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lundi 7 juillet 2014

5 ans après ton départ, tu me manques autant

Sa meilleure et fidèle amie, qui fut d'abord la meilleure amie de sa mère, m'écrivait, au sujet d'Alexander, bien entendu : « Un coeur pur, tout comme son visage, fragile comme la porcelaine, mais radieux. Il était une lumière dans ma vie. Il m'a apporté tellement de joie, toute sa vie, depuis sa naissance. Je l'aime terriblement ! J'étais fière de lui. J'ai toujours pleuré avec tous ses chagrins, et ri avec lui pour tous ses bonheurs. D'une immense sensibilité, toujours attentif aux autres, attentionné, et surtout d'une grande noblesse de coeur et d'esprit. Délicat, adorable et charmant... »

Ce n'est pas moi qui, même cinq ans après son départ, dirais le contraire de cette amie si précieuse qui m'avait adopté puisque j'étais l'amoureux de ce garçon merveilleux qu'elle aimait comme son fils, mais aussi comme un être exceptionnel que l'on n'a pas tous le privilège de rencontrer, même une seule fois, dans sa vie.


Pour commémorer le premier anniversaire de son départ, lors de la cérémonie réunissant la grande famille, notre amie me disait : « J'ai fait commander en votre nom un coeur de roses, avec une carte sur laquelle tout le monde pourra lire votre nom... Je suis sûre que si vous écoutez bien dans la nuit, vous entendrez les cornemuses qui, à l'église, joueront durant vingt-quatre heures, pour dire à Alexander combien nous l'aimons. »


Je suis, en ce cinquième anniversaire, de tout coeur avec sa famille, ses amis, toute la petite famille que nous aimions, que j'aime...

vendredi 20 juin 2014


Le chagrin, la douleur de la perte, de l'absence, du manque de la moitié de soi, ... sont toujours là ; mais je n'aurais pas dû relire notre conversation d'il y a cinq ans, qui devait être notre dernière conversation. Bien sûr, je n'en avais rien oublié, mais cette relecture m'a donné durant plusieurs minutes l'impression d'y être encore...

Je sais que deux ou trois lecteurs comprendront très bien, pour le vivre aussi de leur côté...

Il me redisait notamment, dans cette dernière conversation, que son seul désir, c'était d'être dans mon coeur, pour toujours. Et il ajoutait : « Je sais que tu m'aimes aussi et que jamais tu ne diras, même dans plusieurs années : « Ah oui, j'ai connu un jour un garçon qui s'appelait Alexander... » Parfois je me demande comment quelqu'un comme toi peut m'aimer, mais j'ai confiance en toi et j'ai confiance en ton amour. Et tu ne me parles toujours qu'avec ton coeur... »

Oui, Alexander, tu es et tu seras toujours dans mon coeur, comme tu l'as été depuis que tu es entré dans ma vie, « dirigé vers [moi] par quelqu'un qui t'aime et qui veille sur toi », aimait répéter notre meilleure amie. Et tout le temps qu'il me reste à vivre, que ce soit un jour, un mois, des années, je vivrai avec toi, pour nous. Je crois que j'essaie parfois de m'étourdir dans l'action pour ne pas trop me rendre compte de ton absence, comme si à la fin de mes agitations, de mes pérégrinations, j'allais te retrouver pour poursuivre nos échanges quotidiens...

Mais cette nuit, c'est le grand vertige...

Et d'autres douloureux silences sont venus s'ajouter, qui  attristent et inquiètent, et sont par moments difficiles à « gérer »...

Je sais cependant que tu n'as plus peur de me perdre, puisque tu es avec moi pour toujours, que tu comprends et que tu m'encourages à cultiver quelques vraies et précieuses amitiés, sans lesquelles la vie sur terre serait vraiment trop ardue. Je sais qu'avec moi tu les remercies de leur présence chaleureuse, même à distance.

lundi 1 août 2011

Aimer, perdre et... pleurer



Que dire à quelqu'un de très cher qui, en moins d'une semaine, a perdu sa mère et son grand-père ?
Quelqu'un qui, à peine arrivé chez des amis à la campagne, à l'autre bout du pays, pour tenter de refaire un peu ses forces après le départ de sa mère, doit refaire le chemin en sens inverse pour aller aux funérailles de son grand-père ?
Je crois qu'il n'y a rien à dire. Dans ces circonstances, les mots sont bien impuissants. Seules la présence et l'affection des amis, même à distance, peuvent tenter d'apporter un peu de soutien et de réconfort.
Il connaissait déjà l'intensité de la douleur et l'immensité du vide causés par la perte d'un être cher. Avant même de pouvoir se rendre compte de l'ampleur du désastre, on doit se demander, quand deux autres départs consécutifs viennent s'ajouter à celui dont on essayait de se remettre, quand est-ce que cela va s'arrêter.

« Aimer, perdre et grandir » : c'est le titre d'un livre de Jean Monbourquette que l'on m'a, parmi d'autres titres, suggéré de lire pour tenter de donner un sens à la perte de celui qui donnait à ma vie tout son sens. Je n'ai jamais été capable de lire ce livre, ni aucun autre du genre, qui veut nous faire croire que la perte des êtres qui nous sont chers nous fera grandir. Non, merci ! Je ne crois pas qu'il faille perdre ceux que l'on aime pour grandir. Si c'est cela, je préfère rester petit, serais-je porté à dire. Il faut être religieux, profondément croyant, et avoir abandonné pratiquement toute attache terrestre, pour pouvoir accepter la perte comme occasion de grandir. Je sais que le départ d'Alexander me force à trouver en moi des ressources que je ne me connaissais peut-être pas, mais je n'ai pas le choix ; je ne peux toutefois pas envisager sereinement « la chance » que j'ai de pouvoir « grandir ». Le seul point sur lequel j'aurai grandi, c'est sur la capacité de continuer de vivre avec la perte, malgré la perte.  Je reste toutefois convaincu que j'aurais évolué et grandi énormément plus avec la présence d'Alexander.

Cela dit, j'ai plusieurs fois eu recours aux services d'écoute de la Maison Monbourquette, au téléphone ou en personne, face à face, afin d'exprimer les trop fortes angoisses, les douleurs insoutenables, qui ont suivi le départ d'Alexander, et il m'arrive encore d'y faire appel. Il y a là des bénévoles formidables qui savent écouter sans juger, faire exprimer l'angoisse, le chagrin, en posant les bonnes questions sans suggérer eux-mêmes des réponses, et sans tenter même de faire allusion à Dieu ou aux pratiques spirituelles. Leur mission, c'est l'écoute, l'accompagnement des personnes en deuil, pas la foi.

Quand à notre ami si horriblement éprouvé, qu'il sache qu'il sera dans mon coeur et dans mes pensées, et que je serai là pour lui, aujourd'hui, demain, la semaine prochaine, dans les années à venir, aussi longtemps que je pourrai dire toujours.
Et, chez moi, de nouvelles bougies se sont ajoutées pour apporter un peu de lumière sur ces moments très sombres.

jeudi 7 juillet 2011

Un an de plus, cher Petit Prince


Mon Big Ben annonce le début de la nuit chez moi. La plupart des Britanniques dorment encore au moment où je commence à écrire ces lignes. Dans quelques heures, la famille rassemblée et les proches d'Alexander se retrouveront dans cette église qu'Alexander connaît si bien afin de lui rendre hommage en ce deuxième anniversaire de son départ..

Je sais qu'il y aura une messe mais, si je peux m'imaginer la suite, je ne connais pas l'ensemble du programme prévu Je n'y suis pas encore physiquement, mais une amie très chère y sera pour moi tout autant que pour elle-même. Un magnifique coussin en forme de cœur choisi par notre amie, composé de roses roses et de lys blancs, portera une petite carte blanche avec mon nom. Du haut de son étoile, Alexander sourira de bonheur en voyant toutes ces fleurs. Je crois qu'il sera content aussi que cette petite carte portant mon nom rappelle à ceux de la famille qui voudraient l'oublier qu'Alexander avait et aura toujours un amoureux qui ne l'oubliera jamais.

Je sais que pour la famille et pour les amis ce sera un anniversaire encore très douloureux, comme l'est chaque jour, chaque instant qui passe depuis deux ans. Je crois cependant qu'il y a toujours une part de réconfort à partager son chagrin avec d'autres personnes qui pleurent aussi celui que l'on aime. J'ai souvent le sentiment que la distance physique, l'éloignement géographique, me rend plus difficile l'absence d'Alexander, mais cela ne devrait pas car la distance ne nous a pas empêchés, lui et moi, de vivre si intensément ce que nous avons vécu. Et je suis toujours ému de constater que, en dépit de la distance géographique et du temps qui passe, je reste, pour ceux qui aiment Alexander, l'amoureux pour qui il aurait tout donné.

Aujourd'hui, j'irai chercher des roses roses, j'allumerai plein de bougies, j'écouterai des airs de cornemuse et... j'essaierai de me concentrer sur ce privilège immense d'avoir été choisi par Alexander pour vivre avec lui tout ce que nous avons vécu de si merveilleux.

Et si vous aviez envie vous aussi d'écouter un air de cornemuse...

dimanche 22 novembre 2009

« ... j'ai si peur de te perdre ! »

L'image vient d'ici

En avril 2008, dans les jours qui ont suivi les débuts de notre correspondance qui allait prendre rapidement un rythme et une intensité extraordinaires, Alexander se faisait renverser par une voiture en se rendant au travail... Il avait eu « de la chance » en étant projeté par-dessus la voiture au lieu de passer sous les roues comme il est arrivé à l'un de ses patients quelques jours plus tard... Alors que ses collègues l'attendaient pour prendre la relève à l'urgence, ils ont vu Alexander arriver à l'urgence en ambulance... Il avait des côtes cassées, de grandes lacérations à la tête, de multiples contusions... Je m'étais inquiété de ne pas recevoir de message de sa part durant plus de vingt-quatre heures. Puis je reçus ce message :

« Alcib, je ne sais plus où j'en suis... Pourquoi, ai-je tant besoin que tu me parles ? Au fond de moi, au creux de mon cœur, c'est comme si on se connaissait depuis très longtemps, et j'ai si peur de te perdre !
J'ai froid et il faut que j'attende toutes ces heures de ta longue nuit pour pouvoir lire les mots de toi que tu m'écriras sans doute au matin... Qu'est-ce qui m'arrive ?
Merci, merci tellement de m'avoir écrit même si je n'étais pas là pour te répondre... Je ne veux même pas penser que j'aurais pu ne pas trouver tes mots ce matin...
En sortant de l'hôpital, tout à l'heure, j'ai aperçu une
pâquerette ; c'est la première que je vois ce printemps ; je l'ai cueillie pour toi... Je l'ai mise dans un petit peu d'eau et elle est là, près de moi.

Alcibiade...
Pendant que j'étais allongé sur la civière et que j'attendais à l'urgence les examens médicaux après mon accident, j'aurais aimé que tu sois là, et que tu me prennes dans tes bras, parce que j'avais peur... C'est la première fois que je suis, moi, de l'autre côté du miroir, là où il y a beaucoup de sang qui coule, et la mort qui rôde... Même si je ne suis pas trop blessé, malgré tout, j'ai vraiment eu de la chance, mais quand il y a plein de sang partout... Je pensais à mes bêtes, toutes seules... Et si j'étais vraiment parti sur la Lune, il n'y aurait même eu personne pour te le dire... Voilà, j'ai le cœur très gros. »*


Et le mien, cher Alexander, comment crois-tu qu'il est, mon coeur, en relisant ces mots ? Je te demande pardon : je sais que tu ne voudrais pas que j'aie du chagrin. Mais ces mots qui me déchiraient le coeur lorsque je les ai reçus, me font terriblement mal encore aujourd'hui.

Grâce à ta charmante voisine et amie, Abigail, tes bêtes ne se sont pas rendu compte ce jour-là que ton absence prolongée était anormale. Et Abigail n'a même pas pu leur transmettre son inquiétude car tu l'avais appelée en soirée pour lui demander de s'occuper de Harry et d'Alexander et disant que tu devais « travailler » plus longtemps que prévu, sans mentionner le sérieux accident du matin.

Quand tu as dû retourner à l'hôpital non comme médecin mais comme patient, tu as eu la délicate attention de demander à Jane de me donner régulièrement de tes nouvelles. Depuis lors, avec ta bénédiction, nous sommes devenus amis, et c'est une grande chance de pouvoir partager ainsi l'immense peine que nous cause ton départ et de nous échanger de précieux moments de bonheur.

Par ce blogue, tu avais découvert mon existence et, après avoir lu en une nuit tous les articles et tous les commentaires depuis l'automne 2005, tu avais compris que j'étais celui qui pouvait te comprendre et t'aimer comme tu le voulais et, avant même que j'aie eu le temps de répondre à tes premiers messages, tu m'aimais déjà sans réserve.

Alistair, avec qui tu as partagé tant de confidences depuis le début de l'adolescence, a aussi découvert ce blogue où je te parle et où je parle de toi. Je suis persuadé que tu lui en as discrètement indiqué le chemin afin qu'il soit moins seul avec son chagrin. Je suis heureux que le blogue ait pu ainsi créer un lien entre des personnes qui t'aiment et je suis très ému d'apprendre que, si tout va bien, Jane et Alistair se rencontreront bientôt à Londres pour évoquer les beaux moments que tu as permis à chacun de vivre. Je gage que leur première rencontre aura lieu sous la protection du bon vieux
Churchill, juste à l'ombre du Big Ben. Un jour pas trop lointain, j'espère, ce sera mon tour ; je viendrai marcher dans les lieux que tu as tant aimés et rencontrer en personne ceux et celles qui t'aiment plus que tout au monde.


*Il s'agit bien du texte réel tel qu'écrit par Alexander ; j'ai simplement rectifié l'orthographe. Les mots sont les siens, tout comme la syntaxe. Les points de suspension n'indiquent pas des coupures dans le texte (j'aurais plutôt mis des crochets [...], si ça avait été le cas) ; Alexander utilisait beaucoup les points de suspension dans ses messages.

mardi 22 septembre 2009

J'étais si près de toi, Alexander

Dans mon chagrin rien n'est en mouvement
J'attends personne ne viendra
Ni de jour ni de nuit
Ni jamais plus de ce qui fut moi-même
Mes yeux se sont séparés de tes yeux
Ils perdent leur confiance ils perdent leur lumière
Ma bouche s'est séparée de ta bouche
Ma bouche s'est séparée de ton plaisir
Et du sens de l'amour et du sens de la vie
Mes mains se sont séparées de tes mains
Mes mains laissent tout échapper
Mes pieds se sont séparés de tes pieds
Ils n'avanceront plus il n'y a plus de routes
Ils ne connaîtront plus mon poids ni le repos

Il m'est donné de voir ma vie finir
Avec la tienne
Ma vie en ton pouvoir
Que j'ai crue infinie

Et l'avenir mon seul espoir c'est mon tombeau
Pareil au tien cerné d'un monde indifférent

J'étais si près de toi que j'ai froid près des autres.


Paul Éluard, Oeuvres complètes, vol. II, « Bibliothèque de la Pléiade », 1968.