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dimanche 3 août 2025

Rupert Brooke - 3 août 1887 - 23 avril 1915

 

Il y a 138 ans, ce 3 août 2025, que naissait à Rugby, en Angleterre, Rupert Brooke, qui étudia à Cambridge, devint le poète que l'on connaît avant de mourir à 27 ans le 23 avril 1915 sur un navire-ambulance français en allant à la guerre sur la mer Égée.

C'est Alexander qui, la première fois, m'a parlé de ce jeune poète anglais pour qui il avait une affection particulière. Sa mère avait beaucoup aimé les poèmes de Rupert Brooke, et Alexander avait hérité de quelques recueils de ses poésies ayant appartenu à sa mère. Lors de notre première conversation, Alexander avait notamment évoqué le poème sans doute le plus connu de Rupert Brooke, « The Soldier » :

« If I should die, think only this of me:

That there’s some corner of a foreign field

That is for ever England... »

Il y avait une arrière-pensée derrière cette volonté d'Alexander de me parler de Rupert Brooke et, plus précisément, de ce poème, « The Soldier », qui est un poème, comme beaucoup de ceux de Rupert Brooke, idéaliste et patriotique : comme il venait de m'exprimer son ardent désir de venir à Montréal, Alexander, tout aussi patriotique, sinon plus, tenait à me dire que s'il lui arrivait quelque chose à Montréal, il faudrait que je le ramène chez lui. Alexander ne quittait d'ailleurs jamais l'Angleterre sans apporter avec lui un peu de la terre anglaise.

Rupert Brooke a même poussé son patriotisme jusqu'à mourir, indépendamment de sa volonté, un 23 avril, jour de la Saint-Georges, saint patron notamment de la chevalerie chrétienne anglaise. Mais, paradoxalement, lui qui voulait qu'on se souvienne de ce coin d'Angleterre qu'il aimait particulièrement, la région de Cambridge, est enterré sur une île grecque, celle de Skyros. Il n'est toutefois pas dans un pays tout à fait étranger car, lui qui s'est intéressé à la civilisation de la Grèce ancienne, il repose à jamais sur cette île sur laquelle, selon la légende, Thétis aurait caché son fils Achille (autre héros d'Alexander et de tant d'autres) afin d'empêcher qu'il ne parte à la guerre de Troie.

 

Je l'ai souvent dit et écrit, en choisissant le nom de mon bulldog anglais, c'était en pensant à Rupert Brooke, et c'était aussi une façon de rendre hommage à Alexander.

En décembre dernier, quand le périple sur terre de mon ami Rupert s'est terminé, j'ai choisi de donner à des chiens amis ce qui pouvait leur être utile ou agréable : des jouets, des gâteries, divers accessoires... Je ne tenais pas nécessairement à me défaire rapidement de ce qui avait appartenu à Rupert, mais je ne tenais pas non plus à les conserver comme des reliques : je crois que Rupert aurait été le premier à approuver mon choix de faire profiter d'autres chiens amis de ce qui lui avait procuré du confort et du plaisir.

J'ai notamment offert le lit de Rupert, un bon matelas en mousse mémoire, à un grand chien noir qu'une amie promème plusieurs fois par semaine et qui appartient aux proprétaires depuis plus de cinquante ans d'une librairie de livres d'occasion, principalement en anglais, à quelques pas de chez moi. J'avais offert ce lit par l'intermédiaire de cette amie qui promène leur chien ; quelques jours plus tard, cette amie me dit que les « parents » du beau chien noirs étaient heureux d'accepter le lit de Rupert, à condition que je vienne chez eux prendre le thé ou un apéritif. L'après-midi de la Saint-Sylvestre, mon amie et moi avons été reçus dans une très belle maison victorienne, superbement meublée et, comme il fallait s'y attendre, remplie des plus beaux livres anciens. On a débouché pour nous une excellente bouteille de vin rouge, que nous avons dégusté avec de succulentes bouchées faites maison. Et, agréable surprise, le beau chien noir n'a pas attendu très longtemps avant de s'allonger sur le lit de Rupert.

J'avais raconté à nos hôtes l'histoire du nom de Rupert donné à mon bulldog, associé à Rupert Brooke.

Quelques jours plus tard, les propriétaires de la librairie qui venaient de recevoir un lot de livres d'occasion, ont trouvé parmi eux un titre de Rupert Brooke, Letters of America, qu'ils m'ont généreusement offert dans une édition reliée. Il s'agit d'une série de lettres écrites par Rupert Brooke lors d'un long voyage aux États-Unis (New York, Boston), au Canada et au Québec (Montréal, Québec, Saguenay) que m'avait fait découvrir Alistair, un ami d'Alexander, il y aura bientôt seize ans. Était-ce sous l'inspiration des Lettres d'Amérique de Rupert Brooke qu'Alistair avait lui-même fait le voyage de Londres à Montréal et à Québec ? Il me plaît d'y penser et d'y croire.

lundi 6 mai 2019

Agatahou ? Agataki ?

Connaissez-vous Agatha ? Agatha Who ? Agatha Qui ?
Vous penserez peut-être, avec raison, à Agatha Christie, l'auteur de roman policiers. Je veux plutôt vous parler d'Agatha Raisin qui, elle, n'écrit pas de romans policiers : les aventures, elle les vit plutôt au quotidien.


Grâce à Alexander, j'ai découvert de nombreux auteurs britanniques qui, sans lui, ne m'auraient peut-être jamais intéressé. Depuis son départ, je n'ai cessé d'en découvrir de nouveaux qui, souvent, ne sont nouveaux que pour moi, parce que je n'avais pas eu l'occasion de les connaître auparavant. Je n'aurais peut-être jamais lu Evelyn Waugh, auteur britannique pourtant bien connu, si je n'étais tombé, il y a quelques années, sur l'excellente sérié télévisée Brideshead Revisited (Retour à Brideshead) adaptée du roman de cet écrivain. J'ai bien sûr suivi avec un immense intérêt, en version originale, la série Downton Abbey qui, elle, n'est pas tirée d'un roman, mais a été écrite directement pour la télévision par l'écrivain-producteur Julian Fellowes. Depuis, il m'est arrivé de vouloir lire des romans qui avaient inspiré des films ou des séries télévisées britanniques ou, à l'inverse, de vouloir voir des films ou des séries télévisées adaptés de romans d'auteurs britanniques.

Agatha Raisin et son charmant voisin, James Lacey

Il y a quelques mois, je suis tombé par hasard sur une série de la télévision anglaise, Agatha Raisin, que j'ai trouvée vraiment très divertissante, en plus de me permettre de découvrir visuellement l'une des plus belles régions d'Angleterre.

M. C. Beaton, pseudonyme de Marion McChesney

La série télévisée est inspirée des romans de M. C. Beaton, qui ne sont pas de la grande littérature mais qui, comme souvent les romans policiers, sont de l'excellente littéraure légère, de divertissement.


Je ne lis pas souvent ce genre de littérature mais, après avoir vu la première saison de cette série télévisée (en version originale, bien sûr), j'ai eu envie de lire, en traduction française, deux ou trois de ces romans de M. C. Beaton.


Après avoir fait fortune dans la communication, Agatha Raisin décide de quitter Londres et de s'établir dans un petit village de la campagne anglaise du Wiltshire mais, dès son installation dans le village, une série de meurtres se produisent les uns après les autres. Et, à chaque fois, malgré les bonnes résolutions et les menaces de l'inspecteur et de l'agent de police qui l'accompagne, Agatha se sent le devoir d'enquêter. À chaque épisode elle est entraînée dans une série d'aventures, parfois embarrassantes, souvent dangereuses, mais elle réussit toujours, je ne sais pas pourquoi, à découvrir le coupable.

Agatha Raisin et sa femme de ménage

Sa femme de ménage l'accompagne souvent dans ses enquêtes, de même que son charmant voisin, James Lacey.



Maison d'Agatha dans le village






La série télévisée est tournée dans la magnifique région des Cotswolds, le Notting Hill de la campagne anglaise. Le prince Harry et Meghan, duc et duchesse de Sussex, voulaient s'y établir avant que la reine leur offre de s'installer plutôt à Frogmore Cottage, dans le Home Park qui entoure le château de Windsor. 

Le rôle d'Agatha Raisin est tenu par Ashley Jensen qui (dans cette série) me rappelle énormément Martine, l'une de mes excellentes amies décédées il y a quelques années des suites d'un cancer. Comme Agatha, Martine était directrice de communication et elle avait, comme elle, une personnalité et une allure qui passaient rarement inaperçues...

La deuxième saison de la série est en cours d'enregistrement. Il me tarde de me procurer la série de DVD de la nouvelle saison.

vendredi 5 avril 2019

Sa chute sur la Terre...


Il y a 37 ans ce 5 avril, la chute sur la Terre d'un autre Petit Prince, anglais celui-ci.

mercredi 27 février 2019

To raise me up !

Depuis plus d'un mois, il m'a été impossible d'écrire, d'une part, parce que du moment que j'essayais de taper quelque chose au clavier, j'éprouvais de vives douleurs qui m'enlevaient immédiatement l'envie de poursuivre et, d'autre part, de très forts et persistants maux de tête m'empêchaient même de penser.

Il y a quelques jours, les douleurs ont semblé m'accorder un peu de répit (rien n'est jamais vraiment gagné et, de temps à autre, on me rappelle à l'ordre : « ne tiens rien pour acquis » et, si le pire n'est pas toujours certain, il n'est pas toujours exclu non plus).

Heureux de retrouver mon clavier, j'ai voulu répondre aux questions de Dr Caso dans sa dernière édition des p’tits souvenirs du dimanche soir. Hélas, au moment d'envoyer mes réponses dans les commentaires, tout a disparu dans le cyber-espace car le système de « mot de passe » nécessaire pour pouvoir laisser un commentaire sur le blogue de Dr CaSo refuse très souvent ma contribution. N'ayant pas le courage de réécrire mes réponses pour les voir disparaître une autre fois, je tente de les réécrire ici, en d'autres mots, probablement. Tant pis pour le commentaire !

Quelles activités avez-vous mises de côté par manque de temps, d’argent, ou d’énergie, récemment ?
Écrire, faire des promenades seul (Rupert ne veut pas souvent marcher pour marcher ; il lui faut un but précis), cuisiner et recevoir des amis, acheter des livres, aller voir dans les beaux magasins ce qui existe, aller au cinéma, au concert ou au théâtre...

Quelle est la citation qui vous inspire le plus ?
Pour Dr CaSo, ce sont ces deux citations : « No one can make you feel inferior without your consent » (Personne ne peut vous faire sentir inférieur sans votre consentement), d’Eleanor Roosevelt. Et aussi « Be yourself; everyone else is already taken » (Soyez vous-même, les autres sont déjà pris), d’Oscar Wilde.
Ce sont justement les deux citations que, depuis très longtemps, je retranscris dans de multiples carnets, que je propose à des amis au cours de conversations, que j'ajoute en signature au bas de mes courriels, etc.
Il y en a, évidemment, bien d'autres que j'aimerais proposer ici, du même genre ou, au contraire, très différentes, mais il en est des citations comme de l'esprit : celui que l'on veut avoir nous enlève celui qu'on a... Si l'idée est bien présente à la mémoire, les mots exacts pour la dire nous échappent.

Si la durée de vie moyenne d’un être humain passait à 50 ans, que changeriez-vous à la façon dont vous vivez aujourd’hui ?
Je ne changerais certainement rien à ma vie, mais je regarderais de haut celle des Terriens.

Si vous deviez obligatoirement aller vivre dans un autre pays, lequel serait-ce et pourquoi ?
Ce ne serait certainement pas l'Espagne, qui ne m'a jamais attiré, et moins encore depuis que les héritiers du dictateur Franco se moquent de la démocratie et font un procès politique à des Catalans qui ont osé répondre à la volonté de leurs concitoyens.
Je serais certainement tenté par l'Angleterre, où il me semble que je ne serais pas trop dépaysé, où je me sentirais davantage chez moi qu'en France, par exemple.
Je n'ai plus tellement envie de faire des efforts pour m'adapter à des coutumes, des façons de vivre qui ne m'excitent pas tellement.
Mais au fond, tous les ailleurs ne sont-ils pas tous semblables ?

Quelle chanson (ou morceau de musique) avez-vous récemment fredonné ?
Principalement, ces derniers temps, la chanson You Raise Me Up, de Josh Groban, ou encore une autre version de la même chanson, You Raise Me Up, interprétée ici par Jeffrey Li, un garçon de 13 ans, de Toronto.

Qu’est-ce que vous savez cuisiner de meilleur ?
J'avais l'habitude, lorsque je recevais des amis, de cuisiner, par exemple, du lapin aux pruneaux, de l'osso buco, des tagliatelle à la saucisse italienne, du poulet rôti ; j'ai de moins en moins envie de cuisiner de la viande, et surtout pas du lapin.
Mes amis vantent toujours mes soupes, mes salades, mes omelettes, jamais pareilles d'une fois à l'autre.
J'ai préparé de très bons desserts, comme des charlottes aux framboises, mais aussi des gâteaux aux carottes... Je cuisine beaucoup moins, mais je rêve encore d'une grande maison avec une grande cuisine toute équipée où je pourrais m'amuser à préparer les plats les plus divers et les plus tentants.

mercredi 26 septembre 2018

Souvenir, souvenir, que me veux-tu ?

Nevermore ? Peut-on dire « jamais plus » ?

Dans un article intitulé les p’tits souvenirs du dimanche soir, Dr CaSo raconte quelques souvenirs et demande à ses lecteurs et lectrices de jouer le jeu en répondant aux questions proposées.

Je viens d'essayer de répondre en commentaire sur son blogue à ces cinq questions, mais je ne suis pas sûr que mes commentaires se rendent (quelques-uns se sont volatilisés dans le cyberespace) ; je publierai donc ici mon commentaire laissé chez Dr CaSo.

1. Anniversaire(s) le(s) plus mémorable(s) :
a) Pour mon vingtième anniversaire, ma famille avait organisé une petite fête et avait invité la famille élargie, des amis de l'époque et quelques amis d'enfance, que je n'avais pas revus depuis des années. C'était évidemment toute une surprise : j'étais parti chercher une amie pour aller au cinéma, mais (après de très longues minutes à attendre qu'elle soit prête - c'était pour permettre à tout le monde d'arriver à la maison) on a téléphoné pour dire que je devais absolument repasser chez moi. C'était chouette.
b) Pour mon 27e anniversaire, l'ami avec qui je vivais, dans un immense appartement où nous venions d'aménager, doté d'une très grande terrasse, avait organisé une incroyable fête avec beaucoup de monde ; il avait loué des tables, des chaises, etc. Il y avait un buffet incroyable cuisiné et présenté par cet ami, avec plusieurs très bons vins. C'était assez impressionnant et réussi.
c) Quelques années plus tard, un ami était venu de Paris et avait organisé, chez moi, un repas de fête assez extraordinaire, avec homard, champagne, etc. Tout était si beau et délicieux !
d) Je ne peux évidemment pas oublier l'anniversaire 2008, alors qu'Alexander m'avait fait livrer le matin une immense gerbe de roses.

2. Les histoires ou contes d'enfants de mon enfance :
Je ne me souviens d'aucun conte lu ou entendu dans mon enfance - à moins que l'on considère les dessins animés comme des contes ; s'il y en eut, je ne m'en souviens pas. Les contes sont arrivés très tard dans ma vie. Il me reste donc beaucoup d'enfance à vivre, n'est-ce pas ?

3. Qualité la plus précieuse chez les amis :
Je crois que la qualité que je considère la plus précieuse, en ce moment, c'est la capacité d'écoute, d'attention, suivie par des interventions intelligentes. J'ai des amis intelligents, mais la plupart n'écoutent pas ; ce qu'ils peuvent dire n'a souvent pas de rapport avec moi. Je parle d'amis que je peux appeler, voir en personne. Heureusement, même si le nombre en a rétréci ces derniers temps, il y a les amis lointains et leur correspondance.

4. Comment je me rendais à l'école :
Durant mes deux premières années d'école primaire, de six à huit ans, je ne faisais que traverser un couloir pour me rendre en classe, car j'habitais l'école où enseignaient ma mère et ma soeur.

L'attelage ressemblait un peu à celui-ci, mais le traîneau était monté
d'une grande cabine fermée, comme un bus, avec portes, fenêtres, chauffage, etc.

Les autres années du primaire, je m'y rendais à pieds, n'habitant pas très loin de l'école. Au secondaire, à l'automne et au printemps, je m'y rendais en voiture le matin, et je revenais en voiture le soir. L'hiver, la plupart du temps, comme tous mes camarades qui habitaient un peu loin du collège, on s'y rendait dans un immense traîneau, complètement fermé comme un bus, chauffé par un poêle à bois et tiré par des chevaux ; ça sentait un peu le cheval, mais c'était très confortable..


Cela pouvait ressembler (un peu) à ceci, avec moins de fenêtres.
Le conducteur de l'attelage était dans la cabine avec les élèves.

5. Emploi durant les études universitaires :
Durant mes études universitaires, j'ai été un moment fonctionnaire (protonotaire de la Cour supérieure), au ministère de la justice, puis administrateur de théâtre et, enfin, journaliste à la radio.

6. Si je pouvais remonter le temps... j'aimerais bien aller faire un tour du côté de Pella, en Macédoine, et voir grandir Alexandre le Grand et son ami Héphaistion, et les retrouver à divers moments et dans différents lieux de leur courte vie...
Puis j'aimerais, plusieurs siècles plus tard, faire un saut dans le Kent, en Angleterre, puis à Londres, et un peu au nord de Londres, pour voir grandir mon petit Alexander, le voir jouer au polo, faire ses études à Oxford, puis commencer sa vie d'adulte à Londres, rencontrer sa grand-mère, etc.

mardi 17 juillet 2018

La vie rêvée...

« Rêver, c'est espérer.
Qui ne s'est pas construit un rêve
au-dessus de ses moyens, 
et n'a pas tenté de le vivre,
ne se sera pas montré digne
d'un passage d'humanité. »
Georges Clemenceau

J'ai été tellement absorbé, ces derniers mois - pratiquement depuis un an, en fait -, que je me suis un peu, beaucoup, perdu de vue, négligeant tout ce qui relève de ma vie personnelle, à l'exception de Rupert. Je me suis laissé siphonner, aspirer (même sans inspiration) par des responsabilités qui ne me rapportent rien, personnellement, sinon la satisfaction personnelle de constater une fois de plus que je peux gérer de grands projets et que je peux faire en sorte que les résultats soient à la hauteur de mes attentes, quitte à bousculer plusieurs personnes importantes, des professionnels dans divers domaines, tout en sachant expliquer et convaincre les personnes à qui je dois rendre des comptes.

Il y a quelques jours à peine, je disais à une amie avec qui j'ai eu parfois de très intéressantes conversations, que je n'ai pratiquement plus rien à dire, à l'exception de ce qui remplit ma vie quotidienne, consacrée à la gestion de projets et l'administration de choses concrètes. Heureusement que Rupert est là pour exiger un peu de ma présence et de mon attention ; le temps que je passe avec lui n'est jamais perdu, même si, par moments, je voudrais consacrer un peu plus de temps à d'autres activités. Et, au fond, Rupert constitue l'essentiel du contenu de mes communications avec les autres car, lorsque je suis dehors avec lui, il y a toujours quelqu'un qui veut le voir, jouer avec lui, me dire que c'est le plus beau chien qu'ils aient rencontré, etc.

Constatant le vide actuel de ma vie intérieure, la perte du sens de mon identité et de ma raison d'être, j'essayais ces dernières semaines, sans vraiment y parvenir, de me motiver à reprendre mon récit de vie, le discours intérieur, qu'il soit écrit ou non, qui construit et projette l'image de soi, le sentiment de mon existence et de ma présence au monde.

Il y a plusieurs années déjà, j'avais inscrit en tête de ce blogue cette citation : « Nous ne sommes [...] que nos apprentissages et nos souvenirs, rien d'autre que le récit que nous nous faisons de nos actions et de nos pensées. » Michel del Castillo, Les portes du sang. Cette phrase me semblait si vraie à ma première lecture, et elle continue de l'être. Sans avoir besoin de la relire, je l'ai faite mienne et, même si j'oublie parfois d'agir en conséquence, elle fait partie de mes croyances, des valeurs qui donnent un sens à ma vie et me permettent d'avancer. Aujourd'hui encore, j'ai entendu Boris Cyrulnik prononcer une conférence dont le titre était « Le récit de soi », que j'ai trouvée si intéressante que je vais la réécouter sur YouTube. Chaque fois que j'entends parler Boris Cyrulnik ou que je lis quelque chose à son sujet, je me sens coupable de ne pas encore avoir lu tous ses livres, tant les sujets de ses livres m'interpellent. Récit « de nos actions et de nos pensées » pour Michel del Castillo, « récit de soi » pour Boris Cyrulnik ; est-ce un hasard si ces deux auteurs sont tous deux membres du comité d'honneur de l'Association pour le droit de mourir dans la dignité (ADMD) ?

Ce récit de soi que je sens important de retrouver et de poursuivre, me semble, pour diverses raisons que je n'essaierai pas d'expliquer ici, pour l'instant impossible ; je ne sais plus par quel bout le saisir pour qu'il puisse se dérouler.

Mais aujourd'hui, Dr Caso a écrit sur son blogue un billet intitulé la vie se chante la vie se pleure dans lequel elle fait un bilan sommaire de ses dix dernières années. J'ai d'abord eu envie de répondre à son invitation et de raconter dans un commentaire ce qu'ont été mes dix dernières années. Mais devant le risque que mon commentaire soit trop long, j'ai plutôt choisi de faire ici ce petit bilan de mes dix dernières années, sans savoir d'avance ce que je pourrai bien raconter.

D'abord, en avril 2008, je faisais la connaissance de ce garçon merveilleux que les lecteurs habituels ont surtout appris à connaître un peu plus tard, plus intensément à compter de juillet 2009. Alors que je n'attendais plus personne et que je m'étais résigné à mener une petite vie tranquille après avoir nourri de grands rêves et de nobles ambitions, ce Petit Prince est venu frapper à ma porte et, en peu de temps, a bouleversé ma vie, l'a transformée, magnifiée...

Le 10 juillet 2008, ce garçon extraordinaire m'apprenait qu'il était le jour même officiellement devenu médecin spécialisé en médecine d'urgence. Une semaine plus tard - il y a exactement dix ans aujourd'hui - il m'annonçait qu'il était lui-même atteint de la leucémie... Les douze mois qui ont suivi, nous les avons vécus, lui et moi, sa famille, ses amis, ses collègues, comme sur des montagnes russes.

Il m'aura fallu plusieurs années pour commencer à ne plus faire de cauchemars la nuit, à pouvoir parler un peu de lui sans éclater en larmes... Je ne raconterai pas encore une fois combien la présence d'amis d'Alexander et, par l'intermédiaire d'une amie exceptionnelle, la présence de certains membres de son entourage et de sa famille ont été pour moi un réel soutien moral et affectif.

Dans les semaines, les mois, les années qui ont suivi, j'ai voulu lire tous les livres qui me paraissaient intéressants sur l'attachement, sur la perte, sur le deuil. Près de dix ans plus tard, je continue à en lire de temps à autre lorsque je découvre des livres que je ne connaissais pas.

J'ai voulu apprendre à connaître le milieu de vie d'Alexander, son univers physique, géographique, familial, intellectuel, culturel, affectif... Je me suis intéressé à tout ce que je pouvais trouver sur Londres, sur l'Angleterre, sur la Grande-Bretagne. J'ai voulu voir ou revoir toutes les émissions de télévision et tous les films britanniques auxquels je pouvais avoir accès. J'ai commencé à lire de nombreux auteurs britanniques, à commencer par ceux qu'Alexander aimait... J'ai lu de nombreux livres sur les chevaux, sur les chiens, sur l'éthologie, etc. Cet intérêt n'a pas diminué au fil des ans. Chaque fois qu'un livre, un film, ou autre, évoque un sujet qui pouvait intéresser Alexander, je dois au moins essayer de savoir s'il est vraiment intéressant, si je pourrai y apprendre encore quelque chose qui me permettra de mieux comprendre la curiosité et l'amour d'Alexander pour tant de sujets innombrables.

J'avais été séduit par le chien d'Alexander, ce magnifique bulldog (j'écris « bulldog » et non « bouledogue » car il s'agit d'un chien d'origine anglaise et qui fait référence au « taureau » (bull), plutôt qu'à une « boule »), et je m'étais promis que, le jour où je le pourrais, j'adopterais un bulldog. Rupert ne cesse de me rendre heureux et, tous les jours, plusieurs fois par jour, quelqu'un que je ne connais pas s'arrête et s'émerveille devant Rupert. C'est encore plus vrai lorsque ceux-ci aiment vraiment les bulldogs, reconnaissant en Rupert un spécimen particulièrement beau, avec sa personnalité propre bien affirmée. On me dit souvent : « On voit, on sent que vous l'aimez et qu'il y a entre vous une très belle complicité. Ça se constate dans sa façon d'être, qui est le résultat d'une éducation aimante... » J'en suis heureux. Et, comme bien d'autres choses dans ma vie, Rupert révèle ce que l'amour d'Alexander a fait de moi.

Après le départ d'Alexander, pour des raisons diverses (parfois des bonnes), la plupart de mes amis « réels » (ceux que que je connaissais depuis longtemps, qui vivaient dans mon voisinage, que je pouvais voir, toucher, contrairement aux amis lointains qui étaient pourtant, eux, constamment présents), ont pratiquement disparu d'eux-mêmes de ma vie.  Alexander me demandait parfois s'ils étaient vraiment des amis ; il avait sans doute raison.

Alexander et moi avions de beaux rêves, mille projets excitants à réaliser... Je m'étais promis d'en réaliser quelques-uns. Je constate qu'ils font davantage partie de ma vie rêvée que de ma vie « vécue ». Mais est-on sûr que les rêves que l'on alimente sont moins importants et moins révélateurs de l'être que nous sommes vraiment que la vie machinale que l'on répète jour après jour ?

J'aurai dû faire de nombreux deuils ces dernières années, certains plus douloureux et plus difficiles que d'autres... Je n'en ai pas en ce moment une idée très précise, mais je sens que je devrai faire le point tôt ou tard, et le plus tôt sera le mieux. Les rêves que je continue de nourrir sont moins ambitieux que ceux d'il y a dix ans, mais il en reste un certain nombre qui donnent encore un sens et un but à ma vie, qui constituent en somme des objectifs à atteindre avant de disparaître à mon tour.

jeudi 3 août 2017

Rupert Brooke aurait...

... 130 ans aujourd'hui, 3 août 2017.

 
Rupert (à droite), 11 ans, et son frère Alfred, 8 ans

Rupert Brooke est né le 3 août 1887, dans la ville de Rugby (d'où viendrait le sport qui porte ce nom), dans le Warwickshire, en Angleterre. Son père, William, était maître d'école à la Rugby School, l'une des plus prestigieuses « public schools » d'Angleterre où Rupert fit la plus grande partie de ses études. Rappelons que, paradoxalement, en Angleterre, les « public schools » sont des institutions privées où l'élite se doit d'envoyer ses rejetons. L'éducation à la Rugby School prépare les jeunes esprits pour l'entrée dans les plus grandes universités (Oxford, Cambridge, ...), et met aussi beaucoup l'accent sur la pratique des sports.  Parmi les écrivains originaires de la ville de Rugby, citons Lewis Carroll (1832-1898) et Salman Rushdie (1947-)






Grâce à une bourse d'études, il poursuivit  ses études au King's College de Cambridge. Pendant ses études, il se joignit à des groupe d'écrivains, de poètes, d'amateurs de théâtre... Il vécut dans une maison qu'il a rendue célèbre par sa poésie, Old Vicarage, à Grandchester, où il fait toujours bon aller prendre le thé l'après-midi (« And is there honey still for tea ? » - Rupert Brooke).


Bien qu'il ait souvent dit et écrit que son adresse permanente serait toujours à Cambridge, c'est dans la mer Égée qu'il est décédé, le 23 avril 1915, jour de la Saint-Georges, fête nationale de l'Angleterre, à la suite d'une septicémie causée par l'infection d'une piqûre de moustique. Membre de la Royal Navy, il s'était embarqué pour une expédition militaire, mais il mourut à 27 ans (comme Alexander), deux jours avant le débarquement des Dardanelles. Puisqu'il est mort sur un navire-hôpital (français) sur lequel il avait été transféré, son corps aurait dû être jeté à la mer mais, grâce à l'intervention de Churchill à qui il avait été présenté, et bien qu'il ait si bien écrit son amour pour son pays et pour le Cambridshire en particulier, sa dépouille repose plutôt sur l'île de Skyros (ou Scyros), en Grèce.

dimanche 11 juin 2017

Rule Britania*

Quand il a su que j'étais d'abord et surtout « Québécois », et non pas « Canadien » (sinon par la force politique, surtout pas de cœur ni d'esprit), Alexander a immédiatement posé sur son sac à dos le drapeau du Québec. De même que, peu de temps après notre première conversation, il est allé jouer au polo dans le comté de sa grande famille ; pour cette occasion, il avait accroché à la bride de son cheval un ruban bleu et un ruban blanc, « les couleurs de [son] cœur ».

Si je n'avais pas connu Alexander et son amour pour son chien, je n'aurais fort probablement pas de chien, pas de bulldog. Puisque Rupert est un bulldog anglais (et que je suis parfois agacé d'entendre les gens dire n'importe quoi qui insulte Rupert au sujet de sa race), je voulais depuis longtemps lui acheter une médaille qui permette de l'identifier, de l'associer davantage à ses origines. Je n'avais pas l'occasion de le faire. Or, il y a quelques jours, j'ai décidé de prendre le bus et d'aller lui acheter une médaille qui me fait plaisir, qui aurait beaucoup plu à Alexander, et qui suscite parfois des conversations avec les gens que l'on rencontre. À l'endos de ce drapeau britannique en forme d'os, j'ai fait graver le nom de mon compagnon et son numéro de téléphone ; j'avais l'intention de faire graver aussi son adresse de courrier électronique, mais je ne l'ai pas fait car l'espace disponible étant limité, il aurait fallu opter pour des caractères plus petits. Si nous partageons le même numéro de téléphone, Rupert a cependant sa propre adresse de courrier électronique (que je ne dévoilerai qu'aux personnes bien intentionnées).


*Rule Britania

mercredi 1 juin 2016

Amour de poisson

Les Anglais sont reconnus pour leur amour, leur respect et leur défense des animaux. Un couple d'Aylesbury, dans le Buckinghamshire, au nord de Londres vient d'en donner une démonstration supplémentaire.


Nemo, leur poisson rouge âgé de cinq ans, était atteint d'une tumeur presque aussi grande que lui, semble-t-il. Le couple n'a pas hésité à parcourir plus de deux cents kilomètres et à débourser 200 livres (ou 375 dollars canadiens) pour faire opérer leur poisson à l'hôpital vétérinaire de Bristol.

Le poisson a été endormi et retiré de l'eau ; l'opération a duré 45 minutes. Le couple a eu peur de le perdre car le cœur du poisson s'est arrêté de battre un moment mais l'anesthésiste a réussi à le ranimer.

À la grande joie de leurs « propriétaires », Roy et Caroline, qui, en plus de Nemo le poisson rouge, vivent avec trois chats, deux chiens, un hérisson et un perroquet, la chirurgie a donné les résultats escomptés et, remis à l'eau, Nemo a vite récupéré et s'est mis à nager normalement.

Alexander, qui était médecin-urgentiste, vouait aux vétérinaires une grande admiration car, disait-il, ils doivent souvent pratiquer des interventions sur de minuscules êtres vivants. Cette chirurgie sur un poisson rouge a dû exiger une grande dextérité de la part du médecin-vétérinaire. 

Ces histoires d'amour et de respect des animaux redonnent espoir si on l'avait perdu à trop voir vivre les Hommes. Et cela ne m'empêche pas d'aimer mon chien...

samedi 23 avril 2016

Rupert, parce que...

Ce matin, alors que je sortais Rupert, deux très jeunes filles et un garçon du même âge, de très beaux jeunes étudiants venus de l'extérieur pour étudier à l'Université McGill, se sont arrêtés et m'ont demandé s'ils pouvaient caresser Rupert. « Si vous ne le faites pas, il sera très déçu », leur ai-je répondu. Lorsque, à leur demande, je leur ai dit le nom du chien, l'une d'entre elle s'est exclamée : « Oh, Rupert ! Quel beau nom ! » Je leur ai raconté pourquoi il s'appelait ainsi. D'abord, parce que c'est un nom anglais, qui n'existe pratiquement pas en Amérique du Nord, et que mon bulldog anglais devait forcément avoir un nom anglais. Et ensuite parce que ce prénom était très associé à Alexander et à mes autres amis anglais. En effet le poète Rupert Brooke était l'un de leurs poètes préférés. Il est décédé à vingt-sept ans, il y a précisément cent un an aujourd'hui même, 23 avril.

3 août 1887 - 23 avril 1915

Alexander aimait particulièrement, quand je l'ai connu, son célèbre poème « The Soldier »... Quelques semaines avant de partir lui-même à vingt-cinq ans, Alistair, un ami d'Alexander, m'écrivait qu'il était en train de lire des lettres de Rupert Brooke qui parlait notamment de son passage à Montréal. Et mon ami Gallois, pour qui « The Old Vicarage, Grandchester » avait un sens particulier, a étudié dans un collège du nord de l'Angleterre, qui est peut-être celui de Rugby où Rupert Brooke a commencé ses études, qu'il a poursuivies à Cambridge.

C'est aussi, aujourd'hui, la Saint-Georges, patron des Anglais.
C'était hier, 22 avril, la Saint-Alexandre, et l'anniversaire de notre Alexander Bull.
Le 20 avril, mon chien et ami Rupert a célébré son sixième mois.

lundi 29 juin 2015

Londres, mais où ?


Cette photo représente l'intérieur d'un bâtiment, à Londres : quelqu'un pourrait-il m'indiquer de quel bâtiment il s'agit ?
Il ne s'agit pas d'un concours : je ne connais pas moi-même la réponse.
Je vous remercie d'avance de votre collaboration.

Does anyone know where in London we can see this building ? Thanks very much. 

Se pourrait-il qu'il s'agisse du Royal Arcade, Mayfair, London ?

lundi 22 décembre 2014

Le 22 décembre 2008 - il y a exactement six ans - Alexander prenait la route pour se rendre chez sa grand-mère, dans la région de Cumbria, de Lakes District, au nord de l'Angleterre, pour y fêter Noël avec une partie de sa famille. Je me souviens de ce jour comme si c'était hier ; je me souviens des moindres détails de notre conversation de ce matin-là, comme je me souviens pratiquement de chaque instant de cette journée, des messages échangés avec notre meilleure amie qui s'inquiétait parce qu'Alexander ne répondait pas à son téléphone mobile, pas plus que le chauffeur ne répondait au téléphone de la voiture (Alexander, qui n'avait sans doute pas beaucoup dormi de la nuit, avait fermé la sonnerie de son téléphone et demandé au chauffeur de faire de même).

Après que la voiture eut quitté l'immeuble qu'Alexander habitait à Londres, le gardien avait téléphoné à notre amie, au nord-est de l'Angleterre, pour l'aviser que la voiture venait de partir, mais qu'un peu plus tôt, Alexander avait eu un petit accident... Jane s'en était inquiétée et avait voulu savoir ce qu'Alexander m'en avait dit. Il ne m'en avait pas dit grand-chose ; il avait sans doute voulu m'en parler mais, pensant qu'il s'était simplement levé en retard, je n'avais pas posé de question... Inutile de dire que nous étions tous soulagés quand, après quelques heures de route, Alexander était arrivé chez sa grand-mère ; celle-ci avait fait préparer du thé et un léger goûter qu'elle allait partager avec Alexander. Après quoi, me disait Jane qui venait de parler au téléphone à la grand-mère, Alexander allait m'écrire pour me dire qu'il était bien arrivé, me décrire sa chambre si bien aménagée pour lui, son chat Harry et son inséparable ami Alexander Bull.

Alexander était heureux de retrouver sa grand-mère, de l'aider dans ses derniers préparatifs pour la grande réception du réveillon... Mais je ne peux m'empêcher de penser qu'il avait l'intuition, dont il ne voulait pas vraiment parler, que ce serait le dernier Noël qu'ils allaient passer ensemble. Il m'avait pourtant dit : « L'an prochain, tu ne seras pas seul ; tu seras avec moi dans ma famille. » Mais, dans les jours suivants, je sentais qu'il était encore plus attentif à tout ce qui l'entourait : la couleur du ciel dans la campagne anglaise, la forme et le mouvement des nuages, la danse des flocons de neige dans l'air froid... Il avait pris une voiture, chez sa grand-mère, une grosse voiture qui tient bien la route et, avec son ami Alexander Bull, il était parti explorer la campagne des environs. Il avait roulé longtemps, comme il l'avait fait à moto quelques mois plus tôt, puis il s'était arrêté dans le vieux pub d'un petit village où il avait pris du thé et du pain d'épices, et il s'était joint aux gens du coin qui, la bonne bière aidant, chantaient en chœur de vieilles chansons anglaises... Même Alexander Bull, qui ne voulait rien manquer, chantait avec eux... Puis il s'était installé au vieux piano et avait joué quelques airs avant de reprendre la route.

Il était rentré fatigué mais assez content de cette longue randonnée dans la campagne anglaise sous la neige. Il avait repris du thé et quelques bonnes choses puis il était monté à sa chambre d'où il m'avait écrit avant de se mettre au lit sans attendre le dîner... (Alexander Bull était monté avec lui mais, dès qu'il a senti les bonnes odeurs de la cuisine, il était redescendu pour surveiller la préparation du dîner). Je ne sais pourquoi, mais j'avais aussi l'impression qu'Alexander savourait chacun de ces moments comme s'ils n'allaient pas revenir, comme s'il sentait qu'il ne serait plus là pour les revivre au Noël suivant...

Tout cela est bien gravé dans ma mémoire, et surtout dans mon cœur. Ces images, ces mots, ne me quittent jamais, mais ils sont plus douloureux encore durant ces jours qui précèdent Noël, et plus particulièrement en ce 22 décembre... Quand donc les oublierai-je ? Jamais ! C'est un « jamais » tout relatif, qui ne concerne que moi, bien sûr. Mais tant que je vivrai, ce passé sera présent, et jusqu'à mon dernier souffle Alexander sera vivant.

mardi 22 juillet 2014

Joyeux anniversaire, prince George !

Photo officielle du premier anniversaire
du prince George

Le prince George Alexander Louis, né le 22 juillet 2013,
célèbre aujourd'hui son premier anniversaire.

Comme son père et les autres mâles de la famille,
il aimera sans aucun doute le polo.

Il s'y prépare déjà.


Alexander aimait beaucoup son pays, ses institutions et, plus encore, le prince Charles et la duchesse de Cornouailles, les princes Williams et Harry ; il serait fier de ce nouveau prince de Cambridge. Je me réjouis pour lui et, surtout, avec lui.

lundi 7 juillet 2014

5 ans après ton départ, tu me manques autant

Sa meilleure et fidèle amie, qui fut d'abord la meilleure amie de sa mère, m'écrivait, au sujet d'Alexander, bien entendu : « Un coeur pur, tout comme son visage, fragile comme la porcelaine, mais radieux. Il était une lumière dans ma vie. Il m'a apporté tellement de joie, toute sa vie, depuis sa naissance. Je l'aime terriblement ! J'étais fière de lui. J'ai toujours pleuré avec tous ses chagrins, et ri avec lui pour tous ses bonheurs. D'une immense sensibilité, toujours attentif aux autres, attentionné, et surtout d'une grande noblesse de coeur et d'esprit. Délicat, adorable et charmant... »

Ce n'est pas moi qui, même cinq ans après son départ, dirais le contraire de cette amie si précieuse qui m'avait adopté puisque j'étais l'amoureux de ce garçon merveilleux qu'elle aimait comme son fils, mais aussi comme un être exceptionnel que l'on n'a pas tous le privilège de rencontrer, même une seule fois, dans sa vie.


Pour commémorer le premier anniversaire de son départ, lors de la cérémonie réunissant la grande famille, notre amie me disait : « J'ai fait commander en votre nom un coeur de roses, avec une carte sur laquelle tout le monde pourra lire votre nom... Je suis sûre que si vous écoutez bien dans la nuit, vous entendrez les cornemuses qui, à l'église, joueront durant vingt-quatre heures, pour dire à Alexander combien nous l'aimons. »


Je suis, en ce cinquième anniversaire, de tout coeur avec sa famille, ses amis, toute la petite famille que nous aimions, que j'aime...

mercredi 23 avril 2014

Saint-Georges - Fête de l'Angleterre



The Soldier

If I should die, think only this of me:
That there's some corner of a foreign field
That is for ever England. There shall be
In that rich earth a richer dust conceal'd;
A dust whom England bore, shaped, made aware,
Gave, once, her flowers to love, her ways to roam,
A body of England's, breathing English air.
Wash'd by the rivers, blest by suns of home.

And think, this heart, all evil shed away,
A pulse in the eternal mind, no less
Gives somewhere back the thoughts by England given;
Her sights and sounds; dreams happy as her day;
And laughter, learnt of friends; and gentleness,
In hearts at peace, under an English heaven.

Rupert Brooke a écrit ce poème à Noël 1914, quelques mois avant sa mort.

Il y a 99 ans ce 23 avril 2014, mourait, à l'âge de 27 ans, le même âge qu'Alexander, d'un empoisonnement à la suite d'une piqûre de moustique, circonstances différentes de celle du départ d'Alexander, mais avec tout de même une certaine similitude, le poète Rupert Brooke, enterré sur l'île de Skyros, en Grèce. 

Je me souviens très bien que lorsque pour la première fois nous avons parlé de sa venue à Montréal, Alexander m'avait fait promettre une chose : que si jamais, au cours de son séjour à Montréal, il lui arrivait quelque chose qui ne soit pas voulu, je devais le faire rapatrier dans son pays, sa patrie, sur le sol de sa naissance, de sa famille. Il était, disait-il, très attaché à l'Angleterre, son pays, celui de ses ancêtres, au point, ajoutait-il, d'apporter toujours avec lui, lorsqu'il quittait l'Angleterre, une poignée de la terre de son pays.

Et je ne me souviens plus exactement de l'enchaînement de nos idées lors de cette conversation, mais je me souviens très bien que, ce soir-là, il m'avait parlé de Rupert Brooke, qu'il aimait beaucoup, et tout particulièrement de ce poème, The Soldier.

 

Ce 23 avril, fête de saint Georges, c'est donc aussi la fête du fils du duc et de la duchesse de Cambridge, le prince George Alexander Louis.

Saint Georges, patron de l'Angleterre


 Saint Georges et le dragon, par  Briton Rivière

23 avril, fête de saint Georges, de l'Angleterre, et du prince George Alexander Louis.

dimanche 30 mars 2014

Voulais-tu m'épouser ?

Lors de notre première conversation en direct, sur MSN, je ne me souviens plus exactement ce que j'ai dit pour qu'Alexander me demande : « Est-ce une demande en mariage ? » J'ai immédiatement répondu que c'était le cas et que s'il le voulait, je pourrais reformuler ma demande. Spontanément, il a ajouté : « Ce serait un bon coup à leur faire ! » « Le bon coup » aurait été de répondre « oui » à ma demande en mariage. Et j'ai compris que ceux qu'ils désignait par « leur », les autres, ce sont les membres de sa famille qui auraient voulu qu'Alexander leur ressemble. Bien entendu, ces « autres » n'incluaient ni ses parents (trop tôt décédés, mais qui auraient encouragé Alexander à vivre sa vie comme il l'entendait), ni son frère, qui voulaient plus que tout le bonheur d'Alexander. Et ce n'est certes pas sa grand-mère, ni son cousin préféré qui auraient tenté de changer quoi que ce soit chez Alexander. J'ai bien compris alors que, même si j'avais insisté pour qu'un jour on se marie, je n'aurais jamais obtenu satisfaction. Alexander, quant à lui, l'aurait probablement voulu, mais il savait aussi qu'il ne fallait pas y penser ; il aurait eu alors contre lui toute la famille officielle et, au fond, il savait très bien que ce n'aurait pas été une décision « raisonnable ». Il ne tenait pas à créer à tout prix un scandale.


J'ai été touché que lors des préparatifs de ses funérailles, la meilleure amie d'Alexander, son frère Charles, tiennent compte de mon avis dans certains choix à faire. Et, bien que très loin du lieu de rassemblement de la famille et des amis, j'y étais bien présent, représenté par des amies, par un superbe arrangement de fleurs qu'aimait Alexander, portant une carte à mon nom, et par un petit renard. Officiellement, je n'étais rien pour eux, mais dans leur esprit et dans leur coeur, j'étais l'amoureux d'Alexander, et si cela était pour moi le plus beau, le plus noble des titres, il méritait aux yeux de quelques-uns, de ceux qui comptaient pour Alexander, tout leur respect et leur tendresse.


Maggie Smith y est excellente, comme toujours !

Si vous ne connaissez pas encore cette série, courez vite acheter les DVD de la série (il faut la suivre en anglais, bien entendu, pour bien saisir toutes les nuances de l'expression dans la noblesse anglaise)

Dans l'excellente série de la télévision britannique, Dowton Abbey, une jeune employée de cuisine, dans le château de la famille Crawley que dirige Lord Grantham, accepte d'épouser sur son lit de mort un collègue de travail blessé à la guerre, non sans avoir des scrupules au sujet de la validité de ce mariage. Et pourtant, en juillet 2009, le président français Sarkozy a autorisé le mariage posthume de Damien Gaillet, mort en Afghanistan en 2008. 
Au coeur de l'été 2008, une embuscade des talibans dans le secteur de Surobi, en Afghanistan, provoque la mort de dix soldats du 8e régiment parachutiste d'infanterie de marine. Parmi les victimes, Damien Gaillet, Caennais de 20 ans, engagé depuis juin 2007 : l'Afghanistan constituait sa première mission sur un théâtre d'opération extérieur. La veille de sa mort, j'ai eu un dernier message de Damien », confiait le 19 août 2008, sa fiancée Aurélie, 20 ans. Ils se connaissaient depuis la classe de 5e et vivaient ensemble depuis 2004. « Je devais le rejoindre à Castres, base du régiment, en 2009 », ajoutait, à l'époque, la jeune femme. Elle a depuis entamé des démarches en vue d'un mariage à titre posthume : une procédure très rare qui passe par la présidence de la République saisie d'une cinquantaine de demandes par an. Après instruction du dossier, Nicolas Sarkozy a, le 20 mai, autorisé ce mariage par un décret spécial. Le parquet du tribunal de Caen a notifié cette décision à la jeune femme à laquelle il appartient d'entreprendre les démarches propres à toute union. Le mariage sera réputé célébré à la date du jour précédant la mort du jeune soldat.

Au cours de cette première conversation, au sujet du mariage, Alexander et moi avions évoqué l'union civile entre Elton John et David Furnish, qui forment un couple officiel depuis 2005, dès que l'union civile entre conjoints de même sexe a été adoptée en Angleterre. Le 17 juillet 2013, le projet de loi instituant le mariage homosexuel en Angleterre et au pays de Galles a reçu la sanction royale (l'Écosse et l'Irlande du Nord ont leur propre système juridique). Ce mariage homosexuel adopté par l'Angleterre et le pays de Galles est devenu possible ce 29 mars 2014. Elton John, qui célébrait le 25 mars dernier son 67e anniversaire, a déclaré : « Je suis très fier de la Grande Bretagne et des lois qui ont vu le jour depuis que nous sommes ensemble ». Par la même occasion, il a annoncé que David Furnish et lui allaient se marier, probablement en mai prochain.

Je ne crois pas me trouver sur la liste des invités, mais je leur souhaiterai de nombreuses années de bonheur... et pas trop d'enfants (ils en ont déjà adopté deux).

vendredi 29 mars 2013

Richard Griffiths - 1947-2013


Harry Potter perd son horrible oncle Vernon Dursley, et les garçons d'une grammar school (lycée, collège) de Sheffield viennent de perdre Hector, leur excentrique, amusant et néanmoins très cultivé professeur... J'ai appris avec une immense tristesse, il y a quelques heures, le décès de l'excellent acteur britannique Richard Griffiths, ce jeudi 28 mars, à l'âge de 65 ans, des suites de complications lors d'une chirurgie cardiaque.

  

 Qui ne se souvient pas de cet oncle épouvantable qui enferme à clé sous l'escalier son inquiétant neveu Harry Potter afin qu'il ne devienne pas magicien comme l'étaient ses parents ? (Et qui n'aurait pas eu envie d'étrangler son ignoble rejeton ?)





 

 
C'est toutefois dans The History Boys que j'ai vraiment aimé Richard Griffiths. J'ai découvert ce film un peu par hasard l'automne dernier en faisant des recherches à la bibliothèque. Les romans, les films qui se déroulent dans les collège, les universités, m'intéressent depuis longtemps ; dans ce film, d'après la pièce d'Alan Bennett, l'action se déroule dans une école (grammar school) de Sheffield, une petite ville du nord de l'Angleterre. J'ai été ravi de voir comment cela pouvait se passer en Angleterre au début des années 80. Il s'agit d'une comédie et il ne faut pas prendre ce film pour un documentaire (Hector, le vieux professeur de poésie, notamment, serait en prison depuis longtemps s'il existait vraiment dans la prude et frileuse société actuelle). C'est une comédie, mais une brillante comédie, très bien jouée - Richard Griffiths y est excellent dans le rôle de ce professeur. Dominic Cooper et Samuel Barnett y jouent des élèves brillants (parmi d'autres). Les dialogues sont subtils, plein de l'esprit britannique que j'aime... Et j'adore leur accent !

 

 
 
Samuel Barnett,Richard Griffiths et Dominic Cooper. 

Contrairement à ce qui est écrit sous la photo, le premier acteur à gauche n'est pas James Corden, mais Dominic Cooper, qui a notamment joué dans Raison et sentiment, d'après le roman de Jane Austen. Les trois autres sont, Clive Merrison (le proviseur), Richard Griffiths (le vieux professeur) et Stephen Campbell Moore (un nouveau professeur spécialement engagé pour préparer les élèves aux concours d'admission d'Oxbridge - Oxford et Cambridge).

Je ne recommanderais pas forcément ce film à tous mes amis. Certains n'aiment pas ce genre de film qui se déroule dans un collège de garçons, univers presque exclusivement masculin (il y a deux ou trois femmes)

Parmi les récompenses remportées par Richard Griffiths et les nominations, je soulignerai celles-ci :
     2006 : Tony Award du meilleur acteur dans une pièce - The History Boys
    2006 : Laurence Olivier Awards du meilleur acteur - The History Boys
    2003 : Nommé au Phoenix Film Critics Society Awards de la Meilleure distribution - Harry Potter et la chambre des secrets
    2007 : Nommé au British Academy Film Award du meilleur acteur - The History Boys
    2007 : Nommé au Chlotrudis Award du meilleur acteur dans un second rôle - The History Boys
    2007 : Nommé au London Film Critics Circle d'Acteur de l'année - The History Boys

On peut voir et entendre sur YouTube la bande annonce.

Il faut évidemment regarder ce film en anglais afin d'apprécier toutes les subtilités des dialogues. D'ailleurs, je ne crois pas qu'il existe une version française. J'ai regardé le film plusieurs fois sur DVD et je le regarderai encore. Hélas, j'ai remarqué après le quatrième ou cinquième visionnement que sur la copie que j'avais, il existe une version sous-titrée en... québécois. Tab... ! J'en suis presque tombé en bas de ma chaise. Alors que les dialogues en anglais sont subtils, plein d'esprit, de finesse, de culture, les sous-titres québécois sont d'une vulgarité scandaleuse. Les sacres, les jurons, épais, dignes des pires humoristes les plus dégoûtants... On n'y reconnaît rien de ce qui fait de ce film un ravissement pour les neurones.

La carrière de Richard Griffiths ne se limite pas à ce film, bien entendu, mais c'est ce film qui m'a permis de le découvrir vraiment et d'apprécier son immense talent. Ses collègues du théâtre, du cinéma, de la télévision semblent unanimes : il n'était pas seulement l'un des plus grands acteurs britanniques, mais aussi un être humain, très chaleureux, drôle, près des gens, un modèle pour certains... Il faudra nous consoler avec ses films et ses émissions de télévision.

Rest in peace, Sir !