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mercredi 27 février 2019

To raise me up !

Depuis plus d'un mois, il m'a été impossible d'écrire, d'une part, parce que du moment que j'essayais de taper quelque chose au clavier, j'éprouvais de vives douleurs qui m'enlevaient immédiatement l'envie de poursuivre et, d'autre part, de très forts et persistants maux de tête m'empêchaient même de penser.

Il y a quelques jours, les douleurs ont semblé m'accorder un peu de répit (rien n'est jamais vraiment gagné et, de temps à autre, on me rappelle à l'ordre : « ne tiens rien pour acquis » et, si le pire n'est pas toujours certain, il n'est pas toujours exclu non plus).

Heureux de retrouver mon clavier, j'ai voulu répondre aux questions de Dr Caso dans sa dernière édition des p’tits souvenirs du dimanche soir. Hélas, au moment d'envoyer mes réponses dans les commentaires, tout a disparu dans le cyber-espace car le système de « mot de passe » nécessaire pour pouvoir laisser un commentaire sur le blogue de Dr CaSo refuse très souvent ma contribution. N'ayant pas le courage de réécrire mes réponses pour les voir disparaître une autre fois, je tente de les réécrire ici, en d'autres mots, probablement. Tant pis pour le commentaire !

Quelles activités avez-vous mises de côté par manque de temps, d’argent, ou d’énergie, récemment ?
Écrire, faire des promenades seul (Rupert ne veut pas souvent marcher pour marcher ; il lui faut un but précis), cuisiner et recevoir des amis, acheter des livres, aller voir dans les beaux magasins ce qui existe, aller au cinéma, au concert ou au théâtre...

Quelle est la citation qui vous inspire le plus ?
Pour Dr CaSo, ce sont ces deux citations : « No one can make you feel inferior without your consent » (Personne ne peut vous faire sentir inférieur sans votre consentement), d’Eleanor Roosevelt. Et aussi « Be yourself; everyone else is already taken » (Soyez vous-même, les autres sont déjà pris), d’Oscar Wilde.
Ce sont justement les deux citations que, depuis très longtemps, je retranscris dans de multiples carnets, que je propose à des amis au cours de conversations, que j'ajoute en signature au bas de mes courriels, etc.
Il y en a, évidemment, bien d'autres que j'aimerais proposer ici, du même genre ou, au contraire, très différentes, mais il en est des citations comme de l'esprit : celui que l'on veut avoir nous enlève celui qu'on a... Si l'idée est bien présente à la mémoire, les mots exacts pour la dire nous échappent.

Si la durée de vie moyenne d’un être humain passait à 50 ans, que changeriez-vous à la façon dont vous vivez aujourd’hui ?
Je ne changerais certainement rien à ma vie, mais je regarderais de haut celle des Terriens.

Si vous deviez obligatoirement aller vivre dans un autre pays, lequel serait-ce et pourquoi ?
Ce ne serait certainement pas l'Espagne, qui ne m'a jamais attiré, et moins encore depuis que les héritiers du dictateur Franco se moquent de la démocratie et font un procès politique à des Catalans qui ont osé répondre à la volonté de leurs concitoyens.
Je serais certainement tenté par l'Angleterre, où il me semble que je ne serais pas trop dépaysé, où je me sentirais davantage chez moi qu'en France, par exemple.
Je n'ai plus tellement envie de faire des efforts pour m'adapter à des coutumes, des façons de vivre qui ne m'excitent pas tellement.
Mais au fond, tous les ailleurs ne sont-ils pas tous semblables ?

Quelle chanson (ou morceau de musique) avez-vous récemment fredonné ?
Principalement, ces derniers temps, la chanson You Raise Me Up, de Josh Groban, ou encore une autre version de la même chanson, You Raise Me Up, interprétée ici par Jeffrey Li, un garçon de 13 ans, de Toronto.

Qu’est-ce que vous savez cuisiner de meilleur ?
J'avais l'habitude, lorsque je recevais des amis, de cuisiner, par exemple, du lapin aux pruneaux, de l'osso buco, des tagliatelle à la saucisse italienne, du poulet rôti ; j'ai de moins en moins envie de cuisiner de la viande, et surtout pas du lapin.
Mes amis vantent toujours mes soupes, mes salades, mes omelettes, jamais pareilles d'une fois à l'autre.
J'ai préparé de très bons desserts, comme des charlottes aux framboises, mais aussi des gâteaux aux carottes... Je cuisine beaucoup moins, mais je rêve encore d'une grande maison avec une grande cuisine toute équipée où je pourrais m'amuser à préparer les plats les plus divers et les plus tentants.

dimanche 11 juin 2017

Rule Britania*

Quand il a su que j'étais d'abord et surtout « Québécois », et non pas « Canadien » (sinon par la force politique, surtout pas de cœur ni d'esprit), Alexander a immédiatement posé sur son sac à dos le drapeau du Québec. De même que, peu de temps après notre première conversation, il est allé jouer au polo dans le comté de sa grande famille ; pour cette occasion, il avait accroché à la bride de son cheval un ruban bleu et un ruban blanc, « les couleurs de [son] cœur ».

Si je n'avais pas connu Alexander et son amour pour son chien, je n'aurais fort probablement pas de chien, pas de bulldog. Puisque Rupert est un bulldog anglais (et que je suis parfois agacé d'entendre les gens dire n'importe quoi qui insulte Rupert au sujet de sa race), je voulais depuis longtemps lui acheter une médaille qui permette de l'identifier, de l'associer davantage à ses origines. Je n'avais pas l'occasion de le faire. Or, il y a quelques jours, j'ai décidé de prendre le bus et d'aller lui acheter une médaille qui me fait plaisir, qui aurait beaucoup plu à Alexander, et qui suscite parfois des conversations avec les gens que l'on rencontre. À l'endos de ce drapeau britannique en forme d'os, j'ai fait graver le nom de mon compagnon et son numéro de téléphone ; j'avais l'intention de faire graver aussi son adresse de courrier électronique, mais je ne l'ai pas fait car l'espace disponible étant limité, il aurait fallu opter pour des caractères plus petits. Si nous partageons le même numéro de téléphone, Rupert a cependant sa propre adresse de courrier électronique (que je ne dévoilerai qu'aux personnes bien intentionnées).


*Rule Britania

lundi 7 avril 2014

L'âme d'une nation



« La langue, c'est l'ADN d'un peuple », disait Gilles Vigneault.
J'ajouterais que sa culture est l'âme d'une nation.

Si l'on en croit la rumeur, un fort pourcentage de Québécois en âge de voter s'apprêtent à troquer leur langue et leur culture contre de très vagues promesses de « vraies affaires ». Au terme d’une campagne électorale où les propositions de certains – ou plutôt : de certain, pour ne pas le nommer – se résument en phrases creuses, en vagues promesses de richesses – sans préciser à qui l’on destine ces richesses –, en tentatives de manipulation et de peur, les Québécois n’auraient-ils le choix que de renoncer à leur langue, à leur culture, à leurs valeurs communes, à leur identité collective, pour avoir accès aux « vraies affaires » ? Le gouvernement sortant n’est-il pas à la fois capable, s’il était réélu, de favoriser le développement économique tout en assurant la défense de tout ce qui fait la spécificité du Québec (non pas le caractère « distinct », qui ne peut que se comparer aux autres, mais la spécificité, son identité, sa culture, son âme) ?

Combien vaut un plat de lentilles ? Combien vaut l’âme des Québécois, que certains s’apprêtent à troquer ? Quel serait, au bout du compte, le prix réel des « vraies affaires » que l’on agite devant leurs yeux comme des hochets devant ceux d’un bébé ?

Au terme de cette campagne, les Québécois doivent choisir lequel des partis politiques formera leur prochain gouvernement ; seules deux options réalistes se présentent : d’une part, un parti d’affairistes sans intérêt pour la langue, pour la culture, pour l’identité québécoise, un parti dont le nom du chef rime avec brouillard et cauchemar, et, d’autre part, un parti pour qui « les vraies affaires » ne sont pas un idéal, pas une religion, mais un moyen d’assurer, dans le quotidien et dans l’avenir, la vitalité de notre langue, de notre culture, de notre identité.

Devant le choix à faire, des questions se posent : Y aura-t-il demain un avenir pour la langue et la culture, pour l’ADN et l’âme Québécoise ? ou accorderons-nous un mandat en blanc pour remettre, sur un plateau d’argent (les seules « vraies affaires » ?) le sort du Québec entre les mains d’Ottawa, que leur chef en soit le lobbyiste de l’industrie du pétrole ou le fils de celui qui a berné, menotté et soumis les Québécois par un contrat que nous n’avons pas signé ?

Ne nous laissons pas induire à la tentation. Les enveloppes brunes et les « post-it » ne sont pas très loin. La bouche parlant de l’abondance du cœur, ceux qui n’ont à la bouche que de « vraies affaires » démontrent par là la pauvreté et la superficialité de leur engagement.

Combien vaut un plat de lentilles ?
Combien vaut l’âme québécoise ?
« À quoi sert au Québec de gagner l’univers de vraies affaires s’il vient à perdre son âme ? »


Brouillard, cauchemar, Philippe Couillard
Le parti des «affaires », pas souvent claires
L'ami de la tyrannie d'Arabie saoudite
L'éventuel signataire, sans consultation du peuple,
de la constitution canadienne rejetée par les Québécois

Vraiment !
Québécois, réveillez-vous !


L'heure est grave !

Le choix est on ne peut plus clair

L'expérience : Pauline Marois,
Première ministre du Québec

La jeunesse : Léo Bureau-Blouin,
plus jeune député du Québec


L'expérience et la jeunesse au service des Québécois

vendredi 6 février 2009

Réponse des Québécois aux propos méprisants du président français

J'ai le cœur et l'esprit ailleurs. Ça me répugne de mettre en ligne cet article à la suite de celui d'hier, mais je ne peux pas laisser passer ces insultes présidentielles sans exprimer mon indignation. J'aimerais mieux écrire autre chose, sur d 'autres sujets. J'essaierai par exemple de donner mon point de vue sur les anges, pour répondre à cette jeune femme que je ne connais pas, qui m'écrit de France...

Je n'ai plus tellement envie de commenter l'actualité politique et sociale. La politique fait partie des illusions dont j'ai fait mon deuil en 2008. Les simagrées du petit agitateur agité qui n'arrive toujours pas à se hisser au niveau de la fonction présidentielle qu'il exerce ne m'intéressent pas et je dois dire que je me porte très bien si je suis une semaine sans en entendre parler. Pour me donner toutes les chances de préserver ma sérénité, je n'écoute pratiquement plus les bulletins de nouvelles de la télévision française. Mais la caractéristique principale d'un manipulateur étant de faire en sorte qu'on s'occupe toujours de lui, d'une façon ou d'une autre, on ne s'en sort pas très longtemps.

En remettant la légion d'honneur au premier ministre du Québec, Jean Charest, le président français a jugé nécessaire de rappeler son opinion au sujet de l'avenir du Québec, opinionque son entourage avait habilement tenté d'atténuer lors du passage éclair, comme une évacuation précoce, à Québec l'automne dernier. Il tenait à le redire : ses amis à lui sont canadiens et non québécois. Sans réel souci de faire plaisir au premier ministre actuel du Québec qui n'attend que son tour soit venu de devenir premier ministre du Canada, le président français s'est dissocié de la traditionnelle position de la France envers le Québec : « Ni ingérence ni indifférence ». Il est résolument l'ami des activistes fédéralistes, dont certains travaillent avec acharnement dans l'ombre pour saper toutes les chances qu'un jour l'État du Québec soit admis à la table des Nations Unies. C'est son droit d'adopter cette position, même si les Québécois sentent qu'une fois de plus leur principal allié dans la défense de la langue et de la culture française en Amérique du Nord les laisse carrément tomber.

Or, le petit homme, ignorant totalement la réalité québécoise et trop orgueilleux pour écouter les avis de ses conseillers en politique internationale, en a rajouté. Il a jugé intéressant de déclarer que les souverainistes québécois était sectaires et partisans du replis sur soi. Le président français ne savait-il pas en affirmant gratuitement de tels jugements qu'il insultait carrément 50 % de la poplulation du Québec ? Il aura jugé que si le Québec est, en superficie, trois fois plus grand que la France, son poids politique sur la scène internationale est négligeable (c'est ce qu'il croit). Or, si le Québec est un petit État il a l'avantage d'être représenté par un premier ministre qui est bien tiède lorsqu'il s'agit de défendre les intérêts de la nation québécoise, mais si on le compare au président français, il ne sera jamais aussi mesquin, aussi petit et aussi vulgaire dans son amour des premières pages des journaux et de l'argent vite gagné. Ce n'est pas non plus le premier ministre du Québec qui limogera le maire d'une commune où ses oreilles sensibles auraient entendu à travers les murs épais la rumeur d'un groupe de manifestants.

Je ne suis pas diplomate et je n'ai pas à mesurer mon mépris pour cet individu (si j'étais en France j'aurais sans doute droit à la visite de ses fiers à bras policiers et judiciaires). Très embarrassé par les propos du président français et par ceux d'autres élus de son entourage, le premier ministre du Québec, Jean Charest, fédéraliste « sectaire », n'ira pas jusqu'à demander des excuses au président francais. Pauline Marois, chef du Parti Québécois et chef de l'Opposition officielle à l'Assemblée nationale du Québec, ainsi que Gilles Duceppe, chef du Bloc Québécois, représentant 50 députés du Québec sur 75 élus à la Chambre des Communes du Canada, ont signé une très belle lettre pour exprimer poliment au président français que jamais aucun homme politique étranger, même adversaires du projet souverainiste québécois, n'avait insulté les Québécois à ce point. J'aimerais être l'auteur de cette lettre, mais ce n'est pas le cas. Voici donc le contenu de cette lettre que j'ai reçue hier et qui a été remise au président français par l'entremise des services diplomatiques.






Montréal, le 4 février 2009

Monsieur Nicolas Sarkozy
Président de la République française
Palais de l'Élysée
55, rue du faubourg Saint-Honoré
75008 Paris
France

Monsieur le Président,

Nous voulons réagir de deux façons aux propos que vous avez récemment tenus à l'Élysée au sujet du Québec. D'abord, vous nous voyez ravis de constater que vous trouvez trop timide la politique française antérieure qui parlait de « non indifférence » pour qualifier l'intensité des rapports entre nos deux peuples. Vous préférez, dites-vous, parler « d'amour » entre des nations frères faisant partie d'une même famille. Dans la même veine, et cela vous surprendra peut-être de la part de deux leaders indépendantistes, nous vous félicitons pour l'énergie que vous avez mise, et que vous mettez encore, à assurer le succès de dossiers franco-québécois que nous appuyons vivement: la reconnaissance réciproque des diplômes entre Français et Québécois, qui permettra à nos professionnels d'œuvrer et de voyager plus facilement de part et d'autre, et le projet de libre-échange Canada-Union Européenne, dont le Québec est le principal promoteur et serait, de ce côté-ci de l'Atlantique, le principal bénéficiaire.

Car contrairement à l'idée que vous semblez avoir de nous, les indépendantistes québécois sont favorables à tout ce qui permet au Québec de s'ouvrir au monde. Vous semblez l'ignorer, Monsieur le Président, car à l'Élysée, vous avez accompagné vos remarques fraternelles de remontrances à certains de vos frères, affirmant au sujet des indépendantistes québécois qu'ils n'adhèrent pas au « refus du sectarisme, de la division, de l'enfermement sur soi-même, au refus de définir son identité par opposition féroce à l'autre ».

De qui parlez-vous, Monsieur le Président? Des 49,4 % de Québécois, et donc de la forte majorité de francophones, qui, le soir du 30 octobre 1995, ont voté Oui à la souveraineté du Québec? Au 43% qui, lors d'un sondage de la semaine dernière, ont réitéré ce choix? Cela fait beaucoup de monde. La moitié de la famille, Monsieur le Président. « Sectaires » ? « Féroces » ? les électeurs québécois qui ont élu en octobre 49 députés indépendantistes, soit près des 2/3 de la députation québécoise à la Chambre des communes à Ottawa et, en décembre dernier, 51 députés à Québec, formant ainsi l'opposition officielle? « Adeptes de l'enfermement », les Québécois qui ont élu quatre gouvernements souverainistes majoritaires au cours des 30 dernières années?

Nous ne pensions pas que le général de Gaulle nous appelait à l'enfermement sur nous-mêmes lorsqu'il a souhaité, en juillet 1967, que « Vive le Québec libre! » Nous jugeons toujours qu'il avait raison lorsqu'il a plus longuement expliqué ce qui suit en novembre 1967 : « Que le Québec soit libre c'est, en effet, ce dont il s'agit. Cela aboutira forcément, à mon avis, à l'avènement du Québec au rang d'un État souverain, maître de son existence nationale, comme le sont par le monde tant et tant d'autres peuples, tant et tant d'autres États, qui ne sont pas pourtant si valables, ni même si peuplés, que ne le serait celui-là. » Nous ne pensons pas, non plus, que les nombreux hommes et femmes politiques français, dont plusieurs ont joué et jouent un rôle éminent au sein de votre formation politique, qui nous ont prodigué conseils et encouragements au cours des années et encore aujourd'hui, veulent pousser le Québec au sectarisme.

Notre mouvement est fier d'avoir incarné au cours des années l'exact contraire de l'idée que vous vous en faites. C'est ainsi que le fondateur de notre mouvement, René Lévesque, s'est battu bec et ongles pour que le Québec puisse s'exprimer au sein de l'Organisation internationale de la Francophonie, lorsque le gouvernement canadien le lui refusait. On doit à son successeur Jacques Parizeau d'avoir, le premier, appuyé le projet de libre-échange canado-américain, contre les partis pro-canadiens à l'origine trop frileux pour s'y engager. La mobilisation de l'électorat souverainiste québécois en faveur de cet accord en a assuré le succès lors d'une élection cruciale en 1988.

Ce sont des politiques économiques mises en œuvre par des gouvernements du Parti Québécois qui ont permis au Québec d'avoir une économie plus ouverte sur le monde que celle de la plupart des pays occidentaux. Ce sont des politiques linguistiques introduites par le Parti Québécois qui assurent désormais au sein de la majorité québécoise l'intégration de vagues d'immigration successives, jouissant de politiques plus ouvertes et plus généreuses que celles de la plupart des pays occidentaux.

C'est l'Assemblée nationale du Québec, sous la direction d'un président indépendantiste, qui a organisé la Conférence des parlementaires des Amériques, contre le vœu du gouvernement canadien et malgré les obstacles qu'il lui a opposés. Les exemples sont nombreux.

Nous ne savons pas d'où vous est venue l'idée que nous réclamons de vous que vous détestiez le Canada. Malgré nos différends importants avec nos voisins, nous respectons ce pays, ses valeurs et sa population. Nous pensons que l'indépendance du Québec mettrait un terme aux rancœurs et aux débats épuisants qui jalonnent l'histoire de notre présence dans le Canada. Dans l'argumentaire que nous distribuons largement, nous affirmons à tous que « le Canada et le Québec seront de bons partenaires au sein de la communauté internationale. Souverain, le Québec discutera de pays à pays avec le Canada et les chicanes fédérales-provinciales seront choses du passé. Nos deux nations sont destinées à collaborer, histoire et géographie obligent. »
Vous n'êtes pas sans savoir que les Nations-Unies ont accueilli, depuis 1980, pas moins de 38 nouveaux pays. Chacun a choisi de parler de sa propre voix, plutôt que de prolonger sa présence au sein d'un pays plus large qui n'était pas le sien. Loin de condamner leur arrivée, de leur faire des remontrances sur l'enfermement, la France les a accompagnés, les a reconnus. C'est ce que les Québécois attendent d'elle.

Mais nous devons à la vérité de vous faire savoir que jamais un chef d'État étranger n'a autant manqué de respect aux plus de deux millions de Québécois qui se sont prononcés pour la souveraineté. Plusieurs chefs d'État et de gouvernement, surtout du monde anglophone, ont publiquement souhaité le maintien d'un Canada uni, vantant, comme l'avait fait le président Bill Clinton en 1995, la qualité des rapports entre son pays et le Canada. D'ailleurs, George Bush père avait affirmé en 1990 que notre cas était parmi ceux où « il faut rester courageusement assis en coulisses ». Aucun n'a utilisé envers le mouvement indépendantiste les épithètes pour tout dire méprisantes que vous employez.

Mais puisque vous parlez d'enfermement, Monsieur le Président, laissez-nous vous éclairer davantage. Vous avez affirmé lors de votre passage en octobre que le Canada, « par son fédéralisme, a décliné un message de respect de la diversité et d'ouverture ». Savez-vous que depuis maintenant plus d'un quart de siècle, le Québec est gouverné par une constitution canadienne qui lui a été imposée contre sa volonté, qui restreint son autonomie en matière d'éducation, de langue et de culture, qui n'a pas été soumise à un référendum et qu'aucun premier ministre québécois, depuis René Lévesque jusqu'à Jean Charest, n'accepte de signer? Savez-vous qu'aucune réparation de cette situation inacceptable n'est envisagée ou envisageable? La France accepterait-elle de rester dans l'Union Européenne si le reste de l'Europe lui imposait un nouveau traité réduisant unilatéralement sa souveraineté sur des questions identitaires, sans même la consulter par référendum? Nous n'osons imaginer quelle serait votre réaction si une telle injustice était infligée à votre nation.

Enfermement encore: nous savons désormais qu'au soir du référendum de 1995, si une majorité de Québécois avaient démocratiquement voté en faveur de la souveraineté du Québec, le premier ministre canadien Jean Chrétien aurait refusé de reconnaître ce choix.

C'est ce qu'il a avoué depuis, même s'il avait déclaré cinq jours auparavant, dans une adresse solennelle à la nation, qu'un choix pour le Oui serait « irréversible ». Toute honte bue, le premier ministre canadien maintient que, même en votant majoritairement pour la souveraineté, le Québec n'aurait pu quitter le Canada. Nous savons cependant que, simultanément, votre prédécesseur, le président Jacques Chirac, aurait reconnu la décision politique des Québécois, se rangeant ainsi du côté de la démocratie et l'accompagnant dans son choix. Plusieurs pays francophones auraient fait de même et nous savons que la démocratie l'aurait emporté.

Il est vrai, Monsieur le Président, que les Québécois ne seront pas appelés à revoter sur cette question dans l'avenir immédiat. Cependant, puisque rien de fondamental n'est résolu dans les rapports Québec-Canada, il n'est pas impossible que cela survienne pendant que vous présidez aux destinées de la France. Il n'est pas impossible que la démocratie québécoise ait besoin de l'appui de tous ses amis, de tous ses frères.

Dans cette hypothèse, il vous reviendra de décider si vous souhaitez laisser, ou non, la marque d'un président qui, à un moment crucial, a su répondre avec une réelle fraternité à l'appel de l'Histoire.

Pauline Marois
Chef du Parti Québécois
Chef de l'opposition officielle

Gilles Duceppe
Chef du Bloc Québécois

lundi 19 janvier 2009

Désonheur


Je n'ai jamais cherché les honneurs officiels et je ne crois pas en avoir obtenu non plus (je m'en souviendrais, il me semble). Exactement comme quelqu'un que j'aime, les titres pour moi-même n'ont pas d'importance, mais je respecte entièrement les titres qui se respectent, de la même manière que je respecte les institutions, les symboles, les traditions... Il m'arrive d'être impertinent, insolent, mais rarement irrespectueux ; je n'irais pas jusqu'à piétiner un drapeau pour la simple raison qu'il est celui de mes adversaires politiques, par exemple.

Je ne sais pas comment je réagirais si on voulait me remettre la médaille de l'Ordre du Canada, par exemple. De nombreux Québécois ont refusé la décoration pour des raisons politiques ; à tort ou à raison, ils ne voulaient pas avoir l'air de renoncer à leur identité, à leurs convictions, à leur engagement en acceptant une décoration d'une institution à laquelle ils refusent d'être soumis. Il faudrait voir pour quelle raison on voudrait me l'offrir (je sais bien que je ne cours aucun risque), mais je respecte néanmoins la décoration.

Avant 1e 17 avril 1967, date de création de l'Ordre du Canada, la plus haute distinction que pouvaient souhaiter recevoir les Canadiens était l'Ordre de l'Empire britannique. Si l'Ordre national du Canada suscite peu de convoitise au Québec, sauf dans quelques milieux très restreints, les Québécois s'identifient davantage à l'Ordre national du Québec, la plus haute distinction décernée par le gouvernement du Québec.

Francophone et longtemps influencé par la littérature et la culture françaises, j'ai toujours été curieux de savoir, par exemple, à qui la France (pendant longtemps, la France était incarnée par De Gaulle lui-même, mais ça c'est une autre histoire), remettait sa Légion d'honneur. « L’ordre national de la Légion d’honneur est la plus haute décoration honorifique française. Elle a été instituée le 19 mai 1802 par Napoléon Bonaparte sur le modèle de l'Ordre de Saint-Louis, mais sans le limiter aux seuls officiers. Elle récompense les mérites éminents militaires ou civils rendus à la Nation », peut-on lire sur la page que lui consacre Wikipédia.

Or, la Légion d'honneur, plus haute distinction française, vient de perdre beaucoup de lustre à mes yeux. Il est dommage que les décorations honorifiques, si elles flattent l'ego des recrues qui les reçoivent, perdent leur prestige en raison des mauvais choix qui sont faits.

Je viens de lire dans les nouvelles du jour que le président français remettra le 2 février prochain la Légion d'honneur au premier ministre du Québec, Jean Charest. Je veux bien croire qu'il s'agit d'une politesse envers un chef d'État en visite en France. Mais s'il y a parmi les premiers ministres québécois quelqu'un qui mérite si peu ce titre de chef d'État, c'est bien Jean Charest. Politicien dans le sens le plus péjoratif du terme, c'est-à-dire : celui qui fait de la petite politique au jour le jour, au gré de ses intérêts (réélection en vue) et de ceux de ses amis (dans ce cas, une minorité d'individus et d'entreprises établis au Québec mais sans attache morale au territoire et au peuple québécois et dont la principale valeur s'exprime en symbole monétaire). Ce politicien que l'on croirait sans vision politique tant ses actions nationales (québécoises) sont inexistantes, a en fait deux grands objectifs : démanteler l'État du Québec (État qui n'a pas encore la reconnaissance officielle d'un pays souverain mais qui, depuis près de 50, s'est toujours imposé comme tel) pour en faire une province comme les autres (province : région administrative d'un pays) et, deuxième objectif : privatiser le plus grand nombre possible d'institutions au Québec pour le bénéfice de ses amis, hommes d'affaires aux grands yeux et aux dents longues.

La Légion d'honneur « récompense les mérites éminents militaires ou civils rendus à la Nation », dit-on. Or, depuis 50 ans, jamais un premier ministre du Québec n'aura autant fait, par ses actions cachées et par son laisser-faire évident, pour enlever toute portée au mot « nation » et pour faire oublier aux Québécois l'existence du mot État. Honte au président français de si mal s'acoquiner et, par la même occasion, de déshonorer la Légion d'honneur !

samedi 6 décembre 2008

La Saint-Nicolas

Aujourd'hui, 6 décembre, c'est la Saint-Nicolas.
Je connais des gens qui fêteront autour d'un bon repas et qui s'échangeront des mandarines, du pain d'épice et des chocolats... J'y serai en pensée... Joyeuse Saint-Nicolas !


Quand j'étais enfant, à la campagne, la fête de Noël était bien sûr la fête la plus attendue de l'année. C'était la fête des cadeaux pour les enfants sages (et les autres aussi, je crois bien). Je me souviens cependant que la fête de Saint-Nicolas, le 6 décembre, avait tout de même une certaine importance. C'est surtout à l'école, en fait, que les enfants entendaient parler de saint Nicolas, patron des écoliers et des petits enfants. On nous parlait donc du saint, de la fête, sans nous faire de fête. Je crois que les enfants québécois, comme beaucoup d' autres dans le monde, auraient aimé recevoir ce jour-là des mandarines, du pain d'épice ou du chocolat (et pourquoi pas les deux ?).


Outre les grandes fêtes de Noël et de Pâques, je trouve que pour les autres fêtes, au Québec, on était plutôt discrets, pour ne pas dire « peu généreux » et qu'au fond, ça n'a pas tellement changé. On n'a pas développé chez nous, du moins chez les francophones, ce sens de la fête et des traditions. C'est peut-être en raison de notre situation économique et politique, au statut de peuple, de nation sans pays ; encore aujourd'hui, les Québécois préfèrent être locataires dans un Canada qui inclut les Rocheuses plutôt que d'être chez eux au Québec (entre nous, combien de Québécois iront voir une fois dans leur vie ces Rocheuses auxquelles ils tiennent tant ? 3 %). Tant qu'il n'auront pas pour eux-mêmes la fierté de se reconnaître comme un peuple émancipé, les Québécois resteront au monde une nation de seconde classe, laissant à d'autres le soin de choisir et de parler en leur nom sur la scène internationale. Si un jour ils cessent d'avoir peur de la maturité, les Québécois se permettront peut-être d'arrêter de regarder avec envie les minorités culturelles qui ont rapporté et conservé de leur pays d'origine les traditions et le sens de la fête.

La Saint-Nicolas est une fête très populaire dans bien des pays du monde. Dans ces pays où la fête persiste, selon la tradition, on donne aux enfants qui ont été sages durant toute l'année du pain d'épice ou du chocolat.


Saint-Nicolas n'est pas que le patron des écoliers ; il serait aussi celui des marins, des navigateurs, des pèlerins et des voyageurs, des cireurs de chaussures, des démunis, des pharmaciens et apothicaires, des parfumeurs, des prêteurs sur gages, des femmes célibataires, des commerçants, des juges, des pêcheurs, des dockers, des personnes captives, des jeunes mariés et des tonneliers.

Noël avant l'heure : Est-ce saint Nicolas qui, presque tous les jours de cette semaine, m'a apporté tous ces cadeaux ? Si c'est saint Nicolas, il est vraiment adorable ce saint ! Il s'est déguisé en charmant amoureux, pour ne pas dire en prince charmant (bien que je n'aie pas été dormant), pour m'envoyer plein de belles choses, toutes plus touchantes les unes que les autres car chaque objet a un sens... C'est la magie de... Noël ? de saint Nicolas ? ou de... l'amour ?

dimanche 23 mars 2008

Agir pour le Tibet



En soutien aux Tibétains, il me semble important d'afficher leur drapeau, que j'ai trouvé sur ce site : Agir pour le Tibet. Ce n'est, bien sûr, que l'un des moyens de faire en sorte que ce peuple ne soit exterminé, assimilé par la loi du nombre, oublié de tous, avec la complicité des pays qui craignent de perdre quelques contrats avec la Chine s'ils expriment le moindre commentaire sur un minimal respect des Droits de l'Homme.

Symbolisme

1. Le triangle blanc au centre représente la montagne enneigée et symbolise le Tibet connu sous le nom de Pays de Neige.

2. Les six rayons rouges symbolisent les six tribus originelles du Tibet.

3. Les rayons alternants rouges et bleus foncés symbolisent la détermination des deux déités protectrices du Tibet de défendre les traditions spirituelles et séculaires du pays.

4. L'une des déités protectrices, Nechung, est colorée en rouge, tandis que l'autre, Sri Devi, est colorée en noir.

5. Le soleil symbolise la liberté ainsi que le bonheur spirituel et séculaire dont jouit le peuple du Tibet.

6. La posture vaillante des deux lions des neiges symbolise la victoire complète de la politique spirituelle et séculaire du Tibet.

7. Les trois joyaux flamboyants tenus haut par les deux lions symbolisent la révérence du peuple tibétain envers les trois sources de refuge spirituel, soit le Bouddha, sa loi et la communauté monastique.

8. Le motif circulaire à deux couleurs, tenu par les lions, symbolise l'adhésion volontaire aux dix vertus divines et aux seize codes de la morale humaine.

9. Le contour jaune symbolise l'épanouissement perpétuel du Bouddhisme dans toutes les directions.

lundi 10 septembre 2007

Au risque de déplaire...

Grâce aux liens, parfois très nombreux, qu'affichent sur leurs blogues respectifs les amis français établis au Québec, il m'arrive à l'occasion d'aller à la découverte des nouveaux arrivants et, assez souvent, de leur souhaiter la bienvenue.

Je suis curieux de savoir comment ils vivent le déracinement, comment ils s'adaptent à leur nouvelle terre d'accueil, comment ils perçoivent les autochtones et leurs habitudes de vie. J'aime bien, d'une certaine façon, redécouvrir le pays que j'habite à travers le regard de ceux qui le découvrent. La naïveté de certains propos fait parfois sourire et la perspicacité de certains autres porte à réfléchir...

Je suis la plupart du temps amusé de lire ce qu'ils écrivent sur les différences linguistiques entre la France et le Québec, même si la généralisation est facile et la caricature souvent grossière (les exemples présentés pour tourner en dérision la langue parlée des Québécois ne représentent pas forcément la langue de tous les Québécois). Je n'ai pas l'intention de défendre ici la langue parlée au Québec ; d'une part parce que je suis plutôt d'accord avec certaines critiques sévères et rigoureuses qu'en font les personnes qualifiées et, d'autre part, parce que ce n'est pas le sujet de ce billet.

Là où j'ai moins envie de sourire, cependant, c'est en lisant les propos sur les habitudes alimentaires. S'il fallait en croire une grande partie des blogueurs français qui arrivent au Québec, aussi bien dire à Montréal, ou qui y sont venus durant quelques jours ou quelques semaines, le plat « national » des Québécois serait la poutine. Or je suis né au Québec et je n'ai jamais mangé de poutine ; je ne connais pas non plus, dans ma famille, parmi mes amis ni parmi les gens que je fréquente, qui que ce soit qui mange ou qui ait déjà mangé ce plat que l'on veut qualifier de « national ». Au fond, je me demande si la poutine n'a pas été inventée par un Québécois qui voulait donner à un touriste français empressé de donner son avis de quoi s'étouffer, à défaut de corde pour se pendre.

Le raccourci est un peu gros, de qualifier les Québécois de « mangeux de poutine ». La malbouffe existe aussi en France et, bien que les traditions culinaires françaises soient bien établies, les commerces de restauration rapide au choix limité et au goût standardisé sont aussi bien fréquentés à Paris et en France que partout ailleurs dans le monde. Et, même si c'est dit avec le sourire, car on sait que les Québécois savent mal résister à un sourire (ils sont si gentils et si tolérants, ces indigènes ! Je préférerais que l'on dise qu'ils sont intelligents et compréhensifs, mais ce serait peut-être trop généraliser) c'est aussi méprisant de la part de ces candides explorateurs lancés à la redécouverte du Nouveau Monde, que si l'on disait que tous les Français sont des râleurs, agressifs et désagréables, qui sentent mauvais, simplement parce que l'on a eu le malheur de prendre un taxi en descendant de l'avion. Je suis toutefois de ceux qui reconnaissent à celui qui a une poutre dans l'oeil le droit de critiquer celui qui aurait une paille aussi bien logée, et vice versa (avec ou sans trait d'union, comme on voudra).

Amis qui me lisez, je sais que ce commentaire ne vous concerne pas car je connais votre intérêt et votre respect, si ce n'est votre amour, pour ces « cousins » de l'Amérique du Nord qui ont conservé leur attachement à ce qui fut la langue et l'histoire communes mais qui ont dû, à compter de 1760, assumer eux-mêmes leur destin et créer leur propre histoire tout en préservant, du mieux qu'ils ont pu dans cet océan anglophone, leur langue et leur culture.