samedi 30 avril 2016

« Bien nourri »


Rupert ne cesse de grandir. En quelques semaines, son poids a pratiquement doublé ; en une semaine, il a pris un kilo... Mais, pas plus que moi à son sujet, il n'aime entendre certaines personnes dire qu'il a « grossi », ajoutant parfois avec un sourire en coin : « Il est bien nourri ! ». Il a un très bon caractère et se fiche pas mal de ce que l'on pense de lui ; pour lui, les gens se divisent en deux catégories : ceux qui sont gentils et veulent jouer avec lui et lui faire des câlins, et ceux qui ne sont pas gentils ou qui l'ignorent. Il pourrait y avoir une troisième catégorie, si nécessaire : celle des agresseurs ; ceux-là ont intérêt à se tenir loin car, sous sa peau de gentil toutou qui aime tout le monde et tous les animaux, sommeille un chien de combat redoutable.

D'abord, il ne « grossit » pas : il grandit ; il commence son adolescence et il poursuit sa croissance normale. Et ce n'est pas un chihuahua, c'est un bulldog ! Il appartient à la race « molosse », qui remonte à l'Antiquité et qui fournit à Alexandre le Grand son célèbre Péritas.

Alexander allait très souvent admirer
ce « Péritas » du British Museum

S'il était trop « gros », sa vétérinaire me l'aurait dit. Il suffit de le toucher pour constater que sous sa peau plissée, ce sont des muscles fermes, sans gras superflu. On ne voit pas ses côtes, mais si on le touche, on peut les sentir, signe que son poids est le bon. De nos jours, le terme « gros » est péjoratif ; si vous voulez faire plaisir à quelqu'un que vous aimez, de grâce, évitez de lui dire qu'il ou qu'elle a grossi. Rupert n'est pas gros : sa morphologie est forte ; il est court, massif, solide.

Quant à être « bien nourri », si l'on entend par là que je lui donne beaucoup à manger, n'importe quoi, n'importe quand, on se trompe carrément, comme la plupart des gens qui disent n'importe quoi, ne répétant que les formules toutes faites, incapables d'émettre une idée qui découle d'une réflexion personnelle.

Rupert ne mange chaque jour, selon un horaire régulier, que ses trois repas, trois tasses de croquettes par jour à son âge (je pourrais lui donner la même quantité de nourriture en deux repas seulement, mais comme il a eu déjà de petits problèmes gastriques, j'ai préféré lui faire prendre, pour un certain temps, trois repas au lieu de deux).

Il est « bien nourri », en effet : sa nourriture est la meilleure que l'on puisse trouver : des croquettes « royales » spécialement préparées pour chiots bulldogs, afin de favoriser le bon développement de son cerveau, de ses os, de ses muscles, de ses articulations, de sa peau... En lui donnant dès son enfance une nourriture de la plus grande qualité, adaptée à sa race, à son âge, à sa morphologie, je jette les bases d'une bonne santé. Quand il aura atteint sa maturité, je lui donnerai la même qualité, la même marque de nourriture, mais pour bulldogs adultes, et les portions seront ajustées à son âge.

Entre les repas, il ne reçoit que deux ou trois croquettes, « gâteries » visant à récompenser une bonne action. Et l'os qu'il ronge est très peu calorique : il sert surtout à l'entretien de sa dentition.

Il est hors de question que je lui donne de la nourriture pour les humains. Ces dernières semaines, il a essayé à quelques reprises de « voir » ce que j'avais dans mon assiette, mais il a vite compris que ce n'était pas pour lui, ou plutôt : qu'il n'était pas question qu'il mange à table ou ce que nous mangeons. Il ne revient plus à table.

Notre ami Alistair cuisinait chaque jour pour son bulldog des repas plein de bonnes choses et d'amour. Plus tard, je préparerai peut-être à l'occasion des petits plats pour faire plaisir à Rupert, mais je ne crois pas que cela deviendra une habitude quotidienne, et je ne suis pas convaincu que ce soit mieux pour le chien. À moins que ce ne soit pour contrôler totalement ce qu'absorbe l'animal, comme font certains puristes, dont je ne suis pas, qui veulent composer l'alimentation de leur animal, aliment par aliment. Je veux donner le meilleur possible à mon chien, mais je n'en ferai pas une religion.

Si vous le croisez, ne lui dites pas qu'il a « grossi » : ni lui ni moi ne le prendrons comme un compliment ; si vous y tenez, vous pouvez, bien entendu, dire qu'il a grandi et, comme disent plusieurs de ses admirateurs et admiratrices, qu'il est de plus en plus beau. C'est aussi ce que je constate.

samedi 23 avril 2016

Rupert, parce que...

Ce matin, alors que je sortais Rupert, deux très jeunes filles et un garçon du même âge, de très beaux jeunes étudiants venus de l'extérieur pour étudier à l'Université McGill, se sont arrêtés et m'ont demandé s'ils pouvaient caresser Rupert. « Si vous ne le faites pas, il sera très déçu », leur ai-je répondu. Lorsque, à leur demande, je leur ai dit le nom du chien, l'une d'entre elle s'est exclamée : « Oh, Rupert ! Quel beau nom ! » Je leur ai raconté pourquoi il s'appelait ainsi. D'abord, parce que c'est un nom anglais, qui n'existe pratiquement pas en Amérique du Nord, et que mon bulldog anglais devait forcément avoir un nom anglais. Et ensuite parce que ce prénom était très associé à Alexander et à mes autres amis anglais. En effet le poète Rupert Brooke était l'un de leurs poètes préférés. Il est décédé à vingt-sept ans, il y a précisément cent un an aujourd'hui même, 23 avril.

3 août 1887 - 23 avril 1915

Alexander aimait particulièrement, quand je l'ai connu, son célèbre poème « The Soldier »... Quelques semaines avant de partir lui-même à vingt-cinq ans, Alistair, un ami d'Alexander, m'écrivait qu'il était en train de lire des lettres de Rupert Brooke qui parlait notamment de son passage à Montréal. Et mon ami Gallois, pour qui « The Old Vicarage, Grandchester » avait un sens particulier, a étudié dans un collège du nord de l'Angleterre, qui est peut-être celui de Rugby où Rupert Brooke a commencé ses études, qu'il a poursuivies à Cambridge.

C'est aussi, aujourd'hui, la Saint-Georges, patron des Anglais.
C'était hier, 22 avril, la Saint-Alexandre, et l'anniversaire de notre Alexander Bull.
Le 20 avril, mon chien et ami Rupert a célébré son sixième mois.

mardi 5 avril 2016

Un nouvel anniversaire...


Alexander aurait 34 ans aujourd'hui...

Mais, pour ceux qui l'aiment, il aura toujours cinq, sept, treize, seize, vingt ans... Il n'aura jamais plus de vingt-sept ans.
Merci d'être venu, d'avoir été là, même si ce séjour fut, pour ceux qui sont restés, beaucoup trop court.
Merci d'avoir illuminé nos vies tout en nous donnant accès à la vraie poésie, qui peut se passer des mots.

vendredi 1 avril 2016

Devinette

Une petite devinette facile, pour ce premier avril ?

Comment un cheval sans pattes peut-il se déplacer ?

Réponse au début de la semaine du 4 avril prochain.

Ajout : Voir la réponse dans les commentaires.