, entre les longues sorties de Rupert, m'asseoir un moment, je tombe de sommeil.
Quant à ma vision, elle ne s'améliorera pas avec le temps : il faudra que je me résigne à porter des lunettes chaque fois que je voudrai lire quelques mots ou quelques pages, qu'il s'agisse de livres choisis, de ma correspondance quotidienne ou de la liste des ingrédients d'un produit dont j'ai besoin. Mais je ne me suis pas encore habitué, sauf quand je suis assis à mon bureau, à garder sous la main une paire de lunettes. De plus, éprouvant en permanence un sérieux inconfort aux yeux, quelle qu'en soit la cause, j'ai toujours envie de fermer les yeux et, par conséquent, de ne rien faire du peu de temps libre qui me reste. Je ne rêve plus que d'une chose : aller me coucher et essayer de trouver l'oubli dans le sommeil.
Je n'évoquerai pas ici les nombreux changements survenus autour de moi, sur lesquels je n'ai pas vraiment de contrôle, mais qui, s'ajoutant aux petits problèmes décrits ci-dessus, gâchent considérablement ma qualité de vie. S'ajoutent à cela une série de problèmes que je dois régler, dans ma vie personnelle, dans ma vie sociale, pour ce qui en reste, dans mon appartement, et pour la santé et la joie de vivre de Rupert. Mais la quantité de ces petits problèmes m'accable d'autant plus que, pour en régler un certain nombre, je dois respecter une certaine séquence alors que je n'ai pas encore les ressources pour m'attaquer à certaines situations qui ont préséance sur les autres.
Je n'ai pas vraiment fait « le recensement de mes misères » ; il me suffit de les regrouper dans un collectif singulier que, par respect pour ceux qui l'éprouvent vraiment, j'hésite à appeler « ma misère ». Bref, depuis plus d'un an, ma qualité de vie s'est largement dégradée et, comme Abel Tiffauges, je n'attends « de lueur d'espoir de nul horizon ».
lundi 1 janvier 2018
Bonne année 2018 !
mercredi 31 mai 2017
Avoir peur et haïr
Pour lire les commentaires qui m'ont inspiré celui-ci, rendez-vous sur le blogue de Dr CaSo
lundi 6 février 2017
Le pistolet sur la tempe...
mercredi 13 juillet 2016
L'enfer n'est pas plus chaud...
mardi 10 mai 2016
Émotions !
Depuis, je veille à ce qu'il n'ouvre pas la cicatrice... J'ai parfois l'impression, lorsqu'il me regarde droit dans les yeux avec un petit air triste qu'il me demande ce qu'il lui est arrivé... Il est de plus en plus affectueux, reste plus souvent près de moi, comme sur la photo ci-dessus où il regarde ce qui se passe sur l'écran de mon ordinateur, et il dort plus souvent à mes pieds lorsque je travaille, comme s'il ne voulait plus me quitter.
samedi 30 avril 2016
« Bien nourri »
S'il était trop « gros », sa vétérinaire me l'aurait dit. Il suffit de le toucher pour constater que sous sa peau plissée, ce sont des muscles fermes, sans gras superflu. On ne voit pas ses côtes, mais si on le touche, on peut les sentir, signe que son poids est le bon. De nos jours, le terme « gros » est péjoratif ; si vous voulez faire plaisir à quelqu'un que vous aimez, de grâce, évitez de lui dire qu'il ou qu'elle a grossi. Rupert n'est pas gros : sa morphologie est forte ; il est court, massif, solide.
Quant à être « bien nourri », si l'on entend par là que je lui donne beaucoup à manger, n'importe quoi, n'importe quand, on se trompe carrément, comme la plupart des gens qui disent n'importe quoi, ne répétant que les formules toutes faites, incapables d'émettre une idée qui découle d'une réflexion personnelle.
Entre les repas, il ne reçoit que deux ou trois croquettes, « gâteries » visant à récompenser une bonne action. Et l'os qu'il ronge est très peu calorique : il sert surtout à l'entretien de sa dentition.
Notre ami Alistair cuisinait chaque jour pour son bulldog des repas plein de bonnes choses et d'amour. Plus tard, je préparerai peut-être à l'occasion des petits plats pour faire plaisir à Rupert, mais je ne crois pas que cela deviendra une habitude quotidienne, et je ne suis pas convaincu que ce soit mieux pour le chien. À moins que ce ne soit pour contrôler totalement ce qu'absorbe l'animal, comme font certains puristes, dont je ne suis pas, qui veulent composer l'alimentation de leur animal, aliment par aliment. Je veux donner le meilleur possible à mon chien, mais je n'en ferai pas une religion.
samedi 27 février 2016
Mon chien se prend pour un chat
lundi 9 février 2015
Le triomphe de la grossièreté et de l'arrogance
mercredi 31 décembre 2014
Bonne année 2015
lundi 21 juillet 2014
Blessé de guerre...
*J'écrirai dans quelques jours un billet sur la présence du chiffre « 7 » dans ma vie.
lundi 21 avril 2014
L'amour conditionnel
vendredi 9 mars 2012
Pour Maurice
Ajout - vendredi midi : Le rendez-vous chez le vétérinaire s'est très bien passé (on les a même confortablement installés et on leur a servi le thé, le temps de se remettre de leurs émotions) et, au grand soulagement de tout le monde, les nouvelles sont bonnes. Il n'y a pas de cellules cancéreuses. Même si la guérison ne semble pas évidente, les traitements poursuivent leur action et la guérison progresse ; ce n'est qu'une question de temps avant que Maurice soit complètement rétabli.
Ils sont rentrés à la maison beaucoup plus légers et joyeux qu'au départ. Après une sieste méritée et un peu de lecture au lit (notre ami gallois lit un roman de Michel del Castillo, pendant que Maurice lit le dernier catalogue de jouets Kong), ils iront tous deux faire une promenade en ville et s'arrêteront ensuite dans un tout petit nouveau restaurant pour y déguster des sushis.
lundi 20 juin 2011
Rendez-vous manqués
lundi 21 juin 2010
Coeur de Petit Prince, courage de dragon...
Il ne s'agit pas du prince de Galles, mais A. est aussi un Petit Prince, un ami digne d'Alexander - Jane en est aussi persuadée. Ils ont bien des choses en commun, dont la sensibilité, la ferveur, la générosité, la poésie dans tout ce qu'ils font, dans tout ce qu'ils sont.

Comme le souligne l'hymne national gallois, ce territoire est un pays de liberté, terre de poètes, de troubadours et de braves patriotes. « O bydded i'r hen iaith barhau » (vous aurez tous compris : « Que la langue ancienne se perpétue » aussi longtemps que la mer constituera l'un des murs de ce pays magnifique). Grâce à cet ami, la langue du pays de Galles se perpétue ; il y contribue de tout son coeur.
A. ne pourra pas voir en même temps que moi, mercredi, le match de la Coupe du Monde que l'Angleterre remportera, mais je le regarderai pour lui, avec la même attention, avec une ferveur s'approchant de la sienne.
Soyez fort et courageux comme vous avez a su l'être jusqu'à maintenant, cher A. Je suis avec vous de tout mon coeur et j'attendrai votre retour et votre rétablissement avec la même impatience que celle de votre fidèle ami et compagnon canin, Maurice, au regard si doux.
lundi 6 avril 2009
Arrabiata

Puisque le printemps est dans l'air, j'ai décidé ces jours-ci de stimuler mon organisme avec des jus de légumes que l'on ne boit pas forcément tous les jours, en ajoutant aux légumes divers assaisonnements toniques.
Pauvre en glucides et malgré son goût sucré, la betterave apporte peu de calories ; elle contient, comme la carotte, surtout du potassium et, en quantité moindre, du magnésium ; la carotte fournit en plus la carotène dont nous avons besoin en anti-oxydants. J'ai donc mis dans mon mélangeur trois ou quatre betteraves de grosseur moyenne, une carotte, une pomme, une poire, trois gousses d'ail, une racine de gingembre, un peu d'huile d'olive, un peu d'eau afin d'obtenir un jus que je pourrais boire ; à la toute fin, j'ai voulu ajouter du poivre de cayenne qui, avec la betterave, le gingembre et l'ail, ferait réchauffer le sang et favoriser la circulation tout en éliminant le cholestérol. J'avais acheté le jour même un flacon de poivre de cayenne, que je n'avais pas encore eu le temps d'utiliser. Au moment d'ajouter le poivre de cayenne, le bouchon est tombé et avec lui quelques cuillérées de poivre ; comme tout cela est tombé dans le jus, il n'était pas question de retirer la poudre de cayenne (ça m'apprendra à mesurer les quantités dans des contenants vides avant de les ajouter à mes préparations).
Je savais bien que ce serait pour le moins épicé mais je n'avais pas envie de jeter mon jus de légumes que je m'étais donné tant de mal à préparer. Prenant mon courage d'une main et un morceau de fromage de l'autre, j'ai pris rapidement quelques gorgées de jus épicé, en prenant soin d'éteindre le feu avec une bouchée de fromage (il faut éviter de boire de l'eau quand une épice nous brûle la bouche ; l'eau ne fait que répandre plus encore l'épice dans la bouche).
En comparaison avec mon jus de légumes tonique, les pâtes all'arrabiata (« à l'enragée »), fortement assaisonnée de chili ou de pili-pili, sont comme un dessert à la crème.
jeudi 19 mars 2009
L'infaillibilité en question
Plus récemment, à son arrivée au Cameroun où il était attendu par une population catholique, probablement la seule au monde qui a connu une croissance ces dernières années, le pape a déclaré que, loin de protéger contre la propagation du sida, le préservatif aggravait le problème. Quand on connaît le taux de propagation du sida en Afrique (je crois que c'est 8 000 personnes qui chaque jour y meurent du sida), quand on connaît les efforts des équipes médicales et d'autres organisations pour sensibiliser la population aux moyens d'enrayer la propagation du sida, notamment par l'utilisation du préservatif, on se dit d'abord que les propos du pape sont irresponsables et dangereux.
Si le pape était gâteux, on pourrait comprendre et souhaiter que son entourage veille désormais à l'enfermer dans ses appartements en évitant de lui mettre un micro sous le nez afin de réduire les chances qu'il continue de dire des bêtises. Mais, hélas, ces propos ne sont pas nouveaux ; ils reflètent la position de l'Église catholique. Le prédécesseur de Benoît XVI disait la même chose ; Jean-Paul II soulevait peut-être moins de controverses (il en soulevait tout de même) car il était un très grand communicateur et son message, aussi irresponsable quant au contenu, insultait moins l'intelligence par sa forme.
S'il s'agissait d'une étourderie, on se dirait que Benoît XVI est un peu con ! Mais comme il s'agit de la position officielle de l'Église et comme les populations catholiques africaines écouteront sagement leur guide spirituel, on peut dire que les propos de Benoit XVI, comme ceux de Jean-Paul II sur ce point, sont carrément criminels. Ces propos viennent en effet démolir le travail d'éducation qu'ont pu faire les organisations de la santé et de lutte contre le sida. Et si Benoît XVI ne connaît pas les conséquences de ses propos qui, dans un autre contexte, seraient considérés comme une incitation au génocide, il appartient à ses conseillers de l'en informer.
J'entendais hier des évêques parisiens dire qu'on avait mal compris, qu'on n'avait pas bien compris le message du pape. Si Benoît XVI était un petit prêtre de province, je pourrais comprendre que son message soit maladroitement exprimé ; le pape peut être personnellement maladroit, mais lorsqu'il exprime la position de l'Église, il n'a pas le droit à l'erreur.
Comme Benoît XVI était déjà fortement, avant d'être pape, derrière la doctrine que répandait Jean-Paul II, il n'est pas étonnant que ses positions soient aussi peu adaptées au monde moderne dans lequel nous vivons. Si Jésus devait revenir sur Terre, il ne reconnaîtrait certainement pas son Église dans la façon dont une bande de vieillards complètement coupés du monde répand la Bonne Nouvelle. Où est passé l'amour ? où sont passées la charité, la compassion ? Quand le monde entier s'indigne des propos de son chef, l'Église catholique devrait se poser des questions ? Si cela avait un sens, il faudrait faire comme ce prêtre français de 81 ans, dont j'oublie le nom et qui, ayant honte des propos du pape l'a tout simplement « excommunié » en ne prononçant plus son nom dans ses prières.