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mercredi 31 mai 2017

Avoir peur et haïr

Je n'avais pas l'intention d'en faire un article, mais après avoir rédigé spontanément ce long commentaire en réponse à d'autres commentaires sur la confusion qui existe entre la « peur » et la « haine » lorsqu'on évoque la « phobie », je me suis dit qu'il pourrait être intéressant de connaître le point de vue de mes lecteurs (il doit bien en rester un ou deux) sur la question. Voici donc mon commentaire :

Je ne suis ni linguiste ni « logue » de quelque sorte que ce soit, mais j’ai toujours cru qu’une « phobie » était une peur maladive de quelque chose ; ce n’est pas une peur «normale », mais une peur excessive, qui n’est pas justifiée, qui n’a pas de « raison d’être ». Je ne tenterai pas de comprendre ou d’expliquer sans comprendre ce qu’est une phobie ; le sujet est beaucoup trop complexe, comme le sont les sujets qui en sont atteints…
Mais la peur vient souvent de l’ignorance ou de la méconnaissance : la peur de l’étranger, la peur des homosexuels, etc., vient de ce qu’on ne les connaît pas, qu’on ne sait pas comment ils vont agir ou réagir dans tel ou tel contexte, etc. Ils constituent des « menaces », tout au moins à notre confort intellectuel… Dans le cas des phobies, la « peur » excessive peut ressembler à de la haine (on ne veut pas se retrouver face à ce dont on a peur, donc on fait tout pour le garder à distance, même par des discours ; et pour se donner raison, on « veut faire peur aux autres en essayant de leur transmettre nos « idées » sur ces choses ou sur ces gens dont il faut se tenir éloigné).
Je crois que la « phobie », c’est la peur excessive elle-même ; la haine vient par après, construite sur la peur injustifiée. La peur vient de l’ignorance, alors que la haine est un choix qui découle de sa peur.
Quand on a quelques neurones fonctionnels, on peut vite apprendre à dépasser sa peur, des homosexuels, par exemple, et apprendre à vivre en sachant qu’il y en aura toujours autour de nous, mais sans forcément éprouver de la haine envers eux (vivre et laisser vivre).
La haine n’est pas une réaction saine, équilibrée ; pour moi, la haine est le signe d’un déséquilibre, entretenu… Toute personne qui éprouve de la haine devrait selon moi être « soignée ». (Nous avons au Québec, par exemple, un premier ministre – Couillard – qui éprouve, et s’en vante, de la haine envers les souverainistes québécois ; ce neurochirurgien qui a un temps vendu ses services au gouvernement de l’Arabie Saoudite, devrait vraiment se faire soigner pour la haine qu’il dit éprouver et qu’il exprime publiquement).
Mon chien aboie parfois devant des objets ou des situations qu’il ne connaît pas ; un colis ou un sac qui ne devrait pas être là est une « menace » potentielle, aussi longtemps qu’il n’a pas été rassuré sur sa dangerosité. Mais jamais mon chien n’entretient de « haine » envers qui ou quoi que ce soit… Alors que les humains aiment « jouer » à se faire peur (et à faire peur aux autres) en se créant toutes sortes de scénarios.
On peut craindre et combattre les fanatiques sans nécessairement les détester.
Je crois donc que la « phobie » est la crainte excessive, alors que la haine peut accompagner la phobie mais la haine n’est pas la phobie elle-même…

Pour lire les commentaires qui m'ont inspiré celui-ci, rendez-vous sur le blogue de Dr CaSo

dimanche 22 novembre 2009

« ... j'ai si peur de te perdre ! »

L'image vient d'ici

En avril 2008, dans les jours qui ont suivi les débuts de notre correspondance qui allait prendre rapidement un rythme et une intensité extraordinaires, Alexander se faisait renverser par une voiture en se rendant au travail... Il avait eu « de la chance » en étant projeté par-dessus la voiture au lieu de passer sous les roues comme il est arrivé à l'un de ses patients quelques jours plus tard... Alors que ses collègues l'attendaient pour prendre la relève à l'urgence, ils ont vu Alexander arriver à l'urgence en ambulance... Il avait des côtes cassées, de grandes lacérations à la tête, de multiples contusions... Je m'étais inquiété de ne pas recevoir de message de sa part durant plus de vingt-quatre heures. Puis je reçus ce message :

« Alcib, je ne sais plus où j'en suis... Pourquoi, ai-je tant besoin que tu me parles ? Au fond de moi, au creux de mon cœur, c'est comme si on se connaissait depuis très longtemps, et j'ai si peur de te perdre !
J'ai froid et il faut que j'attende toutes ces heures de ta longue nuit pour pouvoir lire les mots de toi que tu m'écriras sans doute au matin... Qu'est-ce qui m'arrive ?
Merci, merci tellement de m'avoir écrit même si je n'étais pas là pour te répondre... Je ne veux même pas penser que j'aurais pu ne pas trouver tes mots ce matin...
En sortant de l'hôpital, tout à l'heure, j'ai aperçu une
pâquerette ; c'est la première que je vois ce printemps ; je l'ai cueillie pour toi... Je l'ai mise dans un petit peu d'eau et elle est là, près de moi.

Alcibiade...
Pendant que j'étais allongé sur la civière et que j'attendais à l'urgence les examens médicaux après mon accident, j'aurais aimé que tu sois là, et que tu me prennes dans tes bras, parce que j'avais peur... C'est la première fois que je suis, moi, de l'autre côté du miroir, là où il y a beaucoup de sang qui coule, et la mort qui rôde... Même si je ne suis pas trop blessé, malgré tout, j'ai vraiment eu de la chance, mais quand il y a plein de sang partout... Je pensais à mes bêtes, toutes seules... Et si j'étais vraiment parti sur la Lune, il n'y aurait même eu personne pour te le dire... Voilà, j'ai le cœur très gros. »*


Et le mien, cher Alexander, comment crois-tu qu'il est, mon coeur, en relisant ces mots ? Je te demande pardon : je sais que tu ne voudrais pas que j'aie du chagrin. Mais ces mots qui me déchiraient le coeur lorsque je les ai reçus, me font terriblement mal encore aujourd'hui.

Grâce à ta charmante voisine et amie, Abigail, tes bêtes ne se sont pas rendu compte ce jour-là que ton absence prolongée était anormale. Et Abigail n'a même pas pu leur transmettre son inquiétude car tu l'avais appelée en soirée pour lui demander de s'occuper de Harry et d'Alexander et disant que tu devais « travailler » plus longtemps que prévu, sans mentionner le sérieux accident du matin.

Quand tu as dû retourner à l'hôpital non comme médecin mais comme patient, tu as eu la délicate attention de demander à Jane de me donner régulièrement de tes nouvelles. Depuis lors, avec ta bénédiction, nous sommes devenus amis, et c'est une grande chance de pouvoir partager ainsi l'immense peine que nous cause ton départ et de nous échanger de précieux moments de bonheur.

Par ce blogue, tu avais découvert mon existence et, après avoir lu en une nuit tous les articles et tous les commentaires depuis l'automne 2005, tu avais compris que j'étais celui qui pouvait te comprendre et t'aimer comme tu le voulais et, avant même que j'aie eu le temps de répondre à tes premiers messages, tu m'aimais déjà sans réserve.

Alistair, avec qui tu as partagé tant de confidences depuis le début de l'adolescence, a aussi découvert ce blogue où je te parle et où je parle de toi. Je suis persuadé que tu lui en as discrètement indiqué le chemin afin qu'il soit moins seul avec son chagrin. Je suis heureux que le blogue ait pu ainsi créer un lien entre des personnes qui t'aiment et je suis très ému d'apprendre que, si tout va bien, Jane et Alistair se rencontreront bientôt à Londres pour évoquer les beaux moments que tu as permis à chacun de vivre. Je gage que leur première rencontre aura lieu sous la protection du bon vieux
Churchill, juste à l'ombre du Big Ben. Un jour pas trop lointain, j'espère, ce sera mon tour ; je viendrai marcher dans les lieux que tu as tant aimés et rencontrer en personne ceux et celles qui t'aiment plus que tout au monde.


*Il s'agit bien du texte réel tel qu'écrit par Alexander ; j'ai simplement rectifié l'orthographe. Les mots sont les siens, tout comme la syntaxe. Les points de suspension n'indiquent pas des coupures dans le texte (j'aurais plutôt mis des crochets [...], si ça avait été le cas) ; Alexander utilisait beaucoup les points de suspension dans ses messages.