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dimanche 21 avril 2019

Mourir d'amour (manquant)

La mort d'un chien
poème de Victor Hugo

Un groupe tout à l'heure était là sur la grève,
Regardant quelque chose à terre. – Un chien qui crève !
M'ont crié des enfants ; voilà tout ce que c'est.
– Et j'ai vu sous leurs pieds un vieux chien qui gisait.
L'océan lui jetait l'écume de ses lames.
– Voilà trois jours qu'il est ainsi, disaient des femmes,
On a beau lui parler, il n'ouvre pas les yeux.
– Son maître est un marin absent, disait un vieux.
Un pilote, passant la tête à sa fenêtre,
A repris : – Ce chien meurt de ne plus voir son maître.
Justement le bateau vient d'entrer dans le port ;
Le maître va venir, mais le chien sera mort.

– Je me suis arrêté près de la triste bête,
Qui, sourde, ne bougeant ni le corps ni la tête,
Les yeux fermés, semblait morte sur le pavé.
Comme le soir tombait, le maître est arrivé,
Vieux lui-même ; et, hâtant son pas que l'âge casse,
A murmuré le nom de son chien à voix basse.
Alors, rouvrant ses yeux pleins d'ombre, exténué,
Le chien a regardé son maître, a remué
Une dernière fois sa pauvre vieille queue,
Puis est mort.

C'était l'heure où, sous la voûte bleue,
Comme un flambeau qui sort d'un gouffre, Vénus luit ;
Et j'ai dit : D'où vient l'astre ? où va le chien ? ô nuit

Rassurez-vous : ce poème n'a aucun lien direct avec ma réalité ni avec celle de Rupert.
Il s'agit simplement d'un beau poème de Victor Hugo que je viens de retrouver (pas Hugo, le poème).
Il illustre bien le fidèle attachement d'un chien à son « maître » ; je dirais plutôt : à son partenaire humain.

vendredi 16 novembre 2018

De profundis...

« De profundis clamavi »
Charles Baudelaire
 
dans Les fleurs du mal (1857)
 
J'implore ta pitié, Toi, l'unique que j'aime,
Du fond du gouffre obscur où mon cœur est tombé.
C'est un univers morne à l'horizon plombé,
Où nagent dans la nuit l'horreur et le blasphème ;
 
Un soleil sans chaleur plane au-dessus six mois,
Et les six autres mois la nuit couvre la terre ;
C'est un pays plus nu que la terre polaire
- Ni bêtes, ni ruisseaux, ni verdure, ni bois ! 

Or il n'est pas d'horreur au monde qui surpasse
La froide cruauté de ce soleil de glace
Et cette immense nuit semblable au vieux Chaos ;
 
Je jalouse le sort des plus vils animaux
Qui peuvent se plonger dans un sommeil stupide,
Tant l'écheveau du temps lentement se dévide !

dimanche 11 octobre 2015

La chute...

« C'est la nuit qu'il est beau de croire à la lumière. »
Edmond Rostand

Au moment d'aller « dormir », je ne me résigne pas à éteindre la lampe de ma table de chevet... Je suis pourtant fatigué et j'ai accompli mes rituels de fin de soirée (qui sont pratiquement les mêmes qui reviennent à quelques reprises durant la journée), j'ai pensé encore à ceux que j'aime... Je sens que dès que j'aurai fermé la lumière, j'aurai l'impression d'étouffer et que je devrai rallumer, me lever et... trouver quelque chose à faire qui ne soit pas « contaminé » par l'angoisse, aucunement associé à ma vie affective et intellectuelle... Dans ce cas, je ne peux saisir aucun des nombreux livres dont j'ai commencé la lecture récemment... J'ouvre donc un tiroir de ma table de chevet pour y prendre un recueil des Fleurs du Mal, de Baudelaire, acheté à Paris quand j'avais 20 ans, et qui n'est pas associé aux bouleversements survenus dans ma vie ces dernières années. J'ouvre ce recueil au hasard, et le premier poème qui me tombe sous les yeux est celui-ci :

Les plaintes d'un Icare

Les amants des prostituées
Sont heureux, dispos et repus;
Quant à moi, mes bras sont rompus
Pour avoir étreint des nuées.

C'est grâce aux astres nonpareils,
Qui tout au fond du ciel flamboient,
Que mes yeux consumés ne voient
Que des souvenirs de soleil.

En vain j'ai voulu de l'espace
Trouver la fin et le milieu;
Sous je ne sais quel œil de feu
Je sens mon aile qui se casse;

Et brûlé par l'amour du beau,
Je n'aurai pas l'honneur sublime
De donner mon nom à l'abîme
Qui me servira de tombeau.


lundi 15 juin 2015


“It is spring again.
The earth is like a child
that knows poems by heart.”
Rainer-Maria Rilke

Je ne sais pas si Alexander connaissait cette citation de Rainer-Maria Rilke (nous n'avons pas eu le temps de parler de Rilke), mais elle lui va si bien ! Alexander, comme la terre, était comme un enfant qui connait des poèmes par coeur. Il en connaissait tellement, en anglais, en français, et dans d'autres langues aussi, sans doute.

Pour Rilke, la terre récite ses poèmes chaque printemps (peut-être des poèmes différents chaque saison).

Chaque instant rappelait à Alexander un poème, certains qu'il avait appris dans sa toute première enfance, d'autres qu'il avait lus plus récemment. Mais à six ou à vingt-six ans, c'était toujours le même coeur d'enfant qui s'exprimait.

lundi 11 août 2014

Ô Capitaine, mon capitaine

Triste journée que ce 11 août 2014 !

L'acteur Robin Williams, qui a fait rire et pleurer tant de spectateurs, que ce soit au théâtre, au cinéma, à la télévision... est décédé aujourd'hui, à 63 ans. Il se serait suicidé.


« Carpe diem »

« Peu importe ce qu’on pourra vous dire,
les mots et les idées peuvent changer le monde. »

Ceux qui ont vu ce magnifique film, « Le Cercle des poètes disparus », ou, au Québec, « La société des poètes disparus », ne l'oublieront jamais. Même un de mes neveux qui, adolescent, n'était pas trop porté sur la poésie, a adoré ce film, au point de m'en parler plusieurs fois (peut-être y voyait-il une similitude entre mon non-conformisme et l'enseignement de M. Keating ; j'ai toujours été touché qu'il ait envie de m'en parler, avec émotion et admiration) ; je crois qu'il l'a compris un peu à la manière des étudiants de M. Keating dans le film.


«  C’est dans ses rêves que l’homme trouve la liberté,
cela fut, est, et restera la vérité. »

Voici ce que l'on dit sur Wikipédia au sujet de ce film : « En 1959, aux États-Unis, Todd Anderson, un garçon timide, est envoyé dans la prestigieuse académie de Welton (lieu fictif1), dans le Vermont, réputée pour être l'une des plus fermées et austères du pays et où son frère a suivi de brillantes études. Il y fait la rencontre d'un professeur de lettres anglaises aux pratiques plutôt originales, M. Keating, qui encourage le refus du conformisme, l'épanouissement des personnalités et le goût de la liberté. Voulant au maximum suivre la voie nouvelle qui leur est présentée, certains élèves vont redonner vie au cercle des poètes disparus, un groupe d'esprits libres et oniriques, dont M. Keating fut, en son temps, l'un des membres influents. La découverte d'une autre vie va à jamais bouleverser l'avenir de ces lycéens. En effet, les situations des divers personnages ne se prêtent guère à l'exercice de ces libertés récemment découvertes. »

« On ne lit pas et on n’écrit pas de la poésie parce que ça fait joli. Nous lisons et nous écrivons de la poésie parce que nous faisons partie de la race humaine ; et que cette même race foisonne de passions. La médecine, la loi, le commerce et l’industrie sont de nobles occupations, et nécessaires pour la survie de l’humanité. Mais la poésie, la beauté et la dépassement de soi, l’amour : c’est tout ce pour quoi nous vivons. Écoutez ce que dit Whitman : « Ô moi ! Ô vie !... Ces questions qui me hantent, ces cortèges sans fin d’incrédules, ces villes peuplées de fous. Quoi de bon parmi tout cela ? Ô moi ! Ô vie ! ». Réponse : que tu es ici, que la vie existe, et l’identité. Que le spectacle continue et que tu peux y apporter ta rime. Que le spectacle continue et que tu peux y apporter ta rime... Quelle sera votre rime ? »
Le Cercle des poètes disparus


Nous n'oublierons jamais non plus l'excellent psychologue qu'interprète Robin Williams dans  « Will Hunting ».




Et, dans un tout autre genre, Mrs Doubtfire.

Triste journée, en effet !
Merci, Robin Williams, pour tout ce que vous nous avez donné !
Soyez en paix ! Vous l'avez mérité.


O Captain! my Captain!

O Captain! my Captain! our fearful trip is done;
The ship has weather'd every rack, the prize we sought is won;
The port is near, the bells I hear, the people all exulting,
While follow eyes the steady keel, the vessel grim and daring:
But O heart! heart! heart!
O the bleeding drops of red,
Where on the deck my Captain lies,
Fallen cold and dead.

O Captain! my Captain! rise up and hear the bells;
Rise up--for you the flag is flung--for you the bugle trills;
For you bouquets and ribbon'd wreaths--for you the shores a-crowding;
For you they call, the swaying mass, their eager faces turning;
Here Captain! dear father!
This arm beneath your head;
It is some dream that on the deck,
You've fallen cold and dead.

My Captain does not answer, his lips are pale and still;
My father does not feel my arm, he has no pulse nor will;
The ship is anchor'd safe and sound, its voyage closed and done;
From fearful trip, the victor ship, comes in with object won;
Exult, O shores, and ring, O bells!
But I, with mournful tread,
Walk the deck my Captain lies,
Fallen cold and dead.

Poème de Walt Whitman 

 Ô Capitaine ! Mon Capitaine ! Finie notre effrayante traversée !
Le navire a tous écueils franchi, le trophée que nous cherchions est conquis
Le port est proche, j'entends les cloches, la foule qui exulte,
En suivant la stable carène des yeux, le vaisseau brave et farouche.
Mais ô cœur ! cœur ! cœur !
Ô les gouttes rouges qui saignent
Sur le pont où gît mon Capitaine,
Étendu, froid et sans vie.

Ô Capitaine ! Mon Capitaine ! Dresse-toi, entends les cloches.
Dresse-toi - pour toi le drapeau est hissé - pour toi le clairon vibre,
Pour toi bouquets et couronnes enrubannées - pour toi les rives noires de monde,
Vers toi qu'elle réclame, la masse mouvante tourne ses faces ardentes.
Tiens, Capitaine ! Père chéri !
Ce bras passé sous ta tête,
C'est un rêve que sur le pont
Tu es étendu, froid et sans vie.

Mon Capitaine ne répond pas, ses lèvres sont livides et immobiles;
Mon père ne sent pas mon bras, il n'a plus pouls ni volonté.
Le navire est ancré sain et sauf, son périple clos et conclu.
De l'effrayante traversée le navire rentre victorieux avec son trophée.
Ô rives, exultez, et sonnez, ô cloches !
Mais moi d'un pas accablé,
j'arpente le pont où gît mon capitaine,
Étendu, froid et sans vie.
 

mercredi 12 octobre 2011

Pierrot lunaire



Pierrot Lunaire

Je m'en vais sur la lune
Prenez grand soin de mes oiseaux
Je m'en vais sur la lune
Prenez grand soin du souvenir

Du garçon tout petit
Seul au monde sur la terre
Ses cheveux plein de blé
Ses souliers délacés
Ses cheveux pleins de sable
Et ses yeux plein d'étoiles
Et son coeur plein de peine
Et son pas plein d'échos
De son âme qui s'enfuit

Je m'en vais sur la lune
Prenez grand soin de mes oiseaux
Je m'en vais sur la lune
Prenez grand soin de cette pierre

Qui s'effrite, qui nous quitte
De cet arbre invalide
De ce mot inaudible
De ce chien sans défense
De ce noir en hiver
De ce blanc en enfer
Du roman sans histoire
De ce rêve évanoui

Je m'en vais sur la lune
Prenez grand soin de mes oiseaux
Je m'en vais sur la lune
Prenez grand soin... de vous.

Alexander n'a pas eu le temps de connaître cette chanson de Claude Léveillée, « Pierrot lunaire », mais il l'aurait aimée, j'en suis sûr. D'abord parce qu'il aimait, notamment, la musique et la poésie, et que celle-ci parle de notre amie la Lune, et des oiseaux... Puis il aurait voulu connaître mieux Claude Léveillée et ses chansons. En écoutant « Frédéric », il aurait reconnu un autre amoureux de Chopin qu'Alexander jouait merveilleusement bien.

Claude Léveillée a écrit « Pierrot lunaire » pour son fils, Pascal, qui a décidé, lui, de retourner sur la lune ; il n'avait que vingt ans.

On peut écouter ici quelques autres chansons de Claude Léveillée.

lundi 7 mars 2011

Au souffle de la nuit...

Le cher ange dormait les lèvres demi-closes. -
(Les lèvres des enfants s'ouvrent, comme les roses,
Au souffle de la nuit.) -

Musset, La Coupe et les lèvres, acte III


L'image vient d'ici

Je sais, Alexander, que tu as lu, quand tu étais adolescent, ces vers d'Alfred de Musset. Je suis certain que ces mots sont restés bien ancrés dans ta mémoire, bien présents dans ton coeur... Et ceux qui ont eu le privilège de te côtoyer savent que l'enfant en toi n'était jamais très loin.

J'ai toujours l'impression que le 7 juillet 2009, c'était hier. Le rêve que j'ai fait avant-hier, empreint d'amour et de sérénité, me permet de croire que tu es maintenant en paix, avec ceux qui t'ont précédé dans les étoiles.

lundi 7 février 2011

L'enfant en soi

C'est un enfant qui prend le jour
pour en faire sa cabane de feuillage
Il arrive à l'horizon de la mémoire
sans aucun bruit
sans aucune page

Il n'a rien à nous dire

Il est la Présence même

Il éclate de tous les rires de la terre
C'est un enfant pareil à la mer
et pourtant c'est un enfant soleil
Il fait chanter toutes les colombes
Il adoucit les serpents du rouge vif
Il boit la rage et donne le rêve

Un jour nous le rencontrerons
Entre deux portes
coquille de l'instant
Il arrêtera notre visage
Il prolongera notre regard
dans la surprise du torrent

Nous prendrons le temps du partage
C'est un enfant qui arrondit l'espoir
pour le faire rouler et bleuir le monde
Il est la femme et il est l'homme
entrelacés
Hélice de toute vie

Avec lui nous devenons plus humains
Avec lui
fulgurante
l'existence est royauté


En lisant ce texte de René Barbier, intitulé « L'enfant intérieur », je me disais qu'il avait, lui aussi, rencontré notre Petit Prince, Alexander, lors de son passage sur Terre, car dans chacun des mots de ce poème, je croyais que c'était de lui qu'il parlait.


Alexander, mon merveilleux Petit Prince, il y a dix-neuf mois que tu es retourné sur ton étoile. Sans toi, la nôtre n'est plus la même.

lundi 30 août 2010

D'étoile à étoile...

« J'ai tendu des cordes de clocher à clocher ;
des guirlandes de fenêtre à fenêtre ;
des chaînes d'or d'étoile à étoile,
et je danse. »

Ces mots d'Arthur Rimbaud pourraient avoir été écrits par Alexander. Spontanément c'est à lui que j'ai pensé en les retrouvant. Je ne vois personne qui pourrait, mieux qu'Alexander, tendre ces cordes, ces guirlandes, ces chaînes d'or...

Ils me rappellent ces lignes du Petit chose d'Alphonse Daudet qu'Alexander aimait tant, qu'il avait recopiées dans l'un de ses nombreux carnets et qu'il avait tenu à retranscrire pour me les envoyer, sachant que je les aimerais. J'en étais très ému, et je le suis encore autant, car j'y retrouvais, en quelques lignes seulement, tant d'images importantes à Alexander : des cloches, de la musique, des carillons, des clochers, des fenêtres, des larmes, des anges, des ailes secouées...

Le ménage fini, Jacques s'en allait chez son marquis, et je ne le revoyais plus que dans la soirée. Je passais mes journées tout seul, en tête-à-tête avec la Muse ou ce que j'appelais la Muse. Du matin au soir, la fenêtre restait ouverte avec ma table devant, et sur cet établi, du matin au soir j'enfilais des rimes. De temps en temps un pierrot venait boire à ma gouttière ; il me regardait un moment d'un air effronté, puis il allait dire aux autres ce que je faisais, et j'entendais le bruit sec de leurs petites pattes sur les ardoises... J'avais aussi les cloches de Saint-Germain qui me rendaient visite plusieurs fois dans le jour. J'aimais bien quand elles venaient me voir. Elles entraient bruyamment par la fenêtre et remplissaient la chambre de musique. Tantôt des carillons joyeux et fous précipitaient leurs doubles croches, tantôt des glas noirs, lugubres, dont les notes tombaient une à une comme des larmes. Puis j'avais les angélus : l'angélus de midi, un archange aux habits de soleil qui entrait chez moi tout resplendissant de lumière ; l'angélus du soir, un séraphin mélancolique qui descendait dans un rayon de lune et faisait toute la chambre humide en y secouant ses grandes ailes...

lundi 7 décembre 2009

Terre natale

« Si je devais mourir, pense seulement cela de moi :
il y a là un petit coin de terre étrangère
qui est pour toujours l'Angleterre. »
Rupert Brooke


Quand il fut question pour la première fois - et cela vint très tôt dans nos premières conversations -, qu'Alexander vienne me voir à Montréal (ce fut toujours l'entente entre nous : il viendrait d'abord à Montréal ; j'irais ensuite en Angleterre), il me demanda de lui promettre solennellement que, s'il lui arrivait quelque chose durant son séjour à Montréal, je devrais le faire rapatrier en Angleterre. Si je ne connaissais pas son amour pour sa patrie, je pourrais croire qu'il avait envers elle un engagement officiel qu'il se devait d'honorer...

Nous avions parlé ce soir-là de l'appartenance, de l'amour du pays, de l'amour du sol lui-même... Alexander avait un tel amour pour son pays qu'il n'en sortait jamais sans apporter avec lui un peu de terre provenant du sol. Il avait voulu m'en envoyer par la poste mais nous nous étions inquiété des restrictions douanières... L'amour du pays nous avait amenés à parler de poésie et, tout particulièrement, de Rupert Brooke et de l'un de ses plus célèbres sonnets, The Soldier, dont sont tirées et traduites les premières lignes citées au début de cet article :

If I should die, think only this of me:
That there's some corner of a foreign field
That is for ever England. There shall be
In that rich earth a richer dust concealed;
A dust whom England bore, shaped, made aware,
Gave, once, her flowers to love, her ways to roam,
A body of England's, breathing English air,
Washed by the rivers, blest by suns of home.

And think, this heart, all evil shed away,
A pulse in the eternal mind, no less
Gives somewhere back the thoughts by England given;
Her sights and sounds; dreams happy as her day;
And laughter, learnt of friends; and gentleness,
In hearts at peace, under an English heaven.


Alexander aimait beaucoup ce poète. Je me souviens qu'au cours de l'été 2008, son frère Charles venu lui rendre visite à Londres lui avait apporté un livre tiré de la bibliothèque familiale. Alexander en avait été très ému car il s'agissait d'un recueil de poèmes qui avait appartenu à sa mère, qui aimait beaucoup Rupert Brooke.


Nous le trouvions très beau. Il nous faisait penser à Hugh Grant, que j'avais aimé dans dans le rôle de Clive, dans le film de James Ivory, Maurice. La ressemblance n'était pas que physique car si la postérité a surtout retenu, grâce au zèle de ses héritiers, son amour des jeunes filles, Rupert Brooke n'était absolument pas insensible à la beauté masculine. Un autre point commun qu'il a avec les personnages du film : Rupert Brooke a étudié à Cambridge, alors qu'Alexander (qui le lui a pardonné, j'en suis sûr) a étudié à Oxford.


Paradoxalement, Rupert Brooke qui était si attaché à sa patrie et qui disait que son université, Cambridge, serait pour toujours sa seule adresse, a été enterré en Grèce, sur l'île de Skyros. Il n'avait que 28 ans ; ce très jeune âge n'est que l'un des points qu'il a en commun avec Alexander, qui en avait 27...

Alistair, qui est un digne ami d'Alexander, m'écrivait il y a quelques jours qu'il avait pensé à moi en lisant les récits de voyages de Rupert Brooke, notamment les pages où il raconte son passage à Montréal. Il faudra que je me procure un exemplaire de ces récits de voyage, en attendant de lire ceux d'Alistair. Ceux que j'aimerais pouvoir lire, ce sont les nombreux voyages imaginaires qu'a pu faire Alexander en rêvant de son premier séjour ici.

Toute la soirée, une série de « coïncidences » m'a fait penser à Alexander. Au moment de commencer cet article, un peu avant minuit, j'ai jeté un regard vers l'une des fenêtres du salon, dont les stores sont fermés ; j'ai pourtant aperçu, à travers les lames du store, dans la nuit noire, un point lumineux : c'était la Lune qui venait me faire signe, comme si Alexander voulait me dire que, cinq mois exactement après son départ, il ne m'oubliait pas. Le temps de rédiger cet article, j'ai rouvert le store ; l'article terminé, la Lune a disparu dans les nuages...

mercredi 18 novembre 2009

Ah ! comme la neige a neigé !

Ah ! comme la neige a neigé !
Ma vitre est un jardin de givre.




Alexander avait découvert l'existence d'Émile Nelligan sur le blogue de Béo, un jour où elle affichait ses lectures du moment.

Immédiatement, il avait commandé tout ce qu'il ait pu trouver de la poésie du poète québécois. Depuis son enfance, Alexander dévorait la poésie (ce qui était tout à fait naturel : il était lui-même la poésie). Il avait tout lu en une nuit et il m'avait envoyé plusieurs poèmes, ceux qu'il préférait. N'ayant pas trouvé dans son riche choix de poèmes celui du « Vaisseau d'or », je lui avais demandé s'il avait oublié ou rejeté celui-là. Non, ce poème n'était pas publié dans les recueils qu'il avait commandés. Il a cherché encore et il a commandé aussitôt d'autres poèmes de Nelligan.

Il aimait cette poésie et je peux comprendre aussi qu'il était très fier de découvrir un grand poète qui était plus près de moi puisqu'il avait grandi et vécu à Montréal. J'avais mentionné à Alexander que je passais assez régulièrement devant une maison de la rue Laval où le poète a vécu plusieurs années avec sa famille, et que je lui en enverrais des photos dès que je le pourrais. Dans ses dernières paroles, Alexander avait fait allusion à mes promenades quotidiennes, aux nombreuses photos que je prenais afin de pouvoir les lui envoyer. Puis il a parlé des images de la maison d'Émile Nelligan... C'est en parlant de ces images qu'il a prononcé ses derniers mots avant de fermer les yeux et de sombrer dans le silence : « ... Je demanderai à Alcib ».

C'est aujourd'hui l'anniversaire du décès d'Émile Nelligan, disparu le 18 novembre 1941. Alexander voudrait que je souligne aussi cette date.

Parmi les poèmes qu'il préférait, assez nombreux, Alexander avait choisi celui-ci :

Vieux piano

L'âme ne frémit plus chez ce vieil instrument ;
Son couvercle baissé lui donne un aspect sombre ;
Relégué du salon, il sommeille dans l'ombre
Ce misanthrope aigri de son isolement.

Je me souviens encor des nocturnes sans nombre
Que me jouait ma mère, et je songe, en pleurant,
À ces soirs d'autrefois - passés dans la pénombre,
Quand Liszt se disait triste et Beethoven mourant.

Ô vieux piano d'ébène, image de ma vie,
Comme toi du bonheur ma pauvre âme est ravie,
Il te manque une artiste, il me faut L'Idéal ;

Et pourtant là tu dors, ma seule joie au monde,
Qui donc fera renaître, ô détresse profonde,
De ton clavier funèbre un concert triomphal ?



Ajout (20 novembre 2009) : En commentaire, Lux évoque un souvenir de jeunesse, de sa première jeunesse, en faisant allusion à ce poème de Claude Léveillé mis en musique par l'auteur-compsiteur-interprète Claude Léveillé qui, soit dit en passant, fut l'un des compositeurs d'Édith Piaf. Pour répondre à sa question, voici, sur YouTube, « Soir d'hiver », poème d'Émile Nelligan, interprété par Claude Léveillé sur sa propre musique.

mardi 22 septembre 2009

J'étais si près de toi, Alexander

Dans mon chagrin rien n'est en mouvement
J'attends personne ne viendra
Ni de jour ni de nuit
Ni jamais plus de ce qui fut moi-même
Mes yeux se sont séparés de tes yeux
Ils perdent leur confiance ils perdent leur lumière
Ma bouche s'est séparée de ta bouche
Ma bouche s'est séparée de ton plaisir
Et du sens de l'amour et du sens de la vie
Mes mains se sont séparées de tes mains
Mes mains laissent tout échapper
Mes pieds se sont séparés de tes pieds
Ils n'avanceront plus il n'y a plus de routes
Ils ne connaîtront plus mon poids ni le repos

Il m'est donné de voir ma vie finir
Avec la tienne
Ma vie en ton pouvoir
Que j'ai crue infinie

Et l'avenir mon seul espoir c'est mon tombeau
Pareil au tien cerné d'un monde indifférent

J'étais si près de toi que j'ai froid près des autres.


Paul Éluard, Oeuvres complètes, vol. II, « Bibliothèque de la Pléiade », 1968.

dimanche 2 août 2009

La prière des roses

« Je vous salue, ô roses, étoiles solennelles.
Roses, roses joyaux vivants de l'infini,
bouches, seins,vagues âmes parfumées, larmes, baisers,
grains et pollen de lune, ô doux lotus sur les étangs de l'âme,
je vous salue, étoiles solennelles. »
La prière des roses, Federico Garcia Lorca

Tous les jours, depuis juin 2008, j'ai envoyé à Alexander au moins une rose (virtuelle) chaque jour. Même quand il était à l'hôpital, Alexander recevait ses roses car Jane lui imprimait tous mes messages, qu'il lisait et relisait, dormant avec eux, ainsi que les images qui accompagnaient les mots. Après son départ, ces fleurs recouvraient son lit, ce lit qui a abrité tant de rêves, tant de poésie, tant de lectures, tant de projets, tant de larmes, mais aussi tant d'amour (au singulier).
C'est peut-être le Petit Prince en lui qui aimait tant la rose, la reine des fleurs.

« Dans le langage des jardiniers, les plantes crèvent,
mais les roses meurent. »
Julien Green

mardi 7 juillet 2009

Amour et poésie

Je ne suis pas un grand amateur de poésie en vers. Je ne m'en vante pas, je m'en confesse. Il m'arrive toutefois, à l'occasion, de tomber sur des poèmes que j'aime beaucoup. La nuit dernière, j'ai trouvé ceux-ci que je voulais offrir à Alexander qui vit dans la poésie depuis sa naissance, non parce qu'ils contiennent quelque message codé entre nous, mais simplement parce que je les ai découverts et tout de suite aimés. Ils sont tous deux de Federico Garcia Lorca.

Sonnet de la douce plainte

J'ai peur de perdre la merveille
de tes yeux de statue et cet accent
que vient poser la nuit près de ma tempe
la rose solitaire de ton haleine.

Je m'attriste de n'être en cette rive
qu'un tronc sans branche et mon plus grand tourment
est de n'avoir la fleur ou la pulpe ou l'argile
qui nourrit le ver de ma souffrance.

Si tu es le trésor que je recèle,
ma douce croix et ma douleur noyée,
et si je suis le chien de ton altesse,

ah, garde-moi le bien que j'ai gagné
et prends pour embellir ta rivière
ces feuilles d'un automne désolé.

J'ignore qui a traduit de l'espagnol ce poème, mais on peut en lire ici la version anglaise.

Le suivant est en anglais ; il en existe sûrement une version française que j'ignore.

Ditty of First Desire

In the green morning
I wanted to be a heart.
A heart.

And in the ripe evening
I wanted to be a nightingale.
A nightingale.

(Soul,
turn orange-colored.
Soul,
turn the color of love.)

In the vivid morning
I wanted to be myself.
A heart.

And at the evening's end
I wanted to be my voice.
A nightingale.

Soul,
turn orange-colored.
Soul,
turn the color of love.

From Selected Verse, Songs, 1921-1924 ,
translated by Alan S. Trueblond

vendredi 26 juin 2009

Le petit oiseau de toutes les couleurs


Hier, Béo parlait d'un oiseau qu'elle ne connaissait pas, aperçu dans son jardin ces derniers jours (quel que soit celui que j'utilise, mon ordinateur fige à chaque fois durant quelques minutes, et je dois parfois tout fermer ; mais comment se passer des billets de Béo ?|). Je n'aurais pas su dire non plus le nom de cet oiseau. Cet oiseau de moi inconnu m'aura tout de même fait penser à deux autres oiseaux que je connais bien. Le premier, ma perruche l'aime beaucoup, c'est celui de Gilberd Bécaud, « Le petit oiseau de toutes les couleurs ». que l'on peut entendre sur YouTube. L'autre, c'est celui de Jacques Prévert.

Pour faire le portrait d'un oiseau

Peindre d'abord une cage
avec une porte ouverte
peindre ensuite
quelque chose de joli
quelque chose de simple
quelque chose de beau
quelque chose d'utile
pour l'oiseau
Placer ensuite la toile contre un arbre
dans un jardin
dans un bois
ou dans une forêt
S
e cacher derrière l'arbre
sans rien dire
sans bouger...
Parfois l'oiseau arrive vite
mais il peut aussi bien mettre de longues années
avant de se décider
Ne pas se décourager
attendre
attendre s'il faut pendant des années
la vitesse ou la lenteur de l'arrivée de l'oiseau
n'ayant aucun rapport
avec la réussite du tableau
Quand l'oiseau arrive
s'il arrive
observer le plus profond silence
attendre que l'oiseau entre dans la cage
et quand il est entré
fermer doucement la porte avec le pinceau
puis effacer un à un tous les barreaux
en ayant soin de ne toucher aucune des plumes de l'oiseau
Faire ensuite le portrait de l'arbre
en choisissant la plus belle de ses branches
pour l'oiseau

Peindre aussi le vert feuillage et la fraîcheur du vent
la poussière du soleil
et le bruit des bêtes de l'herbe dans la chaleur de l'été
et puis attendre que l'oiseau se décide à chanter
Si l'oiseau ne chante pas
c'est mauvais signe
signe que le tableau est mauvais
mais s'il chante c'est bon signe
signe que vous pouvez signer
Alors vous arrachez tout doucement
une des plumes de l'oiseau
et vous écrivez votre nom dans un coin du tableau.

Jacques Prévert

Je vous conseille vivement d'aller regarder cette vidéo, pour apprendre vraiment comment faire le portrait d'un oiseau.

mardi 23 juin 2009

Ambassades


« ... Georges [secrétaire d'ambassade de France à Athènes] n'en était pas affecté : il avait bu moins que les autres et ne regrettait pas de conserver sa lucidité. Profitant de la suspension d'armes, il songea à téléphoner à Rudolf [secrétaire d'ambassade d'Allemagne à Athènes].
« Devant le standard de l'entrée, il hésita : avec quel bureau brancher la communication ? Avec le sien ? La perspective de descendre au sous-sol l'ennuya. Avec celui de Redouté ? Ce cadre de travail austère ne l'attira pas davantage. Il préféra le bureau de l'ambassadeur. Il l'amusait de revoir, à cette heure indue et pour des explications sentimentales, la bataille du pont Milvius et la généalogie des Médicis.
« Rudolf eut plaisir à l'entendre. Il s'était déjà calmé et avoua que, peu épris de mondanités, même d'ordre juvénile, il n'avait pas été fâché de rentrer chez lui.
« — Je suis en train, poursuivit-il, de lire des vers de notre poète Stefan George — Georges de Sarre, Georges de Grèce, que de Georges !
« Il en traduisit lentement un passage :
Puisque sur ma couche soyeuse,
Le sommeil envieux m'a fui,
Ne m'amenez pas des conteurs ;
Je ne veux pas, non plus, les chansons berçantes
Des filles du pays attique,
Qui me plaisaient il y a bien des lunes.
Maintenant, enchaînez-moi dans vos liens,
Jours de flûte du Nil.
« — Est-ce pour moi que vous avez choisi ce poème ? demanda Georges.
« Rudolf ne répondit pas et Georges ne répéta pas sa question. Leur amitié était pleine de questions qui n'avaient pas reçu de réponses. Mais c'est pendant ces silences qu'ils entendaient battre leurs coeurs.»

Les Ambassades, Roger Peyrefitte, roman, Éd. Flammarion, 1951.

samedi 20 juin 2009

Dans un vieux livre

« Dans un vieux livre du siècle dernier, j'ai trouvé, oubliée entre les pages, une aquarelle non signée, mais due sans doute à un remarquable artiste. Son titre : Image de l'Amour.
« Mais il eût fallu ajouter : Du plus raffiné des amours sensuels.
« On comprenait en regardant cette oeuvre (l'intention de l'artiste était évidente) que le jeune homme du portrait n'était pas de ceux qui s'en tiennent à ce qui est plus ou moins sain, plus ou moins permis — avec ses profonds yeux bruns, son beau visage subtil (beauté des jouissances défendues), ses lèvres parfaites, dispensatrices de volupté au corps aimé, ses membres pleins d'une grâce idéale, faits pour des lits que la morale courante juge infâmes... »

Constantin Cavafy (1863-1933) ; traduction par Marguerite Yourcenar et Constantin Dimaras.

samedi 7 mars 2009

La tête dans les nuages

« Temps couvert », Jean-Pierre Desclozeaux

« Il faut savoir tremper sa plume dans le bleu du ciel. »
Félix Leclerc

Je ne sais peut-être pas toujours tremper ma plume dans le bleu du ciel, mais chaque jour j'y plonge mon nez, mon regard. Dès que je mets le pieds dehors, je lève les yeux au ciel. Parfois, c'est pour vérifier s'il fait beau ou s'il y aura de la pluie ; la plupart du temps, c'est pour y observer la couleur, si nuancée d'un moment à l'autre, d'un endroit à l'autre. Quand il y a des nuages, c'est souvent merveilleux. Les nuages sont la plupart du temps si beaux ! Blancs, gris, roses, mauves, violet, orangés, ... leurs couleurs sont douces et nuancées ou, au contraire, très contrastées, mais c'est toujours si beaux à contempler. Je pourrais m'asseoir sur un banc ou, encore mieux, m'allonger dans l'herbe (quand il y en a) et observer le jeu des nuages. Chaque fois que je lève les yeux au ciel, je voudrais pouvoir en parler immédiatement avec mon amoureux car il adore aussi les nuages et son sens poétique est plus développé que le mien, du moins sa capacité à l'exprimer. À Montréal, la lumière est toujours si belle ! En observant les nuages vers la fin de l'après-midi, j'ai parfois l'agréable surprise d'y voir aussi notre amie la Lune.

mercredi 18 février 2009

La neige a neigé...

Si l'on effectue une recherche sur Google avec ces mots : « Ah ! comme la neige a neigé ! », on tombe sur des dizaines et des dizaines de sites Web qui n'ont de commun entre eux que de parler ou d'illustrer de la neige. Je parie que 90 % des auteurs de ces sites ou de ces blogues ne savent même pas que ces mots, devenus pour eux une expression familière, sont tirés d'un poème d'Émile Nelligan, « Soir d'hiver ».

Dimanche soir, mon amoureux et moi parlions de poésie ; il la connaît mieux que moi ; il est tombé dedans lorsqu'il n'était encore qu'un très jeune enfant. Il m'a fait découvrir ou redécouvrir certains des plus beaux poèmes de la langue française. Il était très fier de me parler de l'une de ses récentes découvertes, la poésie d'Émile Nelligan. Pour arriver jusqu'à lui, les poèmes de Nelligan sont passés par la Suisse avant de revenir vers moi . Il m'a récité celui-ci, « Soir d'hiver », puis je lui ai fait découvrir « Le vaisseau d'or ».

(24 décembre 1879 - 18 novembre 1941)

Soir d'hiver

Ah ! comme la neige a neigé !
Ma vitre est un jardin de givre.
Ah ! comme la neige a neigé !
Qu’est-ce que le spasme de vivre
À la douleur que j’ai, que j’ai !

Tous les étangs gisent gelés,
Mon âme est noire : Où vis-je ? où vais-je ?
Tous ses espoirs gisent gelés ;
Je suis la nouvelle Norvège
D’où les blonds ciels s’en sont allés.

Pleurez, oiseaux de février,
Au sinistre frisson des choses,
Pleurez, oiseaux de février,
Pleurez mes pleurs, pleurez mes roses,
Aux branches du genévrier.

Ah ! comme la neige a neigé !
Ma vitre est un jardin de givre.
Ah ! comme la neige a neigé !
Qu’est-ce que le spasme de vivre
À tout l’ennui que j’ai, que j’ai !...

Émile Nelligan. « Soir d'hiver «

samedi 27 septembre 2008

Petit garçon solitaire


Je remercie chaleureusement « Docteur Jane » de m'avoir fait parvenir cette merveilleuse aquarelle d'un petit garçon qui, avec des cheveux noirs plutôt que blonds, est le portrait un peu plus jeune du Petit Prince que nous aimons et qui est hospitalisé en ce moment. Je remercie « Docteur Jane » aussi pour son rôle doublement angélique : celui d'ange gardien et d'ange messager. Merci pour sa présence, fidèle et aimante, auprès de lui durant ces jours difficiles et pour avoir si bien su, avec tant d'amour et de délicatesse, transmettre de part et d'autre la confiance et la détermination ainsi que les mots tendres qui permettent à chacun de retrouver chaque jour le sourire. Merci de poursuivre sa mission, le temps qu'il faudra...

Rassurons-nous, il n'a pas l'intention de retourner tout de suite sur son étoile et nous ne le laisserons pas partir. Il a encore trop de bonnes choses à vivre parmi nous, trop de bien à accomplir sur Terre, et nous avons trop besoin de lui. Et puis nous sommes au moins quelques-uns à avoir été séduits et conquis par son indéfectible amour. Le nombre importe peu ; ce qui compte, c'est l'amour inconditionnel que nous avons pour lui, en essayant d'être vraiment dignes du sien.

Il y aurait tant à dire à son sujet ! Discret, et même timide, il n'aime pas que l'on attire trop l'attention sur ses innombrables qualités. Et puis, en essayant de dresser son portrait intellectuel et moral, je ne manquerais pas de faire de nombreux jaloux. Je me limiterai à deux mots qui le résument assez bien : merveilleux et adorable. Merveilleux, comme un être venu d'ailleurs, qui n'aurait pas connu le péché originel ; il sait voir immédiatement ce qu'il y a de bon en chacun et s'apprête à faire confiance ; comme il est loin d'être bête, il sait aussi tout le mal que chacun peut faire. Adorable pour tous ceux qui savent s'arrêter de courir, tous ceux qui ont un cœur et à la bouche des mots vivants plutôt que des chiffres. Merveilleux et adorable, il n'est pas que poète : il est lui-même poésie.



Si l'on préfère la version chantée par Nana Mouskouri, on peut l'écouter ici