mardi 29 juillet 2008

Banc public



En cliquant sur la photo, on l'agrandit

Montréal aime tellement ses écureuils qu'elle leur installe des bancs dans les parcs afin qu'ils puissent s'asseoir lorsqu'ils sont fatigués...







Photo : Alexander - Londres
En cliquant sur la photo, on l'agrandit


Les écureuils de Londres ressemblent beaucoup à ceux de Montréal. Au premier abord, c'est la langue qui les distingue. Mais nous savons tous que lorsqu'il y a une réelle volonté de communiquer, les différences linguistiques ne sont jamais un obstacle insurmontable. Je l'ai écrit assez souvent, je crois, dans les communications privilégiées, il est plus important de parler le même langage que de parler la même langue. Nous avons tous fait l'expérience malheureuse d'avoir le sentiment de ne pas du tout être compris d'un voisin, d'un compatriote parlant notre langue. Alors que, dans certains cas, la communication est plus spontanée et plus gratifiante avec quelqu'un dont la langue est différente mais qui comprend immédiatement de quoi l'on parle parce qu'il accorde à peu près les mêmes valeurs et le même sens aux réalités dont on parle.

Les écureuils ne se préoccupent pas de ces questions et c'est sans doute pour cela que nous les aimons (quand ils ne viennent pas manger vos tomates sur le balcon ou déraciner les légumes de votre jardin). Ils sont enjoués, curieux, amusants insouciants... Je remercie Alexander de m'avoir envoyé la photo de celui-ci profitant des beaux jours de l'automne dans Hyde Park. J'imagine qu'Alexander a pris la photo après avoir fait comprendre à son charmant bouledogue anglais que les écureuils n'aiment pas lui servir de jouets.

lundi 21 juillet 2008

21 juillet - 356

Il y a 2364 ans, à Pella, en Macédoine, naissait Alexandre, fils d'Olympias et de Philippe II, ce même Alexandre que nous connaissons maintenant sous le nom d'Alexandre le Grand.

Ces photos de famille semblent montrer, comme bien d'autres, une famille heureuse.


Selon certains auteurs, et peut-être au fond s'entendent-ils très bien sur ce point, cette famille n'était pas si unie que peuvent ne le laisser croire ces images. Philippe II avait de jeunes maîtresses et de jeunes épouses, sans compter les jeunes mignons. Olympias aimait les serpents et ceux-ci peuplaient ses appartements et son lit.

Quant à Alexandre, s'il était bien le fils d'Olympias, peut-être n'était-il pas vraiment le fils de Philippe II. Une légende entretenue par Alexandre lui-même veut qu'il ait été conçu par Zeus.


Par sa mère, il descendrait aussi de Néoptolème, fils d'Achille.


Avec un tel arbre généalogique, a-t-on besoin d'une forêt ?


Comment parler d'Alexandre sans nommer son fidèle Héphaistion, ami d'enfance et, jusqu'à la fin, compagnon de ses jours et de ses nuits. Selon certains auteurs, Héphaistion serait né le même jour et la même année qu'Alexandre ; selon d'autres, il y aurait quelques mois — voire une année —, de différence entre les deux jeunes natifs de Pella.


Depuis la lecture de La jeunesse d'Alexandre, de Roger Peyrefitte, j'ai appris à mieux connaître Héphaistion et, ces dernières semaines, Le feu du ciel, de Mary Renault, me l'a fait découvrir et aimer davantage, d'autant plus que j'ai pu bénéficier des lumières de quelqu'un qui a beaucoup étudié cette période et qui s'est intéressé, plus particulièrement, à la relation entre Alexandre et Héphaistion.

Toutes ces images ne proviennent pas, vous l'aurez deviné, de l'album de famille. Elles sont tirées du film ou de la publicité de celui-ci qu'a réalisé Oliver Stone sur Alexandre le Grand.


Quant à cette dernière, elle illustre le stylo que Montblanc a consacré au plus grand conquérant de tous les temps.

Je compte bien accompagner un jour quelqu'un qui m'est très cher et qui entend faire le pèlerinage à Pella, lieu de naissance d'Alexandre et d'Héphaistion.

Ajout du 22 juillet 2008 : À cause de son habileté à protéger les troupeaux, on a donné au personnage Pâris, de la mythologie grecque, le surnom d'Alexandre car, en grec Αλέξανδρος / Aléxandros, signifie « protecteur des hommes ».
On fête généralement la Saint-Alexandre le 22 avril. Originaire de Phrygie en Asie mineure, Saint-Alexandre de Lyon pratiquait la médecine lorsqu'il fut martyrisé en 177 en tant que chrétien.

vendredi 18 juillet 2008

Le regard de l'autre

« L'enfer, c'est les autres... », a écrit Jean-Paul Sartre. Et certains jours, devant la bêtise de certains de nos semblables, on pourrait facilement lui donner raison.

Je préfère toutefois la vision d'Albert Jacquard qui dit que l'on n'existe que par rapport aux autres, que par le regard des autres. Et j'ajouterais que l'on existe davantage ou mieux encore par le regard sur nous de ceux que l'on aime et qui nous aiment.

Hier soir, dans un moment de colère et de révolte, j'ai senti le besoin de changer des choses autour de moi. La colère n'étant pas la meilleure conseillère, j'aurais été bien incapable de m'asseoir et de planifier des actions. Je me suis donc jeté sur des caisses de documents qui attendaient d'être triés, classés et, sans trop regarder en quoi ils consistaient, j'ai entrepris de les détruire. Je jetais un regard rapide pour m'assurer qu'ils ne contenaient pas de renseignements confidentiels ; si oui, je les déchirais en petits morceaux ; sinon, je les déchirais grossièrement pour éviter qu'on ait envie de les lire. En faisant cette opération, je suis tombé sur un article de magazine contenant un entretien avec Albert Jacquard ; le généticien humaniste y parlait de l'économie, du chômage, de l'exclusion. Cet extrait, surtout, a retenu mon attention. Albert Jacquard dit :

« ... pour devenir soi-même, on a besoin des autres, il faut être regardé par les autres. Mais quand on est exclu, on n'est regardé par personne, on est moralement tué. C'était la méthode des Gaulois : quand quelqu'un avait commis un crime abominable, on ne lui coupait pas la tête, on le bannissait. Il pouvait se promener, mais personne ne le voyait, il ne comptait pas, et c'était pire que tout. Donc, je n'existe que face aux autres. Le bonheur, c'est de savoir qu'on est beau dans le regard des autres. »

Et mieux encore dans le regard d'un être aimé.

Qu'en pensez-vous ?

lundi 14 juillet 2008

J'ai vu chanter un rossignol sous la lune...


Le chant du rossignol


Au cours des dernières années, j'ai souvent passé des soirées à dialoguer sur Internet avec des amis qui, pour la plupart, sont en France. Il n'y a pas si longtemps encore, j'ai eu avec mon ami Poeri, d'Aix-en-Provence, de longues conversations qui, pour lui, se terminaient au petit matin. Plusieurs fois, Poeri m'a dit — spontanément, j'allais écrire que j'avais entendu Poeri me dire ; j'aurais pu l'écrire car j'ai si souvent cru entendre sa voix dans les phrases qu'il écrivait, que ce soit sur MSN ou dans un autre programme de communication —, plusieurs fois, donc, Poeri m'a dit qu'il devait aller se coucher avant que ne se mettent à chanter les oiseaux d'Aix-en-Provence car, alors, il n'était plus question de dormir.
Il m'était rarement arrivé ces dernières années de me coucher moi-même au petit matin et d'entendre le chant des oiseaux qui annoncent le jour. Ces derniers mois, cependant, je me suis plusieurs fois couché très tard la nuit, pour pouvoir écrire. Vous me croyez difficilement, et je vous comprends, car ce blogue ne semble pas refléter une intense activité intellectuelle ou créative ; c'est que ce j'ai écrit et que je continue d'écrire tous les jours n'est pas destiné à un grand public. Je vous entends penser que je pourrais bien les publier ici parce que le nombre de lecteurs n'est pas très grand ; vous auriez raison : vous devez bien être deux ou trois encore et, sans vous nommer, je vous remercie de votre fidélité. Après avoir publié, le 6 mai dernier, l'article intitulé « Sérénade printanière », j'ai appris que l'oiseau que l'on entendait dans l'enregistrement musical était un rossignol ; au cours des nuits suivantes, j'ai souvent entendu chanter dans la nuit ou le petit matin un oiseau que je pouvais maintenant identifier : il ne s'agissait pas d'un coq, ni français ni suisse, mais bien d'un rossignol.
Comme j'ai aussi écrit un article sur la lune, le 24 juin dernier, et que d'autre part j'ai eu l'occasion de parler assez souvent avec quelqu'un que j'aime beaucoup, quelqu'un qui aime Colette pour ses écrits, bien sûr, mais qui a aussi des raisons personnelles de l'aimer et de la faire aimer, il me semblait indispensable d'évoquer ici la grande Colette, surtout que le hasard m'a mis sous les yeux, tout récemment, ce texte que j'avais lu il y a longtemps mais dont je n'avais retenu que le titre, Les vrilles de la vigne, dont voici de larges extraits :



Autrefois, le rossignol ne chantait pas la nuit. Il avait un gentil filet de voix et s'en servait avec adresse du matin au soir, le printemps venu. Il se levait avec les camarades, dans l'aube grise et bleue, et leur éveil effarouché secouait les hannetons endormis à l'envers des feuilles de lilas.
Il se couchait sur le coup de sept heures, sept heures et demie, n'importe où, souvent dans les vignes en fleurs qui sentent le réséda, et ne faisait qu'un somme jusqu'au lendemain.
Une nuit de printemps, le rossignol dormait debout sur un jeune sarment, le jabot en boule et la tête inclinée, comme avec un gracieux torticolis. Pendant son sommeil, les cornes de la vigne, ces vrilles cassantes et tenaces, dont l'acidité d'oseille fraîche irrite et désaltère, les vrilles de la vigne poussèrent si dru, cette nuit-là, que le rossignol se réveilla ligoté, les pattes empêtrées de liens fourchus, les ailes impuissantes...
Il crut mourir, se débattit, ne s'évada qu'au prix de mille peines, et de tout le printemps se jura de ne plus dormir, tant que les vrilles de la vigne pousseraient.
Dès la nuit suivante, il chanta pour se tenir éveillé :

Tant que la vigne pousse, pousse, pousse...
Je ne dormirai plus !

Tant que la vigne pousse, pousse, pousse...


Il varia son thème, l'enguirlanda de vocalises, s'éprit de sa voix, devint ce chanteur éperdu, enivré et haletant, qu'on écoute avec le désir insupportable de le voir chanter.
J'ai vu chanter un rossignol sous la lune, un rossignol libre et qui ne se savait pas épié. Il s'interrompt parfois, le col penché, comme pour écouter en lui le prolongement d'une note éteinte... Puis il reprend de toute sa force, gonflé, la gorge renversée, avec un air d'amoureux désespoir. Il chante pour chanter, il chante de si belles choses qu'il ne sait plus ce qu'elles veulent dire. Mais moi, j'entends encore à travers les notes d'or, les sons de flûte grave, les trilles tremblés et cristallins, les cris purs et vigoureux, j'entends encore le premier chant naïf et effrayé du rossignol pris aux vrilles de la vigne :

Tant que la vigne pousse, pousse, pousse...

Cassantes, tenaces, les vrilles d'une vigne amère m'avait liée, tandis que dans mon printemps je dormais d'un somme heureux et sans défiance. Mais j'ai rompu, d'un sursaut effrayé, tous ces fils tors qui déjà tenaient à ma chair, et j'ai fui... Quand la torpeur d'une nouvelle nuit de miel a pesé sur mes paupières, j'ai craint les vrilles de la vigne et j'ai jeté tout haut une plainte qui m'a révélé ma voix.
Toute seule, éveillée dans la nuit, je regarde à présent monter devant moi l'astre voluptueux et morose. Pour me défendre...

Colette, Les vrilles de la vigne.

vendredi 4 juillet 2008

Du coq aux ânes


Après la France, voici que la Suisse sévit contre un coq qui ose chanter. Quand donc les tribunaux s'en prendront-ils aux hommes politiques qui, orgueilleux comme des paons, se prennent pour des coqs ?


Selon l'AFP
La justice suisse a imposé à un coq d'être enfermé la nuit dans une cage insonorisée afin de laisser le voisinage dormir en paix, a rapporté vendredi l'agence de presse ATS.

Les parois devront mesurer au minimum huit centimètres d'épaisseur et être isolées avec de la laine de verre, a précisé le Tribunal administratif du canton du Tessin (sud). L'animal sera confiné dans la cage toutes les nuits entre 22 heures et 7 heures du matin.

Cette décision met fin à une bataille de cinq ans entre la mairie du village de Sant'Antonio, alertée par un couple du voisinage, et le propriétaire du coq.

Les autorités communales avaient d'abord ordonné au propriétaire d'enfermer le volatile dans un poulailler, mais cette mesure s'était révélée inutile.

jeudi 3 juillet 2008

Cœurs jumeaux

Cœurs jumeaux, Jim Dine
Musée des beaux-arts de Montréal

Même les cœurs jumeaux ont leurs moments de tristesse... mais ils ont, bien sûr, de grands moments de bonheur.

mardi 1 juillet 2008