Affichage des articles dont le libellé est vie. Afficher tous les articles
Affichage des articles dont le libellé est vie. Afficher tous les articles

samedi 4 janvier 2025

Rupert, être vivant, avec tout ce que cela implique

Une ancienne collègue de travail, que je n'ai pas revue depuis de très nombreuses années, mais avec qui je reste en contact par correspondance, à quelques reprises chaque année, m'écrit presque tous les jours, et parfois plus d'une fois par jour, depuis qu'elle a appris la mort de Rupert. 

Elle-même amie des chats, a toujours vécu avec un chat depuis plusieurs dizaines d'années. Elle m'a écrit il y a quelques jours qu'il est probablement plus difficile de perdre un chien que de perdre un chat. Je peux comprendre ce qui fait dire cela : un chat étant généralement plus indépendant qu'un chien, on passe habituellement plus de temps avec un chien qu'avec un chat, ne serait-ce que parce qu'il faut sortir le chien trois fois par jour. Mais, au fond, je crois que l'intensité de la douleur ressentie lors de la perte dépendra du genre de la relation que l'on avait avec l'animal.

Cette amie avait joint à son message une courte vidéo avec des photos d'un homme avec son chien et, sur chacune des photos, il y avait un message du genre : « Un chien n'est après tout qu'un animal. Lorsqu'un chien meurt, on n'a qu'à en prendre un autre, etc. » J'ai voulu répondre pour moi-même à ce genre de commentaires.

Je pense que si l'on perd un être que l'on aime, avec qui on a partagé des années de sa vie, que ce soit un chat, un chien, un oiseau, un lapin ou un cheval, la douleur doit être immense. Et la douleur sera d'autant plus grande que l'on aura accordé de l'importance à cet autre, du degré d'affection, d'amour que chacun aura investi dans la relation.

Quel que soit l'animal que l'on ait choisi, ou qui nous ait choisi, il vient assez rapidement un moment où le choix est réciproque, mutuel, et irréversible. Nous faisons partie de la vie de cet animal autant qu'il fait partie de la nôtre. Et si l'on vit seul avec cet animal, si l'on est, comme je disais toujours à mes collègues qui pensaient souvent que j'étais libre de faire ce que je veux quand je veux, qui ne comprenaient pas qu'à certains moments de la journée ou de la soirée, je n'étais pas disponible pour des réunions en personnes ou par visioconférences, « n'oubliez pas que je suis chef de famille monoparentale », et que mon chien dépend de moi, de la même façon qu'un enfant dépendrait de moi. Et un chien, c'est comme un enfant qui vieillit mais qui ne grandit pas ; il sera toujours dépendant de moi. Et c'est la même chose pour un chat, un oiseau, un lapin... 

Quand on vit seul avec un animal que l'on a choisi, il y a le risque que cet amour réciproque devienne fusionnel, qu'il devienne difficile d'imaginer la vie sans l'autre. Et lorsque la séparation arrive, quelle que soit la façon dont cette séparation arrive, cette déchirure est absolument douloureuse, comme une amputation d'une partie vitale de soi... Et elle peut être plus douloureuse selon les circonstances qui entraînent cette séparation.

Certains disent qu'un chien (ou un chat, un oiseau, un lapin, ...), ce n'est qu'un animal, pas une personne.

Mais les animaux ont leurs propres émotions, leurs propres sentiments. Et un animal que l'on a choisi, que l'on a apprivoisé, quel qu'il soit, du moment qu'on l'a intégré dans notre vie, il a déjà commencé à nous aimer inconditionnellement ; il nous accorde sa confiance et, assuré que l'on respectera notre engagement, il compte sur nous pour tout ce qui lui sera nécessaire : l'abri, la nourriture, les soins d'hygiène et de santé, les jeux et les loisirs, la vie sociale. Il y a une relation de respect qui s'installe, un attachement émotionnel et, comme le dirait le renard au Petit Prince, « on est responsable pour toujours de ce que l'on apprivoise ».

Il est possible qu'un animal ne sache pas d'avance qu'il doit mourir ; cela ne fait pas partie de ses réflexions habituelles et il ne s'y prépare pas. Mais lorsque vient le moment, je suis sûr qu'il en a conscience ; la preuve, c'est, que dans la nature, et même parfois chez les animaux domestiques, ils vont se cacher, ou s'installer à l'écart, quand ils sentent que le moment est venu. Ou encore, ils vont chercher à se rapprocher de ceux qu'ils aiment et qui, croient-ils, vont les protéger, les rassurer...

Quand Rupert est parti, ce dimanche soir du 8 décembre 2024, il a dû sentir que quelque chose lui arrivait ; peut-être a-t-il pensé que je pourrais le sauver, ou peut-être, sentant la fin approcher, voulait-il que je sois près de lui en cet instant dramatique... La preuve, c'est que dix minutes plus tôt, il mangeait avec beaucoup d'appétit le repas que j'avais mis beaucoup de temps à lui préparer ; ce repas, composé de ses croquettes habituelles sur lesquelles j'avais mis en garniture des patates douces, des carottes, du bœuf effiloché, etc., était pour lui un repas de fête, et il s'est régalé... Comme on venait de rentrer de sa promenade dans le quartier, il n'avait pas besoin de sortir, comme il le faisait souvent après avoir mangé... Normalement, il serait allé se coucher pour faire sa sieste, pour se relever plus tard et faire une dernière sortie avant la nuit. Mais ce dimanche-là, il savait que nous étions invités chez une amie dans l'immeuble ; c'est peut-être pour cela qu'au lieu d'aller faire sa sieste sur le sofa, il est venu se coucher pratiquement à mes pieds, à l'entrée de la cuisine... Ou, comme je le dis précédemment, il a senti la fin arriver et il voulait être près de moi. Le malheur, c'est que je ne m'en suis pas rendu compte ; j'ai cru qu'il était venu m'attendre, puisque j'étais sur le point de lui dire : « Viens, notre amie (qui l'adorait et qu'il adorait) nous attend ». Mais quand je lui ai prononcé ces mots, il n'a pas réagi, alors qu'il aurait dû être content de cette proposition d'aller chez une amie... Avec le recul, je pense qu'il a voulu être près de moi... mais je pense aussi qu'il n'a pas eu le temps de souffrir : il n'a pas eu de mouvement brusque, pas de sursaut, pas un son...

Qu'il ne sache pas d'avance qu'il va mourir un jour, ce n'est pas grave. L'important, c'est que lorsque quelque chose d'important arrive dans sa vie, l'être humain à qui il accorde toute sa confiance, qui croit en son amour inconditionnel et en son dévouement, soit là pour l'aimer, le rassurer, l'accompagner...

Si lui ne sait pas d'avance qu'il doit mourir un jour, nous le savons et l'on voudrait ne pas avoir à y penser. Mais l'être raisonnable que nous sommes en principe, l'être responsable de lui, doit prévoir que ce jour arrivera, le plus tard possible, espérons-nous. Sachant à quel point les séparations sont très douloureuses, surtout quand elles sont définitives, j'ai toujours souhaité qu'il parte avant moi, pour qu'il n'ait pas à vivre le deuil de moi... Puisqu'il n'a jamais été séparé de moi, qu'il n'a jamais été gardé ailleurs, par quelqu'un d'autre, sauf une heure quelques fois par année pour un toilettage, ou une journée quand il avait six mois pour une chirurgie, je n'aurais pas voulu l'« abandonner » en partant avant lui et en l'obligeant à devoir s'adapter à un autre foyer, à d'autres habitudes, etc. Je savais que cela aurait été difficile pour lui, même si cela se faisait dans les meilleures conditions, avec les personnes les plus aimantes qui existent... Avec moi, il n'avait pas besoin de parler, pas même besoin de demander ; la plupart du temps, je devinais ce qu'il voulait, avant même parfois qu'il ait eu le temps d'y penser lui-même... Nous n'avions qu'à nous regarder et nous nous comprenions.

Quand on vient de perdre cet être qui a partagé pratiquement tous les instants de notre vie durant un certain temps, que ce soit quelques mois ou plusieurs années, comment pourrait-on accepter que l'on nous dise que l'on pourra en avoir un autre, comme s'il s'agissait de remplacer une assiette cassée ou une vieille paire de chaussures ?

Certains diront qu'il y a des douleurs plus insupportables que la perte d'un animal ; ceux-là peuvent le penser et le dire aussi longtemps qu'ils ne seront pas passés par là. Leur manque de sensibilité m'empêcherait de les choisir ou de les conserver comme amis.

Et, si empathiques que l'on puisse être, la douleur des autres peut relativiser quelque peu la nôtre, mais ne l'efface pas.

Quelle que soit la vie que l'on mène, active ou solitaire, l'animal avec qui l'on vit est toujours là, fidèle et constant, sa présence se veut rassurante dans les mauvais jours, parfois exubérante dans les bons jours.

Et le chien, peut-être davantage que n'importe animal, favorise les interactions avec d'autres chiens et d'autres personnes, enrichit à sa façon notre vie sociale.

De son poste d'observation devant l'immeuble, Rupert surveillait l'activité à l'intersection des rues près de chez moi. Il savait que, de cette intersection, pouvaient jaillir les amis, les admiratrices et admirateurs, les chiens qu'il aimait ou à qui, au contraire, il voulait dire d'aller voir ailleurs. Il accueillait avec plaisir les câlins des personnes bien intentionnées, ignorait dignement toute personne qui ne lui inspirait pas de sympathie... Il attendait ses préférés, au point de ne pas vouloir bouger parfois, car il était presque assuré que telle ou telle amie allait finir par passer, venir le saluer joyeusement, lui faire quelques câlins, peut-être lui offrir quelques gâteries et, peut-être même jouer à la balle avec lui...

Mais il pouvait aussi ressentir le manque, la solitude... Certains jours, les amis ne passaient pas ; il les attendait et, parfois, il était déçu... Je ressentais sa solitude, je partageais sa déception car je savais à quel point la visite de ses amis, si courte soit-elle, suscitait en lui de la joie, lui donnait du tonus, relevait son moral, lui faisait anticiper d'autres plaisirs, d'autres joies. Il m'arrivait d'essayer de le consoler, de le rassurer, en lui disant que je comprenais sa déception, sa tristesse, mais qu'il était fort possible que « demain » (« demain », cela pouvait vouloir dire : plus tard, dans une ou plusieurs heures, le lendemain, ou un autre jour ; il comprenait), peut-être que ses amis viendraient.

C'était important pour lui que je lui parle, que je tente de lui expliquer la situation ; cela le rassurait. Il ne comprenait peut-être pas toujours les mots que je lui disais, car les phrases étaient parfois inhabituelles pour expliquer des situations complexes, mais il sentait que je comprenais ce qu'il ressentait, et il était sensible au fait que je tentais de lui expliquer ce qui se passait et ce qu'il ressentait. Même si parfois, occupé à ne rien manquer de l'activité au coin de la rue, il me tournait le dos, je voyais, d'après sa façon de tenir la tête, de dresser les oreilles, qu'il était tout à fait attentif à ce que je disais.

Les animaux qui vivent avec nous sont peut-être les seuls à ne pas nous juger, quoi que l'on dise, quoi que l'on fasse. Ils peuvent s'impatienter parfois et nous reprocher de ne pas leur donner assez vite ce qu'il leur faut, ce dont ils ont besoin ou ce dont ils ont envie, mais ils ne nous jugeront pas, ne nous critiqueront pas. À la rigueur, ils pourront nous bouder un moment, mais, à moins que l'on persiste dans notre négligence, la paix sera vite rétablie.

Les chiens, comme les autres animaux, nous accordent le privilège de leur confiance, qu'il ne faut jamais trahir. J'ai toujours appliqué la règle essentielle de ne jamais mentir à Rupert, de ne jamais lui annoncer ou lui promettre quoi que ce soit sans le lui accorder. Les animaux, à des degrés divers, sont intelligents ; s'ils s'aperçoivent que nous leur avons menti, que nous n'avons pas tenu notre promesse, que nous avons trahi leur confiance, leur confiance deviendra alors conditionnelle, à négocier à chaque fois...


Je me suis quelques fois impatienté envers Rupert, et à chaque fois, je l'ai regretté et je m'en suis voulu longuement. Rupert, comme bien des animaux, était très sensible ; lorsque je lui parlais un peu fort, je le blessais profondément : il ne comprenait pas... et moi non plus, par la suite. La plupart du temps, j'allais lui demander pardon et lui répéter que je l'aimais, mais je sais que parfois, il avait été vraiment blessé et qu'il n'était pas prêt à pardonner rapidement... Depuis son départ, c'est ce qui me hante: j'aimerais tellement pouvoir revenir en arrière et tenter d'effacer ces moments d'impatience.

Je crois que dans toute relation, amoureuse ou autre, et surtout dans une relation fusionnelle comme on en vit parfois, avec une personne ou un animal, il peut arriver que ce ne soit pas toujours l'euphorie totale : des circonstances difficiles, un trop grand stress, le manque de sommeil, la maladie, etc., peuvent nous amener à manquer de patience et à faire subir à l'être qui partage notre vie notre mauvaise humeur. Idéalement, il vaudrait mieux prévoir des soupapes pour libérer la pression plutôt que de la faire subir à notre compagnon. Mais, dans une relation fusionnelle, comme souvent dans une famille monoparentale, on est trop près l'un de l'autre, sans assez de distance pour reprendre son souffle et relaxer avant d'amorcer une nouvelle interaction avec l'être cher.

Mais que l'on ne vienne pas nous dire qu'un chien, un chat, peu importe, n'est qu'un animal (« un bien meuble», comme le disait encore la loi il n'y a pas longtemps), et qu'on peut facilement le remplacer par un autre.

Chaque être avec qui l'on a vécu devient une partie de soi, une partie de son esprit, une partie de son âme.

mardi 31 janvier 2023

Still alive...

Aux invités qu'elle accueillait et qui lui demandaient comment elle allait, Elisabeth II, reine du Royaume-Uni et de quatorze pays du Commonwealth, répondait encore aux premiers jours du mois de septembre dernier : « Je suis encore vivante. » Elle ne pouvait sans mentir répondre qu'elle se portait très bien, et elle n'avait pas envie, non plus, d'amorcer pour ses invités et pour le monde entier une conversation sur son état de santé. Compte tenu de son grand âge et avec la connaissance qu'elle devait avoir l'état réel de sa santé, elle ne pouvait que répondre avec le sourire qu'elle était toujours vivante. Et l'on ne pouvait que constater sa longévité, et son sens du devoir lui dictant qu'elle devait jusqu'au bout jouer son rôle et assumer ses responsabilités. Et, le 8 septembre, deux jours seulement après avoir officiellement accueilli la nouvelle première ministre Liz Truss, Elisabeth II s'éteignait, « de mort naturelle » ... 

Ces derniers mois, quand on me demande comment je vais, je réponds souvent : « Comme le disait encore Elisabeth II au début du mois de septembre, je suis encore vivant... » Ce n'est pas que j'entrevoie, de cause naturelle ou non, un départ prochain ; mais depuis près d'un an, mon état de santé s'est dégradé au point où je peux difficilement dire que « je vis » : je peux seulement dire que je respire, que j'existe, que je peux avoir l'air de vivre normalement, que je dois continuer de me lever le matin et m'habiller pour sortir avec Rupert trois fois par jour, m'assurer qu'il va bien, qu'il a toujours quelque chose à manger, etc. Cependant, très rares sont les moments où je peux me dire que je suis bien et heureux de vivre ; je continue simplement, par sens des responsabilités envers Rupert, de « jouer le jeu » et de sauver les apparences.

Le 4 avril dernier - la veille du quarantième anniversaire de naissance d'Alexander -, j'avais exposé ici un bref aperçu du recensement de mes misères... La situation a quelque peu évolué depuis, mais pas forcément dans le bon sens. Si certains désagréments ont pratiquement disparu, d'autres ennuis, plus importants, sont survenus au début de l'été dernier, accaparant presque toute mon attention, tout mon temps et toutes mes énergies, me rendant la vie non pas « insupportable » (ce serait exagéré de le dire, il me semble), mais pour le moins inintéressante. La semaine dernière seulement, en trois jours, j'ai dû me rendre à l'hôpital quatre fois, principalement pour y subir des examens dont je devrais obtenir les résultats la semaine prochaine. On a évoqué des infections, la possibilité d'un cancer, etc.

À la clinique de santé familiale où travaille mon médecin, trois personnes (dont mon médecin) s'occupent de moi et font un suivi régulier de mon état de santé. Il y a quelques mois, il a fallu intervenir rapidement et de façon draconienne pour empêcher une dégradation irréversible de ma santé et, depuis, je dois me soumettre à un protocole rigoureux qui n'est pas sans causer de nombreux autres désagréments. En plus de ne pas pouvoir dormir la nuit, par exemple, je suis presque toute la journée atteint de nausées causées par les médicaments, et je suis toujours si fatigué que, lorsque je dois jouer avec Rupert, je n'ai souvent qu'une envie : celle de m'écraser dans un coin et de m'y oublier.

Je ne suis pas très inquiet ni angoissé ; je suis surtout très ennuyé de ne pas pouvoir vivre normalement, de ne pas pouvoir le matin me réjouir du petit déjeuner à prendre, de la journée qui commence, de ne pas pouvoir lire plus de cinq minutes, de ne plus avoir la concentration nécessaire pour écrire cinq phrases consécutives, d'avoir même perdu depuis trop longtemps le goût de la lecture et de l'écriture... Quant à la vie sociale, oublions cela complètement... 

Cela dit, je ne suis pas un inconditionnel de l'astrologie, mais j'ai entendu récemment sur Internet deux ou trois astrologues différents annoncer pour 2023 un très intéressant alignement des planètes pour les natifs du signe de la Vierge dont je suis. Il faudrait, semble-t-il, s'attendre à d'importants changements positifs dans notre vie au cours des prochains mois. Si l'on veut croire à l'existence d'un paradis à la fin de nos jours, pourquoi ne pas croire en attendant à l'annonce de jours meilleurs sur Terre ?

Je vous souhaite une excellente année 2023.

mercredi 31 août 2022

Lady Di... il y a 25 ans

 
 
Le 31 août 1997, Lady Di, princesse de Galles, trouvait la mort dans un accident de la circulation à Paris. Les deux fils de Lady Di, les princes William, duc de Cambridge, et Harry, duc de Sussex, souligneront chacun de son côté et à sa manière la disparition de leur mère. Nul doute que, selon la coutume, la grande famille Spencer se réunira à Althorp pour commémorer le vingt-cinquième anniversaire de la disparition de celle que les Britanniques aimaient appeler « la princesse des cœurs ». Il y aura bien sûr quelques absents, qui ne seront pas oubliés non plus.  Et la princesse des cœurs continuera longtemps de vivre dans le cœur et dans la mémoire de tous ceux qui l'ont aimée. Je serai  jusqu'à mon dernier jours parmi ceux-ci.
 
Cette superbe rose, nommée « Elegant Lady », perpétue la mémoire de Lady Di.

jeudi 7 avril 2022

Alexander Bull

Alexander Bull

22 avril 2005 - 31 octobre 2021

En voyant le temps passer, ces dernières années, je me suis souvent demandé ce qu'il advenait d'Alexander Bull, l'adorable chien qu'Alexander laissait derrière lui en partant, et c'était son plus grand drame car, comme je l'ai écrit déjà à quelques reprises, Alexander sentait qu'il « abandonnait » son meilleur ami, à qui il avait promis, en allant le chercher chez l'éleveur, qu'il serait toujours là pour l'aimer et prendre soin de lui. Et quand Alexander faisait une promesse, il s'engageait pleinement, intensément, profondément ; j'ai eu l'occasion de le constater à quelques reprises.

Je n'avais plus de nouvelles d'Angleterre, ni de la famille, ni des amis d'Alexander ; je pensais bien qu'Alexander Bull, né en 2005, ne devait plus être sur terre, qu'il avait dû aller rejoindre son ami Alexander. Or, j'apprenais hier seulement, par un commentaire laissé sous le billet précédent qu'Alexander Bull était décédé l'après-midi du 31 octobre dernier, soit le jour de l'Halloween. Il est donc décédé à seize ans et demi ! Je n'ai jamais eu connaissance d'une telle longévité chez un bulldog anglais. La durée de vie moyenne d'un bulldog est de neuf ou dix ans. Deux étudiantes que je rencontre dans le quartier et que je connais grâce à Rupert m'ont confié que, dans leur famille respective, il y avait un bulldog de quatorze ans, ce que je considérais déjà des cas exceptionnels ; or, Alexander Bull aura vécu plus longtemps.

Bien sûr, je suis triste d'apprendre la mort de ce chien que j'adorais puisqu'il était l'adoration d'Alexander, mais je suis en même temps soulagé de savoir quand il nous a quittés. Je suis fier de sa longévité et reconnaissant à Jane et à ceux qui ont su, après le départ d'Alexander, continuer de lui donner la meilleure vie qu'un chien puisse connaître. Merci du fond du cœur.

Si j'étais riche et vivant en Angleterre, je commanderais à un très bon sculpteur la statue d'un petit garçon assis sur un banc de parc ou sur une branche d'arbre et lisant des poèmes à un bulldog anglais assis à ses pieds, et tout à fait concentré sur la poésie et la voix de son ami. Et j'essaierais de faire en sorte que cette statue soit déposée dans un parc, comme dans les jardins de Kensington. Ce serait une façon de rendre hommage à la fois à Alexander et à Alexander Bull.


samedi 10 février 2018

Mieux vaut le silence...

« Quels sont les ennuis plus souffrants que
ceux dont nous ne pouvons pas nous plaindre. »

Ou : comment parler de ses ennuis sans devoir raconter toute sa vie ?

lundi 6 février 2017

Le pistolet sur la tempe...

Je n'ai jamais eu d'enfant, je n'ai jamais été père, au sens où on l'entend généralement. Pourtant la question de la paternité m'a toujours intéressé, plus ou moins consciemment, plus ou moins ouvertement... Serait-ce à cause de ce questionnement, non résolu, que je n'ai jamais fait moi-même ce qu'il fallait pour mettre au monde un enfant de mon sang ? Ou serait-ce plutôt parce que je n'ai jamais participé à la mise au monde d'un enfant que je me suis toujours senti curieux, sensible et vulnérable face à la question de la paternité ? Il est fort possible que la réponse soit beaucoup plus complexe que cela, qu'elle comporte une part de chacune de ces hypothèses, ainsi que d'autres éléments qui ne me sont pas encore venus très clairement à l'esprit.

Je crois que bon nombre d'études scientifiques ont démontré que la plupart des hommes qui deviennent pères ont tendance à reproduire le modèle qu'ils ont eu : le fils reproduit le père... ou bien il se promet d'être tout à fait différent. En ce qui me concerne, sans vouloir par là critiquer mon père, mes parents, je crois que je me suis toujours efforcé, à défaut d'un modèle proche qui me convienne, d'établir avec les autres des relations qui ne correspondent pas à un type en particulier mais qui s'inventent au fur et à mesure qu'elles progressent.

Je ne me souviens plus très précisément, mais je crois avoir déjà écrit dans les pages de ce blogue que, si je n'ai jamais eu d'enfants qui portent mon nom, il m'est arrivé plusieurs fois d'éprouver, dans telle ou telle relation (pas forcément amoureuse, mais avec un fort engagement affectif), des sentiments qui peuvent s'apparenter à ceux qu'éprouve un père pour ses enfants, et même, compte tenu de ma sensibilité, des sentiments que l'on pourrait qualifier de maternels. « Être homme, c'est précisément être responsable », a écrit Saint-Exupéry. Et c'est probablement cette « responsabilité » qui me paraissait primordiale du moment que j'amorçais une relation privilégiée avec un être qui venait vers moi (généralement des êtres plus jeunes que moi, mais la différence d'âge n'était pas toujours si importante). Le besoin de protéger, donc, contre les autres, contres les intempéries, les accidents, les forces du mal, mais aussi le besoin de partager des émotions, des plaisirs, des moments de tendresse et de complicité...

Je suis tombé par hasard sur une phrase d'un roman de Michael Connelly, au sujet de la paternité : « C'est comme d'avoir un pistolet sur la tempe du matin au soir ! » Et j'ai pu ressentir comment il pouvait dire cela : il y a bien sûr dans une relation privilégiée, comme celle d'un père et de son enfant, mais pas uniquement, la conscience presque constante des plaisirs, des joies, des moments de bonheur partagé, mais aussi les craintes, les inquiétudes, la terreur que quelque chose arrive, que l'être aimé en soit atteint ou, pire, nous soit enlevé...

Quelques mois après avoir fait la connaissance d'Alexander, il m'a annoncé qu'il était reçu médecin spécialisé en médecine d'urgence puis, peu de temps après, que son état de santé et sa vie même étaient menacés. Immédiatement, je lui ai exprimé mon soutien, je l'ai assuré de ma présence, de ma confiance, de ma détermination à l'accompagner dans sa guérison... et bien au delà. Malgré tout, j'en ai perdu le sommeil : la menace était bien là, terrible, et cette seule idée avait envahi mon corps, mon sang, mes tripes, comme un venin... J'en avais toujours mal au ventre. Et s'il m'arrivait de dormir quelques minutes, j'étais vite réveillé par un sentiment d'urgence : comment pouvais-je dormir alors que la vie de celui que j'aimais plus que tout au monde était menacée ? Jour et nuit, j'avais le téléphone et l'ordinateur à mes côtés pour être sûr de ne rien manquer si un message arrivait le concernant... Le « pistolet sur la tempe » ne se laissait pas oublier !

Chaque soir, au moment d'éteindre les lampes du salon avant d'aller dormir, je regarde Rupert étiré sur pratiquement toute la longueur du canapé ou, au contraire, ramassé sur lui-même comme un petit lapin ; je l'écoute ronfler, j'admire son total abandon, sa confiance inébranlable en l'ordre des choses, et je suis ému. Mais en me rendant à ma chambre, je ne peux m'empêcher de penser que je suis responsable de ce petit être : il ne faudrait pas qu'il m'arrive quelque chose qui m'empêche de m'occuper de lui. Et, sans trop vouloir y penser, je sais bien que son espérance de vie est assez limitée et qu'un jour, si tout va bien, la vieillesse et ses maux le rattraperont aussi. Et je me demande pourquoi je me suis engagé dans cette relation qui risque de me faire souffrir un jour, mais je ne m'attarde pas trop à ce questionnement : les bonheurs partagés au jour le jour m'apportent aussitôt la réponse. Et je repense à cette citation d'Edmond Rostand qui m'a si souvent accompagné : « C'est la nuit qu'il est beau de croire à la lumière. »

jeudi 3 septembre 2015

Rituel

Dans mon quotidien, il y a deux moments qui me sont particulièrement agréables et précieux, pour ne pas dire indispensables. Ces moments sont étroitement associés à un lieu précis de l'espace où je vis : un coin de ma chambre où j'ai installé un bureau, près de la fenêtre ouverte sur le centre-ville de Montréal. Je suis dans cet appartement depuis... de nombreuses années, et ce bureau est là depuis mon arrivée ; mais j'ai décidé, ces derniers mois, de l'aménager un peu mieux. J'ai refait la peinture dans toute la pièce, j'ai acheté du tissu pour faire de nouveaux rideaux (pas encore confectionnés), j'ai fabriqué une nouvelle tête de lit, acheté de nouveaux luminaires, décapé et verni des meubles récupérés, repeint des bibliothèques... Il me reste encore du travail à faire, notamment l'assemblage d'une étagère au-dessus du bureau pour rassembler des livres et des objets que j'aime, plus particulièrement identifiés à ma vie intime, à mes rêves, à mes espoirs...



C'est un lieu où j'ai besoin de passer du temps chaque jour, sinon j'ai le sentiment qu'il me manque quelque chose, comme si ce jour-là je n'avais pas eu le temps de prendre mon petit déjeuner, de lire, de rêver... Et c'est précisément au début de ma journée que s'impose ce rituel, avec le thé noir, élément essentiel de mon petit déjeuner, la lecture qui l'accompagne, parfois en musique mais pas toujours, la prise de notes et l'écriture qui suivent...

L'essentiel de mon travail, des activités que l'on exerce normalement à un bureau, je les pratique dans une autre pièce de l'appartement, à ce que j'appelle vraiment ma « table de travail » et qui regroupe tout ce qu'il me faut pour être efficace et productif : ordinateurs, imprimantes, numériseur, téléphone, ouvrages de référence, etc.

Et il y a un autre moment de la journée aussi agréable que celui du petit déjeuner, celui du thé de l'après-midi, qui me permet de retrouver ce coin de ma chambre où je prends mes distances du rythme effréné de la vie quotidienne.

J'ai pris cette photo pour répondre à l'invitation de Dr CaSo, qui m'avait offert de proposer un thème pour la catégorie « photo de truc » qu'elle publie régulièrement sur son blogue. J'ai proposé le thème le truc le plus agréable de votre quotidien. Je vous invite à aller voir ce que proposent les autres participants. Et si vous ne participez pas vous-même à ce jeu amusant, peut-être aurez-vous envie de joindre les fidèles de Dr Caso ; je suis sûr qu'elle sera ravie de vous y accueillir.

samedi 23 août 2014

La fête des roses


« Cueillez dès aujourd'hui
les roses de la vie. »
Pierre de Ronsard


Le 23 août, c'est la Sainte-Rose et c'est aussi la fête des roses...

dimanche 28 février 2010

Un puits dans le désert

Alexander avait beau répéter qu'il avait bien des défauts, je n'arrivais pas à le croire ; je ne lui en connaissais pas. Pour équilibrer le nombre de ses qualités, je dirais qu'il était seulement vulnérable en quelques points.
Il avait choisi d'être médecin pour sauver des vies et soulager des souffrances ; c'est ce qu'il faisait à l'hôpital tous les jours. Même en dehors du travail, il était toujours attentif à ce qui pouvait réclamer un peu d'attention, un peu de soin, qu'il s'agisse de chauve-souris tombées dans la cendre de la cheminée, d'un petit chat abandonné sous la pluie, d'insectes qui se trouvent aux mauvais endroits, de plantes négligées, etc.
Docteur Jane m'a raconté une anecdote qui représente très bien le garçon qu'était Alexander. Un jour qu'il était allé à sa banque, il a remarqué une plante qui avait vraiment besoin d'être arrosée. Sans rien dire, il est sorti, il est allé acheter quelques bouteilles d'eau et il est revenu arroser la plante. Voyant que son geste n'était pas passé inaperçu, il s'est approché d'un employé de la banque en disant : « Pardonnez-moi, mais je n'aurais vraiment pas pu dormir en sachant que j'avais refusé à boire à quelqu'un qui avait soif. »

dimanche 27 décembre 2009

La vie est si fragile

La vie n'est pas un Père Noël : même ces jours-ci, elle n'apporte pas que des cadeaux et des bonbons !

vendredi 16 octobre 2009

Mais lui...

Moi, je sais ce que je sens, ce que je vis, ce que je pense, mais lui, que sait-il, que voit-il, comment perçoit-il ce que je vis, ce que ressentent ceux qui l'aiment ?

Dans un message qu'il m'écrit ce matin (jeudi), Alistair, un ami d'Alexander qu'il a connu à l'école il y a déjà treize ans, m'écrit avoir lu récemment que si le corps s'éteint, l'esprit est éternel, qu'il poursuit son existence sans le poids de son écorce terrestre. Puisque personne n'est jamais venu nous dire que c'est ce qui se passe vraiment, il s'agit là d'une croyance et celle-là vaut bien toutes les autres. Il est doux de croire qu'il en est ainsi, ajoute Alistair. C'est aussi ce que je crois.

samedi 1 août 2009

La vie continue...

Ces dernières semaines, on m'a souvent dit ou écrit que, malgré la douleur et le chagrin, la vie continue... Je sais bien que ce sont là des paroles très sages, que l'on ne saurait contester. Je le sais bien que la vie continue mais ces mots me blessent car ils semblent vouloir faire taire ma douleur en m'invitant à « passer à autre chose ». Et si ce n'est pas un scandale de voir la vie continuer son cours comme s'il ne s'était rien passé, c'est tout au moins un constat cruel. Comment la vie peut-elle continuer quand celui que l'on aime le plus au monde n'est plus là pour la partager avec nous, pour lui donner un sens ?

L'absence se compte en semaines, bientôt en mois, et pourtant je ne m'y fais toujours pas. J'ai l'impression que notre dernière conversation était hier et que je recevrai au cours des prochaines heures un nouveau message disant : « Hi, Honey ! I am back ! Je viens te dire combien je t'aime. Je vais faire une petite sieste et je viendrai te parler un peu plus tard... Plein de doux baisers et de tendres câlins. N'oublie jamais que je t'aime. Ton Alexander. »

Et pourtant, la vie continue, avec ou sans notre accord. Ma soeur aînée, ma marraine, célèbre aujourd'hui un anniversaire de mariage très important (mon beau-frère aussi, il va sans dire). La grande famille, les amis lointains comme les plus proches se réunissent dans une auberge de campagne où on leur servira des plats qu'ils ne pourraient manger ailleurs. Comme il fallait confirmer notre présence il y a quelques mois déjà, j'avais dit que j'y serais ; mais le coeur n'y est pas. Même si j'y étais, physiquement, je sais que je n'y serais pas vraiment... J'ai donc appelé ma soeur pour la prévenir que je n'y serais pas et lui offrir mes félicitations et mes voeux de bonheur. Elle a bien compris. Je m'organiserai pour aller leur rendre visite au cours des prochaines semaines.

De son côté, malgré son épuisement et sa terrible douleur devant la perte de celui qu'elle considère comme son fils, Jane a assisté au mariage de sa fille, il y a quelques jours, et elle a reçu toute la semaine la famille et les amis dont certains sont venus de loin. Les célébrations se poursuivent quelques jours encore. Le jour du mariage, la mariée a demandé aux invités d'associer Alexander à cette journée. Je sais qu'il n'aurait surtout pas voulu que ce jour heureux soit assombri par son départ ; il ne voulait surtout pas que l'on ait du chagrin, ni à cause de lui, ni à cause de quoi que ce soit. La semaine prochaine, Jane aura un peu de répit ; je lui souhaite, comme elle en a évoqué le projet, de partir en voiture avec Alexander le bouledogue, de rouler loin dans la campagne anglaise et, à la fin de la journée, de s'arrêter dans une charmante auberge, d'y prendre un délicieux repas, arrosé de bon vin, et d'y passer la nuit. J'aimerais faire la même chose, mais il me manque le meilleur ami d'Alexander.

J'ai reçu ce matin un courriel d'une autre lectrice fidèle et discrète qui me dit avoir trouvé hier, dans la vitrine d'un magasin de sa petite ville française, une superbe figurine en résine de Freddy Mer.cury, et qu'elle pensait l'offrir pour son anniversaire à son frère dont Freddy est l'idole depuis longtemps. En commentaire au billet précédent, Béo mentionne avoir regardé ces jours-ci un spectacle de Feddy Mer.cury, spectacle enregistré en 1982, année de naissance d'Alexander.

Je viens de recevoir l'appel d'un ami qui m'invitait à aller les rejoindre, un autre ami et lui, pour aller prendre un verre sur une terrasse. Il est trop tôt pour moi ; je verrai plus tard, vers la fin de l'après-midi, si j'ai envie d'aller « dans le monde ».

D'autre part, un ami parisien devrait arriver à Montréal aujourd'hui. Erwan, n'hésite pas à m'appeler.

Bonne Fête nationale à tous les Suisses !

La photo vient d'ici

Oui, la vie continue, malgré moi, magré tout. C'est ce que voudrait, c'est ce que veut Alexander.

lundi 13 juillet 2009

Tu me manques

« Ma vie cherche ta vie, c'est ma chanson
Car j'ai donné à ma vie ton nom.
»

Qu'ils soient d'un grand poète, d'un modeste écrivain ou ceux entendus au hasard, comme ceux de cette chanson, certains mots semblent surgir exprès dans un moment de calme pour réveiller la douleur qui sommeillait et déclencher l'orage intérieur, les torrents de larmes...

« Les mots n'aident en rien, sauf que sans eux le vide est toujours plus atroce », écrit Delest en commentaire à l'un des articles précédents. Il a en partie raison. Les mots ont joué un tel rôle pour Alexander et pour moi, et entre Alexander et moi, qu'ils seront toujours essentiels. Cependant, même le mot « mots » me fait si mal ce matin ! Car ce mot évoque surtout l'absence des siens. Et pour combler ce vide atroce, je ne trouve pas les miens.

samedi 21 mars 2009

Criminels - 2

Je parlais hier à l'une de mes nièces d'un petit malaise, pas trop grave, mais qui m'enlevait l'envie d'aller manger au restaurant avec elle et son mari. La réponse de ma nièce fut immédiate : c'est de la colère en toi qui cherche s'exprime ainsi. Il me semblait éprouver d'autres sentiments (comme de la peine, de la frustration, etc.), mais je ne voyais pas vraiment pourquoi je serais en colère. Et puis, j'ai vite donné raison à ma nièce en identifiant plusieurs raisons d'éprouver de la colère : la déclaration criminelle de Benoît XVI, ces deux adolescents qui ont mis le feu à un chat après l'avoir arrosé d'essence, et d'autres sujets dont je parlerai plus tard.


Hier, j'étais assis le long de l'avenue du Parc, à me faire chauffer au soleil. La lumière était belle, le ciel était sans nuages. J'aurais voulu prendre des photos, mais quelque chose me retenait de le faire (je dirai pourquoi un autre jour). J'avais de quoi lire et de quoi écrire, mais j'aurais gelé les doigts car si le soleil était beau, l'air était encore froid. J'observais les gens qui arrivaient à pied, à vélo, avec leurs enfants ou leurs chiens, ceux qui traversaient la rue pour aller au parc du Mont-Royal, de l'autre côté, ou qui en revenaient. Il y avait beaucoup de mouvement et de circulation car il était plus de cinq heures.


Mon attention a été attirée par un jeune chien fou, qui ressemblait à un Jack Russell Terrier mais qui n'en était pas un ; il courait partout et puis il a traversé l'avenue en même temps que plusieurs piétons. J'ai été intrigué car ce chien ne me semblait suivre personne en particulier, ne se préoccupant pas du feu de circulation qui allait bientôt changer de couleur. J'ai essayé d'identifier qui, parmi les piétons qui avaient traversé, allait enfin appeler son chien. Personne.

Le chien s'est mis à courir partout encore une fois, autour de moi et de tous ceux qui parmi les plus honnêtes, se chauffaient aux soleil. Puis... mon cœur s'est arrêté de battre. Avec la même allégresse que s'il avait retrouvé sa liberté après une longue journée enfermé à l'intérieur, ce jeune chien fou s'est à lancé dans la circulation pour retraverser l'avenue, sans attendre le feu vert et sans se préoccuper des voitures qui passaient à toute vitesse sur quatre voies vers le Nord et quatre voies vers le Sud. J'étais persuadé qu'il allait se faire écraser sous mes yeux.

Soudain le chien s'est arrêté au milieu de l'avenue, quelques secondes, puis il s'est mis à tourner sur lui-même. Il ne semblait pas blessé, mais il était sonné, c'était clair. Il n'avait pas été frappé par une voiture mais il avait dû lui-même se cogner aux roues d'une voiture. Avec moins d'assurance qu'auparavant, il a fini par se rendre de l'autre ôté. J'ai vu quelqu'un, environ trois cents mètre plus loin, qui semblait chercher quelque chose. Il s'est dirigé vers le chien s'est penché vers lui, a fini par lui mettre sa laisse pour rentrer chez lui.

J'étais choqué. D'abord, je n'en revenais pas que quelqu'un laisse un tel chien faire ce qu'il veut en plein milieu de la circulation. Si j'avais eu un téléphone sous la main, j'aurais tout de suite appelé la Société protectrice des animaux, quitte à suivre l'abruti qui ne s'occupait pas de son chien, afin de savoir où il habitait. J'ai pensé à Alexander : il aurait réagi comme moi, avec plus de colère encore contre cet individu qui ne mérite pas d'avoir un chien. En Angleterre, celui-ci serait poursuivi. Mais au Québec, nous sommes des gentils, des tolérants qui ne s'indignent de rien, ou le moins possible... Et, de tous ces automobilistes qui, par dizaines, ont passé à toute vitesse alors qu'il y avait un chien qui traversait la rue, personne ne s'est arrêté, personne n'a ralenti. La prochaine fois, ce sera peut-être un enfant qui traversera la rue ; on ne le verra, comme on n'a pas vu le chien. Ou serait-ce que la vie d'un chien ne vaut rien en comparaison de trente secondes du temps précieux de ces automobilistes ? Voilà donc plusieurs criminels en puissance...

vendredi 16 janvier 2009

Les miracles de la vie

L'image vient d'ici

Les miracles « ne se produisent que
dans l'âme de celui qui les attend
. »

Sefan Zweig, Les prodiges de la vie

Après une attente qui aura semblé une éternité, où tout pouvait basculer, la vie a repris le dessus. Il a ouvert de grands yeux, ces yeux magnifiques, pleins d'une saine gourmandise et de tendresse. Puis il a souri, il a parlé, il a mangé... La fièvre a beaucoup diminué. Il a de nouveaux des étincelles dans les yeux. Il remonte la pente...

dimanche 16 octobre 2005

La valeur d'une vie

J'essaie ce soir de créer un carnet électronique, un « blogue », sans trop savoir ce que j'en ferai. Je sens cependant la nécessité d'écrire un peu plus régulièrement et mes lieux habituels d'écriture, trop souvent, trop longtemps négligés, me sont pratiquement devenus étrangers ; quand vient le temps d'y écrire ce que j'ai médité un peu plus tôt ou les idées qui me viennent spontanément quand je suis assis à ma « table de travail », l'angoisse de la « page blanche » me saisit, les mots me fuient et tout ce qui me reste comme émotion de départ, c'est un éloquent : « À quoi bon ? ». Pour commencer, j'ai donc cherché une idée, une citation qui me permettrait d'afficher un texte sans être trop paralysé par la nécessité de concevoir quelque chose ; dans un carnet que j'utilise de temps à autre, j'ai trouvé cette réflexion que je me suis faite un jour (j'ai cependant oublié ce qui me l'avait inspirée) :
« Ce qui fait la valeur d'une vie, ce n'est ni la quantité d'objets possédés ni le nombre d'expériences vécues, mais le sens que l'on donne à ce que l'on fait, à ce que l'on vit. » (JMP)
Je me rends compte, après coup, que ma préoccupation principale, la raison d'être de ce carnet, au fond, c'est sans doute d'essayer de trouver, de donner un sens aux divers éléments qui composent la vie quotidienne.