samedi 30 octobre 2010

Triptyque d'amitié


Il est toujours agréable de recevoir le message d'un ami.


Il est encore plus agréable lorsque ce message est écrit de la main de cet ami et qu'on le découvre dans sa boîte aux lettres.



Lorsque, quelques jours plus tard, ce message est suivi d'un autre, tout aussi personnel et chaleureux, on se dit qu'il est bon d'avoir un tel ami.



Que dire alors de cet ami en trouvant dans la boîte aux lettres, peu de temps après, une troisième carte sur laquelle on reconnaît l'écriture de cet ami très cher ?

Merci, cher Poeri, ami fidèle et précieux. Chaque jour, depuis plus de huit ans, mes pensées sont tournées vers ta Provence où j'aimerais bien revenir un jour prochain. Le Québec t'attend aussi, quand tu voudras.


vendredi 29 octobre 2010

Abâtardissement

Depuis l'enfance, il m'a toujours semblé important d'avoir de la langue française la meilleure connaissance possible. Dès que j'ai eu accès aux livres, j'ai aimé les mots et j'ai été fasciné par le travail des écrivains qui savaient, grâce à un habile agencement de mots, exprimer des idées avec la plus grande clarté et créer de la beauté. Et cet amour s'est étendu à la langue parlée, que ce soit au théâtre, au cinéma, à la télévision et, lors de mes séjours en France notamment, dans les activités de la vie quotidienne. Je trouvais que la langue parlée en France, par exemple, n'était pas seulement claire, efficace, qu'elle était aussi très esthétique dans sa syntaxe, dans son vocabulaire, mais aussi dans sa prononciation...

Je ne sais pas si c'est la plus belle langue du monde car je ne connais pas les autres (la connaissance que j'ai des langues anglaise, italienne et espagnole, me permet de les comprendre et non de les comparer vraiment), mais j'aime le français parce que c'est la langue dans laquelle j'ai grandi. Je suis né au Québec, mais le « québécois » n'est pas une langue, malgré tout ce que voudront en dire ceux qui ne veulent pas se donner la peine d'apprendre correctement une langue qui leur permettrait d'être compris à l'extérieur de leur cour arrière.

Je comptais sur Alexander pour avoir l'occasion d'améliorer ma connaissance de l'anglais. Mais Alexander, avec l'immense courtoisie qui le caractérise, se faisait une fierté de m'écrire dans ma langue, même si parfois cela exigeait de lui de grands efforts... Ses proches m'ont toujours écrit en français aussi. Puisque je compte bien venir à Londres au moins, pour marcher dans les pas d'Alexander, j'essaierai de m'organiser pour être compris quand je m'exprimerai dans sa langue (sans avoir la prétention d'approcher le moins du monde la qualité de sa langue).

Depuis longtemps, j'aime écouter à la télévision les émissions britanniques, notamment les comédies. Ces derniers temps, j'ai découvert à la bibliothèque des séries télévisées sur DVD : The Forsythe Saga, Brideshead Revisited, ... sans compter les films que j'aime, comme Maurice et quelques autres. Les milieux qu'on y dépeint ne sont pas forcément ceux auxquels j'aurais accès et l'action se déroule souvent au XIXe siècle ou au début du XXe, mais j'éprouve le même bonheur à voir ces images et à entendre les personnages s'exprimer que j'ai eu à voir et à entendre des séries françaises comme Les Rois maudits, Au Plaisir de Dieu, ...

Si dans quelques décennies il y a encore de l'activité humaine sur cette Terre, je me demande ce que, de notre époque actuelle, les « téléspectateurs » voudront voir et entendre pour leur édification et leur plaisir esthétique. Combien de langues et de cultures de cette Planète sauront résister au rouleau compresseur étatsunien ?

Je crois que la richesse est dans la diversité et dans le maintien de cultures et de langues distinctes et fières de l'être.

Puisqu'il s'agit de ma langue maternelle, celle dans laquelle je peux le mieux exprimer vraiment ce que je suis, je suis quelque peu attentif à l'état du français dans la vie pratique.

La photo vient d'ici

Quand je vois ce genre d'affichage, je dois dire que je ne suis pas très optimiste. Il me semble refléter une tendance qui depuis quelques années s'accentue en France, celle de s'exprimer dans une syntaxe française mais avec des mots anglais. Un affichage unilingue anglais serait moins choquant. Ce message, comme tant d'autres, n'est ni français ni anglais : plus que la promotion d'un produit ou d'un service, cette langue bâtarde exprime selon moi une dégénérescence linguistique, qui n'est sans doute que le symptôme inquiétant de je ne sais quoi de plus sérieux.

On dira qu'il n'appartient pas aux Québécois de faire la leçon aux Français en matière de langue. La mauvaise qualité du français au Québec découle de facteurs historiques, d'un contexte socio-économique particulier (ce n'est pas une raison pour ne rien faire, cependant). Alors que l'affichage que montre la photo ci-dessus, prise rue Sainte-Catherine à Bordeaux (France). ne reflète qu'un snobisme ridicule et cheap.

vendredi 8 octobre 2010

John Lennon aurait 70 ans




Google souligne le 70e anniversaire de naissance de Jonh Lennon, le 9 octobre.

jeudi 7 octobre 2010

Une voiture noire

Quinze mois après son départ, je continue de croire que c'est terriblement injuste pour lui, qu'à 27 ans, au moment où il amorçait sa carrière après de longues études, au moment où il était si heureux d'avoir un amoureux, où il pourrait faire des projets et les réaliser, son permis de séjour lui soit retiré. C'est infiniment injuste pour lui et cruel pour ceux qui l'aiment.

Je repense à nos premières conversations sur MSN. Dès le début, j'ai aimé son intelligence, sa sensibilité, son humour, sa discrétion... J'ai deviné assez rapidement qui il était et j'ai compris très vite quelles étaient les questions que je ne devais pas poser car je n'obtiendrais pas de réponse. J'ai compris aussi que s'il ne répondait pas à l'une de mes questions, je pouvais la plupart du temps considérer son silence comme une réponse affirmative....


Un soir, il m'a dit qu'il avait eu parfois l'impression qu'on ne l'avait pas vraiment aimé pour lui-même. Pour le taquiner un peu, j'ai demandé pour quoi on l'aurait aimé, si ce n'était pour lui-même. J'ai aimé sa réponse, après un court silence : « ... pour ma voiture. » Et j'ai immédiatement enchaîné en demandant quelle voiture il avait. J'avais une idée assez précise de la voiture qu'il devait avoir ; sa réponse m'a beaucoup fait rire : « ... une voiture noire. » Je connais des gens qui auraient dit que ce n'était pas une réponse, vous savez, comme les grandes personnes qui ont besoin de chiffres pour se faire une idée de la beauté des choses.

Ai-je besoin d'ajouter que son esprit, sa culture, son humour, son amour, sa tendresse, nos conversations... me manquent terriblement ?

mercredi 6 octobre 2010

Au secours !!!

Ces derniers jours, quelques « faits divers » ont retenu mon attention et, pour tout dire, m'ont passablement troublé.

À Vancouver, il y a trois semaines, au cours d'une fête organisée par des jeunes, une adolescente de 16 ans a été victime d'un viol collectif. Le lendemain de cette fête, cette jeune fille ne se souvenait de rien mais, grâce à l'efficacité des médias sociaux, elle a pu très rapidement savoir ce qui lui était arrivée car un autre adolescent de 16 ans avait assisté, avec une douzaines d'autres personnes, au viol collectif, avait tout enregistré avec son téléphone et... avait eu la bonne idée de diffuser la vidéo sur Fécebouc. Et la vidéo s'est répandue comme une traînée de poudre sur les téléphones d'adolescents et d'autres consommateurs d'images sordides.
La jeune fille a porté plainte à la police. Elle a été victime d'un viol collectif ; elle avait été droguée (l'ingestion de rehypnol, mieux connue sous le nom de « drogue du viol », provoque l'amnésie) et, finalement, les valeureux témoins de ce viol se sont amusés à tout filmer et l'un d'entre eux a trouvé intéressant de diffuser les images sur Fécebouc.
Un premier jeune homme de 18 ans a été interrogé par la police ; il serait l'un des « amants d'un soir » de la jeune fille qui l'ignorait jusque-là. Et l'adolescent de 16 ans qui a diffusé la vidéo fait face à des accusations de possession et de diffusion de pornographie juvénile...
Je ne sais pas ce que peut ressentir la victime de cette agression par sept ou huit garçons, sous les yeux d'une douzaine d'autres qui ont voulu en conserver des images. Mais je ne voudrais surtout pas être un des parents du garçon qui a mis le premier la vidéo en ligne ; je ne serais pas très fier. Mais ils ne sont pas les seuls à se sentir complètement dépassés par le comportement des jeunes et par l'omniprésence dans la vie de leurs enfants des moyens de communication électronique qu'ils ne contrôlent pas.

L'autre événement, plus récent, concerne encore une fois la diffusion d'images obtenues illégalement.
Il y a quelques jours, Tyler Clementi, 18 ans, étudiant à l'Université Rutgers, au New Jersey, s'est suicidé en se jetant du pont George-Washington après avoir découvert que son colocataire avait filmé à son insu et diffusé sur Internet les images d'une relation sexuelle que Tyler avait eu quelques jours plus tôt avec un autre garçon.
Le colocataire, Dharum Ravi, avait laissé à Tyler la chambre « jusqu'à minuit » ; il était allé rejoindre une amie, Molly Wei, camarade de classe et habitant la même résidence. Dharum a allumé à distance sa webcamm qui enregistrait les ébats de Tyler et de son ami ; ces images étaient diffusées en direct sur Internet.
Quelques jours plus tard, Tyler Clementi, un étudiant timide et excellent violoniste, découvrait par hasard le viol de sa vie privée, de son intimité. Il n'a pas pu supporter cette écoeurante agression. Il a écrit sur sa page Fécebouc : « Je vais sauter du pont GW, désolé » Et il s'est dirigé vers le pont, a garé sa voiture, laissé sur le pont son portefeuille et son portable, et il s'est jeté dans l'Hudson...
Les deux étudiants qui ont filmé et diffusé ces images, Dharum Ravi et Molly Wei, 18 ans tous les deux, ont été arrêtés et inculpés de violation de la vie privée... La veille même du suicide de Tyler Clenti, son colocataire avait essayé de diffuser encore sur Internet d'autres images... Les deux étudiants cinéastes pourraient aussi faire face à des accusations de crime haineux si l'on peux prouver qu'ils ont agi ainsi parce qu'ils pensaient que Tyler Clementi était homosexuel.

Ce suicide a mis en lumière d'autres suicides récents chez des jeunes qui se sont sentis harcelés en raison de leur orientation sexuelle présumée. À Houston, un garçon de 13 ans, Asher Brown, s'est tiré une balle dans la tête. Billy Lucas, 15 ans, s'est pendu dans l'Indiana ; Seth Walsh, 13 ans, a fait de même en Californie, ainsi que Raymond Chase, 19 ans, dans le Rhode Island.

Je ne sais plus que penser de tout cela. En voulant parler de cela avec quelqu'un aujourd'hui, je me suis mis à pleurer, sans trop savoir pourquoi. C'était sans doute une réaction de dégoût inspiré par le comportement d'une partie de mes contemporains et aux ravages que peut faire une mauvaise utilisation de la technologie. C'est désolant de voir que la vie privée ne veut rien dire pour une grande partie de la population, que les jeunes en particulier ne semblent plus avoir de respect pour les autres, qu'ils ne semblent plus avoir de baliser pour juger ce qui acceptable et ce qui ne l'est pas. Chez bon nombre d'entre eux, on dirait que la technologie a remplacé chez eux les facultés intellectuelles et la capacité d'exercer un minimum de jugement.

Autre histoire, ces jours-ci à Montréal, montrant bien le manque de jugement dans l'utilisation des médias sociaux. La police a arrêté chez lui un jeune homme de 28 ans qui, sur sa page Fécebouc, écrivait qu'il allait tuer des anciens professeurs. Chez lui, la police a trouvé cinq armes à feu, enregistrée mais non gardées sous clé comme la loi l'exige. Ses parents crient à l'erreur grave de la part des policiers qui prennent tout cela trop au sérieux. Et le jeune homme essaie de se défendre en disant que ce n'était qu'une plaisanterie... Il me semble qu'il doit y avoir des plaisanteries plus amusantes à faire sur Internet.